Go ahead and break my heart again (Auri2)

Les jours passaient bien trop vite depuis notre soirée sur la plage avec Ari. Nous n’avions pas pu nous voir depuis et je trouvais le temps long. On s’envoyais cependant des messages et il m’arrivait de l’appeler en FaceTime, histoire de voir sa frimousse, faute de la voir en vrai. J’aimais bien être le faire entrer ainsi dans mon quotidien, des fois c’était pour manger en discutant ou alors pour lui faire écouter sur quoi je travaillais. D’autres fois, c’était juste parce que je ne voulais pas être seule dans mon appart et que je ne voulais pas non plus être trop encombrante pour Elijah mais également un peu parce qu’il me manquait. Notre relation était tellement flou, nous n’avions pas vraiment eu l’occasion de mettre des mots dessus et je comptais bien le faire lorsque nous nous verrions. J’avais besoin de savoir, s’il ressentais la même chose que moi, si nous avions la même vision de ce baiser. Mais voilà que soudainement, il s’était mis à être bizarre, presque un peu fuyant… Nous parlions encore quotidiennement mais il y avais quelque chose d’étrange dans sa façon d’être avec moi. J’ai commencé à me poser des questions, me demandant ce que diable j’avais pu dire ou faire de travers. Parce que c’était forcément moi le problème non ? Est-ce que j’avais été trop insistante ? Trop pressante avec lui ? Est-ce qu’il avait besoin de distance ? Tant de questions auquel je ne trouvais pas de réponse. Je devenais anxieuse, je relisais tous nos messages, me remémorait chacune de nos conversations téléphonique, mais je n’arrivais pas à savoir où est-ce que j’avais merdé. Parce que j’avais forcément merdé quelque part, pourquoi serait-il aussi bizarre sinon ? J’avais besoin de le voir, peut être que ce n’était qu’un malentendu après tout et que je réfléchissais trop comme souvent ?

Aujourd’hui était un bon jour pour lui faire une petite surprise. Après le travail, je m’étais rendu à l’école où je savais qu’il travaillais pour guetter la sortie et espérer le voir. J’étais resté en retrait dans un premier temps, ne voulant pas avoir l’air d’être une fille bizarre qui erre devant l’école comme si elle prévoyait de kidnapper un enfant, mais je le voyais de loin amener le groupe de petit à leur parent et je trouvais ça adorable. Qu’est-ce qu’il peut être beau, comment peut-il être humain ? Une fois, les enfants récupérés par leurs familles respective, j’approche du portail pour l’attendre. Quand il arrive, je lisse un peu ma robe tailleur et j’approche de lui en souriant, le bruit de mes talons haut claquant sur les pavés. Bon sang, vivement que je vive dans la musique et que je n’ai plus à me forcer à être habillé ainsi chaque jour. Mes baskets me manquent ! - Bonjour Mr l’instituteur, je crois que j’arrive un peu tard pour le cours ? Je ris un peu et viens l’enlacer en souriant. - Je suis désolée de débarquer par surprise, mais je me suis dit que j’avais envie de te voir, même si c’était en coup de vent avant qu’on retourne à nos vies ultra mouvementés ! Je te trouvais un peu… distant depuis quelques jours, je voulais être sûre que tu allais bien…? Je me détache de lui doucement et le regarde en mordillant ma lèvre. - J’ai… fais quelque chose de mal ? Pour l’entrée en douceur, on repassera, mais c’était un tel poids que je ne pouvais garder une seconde de plus. J’avais besoin de savoir ce que j’avais fait de mal.

