#29 - light up, light up (april)

light up, light up

Alors que Laël jouait dans sa chambre, sa mère était dans la sienne en train de sélectionner une tenue pour la soirée. April devait arriver bientôt, et ils mangeraient un morceau tous ensemble, avant que les deux amies partent à la rencontre du centre-ville nocturne. La baby-sitter arrivait à 21h et il était prévu qu’elle passe la nuit là, pour qu’Aino et April puissent sortir faire des folies en toute tranquillité. C’était une baby-sit’ de confiance, qui connaissait bien Laël, ça faisait plusieurs années maintenant qu’elle le gardait de temps à autres, quand Judas n’était pas là pour surveiller le petit garçon. Aïnhoa pouvait partir l’esprit tranquille et jouer les jeunes femmes libres et insouciantes. C’était une chance, c’était sûr, de pouvoir faire ça, encore plus d’avoir une amie proche pour l’accompagner dans ces moments de déconnexion. Si la Belgo-sénégalaise était une maman responsable, depuis l’arrivée de son fils dans sa vie, elle savait aussi profiter de sa jeunesse. C’était génial d’être mère, pour le meilleur ou pour le pire, mais elle avait tout autant 28 ans et l’esprit d’une party girl sans complexes. « Laeeeel ! Tu peux aller ouvrir à April s’il te plaît ? » cria-t-elle à l’attention de l’autre pièce quand la sonnette tinta. Elle prit une décision sur ses vêtements de ce soir, qu’elle laissa sur le lit, avant de rejoindre le salon de l’appartement, où Laël avait sauté dans les bras d’April. Eux trois, et Judas, c’était une longue histoire, une qu’il n’y avait plus besoin de raconter. Ils étaient soudés, comme une famille, celle que la brune avait en Australie. Et elle souriait, intérieurement, de cette chance, de comment les choses avaient tourné finalement pour elle, pour Judas, pour son fils. Leur fils. « Salut ma belle ! Tu vas bien ? » salua-t-elle la jeune femme avec plein de chaleur. Elle était super contente de la voir, et de pouvoir passer du temps après à deux, et se lâcher. À vrai dire, elle en avait bien besoin. Aïnhoa contrôlait ses émotions du mieux qu’elle pouvait, mais depuis que Noa avait accouché, elle avait du mal à dealer avec tout ça. Judas était maintenant papa, réellement papa, construisant une autre famille, ailleurs. Leur relation restait inchangée pour certaines choses, mais depuis tout ce qu’il s’était passé, depuis eux et cette finalement sorte de happy end, mais séparés, la couturière s’égarait parfois vers des pensées moins joyeuses et épanouies.

Tu t’étais pris une soirée de congés ce soir. Tu l’avais bien mérité faut dire. Depuis que tu avais le Adam & Yves, tu bossais sans compter les heures, tout comme Maé d’ailleurs. Et des fois, il fallait relâcher la pression. Ce soir, tu relâchais la pression. En effet, t’avais proposé à ton amie Aïnhoa de sortir pour faire la fête toutes les deux, comme au bon vieux temps. Tu es très proche d’Aïno, en même temps elle l’est aussi de Judas, ton meilleur ami. Et tous les trois, c’est à la vie à la mort. Et puis tu connaissais leur secret, tu faisais partie de leur cercle assez intime pour avoir entendu parler de l’histoire de Laël. D’ailleurs, c’est lui qui t’ouvrait la porte ce soir, alors que tu venais de frapper. « Mon amouuuuuuur ! » dis-tu en venant le prendre dans tes bras pour l’embrasser. Tu adorais ce gamin, t’étais sa tata gâteau un peu. Tu donnais beaucoup de toi pour lui, mais parce que tu le voulais aussi. Nombreuses avaient été les fois où tu avais gardé le petit garçon chez toi, ou même chez elle pour qu’elle puisse souffler d’une soirée tranquille toute seule. Tu entrais dans l’appartement avec le petit garçon dans tes bras et tu prenais soin de refermer la porte. Tu le posais à terre une fois que tu avais embrassé encore une fois sa joue pour le saluer, et ça le faisait rire. Il te faisait un bisou à son tour et tu voyais ton amie sortir de sa chambre. « Hey ! Ça va et toi ? » dis-tu en t’approchant d’elle pour la prendre dans tes bras. Ça te faisait du bien de la retrouver, parce que tu ne l’avais pas vu depuis un moment. « J’espère que tu vas pas sortir comme ça, je compte te faire danser toute la nuit » dis-tu en toisant sa tenue avant de rire légèrement. C’était bon enfant, tu riais doucement. Mais tu aimais bien taquiner la jeune maman.

Aino' était ravie de retrouver un peu de temps avec son amie. Elle en avait besoin et elle se réjouissait de leur soirée toutes les deux, mais aussi de partager un moment à trois avec Laël avant pour manger, avant qu'elles ne partent à l'assaut de la nuit. Le mieux aurait été que Judas soit là aussi, qu'ils se retrouvent tous les quatre comme ils l'avaient fait de nombreuses fois. Entre amis, et même en famille. Mais la brune savait que pour l'instant, ce dont son cerveau avait besoin, c'était de ne pas avoir Ju' dans les parages de ses pensées. Elle était toujours contente de le voir, mais il y avait quand même ces émotions parasites qui lui prenaient plus d'énergie qu'avant, et si elle pouvait s'en passer et se lâcher totalement, elle ne disait pas non. « Très bien, prête pour ce soir ! » répondit Aïnhoa sur un air enjoué après une étreinte amicale pleine de chaleur. C'était bon de retrouver une copine, une véritable amie. Qui ne manqua d'ailleurs pas de commenter sa tenue, et la couturière baissa des sourcils froncés vers son legging un peu troué, avant d'esquisser une moue penaude. « D'accord, pas encore tout à fait prête, mais on n'est pas encore parties, hein ! » se défendit-elle en relevant la tête vers April, avec un haussement d'épaules à peine coupable. Une tenue bien plus adaptée attendait sur son lit, prête à sublimer son corps. En attendant, Aïnhoa aimait bien traîner dans des habits confortables quand elle était à la maison, en famille. « J'attendrai ton déhanché sur le dancefloor. » reprit la brune avec un clin d’œil, balayant l'air de ses tresses. Laël reprit son attention en demandant s'ils allaient bientôt manger. « T'as faim mon chaton ? Je vais lancer le curry, tu peux déjà mettre la table, si tu veux. » Elle se rendit dans la cuisine suivie d'April, sortant déjà des verres pour qu'ils puissent boire en attendant. « Tu veux quoi à boire ? » demanda-t-elle à l'intention de la jeune femme tout en sortant une bouteille de soda pour Laël.

Alors que tu avais le petit dans tes bras, tu t’engouffrais dans l’appartement en le couvrant de bisous. C’était pas ton neveu, mais c’était tout comme. Tu considérais Aïnhoa comme un soeur, alors c’était la même chose dans ton coeur. Laël était le plus mignon de tous les petits garçons, et tu ne changerai jamais d’avis. Sauf peut-être avec le petit de Judas, qui venait tout juste de naître. Ils seront surement sur le même piédestal tous les deux. Tu posais le petit par terre et tu allais rejoindre ton amie pour la saluer. Tu venais l’étreindre en lui demandant comment elle allait. « Ça fait tellement qu’on a pas fais ça, j’espère que t’es plus que prête » dis-tu avec un grand sourire sur tes lèvres. Après votre câlin, tu la lâchais et tu la toisais de haut en bas comme tu savais si bien le faire. Il faut avouer que tu regardais toujours comment les gens étaient habillés et tu faisais (un peu trop) attention à ton apparence. Alors tu demandais à ton amie si elle comptait sortir habillé de la sorte, ce soir. Mais bien sûr, c’était pas vraiment sérieux parce qu’elle faisait ce qu’elle voulait. « J’aime quand tu parles comme ça » dis-tu en faisant un clin d’oeil à la brune. Tu te dirigeais vers le salon avec ton amie en te déhanchant. « Tu veux dire ce légendaire déhanché ? » dis-tu avec un sourire en coin à ton amie avant de rire. Le petit avait faim, alors vous alliez surement bientôt passer à table. « Si tu mets pas la table, c’est moi qui te mange tout crue » dis-tu au petit garçon en commençant à le suivre jusqu’à la cuisine. Son rire te faisait tellement de bien. Une fois dans la cuisine tous ensemble, Aino te proposa quelque chose à boire en attendant. « Je dis pas non à un verre de vin si t’as une bouteille d’ouverte » demandas-tu à ton amie avec un petit sourire.

