we need someone to lean on ∞ ft. tahlia

"Jamais..." Mais quand Lys annonça alors qu'elle préférait renoncer à la maternité, Tahlia répliqua : "On a quand même droit à quelques jokers, ceci dit. Un gros mot par ci, par là." Ce n'était pas l'histoire des gros mots qui intéressait Tahlia mais plutôt le fait que Lys parlait de plus en plus de maternité. Même si c'était sur le ton de l'humour, elle en parlait. Alors qu'avant, elle bataillait à coups de 'jamais de la vie !', la brune semblait changer peu à peu d'avis sur ce sujet-là. Un peu comme Tahlia, à vrai dire, qui, au fur et à mesure qu'elle vieillissait, sentait cette envie naître en elle. Et maintenant, elle était maman, même si cela ne s'était pas déroulé comme prévu. Mais avant que Lys devienne maman, il y en avait bien un qui devait ouvrir les yeux. Oui oui, Tahlia voyait parfaitement Az et Lys vivre ensemble, avoir des enfants et tout le tralala. C'était bien ce qu'elle souhaitait à ses amis. Seulement, Az avait jeté son dévolu sur une autre femme. Tahlia haussa les épaules quand Lys lui affirma que l'italien voulait donner une chance à son couple. "Peut-être. Mais ça n'empêche pas de se voiler la face." Il allait croire un moment en son couple, mais elle savait qu'il avait des sentiments pour Lys et que cela finirait par ressurgir à un moment ou un autre. Lys, quant à elle, semblait plutôt adepte de quelques distractions, comme elle le dit si joliment. "ça sent le potin, ça !" demanda Tahlia, avide de détails. Il fallait la comprendre. Des distractions, elle n'en avait pas eu beaucoup depuis sa dernière soirée avec Ciàran, alors qu'elle était encore enceinte. Elle passait ses journées, ses nuits à ne penser qu'à Thaïs. Elle n'avait pas le loisir, ni l'envie de penser à sa vie de femme. Elle n'était plus qu'une mère. Une mère qui tentait de trouver sa place auprès de Carter, jeune père tout aussi perdu qu'elle. Mais c'était cela qui les poussait à se soutenir, à se serrer les coudes, mettant de côté les rancoeurs de leur histoire qui ne s'était pas terminée de la meilleure façon possible. Mais s'il y avait bien une chose sur laquelle Tahlia ne pouvait revenir, c'était la beauté de Carter avec Thaïs. Elle voyait son regard changer quand il était près de sa fille et c'était magnifique à voir. Elle hocha la tête aux derniers mots de Lys, soufflant doucement, sourire aux lèvres : "Oui, il sera fantastique..." Elle y croyait. Elle croyait en Carter. Elle croyait en son envie de s'en sortir, en cette promesse faite à Tahlia et Thaïs sur l'arrêt de l'alcool. Buvant une gorgée de sa boisson, Tahlia conclut avec une superbe phrase sur les hommes et leur nullité face à eux. La brune esquissa un sourire quand Lys évoqua leur coeur, qui était le plus difficile à obtenir, à garder. "C'est sûr qu'il y a plus de facilité quand ça concerne le corps." commença-t-elle en riant. Disons que Lys et Tahlia avaient eu leur lot de conquêtes, on pouvait donc dire qu'elles maîtrisaient bien mieux ce côté-là. "Mais dès qu'il y a les sentiments, j'ai l'impression que tout part en cacahuète. Je crois que le jour où je trouverai la solution, je serai vieille et sourde comme un pot." ajouta-t-elle en riant. "Mais on garde espoir, non ?" Elles n'avaient plus que cela, de toute manière : l'espoir.

Tahlia et moi plaisantâmes sur le fait que, en tant que mère, elle n’avait désormais plus droit à un certain vocabulaire, à l’exception de quelques jokers qu’elle s’accordait. Je n’étais pas experte en la matière, ma propre mère ne m’ayant jamais rien accordé d’autre que le silence. La petite Thaïs était venue complètement chambouler la vie de mon amie, pourtant, même si l’évènement était récent et en partie inattendu, ou du moins, pas prévu à la base, Tahlia incarnait parfaitement son nouveau rôle, avec tout ce que cela impliquait, les joies comme les peines. Ce fut d’ailleurs plus ou moins le sujet de la conversation qui suivit, les joies et les peines, les miennes en l’occurence, toutes liées indubitablement à Azriel. Si mon meilleur ami m’avait gratifiée, le plus souvent, de moments de joies, voire de pures allégresses, je devais reconnaitre qu’aujourd’hui, c’était la peine qui faisait pencher la balance de son côté, même si j’essayai au mieux de le masquer. Tahlia était de ses amies qui savait voir au travers les filtres et lire entre les lignes.
— Je ne sais pas s’il se voile la face, avouai-je, il croit à cette histoire et se donne les moyens pour que ça fonctionne. Quitte à faire des sacrifices.
Ces sacrifices, j’en payais le prix moi aussi et au fond, j’étais prête à les encaisser, du moins je le croyais, pour le bonheur d’Azriel. De tous les hommes de mon entourage, pourtant, je n’aurais jamais cru qu’Az serait un casse-tête, qu’il me ferait autant remuer les meninges, et aller chercher de vieille peur enfouies depuis longtemps. Depuis que nous nous connaissions, au contraire, tout semblait simple et naturel, sans prise de tête. J’étais bien forcée de reconnaitre que ce n’était plus tout à fait le cas aujourd’hui. Je connaissais, en comparaison, peu de chose de l’histoire que partageait Tahlia avec Carter, le père de son enfant, mais je savais aussi qu’elle venait avec des hauts et des bas, aussi étais-je rassurée d’entendre mon amie me dire que son ex faisait un papa parfait pour la petite Thaïs.
— Je suis heureuse de l’entendre, c’est une sacrée chance quand on part dans la vie avec deux parents merveilleux à nos côtés.
Et je savais de quoi je parlais. Même si, pour n’avoir grandit qu’avec mon père, j’estimais m’en être plutôt bien tirée. Malgré tout, et loin de moi l’idée de faire de psychologie de comptoir mais je n’avais jusqu’alors jamais réussi à construire quelque chose de sérieux en amour. Etait-ce lié au manque que j’avais éprouvé, enfant ? Peut-être.
— Ouais, les sentiments, c’est compliqué, mais…t’as raison, vaut mieux garder espoir !

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