L’au revoir peu attendue |pv Jewel

C'est dur d'être un adulte, plus particulièrement le seul à être censé et sérieux... J'ai beaucoup, beaucoup de mal à supporter la mort de ma mère. J'ai bu, beaucoup bu, pour ne pas dire trop bu... Au point que je me suis retrouvé dans le même lit avec une femme certes très belle, mais que je ne connaissais absolument pas. Et dans le fond, j'aurais préféré... Que se soit une certaine autre personne. Oui bon bref ! La n'est pas la question. Préparer les funérailles était donc difficile. Car chaque chose que je faisais concernant l'enterrement se termine par un lendemain gueule de bois. Heureusement ça ne m'a pas empêcher de tout organiser et de tout préparer. Mais en plus de me coûter de l'argent et du temps, ça m'a coûté des insomnies, des mal de tête et surtout des laissé allé que je me serai normalement jamais permis. 

Le jour J est arrivé, la famille a été prévenue. C'est lors des invitations que je me suis rendue compte qu'il y avait d'autre membre de la famille que ma mère sur Bowen, dont une cousine, Jewel Morgan. Je l'appelai vite fait que pour les occasions, mais ça va faire longtemps que je ne l'ai pas vu. Quelle ironie d’ailleurs de ne pas se voir depuis tout ce temps alors qu'on était exactement dans la même ville. Peu importe, j'étais débordé de travail et je devais payer les soins inutiles de ma mère maintenant morte. Quelle ironie encore et toujours... Toute cette situation n'est qu'une putain de blague. Costar noir, je me regarde dans le miroir et soupir, des cernes, des cernes monstrueuse qui me donne vraiment une mine épouvantable, je soupire. Tant pis, pas le temps pour du maquillage et je suis même prêt à parier qu'un fond de teint ne serai absolument pas suffisant. Mon rythme de vie depuis la mort de ma mère est carrément gravé sur mon visage. 

Malgré tout, je reste droit et prends un air le plus fier possible. Je réponds d'un simple signe de tête aux salutations gardant les mains dans le dos mâchoire serrée. Une fois que tout le monde est arrivé, je reste devant la salle ou se trouve ma mère pour ceux qui voudraient la voir pour la dernière fois. Moi personnellement, j'ai déjà eu ma dose... Et je préfère prendre un air fort et sur de moi pour que chacun a à gérer son chagrin et rien d'autre. L'attente commence à être longue, j’attends encore patiemment en croisant les bras soupirant. Et dire qu'après ça il y a une cérémonie à l'église et ENSUITE seulement l'enterrement... Et ensuite bien entendue encore de la paperasse... 

C'est au moment où je me déconnecte de la réalité et que je profite d'une certaine solitude qu'une voix familière l'en sort aussitôt en m'appelant par mon prénom. Je lui ai fait la bise tel qu'un automate sans même faire l'effort de beaucoup me baisser ne voyant pas que je saluais quelqu'un de beaucoup plus petite que moi. C'est seulement quand elle pose sa main sur mon bras et qu'elle a dit mon prénom que j'ai eu un petit sursaut et regarde mon interlocutrice. C'est ma cousine, Jewel, la fameuse cousine que je n'ai jamais pris le temps de voir depuis mon arrivée à Bowen. Comme quoi la distance ça ne veut absolument rien dire. Un très bref ricanement m'échappe quand elle me pose la question qu'elle juge elle-même comme étant idiote. Si elle sait que sa question est stupide alors... Pourquoi la poser ? Elle doit très certainement attendre quelque chose de moi. Un soutien mutuel sans doute, je me suis pourtant contenté de passer plusieurs soirées à boire de l'alcool à tout-va jusqu'à m'en rendre soûl comme jamais permis. Je n'avais absolument aucune idée de quoi répondre à cette question. Les questionnements jugés comme idiot sont dans cette situation en fin de compte difficile à y répondre. C'est pour ça que je n'y réponds pas et me contente de lui couper l'envie de se préoccuper plus de moi parce que c'était la meilleure chose à faire.

« Ça n'a absolument aucune importance. »

Je lui jette un bref regard et regarde de nouveau la porte où se trouve ma mère pour se recueillir auprès d'elle une dernière fois. Pour ma part, c'était déjà fait. Les réponses des questions jugées stupides ne sont que des pertes de temps et tout ce que je voulais, c'est que cette journée se termine au plus vite. Pour plus rapidement passé à autre chose si mes humeurs le voudrons bien. Ce qui n'a pas du tout l'air d'être gagné. Je montre alors à Jewel la porte.

