maybe you can show me how to love (conja) - HOT

Hideaway Bay. Peu après le nouvel an. C'est sur un coup de tête que tu as décidé de partir le temps d'un week-end avec Conchobáhr à Hideaway Bay. Tu ne lui as pas dit où tu l'emmenais ni ce que vous alliez faire mais tu as réservé un petit appartement pas loin de la plage pour passer un moment rien que tous les deux. Étant donné que vous n'avez pas eu l'occasion de fêter le nouvel an ensemble, c'est l'occasion d'y remédier. Alors, tu l'as prévenu la veille de votre départ que tu passais le prendre le lendemain en fin de matinée, en lui stipulant simplement d'emmener quelques affaires. Seulement voilà, cela fait presqu'une heure maintenant que vous roulez et Concho est plutôt taiseux. Tu vois bien que quelque chose ne va pas mais il ne semble pas prêt à te le dire. Alors tu soupires et décides de crever l'abcès pour arriver dans de bonnes conditions et profiter de ce week-end tous les deux. « Qu'est-ce qu'il se passe ? » Demandes-tu en tournant la tête vers lui qui a un regard plutôt fuyant. « Ne me dis pas qu'il n'y a rien, j'te connais par coeur. » Ajoutes-tu pour être sûre qu'il ne tourne pas autour du pot. Depuis que vous vous êtes retrouvés, un peu après Noël, tout se passe plutôt bien entre vous. Si on met de côté tous les chamboulements dans vos vies respectives, évidemment. Mais à part ça, tu dois dire que tu es vraiment heureuse aux côtés de Concho. Il t'apporte tout ce dont tu as besoin et ça fait longtemps que tu ne t'étais pas sentie aussi bien, aussi comblée. Alors, en le voyant si distant, tu as peur que tout ce que vous construisez ensemble, petit à petit, ne vole en éclats pour une raison qui t'échappe encore.

Quand nous nous étions retrouvés, entre Noël et le Jour de l’An, la réconciliation avait été des plus douces, des plus belles, des plus apaisantes pour mon cœur qui avait tant regretté d’avoir autant merdé auprès de Freja. Auprès de tout le monde. Qu’elle me laisse cette seconde chance, ça avait voulu dire beaucoup, à mes yeux. J’avais été sur un petit nuage, après ça, jusqu’à ce que j’apprenne que mon ancienne colocataire avait débuté la nouvelle année en embrassant mon toujours actuel colocataire, Florian. La belle claque en pleine gueule. La grosse prise de conscience dérangeante. Je me sentais con de penser ça, mais j’avais toujours été celui à faire ce geste, pas à en ressentir les effets. Je voyais maintenant à quel point ça faisait mal d’apprendre une telle nouvelle. Je me sentais trahi alors que Freja et moi n’avions toujours pas mis de mot sur notre relation. Je comprenais donc totalement comment elle avait pu se sentir, quand j’avais couché avec Tahlia. Puis, à force de ressasser l’histoire, j’en étais venu à me demander si Freja n’avait pas embrassé Florian pour se venger, justement, du fait que j’aie joué avec mes deux colocataires en même temps. Pourtant, nous étions passé à autre chose, la dernière fois. Quand Freja m’invita à aller passer un week-end à Hideaway Bay, j’acceptai, bien évidemment que j’acceptai. La retrouver, loin du drame et des responsabilités, pour quelques jours de liberté dans ses bras, l’idée ne pouvait que plaire. Mais, une fois en voiture, je ne pus m’empêcher de continuer à penser à ses lèvres se pressant contre celles de Florian. Ça me donnait la nausée. Lorsque Freja le remarqua, j’allais répondre qu’il n’y avait rien, mais elle me vit venir à des kilomètres. Je soupirai. « C’est juste que j’ai entendu dire que pendant que j’passais le réveillon avec Lily et Nell, toi t’étais en train de t’taper Florian au Hendrix. Ça m’a un peu refroidi. » Avouais-je, le début comme une accusation, la fin comme une déception. « C’est encore à cause de Tahlia ? C’était ta manière de rendre ça kif-kif ? » Demandais-je.

