here's to drinks in the dark at the end of my road (vega)

Après un retour en Australie assez peu conventionnel, réalisant seulement après son isolement forcé à quel point la situation devenait alarmante, Elmo avait pris le temps de se poser, de réaliser ce qui se passait, et de téléphoner à sa famille restée en Italie pour prendre des nouvelles. Non, lui n’avait rien, et jusqu’à maintenant ses parents, oncles, tantes, cousins, amis, n’avaient rien non plus. Mais comme tout évoluait si vite, le stress s’était un peu emparé de lui. Et de tout le monde, visiblement. Ce retour à Bowen avait déjà son lot d’incertitudes mais à présent, Elmo ne cessait de remettre sa décision en question. Heureusement qu’il avait pris le temps de voir Bellamy et Bella, pour apaiser un peu ses doutes, et maintenant il avait ce besoin de voir Vega. Et de retrouver son lit, avouons-le aussi. La priorité toutefois, c’était honnêtement sa meilleure amie, avec qui il avait évidemment gardé contact pendant les trois derniers mois. Entre Bellamy, Bella et Vega, cette dernière était la seule avec qui il avait continué d’échanger. Il se rendit donc à son ancien – actuel ? – appartement qu’il avait habité avec elle, traîna sa valise jusqu’à la porte tellement souvent ouverte sans frapper qu’il le fit encore aujourd’hui. Comme s’il habitait encore ici, alors qu’il avait pourtant dit à Vega qu’elle pouvait mettre sa chambre en location si elle n’avait pas les moyens de la garder vacante. Après tout, Elmo n’avait pris la décision de revenir à Bowen que depuis deux semaines. « Veg’ ? » Héla-t-il en rentrant, ayant un peu peur de la trouver en pleine partie de jambes en l’air au salon, maintenant qu’elle avait le champ libre. Il la savait capable de positions abracadabrantes et il ne désirait pas la voir à l’œuvre nue. « Livraison expresse d’Italie ! » Lança-t-il joyeusement, retrouvant peu à peu ses couleurs.

Je traînais dans le salon en tentant de trouver quelque chose pour me motiver à travailler. Je pourrais sortir dehors pour aller à la bibliothèque et me poser avec mes bouquins, je serai dans une ambiance positive et studieuse mais je n’ai pas envie de bouger de l’appart. Je sais que je ne fais que repousser ce qui m’attend, je vais bien devoir me mettre au travail à un moment ou à un autre mais la motivation me manque. Je n’ai plus vraiment envie de travailler la journée, bosser mes cours puis aller faire mes heures au Shake Shack pour payer des études qui ne me plaisent pas vraiment. Je finis par m’allonger sur le canapé avec un bouquin et final je commence à m’endormir. Je suis réveillée par la porte qui s’ouvre et quelqu’un qui dit mon nom. Je suis un peu à l’ouest mais j’ouvre les yeux et je reconnais la voix de Mo. Je saute du canapé pour sauter dans ses bras. « Mooooo ! » Je dis, trop heureuse de le voir revenir après tout ce temps. J’ai le sourire aux lèvres après cette journée qui n’a pas été la meilleure du monde. Je savais qu’il allait revenir à Bowen mais je ne savais pas bien quand exactement, même s’il m’a tenu au courant de son périple. Tout le monde revient en ville et ça fait plaisir de retrouver tout ce beau monde, même si je suis encore mitigée sur Bel. En attendant j’attrapais la main de Mo pour l’attirer avec moi sur le canapé. « Alors, dis-moi tout, parce que les sms c’est pas assez pour tout se dire non plus ! » Je lui dis en riant.

Ses petits yeux endormis, sa tête frisée, son sourire qui émerge des vapes. Vega courut sauter dans les bras d’Elmo, qu’elle n’avait pas revu depuis le début des vacances de Noël. Eux qui avaient pris l’habitude de se voir à tous les jours, puisqu’ils habitaient ensemble, ça avait fait un choc. Elmo s’était tellement ennuyée d’elle, et c’est maintenant qu’il l’avait dans ses bras qu’il le réalisait pleinement à quel point. « Aaaaaaah, it’s so good to see youuuu. » Lança-t-il dans une voix plus grave et rauque que d’habitude, se la jouant Hulk pour deux secondes. Sa meilleure amie le prit par la main et l’attira vers le canapé, qui n’avait pas changé d’un poil. Ça faisait du bien de retrouver l’appartement. Si Elmo avait cru que rester en Italie, c’était de rester à la maison, il comprenait ce soir qu’il avait eu tout faux. C’était ici, sa maison. Bien plus que là-bas. Avoir Vega à ses côtés, sur ce canapé usé, c’était la confirmation de tout ça. À la question de son amie, l’italien balança sa tête vers l’arrière en soupirant avec exagération. « Par où commencer … Tu sais déjà à quel point je suis fucking attardé d’avoir fait le coup d’l’aéroport à Bella. En plus après ça, j’restais en Italie comme un con alors qu’au fond, j’savais bien que y’avait un truc qui clochait. » Il haussa les épaules. « J’sais que mes parents voulaient que j’reprenne un peu les rennes au moins d’une de leurs business, et j’pense que j’essayais de me convaincre que c’était ce que je voulais aussi mais … Soyons honnêtes, le Limoncello, j’suis bon qu’à le boire. » Il esquissa un sourire avant de rire tout légèrement. Son père était un producteur de cette boisson italienne. Sa mère, elle, était à la tête d’une entreprise de céramique. Elmo ne se voyait dans ni l’un ni l’autre des domaines et pourtant, il avait essayé, parce qu’il savait que c’était une voie facile. Mais pas la bonne. « Tout ça pour dire que je sais pas ce qui m’a pris d’attendre trois mois avant d’revenir. » Il sourit, et posa sa main un peu au-dessus du genou de Vega. « Vous m’avez tous beaucoup trop manqués. »

Quand il me répond avec une voix qui n’est pas la sienne, je ne peux m’empêcher d’éclater de rire. J’ai quitté un Mo sympa et tranquille pour retrouver un Mo transformé en Don Juan italien à la voix grave. Je lui donne une tape sur l’épaule avant de l’emmener sur le canapé. Il me fait un résumé de ce qu’il s’est passé depuis que je l’ai vu, il y a trois mois déjà. De vive voix c’est plus simple à comprendre que par message, surtout avec le décalage horaire. Il n’est pas simple de discuter à distance avec quelqu’un qui est en train de prendre son petit-dej quand on prend son dîner. « Donc en gros tu as décidé de pas rentrer pendant tout ce temps et être avec nous, tout ça pour apprendre à faire du limoncello ? J’espère au moins que maintenant on aura plus à acheter d’alcool parce que tu nous feras tout maison et que tu ne boiras pas tout ! » Bon je ne pense pas que Mo sache réellement faire de l’alcool ou que ça puisse se faire comme ça dans un appart avec deux bocaux en verre mais bon. « Et tu nous en as ramené à boire ? » Parce que bon, il va bien falloir qu’il se fasse pardonner d’être parti si longtemps et si ça peut être en alcool je ne dis pas non. Il ajoute finalement qu’il ne sait pas pourquoi il a attendu tout ce temps avant de revenir à Bowen et retrouver tout le monde. « Bah j’sais pas non plus. Il y a quoi de plus en Italie qu’ici ? A part des lieux un peu romantique sympa pour un voyage en amoureux, j’vois pas ! » Je n’ai jamais vraiment mis les pieds là-bas. J’ai pas mal voyagé quand mon père avait des déplacements mais je ne me souviens pas avoir atterrie là-bas mais j’ai peut-être oublié. « Mais du coup tant qu’à parler de romantisme, tu en es où avec Bella maintenant ? Tu lui as donné des nouvelles au moins ? » Avec Mo je m’attends à tout.

S’ils commençaient tous à se saouler au limoncello, à la colocation, alors les plantes risquaient réellement de mourir. Ce mélange-là n’était clairement pas quelque chose avec quoi on veut se rendre ivre, sous peine de virer vert à son tour. En même temps, Elmo savait qu’ils étaient parfois assez désespérés et prêts à tout. Les bonnes idées responsables ne pleuvaient pas toujours, au #6. « Ça, et de la céramique. Du coup j’peux refaire les planchers et les comptoirs et préparer du limoncello. Appelle-moi l’homme à tout faire. » Il rit. « Pour ce qui est de pas tout boire, alors là tu m’en demandes beaucoup … » L’Italie ne l’avait pas rendu plus sage au niveau de l’alcool, même qu’il avait dû boire bien plus là-bas qu’ici. Après tout, tous les apéros étaient gracieuseté de papa et de maman. Là, c’était le retour au mode de vie paumé. D’ailleurs, il allait devoir se retrouver un job, Elmo. À temps plein, en plus. Quand Vega lui demanda s’il en avait ramené pour eux, du Limoncello, le jeune homme arqua un sourcil. « Tu me prends pour qui ? » Il alla chercher sa valise, l’ouvrit, et en sortit cinq bouteilles cachées dans ses vêtements. Prenant à nouveau une voix grave, il imita le douanier : « Avez-vous quelque chose à déclarer ? » Et, reprenant sa propre voix : « Nope, rien à déclarer. » Il s’esclaffa tout en se laissant à nouveau tomber sur le canapé. Lorsque vint le temps de justifier ce qu’il y avait de plus en Italie qu’ici, Elmo soupira : « La facilité. » Conclut-il seulement. Mais le sujet Bella était bien plus pertinent que l’argent. « Ouais, j’suis allé la voir. Y’avait un mec avec elle. » Bon, il savait maintenant que ce n’était qu’un partenaire d’étude mais quand même.

