maybe it's time to let the old ways die ∞ ft. niels

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maybe it's time to let the old ways die
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@niels björk & @aura luciano

Mon entretien s’était à peu près bien passé. Du moins je n’avais pas l’impression d’avoir commis d’impair. La conservatrice du musée de Bowen avait été impressionnée par mon parcours et mes connaissances. Il y avait aussi la lettre de recommandation de ma responsable au musée de Offices. J’avais – heureusement pour moi – quitté mon ancien job un peu précipitamment mais en bons termes. La version qu’Enzo et moi avions servie à Fede était tout autre, j’étais censée avoir été virée – absurde – mais nous n’avions pas le choix que de déguiser un peu la réalité. Pour le protéger avant tout. En sortant du musée, je me détachai les cheveux, le chignon, avec la veste de blazer que je portais me donnait un air trop strict ; parfait pour un entretien d’embauche, moins pour se balader dans la rue. Le ventre gargouillant, je décidai de prendre un snack et après mon rendez-vous, qui avait été un peu stressant, je devais l’avouer, j’avais le droit de m’autorisé un peu de gras. J’entrais donc dans le shake shack que je trouvais à proximité et tandis que j’attendais qu’on prépare ma commande, je reconnu quelqu’un dans la fil.
— Niels ? apostrophai-je le jeune homme.
Je n’arrivais pas à croire que je tombais sur lui ! C’était impensable. Nous nous étions rencontrés à Paris, avions joué un peu de musique ensemble, le temps de son séjour. Le monde était petit !
— Tu te souviens de moi ?  

Jour de repos. L’occasion rêvée pour Niels de voir autre chose que les murs blancs de l’hôpital qu’il avait dû réapprendre à apprivoiser, le changeant des paysages idylliques qu’il avait pu scruter en Nouvelle-Zélande. Il avait sorti sa planche pour l’occasion, s’adonnant à son activité favorite toute la matinée, bien que déçu que ses meilleurs potes n’aient pas réussi à se libérer pour rider avec lui. Il s’était contenté des autres personnes présentes au skate-park, se défoulant comme il savait le faire pendant quelques heures avant de se rendre compte que l’heure avait tourné, lui qui oubliait toujours la notion du temps lorsqu’il était perché sur son skate. Il prit la direction du retour, passant par la ville dans l’optique de faire un détour au shake shack, l’effort lui ayant ouvert l’appétit. Planche en main, il entra dans le fast-food, les yeux rivés sur la carte affichée quand il entendit une voix qu’il eut du mal à replacer, l’interpeler. Il tourna les yeux vers son interlocutrice, son esprit cherchant à tout prix à remettre un nom sur ce visage qu’il connaissait, ses souvenirs défilant dans sa tête jusqu’à s’arrêter sur ceux de Paris. « Aura. » Lâcha-t-il finalement, presque fier d’avoir réussi à retrouver son nom. « Aura, l’italienne pas intéressée, c'est ça ? » Ajouta-t-il, pouffant légèrement en observant son air légèrement décontenancé. « J’ai eu peur un instant que ça soit le cas, mais faut croire que ma mémoire me joue pas encore des tours. » S’amusa-t-il, un franc sourire se dessinant sur ses lèvres. « C’est fou de te croiser ici, comment tu vas ? »

Je ris en entendant le surnom qu’il me donna. L’italienne pas intéressée, cela aurait presque pu résumer les sept dernières années de ma vie. Je me souvenais, effectivement que Niels, à Paris, avait tenté un rapprochement physique alors que je ne voyais en lui qu’un ami de passage avec qui je partageais cette passion de la musique. J’avais aimé ces moments avec lui, les notes échangées, cette légèreté. Ca avait été la première fois que je chantais devant une autre personne que mes frères ou mes parents. J’avais un peu culpabilisé, d’ailleurs, de lui avoir coller un mur au moment où il avait voulu m’embrasser. Ca n’était pas que je ne le trouvais pas mignon, mais j’usais de ce reflexe de protection avec tous les hommes qui m’approchaient depuis des années. Les séducteurs, je les repérais à des kilomètres à la ronde ; quant on a deux frères italiens incapables de résister à la moindre paire de seins, on finit par connaître tous les tours de ses don juan. Vous savez, c’est comme ce type qui a un jour décidé de vivre avec des loups, pour comprendre leur comportement et appréhender leurs actions. Ce type là sait dire exactement, rien qu’en captant un simple mouvement de queue par exemple, si le loup est prêt à mordre ou pas. Ca marche un peu comme ça pour moi aussi, le mouvement de queue en moins. Quoique…
— Oui, c’est…c’est ça, admis-je en rigolant, je sais c’est complètement dingue ce que le monde est petit. En fait, je vis ici depuis…ça fait une semaine qu’on est là avec Enzo. Mon frère Enzo, tu l’avais vu je crois, à Paris ? Mon frère ainé habite ici depuis des années, il bosse au bar au coin de la rue, là-bas.

Maintenant qu’elle était devant lui, qu’elle avait prononcé son prénom avec cette douceur si particulière, il parvenait à se resituer quelques années plus tôt à Paris, elle qui avait été son acolyte le temps de quelques semaines. Le Niels de l’époque s’était évidemment vu charmé par elle, par son sourire et le timbre de sa voix qu’il avait toujours trouvé particulièrement attirant. Et pourtant, tout était resté parfaitement platonique entre eux, après qu’elle lui ait clairement fait comprendre qu’il n’y aurait jamais de ça entre eux. Quelques regrets plus tard, il avait finalement appris à connaître Aura à travers leur passion commune pour la musique, persuadé qu’il avait rencontré un réel talent. Pour être petit, le monde l’était vraiment. Le destin jouait parfois de drôles de tours, Niels peinant à croire qu’ils se retrouvaient une nouvelle fois à l’autre bout du monde. « Oui je me rappelle de lui. » Certainement parce-qu’il l’avait toisé à l’instant où il l’avait croisé en compagnie de sa soeur. « Oh, il bosse au Hendrix ? J’connais que deux barmans d’origine italienne là-bas. » Ajouta-t-il, faisant le rapprochement avec Fede qu’il connaissait grâce à Azriel, son meilleur ami. « Donc tu es la soeur de ce tombeur de Fede ? » Demanda-t-il, un sourire aux lèvres, hochant la tête, son regard se tournant vers la femme qui s’adressait à Aura derrière le comptoir. « J’crois que ta commande est prête. » Dit-il, d'un signe de tête, sans savoir si elle souhaitait partager son repas en sa compagnie.

J’avais beau avoir entamé la conversation, j’avais du mal à réaliser que Niels, le musicien rencontré à Paris quelques années plus tôt, se trouvait face à moi. Ici, à Bowen. Petite ville d’Australie, certes magnifique et très agréable, mais un brin paumée. C’était complètement incongru. Je lui parlais de Fede, mon frère ainé, qui s’était installé ici à sa majorité et qui bossait dans l’un des bars les plus fréquentés de la ville. Niels fit tout de suite le rapprochement.
— Je vois que la réputation de Fede n’est plus à faire, rigolai-je quand Niels qualifia mon frère de tombeur, et je ne donne pas une semaine à mon frère jumeau pour se faire la même…
Mes frères faisaient des étincelles où qu’ils aillent, j’étais assez habituée à cela. Autant en rire. Quelqu’un appela mon prénom, mais mes pensées étant ailleurs, je n’entendis rien. Ce fut Niels qui me fit remarquer que ma commande était prête et qu’une demoiselle vêtue de rouge attendait que je vienne récupérer mon plateau garni. J'avançai vers elle et m’excusai de l’avoir fait attendre, puis me tournai à nouveau vers l’anglais.
— Tu…manges avec moi ? Ca me ferait plaisir de savoir ce que tu deviens, et ce que tu fais là surtout !

Des visages, Niels en avait vu passer dans sa vie, lors de ses aventures improvisées, certains restant ancrés dans son esprit tant ils l’avaient marqué. C’était le cas avec Aura, avec qui l’entente s’était immédiatement faite, une complicité naissant entre eux, bien après que Niels ait laissé tomber son désir de la séduire pour s’intéresser plus en profondeur à elle. Il avait souri aux mots de la brune, se rendant compte que ses mots étaient sans équivoque vis-à-vis des talents de séduction de son frère. « Les italiens sont prisés. C’est un fait. » Dit-il pour essayer de se rattraper et de déresponsabiliser Fede. Il pouffa à ses mots suivants, hochant doucement la tête, lui qui ne pouvait pas contredire Aura, ses frères étant visiblement doués pour faire tourner les têtes. Il laissa Aura récupérer son plateau, esquissant un sourire en entendant sa demande à laquelle il hocha la tête. « Ça me ferait plaisir aussi. Va t’installer, j’te rejoins. » Lui répondit-il, accompagné d’un clin d’oeil malicieux. Une jeune femme au guichet prit sa commande, la lui remettant après quelques minutes, Niels cherchant la belle italienne des yeux avant de la trouver au bout de la pièce, la rejoignant avec un sourire. « C’était une belle opportunité pour t’enfuir, j’suis heureux que tu l’aies pas fait. » Rit-il, posant son skate au sol, s’installant face à Aura. « Bon parlons sérieux, j’ai une question qui me brûle les lèvres… » Souffla Niels, avec un air presque concerné, laissant quelques secondes s'écouler alors qu'il ne la lâchait pas du regard. « Tu continues la musique ? »

Un léger rire s’échappa d’entre mes lèvres lorsque Niels me rejoignit et qu’il me fit remarquer que l’occasion aurait été belle à saisir si j’avais souhaité m’échapper discrètement. Il savait que j’avais tendance à fuir les hommes, il en avait fait les frais, à Paris, lorsque j’avais repoussé ses avances. J’étais effectivement plutôt douée pour me dérober, j’avais notamment évité un homme durant sept ans, on pouvait donc dire que j’étais passé maitre dans cet art-là. En revanche, avec Niels, j’avais choisi de rester. Et il y avait une bonne raison à cela.
— Je ne fuis que les dragueurs invétérés, et on sait tous les deux que tu as laissé tomber la drague avec moi depuis longtemps, le charriai-je avec malice.
Avec une frite, je mélangeai mayonnaise et ketchup pour créer une mixture digne d’une enfant de cinq ans. C’était une habitude que j’avais depuis que j’étais gamine et que je n’avais pas perdue. Puis, il fallait dire ce qui était : c’était délicieux. Je ne levai pas immédiatement les yeux lorsque Niels aborda le sujet de la musique mais un sourire fendit mon visage en coin.
— Ca fait longtemps que je n’ai pas joué, non, confessai-je.
Je me redressai puis songeai un court instant à la perspective de reprendre la musique, de chanter à nouveau. Je chantai pour moi bien sur, mais cela n’avait rien à voir. La musique faisait partie de moi depuis que j’étais petite et si je n’osai pas dévoiler facilement cette partie de moi, le plaisir que je prenais à jouer était certain. Et cela me manquait.
— Et toi ?

Elle n’avait clairement pas tort sur le fait qu’il avait dû bien vite abandonner son plan drague avec elle, Niels qui s’était pris un mur en cherchant à la séduire. Pourtant, cet épisode assez gênant n’avait pas réussi à enrayer leur complicité pour autant, eux qui avaient simplement appris à se connaître en tout bien tout honneur, se dévoilant sur d’autres aspects de leur personnalité qui se rejoignaient. « Faut dire que tu m’as pas franchement laissé le choix. » S’amusa-t-il, le prenant avec humour maintenant qu’il avait un peu plus de recul sur la situation, comprenant qu’il avait gagné bien plus en se liant d’amitié avec Aura. « Mais t’as bien fait, j’suis pas rancunier en plus, t’as de la chance. » Ajouta-t-il, d’un air malicieux, ses yeux s’arrêtant sur son interlocutrice, souriant en la regardant préparer sa sauce de manière presque enfantine. Rapidement, et presque instinctivement, Niels dévia la conversation sur une passion qu’ils partageaient tous les deux et qui était presque le fondement de leur relation. Il hocha simplement la tête, avalant une frite à son tour, presque déçu de savoir qu’elle n’avait pas continué à faire vibrer ses cordes vocales. « Je gratte de temps en temps, quand j’en ai l’occasion. Mon meilleur pote est guitariste dans un groupe, ça me donne une bonne raison de toucher à la musique. » Avoua-t-il, un sourire fendant ses lèvres alors qu’il reporta son attention sur Aura. « Ça te dirait qu’on se retrouve pour jouer un de ces quatre, comme avant ? » Proposa-t-il, l’air de rien, désirant savoir si sa passion était restée intacte malgré les années qui s’étaient écoulées.

Une fois ma mixture réalisée, je commençai à tremper mes frites dedans, croquant dans une première portion, coincée dans mes doigts, ravie de les trouver croustillantes, exactement comme je les aimais. Je levai les yeux vers Niels et souris lorsqu’il affirma que j’avais de la chance qu’il ne soit pas rancunier. Malgré le rejet que je lui avais sévèrement imposé, quelques années plus tôt, nous étions restés amis. Au final, c’était bien mieux comme ça. Lui comme moi étions d’accord là dessus. Notre relation, si elle avait été plus charnelle, serait morte en moins d’une soirée. Ce que nous avions construit à la place, même si cela avait été bref, là aussi, m’apparaissait comme quelque chose de bien plus précieux. Le sujet de la musique revint rapidement sur le tapis, alors que je croquais une première bouchée de mon burger. Je ne m’étonnais pas que Niels ait continué de jouer de son côté, il avait un talent inné pour la guitare c’était certain. Pas comme moi. J’aimais ça, jouer de la musique, chanter, mais je ne me leurrais pas, je n’étais pas Lady Gaga, quoiqu’en disent mes frères. Niels était l’un des rares, d'ailleurs, à connaître ma voix, en dehors de ma famille. Je ne me dévoilais pas si facilement, en effet. Mais je lui avais immédiatement fait confiance, ou peut-être était-ce lui qui m’avait mise à l’aise tout de suite. Etrangement, je n’avais pas honte de chanter devant lui.
— Le groupe de ton pote joue ici, à Bowen ?
J’avalai une nouvelle portion de frite. Puis stoppai net ma mastication quand Niels me proposa de jouer à nouveau avec lui. J’avalai avant de rire du nez. Je fis passer ma bouchée avec une rasade de soda, tout en réfléchissant à la proposition du musicien.
— J'avoue que ça me tente, sortis-je finalement, mais…j’ai pas d’instruments ici. Il faudrait que je demande à ma mère de me faire envoyer ma guitare ou mon violon. Ou que j’en achète une autre, je sais pas…

Il aurait été un bel idiot de lui en vouloir pour l’avoir recalé, étant conscient que la relation, bien que courte, qu’ils avaient noué était bien plus importante que tout le reste, et surtout, elle valait clairement le râteau qu’il s’était pris par Aura. Heureusement pour eux, la musique les avait rattrapé, Niels s’ouvrant sur l’une de ses passions avec la jeune italienne qui lui avait montré qu’elle possédait elle aussi de sacrés talents dans le domaine. D’ailleurs, après avoir été servi et l’avoir rejoint à table, Niels n’avait pas pu s’empêcher de remettre ce sujet au goût du jour, cherchant à savoir si Aura était toujours la jeune femme qu’il avait connu quelques années plus tôt, celle avec qui il avait partagé des moments uniques qu’il n’était jamais parvenu à oublier. Il avait relevé les yeux vers elle, un léger sourire aux lèvres. « Ouais, ça fait un bon moment d’ailleurs. J’peux t’emmener à un de leur concert si l’envie te dit. » Proposa-t-il, sans rien imposer, avant de s’intéresser de nouveau à ses frites, picorant à son tour, ne résistant pas à l’envie de lui demander si elle était intéressée pour jouer de nouveau avec lui. Il se doutait bien qu’il l’avait prise au dépourvu, amusé par sa réaction, suspendu à ses lèvres jusqu’à ce qu’elle ne daigne répondre. « Tu sais… J’ai un tas de guitares chez moi. Si c’est que ça, je peux t’en filer une. » Répondit-il en haussant les épaules, s’attaquant à son burger.

La musique avait été l’une de mes premières passions. Très tôt, je m’étais intéressée à un instrument. Le piano en premier, puis la guitare plus tard. Je pratiquais un peu le violon aussi, mais j’étais beaucoup moins à l’aise avec celui-ci qu’avec les deux premiers. Il me restait encore beaucoup à apprendre. J’aimais chanter aussi, beaucoup. Cela me permettait de lâcher-prise, de m’ouvrir à un monde dont il me semblait être la seule à détenir la clef. Chanter,  pour moi, c’était comme entrer dans un rêve, entrer dans l’intime. J’allais puiser les notes au plus profond de mon être. C’était sans doute pour ça que c’était difficile pour moi de le faire avec un public en face. Rare étaient ceux qui avait déjà entendu ma voix. Mais en musique, comme dans d’autres domaines de ma vie, j’avais un besoin urgent de sortir de ma coquille. Si jusque-là, elle m’avait préservée, je commençais à sentir sa soupape qui se faisait de plus en plus oppressante. Le risque pour moi, si je la laissais prendre trop de place, était que je ne puisse plus jamais en sortir. Cela me faisait peur, d’en sortir, mais cela m’effrayait encore plus d’y rester.
— Ca me plairait beaucoup, oui.
J’aimais les concerts, c’était là que la musique s’exprimait le mieux. J’aimais quand le son résonnait si fort à mes oreilles que mon cœur semblait battre à l’unisson avec la cadence imposé par les musiciens. J’aimais cette sensation oui, mais j’aimais encore davantage la résonnance d’un instrument qu’on faisait jouer soi-même, contre soi. La proposition de Niels, autrement dit, commençait sérieusement à prendre sa place dans ma petite tête, grattant la couche de timidité à la surface de ma foutue coquille.
— Je vais y penser….promis.
J’allais surtout essayer de ne pas me dégonfler. J’avais envie, véritablement envie. Encore fallait-il que je puise le courage en moi de soulever l’opercule qui me retenait prisonnière de moi-même. Niels et moi continuâmes de discuter jusqu’à la fin de notre repas. Quand je repris le chemin du musée, j’avais le cœur léger et un sourire ravi sur le visage. J’avais hâte, en réalité, de recommencer à jouer…et à chanter.

Je me disais qu'on pouvait cloturer là et lancer un autre rp où ils répètent. T'en dis quoi ?