Today, we become a family (Carlia)

14 février 2020, en milieu d'après-midi. Après avoir envoyé le dernier message, Tahlia reposa son téléphone sur la table à ses côtés et se laissa retomber sur le lit, inspirant, expirant fortement pour tenter de s'apaiser. Elle avait perdu les eaux en fin de matinée. Puis, c'était les contractions qui avaient pris la suite. Comme elle était déjà à l'hôpital, depuis quelques jours, pour menace d'accouchement prématuré, l'équipe avait rapidement pris en charge Tahlia. Après avoir posé le monitoring sur le ventre afin de vérifier l'intervalle entre les contractions et surveiller le rythme cardiaque du bébé, l'infirmière administra également des corticoïdes afin d'accélérer la maturation pulmonaire du bébé. Il n'y avait pas de retour en arrière possible. Sa fille naîtrait d'ici quelques heures. C'était une nouvelle que Tahlia avait du mal à digérer. Elle avait décidément tout foiré, une nouvelle fois. Mais cette fois, elle avait entraîné son bébé dans sa chute. Elle avait été incapable de mener sa grossesse à terme et c'était une vérité qu'elle n'acceptait pas. Quand l'infirmière s'en alla, Tahlia reposa son regard sur son téléphone et lut la réponse de Carter au message qu'elle venait de lui envoyer. Il était en route pour l'hôpital. ça aussi, c'était quelque chose qu'elle craignait. Elle n'avait pas revu Carter depuis qu'elle avait appris ce qu'il s'était passé entre lui et Ally. Et elle appréhendait de le revoir, de ne pas être capable de garder une certaine neutralité face à lui. Elle avait les sentiments en vrac, tout d'abord dégoûtée du fait que son amie avait couché avec son ex. Et elle en voulait terriblement à Carter. Elle ne lui en voulait pas d'avoir eu une aventure avec une autre - même si cela faisait quand même mal - elle lui en voulait d'avoir fait cela sous l'influence de l'alcool, alors qu'ils avaient promis d'arrêter toutes leurs addictions. Tahlia avait réussi, même si elle avait traversé des moments très difficiles pour cela. Mais l'amour qu'elle portait à son bébé avait été plus fort que tout... Quelques dizaines de minutes plus tard, Carter fit son apparition dans la chambre. Le visage tiré par l'anxiété et les yeux cernés, Tahlia tourna la tête vers lui et croisa son regard. "Salut." dit-elle presque timidement. Alors que d'ordinaire, c'était si naturel entre eux, Tahlia eut l'impression à cet instant que tout était surfait. Elle savait que l’abcès allait devoir être crevé, à un moment ou un autre. "Tu es prêt à être un jeune papa ?" dit-elle entre deux bips du monitoring.

14 février 2020.
C'était toujours aussi compliqué avec Tahlia... mais il y avait quand même votre enfant qui était au milieu de cette histoire et c'était pas négligeable. De plus, cette histoire avec Ally n'avait pas arrangé les choses. Comment décrire la situation ? Chaotique. C'est surement le bon mot, oui, chaotique. Et tu t'en voulais, tu t'en mordais les doigts. Parce que Tahlia, tu l'aimais encore et c'était certain. Et tu avais qu'une envie c'était de la retrouver comme avant. Comme cette fois, en randonnée, où tu avais avoué tes sentiments à ton amie et que vous aviez commencé cette relation. Ou comme cette fois où elle t'avait avoué son ancienne relation chaotique. Enfin, tu te raccrochais aux souvenirs que tu pouvais avoir avec elle. Mais tes pensées furent chamboulées lorsque tu recevais un message de la part de l'australienne qui te demandait de te rendre à l'hôpital parce qu'elle avait perdu les eaux. Tu avais confié ton chien à tes colocataires et t'étais parti en quatrième vitesse vers l'hôpital. Tu arrivais en deux temps trois mouvements sur les lieux, et tu te précipitais vers l'accueil pour demander où se situait Mlle Wates. Après quelques secondes de rocher, tu te retrouvais au bon endroit. Essoufflé de ta course, tu reprenais ton souffle en étant au cheveux de la brune. « Salut » dis-tu en reprenant ton souffle. Tu souris timidement. Le monitoring ne cessait de biper et la jeune femme te demanda si tu étais prêt à être papa. Alors tu retrouvais ton sourire. « Evidemment, j'suis prêt » répondis-tu bien heureux de ce moment. Vous aviez attendu ce moment longtemps, mais tu savais qu'après ça allait être compliqué. « Tu es prête à donner la vie ? » demandas-tu à ton tour à la jeune femme, allongée dans son lit d'hôpital. Tu ne pensais pas à l'après, pour l'instant seul le moment présent comptait.