Ari avait merdé. Il le savait. Probablement qu'il l'avait su très rapidement d'ailleurs, ce soir là. Aujourd'hui encore, cette soirée semblait surréaliste dans son esprit. Il se revoyait, ouvrir la porte de son appartement. Trouver Avery sur son palier. La dernière personne qu'il aurait pensé voir ici. N'était-elle pas censée roucouler quelque part avec son mec ? Leur dernière conversation avait été plutôt claire à ce sujet, non ? Que ce soit la dernière conversation avec Avery ou celle avec Hugo, d'ailleurs. Souvenirs peu agréables. Tout était maintenant un peu flou, pour Ari. Et même quelques jours après, il ne savait que penser de ce qui s'était passé. Se repasser la scène en boucle dans son esprit n'éclaircissait en rien ce qu'il ressentait à ce sujet. Avery n'était plus avec Hugo. Une simple révélation puis tout avait dérapé. Et tout n'était devenu que bordel. Ari ne savait pas, il ne savait plus. Lui si convaincu depuis plusieurs semaines maintenant de son désir de tourner cette page de sa vie, il n'était plus sûr de rien. Déjà, il ne savait pas ce que cette soirée entre eux voulait dire. Rien n'était clair. A la fois sur ce qu'il voulait lui même mais aussi sur ce qu'Avery voulait. L'alcool avait de nouveau été présent dans l'équation. Ouais, c'était un joyeux bordel. Et comme si ça ne suffisait pas, il y avait Rori. Ari se sentait coupable. Oui, Aurora et lui ne s'étaient rien promis. A vrai dire ils n'avaient échangé qu'un simple baiser et ne s'étaient même pas encore revu depuis ! Mais tout de même, ils s'écrivaient tous les jours depuis. S'appelaient. Ce n'était pas anodin. Ari l'avait bien senti, qu'il y avait quelque chose. Ce qu'il ressentait lorsqu'il voyait un message de la jeune femme s'afficher sur son écran de téléphone n'était pas anodin. Ce n'était pas ce qu'on ressentait lorsqu'une simple amie écrivait. Il savait qu'il commençait sérieusement à développer un crush pour la jolie brune. Il en avait même parlé à Elijah ! Pour lui assurer qu'il ne ferait pas de conneries. Bien joué, non ? Mission accomplie, assurément, n'est-ce pas ? Oui, il n'avait rien promis à Rori. Mais il se sentait coupable tout de même. Il avait l'impression de ne pas avoir été honnête avec elle. Car à vrai dire, aujourd'hui, il était perdu. Il n'était pas capable de dire si ce qui s'était passé avec Avery était une erreur. S'il voulait revenir en arrière et voir où son chemin avec Rori pourrait le mener, ou s'il voulait tenter le tout pour le tout avec Avery, une ultime fois. Et ça, il savait que ça allait le mener à une conversation plutôt désagréable avec Rori. Car il ne pouvait pas lui mentir. Il savait déjà qu'il devait sembler différent depuis quelques jours. Il n'arrivait pas à faire semblant. Il lui devait la vérité ou du moins elle devait être au courant du bordel qui se déroulait actuellement dans sa vie. C'était le minimum.

Les jours étaient passés et Ari n'avait encore pu se résoudre à parler à Rori. Il ne voulait pas le faire par message mais l'idée d'organiser une rencontre exprès pour lui avouer, ça le faisait chier. Ce n'était pas du tout le deuxième date qu'il avait imaginé. Ce soir là, Ari libère les enfants à la fin de la classe, sans se douter que Rori s'apprête à prendre les choses en main. Ses affaires rangées, la classe laissée en ordre, il prend la direction du portail tout en écrivant un sms à sa mère, pour s'assurer qu'elle a bien pu récupérer Joy. Il entend vaguement le bruit des talons sur le sol mais ne relève pas la tête de son téléphone avant d'entendre la voix familière. Il se fige. Elle est là, tout apprêtée dans sa robe tailleur, un grand sourire aux lèvres. Il est pris de court, Ari. Sa surprise se lit probablement sur son visage, sa panique aussi, peut-être. Incapable de rire à sa blague, il lui rend cependant son étreinte. "Rori ? Qu'est ce... qu'est ce que tu fais là ?" demande-t-il d'un air un peu perdu. Pas mécontent, mais de plus en plus paniqué. Elle lui explique alors. Et Ari se raidit un peu plus lorsqu'elle explique l'avoir trouvé distant. Elle pense avoir fait quelque chose de mal. Aussitôt il secoue vigoureusement la tête. "Non, non, pas du tout. Tu n'as rien fait de mal." Il se passe un main dans les cheveux, l'air un peu hésitant tout de même. "Mais... C'est vrai qu'il faudrait que je te parle d'un truc. Tu veux aller prendre un café ? On peut aller juste là bas." Il pointe du doigt un petit café à quelques dizaines de mètres derrière elle.