Je doute fort de la capacité de Mo de subitement devenir l’homme à tout faire. Il est certes parti pendant quelques mois mais je ne pense pas qu’il ait autant changé. Et puis pouvoir faire des trucs manuels, du bricolage, tout ça, ce n’est pas juste une question de compétences, il faut avoir l’état d’esprit qui va avec, la curiosité, la logique, tout ça. Donc j’attends de voir ce qu’Elmo va faire mais j’ai bien peur que s’il se lance dans des projets de rénovation et redécoration de l’appartement, nous vivions dans les travaux jusqu’à notre prochain déménagement. « Du moment que tu bois pas en faisant de la céramique ça devrait aller. » Je lui réponds en riant, même si je pense qu’il serait bien capable de faire un jeu : bricolage à boire. Au moins il en ramené à boire pour nous et pas qu’un peu, enfin s’il ne décide pas de tout boire avant mais tout de même, il ne boit pas autant. A part s’il est devenu alcoolique le temps où il est parti en Italie mais je n’espère pas. Sa capacité a tenir l’alcool n’étant pas très bonne, je n’ai pas envie de nettoyer les toilettes tous les jours. Il imite ensuite le douanier et ça me fait rire parce que je l’imagine tellement faire comme s’il n’avait rien dans sa valise, très mal mentir, mais que ça passe quand même. « Tu te lances dans la contre-bande maintenant ! » Il n’explique ensuite un peu plus sérieusement qu’il est resté en Italie plus longtemps que prévu parce que c’était plus simple d’être là-bas qu’ici. Je peux comprendre même si jamais je ne retournerais vers ma famille, ma mère a refait sa vie et je n’en fais plus partie et mon père, je préfère ne plus jamais lui adresser la parole. Il me dit également qu’il a vu Bella et qu’elle n’était pas seule. « Un mec de type un ami ou un mec de type à poil ? » Parce que bon avec Elmo, il est possible qu’il se soit pris le chou pour rien, en pensant qu’ils avaient couché ensemble alors que non. Et dans tous les cas, même si elle a couché avec quelqu’un et que Mo tient vraiment à elle, elle n’a rien fait de mal.

Effectivement, pour changer quelqu’un, surtout quelqu’un comme Elmo, plusieurs mois allaient être nécessaires. Trois mois, au fond, ce n’est rien. Il n’avait pas eu grand temps pour faire du travail sur lui-même, en Italie. Et avait-il vraiment cherché à le faire ? Non, il avait plutôt profité de sa famille et de ses amis d’enfance avec qui il avait renoué après trois ans d’absence à ne se parler que via FaceTime et autres applications. Alors la curiosité et la logique requises pour les différents apprentissages qu’il mettait de l’avant n’avaient pas été de la partie. « Parfois ça aide à la créativité. » De boire en faisant de la céramique. Ils se ramasseraient avec un appartement super flyé avec des motifs bizarres et les couleurs de l’arc-en-ciel. De quoi donner le tournis et vomir encore plus souvent dans les plantes. Ajoutons à cela le bon nombre de bouteilles de Limoncello qu’il avait ramenées de chez lui, et le tour est joué ! « Exact ! Papa veut étendre la business outre-mer. » Plaisanta-t-il en déballant les bouteilles enroulées dans ses vêtements. Par chance, aucune n’avait explosé. C’aurait été triste de tacher certains de ses chandails de marque de sport. Elmo alla finalement s’asseoir sur le divan aux côtés de Vega, pour discuter et prendre de nouvelles. Évidemment, ce ne fut pas bien long avant que le prénom de Bella ne sorte. « Un mec de type gros connard. » Il soupira en s’évachant sur le canapé. « Ils étaient juste en train de réviser, apparemment. » Puis, une fois cette question réglée, l’autre évidence pointa le bout de son nez : « Et toi, Bellamy est venu te voir ? » Il savait que c’était dans les plans de son meilleur ami. Et si Elmo venait d’apprendre à Vega le retour de Bel’, bah tant pis pour lui.