Quand la porte de sa chambre s'ouvrit, Tahlia tourna la tête et posa son regard sur Carter, essoufflé. Il s'était visiblement dépêché de venir à l'hôpital, ce qui fit sourire la brune. S'il savait qu'ils étaient à peine au début du travail et qu'ils allaient en avoir pour des heures et des heures, peut-être aurait-il pris plus de temps. Mais cela rassurait Tahlia de l'avoir déjà à ses côtés. Cela montrait à quel point il était impatient d'accueillir leur fille. Et pour l'ex-policière, c'était plus sereine qu'elle allait affronter les contractions et les douleurs de l'accouchement. Malgré tout, la présence de Carter avait toujours quelque chose d'apaisant pour elle. Alors qu'elle lui demanda s'il était prêt à devenir papa, sa réponse, qu'il donna avec le sourire, attendrit la jeune femme. « Tant mieux. » dit-elle, doucement. « ça va te faire un joli cadeau d'anniversaire. » Elle avait bien choisi son jour, si tant est qu'elle naissait aujourd'hui. Mais quand il lui retourna la question, Tahlia resta muette un instant, avant de secouer la tête : « Non. » Bien sûr que non, elle n'était pas prête. « J'ai peur de mal faire. J'ai à peine commencé les cours de préparation à l'accouchement. » On sentait la maniaque du contrôle, celle qui voulait bien faire les choses, même si au fond, l'accouchement ne s'expliquait pas au travers de cours. C'était un acte naturel, que le corps allait gérer d'une main de maître. Alors que sa main caressait son ventre, sur lequel elle avait planté son regard, Tahlia ajouta : « Elle arrive deux mois trop tôt. Elle aussi, elle n'est pas prête. » Et c'était là que résidait toute son angoisse. Tahlia releva la tête vers Carter, les yeux embués. « Ecoute, je ne veux pas parler de l'autre conne, Carter. » Elle parlait d'Ally, évidemment. L'appellation était peut-être violente, mais Tahlia avait encore la rancoeur bien présente. « Mais je n'ai pas envie d'être en froid avec toi. Notre fille va avoir besoin de notre présence, de notre énergie et de notre force. Elle va avoir besoin de nous deux, en pleine forme. » Elle parlait évidemment de leurs travers, de leurs addictions. De cet alcool qui rythmait la vie de Carter. « On va devenir parents, on n'a plus le droit de faire des conneries. » Ce n'était pas un reproche ou une attaque dissimulée. Mais il fallait remettre les choses à plat. Se bousculer pour mieux avancer. « J'ai besoin de compter sur toi, comme toi tu peux compter sur moi. Je crois qu'on peut le faire pour Thaïs, non ? »

Tu n'avais pas cherché midi à quatorze heure lorsque tu avais reçu un message de Tahlia qui te disait qu'elle allait accouché. Et tu t'étais empressé de rejoindre l'hôpital le plus vite possible. Ca se voyait à ta dégaine, totalement essoufflé et tout rouge parce que tu avais couru dans le parking et dans les couloirs de l'hôpital. En voyant ta tête, Tahlia sourit et ça te faisait à ton tour sourire. Tu n'étais pas prêt à devenir père, mais tu te devais de l'être alors tu ferais tout pour. Et cette petite t'apporterai tout le bonheur du monde, tu en étais convaincu. « C'est vrai que c'est une drôle de coincidence » répondis-tu en riant légèrement. Ton anniversaire était aujourd'hui, tu passais tout juste le cap de la trentaine et en plus de ça, ta fille allait peut-être naître le même jour que toi, c'est fou le hasard. L'australienne n'était pas prête à donner la vie, loin de là, mais tu ferais tout ton possible pour l'aider et pour ne pas la laisser gérer ça seule. Même si tu ne pouvais pas faire grand chose, vu que c'est pas toi qui allait devoir accoucher d'un bébé. « Ca ira, j'suis là si t'as besoin de quoi que ce soit, et j'te laisserai pas toute seule » dis-tu en souriant. C'était peut-être pas la meilleure des façons de rassurer quelqu'un mais tu faisais de ton mieux, toi aussi étant troublé par cet instant que tu n'avais jamais vécu auparavant. « Ca sera une battante, comme nous. Et elle s'en sortira, j'en suis sûr » finis-tu par dire pour rassurer l'ex policière comme tu pouvais. Oui, ca serait une prématurée, mais tu es convaincu qu'elle sera plus forte que vous. Puis, Tahlia se mit à parler du sujet fâcheux qui avait engrangé votre dernière dispute. Ally. Tu regrettais amèrement cette histoire et tu t'en voulais autant qu'elle t'en voulait. Tu acquiesçais à ses paroles d'un geste de la tête. « Je veux pas être en froid avec toi non plus, surtout dans ce moment là. Je ne te dirais pas d'oublier mais juste de laisser de côté, la pauvre petite n'a rien à voir là dedans » avouas-tu en fixant la brune dans les yeux. Cet enfant allait avoir besoin de vous deux, sobre. Et tu sais qu'avec Thais près de toi, tu combattrais tous tes démons. Et tu étais prêt à le faire, pour elle. « Plus de conneries. Et oui, tu peux compter sur moi. Alors on sera des bons parents et on sera là pour elle. Comme on sera là l'un pour l'autre » rétorquas-tu en attrapant la main de la jeune maman.