Si tout s'était déroulé très vite depuis le baiser, le temps s'était étrangement ralentit depuis qu'Ari mettait une distance entre nous. Je ne savais pas ce qui se passait, mais j'avais besoin d'en avoir le coeur net. J'avais besoin de savoir ce que j'avais fais, j'avais besoin de comprendre ce qui avait fais changer soudainement notre relation du tout au tout. Comment notre relation avais pu changer ainsi ? Notre complicité comme envolée. Alors que ce soit une bonne idée ou non, j'ai pris les choses en main et je suis allée le retrouver devant son travail pour enfin tirer tout ça au clair.

A mon arrivée face à lui, il se fige et ce n'est pas une surprise agréable que je lis sur son visage mais de la... panique ? Premier coup de poignard lorsque sans un bonjour, il me demande juste ce que je fais là tout en me rendant mon étreinte qui n'est pas aussi chaleureuse que ce que j'aurai aimé. J'ai un sentiment douloureux et amer. Un vieux sentiment me reviens comme un vieil ami perdu de vu. Celui de n'être ni attendu, ni désiré. Un peu comme ces fois où je voulais me pointer chez Darrel et qu'il avait décidé que je n'étais pas son projet de la soirée. Ce genre de soirée où après m'être faite jetée je me retrouvais en pleine nuit à aller le chercher. Que je n'étais là que pour satisfaire ses besoins et ses désirs quand il le voulais. - Euh... Ouai c'est moi, je suis pas assez riche pour me payer un clone. Je passe une main dans mes cheveux. - Bah comme je t'ai dis... J'avais juste envie de te voir. Mais sinon ça va merci, c'est gentil de t'en inquiéter, ça me touche. je lâche sur un ton sarcastique. C'est quoi son problème ? J'ai l'impression de le prendre la main dans le sac de quelque chose. C'est alors qu'il me dit qu'il a quelque chose à me dire. Je sens mon ventre se tordre, mes mains devenir moites et tremblante. Mon cerveau fourmille, se faisant les pires scénarios. Je tente de garder un sourire, mais il est crispé. Je tente d'avoir l'air cool, mais je ne le suis pas. Je tourne la tête vers le café et le suis de manière machinale, presque robotique. Je suis ailleurs car mon cerveau n'arrive à rien faire d'autre qu'analyser toutes les possibilités. Je commande un thé glacé et on part s'installer à une table. Je joue nerveusement avec ma paille, faisant tournoyer bruyamment. - Alors qu'est-ce que tu voulais me dire...? Je suis incapable de tenir plus longtemps, mon coeur ne tiendra pas le coup à battre comme si il allais sortir de ma poitrine.

Voir Rori débarquer à la sortie de l'école, il ne s'y attendait pas, Ari. Mais c'était probablement bien fait pour lui. Au mieux, c'était un petit coup de pouce du destin (son meilleur ami, comme toujours) pour l'aider à assumer. C'était bien beau d'avoir merdé. C'était bien beau de se sentir coupable. C'était bien beau de se dire qu'il devait la vérité à Rori. Mais c'était encore mieux de passer réellement à l'action. Et bien voilà, plus de fuite possible, une Rori servie sur un plateau. Pas d'échappatoire. C'est donc la surprise et rapidement la panique qui s'emparent de lui lorsqu'il la voit. Il aimerait être un meilleur menteur, Ari, un meilleur comédien, mais il peut probablement tirer un trait sur tout espoir d'une carrière dans le poker puisque la jeune femme semble immédiatement comprendre que quelque chose cloche. Son sourire s'efface et son ton se fait froid, sarcastique même lorsqu'elle lui reproche son accueil. Il ne peut pas la blâmer. Il aurait très probablement été nettement plus chaleureux, cet accueil, si la nuit avec Avery n'avait jamais existé. Il ne sait pas quoi répondre alors il préfère entrer directement dans le vif du sujet. Il faut abréger cette attente. Il doit lui parler, maintenant. Le café pointé du doigt et voilà que Rori lui emboite le pas. Un sourire demeure sur ses lèvres mais c'est à son tour d'être mauvaise actrice et Ari voit bien qu'il n'est pas vraiment joyeux, ce sourire. Il sent une boule dans sa poitrine, le jeune homme, alors qu'ils s'approchent de plus en plus du café. L'estomac noué, il commande cependant un café, se disant qu'il était probable que ce ne soit pas la seule chose qui