C'est donc de ça dont il s'agit, de ce baiser avec Florian qui ne voulait absolument rien dire et qui t'a pris par surprise. Tu n'aurais jamais imaginé, ce soir-là, que ton ancien colocataire presserait ses lèvres contre les tiennes même dans le simple but d'honorer la tradition du nouvel an. Alors non, tu ne l'avais pas repoussé pour autant parce qu'à tes yeux, ça ne signifiait rien de plus qu'un bisou entre deux amis qui s'apprécient. « Je ne me tapais pas Florian. » Dis-tu en insistant sur ce mot que tu as toi-même employé quelques semaines plus tôt pour parler de la relation entre Concho et Tahlia. Qui a bien eu lieu, elle, et qui signifiait sûrement davantage que ce simple baiser entre Florian et toi. Pourtant, tu as décidé de tourner la page, de faire une croix sur cette histoire et de redonner une chance à ta relation avec l'australien. Alors non, ce n'était absolument pas une question de vengeance. « Non Concho, ça n'a rien à voir avec Tahlia. J'ai passé l'âge d'agir de la sorte. Tu me connais mieux que ça quand même, non ? » Demandes-tu en tournant la tête vers lui quelques secondes avant de reporter ton attention sur la route. « A vrai dire, c'est plutôt Florian qui m'a embrassée et m'a prise par surprise. J'm'attendais pas à ça, c'était pas prévu... Et surtout ça ne voulait absolument rien dire à mes yeux. » Tu ne peux pas être plus sincère que ça. Au moins maintenant, l'australien peut imaginer ce que tu as ressenti en apprenant pour Tahlia et lui. Bien que, à leur échelle, c'était encore pire. Entre Florian et toi, il s'est déjà passé des choses par le passé mais aujourd'hui, cette histoire est derrière vous. Aujourd'hui, vous avez une relation des plus platoniques.

Le choix de mot sembla déranger Freja, qui mit l’emphase sur le fait qu’elle ne s’était pas tapé Florian. Mais elle l’avait embrassé, ça venait au moins me confirmer ça, et c’est drôle, qu’on parle de se taper ou de se rouler une pelle, ça me dérangeait peu importe. Pour moi, le choix de mot n’était pas important, c’était le geste posé qui l’était. Je profitai donc de la lancée de cette conversation pour demander à la norvégienne si ça avait été une sorte de vengeance pour mon écart avec Tahlia. Une manière de nous remettre un peu à égalité. J’avais vécu quelque chose avec une autre colocataire, elle s’était permis d’explorer avec un autre colocataire aussi. Freja démentit mes propos, visiblement vexée que j’ai pu penser ça d’elle. « J’sais plus. Et j’crois que j’ai tellement analysé la nouvelle sous tous les angles possibles que je me suis mis à penser et à croire un peu n’importe quoi, p’t’être. J’sais pas, de t’imaginer embrasser Flo’, ça m’donne mal au cœur. » Pas à cause de Florian en tant que tel, mais bien parce que je développais des sentiments envers Freja et que l’idée de la savoir avec un autre homme me déplaisait un peu trop. « Et à ses yeux à lui, ça voulait dire quelque chose ? J’veux dire … pourquoi il a fait ça ? Il te voulait ? » Demandais-je, me demandant jusqu’où c’aurait pu aller. J’aurais sans doute dû être plus clair, moins secret, avec mon colocataire. Lui dire carrément que je vivais quelque chose d’assez fort avec notre ancienne colocataire. Mais j’ignorais encore à quel point Freja avait envie qu’on garde notre relation cachée du regard des autres. « C’est toi qui l’as arrêté ? » Renchéris-je, ayant ce besoin malsain de connaître tous les détails de ce moment que je m’étais de toute façon déjà imaginé de A à Z, comme bon me semblait. Cela avait bien sûr contribué à alimenter ma colère, ma déception et ma jalousie.