Avec son visage rouge écarlate et son souffle coupé, elle allait laisser quelques minutes de répit à Carter. C'était rassurant de le voir agir ainsi – et même mignon – même si au fond, elle se doutait bien qu'il était tout aussi perturbé qu'elle. Elle savait qu'il essayait d'être un roc, mais à l'intérieur, il devait angoisser. On ne pouvait pas être prêt à être parent avant de tenir son bébé contre soi. C'était naturel. Elle hocha la tête quand il parla de coïncidence concernant ce jour d'anniversaire qu'ils allaient peut-être partager. Ce serait beau, même. Quand il lui retourna la question et qu'elle évoqua ses craintes, Carter se montra présent, tentant de lui montrer qu'il était là, qu'il n'allait pas la laisser seule. Même si c'était elle qui allait faire la grosse partie du boulot, la place du père était capitale. Elle allait prendre sa force, s'appuyer sur lui, sur ses mots réconfortants afin de donner la vie à la chair de leur chair. Elle lui rendit son sourire avant de rétorquer : « J'espère que tu t'es préparé au fait que je vais te broyer les doigts. Et … si je viens à t'insulter, sache que ce n'est pas voulu. » Elle se mit à rire, le regardant malicieusement. Elle en avait vu des reportages sur l'accouchement et souvent, le père en prenait plein la figure. Mais dans leur cas, ils allaient devoir se serrer encore plus les coudes, car c'était une prématurée qu'ils allaient accueillir. Elle hocha la tête quand il dit que la petite était une battante. « Je l'espère... Si... s'il arrivait quoique ce soit, je ne suis pas certaine de pouvoir m'en relever. » Il fallait le dire plutôt que de garder ses craintes. Il ne fallait pas se voiler la face. C'était un risque qu'il fallait prendre en considération. Le gynécologue lui avait fait tant de discours sur les risques de la prématurité. C'était son boulot, certes, mais pour une maman, c'était difficile d'entendre cela. Alors, afin de mettre toutes les bonnes ondes de leur côté et pour arrêter de faire comme si tout allait bien, Tahlia évoqua Ally. C'était le meilleur moment pour en parler, pour mettre les choses à plat avant qu'ils ne soient dans le tourbillon de l'accouchement, de la naissance et que leurs esprits soient rivés sur leur bébé. Elle soutint le regard de Carter en le laissant s'exprimer, hochant doucement la tête. « J'ai envie d'oublier. » avoua-t-elle, baissant le regard. « Si tu savais à quel point elle était fière de l'annoncer, à quel point ça fait mal. Ce n'est même pas à toi que j'en veux le plus. C'est à elle que j'en veux. Je lui en veux de t'avoir utilisé, je lui en veux d'être aussi mauvaise. » Elle avait tout emporté Ally. Elle avait brisé le peu de confiance que Tahlia avait en elle. Elle avait brisé l'espoir que Tahlia portait en Carter, en ce pacte qu'ils avaient scellé. Mais s'il y avait une chose qu'elle n'avait pas pu détruire, c'était les quelques briques qui restaient de la relation entre Tahlia et Carter et qui s'illustraient par cet enfant qu'ils avaient créé. Cet enfant qui allait avoir besoin d'eux. Quand il lui assura qu'il n'y aurait plus de conneries, elle avait envie de le croire. « Plus d'alcool ? » osa-t-elle demander. Alors qu'il attrapa sa main, elle releva le regard vers lui et hocha la tête. Ils allaient être là pour Thaïs. Ils seraient là l'un pour l'autre. Malgré tout ce qu'il se passait, il y avait toujours ce lien qui les liait. Elle entraîna la main de Carter qu'elle posa sur son ventre, afin qu'il puisse sentir Thaïs qui faisait la fête. Pour qu'il profite de ces moments uniques. Et comme il fallait tout dire, elle murmura : « Je suis désolée de t'avoir éloigné de tout ça, ces dernières semaines. » Elle avait fait cavalier seul durant sa grossesse, l'éloignant quand elle avait eu ses problèmes à l'hôpital, l'éloignant de ce bébé qui grandissait doucement. Elle ne pensait pas que sa grossesse serait si courte, mais cela ne l'excusait pas pour autant. « J'aurais tellement aimé que tout se passe correctement, que l'on vive une grossesse normale, à deux. »