l'empêche de dormir, ce soir. Foutu pour foutu. Assis à une table, il regarde Rori triturer sa paille. Elle l'interroge. Qu'est-ce qu'il voulait lui dire. Voilà, il y était. Plus de fuite. Assume, Ari. Hésitant encore et toujours, il se recule dans sa chaise et regarde la jeune femme dans les yeux, tant bien que mal. "Je.... Honnêtement je ne sais pas trop par où commencer. Peut-être que je prends trop la tête je sais pas." A vrai dire il ne savait pas vraiment comment allait réagir Rori. Peut-être se faisait-il des films ? Qu'elle n'allait pas si mal réagir ? Peut-être qu'elle ne s'était pas tant projeté dans ce début de flirt qu'ils avaient ? Mmh, peu probable au vu de ce qu'elle lui avait avoué l'autre fois, sur la plage. Le crush tenace, depuis des années. "Mais voilà, y a quelques jours, un soir, j'ai vu Avery. Enfin, elle est venue chez moi par surprise. On a couché ensemble." Il baissa le regard sur son café. Il ne savait pas s'il existait une bonne manière de formuler ce qu'il était en train de dire alors il prenait la voie de l'honnêteté. Il voulait être aussi clair que possible, au moins sur l'explication des faits. Car ce qui se passait dans sa tête, c'était loin d'être clair. Rapidement, il enchaine, désireux de débiter tout ce qu'il avait à dire avant de laisser la brune donner son verdict. "Pour tout te dire, quand je suis revenu à Bowen en février c'était... Pour Avery. Je regrettais d'avoir abandonné nos fiançailles et je voulais essayer de la récupérer. Mais j'ai vite compris que c'était trop tard, elle avait quelqu'un dans sa vie, elle avait tourné la page, bien plus que moi." Il se mord la lèvre, Ari. Il devait tout lui dire, tout lui expliquer. "Alors moi aussi j'ai commencé à faire mon deuil, à tourner la page. Et étonnamment, j'avais l'impression d'y arriver, de enfin être en train de guérir de toute cette histoire après... quatre ans à me torturer." Il secoue la tête, perdu. Oui, il avait cru avoir tiré un trait définitif. Mais était-ce vraiment le cas, après cette soirée avec Avery ? "J'ai commencé à ne plus penser à elle tout le temps. Petit à petit. Puis après notre rendez-vous sur la plage, j'ai commencé à penser à toi, Rori. Je sais que toi et moi... On s'était rien promis, je ne sais pas de ton côté ce que tu avais en tête, peut-être que tu t'en fiches complètement de ce que je suis en train de te raconter... Mais... Il fallait que je te le dise parce que je me sens coupable depuis ce soir-là, j'avais l'impression de te mentir, presque de t'avoir trahi même et j'en suis sincèrement désolé, Rori..." Il secoue de nouveau la tête d'un air un peu triste avant de se taire et de relever les yeux vers la brune. Monologue terminé. Tout était déballé. Du moins la partie factuelle. Pas la partie "du coup je ne sais plus où j'en suis dans ma vie sentimentale maintenant". Une autre paire de manche, ça.

Mon cerveau fourmille, je ne parviens pas à comprendre quel mouche la piqué entre cet instant et nos appels qui étaient pourtant doux et chaleureux il y a encore une poignée de jours. Je me fais incisive, peut-être trop, mais tout comme un animal blessé, je sors les crocs comme un moyen de défense pour ne pas laisser voir à quel point je suis vulnérable. Il ne semble pas relevé mon sarcasme ou l'ignore peut-être simplement...? Ce qui est d'autant plus blessant, car il n'essaye même pas de me rassurer ou de rattraper cet accueil désastreux. Nos pas nous mènent jusqu'à ce putain de café. Je suis au bord de l'implosion, je me demande encore ce qui va me tomber dessus. Une fois installer, je ne lui laisse pas vraiment le temps de me mener en bateau ou de changer de conversation, je lui pose la question frontalement. Il commence à tourner autour du pot, minant ne pas savoir par où commencer, glissant qu'il réfléchis peut-être trop. Oh chéri... tu ne peux pas réfléchir plus qu'une fille qui se fait pratiquement ghosté. Quand finalement il lâche la nouvelle, mon souffle se coupe. "On a couché ensemble" Je me fige sous la violence avec laquelle cette phrase me percute. J'ai l'impression qu'un couteau vient de se planter dans ma poitrine et qu'il se remue à mesure qu'il parle, agrandissant le trou béant qu'il était en train de creuser dans ma poitrine. Mes doigts se figent sur ma paille, je sens mon souffle devenir difficile. Un rire nerveux s'échappe de mes lèvres, un rire froid et sans joie. - Evidemment... Je marmonne pour moi-même. - Pauvre conne... Une larme dévale ma joue mais je la stoppe d'un revers de main. J'ai un mal de chien, mon corps entier me fais mal, comme si je venais de passer sous un rouleau compresseur. Une douleur fantôme à quelque chose qui n'est pas palpable. Quand il explique qu'il était revenu pour elle, je me souviens alors qu'Eli m'en avais parler lors du festival à Brisbane. J'aurais dû l'écouter. Mon frère est donc le seul homme de confiance dans ce monde de merde ? Plus il parle, plus la douleur se fait intense et plus je me retiens de lui demander de se la fermer. - Si tu avais réellement penser à moi, on ne serais pas là à parler de toi qui t'envoi en l'air avec ton ex. Tout ce qu'il me dit n'est pas recevable, après ce qu'il a fait je refuse de l'entendre me dire à quel point il a pensé à moi, à faire comme si soudainement il ne savais pas ce que j'avais en tête, il me semble pourtant que mes intentions étaient clair comme de l'eau de roche. Toutes ses paroles ne font du bien qu'à une seule personne et ce n'est pas moi. - On ne s'était rien promis mais quand je disais on se laisse porté, ça ne voulais pas dire que tu pouvais te laisser porter jusqu'à planter ta queue dans ton ex sans conséquence. Mes doigts qui étaient descendu sur le verre se crispe si fort sur le verre de mauvaise qualité qui se brise dans ma main, mes larmes redoublent. - Comment tu peux oser me dire que tu pensais à moi alors que je n'étais clairement que ton plan B car tu t'es lâchement fait jeter par Avery et que tu n'a pas hésiter à la baiser à la première occasion ? Je secoue ma main pour faire tomber les bout de verre et prends une serviette pour la presser sur la coupure que j'ai sur la main. Je n'arrive pas à m'arrêter de pleurer. - Mais putain tu m'as trahis Ari ! J'avais confiance en toi, je pensais que... putain je pensais qu'il se passais quelque chose entre nous mais tu m'as juste prise pour une conne ! Je me redresse mais mes jambes me portent difficilement car elle se mette à trembler, je me tiens donc à la table sans parvenir à m'arrêter de pleurer. - Tes excuses tu peut te les mettre au cul Ari ! Je sens les regards se porter sur nous, mais je ne suis plus à ça près de toute manière en terme d'humiliation, il a mis la barre déjà haute.

Il avait tout déballé Ari. Presque tout. Ses doutes sur ce qu’il souhaitait réellement dans toute cette situation laissés de côté, il pensait y revenir après, dans la discussion. Peut-être lorsqu’ils s’interrogeraient ensemble sur ce qui allait se passer maintenant. Ari n’avait pas vraiment réfléchi à comment allait se dérouler cette discussion. Il la redoutait, bien sûr, mais n’avait aucune certitude concernant la réaction qu’allait avoir Rori, le ton qu’allait prendre la conversation. Non, il n’était sûr de rien. Mais jamais, il n’aurait pu s’attendre à la réaction que s’apprêtait à avoir Rori. Un rire sans joie, nerveux sûrement, s’échappe des lèvres de la brune lorsqu’il annonce de but en blanc l’information. Il a couché avec Avery. Sans doute aurait-il pu être plus subtil. Avoir plus de tact. Mais en soit, tout le tact du monde ne changeait rien aux faits. Il jugeait que ça ne servait pas à grand chose de tenter d’enrober la merde qu’il avait fait avec un beau papier cadeau. Ça restait pourri. Il voit la larme couler sur son visage et l’entend vaguement marmonner, des paroles qui n’augurent rien de bon. Son cœur se serre, mais il continue, Ari, décidé à tout expliquer. Ou peut-être que c’est le tract qui fait qu’il est incapable de se taire. Quand enfin, il conclu son interminable discours, Rori prend la parole. Et c’est bien à cet instant, qu’Ari ne s’attend pas du tout à ce qui va suivre. Car elle est énervée, la brune. Et c’est probablement un euphémisme. Il baisse la tête devant sa première phrase. Méritée. Il n’a rien à répondre à ça. Elle a raison. Alors qu'elle enchaine, il