C’était ça le sentiment qui étreignait Aino’ avec chaleur : celui d’être en famille. April était comme sa sœur, et ils avaient toujours formé un beau cocon de soutien et d’affection, avec Judas, et puis Laël aussi. Ce soir, c’était ça dont la couturière avait besoin : une sœur. « À fond, girl ! » renchérit Aïnhoa avant de laisser résonner son rire heureux et fort dans la pièce. Oui, ça faisait longtemps et ça lui avait manqué, même si elle adorait passer du temps avec Laël, ou avoir des moments plus calmes avec des gens à la maison. « Celui-là, très exactement ! Genre, l’effet je-fais-tourner-toutes-les-têtes, tu le maîtrises, quoi. » rit la jeune maman après avoir eu une performance en direct du déhanché de son amie, alors qu’elles riaient encore. Aïnhoa savait comment était la blonde, elle aimait sentir les regards sur elle et surtout, elle savait les attirer. La jeune femme l’avait toujours admirée pour ça, ce fait d’assumer cette personnalité envoûtante et à la fois extravagante parfois. Sans s’excuser, sans se reculer, elle était tout simplement elle-même et elle avait bien raison. Aïnhoa proposa à son fils d’aller mettre la table, et commença à réchauffer le curry de légumes qu’elle avait préparé, garnis de noix de cajou et autres graines nutritives. Le petit garçon se mit à rire sous la fausse menace de sa tante et courut chercher des assiettes. Sa mère quant à elle, sortit le soda suivi de la bouteille de vin. « On peut bien en ouvrir une nouvelle, dis ! » répondit-elle avec un grand sourire en débouchonnant le vin blanc et en servant leurs verres. « Santé, ma belle ! » fit-elle en trinquant avant de prendre une gorgée, touillant en même temps dans le curry occupé à chauffer sur la plaque. « Alors, ça se passe, au Adam & Yves ? »

Ce genre de soirée, vous en faisiez beaucoup trop souvent avant la naissance de Laël. Son fils avait réussi à la calmer à Aino, mais pas toi. T’étais jeune et libre de faire ce que tu voulais. Surtout maintenant que tu possédais le Adam & Yves avec Maé. Tu montrais clairement ton enthousiasme à ta vieille amie et elle semblait dans le même mood que toi, ce soir. Vous étiez prêt à vous déhancher sur le dancefloor toute la nuit. Tu lui montrais même ton fameux déhanché qui te servait à appâter les gens et à les séduire. « I’ll teach you » dis-tu en faisant un clin d’oeil à la jeune femme. Tu lui apprendrai peut-être pas, parce qu’elle était aussi danseuse que toi et tu savais qu’elle aussi avait un sacré déhanché quand elle était déchaînée sur la piste de danse. Vous vous dirigiez dans la cuisine où tu poursuivais le fils de ton ami en le menaçant de le manger s’il n’écoutait pas sa maman. Son petit rire qui venait remplir la pièce te faisait du bien. T’étais heureuse de le voir comme ça. Laël c’est un peu comme ton neveu, alors tu veux qu’il soit heureux et qu’il aille bien. La brune te demandait si tu voulais boire quelque chose et tu lui demandais si elle avait une bouteille de vin d’ouverte. Alors qu’elle sortait un soda pour son fils, elle sortait aussi une bouteille prête à être ouverte. Ce qu’elle faisait et ensuite, elle te donnait un des deux verres qu’elle avait servit. « Santé ! » dis-tu en claquant ton verre contre celui de ton amie. Ton amie commençait à faire réchauffer le repas de ce soir en te demandant comment ça se passait au travail. « Well, tout se passe bien ! Heureusement que Maé est là avec moi parce que sinon je crois que je pèterai les plombs » dis-tu avec un léger rire. « Et toi, t’as écris des nouveaux sons ? Je veux tout entennnndre ! » dis-tu en tapant frénétiquement dans tes mains. Tu savais que c’était pas son boulot principal mais tu étais sa première fan depuis toujours et tu adorais l’entendre rapper. Comme Judas en fait.

La brune haussa un sourcil provocateur, adressé à son amie, la regardant de haut en bas. « Girl, stop it, c’est moi qui t’ai tout appris. » rétorqua-t-elle avec un air faussement supérieur, le rire dansant dans ses iris d’obsidienne. C’était cette complicité qui les liait depuis longtemps, aussi, ces blagues taquines et innocentes qui en faisait des amies soudées. Quand on les voyait partir à deux en soirée, on savait déjà qu’elles allaient faire flamber le dancefloor, telles deux reines de la nuit. Et si elles se permettaient de se lancer des piques du genre, c’est parce qu’elles se connaissaient si bien et avaient une grande admiration pour l’autre. Elles trinquèrent ensemble, et évidemment avec Laël aussi qui tendait déjà impatiemment son verre de soda, car il était hors de question qu’il soit mis à l’écart et il le faisait savoir. « Ah ouais ? Au niveau des horaires, de l’événementiel ? Si t’as besoin d’une paire de mains en plus, j’suis sûre que Laël adorerait s’improviser barman ! » plaisanta la jeune maman, alors que son fils marquait déjà son enthousiasme. "Oh ouais, trooooop ! Je vais faire des cocktails pour les grands, et tout !" s’exclama-t-il en croisant les bras sur le torse, puis sortant un petit signe de la victoire, histoire de se donner un style. « Ouais, quelques-uns ! Enfin, j’ai surtout écrit du slam ces derniers temps, mais j’ai bossé sur un son avec Ju’, et il m’a donné l’accès à son studio aussi, du coup j’ai enregistré un truc il y a quelques jours. Je te ferai écouter, d’office ! » répondit la brune alors que la bonne odeur de curry embaumait la cuisine. Ils purent finalement s’installer à table, chacun attaquant son assiette avec enthousiasme, après un "bon appétit" général.

« Hééé, c’est un secret ça ! » dis-tu en mettant un doigt sur la bouche de ton amie. Puis, tu riais. Oui, vous aviez passé tellement de temps ensemble que la jeune femme t’avait appris à bouger ton corps comme il le fallait. Et maintenant, tu étais une déesse sur la piste de danse. Après avoir servis vos verres de vins, vous trinquiez à vous, à votre amitié, mais aussi à Laël qui avait son verre de soda à côté de vous. « Au niveau des trucs internes surtout comme la com’, la compta enfin tous les trucs chiants quoi » dis-tu en haussant les épaules avant de reprendre. « Mais pourquoi pas ! Il m’attirera toutes les mamans gagas au comptoir, je dis pas non à ça » dis-tu en ébouriffant les cheveux du jeune homme qui vous montrait comment il pouvait être grand. Puis tu demandais à ton amie si de son côté, la musique ça marchait bien ou pas. Elle t’expliquait alors qu’elle avait bossé avec votre meilleur ami sur un son qu’ils avaient enregistrés. « Et quand aurais-je l’honneur d’entendre ça ? » demandas-tu avec un grand sourire avant de reprendre. « Vous allez vous produire au festival qui va arriver en ville ? » demandas-tu aussi, curieuse. C’était l’occasion pour eux de se produire sur scène, mais ils vont surement se produire l’un après l’autre sur cette scène. Et tu serai devant la scène à les acclamer, leur fan numéro 1.