C'était surement le jour le plus stressant de ta vie qui allait arriver. Mais tu allais surmonter ça comme un chef. Et puis, tu te devais de le faire, ne serait-ce que pour Tahlia ou pour la future Thaïs Hamilton-Wates. Tu ne savais pas trop comment les choses allaient de dérouler, ni même comment tu devais te comporter ou ce que tu devais faire. Mais tu essayerais de faire de ton mieux. Parce que tu ne raterais ce jour pour rien au monde. « Je suis prêt à tout entendre et à tout subir, t'en fais pas » dis-tu avec un léger rire. Tu ferais tout ton possible pour qu'elle se sente entourée et surtout pour que l'accouchement se passe dans les meilleurs conditions possibles. La petite allait bientôt pointer le bout de son nez, mais vous aviez encore le temps pour quelques discussions, et c'était pas plus mal parce que ça te permettait aussi de dé-stresser. « Tu y arriveras, Tahl' ! Je sais que tu peux le faire, alors ne penses pas au pire, veux-tu ? » dis-tu avec un sourire réconfortant. Même s'il y avait eu de l'électricité dans l'air ces derniers temps entre vous, tu ne voulais pas que ces soucis viennent gâcher ce moment incroyable que vous alliez vivre tous les deux. Il en était hors de question. Vous n'aviez qu'une chose sur laquelle vous deviez vous concentrer, c'était l'arrivée prématurée de cet enfant qui allait bouleversé vos vies. Tu fis étonné lorsqu'elle t'affirma vouloir oublier ce qu'il s'était passé il y a quelques semaines avec Ally. Mais toi aussi tu voulais oublier. Tu n'avais plus envie de ressasser le passé. « Je veux oublier, moi aussi » dis-tu brièvement. « Je... j'suis désolé... j'aurais jamais du faire ça, encore moins avec elle. Et je suis désolé aussi que tu l'es appris de cette façon. C'était pas le but, de te faire mal... » avouas-tu en baissant les yeux à ton tour. Cette aventure avec la rousse, tu préférais l'oublier plutôt que de ressasser le passé et d'y penser encore et encore. T'avais merdé ce soir là, totalement. Tu t'étais obstiné à rester dans l'ombre de toi-même, te disant que tu n'étais qu'un moins que rien prêt à tout pour oublier tes soucis. « Plus d'alcool » dis-tu en relevant les yeux vers elle, comme pour sceller un pacte. Tu avais attrapé sa main et ça t'avait fait un bien fou. Même si vous n'étiez plus ensemble maintenant, ton amour pour elle était toujours présent et il serait difficile à cacher mais tu le ferais. L'australienne posa ta main sur son ventre et tu sentais que le bébé était entrain de s'agiter comme pas possible dans son ventre et ça t'écorchait un rire. Elle sera une battante, tu le sens déjà alors qu'elle n'est même pas encore là. Elle s'excusait encore une fois, de t'avoir laissé pour compte lors de sa grossesse et tu la rassuras d'un sourire au coin de tes lèvres. « On a eu des hauts et des bas, ça arrive. Je ne t'en veux pas, Tahlia. Je veux juste que tu saches que si tu as un problème que ce soit avec la petite ou sans elle, je serai toujours là pour vous. Ok ? » dis-tu à la brune avant de poser un délicat baiser sur son front, comme pour la rassurer.

L'un et l'autre gardaient la tête haute, mais chacun était complètement perdu, fonçant vers cet inconnu qui allait changer leurs vies. Aujourd'hui, ils n'étaient que Carter et Tahlia, deux amoureux dont la belle histoire s'était douloureusement terminée. Demain - ou tard dans la soirée, ils seront Carter et Tahlia, jeunes parents d'une petite fille. Et ils préféraient le prendre avec légèreté, Tahlia le taquinant avec les insultes et la main broyée qui, visiblement, n'effrayaient pas Carter. "Quel homme !" lui dit-elle avec malice. Mais très vite, la peur de la prématurité et des conséquences qui en découlaient firent disparaître le sourire de Tahlia. Même les mots de Carter n'arrivaient pas à apaiser sa crainte et sa culpabilité. "C'est dur de ne pas penser au pire quand les médecins rabâchent sans cesse les risques encourus par la petite." Carter n'avait pas entendu tout cela, parce qu'elle l'avait écarté de sa grossesse. Tout ça à cause d'une femme, d'une garce. D'ailleurs, la conversation vira dangereusement vers ce sujet. Et même si Tahlia était pleine de rancoeur, qu'elle était en colère et qu'elle haïssait Ally, la brune semblait prendre un recul remarquable. Carter sembla étonné par les mots de Tahlia. Sans doute s'attendait-il à ce qu'elle explose ?! Mais au moins, ils avaient le même objectif : oublier cette histoire. Quand Carter s'excusa, Tahlia posa son regard sur lui et secoua la tête : "Ce n'est pas à toi de t'excuser. Tu as le droit de faire ce que tu veux, Carter. C'est ta vie et je sais pertinemment que ce n'était pas dans le but de me faire du mal. Simplement, la prochaine fois, évite de t'approcher de mes amies un peu trop garces..." Elle esquissa un léger sourire afin de dédramatiser la situation, mais il y avait ce pincement au coeur qui subsisterait toujours face à lui. S'il pouvait éviter de s'amouracher de ses amies, ce serait déjà moins douloureux. Mais si Carter ne pouvait pas lui promettre cela, il y avait un autre point sur lequel il pouvait agir, notamment ces addictions qui les avaient blessés, qui les avaient éloignés. Quand il lui promit qu'il n'y aurait plus d'alcool, la jeune femme eut envie de le croire. Elle hocha doucement la tête, affichant un sourire tendre alors qu'elle vint lier ses doigts aux siens. Elle vint poser ensuite leurs mains liées sur son ventre rond, où un mouvement était perceptible. Et comme le moment était propice aux confidences, elle s'excusa de son attitude. Carter fit du grand Carter en la rassurant, ce qui raviva son sourire. "J'ai l'impression qu'il y a eu plus de bas que de hauts." murmura-t-elle. Mais quand il déposa ses lèvres sur son front, pour un baiser délicat, elle ferma les yeux, affichant un léger sourire.   "Je le sais. Tu as toujours été là quand il le fallait." assura-t-elle, avant d'ouvrir de nouveau les yeux et le regarder. "C'est le cas pour toi aussi. Je serai toujours là pour toi, Carter, et ça, ça ne changera jamais. Je serai toujours l'une des personnes les plus proches de toi, qui te connaît le mieux. Alors, si tu veux parler, si tu veux te changer les idées, je serai là. On sera toujours là. Tu le sais, ça ?" Il l'avait peut-être oublié ces derniers mois. Et elle n'avait rien fait pour le lui rappeler. Mais aujourd'hui, alors qu'ils allaient devenir officiellement une famille, il était bon de lui rappeler les bases. Elle savait presque tout de lui. Elle connaissait son passé, savait comment était son caractère. Et elle voulait sûrement assurer sa place dans son présent et dans son avenir.

