Whatever it takes (Carter)

30 minutes... 45 minutes... 1 heure... encore un peu... 1h15.... Stop ! Mateo arrêta le tapis de course sur lequel il avait couru pendant plus d'une heure, cherchant à tout prix à repousser ses limites. Il savait pourtant qu'il devait se ménager mais à cet instant, il voulait juste se prouver qu'il était bien vivant, que son cœur suivait le mouvement, qu'il était encore en forme. Juste un instant, il voulait oublier sa maladie, ses cachets, l'épée de Damoclès sur sa tête. Il avait juste envie d'évacuer tout ce qu'il gardait en lui, dernièrement : le stress du retour à Bowen, de ne pas savoir quoi faire de sa vie, de se sentir dépassé et terriblement seul. Et puis, il y avait eu cette rencontre avec Jean qui l'avait troublé. Cela ne quittait pas ses pensées. Alors, il avait couru, encore et encore, jusqu'à ce que son corps lui dise stop. D'ordinaire, il aurait fait mieux, encore mieux. Mais plus rien n'était ordinaire. Tout avait changé et il devait apprendre à l'accepter. Il mit de longues secondes pour calmer son souffle, épuisé. Même une fois de retour dans le vestiaire, il dut rester installé sur le banc pour attendre que sa tête cesse de tourner, que ses jambes cessent de trembler. Bouteille d'eau en main, il but de longues gorgées, tournant la tête en entendant une personne arriver. Il le salua d'un signe de la tête. Cet homme, il l'avait déjà vu à de nombreuses reprises. « Je vous vois souvent à la salle. Vous travaillez ici, non ? » Mateo avait souvent été suivi par des coachs. Peut-être allait-il devoir retravailler avec quelqu'un quand on voyait les bêtises qu'il faisait...

La journée avait été longue. La dispute avec Jamie, tu la recensais en cesse dans ta tête. C’est pour ça que t’avait peut-être un peu trop forcé à la salle aujourd’hui parce que tu n’avais pas eu beaucoup de clients à coacher. C’était plus une journée où il fallait évacuer le stress et l’énervement. Alors tu avais poussé, sans trop le faire exprès et tu étais arrivé au bout de tes capacités. T’avais fais une pause, t’étais allé au vestiaire pour prendre ta gourde et surtout pour t’éponger le front. En y allant, tu croisais ce gars que tu voyais souvent à la salle. Tu le saluais de la main pour lui dire bonjour et il te posait la question qu’en général tous les clients te demandaient. « Oui, depuis presque un an maintenant ! » dis-tu avec un sourire. C’est vrai que le temps commençait à passer et tu avais changé de voie professionnelle du tout au tout. Tu pris quelques gorgées de ta gourde avant de lui poser une question à ton tour. « Vous êtes ce tennisman, non ? Mateo Lima ? » demandas-tu en fronçant les sourcils. Oui, tu connaissais un peu le tennis même si c’était pas trop ta came. Tu suivais de temps en temps et tu avais entendu des gens parler lorsqu’il venait s’entraîner à la salle. Et surtout tu voyais pas mal de fille entrain de fair leur fangirl devant lui et ça te faisait bien rire des fois.

Il semblait s'être donné, lui aussi. L'un comme l'autre étaient en sueur et peinaient à retrouver leur souffle. C'était comme s'ils avaient mis le maximum pour s'aérer l'esprit. C'était même sans doute cela... Posant son regard sur lui, Mateo tenta une approche banale. Il s'en doutait qu'il bossait ici mais c'était surtout l'occasion d'amorcer la conversation. On lui avait dit qu'il fallait qu'il parle un peu plus aux gens, qu'il se sociabilise. Il avait tenté le BBT pour ouvrir ses horizons, pour rencontrer de nouvelles personnes mais il était d'autant plus fan de la rencontre en direct, en face-à-face. C'était sûrement son côté petit vieux qui n'avait pas toujours grandi avec les réseaux sociaux. Le jeune homme confirma ce que Mateo se doutait. Il était bien coach ici, depuis près d'un an. « C'est bien ! Quand j'ai connu cette salle, il n'y avait pas vraiment de cours, ni de coachs. Il doit y avoir une vraie clientèle, non ? » C'était bien de voir que Bowen attirait et savait garder les gens. Puis ce fut à son tour d'être confronté aux questions. Et quelle question ! Mateo se mit à rire quand l'homme énonça son prénom. « Ma réputation me précède, visiblement. » Il avait bien vu les regards en coin quand il était arrivé à la salle et les chuchotements dans son dos. « Mais bon, ici, je suis juste un bowenien de retour en ville. » Son sourire se figea un instant, avant de se reprendre. « D'ailleurs, ce n'est pas du jeu. Vous avez mon prénom, mais moi, je n'ai pas le vôtre. »

Tous les deux, vous aviez l’air d’être épuisé. Enfin surtout de vous être donné à fond dans votre séance de la journée. Remplis de sueur et surtout essoufflés, c’est ce qu’on voyait quand on vous regardait. Depuis cette dispute à propos de la grossesse de ta petite amie, le sport t’aider à ne pas réfléchir et à rester concentré sur toi-même. Ça te minait, mais bon, tu le faisais pour te défouler. « Oui c’est clair que ça s’est pas mal développé depuis quelques temps. La clientèle, y’en a pas mal en effet et on est pas beaucoup de coach encore » dis-tu simplement au tennisman. Les coachs n’étaient pas nombreux dans cette salle de sport, même si les cours, il y en avait pas mal. En général, les cours en groupe étaient fait par les mêmes personnes et les coach privé comme toi, il y en avait moins. « En effet ! J’entends surtout pas mal de gens chuchoter quand vous êtes là » dis-tu avec un léger rire. En effet, Mateo était une célébrité locale dans le monde du sport et ça fait parler, forcément. Surtout auprès de la gente féminine. « De retour au bercail, alors » dis-tu simplement avec un sourire. Il ne voulait pas être là et se faire mousser par rapport à ses titres de tennisman et tu comprenais. « Moi c’est Carter » dis-tu en tendant ta main pour te présenter. « Carter Hamilton » ajoutas-tu en lui donnant ton nom de famille.

Tout doucement, il commençait à retrouver son souffle, à retrouver un rythme cardiaque plus calme. Cela le confortait dans l'idée qu'il n'était pas complètement fichu, qu'il en avait encore sous le pied... Ses médecins, eux, le qualifierait probablement d'inconscient. En regardant le jeune homme dans le même état que lui, Mateo amorça la conversation, ravi d'apprendre que des coachs s'installaient dans cette petite ville. Il hocha la tête quand il expliqua la situation. "Au moins, vous ne manquez pas de clients ! Faut juste tenir le rythme." dit-il en riant, faisant allusion à l'état dans lequel ils se trouvaient, tous les deux. "Je suis fasciné par l'endurance des coachs." En même temps, c'était leur boulot. Un coach devait être endurant. Quand le jeune homme lui retourna la question, sachant déjà qu'il était le fameux tennisman. Son retour dans la ville avait vite fait parler. Quand il lui confirma que les gens chuchotaient sur son passage, Mateo se mit à rire. "Ah, c'est donc ça que j'entendais." Il en avait l'habitude, mais il n'en jouait pas, Mateo. Enfin, pas trop... il esquissa ensuite un sourire quand le jeune coach évoqua le retour au bercail. "Je crois qu'on finit toujours par revenir ici." Il en était l'exemple. Il avait eu une vie formidable, des voyages merveilleux mais il revenait par ici auprès de sa famille. A la recherche de Jean et de sa fille. C'était une évidence de revenir par là. Se rendant compte qu'il n'avait pas le prénom du coach, Mateo le laissa se présenter. "Enchanté, Carter Hamilton" répondit-il en souriant et en serrant sa main. "Tu n'es pas de Bowen, n'est-ce pas ? J'entends un petit accent. Anglais ?"

