the winner takes it all ∞ ft. Sasha

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the winner takes it all
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@sasha lambert & @lys r. kickett

En entrant, cet après-midi là, dans le Starbuck, je ne m’étais pas attendue à ressentir cette douleur, comme une pique qu’on me plantait dans le cœur. Elle était là. Sasha. La Sasha d'Azriel. Un sourire aimable sur la figure tandis qu’elle prenait une commande au comptoir. Le tablier vert mettait étrangement en valeur ses yeux pétillants. Son visage était lumineux et doux, et je comprenais sans mal ce qui plaisait à Azriel chez cette jeune femme. Elle était belle, mais pas seulement. Elle rayonnait. Littéralement. Je pouvais presque sentir ses rayons m’atteindre, presque chasser la douleur. Je ne pouvais pas la détester, c’était impossible. D’ailleurs, en avais-je seulement le droit ? Azriel était mon meilleur ami, et les sentiments que je nourrissais pour lui, qui m’avaient sauté à la figure avec pertes et fracas tout récemment, ne changeaient rien. Sasha était celle qu’il avait choisie, celle qu’il aimait même, peut-être. En tout cas, il avait décidé de lui donner une chance. Je ne pouvais pas lutter. Ni reculer, d’ailleurs, puisqu’elle venait de capter ma présence, et, a priori, elle savait parfaitement qui j’étais. Je n’étais visiblement pas la seule à avoir fait un peu de stalking en ligne…Prenant mon courage à deux mains, je m’avançai vers elle, un sourire imprimé sur mes lèvres.
— Salut, fis-je sans toutefois parvenir à dissimuler ma gêne.
Je fis mine de regarder la carte, même si je prenais sensiblement toujours la même chose.
— Euh…je vais prendre un white moka, s’il te plait, avec du lait de soja et sans crème…et un peu de sirop de noisette. J’aime bien.
Pourquoi j’avais dis ça ? Elle s’en fout non ? Que t’aime bien le sirop de noisette. T’es conne ou quoi ? Dis un truc, Lys, où ça va devenir bizarre
— Tu…Sasha, c’est ça ? Lys. Mais…peut-être que tu le sais. Enfin, je sais qui tu es. Je veux dire, je…Az m’a parlé de toi.
Bizarre t’as dis ? T’es en plein dedans là…
— Je suis contente de te rencontrer.
Une phrase correcte, grammaticalement au moins, avec des mots dans l’ordre et dite sans bafouiller. On progresse. C’est pas encore ça, mais on progresse…

Travailler au Starbucks, ça en devenait lourd à force. T’en avais marre mais c’était le seul boulot que t’avais réussi à garder depuis ton retour des Etats-Unis. Et puis, avec ça, tu ouvris payer ton loyer. Mais faire des cafés, c’était barbant. Cet uniforme était sacrément moche mais bon. Calmes-toi, Lambert. Tu faisais tes cafés, avec des goûts plus aberrants les uns que les autres, à la demande des clients. A vrai dire, tu ne levais pas trop les yeux de la caisse, jusqu’à ce qu’une voix t’interpelle. Tu avais l’impression de la connaitre, et en levant tes yeux, tu savais très bien qui était cette personne. Lys, la meilleure amie d’Azriel. Au début, tu l’avais vue comme une adversaire, mais tu avais fini par avoir une conversation avec l’italien pour lui faire comprendre que s’il voulait être avec toi, il ne serait qu’avec toi. Pendant un temps, tu t’étais senti coupable, énormément. Mais tu avais vraiment envie d’être avec lui, et de l’avoir seulement pour toi. C’était énormément égoïste de ta part, mais c’était vrai. « Salut » répondis-tu avec un sourire sur tes lèvres. Non, tu n’étais pas son ennemie, loin de là. Au contraire, t’aimerais beaucoup apprendre à la connaître. Surtout si elle fait partie de l’entourage du barman que tu appréciais tant. « Le sirop de noisette change tout, je comprends » dis-tu en riant légèrement. Ok, tu trouvais ça barbant de faire des cafés avec des recettes aussi étrange, mais secrètement, t’aimais bien ça aussi. Tu avais écumé tous les Starbucks de New-York lorsque tu étais là bas. « Oui, c’est moi, Sasha » répondis-tu avec un sourire. Elle semblait si gênée, mais tu ne voulais pas qu’elle le soit. « Az m’a parlé de toi aussi, j’suis contente de te rencontrer » avouas-tu avec un sourire bienveillant. C’est vrai, t’étais contente de la rencontrer. Tu commençais la boisson de la jeune femme, et heureusement, le bar n’était pas rempli donc tu pouvais prendre ton temps.