Il était temps d'assister l'ancienne policière dans son accouchement, et tu allais enfin rencontrer le petit être qui allait vous rassembler. Tu étais paré à toutes les insultes, tous les coups, toutes les injures de la part de la mère du bébé et tu ne lui en voudrai pas pour ça. Après tout, c'est elle qui allait sortir une petite chose de son corps, alors t'avais pas trop ton mot à dire. Tu ris lorsqu'elle se moquait gentiment de toi. Mais c'était aussi un rire nerveux, de peur de ce moment qui allait arriver. Mais tu essayais de rester positif dans cette situation, de ne pas penser au pire. Tu resserrais la main de l'australienne dans la tienne en la gratifiant d'un sourire bienveillant. « Je sais, et je comprends. Mais il ne faut pas y penser. Tout va bien se passer, j'en suis convaincu » dis-tu à la brune avec ce sourire sur tes lèvres. Tu n'allais pas la laisser broyer du noir alors qu'elle allait rencontrer la personne qui changerai surement sa vie à jamais. Vous commenciez à vous excuser mutuellement, par rapport à ces histoires qui vous avez blessé l'un et l'autre. Mais tu étais étonné de la réaction de Tahlia, parce que tu pensais qu'elle te giflerai, qu'elle t'insulterai ou qu'elle ne t'adresserai plus jamais la parole. Eh non, elle voulait oublier ce passage qui vous avez fait vous engueuler il y a quelques semaines. « Si, j'm'en veux d'avoir fait ça parce que je m'en veux de t'avoir blessé et c'était pas mon intention. J'ai un peu dépassé les bornes et c'est pour ça que j'm'excuse » avouas-tu en baissant les yeux, un peu honteux. « Promis, j'éviterai les garces » dis-tu en relevant les yeux vers la jeune femme, un sourire en coin. De toute façon, à tes yeux il n'y avait qu'une personne qui comptait, une seule femme qui t'avait redonné le sourire que tu avais perdu depuis longtemps et c'était elle, Tahlia Wates. Jamais tu ne te verrai sans elle, même si votre futur amoureux était dorénavant compromis. Si tu pouvais faire quoi que ce soit pour te remettre avec elle, tu le ferai sans hésitation. Elle était devenu si importante à tes yeux, que tu ne t'imaginai pas un futur sans elle. Encore moins avec un bébé qui venait d'elle. « On a vécu de beaux moments, moi c'est ça que je garde en tête » avouas-tu à la brune en détachant tes lèvres de son front. Tu essayais d'oublier les mauvais moments que vous aviez passé, parce que tu ne voulais pas garder un souvenir négatif de cette belle relation. Ses mots te donnèrent du baume au coeur, parce que tu pensais exactement la même chose à son égard. « Oui, je le sais, et je te remercie pour ça. Mais c'est réciproque, ne l'oublie pas » ajoutas-tu en te répétant. Mais tu voulais qu'elle le comprenne, que jamais tu ne l'abandonnerai et jamais tu ne la laisserai sur le côté dans ta vie.

Tout va bien se passer. Elle avait envie d'y croire. Elle avait tellement envie d'y croire. Avec les parents qu'elle avait, leur bébé ne pouvait qu'être fort. Elle avait de la graine de battante, Thaïs. Mais pour la future maman, c'était horrible de se dire que son enfant, la chair de sa chair allait peut-être mener un combat intense pour s'en sortir. Heureusement, Carter était positif pour eux deux, même si Tahlia se doutait qu'il était tout aussi nerveux. Mais ils seraient ensemble, quoiqu'il advenait. D'ailleurs, afin de se serrer davantage les coudes, ils mirent les choses à plat, notamment sur le sujet Ally. Quelques jours auparavant, Tahlia aurait sûrement explosé en parlant de cela. Mais aujourd'hui, alors qu'elle allait donner prématurément la vie, elle avait du recul. Elle avait besoin de Carter, elle avait besoin de celui qui était son plus proche ami, celui avec qui elle allait avoir un enfant. Elle ne pouvait lui en vouloir indéfiniment, surtout en sachant qu'elle n'avait pas été blanche comme neige, elle aussi. Pourtant, Carter s'excusa de nouveau, s'en voulant de lui avoir fait de la peine. "Allez, oublions tout ça..." finit-elle par murmurer en posant ses yeux verts sur lui. Elle parvint même à esquisser un léger sourire quand il lui promit qu'il éviterait désormais les garces. "T'as intérêt." dit-elle en tentant d'être un peu malicieuse. Et elle y veillerait, tant elle voulait qu'il soit heureux. Des hommes comme Carter, on n'en croisait qu'une fois dans sa vie et Tahlia était heureuse d'avoir été mise sur son chemin. Au fond, c'était ce qu'il fallait retenir. C'était tous ces bons moments passés ensemble. "Tu as raison." dit-elle, d'abord. "Et puis, ce n'est pas fini. On vivra sûrement d'autres bons moments." Avec leur fille, notamment. C'était évident que Tahlia ne disparaîtrait pas de la vie du jeune britannique. Même s'ils avaient été en froid, même s'ils s'étaient faits mutuellement du mal, il suffisait d'un appel, d'un mot de l'un pour que l'autre rapplique aussitôt. Rien ne pourrait lutter contre cela. Et ce fut ce qu'elle avoua à demi-mots en lui rappelant qu'elle était là pour lui, qu'elle le serait toujours. Et visiblement, c'était réciproque. "Je ne l'oublie pas." dit-elle en souriant. Un sourire qui disparut toutefois quand une contraction se fit ressentir, plus forte que les précédentes et qui la poussa à fermer les yeux, se concentrant sur sa respiration pour maîtriser la douleur. Quand la contraction passa, elle ouvrit de nouveau les yeux et tenta un trait d'humour : "Rappelle-moi de ne plus jamais tomber enceinte." Bon, au fond, elle avait quand même bien aimé voir son ventre s'arrondir. Puis avec douceur, elle enchaîna : "Tu sais, tu devrais aller boire un café ou manger un bout. Je sens qu'on va en avoir pour un moment..."

