Sur ma peau, j'ai signé mes promesses (Fede)

C'était parti d'une simple discussion, d'un simple coup de tête. Alors qu'elle passait de longues semaines dans le brouillard, en alternant les hauts et les bas, Tahlia avait décidé d'inscrire cette envie de sortir la tête hors de l'eau dans sa peau. C'était le propre de sa vie. Tomber, se relever, retomber, se relever de nouveau. Et c'était par le tatouage qu'elle avait décidé de le garder en elle. Ce n'était pas la première fois qu'elle se faisait tatouer, mais le premier se résumait à un pari stupide, le deuxième faisait référence à une philosophie de vie complémentaire au message qu'elle allait graver. Le hic ? Son ancien tatoueur s'était fait la malle aux Etats-Unis, privant Bowen de ses talents. C'était donc un soir, alors qu'elle se trouvait au Hendrix, qu'Azriel lui parla de son collègue barman, qui faisait aussi des tatouages chez lui. Même si Tahlia n'était pas convaincue au début – sûrement par le fait que cet homme n'avait pas de salon – elle finit par demander son numéro. Quelques messages plus tard, le rendez-vous était pris et le fameux jour arriva plus vite que prévu. Tahlia se rendit à l'adresse donnée et sonna à la porte. Ce fut un jeune homme qui lui ouvrit. « D'après la description faite par Az, tu dois être Fede, non ? » demanda-t-elle, un large sourire aux lèvres, après l'avoir salué. Ce serait surtout bien bête de se tromper de personne.

C'était une session spéciale aujourd'hui. Azriel avait parlé de toi à une amie à lui, et elle t'avait contacté peu de temps après pour que tu la tattoo. T'avais toute la journée pour toi, et surtout tout l'appartement pour toi parce qu'Adelaïde était au travail aujourd'hui. Et toi, tu ne travaillais pas. Pendant toute la matinée, t'avais préparée ton matériel afin de faire ça bien. En ce moment, tu avais de plus en plus de clients pour ton deuxième boulot et ça te rendait heureux. Parce que tatouer, c'était pas un simple travail mais aussi une véritable passion. Un art que tu aimes pratiquer. Le dessin, tout ce qu'il s'en suit. Alors que tu étais perdu dans tes pensées, quelqu'un frappa à la porte. Et t'allais directement ouvrir, avec ton café à la main, que tu avais fais couler au préalable. « Et d'après la description faites par Az, tu dois être Tahlia » répondis-tu en riant légèrement. Tu laissas la jeune femme entrer dans l'appartement avant de refermer la porte derrière elle. Tu allais avec elle dans le salon pour commencer. « Avant de commencer quoi que ce soit, tu veux un café, ou quelque chose ? » demandas-tu à l'australienne avec un sourire. Oui, t'aimais bien mettre les gens à l'aise. Il fallait toujours qu'ils le soient avant un tatouage. Parce que ça avait toujours énormément de significations. Tu faisais toujours pareil quand tu allais toi aussi te faire tatouer. T'aimais discuter, ça rendait la chose plus concrète.

Tahlia sentait l'impatience la gagner alors qu'elle arrivait à l'appartement de Fede. Ce n'était pas la première fois qu'elle se faisait tatouer, mais à chaque fois, c'était un moment capital. Ses tatouages arrivaient à des époques de sa vie compliquées – sauf le Hakuna matata sur le poignet, qui relevait du défi stupide qu'elle avait perdu – et elle trouvait cela important de les marquer sur elle. Pour se rappeler de relever la tête quand il le fallait, pour ne pas se laisser envahir par la montagne de soucis. Arrivée devant la porte, un grand jeune homme l'accueillit chaleureusement. « Je ne préfère pas savoir quelle description Az a pu faire... » répondit-elle en riant, alors qu'elle entra dans l'appartement après qu'il l'ait invitée. Elle le suivit jusqu'au salon où Fede lui demanda si elle voulait boire quelque chose. « ça ira, merci. J'en suis déjà à trois cafés depuis ce matin. Je ne voudrais pas être une pile électrique pendant le tatouage. » Elle esquissa un large sourire alors qu'elle regarda distraitement la pièce avant de reposer son regard sur le jeune homme. « ça fait combien de temps que tu tatoues ? » Un barman qui tatouait chez lui, ce n'était pas trop commun. Et elle était curieuse de connaître l'histoire de sa passion.