— Bah…oui, ahah…c’est tout l’intérêt, sinon on se contenterait de se faire couler un café à la maison, ça nous éviterait sans doute de débourser un salaire…mais le sirop de noisette, comment lui résister ? fis-je en riant nerveusement.
Ce que je pouvais être débile ! Je me serai giflée mentalement si j’avais pu ! Sasha allait me prendre pour une demeurée qui aimait un peu trop le sirop de noisette. Ok, c’était bon le sirop de noisette mais on n’allait pas écrire des poèmes là dessus, si ? Mon sourire n’était probablement pas assez naturel, j’étais gênée. Il n’y avait pas vraiment de quoi pourtant. Sasha était la petite amie d’Azriel. J’étais sa meilleure amie. C’était simple. Vu de l’extérieur en tout cas. Certes, des sirènes de protestation s’élevaient dans ma tête ; un son désagréable, que je n’aimais pas. Cela n’était pas moi. Azriel m’avait dit à quel point il appréciait Sasha. J’avais vu, au nouvel an, le sourire qui s’était aussitôt plaqué sur les lèvres de mon italien préféré dès que Sasha était entrée dans son champ de vision. J’avais constaté son bonheur de mes propres yeux. Il était heureux. Je n’étais rien pour prétendre pouvoir troubler ça, pour laisser mes états d’âme gâcher ce qu’il nourrissait avec Sasha. Et puis, elle…j’étais là, en face d’elle, intimidé par son incroyable beauté, pas sa lumière qui prenait tout l’espace. Pas étonnant qu’Azriel ne voit qu’elle. Je ne pouvais pas tenir la comparaison. Je ne voulais pas tenir la comparaison. C’était ce que je ne cessait de me répété, en tout cas, depuis cette foutue soirée du nouvel an. Je voulais qu’Az se sente bien ; et il trouvait sa joie auprès de Sasha, pas auprès de moi. Je devais respecter ça. Point.
Sasha, par ailleurs, me souriait. Elle semblait sincère et…heureuse de me rencontrer.
— Ah…oui ?
Az lui avait parlé de moi. Ok. Lys respire. Tu sais pas ce qu’il lui a dit exactement. Elle ne sait peut-être pas tout. Ou…peut-être que si. Az n’est pas du genre à mentir. Peut-être qu’elle s’en fiche. C’est bizarre, les filles monogames ne sont pas si gentilles avec celles qui ont déjà couché avec leur mec normalement. Ok, tu fais des généralités, maintenant, Lys ? Bravo !. Elle se retourna pour préparer mon café, et je me mordis la lèvre, cherchant quoi dire sans paraître plus bizarre encore.
— En tout cas…
Je fermai les yeux et pris une longue inspiration silencieuse. Quand elle se retourna vers moi, j’affichai un grand sourire.
— Ca se voit qu’il est bien avec toi alors…merci. Il a besoin de ça.