Tu voyais que le jeune homme qui était assis sur le banc était entrain de reprendre doucement son souffle. Toi aussi il faut dire, en même temps tu n’avais pas chômé de la journée. En plus de ton entraînement personnel, tu avais entraîné quelques personnes. Et puis quand c’était pour toi, t’étais toujours moins tendre. « C’est ça ! » dis-tu avec un sourire. Tu avais été content de constater qu’il y avait pas mal de possibilités d’emploi dans ce secteur, quand tu t’étais réorienté. C’était plus ton domaine que l’informatique, on va pas se le cacher. « Vous savez, quand on coach on fait pas grand chose alors on est pas si endurant que ça » dis-tu avec un léger rire au tennisman. C’est un peu comme les profs de sport, vous ne faites pas grand chose juste montrer l’exercice une fois au client. C’est la bonne excuse pour porter un jogging et donner des ordres. « On va dire que vous ne passez pas inaperçu pour la gente féminine » dis-tu à Mateo avec un rire. Les filles qui lui jettent des regards ou bien celles qui chuchotent ne sont pas très discrète, tu les vois souvent faire ! « C’est parce qu’on est bien ici ! » confirmas-tu avec un sourire. Même si Londres te manquait des fois, tu aimais la douceur de Bowen et t’étais plutôt bien installé. Même ta maman avait fini par déménager dans le coin. Bon c’était plus pour sa petite fille qu’autre chose mais bon. Il te serrait la main pour te saluer, et commençait à te tutoyer. C’est bien mieux comme ça, t’es plus à l’aise. « Mon accent me trahit tant que ça ? » dis-tu dans un rire. « En effet, je suis anglais pur souche » ajoutas-tu avec un sourire.

Quand le jeune coach lui avoua qu'il ne faisait pas grand chose lorsqu'il coachait les clients, Mateo éclata de rire. « Non mais ça, il ne faut surtout pas le dire ! Il faut laisser croire que vous êtes un roc. Ce qui, pour vous, ne doit pas être bien compliqué quand on voit vos muscles. » Il avait la silhouette d'un coach, avec les muscles bien proportionnés et qui faisaient passer Mateo pour un gringalet, à côté. Lui, il avait la carrure d'un tennisman. Tout était équilibré. Mais il n'en était pas moins endurant. Il fallait pouvoir encaisser des matchs qui duraient parfois plusieurs heures ! D'ailleurs, sa réputation le précéda puisque Carter avait entendu parler de lui. Ou plutôt, il avait entendu la gente féminine parler de lui. Mateo se passa une main sur la nuque, à la fois amusé et gêné de ces regards que l'on portait sur lui. « J'avoue ne pas trop y faire attention. » dit-il en riant. Lui, il venait ici pour faire du sport, pas pour draguer. Le trentenaire hocha la tête quand Carter affirma ensuite qu'on était bien à Bowen, ce qui expliquait le retour de nombreuses personnes dans cette petite ville. En revanche, pour lui, Mateo avait décelé un petit accent. Britannique ? Gagné ! Il commença naturellement à le tutoyer, ce qui était rendait la rencontre plus conviviale. « ça te trahit légèrement, oui ! » répondit-il en souriant. « C'est beau, l'Angleterre. Londres, bien sûr. Mais je suis également tombé sous le charme d'Oxford. » Il avait eu la chance de visiter ce pays qui lui avait laissé de beaux souvenirs. « Du coup, qu'est-ce qui t'a amené à Bowen ? » finit-il par demander, curieux.

C’était vrai, quand tu coachais les gens, t’étais plus à les motiver qu’à faire du sport toi aussi. Ça faisait rire le tennisman qui te disait de ne surtout pas dire ce genre de chose, comme si ça démystifié quelque chose. « Je ne le répèterai plus » dis-tu dans un rire. « Mais après, quand je coache pas je passe ma vie ici, c’est pour ça qu’on dirait que j’suis un roc » ajoutas-tu en hochant la tête. C’est vrai que tu passais beaucoup die temps à la salle, ça te permettait d’évacuer tout le stress que tu avais dans ta vie. Quand tu mentionnais les jeunes femmes qui remarquaient sans cesse, tu voyais que le jeune homme était à son tour un peu gêné mais un tantinet amusé par la situation. « Je comprends » dis-tu avec un sourire. T’as jamais été dans la célébrité, c’est quelque chose que tu ne veux absolument pas. C’est bien pour ça que tu es aussi agent secret, personne n’est sensé te connaître ni savoir de quoi tu es réellement capable. Ton accent britannique te trahissait un peu, Mateo avait remarqué que tu n’étais pas d’ici. « Oh, Oxford ! Je comprends pourquoi, c’est super là bas. Mais mon coeur restera toujours à Londres, j’aime beaucoup trop cette ville » dis-tu à ton tour avec un petit sourire. Quand il te demanda ce qui t’avais emmené à Bowen, tu te pinçais les lèvres. C’était délicat mais bon, c’était la vérité. « Ma… ma femme est décédée et j’avais besoin de changement » dis-tu simplement en passant la main sur ton front. En soi, c’est pas tellement faux, c’est pour ça que tu avais quitté l’Angleterre.