Aïnhoa rit alors que son amie la sommait de se taire, d’un doigt sur la bouche, qu’elle enleva en feignant un air de maman qui n’ira pas plus loin dans le débat. En réalité, les deux filles savaient toutes deux comment danser de tout leur corps et leur âme, et comment ambiancer une soirée. C’était sans doute inné chez elles. Une fois à table, April expliquait les tâches de son boulot au Adam & Yves, alors que Laël postulait déjà pour le poste de barman. « Count me in comme maman gaga ! Mais se faire servir des cocktails par son fils, c’est vraiment un truc à gagner le titre de pire mère de l’année. » plaisanta Aino alors que Laël pensait déjà à sa future carrière dans la boîte de sa tatie April. « Oui, exactement ! J’ai proposé à Ju’ et il était chaud, du coup, on compte sur toi pour venir nous acclamer. » sourit la brune avec un clin d’œil. « Mais on peut se faire une petite soirée au studio tous les trois, si t’as envie d’entendre nos sons en avant-première. » proposa-t-elle ensuite. Malgré les événements passés et pas si lointains entre la jeune maman et son meilleur ami, c’était toujours un moment agréable de se retrouver tous les trois. Comme s’ils en étaient au même stade qu’il y a cinq ou dix ans. Comme si rien n’avait bougé, comme si rien n’avait jamais chamboulé leurs vies. C’était chouette de se retrouver dans cette bulle intouchable, avec leur trio.

« C’est sûr qu’on risque d’avoir des problèmes, toi comme moi » dis-tu en riant. C’était pas la meilleure idée de proposer un boulot à Laël à la boite de nuit, mais ça aurait pu te rapporter pas mal de chiffre d’affaires auprès de toutes les mamans qui fréquentent ton établissement. Dommage, c’était bien essayé. La jeune métisse t’expliquait qu’elle avait enregistré quelques sons avec votre meilleur ami et ça te faisait plaisir à entendre. Même si tu aurai préféré entendre les chansons en question. « Je serai la première à venir vous acclamer » dis-tu en faisant un clin d’oeil. Tu prenais une gorgée de ton verre de vin avant de reprendre et de répondre à ton amie. « Alors là, c’est quand vous voulez ! Vous savez que j’aime tout entendre en avant-première » dis-tu avec un sourire en coin. T’aimais bien avoir les exclu de tes amis, niveau musique. Peut-être parce que tu n’as aucun talent musical et que tu avais envie de les voir réussir. Ils avaient tous les deux un talent fou, tu le savais, tu le répétais tout le temps même. « Moi aussi j’ai un truc à te dire, by the way » dis-tu en laissant une petite pause. Tu ne lui avais pas encore dit que tu t’étais remise avec ton ex, mais dans des conditions peu similaire de la dernière fois. Et puis, Aïnhoa est l’une de tes meilleures amies alors elle va comprendre. « J’me suis remise avec Esras ! Enfin… on est dans une relation ouverte, tous les deux » ajoutas-tu avant de poser tes lèvres sur ton verre de vin, attendant la réaction de la jeune femme.

Aïnhoa gloussa à la réponse de son amie, oui, autant l’idée était marrante, autant il était hors de quetion que Laël se trouve dans une boîte de nuit du haut de ses presque dix ans. « On y compte bien ! » s’enthousiasma la jeune mère avec un clin d’œil quand son amie promit de venir les acclamer, Judas et elle, lors de leur représentation au festival. Elle lui proposa de passer les voir au studio aussi, après tout, April était leur amie proche et avait tous les droits d’entendre leurs productions musicales avant tout le monde. Et même en-dehors de ça, c’était sympa de se faire une soirée tous les trois. Chacun d’eux avait son propre train de vie, ses obligations, mais quand ils se retrouvaient parfois pour chiller ensemble, c’était comme s’ils étaient encore ces trois jeunes qui ne savaient pas encore vraiment vers où aller dans la vie. « Génial, on va se planifier ça. » renchérit la brune pour marquer le deal. « Ah oui ? » demanda Aïnhoa en arquant un sourcil curieux quand la belle blonde annonça qu’elle avait quelque chose à lui dire. Ça pouvait être tout et n’importe quoi, une bonne nouvelle elle l’espérait. Sans doute, vu le visage d’April. Mais elle ne savait pas du tout à quoi s’attendre, et elle posa ses couverts, tout son intérêt focalisé sur l’annonce de la jeune femme. « Ah ouaiiiis ? » répéta-t-elle, cette fois-ci avec bien plus de surprise dans la voix, quand sa meilleure amie lui lâcha le morceau. Elle échangea un regard amusé et complice avec Laël, avant de faire de nouveau face à la blonde. « Hé ben dis donc… Faudra que tu me racontes ça en détail ! Mais… Quand la baby-sitter sera là. » reprit Aino avec un clin d’œil. « Noooon, moi aussi je veux savoir ! » protesta fermement Laël en guise de réponse à l’intervention de sa mère.