Tu riais à ton tour à la remarque de Lys. Elle n'était pas à l'aise avec toi, ça se voyait à des milliers de kilomètres. Tu savais très bien pourquoi, enfin tu t'en doutais. Sybil t'avait dit qu'il se passait des choses avant, entre elle et ton copain. Mais tu savais que maintenant c'était prescrit. Enfin, tu l'espérais sérieusement, parce que tu tenais énormément à lui, et tu ne voulais pas qu'il parte pour une autre fille. Enfin surtout pas pour sa meilleure amie, ça ferait le synopsis d'un mauvais roman à l'eau de rose. Ou plutôt d'un bon roman. Enfin bref, passons. Mais tu étais contente d'enfin mettre un visage sur la personne qui comptait le plus pour Azriel. « Oui, t'es la meilleure amie de mon copain. Tu comptes énormément pour lui, alors j'suis contente d'enfin mettre un visage sur une personne dont j'ai beaucoup entendu parlé » avouas-tu à la brune avec un sourire sincère. Il t'avait beaucoup parlé d'elle. En bien, bien sûr. Et peut-être un peu trop, d'ailleurs. Mais bon, elle était importante pour lui alors tu te devais d'être gentille et courtoise avec elle. Elle n'avait pas l'air d'avoir un mauvais fond, au contraire, elle avait l'air extrêmement adorable. Tu te mis à préparer son café, sur le côté. Il n'y avait pas trop de monde aujourd'hui, tu allais pouvoir discuter avec elle. Enfin apprendre à la connaitre du moins. Lorsqu'elle te dit qu'Azriel avait l'air d'être bien avec toi, tu souris timidement. « Merci, j'espère qu'il est bien avec moi » avouas-tu en baissant les yeux vers son café, et en continuant de le préparer. Tu te demandais si vraiment il était heureux en ta compagnie.

J’étais sincère. Azriel avait besoin d’être heureux. Il méritait clairement d’être heureux. Même s’il avait renoncé à certains de ses principes pour entretenir une relation exclusive avec Sasha, j’avais l’intuition que sa vie, à l’heure actuelle, lui convenait. Sa relation avec la belle musicienne chassait les nuages de sa vie passée et rien que pour cela, je devais être reconnaissance à la jeune femme. Le voyage que nous avions effectué, Az et moi, en Italie récemment m’avait éprouvé. Là-bas, j’avais vu dans ses yeux les ombres de sa vie d’avant qui continuait de le hanter. Ce désespoir, cette tristesse et la culpabilité qu’il trainait depuis des années m’était insupportable, je n’aimais pas savoir mon meilleur ami tiraillé par tout ça. Alors, en effet, si Sasha pouvait lui faire oublier, au moins un peu, tout ce qui le rongeait, je ne pouvais que l’en remercier. Certes, j’avais compris que je nourrissais des sentiments pour Azriel, des sentiments qui allait au delà de l’amitié. Disons les choses, j’étais amoureuse de lui. Mais ça…ni Sasha, ni Azriel n’y pouvait rien. C’était quelque chose que je devais régler avec moi-même.
— Je suis sûre qu’il est…heureux, je veux dire.
Je la regardai préparer mon café, et la remerciai quand elle me tendit finalement mon gobelet en carton. Je me concentrai sur la chaleur de ma boisson, puis relevai les yeux sur Sasha, un sourire sincère aux lèvres.
— Az m’a dit que tu jouais de la musique. Quel genre ?
Ok. C’était banal comme discussion, mais j’étais si mal à l’aise que c’était tout ce qui me venait à l’esprit.