Il passait sa vie ici, disait-il. « Je comprends mieux les muscles, alors. » dit-il en riant. « Il faudrait peut-être que je vienne plus souvent. » Il faisait clairement gringalet à côté de Carter. Alors que Mateo n'avait pas de quoi se plaindre. Il était musclé là où il devait être musclé. Il l'était en tout cas suffisamment pour attirer les regards des jeunes femmes. Jeunes femmes qu'il ne remarquait même plus, pour être honnête. C'était le prix à payer quand on était un peu célèbre. Faisant peu à peu connaissance, Mateo remarqua néanmoins que l'accent de Carter le trahissait. Il n'était pas d'ici. Et pas manqué, le jeune homme lui avoua rapidement être anglais. Ah l'Angleterre, c'était de bons souvenirs pour Mateo qui avait énormément apprécié les quelques villes qu'il avait pu voir. Ses coups de cœur ? Oxford et Londres. Il esquissa un sourire en entendant les mots de Carter, hochant la tête : « J'avoue que Londres est une très belle ville. Ce que j'ai particulièrement apprécié là-bas, c'est l'ouverture d'esprit. On peut arborer un look totalement original, on se fond quand même dans la masse. J'aime beaucoup ça. » C'était ce qui lui avait sauté aux yeux. « Par contre, la nourriture, désolé, mais Paris passera avant. » IL se mit à rire joyeusement puis demanda pourquoi il avait quitté Londres, si c'était une ville qu'il aimait tant. La raison qu'il lui donna fit disparaître le sourire sur les lèvres de Mateo. Il était même gêné d'avoir mis les pieds dans les plats. « Oh pardon... Je... Je n'aurais pas dû demander. » Il espérait ne pas avoir ouvert une quelconque plaie en posant cette question. « J'espère que tu as réussi à trouver une certaine sérénité par ici. » s'aventura-t-il, espérant une note positive.

« J’peux t’aider à avoir les mêmes si tu veux » dis-tu avec un sourire avant de rire. T’étais pas du genre à te la péter ou même à être vantard. Au contraire, t’étais le gars timide qui osait pas trop se monter. C’est pas pour rien que tu es un agent des services secrets, y’a pas le mot secret pour rien là dedans ! Tu affirmais au jeune homme que tu venais d’Angleterre et plus précisément de sa capitale. Il était déjà allé là bas, tu le savais, parce que c’était un sportif de haut niveau et qu’il avait fait de la compétition là-bas. « Totalement d’accord ! On ne se fait jamais regarder de travers dans cette ville » dis-tu en hochant la tête. Puis tu riais à sa phrase. « Dude, le fiche and chips c’est la vie ! » dis-tu en levant les bras au ciel. Puis tu riais légèrement. Ok, il avait raison, la gastronomie française était bien meilleure que l’anglaise. Il te demanda ensuite comment tu en étais venu à vivre à Bowen, et ton visage afficha une mine triste pendant l’espace d’une demi-seconde avant que tu te reprennes. « Oh non, y’a pas de mal » dis-tu avec un petit sourire. C’était pas facile d’en parler mais au moins, tu arrivais à dire pourquoi tu étais venu ici. « Oh oui, j’ai eu un enfant et je vais en avoir un deuxième ! » dis-tu au jeune homme pour te remonter le moral à toi-même. « Pas avec la même femme mais ça c’est qu’un détail » ajoutas-tu avec un léger rire. Puis tu te concentrais lui de nouveau, tu voulais éviter de parler de toi le plus possible. Même si tu avais déjà donné pas mal de choses à ton sujet. « Et toi alors ? Tu as aussi une petite famille ? » demandas-tu curieusement au jeune homme. Tu ne savais pas ce qu’il se passait dans sa vie personnelle et tu espérais ne pas être maladroit là dessus.