Tu étais la première fan de tes amis, ils faisaient de la bonne musique et t’aimais ça. Alors quand Aino te parlait de nouveaux morceaux, tu étais pressée de les entendre. Les siens et ceux de votre meilleur ami Judas. Et en plus de ça, tu irai les voir au festival, quand ils se produiraient ensemble. Tu y allais de toute façon, et puis tu ne manquerai pour rien au monde une représentation de ces deux-là ! Puis tu parlais de toi, et tu annonçais que tu avais quelque chose à dire à ton amie. C’était important pour toi qu’elle le sache. Tu t’étais remise avec ton ex mais sous certaines conditions. Et dieu sait qu’Aïnhoa avait entendu des beaux noms d’oiseaux en décrivant ce garçon après votre rupture. « Ouiiiii » dis-tu en rougissant un peu. C’était un peu délicat d’en parler mais tu savais qu’elle comprenait totalement ton mode de vie. Il était sûr que ce n’était pas commun mais vu que c’était une de tes meilleures amies, elle te comprenait parfaitement. « Je te raconterai tous les détails, promis » dis-tu en tapant dans tes mains énergiquement. Puis tu riais à l’intervention du fils de ton amie. Tu l’attrapais pour le poser sur tes genoux et tu lui bouchais les oreilles. « C’est des histoires de grandes personnes, il va falloir attendre un peu avant que tu saches ce genre de chose ! » dis-tu avec un petit sourire en coin. « Mais c’est toi que tata elle aime le plus » dis-tu à son oreille avant de lui chatouiller le ventre.

C’était certain, le nom d’Esras n’avait pas toujours été prononcé avec bienveillance, entre les deux jeunes filles. Aïnhoa pouvait être mature sur certaines choses, mais quand il s’agissait de personnes blessant le cœur de ses amis, elle n’avait pas de scrupules à les étiqueter comme connards ou connasses et à leur faire sentir si par malheur elle les croisait. Pour défendre les potes, Aino’ était toujours là, et elle se fichait bien de manquer de recul ou non. On touchait pas à la famille, ou on en assumait les conséquences. Oui, elle pouvait être un peu teigneuse. Pire encore, elle pouvait avoir la rancune tenace, mais ça, c’était vraiment du cas par cas. Ici, voir le sourire lumineux sur le visage de son amie lui suffisait. Si April était heureuse, alors elle était heureuse pour elle et aussi excitée qu’elle par ces petits potins. Mais ça n’empêchait pas qu’elle garderait Esras à l’œil dans un premier temps. Laël se plaignait déjà de la censure imposée par les deux adultes de la pièce. « Hey, t’as déjà le scoop en avant-première des fréquentations de tata April, faut pas pousser le bouchon, Maurice. » rajouta la belle métisse avec un air entendu, pour signifier que les plaintes n’amèneraient rien de plus. « C’est qui Maurice ? » demanda innocemment Laël, avec un air boudeur et un peu perdu. Aïnhoa éclata de rire, en chœur avec April. Même génération, mêmes références. Pourtant ce n’était pas la première fois que la jeune mère utilisait cette réplique quand le petit exagérait, mais elle avait dû lui montrer cette vieille publicité il y a longtemps déjà, il avait sûrement oublié. Sur les genoux de sa tante, Laël se laissa néanmoins convaincre par le dernier argument de la jeune femme. Lui non plus, il ne lui en fallait pas beaucoup pour l’amadouer. Déjà, il riait aux éclats sous les chatouilles d’April. Aïnhoa en profita pour débarrasser la table, terminant son verre de vin au passage. « Tu veux un dessert, mon p’tit chat ? » demanda-t-elle avec tendresse à son fils, qui opta pour une glace à l’eau. « Et toi, mon gros chat ? » fit Aino’ en se tournant vers son amie, les yeux rieurs. Même si dans la tête de la brune, l’alcool qui allait suivre bientôt faisait office de dessert. Elle n’avait plus qu’à aller se changer, la baby-sitter allait bientôt arriver, et elles pourraient y aller.