Tu peux imaginer sans difficultés toutes les interrogations qui ont sans doute tourné en boucle dans la tête de Concho ces derniers jours. Tu as toi-même fait face à ces doutes, ces questions, quand tu as appris pour sa relation avec Tahlia. Néanmoins, il n'y a que lui qui avait pu y apporter des réponses et aujourd'hui c'était strictement la même chose, sauf que les rôles étaient inversés. « J'suis désolée. Je n'ai pas cherché à te blesser, j'te le jure. » Dis-tu sincèrement en soupirant doucement. Tout ce que tu veux, c'est le bonheur de l'australien, tu en as même fait une priorité ces derniers mois. « Je crois qu'il a agi sur un coup de tête. J'ai appris par après qu'il voulait rendre jalouse une autre fille. » Réponds-tu avec un petit rire, n'ayant pas l'habitude d'être utilisée de cette façon. Habituellement, c'est plutôt toi qui utilises les autres. Il y a quelques années encore, c'était la seule manière de fonctionner que tu connaissais. Mais aujourd'hui, les choses sont différentes et tu espères que cette petite erreur n'éloignera pas trop Concho de toi. Pas alors que vous venez à peine de vous retrouver et que tu as besoin de ce week-end à ses côtés plus que n'importe quoi d'autres. « Oh come on Concho... pourquoi t'as besoin de savoir ça ? » Demandes-tu en tournant la tête vers lui, fronçant légèrement les sourcils. Mais tu remarques sans difficultés alors qu'il soutient ton regard qu'il attend réellement une réponse. Et qu'il n'en démordra probablement pas tant qu'il ne l'aura pas. Tu soupires plus longuement avant d'ajouter : « Je ne l'ai pas arrêté mais je ne lui ai pas rendu son baiser non plus. J'en ai pas eu l'occasion, ça a dû durer deux secondes. C'était pas un baiser langoureux si c'est ça que tu cherches à savoir. C'était un bête bisou comme je pourrais en faire à Harmonie. » Et surtout, ça ne voulait absolument rien dire. Alors que devais-tu faire ou dire pour qu'il te croie enfin ?

Je soupirai. Elle n’avait peut-être pas cherché à me blesser, mais le résultat était le même. Et, surtout, elle aurait dû savoir que ce serait la conséquence. Elle ne pouvait quand même pas penser qu’elle pouvait embrasser Florian et qu’on s’en sorte indemnes. C’aurait pu être n’importe qui, ça m’aurait atteint aussi, mais la gifle était encore plus douloureuse alors qu’il s’agissait du mec avec qui je vivais. « Je te crois. » Répondis-je quand même, parce que malgré tout je ne pouvais pas supporter de voir Freja porter toute cette culpabilité. Je voulais qu’elle sache que ça m’avait fait mal, mais je ne voulais pas que ça la rende malheureuse. Parce que j’avais été dans son cas quelques mois plus tôt, et je me souvenais du piètre état dans lequel ça m’avait plongé. J’avais eu tellement peur de la perdre. Il fallait quand même que je sache, de manière un peu malsaine, quelles raisons les avaient poussés à s’embrasser sous les douze coups du premier minuit de l’année. Je fronçai les sourcils en apprenant que Florian avait fait ça pour rendre jalouse une fille. Je ne pouvais sans doute pas trop juger. C’était probablement exactement le genre de comportement que je pourrais avoir. Sans ajouter quoi que ce soit là-dessus, je lui demandai seulement si c’était elle qui l’avait arrêté. « J’ai besoin de savoir ça parce que j’ai besoin de savoir si ça venait vraiment juste de lui ou bien d’toi aussi. J’ai besoin de savoir parce que j’ai pas envie qu’à chaque fois qu’on se reverra, tous les quatre, Flo, Tahl’, toi et moi, j’aie à m’en faire pour ça. » Si elle ressentait une certaine attirance pour Florian, ça me monterait à la tête et je m’imaginerais toujours trop de trucs. Je posai un regard insistant sur Freja pour lui montrer que je ne plaisantais pas, que j’étais sérieux et que je voulais tout savoir. « Ok. C’est réglé alors. » Dis-je en soupirant et en reportant mon attention sur la route devant nous. « Mais quand même … tu crois pas qu’il serait temps qu’on mette certaines personnes au courant de notre relation ? Que ça soit plus aussi secret que ça ? Ça éviterait quand même certaines situations du genre … » Je regardai Freja et portai ma main à la sienne, entre nos deux sièges de voiture. « J’sais pas ce qu’on est mais je sais que je supporte de moins en moins de penser que tu puisses être avec d’autres que moi. » Admis-je.  

« Non, tu n'as pas à t'en faire pour ça. » Affirmes-tu en tournant la tête quelques secondes pour croiser le regard de Concho. « Florian et moi, c'est du passé. » Et ça le restera parce que vous n'avez plus la même attirance qu'auparavant. Aujourd'hui, tu vois le marin comme un ami et rien de plus. Alors certes, il reste très beau et très attirant mais ça ne t'intéresse plus d'entretenir ce genre de relation avec lui. Tu soupires, soulagée, quand Concho ajoute finalement que cette histoire est réglée. Tu n'aurais pas voulu qu'un baiser sans importance gâche votre week-end et surtout votre relation. Tu as trop besoin de l'australien en ce moment. « Puisque tu en parles... Woody est au courant pour nous. » Dis-tu du tac au tac, enlaçant tes doigts au sien. « Alors même si je ne sais pas ce qu'on est, moi non plus, je crois que c'est assez important à mes yeux sinon je ne lui en aurais jamais parlé. » Tu n'aurais pas pris le risque de tout gâcher avec lui, de ruiner toutes tes chances. Mais il faut croire que Concho a réussi à s'introduire dans ton coeur et à y garder une place de taille. Il en avait déjà une depuis des années mais pas comme aujourd'hui. Pas comme ça. « Tahlia est au courant aussi mais... ça paraît plutôt logique. » Dis-tu avec un faible sourire. Vu ce qu'il s'est passé entre elle et Concho, elle ne pouvait évidemment plus ignorer votre relation. Maintenant, reste à savoir si tu as pris des risques pour rien ou si l'australien est prêt à s'investir dans une histoire peut être un peu plus sérieuse avec toi. « Où est-ce qu'on va, tous les deux ? » Demandes-tu sans savoir si Concho aura des réponses à t'apporter ou s'il est toujours un peu dans le flou, comme toi.

J’hochai la tête. Le passé, quel drôle de concept. J’avais parfois l’impression que certaines choses, certaines personnes, appartenaient au passé. Puis elles ressortaient de nulle part pour me montrer que je n’avançais sans doute pas assez vite. Que les fantômes me rattrapaient bien malgré moi. J’espérais, intérieurement, que ce ne serait pas le cas pour Florian et Freja. Je préférais que leur relation reste effectivement dans le passé, et que des deux, ce soit moi qui aie actuellement une importance dans le cœur de la norvégienne. Ce n’était pas dans le but de montrer ma supériorité, pas dans l’objectif de renforcer ma masculinité ou une quelconque bêtise du genre, non. C’était parce que Freja, je l’aimais, beaucoup plus que ce que je laissais paraître. Et j’aurais tant voulu que ce soit réciproque. La jeune femme me sortit de mes pensées en me révélant que Woody Rutkowski était au courant pour notre relation. Je tournai un regard à la fois surpris et terrifié vers elle. « Si tu m’emmènes loin de Bowen c’est parce qu’il compte m’assassiner, c’est ça ? » Et le pire dans tout ça, c’est que j’avais la certitude qu’il en serait capable. Les doigts de Freja se resserrant sur les miens me calmèrent. « Ça a dû être difficile pour toi de le lui dire. Est-ce que ça va ? » De comment Woody allait, ça, je m’en fichais royalement. Mais je savais que la discussion qui avait dû suivre avait probablement été très dure pour elle aussi. « Ouais, Tahlia, ça été un peu inévitable qu’on la mette dans le secret … » Par ma faute. Je ne voulais toutefois pas remettre le sujet sur la table, pas plus que celui de Florian que nous venions de régler. Quand Freja me demanda où nous allions, tous les deux, je fronçai les sourcils en regardant la route autour. « Je te rappelle que c’est toi qui voulais me faire la surprise et qui veut rien me dire … » Ne savait-elle pas, elle non plus, où on s’en allait ? Ah. « Oh … tu parles de nous deux, en général ? » Demandais-je avec un rire gêné. Je soupirai discrètement. J’avais l’impression que la réponse était : droit dans un mur. Je voulais que cette perception-là change. « Je sais pas exactement, mais je sais qu’on va vers quelque chose de plus beau que tout ce que je laisse derrière. »  

Il y a des choses, des personnes, qu'on est parfois incapable de laisser dans le passé et Woody en fait irrémédiablement partie. Même si tu essaies de tourner la page, de construire autre chose avec quelqu'un d'autre, tu sais qu'il restera forcément en arrière-plan, quelque part, dans le paysage. C'est injuste pour la personne avec qui tu partageras ta vie et injuste pour toi-même, qui reste sans cesse avec un pied vers le passé, mais c'est quelque chose que tu ne contrôles malheureusement pas. Ce serait plus simple de fermer le livre Woody-Freja une bonne fois pour toutes mais ce n'est pas aussi simple. « Il n'oserait pas te toucher. » Parce qu'alors, Woody risquerait de ne jamais te revoir, de ne jamais te parler. Il avait été violent avec Landon mais les choses étaient différentes et surtout, Landon l'avait provoqué. Aujourd'hui, Woody ne peut rien reprocher à Concho si ce n'est d'avoir pris une place importante dans ton coeur à côté de la sienne. « Ouais, c'était pas évident... mais je crois que ça va. » Est-ce vrai ? Ou est-ce que tu te voiles la face ? Tu ne sais pas trop mais pour l'instant, tu as besoin de profiter de cette escapade avec l'australien sans penser aux choses trop compliquées de ta vie amoureuse. Encore une fois, Concho est ton échappatoire. Malgré tout, aujourd'hui, vous ressentez le besoin de peut-être mettre des mots sur votre relation. Sur ce que vous êtes l'un pour l'autre afin d'en parler à votre entourage et de rendre cette relation un peu plus sérieuse. Tu ris alors que Concho pense que tu l'interroges à propos de votre destination avant d'ajouter : « Non ça, je sais. D'ailleurs, on est presque arrivé. » Plus qu'une dizaine de minutes et vous serez enfin dans ce petit coin de paradis, ce petit cocon. « Je crois aussi que ce qui nous attend pourrait nous rendre heureux. » Dis-tu en lui souriant. « Mais j'te demande ça parce que... quand j'ai revu Woody, il m'a avoué être prêt à s'investir complètement dans notre relation. Alors, je ne me voyais pas lui mentir à propos de nous deux et surtout, je n'en avais pas envie. » Tu soupires parce que tu sais que ces quelques mots risquent de blesser Concho qui ne veut certainement pas connaitre tous les détails de ta relation avec Woody. Néanmoins, tu étais obligée de passer par-là pour en venir à ce que tu voulais dire. « Alors... j'veux que tu saches que t'es pas un second choix pour moi comme tu le croyais il y a quelques mois. » Et il est peut-être même devenu le choix numéro un.

Je lançai un regard interrogateur et dubitatif à Freja alors qu’elle m’affirmait avec une conviction inébranlable que Woody n’oserait pas me toucher. Étrangement, je la croyais. Peut-être que pour elle, Woody arrivait à se mettre des limites qu’il n’avait jamais eues avec les autres. En tout cas, face à moi, il ne s’était pas gêné, et c’est pour cette raison que je n’aurais eu aucun mal à croire que j’avais maintenant une cible sur mon dos, par rapport à lui. La norvégienne me fit comprendre que ce n’était pas le cas. « Si tu le dis. » Conclus-je sans argumenter. Ça ne changerait pas mon opinion par rapport à l’homme. « Tu crois ? » Demandais-je, soucieux. La jeune femme n’avait pas l’air certaine d’aller, ce qui me laissait évidemment comprendre que ça n’allait pas. Je resserrai ma main dans la sienne, pour lui montrer que j’étais là pour elle. Ce que je ferais de mieux toutefois, ce serait de lui changer les idées. Je ne sais pas jusqu’à quel point j’arriverais à l’entendre parler de Woody et elle sans m’emporter ou me briser. Lorsque Freja me dit que nous arrivions bientôt, je portai un peu plus d’attention aux détails nous entourant, aux pancartes routières. Je ne savais toutefois pas encore où elle nous conduisait. Ce que je savais, c’était que peu importe où nous allions, ce serait mieux que ce qui était derrière nous. Elle acquiesça à mes propos, avant de m’achever avec cette annonce à laquelle je ne m’attendais pas. Je connaissais pas mal les histoires entre Woody et Freja, et ce que je savais c’était qu’il l’avait toujours repoussée du mieux qu’il le pouvait. Jusqu’à maintenant. Ce maintenant où je pensais avoir une chance avec elle. J’avalai difficilement, tout d’un coup mal à l’aise. Pourquoi m’emmenait-elle à l’autre bout de la baie, alors ? Notre histoire aurait débuté au bout d’une pointe, à Bowen, et elle me quitterait au bout de l’autre pointe ? Question de bien boucler la boucle ? Je gardai le silence jusqu’à la toute fin du discours de Freja. « Tu sais, au début, même si j’ai jamais aimé Woody, j’ai toujours pensé que lui et toi, vous étiez endgame. Peu importe ce que vous traversiez, j’pensais … que vous finiriez ensemble, à un moment ou à un autre. » Lui avouais-je. Je tournai la tête vers elle. « Mais je ne le pense plus. Il est pas ce qu’il te faut. Il t’a toujours fait du mal, depuis le tout début, et j’pense pas que ça changera même s’il se dit prêt à s’investir dans votre relation. Ne retourne pas avec lui, Frej’. Et j’dis pas ça parce que je veux que tu me choisisses moi … même si, oui, j’aimerais bien que tu me choisisse moi. Mais surtout, avant tout, j’aimerais que tu te choisisses toi. » Alors peut-être que cette décision ne la porterait pas vers moi, mais je ne voulais surtout pas qu’elle la porte vers lui.

Tu esquisses un sourire en sentant la main de Concho faire davantage pression sur la tienne pour te témoigner de son soutien. Tu sais qu'il est là, qu'il sera toujours là, et ça fait vraiment du bien d'avoir un soutien sans failles dans ta vie. C'est ce qu'il te manquait, jusqu'ici. « Oui, je crois. Ce n'était pas facile de lire toute la tristesse que j'pouvais causer dans son regard mais j'avais besoin d'être honnête avec lui et avec moi, aussi. » Parce qu'avouer cette relation à Woody, c'était également te l'avouer à toi-même. C'était admettre que, pour la première fois depuis des années, tu étais peut-être prête à être heureuse avec un autre que lui. C'est un grand pas, quand on y pense même si ça n'efface pas Woody de ton coeur pour autant. Cela n'efface pas ce déchirement que tu ressens à chaque fois que tu penses à lui, que tu l'imagines tout seul dans sa grande maison, à souffrir et se voir dépérir. Tu voudrais être capable de soulager tous ses maux, de le rendre heureux mais après avoir tant essayé par le passé, tu as perdu espoir toi aussi. Et aujourd'hui, pour une fois, tu décides de penser à toi avant lui. « Si je suis là, aujourd'hui, avec toi, tu ne penses pas que c'est parce que je ne suis pas retournée auprès de lui ? » Demandes-tu avec un faible sourire. Après quelques minutes, tu te gares finalement à proximité de l'appartement que tu as loué, avant de te tourner vers Concho et de détacher ta ceinture. « J'ai envie de continuer à vivre ce qu'on vit tous les deux et je n'ai plus envie, moi non plus, de te partager avec qui que ce soit. » Ajoutes-tu pour faire écho aux paroles de ton ancien colocataire, quelques minutes plus tôt. « J'veux nous laisser une vraie chance. Et toi ? » Demandes-tu en posant ton regard intense dans le sien, prête à démarrer votre week-end sur un avenir plus lumineux pour tous les deux.