Tatoué quelqu'un c'était devenu une réelle passion pour toi. T'aimais énormément ça, et tu y consacrais le plus clair de ton temps, désormais. Et plus on parlait de toi aux gens, plus tu avais de clients. Comme Tahlia, grâce à Azriel. « Pourtant il a fait une belle description de toi » dis-tu en hochant la tête positivement. Vous vous dirigiez tous les deux vers le salon avant de commencer et tu proposas à la brune quelque chose à boire. « J'ai de l'eau si tu veux, ça te calmera » dis-tu en riant légèrement. De ton côté, tu te préparais un café, et tu attendais qu'il coule. La brune te demanda alors depuis combien de temps tu tatouais. « Ca fait deux ans maintenant. J'ai fais des études d'arts, à Bowen, avec Azriel et j'sais pas j'ai eu envie de me lancer. Et maintenant, j'adore ça » dis-tu en souriant. Ca avait été très important pour toi, ces études d'arts. Parce que c'est là que t'avais compris ce que tu voulais faire de ta vie. Le café étant prêt, tu pris la tasse et tu invitais la jeune femme à te suivre dans ta chambre, où tu avais tout ton matériel. Tu commençais à tout préparer tout en buvant ton café. « T'avais un tatoueur précis, avant de venir me voir ? » demandas-tu à la jeune femme. Forcément, parce que tu avais remarqué qu'elle avait quelques pièces déjà, discrètes mais jolies.

Tahlia avait une confiance absolue en Az. Alors si l'italien lui disait de faire confiance au talent de Fede, la brune y allait sans hésitation. Elle esquissa un léger sourire à propos de la description faite par Az afin que Fede la reconnaisse et entra dans l'appartement. Refusant un café, sous prétexte qu'elle en avait déjà bien trop bu, elle hocha la tête quand il lui proposa de l'eau : « Si ça calme, je prendrais bien un verre d'eau alors, s'il te plaît. » Connaissant Tahlia, il lui faudrait trois litres d'eau pour la calmer ! Le jeune homme se fit couler son café, ce qui permit à l'ex-policière de poser quelques questions sur cette passion du tatouage. Elle l'écouta parler de ses études d'arts, avec curiosité. Il semblait avoir trouver sa voie, suite à ces études, et cela se ressentait. « Oh d'accord. Et tu envisages d'ouvrir ton salon, un jour ? » demanda-t-elle alors qu'elle le suivit dans sa chambre, où tout son matériel se trouvait. Il devait se sentir un peu à l'étroit ici et sans doute trouverait-il sa clientèle à Bowen, s'il venait à ouvrir son propre établissement. Entendant sa question, la brune hocha doucement la tête : « Oui, c'était un tatoueur de Bowen. Mais il est parti vivre aux Etats-Unis, alors je me trouve un peu orpheline. » Elle rit légèrement avant de nuancer ses propos : « Enfin, je te dis ça, mais le tatouage que tu vas me faire ne sera que le troisième. Ce n'était pas très bien vu d'être tatouée dans l'univers où je bossais. » Elle haussa les épaules. Les clichés avaient encore bien leur place dans la police. « Ceci dit, tu risques de me voir plus souvent maintenant. » Elle ne comptait pas s'arrêter à celui qu'elle allait faire aujourd'hui.

T'étais content que ton collègue ait fait de la pub pour toi, ça te permettait d'avoir de plus en plus de clientèle et puis de rencontrer aussi de nouvelles personnes. Et ça c'est pas une mauvaise chose. Et au fur et à mesure que tu tatouais les gens, tu te faisais ton propre book avec ton style, tout ça. Était une très bonne chose. Tu ris légèrement et tu lui fis son verre d'eau avant de lui emmener dans le salon. « Je rêve d'ouvrir mon propre salon, depuis que j'ai commencé j'ai trop envie d'avoir mon propre studio. Mais j'ai pas les moyens encore, c'est pour ça que j'fais ça dans ma chambre et que j'bosse au Hendrix » dis-tu avec tes étoiles dans les yeux. C'est vrai que c'est un peu un rêve de gosse, de vouloir ouvrir ton propre salon. Et ça serait plus pratique que d'avoir des gens qui font des allées et venues dans ton appartement. Adelaide serait contente que plus personne ne foute un pieds chez vous et n'entende les gens souffrir sous tes aiguilles. Mais heureusement, elle n'avait jamais fais de réflexion à ce sujet et elle t'avait promis que ça ne la dérangeait pas. « Oh, je suis ravi d'être ton nouveau tatoueur attitré alors » dis-tu en souriant. « Quel travail refuse d'arborer des oeuvres d'arts sur son corps ? » demandas-tu naïvement. Malheureusement, il y en avait encore pleins qui refusaient que l'on ait de tatouages visibles. Et c'est quelque chose que tu détestais. Heureusement que dans le travail que tu faisais, c'était plutôt bien vu.

Alors que Fede lui expliquait pourquoi il n'avait pas encore son salon de tatouage – ce qui relevait surtout de conditions financières  - Tahlia remarqua la lueur qui venait d'animer son regard. « On sent que tu es un passionné. » dit-elle avec un sourire empreint de douceur. Elle aimait ce genre de vision, voir les gens réussir à faire ce qu'ils aimaient. Tahlia l'avait vécu. Elle avait eu la chance d'accomplir son rêve. Et même si aujourd'hui, elle n'exerçait plus son métier tant aimé, elle se disait qu'au moins, elle avait réussi à l'être. Elle s'était donnée les moyens pour. « Je suis certaine que tu l'ouvriras, ton salon de tatouage. Quand on trouve sa voie, on fait tout pour aller jusqu'au bout. » Alors qu'il préparait le matériel, Tahlia lui expliqua qu'elle était désormais orpheline de tatoueur. Mais sans doute venait-elle de trouver celui qui allait faire quelques œuvres sur son corps. Maintenant, elle était beaucoup plus libre. D'ailleurs, quand elle évoqua ce métier qui la contraignait au niveau des tatouages, Fede sembla surpris. Elle se mit à rire en répondant : « Disons que la police n'aime pas trop quand ses officiers arborent des œuvres d'art trop visibles. Il y a encore du boulot à faire pour que les mentalités changent. » Déjà qu'en tant que femme, il était difficile de se faire une place. Alors, les tatouages, c'était encore autre chose ! Tahlia fouilla dans son sac et récupéra le dessin du tatouage qu'elle imaginait. C'était un phénix, cet oiseau qui renaissait sans cesse de ses cendres et qui représentait une jolie métaphore pour Tahlia. Elle tendit la feuille à Fede, sourire aux lèvres. « Du coup, je te montre ce que j'ai en tête ? C'est un ami qui l'a dessiné pour moi. Il n'est pas encore parfait, mais on l'a bien amélioré. Au début, mon phénix ressemblait à une avocette.... On revient de loin ! » La brune éclata de rire. En effet, l'avocette était bien loin du phénix majestueux. « Je pensais le faire là, sur le poignet. Je voulais même ajouter du texte en dessous :

Nightfall,
Too dark to read the page
Too cold.

C'est un haïku. Mais je pense que celui-là, je le ferai plus tard. Et ailleurs. » Elle le laissa observer le dessin quelques instants, avant de demander : « Tu penses qu'il y a des choses à changer ? »

L’australienne remarquait à quel point tu étais heureux en parlant de ce métier de tatoueur que tu exerçais seulement dans ta chambre. « Oh oui, j’aime tellement ça » répondis-tu avec un large sourire. C’était plus qu’une passion, t’étais vraiment à fond dans le tatouage comme dans ton métier de barman, il faut avouer. « C’est gentil d’y croire avec moi, j’espère que tu seras une de mes clientes dans mon futur salon ! » ajoutas-tu en souriant. Un jour, tu aurais ce salon dont tu as toujours rêvé après avoir fini tes études de dessin et d’art. Tu ne savais pas qu’elle était policière, Tahlia. Alors tu comprenais mieux pourquoi elle n’avait pas énormément de pièces sur le corps et surtout que ces dessins n’étaient pas visibles. « Oh, je comprends mieux » répondis-tu en hochant la tête. La jeune femme te tendait un papier avec un dessin de phoenix dessus. Tu analysais le dessin et tu sortais ta tablette pour le redessiner. Tu ris légèrement quand elle t’expliqua l’aventure de ce dessin. Et elle te montra où elle voulait le faire et le fait qu’elle ajouterai encore du texte mais certainement plus tard. « Ah oui en effet il vient de loin ce petit dessin ! On va garder les grandes lignes du dessin, mais j’vais le remanier un peu » répondis-tu en souriant. Tu restais quelques instants sur ta tablette, pendant un bon quart d’heur à remanier le dessin qu’elle venait de te donner. Tu lui tendais ensuite la tablette pour lui montrer ton dessin. « Est-ce que ça te plait ? Tu as le droit de dire non, hein » dis-tu en souriant.

"Je serai même l'une de tes clientes les plus fidèles !" Elle se connaissait, Tahlia. Elle savait qu'elle ne faisait pas dans la demi-mesure et qu'elle avait déjà bien d'autres idées en tête pour de futurs tatouages. Maintenant qu'elle n'était plus policière, qu'elle n'était plus une représentante de la nation - avec ses devoirs et ses obligations - elle allait pouvoir disposer de son corps et de sa peau comme bon lui semblait. Elle n'avait pas encore fait son tatouage du phénix qu'elle réfléchissait déjà à d'autres. Mais chaque chose en son temps. De son sac, elle sortit la feuille sur laquelle se trouvait ce qu'elle voulait. Il avait une histoire, ce dessin, et c'était encore plus significatif pour elle. Elle le donna à Fede, hochant doucement la tête quand il affirma que ce dessin venait de loin. Evidemment, aux yeux du professionnel, il y avait quelques remaniements à faire, des jeux d'ombres à retoucher, des traits à rendre plus gracieux. Elle l'observa en train d'effectuer son dessin sur la tablette, l'air concentré et professionnel. Tahlia resta muette pendant ce moment-là, afin de ne pas altérer la créativité du jeune homme mais elle était impatiente, tellement impatiente à l'idée de voir le résultat. Quand cela fut fait, qu'il lui tendit la tablette pour qu'elle observe le résultat, la brune regarda avec grande attention les remaniements de Fede. Enfin, elle releva la tête et lui adressa un énorme sourire : "Il est encore plus beau que ce que je n'imaginais ! Ce tatouage a une véritable signification pour moi et tu l'as parfaitement retranscrit. J'en suis complètement fan !" Et ne pouvant dissimuler son impatience, elle ajouta : "Maintenant, j'ai hâte de l'avoir à jamais sur ma peau." Elle était là, l'étape la plus importante. Et c'était avec grande joie qu'elle s'apprêtait à passer sous les aiguilles du jeune tatoueur.

Tu souris lorsque Tahlia t’affirme qu’elle sera une de tes plus fidèle cliente. Tu en auras bien besoin de client, c’est sur, et encore plus des fidèles qui parlent de ton salon et de ton travail. « Je compte sur toi alors » dis-tu en lui faisant un clin d’oeil. Cette idée d’ouvrir un salon de tatouage, tu l’as depuis tellement longtemps que tu te demandes si ça va réellement se faire un jour. Mais bon, il ne faut pas y penser de suite. Tu avais déjà un bon panel de client alors que tu tatouais seulement dans ta chambre alors soyons positif pour la suite. La jeune femme t’avait donné son dessin que tu avais remanié en quelques minutes sur ta tablette. Tu ne tatouais jamais un motif précis sans rajouter ta petite touche d’artiste. C’était ton truc à toi. Elle avait l’air d’apprécier, lorsque tu lui montrais le produit fini sur l’écran de ton iPad. A sa réponse, tu élargis un sourire parce que si elle était contente du rendu, tu l’étais encore plus. « Ah, je suis content que ça te plaise ! » dis-tu en souriant. « Eh bien n’attendons plus longtemps, allons tatouer ce beau phénix » ajoutas-tu en lui faisant signe d’aller s’installer dans la chambre. Pendant qu’elle s’installait confortablement, tu commençais à installer tout ton matériel. Tes encres, tes aiguilles, tes autre produits nécéssaire au tatouage. Et en un rien de temps c’était prêt. Avant de te lancer, tu imprimais le stencil pour le poser sur sa peau. « Dis-moi où tu le veux exactement » demandas-tu à la jeune femme, avec le papier transfert en main.