ouvre les yeux un peu plus grands devant les propos de Rori. Il ne l'avait jamais vu employer un langage aussi vulgaire. Il ne l'avait jamais vu dans cet état de... rage ? Les larmes coulent sur le visage de la brune et il tente de protester, Ari, de répondre. "Non, je..." Sa phrase se coupe alors que le verre éclate dans la main de la jeune femme. Les yeux d'Ari s'ouvrent encore plus grands, si c'est possible. Il est à mi-chemin entre la stupéfaction et la panique. Il aimerait saisir sa main, regarder si elle ne s'est pas fait mal mais il n'en fait rien. Peut-être se doute-t-il, que c'est une mauvaise idée. Qu'il risquerait peut-être même de prendre une gifle, en essayant de toucher la brune. Alors il la regarde, un air désespéré sur le visage pendant qu'elle continue de parler, tout en plaquant une serviette contre les coupures de sa main. Les larmes n'en finissent pas et le ton monte encore. Elle finit par se redresser devant lui, toujours en pleurs. Les regards de la salle se portent sur eux mais il ne pourrait pas plus s'en moquer en cet instant, Ari. Il ne contrôle plus rien, il ne sait pas quoi faire. Pas quoi dire. Voir le mal qu'il inflige à Rori lui arrache le coeur, en cet instant. Tout est de sa faute, une nouvelle fois. Il est celui qui fait souffrir dans l'histoire, les autres et lui-même. Il tente de reprendre la parole, malgré tout. "Rori c'est la vérité, il n'y a pas un jour où je n'ai pas pensé à toi depuis notre rendez-vous sur la plage. Je... J'ai fait n'importe quoi, je sais mais je n'ai jamais voulu te prendre pour une conne, crois moi !" Son ton s'élève aussi, le désespoir perce dans sa voix. Il est désolé, Ari, tellement désolé. La voir dans cet état, c'est une véritable souffrance.

Je suis épuisée. Épuisée de souffrir, de toujours me retrouver dans des histoires compliquées. Je voulais juste quelque chose de simple, ne plus me prendre la tête, mais voilà, je suis encore celle qui prends des coups. Je suis toujours celle que l'on brise en mille éclat. Le dommage collatéral. Sauf qu'aujourd'hui, je n'y arrive plus. Je ne supporte plus les coups de poignards. Alors je perd pied et je craque. Peut-être qu'Ari n'aurait pas dû se prendre une telle violence, peut-être que j'overreact, mais il m'a porter le coup de grâce. J'avais confiance en lui, je pensais qu'il était sincère mais comme les autres il a fini par me faire souffrir. Je laisse mes paroles toujours plus acides et violentes s'échapper de mes lèvres, sans vraiment me soucier de l'impact qu'elle provoqueront. Mon coeur se serre aussi fort que ma main qui fait éclater ce verre. Il tente bien de dire quelque chose mais je ne le laisse pas en placer une. Il reste figé là, alors que le sang coule sur ma main, de la même manière que ma haine se déverse sous les regards des autres. Qu'ils nous regardent... ils auront des histoires à raconter ce soir, tant mieux pour eux. Ari, finis par parvenir à en placer une mais ses paroles qui aurait dû être rassurante n'ont pas l'effet escompter. Ils ne pansent pas mes blessures comme ils auraient dû. Je n'arrive plus à le croire, il a brisé la confiance que j'avais en lui. - Je ne peux pas te croire. C'est au-dessus de mes forces ! Tu m'as tirer vers le haut juste pour mieux me voir tomber. Tu as tout gâché ! J'attrape alors mon sac, je ne veux pas rester une seconde plus ici. J'ai l'impression d'étouffer. Ma respiration devient difficile, car elle se retrouve totalement entrecoupé par mes sanglots. - Merci pour l'addition. Je ne lui laisse pas vraiment le choix de payer, car je file vers la sortie à toute vitesse cherchant désespérément un peu d'air frais. Je ne peux pourtant m'empêcher de lui jeter un regard à travers la vitrine, parce  que même en cet instant, je n'arrive même pas à le détester. Je suis déboussolée. Comment tout ça a pu arrivé si vite ? Tout allais bien et soudainement tout est devenu sombre en une fraction de seconde. Qu'est-ce que j'ai de moins que les autres ? Pourquoi je n'ai jamais le droit à une happy ending ? J'ai l'impression de devoir me rendre à l'évidence et que jamais je n'aurais le droit à une histoire simple et heureuse.