« Si tu veux la voir pour la dernière fois, c'est là-bas que ça se passe... C'est déjà fait de mon côté. »

Quand je la regarde d'un coin de l'œil je réalise enfin a quel point elle est si petite comparé à moi... Et de nous deux, c'est moi le plus âgée, donc dans ma logique, c'est plutôt à moi de préoccuper d'elle. Même si je réalise très rapidement que c'est une chose que je n'ai jamais faite... Comme quoi... Les personnes qui me traitent de monstre n'ont peut-être pas entièrement tort. Pas une seul fois, je me suis demandé si le reste de la famille allait bien. Je me suis clairement contenté de bosser et payer les soins de ma mère qui n'a en fin de compte par survécu. Je ne sais même plus si j'ai toujours été comme ça ou pas.

« Elle n'a pas souffert, parait-il. Elle s'est juste endormis pour ne plus se réveiller si ça peu te rassurer. »

Bordel je ne sais même pas s'il fallait dire ce genre de choses. Dans tous les cas, vaut mieux pas qu'elle s'occupe de moi.

Bien entendue, elle insiste disant que pour elle ça avait de l'importance par le simple fait qu'il s'agit de l'enterrement de ma mère. Après réflexion de moi-même par ses paroles, est-ce que j'ai vraiment vécu beaucoup de choses avec elle ? Quand j'étais jeune oui, mais quand elle a divorcé de mon père et qu'elle est partie en Australie, je l'ai très peu vu depuis. Entre mes études pour être avocat abandonnant le rêve d'être pianiste. Et aussi ma carrière dans le domaine de la justice qui a monté en flèche au point d'en devenir connu et réputé... Les derniers instants auraient été enfin de compte dans cet hôpital rempli d'idiot qui n'ont pas pu veiller sur elle. Et il y a en fait de forte chance que ma cousine Jewel ait plus vu dans sa vie sa tante que je n'ai vu ma mère. C'était le mieux... Quand on voit sa gentillesse alors que je ne lui fais aucune visite et contenté d'appeler pour les fêtes... Au moins du vivant de ma mère, elle aura été bien entourée. Et ses paroles, concernant d'aller la voir pour la dernière fois, me confortent largement dans cette optique. 

« Je vois... »

Je dérive le sujet sur le fait qu'elle n'a pas souffert. Bien entendue, elle dit que c'est une bonne chose ce qui met un léger blanc entre nous jusqu'à ce qu'elle décide de reprendre la parole. Ne pas l'inviter à l'enterrement ? Elle a perdu la tête ? Mais qu'est-ce que je suis pour qu'elle ait pensé une chose pareille ? Est-ce que c'est dû au fait que je ne suis jamais allé la voir depuis mon arrivée ici ? Je la regarde sourcils haussé.

« Ne sois pas ridicule... C'est ta tante, c'était évident que tu sois convié à son enterrement. »

Je soupire et regarde les autres pleurer, faire leur deuil à leur façon. 

« Et aussi ironique que ça puisse paraître, je pense que tu as même passé plus de temps avec elle que moi. Tout le temps qu'elle était ici avec toi, moi, j'étais en Amérique. J'y faisais ma vie et ma carrière sans vraiment me préoccuper d'elle jusqu'à ce qu'elle tombe malade. »

Rien que de le dire à voix haute me fait former comme une boule dans la gorge... Des regrets ? Du dégoût sur moi-même et mes actions ? Je ne saurais pas le dire sur le coup. Et c'est bien parce que je ne suis pas resté avec elle que mon ressentie à ce moment même n'a pas d'importance. Ça ne sert à rien de s'en préoccuper, car c'est très certainement que de la tristesse et des regrets. Et je doute qu'elle puisse y faire quoi que se soit. 

« Pour le coup, il n'y a plus rien à faire à part m'en prendre qu'à moi-même. D’où le peu d'importance de savoir comment je me sens, là de suite. Personne ne pourra vraiment m'aider ou y faire quelque chose. »

J'avale difficilement ma salive et me mets à regarder l'heure. Vivement que ce moment de l'enterrement se termine vite... Ce genre de journée personne ne sera dans son assiette il fallait donc que ça se termine au plus vite. 