« Il va y avoir des semaines et des semaines de boulot avant d'avoir les mêmes. » dit-il en riant. Mateo était musclé, oui, mais il était loin d'avoir la carrure de Carter et il devrait sûrement mettre les bouchées doubles pour avoir la même stature que le britannique. Car oui, Carter était britannique. Evidemment, ils furent obligés de parler de ce beau pays où l'acceptation de l'autre, dans sa différence, était palpable. S'il avait dû étudier dans un pays étranger, sans doute Mateo aurait-il choisi ce pays. Sauf pour le Fish and Chips. « Désolé, je ne suis pas un adepte. Ou alors, je n'ai pas dû en manger un bon. » répondit-il avec un sourire. Sourire qui s'atténua quand il fit ensuite une gaffe. Une gaffe concernant le statut familial du jeune homme. Carter avait perdu sa femme. Mateo ne savait pas vraiment comment réagir, rebondir, ne voulant pas mettre le jeune homme mal-à-l'aise. Mais ce dernier le rassura vite et lui affirma que Bowen lui avait apporté de la sérénité. Et des enfants... « Oh félicitations !  Quand est-ce que ta femme accouche ? » dit-il enjoué, en apprenant qu'il allait avoir un deuxième enfant. Mateo esquissa un sourire quand il ajouta néanmoins que c'était deux mères différentes. « Les familles recomposées, c'est fréquent de nos jours. » Il ajouta cependant : « Ton aîné, c'est l'enfant de ta femme ? » Il se mêlait peut-être de choses qui ne le regardaient pas, mais on sentait que ce n'était pas de la curiosité maladive, mais un réel intérêt. Il y avait de la bienveillance dans son regard. Cependant, quand Carter lui retourna la question, Mateo eut un rire gêné : « Officiellement ou officieusement ? » Il marqua un temps d'arrêt avant de dire : « Officiellement, non. Officieusement, j'ai une petite fille que je n'ai pas reconnu. » C'était la première fois qu'il en parlait vraiment. « Je suis revenu ici pour essayer de réparer mes erreurs. Mais ça fiche la trouille. » Il regarda le jeune homme et demanda : « Quand est-ce que tu as senti que tu avais l'instinct paternel ? » Pour lui, c'était encore un mystère, tout ça.

Tu riais de bon coeur avec Mateo à propos de ta musculature. A vrai dire, tu t’étais un peu réfugié dans le sport ces derniers temps. Jamie et toi vous aviez essuyé des engueulades, des histoires compliquées. Et tu avais décidé de te donner corps et âmes dans ton nouveau boulot. « A l’occasion, j’t’en ferai goûter un bon » dis-tu avec un sourire au jeune homme. Il fallait bien que tu te fasses des amis masculins en ville, toi qui était entouré de femme. Alors un jour, tu verrais avec lui pour aller manger le meilleur fish and chips de la ville. Certes, ce n’était pas un venu d’Angleterre mais ça faisait le taff quand tu avais le mal du pays. Sur un sujet heureux, tu parlais de la grossesse de ta petite amie. « Dans mes souvenirs, c’est en juin mais j’suis un peu naze avec les dates » dis-tu dans un rire. Tu te souvenais avoir eu cette discussion avec elle mais c’était délicat de se souvenir exactement. Et puis c’était la première fois que tu vivais la grossesse du début à la fin. Avec Tahlia, vous l’aviez appris en cours de route. Et tu n’avais pas été assez présent pour elle. « C’est un peu compliqué mais on y arrive » dis-tu avec un sourire en coin. « C’est ma fille, que j’ai eu avec une autre femme » précisais-tu au jeune homme. Toi aussi tu trouvais que cette situation était un peu tordue mais tu l’aimais ta petite famille. Et tu aimais avoir Tahlia à côté de chez toi parce que tu avais ta fille pas loin. C’était compliqué mais vous y arriviez. Curieusement, tu demandais aussi à Mateo s’il avait une petite famille qu’il retrouvait en rentrant chez lui comme toi. Il te répondait alors qu’il n’avait pas forcément à te le dire. « Oh, wha… je comprends que ça te foutes la trouille » dis-tu simplement. Tu ne savais pas comment tu aurai réagi si tu avais un enfant qui avait débarqué quelques années plus tard. « C’est simple, quand j’ai posé mes yeux sur elle la première fois. Ma fille est née prématurée, et je n’ai pas plus la porter à la naissance mais j’ai pu la suivre jusqu’à son opération… mais quand je l’ai vu, j’ai su que je donnerai ma vie pour elle » avouas-tu avec un sourire, te souvenant exactement de chaque moment de l’accouchement.