Depuis que tu avais commencé ta relation avec Azriel, tu t'étais toujours demandé si Lys était une concurrente ou pas ? Certes, elle était sa meilleure amie mais tu savais aussi qu'ils se voyaient un peu plus intimement. Chose qui ne t'avait pas plu du tout, et que tu lui avais fais comprendre. Elle bégayait et elle rougissait légèrement, alors ça te faisait vraiment douter. La brune te confirma qu'il était heureux avec toi et ça te faisait sourire bêtement en pensant à lui. De ton côté, tu étais heureuse et ça faisait bien longtemps que ça ne t'étais pas arrivé. « J'espère » dis-tu dans un souffle. Tu lui tendais sa boisson une fois qu'elle était terminé et la jeune femme s'était installé sur un tabouret en face de l'endroit où tu préparais les boissons. Tu continuais à travailler tout en ayant une petite discussion avec l'australienne. « Je fais des reprises surtout, mais j'fais plus trop de musique depuis que je suis revenue à Bowen » avouas-tu à la jeune femme. C'était pas une discussion folle mais au moins vous pourriez apprendre à vous connaitre et c'était pas une si mauvaise idée. « J'ai joué dans la comédie musicale Wicked, à Broadway » finis-tu par dire tout en préparant un énième café pour un client. Puis lorsque ça devenait plus calme, tu te retournais vers Lys. « Az m'a dit que tu étais peintre ! J'adorerai voir une de tes oeuvres » lui dis-tu très sincèrement avec un sourire.

Sasha était une artiste, cela se sentait. Elle avait cette vibration toute particulière en elle que dégageait souvent les gens créatifs. C’était sans doute un point qui avait plu à Azriel, cela ne faisait aucun doute.
— Mince, dis-je quand la jeune femme confia qu’elle ne faisait plus vraiment de musique depuis qu’elle était revenue à Bowen, c’est…le manque de temps, ou l’inspiration ?
J’espérais sincèrement que c’était le premier, le second étant bien plus complexe à gérer. La création artistique étant intrinsèquement liée à la personnalité de son créateur, à son intime, à ce qu’il allait chercher au fond de ses tripes qu’il était parfois compliqué de gérer une page blanche. On se sentait de suite nulle, comme si une part de notre monde intérieur s’effondrait et qu’on n’était plus capable de rien. Sasha servit quelques clients puis me rejoignis pour discuter une fois qu’elle eut terminé. Là aussi, je vis un point commun avec Az, là où Sasha servait des cafés trop sucré, Az servait des bières et des cocktails. Leur horaires étaient différents, simplement.
— La comédie musicale ! M’exclamai-je, admirative, woah ! Ça à dû être une super expérience !
J’imaginais que ce n’était pas simple de passer de Broadway, des paillettes et de toutes l’effervescence qu’il y avait là bas à…Bowen. Peut-être était-ce l’une des raisons pour lesquelles Sasha n’avait pas repris la musique, d’ailleurs. Ce décalage avait de quoi déstabiliser, il lui fallait sans doute un temps d’adaptation. La conversation bascula sur moi ensuite. Donc, Az lui avait parlé de moi…je me demandais ce qu’il lui avait dit au juste.
— Euh…oui. J’ai fais une grosse expo en septembre dernier et là, je bosse sur une nouvelle série. Ca commence à décoller un peu. Et…oui, avec plaisir. Passe…avec Az, à l’occasion.
Etait-je vraiment en train d’inviter Sasha à venir chez moi, avec Az. Ok…mon penchant masochiste était encore plus développé que je ne l’imaginait…

« Le manque d'inspiration, surtout » dis-tu à la jeune femme lorsqu'elle te demanda pourquoi tu ne faisais plus trop de musique. Mais il n'y avait pas que ça. Faire de la musique ça t'avait surtout fais péter les plombs quand tu étais à Broadway, mais ça tu t'en cachais de le dire, tu n'aimais pas trop t'étaler sur le fait que t'étais devenue une de ces divas un peu folle dont on parle dans les journaux people. Lys était elle aussi une artiste, et ça te faisait plaisir d'échanger avec elle là dessus, néanmoins. Parce que dans ton cercle d'ami, seulement très peu de gens l'étaient et comprenaient pourquoi tu aimais tant ce domaine. Heureusement pour toi, ton petit ami aussi était un artiste et ça t'avais fait énormément de bien que de partager ça avec lui. Tu expliquas ensuite à la brune que tu avais été dans la comédie musicale Wicked, et ça avait l'air de l'impressionner. Tu ris légèrement. « Oui, c'était vraiment un truc de dingue, surtout que j'ai eu le rôle de la méchante sorcière de l'ouest » répondis-tu à l'australienne. Wicked avait été bénéfique comme elle avait été négative. D'un côté, tu avais pu épanouir ton sens artistique et ta façon de chanter et de jouer la comédie. Mais de l'autre, tu avais découvert le monde des people, celui qui t'avait détruit à petit feu. « Oh, ça serait avec plaisir ! » répondis-tu à la jeune femme lorsqu'elle te proposa de passer avec Azriel pour découvrir ses peintures chez elle. « J'suis plutôt une novice dans ce domaine, je dois avouer, mais j'aime beaucoup la peinture » dis-tu à la jeune femme. C'était pas ton point fort, mais t'aimais bien ça. La preuve, tu avais fais la plupart des musées de New-York quand tu étais encore là bas, avant de jouer dans la comédie musicale. Parce qu'après, il faut dire que tu n'avais plus trop le temps de flâner dans les musées.

Je grimaçai. Le manque d’inspiration était une bête noir pour n’importe quel artiste. L’épée de Damocles que l’on craignait tous et qui finissait toujours, un jour ou l’autre et sur une période plus ou moins longue, par nous tomber dessus. Je n’avais encore pas connu cela moi, ce fameux syndrome de la page blanche ou, dans mon cas, de la toile blanche. J’avais toujours été plutôt en osmose avec ma créativité, mais évidemment, je n’étais à l’abris de rien. J’imaginais la douleur qu’on pouvait ressentir, puisqu’évidement, tout cela été purement psychologique, on ne devenait pas complètement nul du jour au lendemain. On se démoralisait simplement plus vite. J’éprouvai tout à coup de l’empathie pour la jeune femme.
— et…comment tu gères ça ?
Elle avait parlé d’un grand show, à Broadway où elle incarnait la Méchante sorcière de l’Ouest dans le spectacle Wicked, j’imaginais sans mal que les journées passaient à cent à l’heure dans ce genre d’organisation et qu’il était facile d’y perdre la tête. Le succès rapide, le rythme effréné. Il fallait pouvoir l’encaisser.
— Ca devait être dingue ! assumai-je.
La conversation déviant sur mon propre art, la jolie blonde me confia qu’elle n’y connaissait pas grand chose en peinture.
— Tu n’as pas vraiment besoin d’y connaitre quelque chose, chacun trouve en l’art ce dont il a besoin, ou ce qu’il souhaite. Mon père me disait que la peinture est une poésie sans mot. Je suis assez d’accord avec cette idée. C’est mon côté fleur bleue !
Je partis d’un petit rire doux, bus une gorgée de mon café puis relevai le nez vers Sasha.
— Tu as peut-être du travail, je ne veux pas d’embêter…

C’était pas quelque chose que tu avais forcément envie de partager avec quelqu’un, alors tu improvisais. « Je fais comme je peux, j’ai un peu abandonné à cause de ça en revenant à Bowen » répondis-tu en haussant les épaules. Non, j’ai juste fait des caprices de stars, j’ai failli fair une overdose et j’ai été virée donc j’ai plus envie de rien faire ! C’était peut-être pas la meilleure à dire quand tu rencontres la meilleure amie de ton copain pour la première fois. Alors tu avais fais soft, sans trop donner de détail. La comédie musicale t’avait rendu célèbre l’espace de quelques années, mais elle t’avait aussi radier de Broadway après ta rechute sur scène. En même temps, quelle idée ? La brune trouvait ça dingue, et ça te faisait sourire. Ca l’était, ça c’est sur. « C’est la plus belle expérience de ma vie » avouas-tu à la jeune femme avec un mince sourire. Mais c’était aussi la pire. Mais ça, c’est pas ce qu’il faut retenir. Il faut penser au bien, et pas aux choses négatives. Ensuite, vous parliez de son art à elle, et le fait qu’elle soit peintre. « C’est une très bonne formulation, j’adore cette idée aussi » dis-tu en souriant à la jeune femme. « Oui, j’avoue que j’ai encore un peu de boulot avant de terminer » finis-tu par dire lorsqu’elle te demanda si tu avais du travail. Mais tu avais fais une belle rencontre aujourd’hui. Lys était adorable, et tu étais heureuse d’avoir fait sa rencontre fortuite aujourd’hui. « Mais on peut se revoir un de ses jours, si tu veux ! Avec ou sans Az ! » proposas-tu, enjouée. Tu n’avais pas beaucoup d’amies dans la ville, à part Effy et Roxy qui étaient tes plus proches amies, tes copines t’avaient toutes délaissées lorsque tu étais partie à New-York, vivre ton rêve.