Le sujet d’Esras avait toujours été compliqué parce que pendant longtemps tu avais passé ton temps à le détester et à l’insulter de tous les noms. Maintenant qu’il était de retour dans ta vie, tu voulais montrer à quel point vous aviez changés tous les deux et à quel point vous étiez amoureux maintenant. Il avait même accepté de vivre une relation ouverte, plus libre. Et tu étais tellement heureuse. Tu riais à l’interaction entre la mère et son fils, tu les trouvais tellement adorable. « Maurice c’est le vilain petit garçon qui veut tout savoir » dis-tu en posant un doigt sur le nez de ton neveu préféré. Ils étaient tellement adorable tous les deux, tu les considérais vraiment comme des membres de ta famille, au même titre que Judas d’ailleurs. Aïnhoa était comme une soeur pour toi, et c’était aussi le cas dans le sens inverse. Vous finissiez de manger et tu t’étais bien remplie la panse mais en même temps, Aïnhoa faisait de bons petits plats, tu le savais. Et tu te régalais à chaque fois que tu mangeais chez elle. « Le gros chat prendra un gin tonic en dessert quand on sera prête pour aller enflammer la piste de danse » dis-tu en faisant un clin d’oeil à ton amie. « Moi aussi j’veux un gin tonic » dis le petit garçon avec un grand sourire. Tu ne pouvais t’empêcher de rire accompagnée de la jeune maman. « Promis, je te ferai ton premier gin tonic quand tu auras l’âge d’en boire, quand tu seras beaucoup plus grand » répondis-tu avec un petit sourire en coin et en lui faisant un clin d’oeil à l’égard de Laël.

hj:

Aino' s'esclaffa quand son amie de toujours compléta sa réponse, à l'attention de son petit garçon. Heureusement, Laël n'était pas du genre à insister pendant des heures quand ses adultes préférés jouaient la carte des "conversations de grands". Il se laissa donc assez vite distraire par autre chose, acceptant que sa mère et sa tatie ne lui dévoileraient rien de plus. « Entendu, gros chat. » rit la jolie brune, alors qu'elle se levait pour aller chercher le dessert de son fils, qui dans son cas, n'avait rien à voir avec de l'alcool. Ce dernier protestait déjà contre cette nouvelle injustice, mais April savait y faire, avec son neveu. Si celui-ci fit mine de bouder quelques secondes, il accepta néanmoins l'offre de la blonde et se réjouit devant la glace à l'eau multicolore que lui apportait Aïnhoa. « Ben oui, transforme mon fils en alcoolo, comme s'il n'avait pas assez avec les gènes de sa mère. » soupira la rappeuse en faisant mine de lever les yeux au ciel, avant de rire avec son amie. Déjà, la sonnette retentissait et Aïnhoa s'empressa d'aller ouvrir à la baby-sitter. « Je me change, et j'suis prête pour le gin to', le dancefloor, tout ça tout ça ! » s'exclama Aïnhoa à l'attention d'April, après avoir chaleureusement salué celle qui allait garder son fils et lui avoir précisé qu'elle pouvait dormir ici. Avec les deux jeunes femmes, Dieu seul savait à quelle heure elles pouvaient terminer leurs folies, et encore. Aïnhoa courut presque dans sa chambre pour troquer son legging et son sweat contre un pantalon taille haute et un crop top échancré. « Je compte sur toi pour me pousser dans les bras du premier inconnu avec du potentiel. J'ai des gens à oublier. » souffla la brune à son amie, avec un clin d’œil, avant d'aller souhaiter bonne nuit à Laël, puis franchir la porte avec April comme des jeunes filles en fleur. Elle eut une pensée pour Judas, qu'elle s'empressa de chasser. Elle se confierait bein assez tôt à son amie sur ses ressentiments.

hj: