Dark times lie ahead of us. (Rowan)

Depuis que son ventre rond attirait les regards, il était courant d'entendre dire que Tahlia était magnifique, que la grossesse lui allait à merveille. Mais derrière les sourires, il y avait ce teint blafard, cette mine fatiguée, cette irritabilité qui n'était pas l'unique conséquence d'hormones en vrac. Tahlia ne le disait pas, mais en plus des problèmes attenants à la grossesse, en plus de la préparation à la naissance de sa fille, elle vivait un combat intérieur des plus terribles. Alors que ses mains ouvraient les cartons, rangeaient les vêtements, nettoyaient l'appartement, son esprit lui se dédiait à quelque chose de plus sombre, à cette poudre blanche qui avait dicté ses faits et gestes pendant de longues semaines. Elle pensait souvent à cela. Très souvent. Trop souvent. Mais à chaque fois, il suffisait qu'elle pose son regard sur son ventre pour que son instinct maternel – en plein développement – prenne le dessus. Ce soir, Tahlia faisait de nouveau face à ses démons. C'était toujours quand la nuit tombait, quand le silence se faisait trop pesant, quand la solitude l'étouffait qu'elle en ressentait le besoin. La jeune femme tournait en rond dans son appartement, et comme cela attisait l'envie, elle préféra sortir, pour se changer les idées. Si d'ordinaire, une marche à l'extérieur lui suffisait, les symptômes, ce soir, étaient bien trop forts. Elle ne sut combien de temps elle marcha, ni même l'endroit où elle allait. C'était comme si elle était ailleurs, totalement déconnectée de la réalité. Et ce fut totalement déconnectée qu'elle termina sa course dans cette ruelle, se laissant glisser contre le mur jusqu'à s'asseoir par terre, en se recroquevillant, en sueur. Sa vision brouillée, elle plaqua ses mains contre ses yeux. Les bruits autour d'elle étaient feutrés, la coupant encore plus. Mais soudain, le grouillement de la vie réelle la percuta de pleine face. Elle vit un groupe de quatre-cinq personnes autour d'elle, une femme à sa hauteur, visage inquiet, lui demandant si elle allait bien. Si elle avait besoin d'aide. Elle entendait leurs dialogues sans avoir l'envie de répondre, espérant juste qu'il la laisse là où elle était. Ce fut un mot, un seul mot qui la fit réagir. Pompiers. « Non, pas les pompiers. » demanda-t-elle d'abord doucement. Mais en voyant l'homme rappliquer avec son téléphone, la voix de Tahlia se fit plus dure : « Laissez-moi. S'il vous plaît, laissez-moi... » Elle n'avait pas envie, pas envie d'être embarquée par les pompiers. Pas envie de terminer à l'hôpital. Pas envie d'être surveillée et d'être vue comme une future mère indigne de garder son enfant.

Un autre verre apparaît devant toi. Le troisième du début de soirée. Tu te trouve actuellement dans un bar où le gérant sert du bon whisky. Il n'a pratiquement que ça sur sa carte d'alcool. C'est sa spécialité. C'est la première fois que tu y fais un tour. Le troisième whisky que tu goûtes. Au quatrième tu arrêteras. Surtout que c'était pas donné. Mais bon il fallait bien mettre le prix pour boire de la qualité. Tu te sent bien. Tu es seul. Tu sais pas trop combien de cigarettes tu as pu fumer depuis le début de la soirée. Personne pour t'emmerder. Tu regardes ta montre. 22h. Faudrait peut être que tu rentres. Tu commandes un dernier verre que tu bois rapidement. Ta gorge te brûle du à la rapidité à laquelle tu as bu le verre. Cela ne te dérange pas tu as l'habitude. Tu aurais dû manger un peu plus. Tu commences à avoir un peu mal au crâne. Mais rien de bien méchant. Sa t'arrives quand tu ne vois pas le nombre de verre que tu bois chez toi. Tu payes la somme demandée et tu sors du bar. Faudrait que t'y retournes plus souvent. Une bonne adresse à retenir. Tu sors ton paquet de cigarette. Il te reste une seule cigarette. Tu la met entre tes lèvres et tu l'allumes. Tu tires une latte et te diriges vers la place où tu as garé ta voiture. Étrangement tu as trouvé une place assez rapidement. Ce soir t'avais pas envie de prendre les transports. T'esperes que t'allais pas te faire contrôler par la police. On était un jour de semaine peut être pas. Ils contrôlaient surtout en fin de semaine début week-end. Tu marches pendant une dizaine de minutes. Tu savais pas que t'avais garé ta voiture aussi loin. T'esperes pas que ta oublié où elle était garée. Sinon tu serais dans la merde. Tu entends des voix. Moins de dix. Tu jettes un regard. Cinqs personnes sont aglutinées devant une personne. Tu n'es pas très loin tu arrives à entendre ce qu'ils disent. Tu entends une voix de femme disant vouloir appeler de l'aide. Une autre voix, plus jeune, refuse. Les personnes essayent de la faire changer d'avis. Celle ci continue à refuser. Tu fronces les sourcils. Tu supportais pas les personnes qui t'obligaient à accepter quelque chose alors que tu n'avais pas envie. Souvenirs du lycée. Tu t'avances vers le petit groupe de personne. Tu sais pas trop pourquoi tu fais ça alors que tu pourrais très bien rentrer chez toi. "Je gère la situation. C'est une amie. Je l'accompagnerai à l'hôpital pas la peine d'appeler." Mensonges. Une femme, la quarantaine se désintéresse de la femme et se tourne vers toi. "Vous êtes sur ? Comment pouvez vous êtres sur que c'est votre amie ? Vous venez juste d'approcher vers nous". Tu fronces les sourcils. Ils commencent à te saouler. "Je sais reconnaître des amis quand même. J'ai encore parfaitement toute ma tête.". Tu sais que la femme ne te croit pas. Mais elle secoue la tête, se met debout et fait signe aux autres personnes de partir. Elle doit les connaître. Tu t'en fous. Tu jettes un regard sur la femme. Tu remarques qu'elle est enceinte. Tu jettes ce qu'il reste de ta cigarette sur le sol que tu écrases avec ta chaussure. Même si tu n'es pas père tu sais parfaitement que cigarette et bébé ne font pas bon ménage. Ta pas envie qu'elle se retrouve avec des complications à la naissance à cause de toi. Tu ne sais pas si elle est à la rue. C'est pas ton problème. Peut être qu'elle fuyait un mari trop violent. Tu ne remarquai pas de blessures. Tu sais pas trop quoi lui dire. Tu ne la connais pas. Tu sais juste qu'elle ne souhaite pas aller à l'hôpital. Pourquoi ? Tu sais pas trop pourquoi elle reste la par terre. "Pour ce que je viens de dire n'y prenez pas attention, je ne vous emmenerai pas à l'hôpital. Je ne sais pas pourquoi vous refusez une aide ni pourquoi vous vous retrouvez a rester assise par terre. C'est pas mon problème. J'ai fais fuir les quelques curieux mais je pourrai pas le faire toute la soirée. Dites le moi rapidement si vous souhaitez être seule". Tu sais pas pourquoi tu lui parles alors que tu la connais pas.

Elle aurait dû rester dans son appartement, et appeler Freja, Juliann ou même Carter. Elle aurait dû leur dire qu'elle avait ce petit sachet de cocaïne devant elle et qu'elle mourrait d'envie de le prendre. Mais de peur d'être un fardeau, elle avait préféré sortir, gardant quand même ce sachet dans la poche arrière de son short en jean. Elle finirait par le jeter, s'était-elle dit. Mais quand elle était passée devant les nombreuses poubelles, elle n'avait même pas jeté un œil, les questions tournant en boucle dans sa tête, son corps réclamant, quant à lui, cette drogue qui lui avait fait croire aux mille merveilles. Et cela tourna en boucle, encore et encore, jusqu'au trop-plein, jusqu'au moment où elle se laissa glisser le long d'un mur. S'il n'y avait pas eu ce groupe alerté par la position de la jeune femme, Tahlia aurait fini par la prendre cette drogue. Elle le savait, elle le sentait au plus profond de ses tripes. Et cela la faisait culpabiliser d'autant plus. Quelle image pitoyable... une femme enceinte qui serait prête à prendre de la cocaïne. Elle était bien loin, la Tahlia pleine de vie, prête à affronter tous les combats. Mais là, il y avait encore un combat à gagner : celui de ne pas être embarquée par les pompiers. Elle voyait l'inquiétude sur le visage de cette femme. Une femme qui avait sûrement remarqué le petit ventre qui pointait sous le t-shirt de Tahlia. Elle voyait aussi l'incompréhension face au refus entêtant de la brune. Et enfin, elle voyait le doute sur le visage de cette femme quand un homme surgit de nulle part, affirmant que Tahlia était son amie. La brune releva son regard vers le dernier arrivé, alors qu'il insistait. « C'est mon ami, oui. » finit-elle par dire, afin que le groupe s'éloigne pour de bon. La femme, perplexe, finit toutefois par se redresser et rejoindre ses amis. Le petit groupe s'éloigna, pour le plus grand plaisir de Tahlia, qui sentait les larmes lui monter aux yeux. Mais elle ne pouvait pas se laisser aller là, comme ça. De un, parce qu'elle était dehors. De deux, parce qu'il y avait cet homme qui était encore là, à la fixer. Il ne comptait pas l'amener à l'hôpital, affirma-t-il. « J'avais compris que c'était le seul moyen pour qu'ils me lâchent. » finit-elle par dire, appuyant sa tête contre le mur, en attendant que ses vertiges finissent par passer. Elle reposa simplement ses yeux verts sur lui, quand il reprit la parole, lui affirmant que la raison pour laquelle elle était là n'était pas son problème, qu'il était juste là pour faire fuir les curieux. Et qu'il ne comptait pas le faire toute la soirée. En gros, c'était débrouille-toi, ma grande. « Je ne vous demande pas de faire du baby-sitting. » rétorqua-t-elle, en haussant les épaules. Tahlia se mit en tête de se relever. Elle le fit tout doucement, parce qu'elle avait toujours la tête qui tournait et tout simplement parce qu'elle n'avait plus la même souplesse depuis qu'elle était enceinte. Seulement, quand elle se releva, elle fit tomber le petit sachet de cocaïne, sans s'en rendre compte. Elle se passa une main sur le front, en inspirant profondément et reposa son regard sur l'homme : « Je ne compte pas vous retenir plus et je m'excuse même d'avoir dérangé. » Il n'y avait aucune froideur dans ses mots, juste un constat. C'était le boulet de sa soirée. « Mais je vous suis reconnaissante d'avoir fait fuir les curieux. Je crois qu'ils ne m'auraient pas facilement lâché et j'aurais été bonne pour un aller à l'hôpital. Alors, merci, vraiment. » Il lui avait clairement évité quelques soucis supplémentaires.

La jeune femme entre dans ton jeu en disant au groupe qu'effectivement, tu étais son ami. T'avais inventé n'importe quoi pour qu'ils la laisse tranquille. Tu sais pas trop pourquoi tu t'es arrêté alors que t'aurais pu continuer ta route. Elle te dit que c'était le seul moyen pour qu'ils la laissent tranquille. Peut-être qu'elle était phobique des hôpitaux. C'était pas un endroit que les gens appréciaient. On y reste longtemps, on passe entre les mains d'un chirurgien quand c'était grave et la bouffe est dégueulasse. Bon heureusement pour toi ta pas été souvent à l'hôpital. Et quand t'avais été c'était que pour quelques jours et pas plus d'une semaine. Tu vis la jeune femme poser sa tête contre le mur fermant les yeux. Tu savais pas trop ce qu'elle avait. Elle était peut être malade. Des nausées peut être. T'en savais rien t'avais jamais connu de femmes enceintes. La jeune femme rouvre ses yeux et te regarde. Elle répond quelque chose au fait que c'était pas son problème du pourquoi elle se trouvait là dans la rue. "J'comptai pas le faire". Elle n'est plus une gamine. Elle faisait ce qu'elle voulait de sa vie, c'était une inconnue pour toi. Bon après même si elle clamsai devant toi t'allais pas rester sans rien faire. C'était peut être une inconnue mais tu voulais pas avoir des problèmes pour non assistance pour personne en danger. T'avais quand même ton brevet secouriste même si tu as jamais repris les gestes de premier secours. T'espères pas en avoir besoin ce soir. Tu voulais juste rentrer chez toi et dormir. Même si tu sentais que t'allais pas t'endormir tout de suite avec ce mal de crâne qui commençait à arriver. Tu sent que t'allais pas dormir de la nuit et que t'allais la passer à boire du café et à fumer. La jeune femme avait haussé les épaules après avoir prononcé sa phrase et avait commencé à se relever doucement. T'allais commencer à l'aider quand tu remarques que quelque chose est tombé de sa poche. Tu jettes un regard. Un petit sachet transparent avec de la poudre blanche. Tu sais très bien de quoi il s'agit. T'en avais déjà vu aux soirées étudiantes. T'en avais jamais pris, préférant les drogues douces. Les drogues dures te faisaient peur. Elle s'excuse de t'avoir dérangé. Dérangé de quoi. T'avais rien à faire tu la juste croisée alors que tu cherchai ta voiture. Tu ne lui répond pas, t'agenouillant pendant quelques secondes le temps de ramasser le sachet de poudre. Une fois ceci fait, tu le range dans ta poche de jean. Elle te remercie ensuite d'avoir fait fuir les curieux. T'aurais préféré qu'ils appellent un hôpital. Tu voyais bien qu'elle était pas très bien. "Vous comptez rentrer chez vous dans cet état ? J'suis pas médecin mais j'le vois bien que vous êtes pas dans votre état normal. Je peux vous raccompagner jusqu'à chez vous si vous le voulez.". Tu sais pas où elle habite. Si c'est trop loin à pied vous prendrez ta voiture. Ou alors tu pourrais lui proposer de la ramener chez toi mais sa ferait bizarre. Si elle refuserait de toute façon t'allais pas lui laisser le choix de l'accompagner chez elle ou autre part.

Elle ne connaissait cet homme ni d'Eve, ni d'Adam, mais honnêtement, il représentait la meilleure solution à cet instant. Il était hors de question qu'elle termine dans un camion de pompiers. Il était hors de question que l'on appelle sa famille parce qu'elle était en pleine crise de manque. Leurs regards et leurs jugements seraient sûrement les plus douloureux. Bien sûr qu'elle aurait pu appeler Carter, notamment après ce deal passé entre eux pour s'aider à vaincre leurs addictions, mais Tahlia devait apprendre à vivre sans lui. Il fallait qu'elle tourne la page, qu'elle avance, même si elle devait le faire seule. Toutefois, même si cet homme avait clairement dit qu'il ne comptait pas faire du baby-sitting et faire fuir tous les curieux toute la soirée, il ne bougeait pas d'un poil. Tahlia était parvenue à se relever, faisant tomber son petit sachet de cocaïne sans s'en rendre compte. Et sans s'en rendre compte, elle ne vit pas que ce fut cet homme qui ramassa le petit sachet de poudre blanche. Son attention s'était posée sur son écran de téléphone à regarder l'heure qu'il était, sans prêter attention aux faits et gestes de cet inconnu. Heureusement, sinon elle l'aurait sommé de lui rendre au plus vite son sachet. Tahlia avait besoin de l'avoir près d'elle, même si elle savait qu'elle ne prendrait pas cette drogue. C'était en quelque sorte rassurant. Rassurant d'avoir ce moyen de s'extirper de la réalité à portée de mains, même si paradoxalement, les coups de pied de son bébé l'ancraient dans cette réalité. C'était le duel incessant. La drogue. Le bébé. L'enfer. L'espoir. Après avoir retrouvé son équilibre et une vision plus ou moins claire, bien que des larmes trônaient encore au bord de ses yeux, la brune remercia l'homme, dans l'espoir que cela le pousse à s'en aller. Mais elle sentait son regard perplexe sur elle. Et la question qui suivit confirma les doutes de Tahlia. Il ne comptait pas s'en aller aussi facilement. Il avait totalement raison, elle n'était pas dans son état normal. D'ordinaire, Tahlia n'était pas cette loque. Elle était une femme pleine de vie, toujours le sourire aux lèvres et le regard pétillant. Elle n'était pas cette ombre qui traînait son corps, comme si ce n'était qu'une carcasse vide. De nouveau, son regard s'embua alors qu'il proposa de la raccompagner chez elle. « Non merci, je ne veux pas rentrer chez moi. Pas maintenant, du moins... » souffla-t-elle, doucement. Il allait croire qu'elle n'était qu'une capricieuse, qui ne voulait pas aller à l'hôpital, qui ne voulait pas rentrer chez elle. Mais elle savait qu'en rentrant dans son si petit appartement, si sombre et silencieux, sa tristesse reprendrait le dessus et elle ne pourrait pas lutter davantage. « Je crois que j'ai juste besoin d'un bon café... » conclut-elle en essuyant cette fichue larme qu'elle n'avait pas su retenir et qui coulait sur sa joue. Mais vu l'heure très tardive, c'était surtout mal parti. Tous les bars allaient fermer leurs portes et laisser Tahlia avec l'unique solution de retourner à son appartement.

Tu proposes à la jeune femme en face de toi de la raccompagner chez elle. Tu la vois secouer la tête et te répondre qu'elle ne souhaite pas retourner chez elle. Peut être qu'elle souhaitait éviter un mari violent. Un mac peut être ? Tu connaissais rien de sa vie après tout. Peut être que c'était tout autre chose. Tu voulais pas le savoir. "C'est comme vous voulez". T'allais quand même pas rester comme un con dans la rue avec elle. Elle te dit ensuite qu'elle a juste besoin de boire un café. Un café à cette heure ci. Elle allait pas dormir de si tôt. Elle allait faire une nuit blanche. T'espérais que demain elle travaillerait pas. Sinon sa journée serait compliquée pour elle. Tu vois une larme couler alors sur sa joue, qu'elle essuie d'un geste de la main. Elle était vraiment pas bien. Elle était peut être stressée pour le futur accouchement. Le fait de devenir mère. Tu sais que certaines mères stressent quelques mois avant l'accouchement et après à la naissance de leur enfant. T'aurais pu lui proposer de boire un café dans un bar mais au vu de l'heure ils allaient fermer dans quelques minutes. Et elle souhaitait pas retourner chez elle. Tu pousses un soupir. "Je peux vous proposer un café chez moi si vous le souhaitez. Ne vous inquiétez pas je ne garde aucun cadavre sous le lit. J'habite a quelques kilomètres en dehors de la ville, ma voiture n'est pas très loin"

Spoiler:

Tahlia se doutait bien que son entêtement à ne pas rentrer chez elle devait soulever des questionnements. Peut-être croyait-il qu'elle fuyait quelqu'un ? Ce serait une justification moins honteuse que de dire qu'elle se fuyait elle-même, qu'elle avait peur de retomber dans ses travers et ainsi faire du mal à son bébé. Elle resserra ses bras autour d'elle pour réprimer un frisson alors que la chaleur à l'extérieur était encore bien écrasante. C'était juste ses émotions qui parlaient pour elle, ses émotions qu'elle tentait de retenir avec beaucoup de difficulté. Dans un souffle, elle annonça simplement qu'elle avait besoin d'un café. Elle ferait sûrement nuit blanche, suite à cela, mais c'était ce qui s'annonçait le plus réconfortant, le plus sécurisant. Elle dormirait dans la journée. Mais à cette heure-là, les bars baissaient leurs rideaux et l'homme en face d'elle le savait bien. Contre toute attente, il lui proposa de venir chez lui pour venir boire ce café tant désiré. Tahlia releva ce regard humide qu'elle posa sur lui, hésitante. Elle ne suivait pas les inconnus comme ça. Mais son instinct ne l'alertait pas. Il avait l'air d'être un homme tout à fait recommandable. "Ni même dans la cave ?" répondit-elle, tentant un trait d'humour quand il parla de cadavre sous le lit. Mais elle reprit, en murmurant, essuyant ses dernières larmes : "Mais ce serait avec plaisir. Merci." Elle était complètement folle, mais à cet instant, elle s'en contrefichait. La peur d'être face à son envie de drogue était bien pire que tout. Bien pire que de suivre une personne qu'elle connaissait à peine. Sur ses mots, elle suivit le jeune homme sans la moindre crainte.

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