Jamais je me suis imaginé qu'une quelconque personne essayerai de me consoler aux funérailles de ma mère. C’était déjà pour moi un miracle que Bessie ait voulue m'accompagner pour ensuite me soutenir quand j'ai appris la mort de ma mère. Alors qu'une personne avec qui je n'ai pas tant demandé de nouvelle, vienne pour tenter de me consoler... J'ai commencé à trouver ça complètement fou. Je n'ai vu ce genre de compassion ou manie de tout voir en blanc à vouloir aider, ou à être persuadé qu'il y a du bon en tous qu'a Bowen. Cette ville d'Australie pour qui je n'arrive toujours pas a y avoir une place ou quelconque compassion ou bien être. Je suis bien trop habitué aux chacun pour soit que nous avons en Amérique. On réglait nos soucis nous-même, sans jamais compter sur personne, pas même les membres de sa famille. En Amérique on affronte tout seul et personne ne s'en mêle en général. Mais dans cette fichue ville, c'est tout le contraire, la famille veut aider oui certes... Mais même des inconnus s'en mêle à vouloir se la jouer le bienfaiteur comme cette femme à l’hôpital que j'ai copieusement envoyé baladé. 

Ce changement m'a rendue méchant envers mes interlocuteurs non-professionnels... Il m'a aussi donné cette sensation d'être un loup parmi des agneaux. Je ne suis clairement pas à ma place, personne n'était d'accord avec mes pensées. Mes pensées sont pourtant forgées par mon expérience de vie, je m'en sort plutôt bien, même très bien, mais ici tout à l'air de marcher autrement. J'ai cependant naïvement pensé que ces funérailles m’offriront une solitude qui me permettrait de réfléchir si oui ou non, je reste dans cette ville et donner tout son héritage à mon oncle ainsi que ma cousine. Après tout, ils méritaient bien mieux de posséder tous ces biens que moi-même... Mais il en a clairement été autrement et le plus fou dans tout ça, c'est que les mots de ma cousine m'apportaient comme un réconfort auquel je ne m'attendais absolument pas. Ses mots me touchent, et en fixant droit devant moi le vide, je commence à peiner de plus en plus à enfermer mes émotions. Cet air dur et sûr de moi que j'aborde toujours. Cependant entendre de la bouche de Jewel que ma mère savait que je l'aimais à ma façon me rassurait. Un peu comme si un poids commence doucement à se libérer. Savoir qu'elle parlait souvent de moi me fait faire un léger sourire gêner, timide que j'efface le plus vite possible. Je me doutais qu'elle parlait de moi, mais en avoir la confirmation fait toujours du bien. Jewel avait décidément un don pour trouver de bons mots.

Les paroles qui ont suivirent me serre cependant la gorge. Les dents serrées, j'inspire un grand coup dans l'espoir que ça maintiendra encore un moment les ressentis négatif. Combien de souvenir heureux, j'avais avec ma mère au final ? Pas beaucoup, car c'était clairement avant que je finisse par écouter mon père et me lancer dans la carrière d'avocat. Depuis ce jour, je réalise que je ne l'avais pas revu avant qu'elle tombe et j'ai surtout complètement abandonné ce rêve de devenir pianiste. Elle avait tenté de me le rappel dans un funeste espoir que je retente de réaliser ce rêve cette envie que j'ai enterrée profondément dans mes sombres pensés. Par contre rester silencieux et dans ses pensées alors qu'une personne te parlait n'étais pas une chose que je me sentais de faire, il fallait que je lui réponde que je lui dise quelque chose. 

« Tu penses à qui en particulier quand tu dis on et mes proches ? »

J'avale difficilement ma salive réalisant que je me suis toujours considéré comme seul et remet en question de si c'est une bonne chose ou pas.

« Parce que je n'ai jamais vraiment fait en sorte d'être proche de qui que ce soit... Pas même de ma propre famille. Du coup, là de suite, sauf toi qui prend le temps d'essayer de me réconforter ; je ne vois pas. »

C'était une question idiote, idiote, car légèrement guider par mes émotions et envie de laisser sortir cette tristesse que je ne m'autorise pas. C'est à peine si j'ose lui demandé ce que ma mère pouvais bien dire de moi, par crainte que ça me fasse complètement craquer.