white light and coffee black ∞ jewel

__________________________________________

white light and coffee black
__________________________________________

@jewel morgan & @aura luciano

J’avais commencé à travailler pour le musée de Bowen depuis deux semaines, et je devais admettre que ce job me plaisait malgré tout. Cela n’avait rien à voir avec le musée des Offices de Florence, bien sûr. Le job que j’avais quitté pour venir m’installer à Bowen avec mon frère jumeau était celui de mes rêves, j’avais choisi de le sacrifier pour le bien d’Enzo, et pour le mien, mais en réalité, c’était bien moins difficile que je ne l’avais cru au départ. Ma vie à Bowen prenait un tournant que je n’avais pas attendu, et pour le moment, les regrets ne faisaient pas parti du tableau. Ce matin, j’étais en congé et c’était agréable de savoir que j’avais la journée devant moi pour faire ce que je voulais. Je commençais à trouver un rythme, à m’habituer à ma vie australienne, et en général, cela commençait toujours par un bon café. Enzo avait trouvé des grains de bonnes qualités que nous nous faisions livrer. Cela nous changeait du jus de chaussette que nous avions du avaler depuis notre aménagement.
J’adorais le rituel du café le matin. Le bruit de la cuillère qui plongeait dans les grains, l’odeur du café une fois moulu, le crépitement de l’eau qui remontait dans la machine italienne que je posais sur le feu. Je chantonnai une chanson quand un bruit me réduisit au silence. Enzo était parti travailler depuis une heure au moins, j’étais censée être seule à l’appartement, or la chasse d’eau de nos toilettes venait d’être tirée. La respiration coupée, j’attendis que l’intrus ne montre son visage et quel ne fut pas ma surprise quand je découvris celui de…
— Jewel ? m’étonnai-je avant de pouffer de soulagement, tu m’as fait peur !
La collègue -  with benefits – de Fede se trouvait devant moi, vêtue d’un t-shirt appartenant à Enzo. Je ne pus m’empêcher de sourire. Enzo m’avait mis au courant de leur…écart charnel, quelques semaines plus tôt. Visiblement, ils avaient remis le couvert. Well well.
— Euh…café ?

Enzo m’avait parlé de l’égarement qu’il avait eu avec Jewel, il m’avait confié à quel point cela le mettait mal à l’aise vis à vis de Fede. Visiblement, l’égarement s’était répété, suffisamment de fois pour que Jewel se sente à son aise chez nous. Je me demandais comme ils avaient pu faire ça dans mon dos. Non que cela m’embêtait, cela m’amusait même au contraire, mais je me demandais seulement comment cela avait été possible. Ils se voyaient en mode ninja ou quoi ?
— Désolée, je ne voulais pas te faire peur. Viens t’asseoir à la cuisine.
Je me tournai vers la cuisine et hochai la tête quand elle me demanda un thé, plutôt qu’un café. Je me hissai sur la pointe des pieds, ouvris un placard où je rangeais mes différents thés. J’en proposai deux sortes à Jewel : Jasmine ou Earl Grey, en déposant devant elle les deux boites qui contenaient le thé en vrac. Jewel confia qu’elle était étonnée de me voir ici, ce matin. Je lui souris.
— Oui, c’est mon jour de repos, Enzo a du oublié de te le dire.
Cela ne m’étonnait pas de lui, il avait sans doute oublié lui même que je ne travaillais pas aujourd'hui. J’allumai la bouilloire, sorti une tasse et une boule à thé que je posais sur le bar de la cuisine auquel Jewel était accoudée.
— Alors, fis-je en croisant les bras, l’air faussement inquisiteur, Enzo et toi ?

Jewel était bien silencieuse, et mal à l’aise, cela se sentait à son attitude. Cela ne lui ressemblait pas vraiment. Signe évident qu’il y avait bel et bien quelque chose entre mon frère et elle. Lorenzo Luciano, dans quel pétrin t’es-tu encore fourré ? pensai-je. En soi, cela ne me dérangeait pas, personnellement, que mon jumeau sorte avec Jewel – quoique c’était assez étonnant qu’il ne fréquente qu’une seule fille, déjà, pour commencer –, j’aimais beaucoup Jewel, je la trouvais amusante, aimais discuter et passer du temps avec elle mais…il y avait Fede. Je savais bien que rien n’était sérieux entre eux, mais c’était quand même un peu bizarre. Ce qui l’était encore plus, c’était l’attitude fuyante qu’observait Jewel, même quand je lui posai un question directe. Elle l’éluda trop rapidement pour ne pas éveiller mes soupçons.
— Je t’en pris, Jew, pas à moi. Il se passe quelque chose entre vous. Ca me gêne pas, je t’assure…vous êtes deux adultes responsables – quoique ça se discute pour Enzo…
Je ris, espérant que ma plaisanterie détendrait un peu l’atmosphère. Je remplis d’eau chaude la tasse de mon amie, puis me servis du café.
— Si tu veux pas m’en parler, je comprends. T’as surement tes raisons mais…fais attention à toi quand même.
Je connaissais Enzo. Je l’aimais plus que tout au monde, mon frère était ma vie, mon tout, mais je connaissais aussi le comportement qu’il avait avec les femmes en général et je n’aimais pas cela. Jewel était une chic fille, je ne voulais pas qu’il la fasse souffrir.