Elle n'avait pas menti, Tahlia. Ce ne fut que tard dans la nuit, ce 15 février, qu'elle fut menée en salle d'accouchement. Tous les signaux étaient au vert et la péridurale avait été posée. Leur bébé n'allait pas tarder à pointer son nez. Sous les ordres du médecin, Tahlia commença à pousser, pendant de longues minutes, s'épuisant de secondes en secondes. Les nerfs à fleur de peau, une larme finit par couler le long de sa joue. Elle prit la main de Carter dans la sienne, lui demandant : "Ne me lâche pas, s'il te plaît." La chaleur de la main de Carter, ses encouragements lui redonnèrent l'énergie nécessaire. Elle rassembla les forces qui lui restèrent pour pousser, pousser et encore pousser - broyant au passage les doigts de Carter ! Et enfin, elle donna la vie. La petite Thaïs pointa son nez, après de longues heures de travail, d'épuisement, mettant ainsi à une grossesse mouvementée. Mais ce fut dans un silence extrême qu'elle arriva sur Terre. Pas un cri, pas un pleur. "Elle ne respire pas... Carter, elle ne respire pas !" Ce fut Tahlia qui lâcha cette terrible sentence. L'équipe médicale s'affola et s'empressa d'amener le bébé, après avoir coupé le cordon ombilical. Ils avaient à peine eu le temps de la voir. "Suis-la, s'il te plaît..." supplia-t-elle, à l'encontre de Carter, les larmes coulant de plus belle. Si elle le pouvait, elle se jetterait pour suivre sa fille, mais elle était clouée à ce lit. Totalement impuissante.

Cet enfant sera tellement choyé une fois qu’il aura vu le monde. Entre Tahlia et toi, la petite fille, qui allait pointer le bout de son nez, deviendrai une battante et une héroïne. Tu en étais convaincu ! Tu avais fais régner dans la pièce cette once de positivité pour prouver à la future maman que tout se passerait bien et qu’il n’y aurait aucuns problèmes. Et quand bien même il y en aurait, tu l’aiderai comme tu pourrais. Vous aviez mis carte sur table, prêt à vous pardonner vos écarts de conduite. Enfin surtout le tien, avec Ally. Tu hochais la tête lorsqu’elle te demanda d’oublier ça. Ca te faisait du bien de voir qu’elle ne t’en voulait plus autant que lorsqu’elle avait apprit ton écart avec son amie. Puis tu ris légèrement à sa réponse lorsque tu lui avouas éviter les garces. « Je présenterai jamais une garce à notre fille, t’en fais pas » dis-tu dans un ton de légèreté. Cette phrase marquait aussi la fin de votre relation avec l’ancienne policière. Bien que tu n’en ai pas envie, tu sentais que la fin était proche et qu’il n’y aurait pas de retour arrière. Mais tu te donnerai corps et âmes pour lui prouver ton amour pour elle, celui qui est encore enfoui dans ton coeur et qui ne cesse de le faire battre. « On vivra de beaux moments à trois, maintenant » dis-tu à la jeune femme en lui offrant un regard bienveillant. C’était avec une grande hâte que tu attendais ces moments en famille avec votre petite princesse qui était sur le point de pointer le bout de son nez. Repartir sur de bonnes bases avec Tahlia te faisait le plus grand bien du monde. Il n’y avait pas de meilleurs sentiments que celui que tu avais en ce moment. L’ancienne policière te confia qu’elle serait toujours là pour t’aider, n’importe quel problème que tu avais. Et tu lui renvoyais l’ascenseur en lui disant que tu ferai la même chose pour elle. Tu lui envoyais un large sourire. Elle sentit une première contraction et elle sera ta main assez fort en se crispant légèrement. « Je tâcherais de m’en souvenir » dis-tu en riant légèrement après qu’elle t’ait demandé de faire attention à ce qu’elle ne tombe plus enceinte. Puis, la jeune femme t’avoua que ça prendrait surement du temps avant qu’elle ne donne naissance enfin à votre fille et que tu pouvais prendre du temps pour toi. « Je vais manger alors, parce que j’ai rien avalé de la journée » dis-tu en embrassant son front avant de sortir de la pièce.

Tahlia avait eu raison, c’était dans la nuit que l’on t’avait réveillé pour te dire que l’accouchement allait arrivé dans les plus brefs délais. Tu étais toujours à l’hôpital, dans une chambre où tu avais pu te reposer un peu. Tu avais accouru vers la sienne, prêt à l’aider dans cette épreuve. Tu étais près d’elle, pour ce moment qui allait changer vos vies. Tahlia commença à pousser, tu lui tenais fermement la main. « Promis, j’te lâcherai pas » dis-tu en souriant pour la réconforter. Après un certain temps d’effort pour la future mère de ton enfant, voilà le bébé qui pointait le bout de son nez. Mais c’était anormal, ce moment n’était pas comme celui que tu imaginais. Il y avait un silence de mort qui planait dans la salle d’accouchement. Et soudain, Tahlia te sortait de tes pensées en coupant ce silence. « T’inquiète pas, ça va aller » répondis-tu alors que tu étais tout aussi paniqué qu’elle. Un bébé devrait crier en sortant du ventre de sa mère, et c’était pas le cas aujourd’hui. Tout le personnel médical était entrain de s’affoler alors qu’elle venait à peine de sortir. « T’es sûre ? J’veux pas te laisser toute seule et… » dis-tu en laissant un vide, ne terminant pas ta phrase. Tu embrassais le front de la brune pour suivre les infirmières avec le bébé dans les bras, et elles l’emmenèrent dans une autre salle d’opération. Une fois séparé de Tahlia, les larmes te montèrent aux yeux, sans savoir ce qu’il se passait et sans savoir ce qui allait arriver. Tu étais affolé, tu voulais qu’on te parle, qu’on t’explique. « Qu’est-ce qu’il se passe ? » hurlas-tu dans la salle alors que personne ne parlait. Tu avais besoin de réponse, tu avais besoin qu’on te rassure. Un médecin te sortait de la pièce parce que tu devenais totalement incontrôlable à l’idée que ta fille ne respire pas.

Je présenterai jamais une garce à notre fille... Tahlia hocha doucement la tête, un sourire sur les lèvres. Elle ne répondit rien, parce que malgré tout, c'était étrange d'entendre de telles paroles. ça sous-entendait qu'ils tournaient la page et ça faisait quelque chose, ça causait un petit pincement. Parce que Carter, elle l'avait aimé, elle l'aimait et l'aimerait toujours. Et elle voulait son bonheur, tout simplement. Elle savait pertinemment qu'elle ne laisserait aucune garce entrer dans la vie de Carter, mais Tahlia devait aussi apprendre à laisser sa place. Et c'était compliqué, encore plus dans un tel moment où ils allaient devenir une famille, où ils seraient liés à tout jamais au travers de cette petite fille qui allait arriver dans leur monde. Elle posa un regard ému sur lui quand il affirma qu'ils vivraient désormais de beaux moments à trois. "Ma jolie petite famille..." souffla-t-elle, avec émotion. Oui, elle allait avoir une belle famille et c'était une sensation si réconfortante. Elle allait mettre au monde un être qui l'aimerait et qu'elle aimerait de tout son coeur. Elle allait vivre pour quelqu'un, et c'était comme si Tahlia renaissait de ses cendres, tel le phénix qu'elle avait tatoué sur son avant-bras. C'était beau, c'était pur, et elle était heureuse de le vivre avec le jeune anglais. Enfin, avant tout cela, il fallait passer par l'accouchement, par les contractions qui commençaient à se faire plus fortes, au point qu'elle agrippa la main de Carter quand elle en ressentit une première. Bien sûr, ce fut avec humour qu'elle réagit en demandant à Carter de lui rappeler ces moments pour lui retirer l'envie d'avoir un autre enfant. "Je savais que je pouvais compter sur toi." répondit-elle en riant, avant de le laisser s'échapper pour qu'il aille manger quelque chose. "Mange un muffin au chocolat pour moi." lâcha-t-elle, amusée, avant de le voir sortir de la pièce.

Quelques heures plus tard, elle vit Carter revenir vers elle, les cheveux décoiffés, le regard endormi, le jeune homme ayant eu l'occasion de se reposer avant que le bébé ne pointe son nez. Tahlia, elle, était dans tous ses états, épuisée par les heures de contractions, effrayée par l'inconnu de l'accouchement. Mais la main de Carter dans la sienne, ses mots réconfortants eurent un effet indéniable sur la brune, qui rassembla ses dernières forces pour donner vie. Mais quand l'enfant tant attendu arriva, le silence envahit la pièce. ça n'allait pas... Il y avait un problème, ne cessait de répéter Tahlia. Et alors que l'équipe médicale amena Thaïs dans une pièce voisine, Tahlia supplia Carter de la suivre. "Oui, file..." insista-t-elle. Ce n'était pas elle qui comptait, à cet instant, mais leur fille. Et alors qu'il quitta la pièce, les larmes coulèrent de plus belle sur les joues de Tahlia, qui enchaîna sur une crise d'angoisse bien vite prise en charge par la sage-femme qui l'accompagnait. Elle avait souffert, Tahlia, dans sa vie, mais une douleur comme celle-ci, elle n'en avait jamais vécu. C'était comme si on lui arrachait le coeur, comme si une partie d'elle s'était détachée brusquement. Elle se sentait impuissante et excessivement vulnérable. Et les minutes sans Carter renforçaient sans cesse cette sensation...