Sasha affirmait que cette comédie musicale à Broadway était la plus belle expérience de sa vie, et je n’avais aucun mal à la croire. Cela devait être grandiose en effet. On devait se sentir porté par son art, porté par sa troupe, par son personnage, par les spectateurs. Cela devait être grisant. Sans doute était-ce un peu comparable à ce moment où les couleurs, sur la toile, prenaient vie. Parfois, lorsque je peignais, j’avais la sensation d’être portée par une force qui me dépassait. C’était ma main qui tenait le pinceau mais elle était guidée par une inspiration, par un souffle créatif invisible qui sortait de moi sans que je ne contrôle rien. Parfois j’avais le sentiment que c’était mon âme qui peignais, et pas seulement moi. J’imaginais donc sans mal qu’on puisse ressentir quelque chose de comparable en jouant, en chantant, en dansant ou en exprimant son art, quel qu’il soit. Quand j’exprimais à Sasha ce que mon père disait à propos de la peinture, elle sourit et affirma que l’expression était jolie. Je hochai la tête.
— Oui, mon père était doué avec les mots, c’était son truc à lui, expliquai-je.
Quelques clients coupèrent notre conversation. Sasha avait un peu de pain sur la planche, je n’allais pas l’embêter plus longtemps. Elle affirma que nous allions forcément nous revoir, avec ou sans Az. Cette précision, sans que je n’ai rien contrôlé, me pinça le coeur. Merde, j’avais beau essayer de faire semblant, cela me touchait quand même. Malgré tout, j’affichai un grand sourire.
— Avec…avec plaisir ! J’ai été ravie de te rencontrer Sasha ! À plus tard.

Nous avions chacun plusieurs façons d’exprimer nos émotions. Pour vous les artistes, c’était par ce que vous faisiez le mieux. Lys la peinture, et toi la musique. Chacun son truc. Mais tu avais échoué dans ce domaine, l’année dernière. Lorsque tu jouais la méchante sorcière de l’ouest, tu étais dans ton élément, à scander des paroles pour une foule qui chantait avec toi. C’était tellement gratifiant et tellement génial, ce sentiment là. Mais tu avais déconné. La phrase du père de la brune fit écho dans ta tête. L’art, en général, était une poésie sans nom. Tu souris à cette phrase. « Un vrai poète » dis-tu en souriant. Depuis le début de votre petite discussion, plusieurs personnes s’étaient amassé dans la file d’attente et tu faisais les cafés en même temps. Mais ça devenait un peu ingérable. Alors tu proposas à la jeune femme de la voir plus tard, avec ou sans ton petit ami, pour apprendre à mieux la connaitre. Quitte à ce que vous alliez boire un café ensemble. « Tout le plaisir est pour moi ! A bientôt, Lys » répondis-tu en écho à ses paroles. Tu repartais ensuite à tes occupations, préparer des cafés pour les cinq personnes qui attendaient sagement au comptoir.

FIN DU SUJET.