À mesure que Jewel me donnait son explication, je grimaçai et hochai la tête, l’écoutant d’abord attentivement, sans rien dire. Visiblement la situation était confuse pour elle et je ne pouvais que la comprendre. Je connaissais mon frère ; j’avais beau l’aimer de toute la force de mon cœur, je connaissais aussi ses défauts sur le bout des doigts, notamment celui de penser avec son organe génital dont il était si fier. Je l’avais vu répété le même schéma avec de nombreuses filles, beaucoup trop nombreuses. C’était malsain, il le savait bien. Parce que non, Enzo, contrairement à ce que beaucoup semblait croire n’était pas un sale type. Il jouait au sale type, au caïd, au dragueur invétéré mais mon frère avait une âme d’or. Et un cœur en état marche aussi, aussi fou que cela puisse paraître. J’attendis patiemment que Jewel termine son récit, n’osant même pas tremper mes lèvres dans mon café.
— Euh…
Je ne savais pas vraiment quoi lui dire. Enzo ne m’avait pas vraiment parlé de la situation. Pire, il me l’avait même caché puisqu’ils se voyaient, Jewel et lui, dans mon dos ; autrement dit, je n’avais aucun élément en main, mis à part ce que venait de m’avouer, Jewel.
— Visiblement, t’en as gros sur la patate…
Je ne voulais pas la juger, ni juger mon frère. Malgré tout, Jewel avait pointé du doigt le fait que sa relation avec Enzo, quelque soit sa nature à l’heure actuelle, allait probablement impacter Fede. Je n’aimais pas ça. Je ne savais pas non plus quel genre de sentiment lié mon frère ainé avec la belle serveuse, étaient-ils purement amicaux ? Plus ?
— Et…pour Fede, tu ressens quoi ? C’est clair entre vous ?

Je buvais mon café tout en écoutant Jewel. Visiblement, elle était troublée, perdue tout du moins. Elle n’avait pas l’air de savoir où elle en était. Dans sa vie, ou bien même dans la relation qu’elle entretenait avec mon jumeau. Les choses ne semblaient pas très claires. Je me pinçai les lèvres puis soupirai longuement.
— Sauf que ce n’est pas un mec au hasard, c’est Enzo. C’est son petit frère.
C’était évident que tout cela allait compliquer les choses et je me faisais du souci pour Fede. Effectivement, même si les choses étaient claires entre Jewel et mon ainé, la situation était loin d’être idéale – ceci dit, ça ne l’était pas non plus de mon côté qui avait une aventure avec Bessie, son ex-copine du lycée, mais ça c’était encore une autre histoire. Cela ne me plaisait pas vraiment. Je ne voulais pas que l’un de mes deux frères souffre de tout ça et j’avais le sentiment que c’était inévitable. Je soupirai, puis tentai un sourire vers Jewel.
—Essaie de faire attention, c’est tout ce que je te demande.
Quand Enzo m’avait parlé de leur égarement, je m’étais dis que ce n’était pas bien grave. Ca n’était que du sexe, rien de plus. Sauf que là…de ce que je comprenais entre le ligne, les choses étaient un peu différentes, et risque de devenir compliqué. Ils étaient parfaitement conscients de ce qu’ils faisaient tous les deux. C’était peut-être incontrôlable, je l’admettais, mais cela ne m’empêchait pas de nourrir une petite anxiété de mon côté. D’autant que je savais que le retour de Gisella, dans la vie de mon frère, lui avait un peu chamboulé l’esprit. J’espérais seulement qu’il ne se servait pas d’Enzo. Je terminai mon café puis me raclai la gorge.
— Je comptais aller faire un tour au marcher…tu as quelques chose à faire ? Tu veux rester ici ? Ou même venir avec moi ?

Spoiler: