the beginning of something (freja)

Je pensais naïvement que cette nouvelle année pouvait représenter une nouvelle page de ma vie, une page toute blanche à remplir avec de nouveaux moments. Mais les moments passés sont toujours là, on ne peut pas tout oublier même lorsque minuit a sonné. Il y a des jours avec et des jours sans et je suis obligée de constater que ça sera toujours le cas, peu importe ce qui arrive. Assise au bar devant mon énième verre, le regard dans le vide, je joue avec la paille sans même m'en rendre compte. J'ai choisi le Elm Street, c'est le seul bar où je suis presque sûre ne ne pas croiser du monde que je connais. Aujourd'hui est un jour sans, le genre de journées où je ne cesse de penser, réfléchir, ressasser, tout et n'importe quoi. Un homme vient me sortir de mes pensées, j'ai déjà remarqué en début de soirée qu'il me lançait des regards insistants que j'ai préféré ignorer. Il me propose un verre, je lui réponds que je n'en veux pas. Il me propose ensuite d'aller m'installer à sa table avec ses amis. « J'suis pas d'humeur. » que je lui réponds sans même le regarder. Il insiste, demande quand même au barman de me servir un verre pour plus tard, il s'installe même à côté de moi, le gros lourd. Il me pose des questions, me demande ce que je fais plus tard, si je veux le suivre à une soirée spéciale, je ne sais pas quoi, j'entends à peine ce qu'il dit, j'ai pas envie de l'écouter. Puis il devient plus insistant, pose sa main sur ma cuisse, que je retire directement en lui lançant un regard noir. Et il revient à la charge. « Lâche-moi putain ! » Je parle fort, un peu plus fort que ce que j'aurais voulu, pas dans le but d'attirer l'attention mais plutôt de le faire fuir.

Le Elm Street, la dernière fois que tu as mis les pieds dans ce bar, tu es tombée sur Woody par hasard et vous avez laissé votre désir l'un pour l'autre vous guider. Alors quand tu entres dans la bâtisse, tu ne peux pas t'empêcher de regarder vers les toilettes avec un petit sourire aux lèvres et un brin de nostalgie. Après avoir balayé la salle du regard, tu ne le vois malheureusement pas. Tes yeux cherchent continuellement les siens même après tout ce temps. Même après avoir essayé de te reconstruire encore et encore. Mais ce soir, ce n'est pas ce Rutkowski-là qui attire ton attention. C'est une Rutkowski et plus particulièrement celle qui ne te porte pas du tout dans son coeur. Tu fixes la brune du regard en comprenant bien vite qu'un type lui tourne autour et ne la lâche pas. Tu hésites à intervenir une fraction de seconde parce que tu ne sais pas comment Adelaïde interprèterait cela mais qu'importe. Tu ne peux pas la laisser seule alors que le gars insiste, devenant de plus en plus tactile avec elle. « Elle t'a dit de dégager alors barre-toi. » Dis-tu en t'approchant, regardant le type droit dans les yeux, les sourcils froncés. Evidemment, il se moque de toi parce que, qu'est-ce qu'une fille dans ton genre pourrait bien lui faire ? Toi, peut-être pas grand chose vu sa carrure mais le patron du bar, lui, n'hésiterait pas une seule seconde. C'est ce que tu essaies de faire croire à ce type du moins, même si tu ne connais absolument pas le patron en question. « Dégage ou j'appelle le patron qui se fera un plaisir de te rétamer et crois-moi, tu n'as pas envie de voir ça. » Le type murmure quelque chose que tu ne comprends pas à cause du trop plein d'alcool dans son sang mais finit enfin par partir. « Tu vas bien ? Il ne t'a pas touchée ? » Demandes-tu à Adelaïde, le regard inquiet.