« Allez, adjugé vendu. Tu me feras peut-être changer d'avis sur les fish and chips. » dit-il en riant. Mais ce serait l'occasion pour Mateo de sortir encore. Il avait ces périodes où il passait ses journées à la maison, tel l'ours mal léché, et d'autres périodes durant lesquelles il ne tenait pas en place, voulant vivre sa vie furieusement. Carter avait l'air d'être un bon gars et la discussion coulait naturellement. Ce fut ainsi qu'il apprit qu'il allait être papa. « En juin ! C'est un bon mois. Toutes les personnes nées ce mois-là sont particulièrement formidables. Et je ne dis pas ça parce que je suis né en juin, évidemment. » Il rit joyeusement, puis apprit ensuite que c'était son deuxième enfant. Mateo tenta alors de comprendre son histoire familiale qui avait l'air d'être assez complexe. Son aîné, il ne l'avait pas eu avec son épouse, mais avec une autre femme qui n'était pas l'actuelle. « Ok, je comprends mieux. » dit-il en souriant. « Et ça va, vous vous entendez bien, tous ? » Il ne jugeait aucunement la vie de Carter, mais c'était toujours intéressant de savoir comment il gérait avec son ex. ça pourrait peut-être lui donner des conseils, à Mateo. Mateo qui, à son tour, se confia sur sa vie familiale, sur sa fille qu'il avait lâchement abandonné. Il hocha la tête quand Carter sembla comprendre que ça lui foutait la trouille. Mateo lui demanda alors à quel moment il s'était senti père. Il s'attendait déjà à la réponse. Les pères devenaient souvent pères à la naissance de l'enfant. Le brun esquissa un sourire en entendant l'histoire de Carter. « Ah oui, je comprends, son arrivée n'a pas été des plus sereines. » Mais il avait eu l'instinct paternel de suite. « Tu as l'air d'être un papa génial. » avoua-t-il en souriant. Ce que lui ne serait sûrement jamais.

« Mais oui, j’en suis sûr » dis-tu avec un sourire en coin. Bon, peut-être que tout le monde n’était pas fan de la gastronomie anglaise, si on peut appeler ça de la gastronomie, mais toi tu aimes particulièrement. Tu confirmais à Mateo, ensuite, que ta petite-amie allait accouché au mois de Juin, donc elle était enceinte seulement de quelques mois. « J’espère que tu dis vrai. Je me souviendrai peut-être pas de mon anniversaire s’il tombe très près de celui de mon futur bébé » dis-tu avec un rire, pour le charrier. Tu lui racontais ensuite, que ta première fille n’était pas de la même femme, qu’ils n’allaient pas avoir les mêmes parents ces deux enfants. « Oui, on s’entend bien. C’est une femme exceptionnelle et une maman en or » dis-tu en parlant de Tahlia. Tu ne pouvais pas parler pour elle et Jamie, tu avais juste balancé la nouvelle il y a quelques temps et tu ne savais pas comment l’australienne allait réagir. Tu appréhendais cette arrivée de bébé dans vos vies avec Jamie, mais aussi avec ta petite fille déjà présente. Non, tu ne serai pas le papa qui préfère un enfant à l’autre et tu prendrais soin d’eux de façon équitable. Mais tu savais que ça allait être un gros bouleversement dans ta vie, et dans celle de Thaïs. Quand il te demandait quand est-ce que tu avais senti l’instinct paternel, tu lui répondais tout naturellement. La première fois que tu avais posé les yeux sur elle, tu savais que tu donnerai le monde pour cet enfant. Tu lui racontais aussi que quand elle était venue au monde, elle avait subi des galères et des opérations à cause de son arrivée prématurée. « Non, c’était pas très facile » dis-tu en faisant la moue. Ça avait été même affreux pour toi, pour Tahlia et pour la petite aussi mais elle ne s’en souviendra pas. « J’espère que je le suis, je fais de mon mieux pour l’être » dis-tu avec un sourire en coin. Puis, tu te questionnais à propos de Mateo et tu lui faisais part de ce questionnement. « Et toi, tu as déjà rencontré ta petite fille ? » demandas-tu avec plein de bienveillance. Tu ne voulais pas le juger ou encore moins le mettre mal à l’aise mais si tu pouvais l’aider avec quoique ce soit, tu le ferai avec plaisir.