Carter, d'ailleurs, qui était tout aussi mis de côté, dans la pièce attenante. Alors que les médecins s'attelaient à prendre soin de ce bébé, l'un d'entre eux se dirigea vers le jeune papa pour l'éloigner. L'équipe avait besoin de tout le calme nécessaire et sans doute ne voulaient-ils pas que le papa garde de telles images de cet enfant qui ne se remettait pas de sa venue sur Terre. "Monsieur, je vais vous demander de rester là. Toute l'équipe est autour de votre fille, soyez en assuré." Il regarda le jeune papa avant d'ajouter ces quelques mots : "Malheureusement, nous devons mettre le bébé sous respirateur. Ses poumons ne sont pas encore assez matures pour qu'elle respire seule." Le contrecoup d'une venue bien trop tôt. "Vous devriez rejoindre votre compagne. Nous revenons vers vous dès que la situation sera stable. Vous pourrez ainsi voir votre enfant..." avait-il dit avec bienveillance. Et pendant ce temps-là, Tahlia, à qui on venait d'administrer un calmant, tentait d'essuyer ses larmes, les yeux rivés sur cette porte où elle espérait voir Carter arriver avec Thaïs.

Il était hors de question que tu présentes quelqu'un à ta fille qui n'était pas bien. Enfin, tu n'avais pas envie de penser à ça. Surtout que tu te voyais déjà passer ta vie en tant que père célibataire à choyer ta fille jusqu'à ce qu'elle soit assez grande pour le faire toute seule. Même si tu sera toujours un papa poule. Mais avec des si, on peut en faire plein des choses. Alors ne mettons pas la charrue avant les boeufs et laissons le temps faire les choses. Lorsque Tahlia dit les simples mots : ma jolie petite famille, tu souris tristement. Pourquoi tristement ? Parce que certes vous étiez une famille, mais plus aussi unie qu'avant. Et tu aimerais que ça redevienne comme avant, avec la petite fille en plus près de vous. Lorsque l'australienne avait sa première contraction, tu sentais sa main te serrait encore plus. Et tu étais inquiet. Mais tout semblait être normal. T'étais tellement désemparé, c'était dans l'inconnu que tu fonçais et ça te foutait la trouille. Mais pour Tahlia, tu avais la tête haute et tu serais là quoi qu'il arrive. Lorsqu'on te dit qu'il y en avait encore pour un petit moment et que tu devais te reposer avant l'accouchement, tu prenais ce temps avec plaisir. « J't'en prends un pour après » dis-tu en lui faisant un clin d'oeil. Tu embrassais son front avant de sortir de la chambre et de te diriger vers la cafétéria.

Après cette petite pause bien méritée, on venait te chercher pour t'annoncer que c'était l'heure. Ta petite fille allait enfin voir le jour. Alors tu n'avais pas tardé à te diriger vers sa chambre, même si tu étais encore endormi et pas du tout prêt. Il fallait que tu sois là à temps. Tahlia allait commencer le travail lorsque tu entrais dans la pièce, et tu te dirigeais en trombe vers elle. Tu attrapais sa main et voilà que le moment le plus important de ta vie était arrivé. Mais ça ne se passait pas comme prévu. La petite fut vite emmener au bloc opératoire sans que vous ne puissiez la voir. L'air désemparé, tu ne savais pas quoi faire. Rester avec Tahlia ou partir avec Thais ? Les médecins ne t'ont donné que quelques secondes pour réfléchir et c'est l'australienne qui te demanda de partir avec la petite pour voir. Mais avant de finir ta phrase, tu embrassais le front de la jeune maman et tu filais avec ta fille.

Personne ne disait rien, il y avait un silence de mort et tu ne comprenais pas. Tu avais hurlé pour qu'on réponde à tes questions et un médecin vint vers toi pour te laisser devant la porte de la salle. « Mais... dites moi ce qu'il se passe » demandas-tu entre deux sanglots à cet homme qui faisait tout pour te rassurer. Tu étais perdu, tu avais peur et ça se voyait. Jamais on ne t'avait vu dans cet état là, c'était tellement rare. La dernière fois que tu avais pleuré comme ça, c'est quand tu avais vu ton ex-femme mourir devant tes yeux. Il t'expliqua alors qu'ils devaient la mettre sous respirateur. « Un respirateur... ? Quoi mais... » dis-tu sans finir tes phrases. Elles étaient courtes et ne se finissait pas parce que tu ne savais pas quoi dire. Il te conseilla de rejoindre Tahlia dans la salle où tu étais avec elle précédemment, tu hochais la tête pour dire que tu allais faire ça. Et puis le coeur lourd, tu entrais dans la salle, seul, sans votre bébé et les larmes aux yeux. C'était une longue journée qui vous attendait. Tu entrais à reculon dans la pièce parce que tu ne savais pas quoi dire. Mais une fois devant Tahlia, tu attrapais sa main et tu posais ta tête sur un des côtés du lit, perdu.

FIN DU SUJET.