Je pouvais comprendre ce qu’elle avait ressenti. Certes, sa relation avec Woody n’avait rien à voir avec la relation que j’avais vécue avec Ally ou avec Zelda, mais d’avoir vu le chagrin dans le regard de l’une et de l’autre dans les dernières semaines, ça m’avait brisé, même si les sentiments amoureux n’étaient plus les mêmes qu’avant. Une personne qu’on a un jour réellement aimée, on l’aime toujours un peu malgré tout … Je pouvais donc facilement comprendre le déchirement de Freja. « T’as bien fait. » Dis-je simplement, un mince sourire aux lèvres, pour la soutenir. Et puis, parce que je ne supporterais pas de la voir souffrir à nouveau, je transmis à Freja mon appréhension quant à ce qui se produirait si elle retournait auprès de Woody. Je le savais, je connaissais le pattern de leur relation depuis temps que je partageais les mêmes murs que Freja. Ça irait mieux au début et puis il gâcherait tout, encore une fois. Et c’est elle qui écoperait, comme toujours. Je ne voulais plus la voir pleurer pour cet homme. Il ne la méritait pas. Est-ce que moi, je la méritais davantage ? Peut-être pas, d’où le fait que je lui affirmai qu’il était temps de penser à elle, plutôt. Je souris quand elle me fit remarquer que si elle était là, avec moi, aujourd’hui, c’était parce qu’elle n’était pas retournée auprès de lui. « J’imagine que ça a quand même semé le doute chez toi … et que peut-être que tu te poses encore des questions … » Elle était peut-être physiquement avec moi, mais qui sait où se trouvaient ses pensées vagabondes ? Lorsqu’elle gara enfin la voiture, Freja m’affirma qu’elle voulait qu’on se donne une véritable chance, qu’on ne se partage plus. L’exclusivité. Avec Freja Ivanova. Ça me fit sourire bêtement. Et Woody partit bien loin de nos pensées. « Yes. Let’s do this. » Dis-je avec un rire, avant de me pencher vers elle pour l’embrasser. « Est-ce que ça veut dire qu’on est … genre … un couple ? » Demandais-je en arquant un sourcil. C’était peut-être une mauvaise idée de vouloir mettre une étiquette sur cette relation mais en même temps, ça faisait bientôt huit mois que nous nous fréquentions. Ce n’était, à mon avis, pas si précipité que ça. Et surtout, je l’aimais déjà, bien plus que ce que je lui admettais.

Bien sûr que tu te poses encore des questions parce que, quand l'amour de votre vie vous annonce qu'il est prêt à vivre cette grande histoire dont vous avez toujours rêvé, vous y réfléchissez à deux fois avant de prendre une décision. Néanmoins, aujourd'hui, tu sens que ton coeur et surtout ta tête te dictent de privilégier ta relation avec Concho. Tu sens, au plus profond de toi-même, que vous avez quelque chose à vivre tous les deux. Quelque chose de beau, de vrai, de profond. Et c'est ce qui te pousse à être là, aujourd'hui, avec l'australien plutôt qu'avec Woody. « Ça a semé le doute, oui, mais je sens que c'est à tes côtés que j'ai envie - et besoin - d'être. » Avoues-tu, sincèrement. Alors, une fois garée, tu décides de tenter le tout pour le tout et de t'investir dans une vraie relation avec Concho. Tu souris plus largement quand l'australien accepte avant de se pencher pour t'embrasser. Tu passes une main dans ses cheveux puis décolles tes lèvres des siennes, restant néanmoins à une courte distance de lui. A sa question, tu fais mine de réfléchir même si la réponse est déjà toute prête dans ta tête. « J'crois bien que oui. C'est maintenant que tu vas découvrir mes horribles côtés, je les ai suffisamment bien cachés jusqu'ici. » Dis-tu en riant avant de sortir de la voiture et de te diriger vers le coffre. Là, tu sors ta petite valise et prends les clés de l'appartement que tu avais récupérées préalablement. Tu repères bien vite le bâtiment en question, montant au premier étage, suivie de Concho. Une fois la porte d'entrée ouverte, la première chose que tu vois, c'est la mer. Et ça, ça n'a pas de prix. « Si tu n'avais pas encore remarqué, on est à Hideaway Bay et on a cet appartement pour le week-end. Et en tant que nouveau couple, on sera bien obligé de baptiser le lit au maximum. » Tu souris du coin des lèvres avant de déposer ta valise et de venir entourer le cou de Concho de tes bras. « Content ? » Demandes-tu en espérant que la surprise lui fasse plaisir.

Ses paroles me rassuraient. Je n’avais pas besoin de remettre quoi que ce soit en question, il me suffisait de croiser son regard pour savoir qu’elle était sincère. Je n’aurais jamais cru qu’entre Woody et moi, ce serait moi que Freja choisirait. Même encore ce matin, si on m’avait posé la question, j’aurais répondu qu’elle aurait donné sa chance à Woody. Une énième chance. J’aurais eu tort. C’était une surprise des plus agréables que de savoir que j’occupais la même place dans son cœur que celle qu’elle occupait dans le mien. Une fois garés, et après ce baiser qui signait le début officiel de notre relation, Freja affirma que nous étions bel et bien un couple. Je ris à sa remarque. « Please. On a vécu ensemble pendant des années. Tes horribles côtés, j’les connais par cœur. » Je continuai à rire. J’avais été obligé de décoincer ses cheveux mêlés à ceux de Tahlia dans le drain de la douche. J’avais fait le ménage du frigo en jetant les plats qu’elle oubliait pendant des semaines, cachés au fond. J’avais relavé les brassées de lavage qu’elle avait oubliées au fond de la machine pendant plusieurs jours. J’avais connu Freja à son pire comme à son meilleur. Et depuis quelques mois, je ne vivais avec elle que le meilleur. Je sortis à mon tour de la voiture et récupérai ma propre valise, jetant un œil au bâtiment devant lequel nous nous trouvions, plissant les yeux à cause du soleil. Je suivis Freja à l’intérieur et je sifflai en voyant la vue. On voyait Bowen de l’autre côté de la baie. Je savais parfaitement où nous étions, et la norvégienne me le confirma. « Oh j’y compte bien. J’ai amené une boîte neuve de condoms. » Avouais-je, avant de rire. Au moins j’apprenais de mes erreurs et j’étais prévoyant. Freja vint entourer mon cou de ses bras. « Aux anges. C’est le paradis, ici, avec toi. » C’était le paradis n’importe où, avec elle. Je regardai à nouveau la mer, sans cesser d’enlacer la norvégienne. « C’est fou, hein. On voit la même mer à tous les jours et pourtant j’m’émerveille encore et encore. » Tout comme je m’émerveillerais face à la beauté de Freja, encore et encore. D’ailleurs, je profitai du moment pour l’embrasser à nouveau, y mettant plus de passion cette fois, et laissant mes mains remonter dans son dos, contre sa peau.

C'est sûr que cette colocation vous donnait une longueur d'avance sur d'autres couples. Vous connaissiez parfaitement les qualités et les défauts de l'autre mais tu imagines bien que les choses seront légèrement différentes tout de même. Tu es persuadée qu'il y a des choses qu'on accepte plus facilement avec ses amis qu'avec son ou sa copine. Mais seul le temps vous le dira et vous fera découvrir tous les bons et moins bons côtés d'une relation amoureuse. Pour l'instant, vous êtes encore sur ce petit nuage duquel vous n'avez aucune envie de redescendre. « Et moi qui croyais que t'allais dire que je n'avais aucun mauvais côté. » Plaisantes-tu, un sourire au coin des lèvres. Une fois à l'intérieur de l'appartement, tu t'arrêtes à quelques mètres de la baie vitrée pour contempler la vue et pour déposer ta valise. Maintenant que les choses sont dites, que la situation est plus claire entre vous, tu es persuadée que votre week-end sera des plus parfaits. De quoi vous offrir un renouveau, un second souffle dont vous aviez bien besoin tous les deux. Tu sais que ces dernières semaines n'ont pas été faciles pour Concho entre sa seconde paternité et ses exs qui lui en font voir de toutes les couleurs. Alors, tu espères que ce week-end lui permettra d'avoir une petite parenthèse et de repartir de plus belle, une fois de retour à Bowen. Tu éclates de rire quand l'australien t'avoue avoir pris une boîte entière de préservatifs avant d'ajouter : « T'es ambitieux, ça me plait. » Même si trainer au lit avec Concho fait partie de tes activités préférées, tu comptes bien aller te balader sur la plage, te baigner ou encore découvrir Hideaway Bay. Tu ne pourrais pas être plus heureuse qu'à cet instant précis, alors que l'australien affirme être aux anges. Ce qu'il y a de mieux dans une surprise, c'est de faire plaisir à l'autre. Et rendre heureux Conchobáhr ça n'a pas de prix à tes yeux. « C'est bien, ça prouve qu'on est toujours conscient de la chance qu'on a. » De vivre dans une ville aussi accueillante que Bowen, de voir la mer tous les jours et de sentir les rayons du soleil sur votre peau. « On va découvrir le reste de l'appartement ? » Demandes-tu quand vos lèvres se quittent afin de retrouver votre souffle. Ce n'est pas très grand mais c'est amplement suffisant pour vous deux et surtout, ce qui t'a fait craquer, c'est le jacuzzi sur la terrasse dans lequel tu comptes bien lui faire l'amour encore et encore, face à la mer.