Je plisse les yeux quand il me dit que ça aide à la créativité de boire. Oui certes mais bon je ne suis pas sûre que ça fasse bon ménage avec la manipulation de choses cassantes ou alors que ça produise de beaux résultats. Je n’ai pas envie de débarquer un jour à l’appart et de marcher sur un bout de céramique coupante ou de découvrir un sol jaune immonde. Enfin je me dis que Mo n’aura jamais le courage de faire tout ça et qu’au pire on se retrouvera avec un vase moche qui fuit du limoncello. Je rigole quand il me dit que son père compte étendre ton business à l’internationale. « Fin planquer des bouteilles pour les exporter j’suis pas sûre que ça soit bien vu. » répondis-je en riant. Ce n’est pas la meilleure option pour se faire bien voir des autorités. On parle ensuite de Bella et du type qu’il y avait avec elle quand Mo est passé la voir. Je sais pas trop pourquoi il me dit que c’est un gros connard sachant que visiblement ils n’étaient pas en train de se rouler une grosse galoche devant lui. Mais bon je n’ai pas le temps de creuser plus la chose qu’il me parle de Bel. Apparemment il n’a pas parlé qu’à moi. « Oui, on s’est vu. Il n’a pas changé, toujours aussi con. Ça n’a pas été franchement plus loin. » Je ne garde pas un souvenir mémorable de cette prise de tête. Je hausse les épaules, je ne pense pas que ma relation avec Bel ne devienne un jour ce qu’il espère, surtout s’il continue à être aussi con. Mais bon, heureusement j’ai Mo, au moins avec lui les choses sont plus simples et on ne se prend pas la tête.

Au pire, s’il cassait la céramique et se coupait avec en plus, le sang répandu sur les pièces ajouterait une touche originale au design. Elmo essayait toujours de ressortir le positif de ses gaffes, même si parfois ça devenait un peu difficile. Mais, certes, Vega avait raison de penser que son meilleur ami ne trouverait jamais le courage de faire tout ça. Il avait du mal à se motiver à faire bouillir de l’eau pour des pâtes alors s’il devait se lancer dans les rénovations de l’appartement, ils attendraient longtemps. Par contre, étendre le business de son père en faisant entrer de manière pas trop legit son Limoncello en Australie, ça, il n’avait aucune barrière. De toute façon, étendre ne signifiait pas grand-chose quand on considérait que toutes ces bouteilles seraient consommées ici entre colocs. « Ça dépend par qui. J’vais peut-être aller sur le marché noir de Bowen. » Il rit, sans se douter qu’en fait il y avait pas mal plus de gens louches à Bowen que ce qu’il croyait. Si jeune et innocent, Elmo. Ce dernier parla ensuite assez brièvement de ses retrouvailles avec Bella, ne voulant pas tout de suite déballer à sa meilleure amie à quel point il était devenu cœur-de-guimauve – après avoir donné une raclée audit connard, cependant. Il préférait avoir des nouvelles de ses retrouvailles avec Bellamy, avant, parce qu’à propos de lui aussi il avait des trucs importants à annoncer. Genre qu’il l’avait invité à vivre avec eux sans consulter Vega. Elmo se sentit très mal, en entendant ce que la jeune femme pensait de Bel. « Oh … Pourtant quand je l’ai vu, il voulait vraiment se rattraper. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Merde. Il allait devoir dire à Bellamy qu’ils abandonnaient la mission déménagement. Il ne pouvait quand même pas imposer ça à Vega.

Imaginer Mo en temps que mafieux, trafiquant d’alcool est assez compliqué. Je le vois mal aller dans des coins louches de Bowen pour vendre ses bouteilles sous le manteau au plus offrant. Surtout que ce n’est pas la prohibition, ce n’est pas comme s’il ne pouvait pas vendre de l’alcool légalement. Je me demande s’il y a du trafic d’alcool en Australie et à Bowen, qui pourrait bien acheter des bouteilles pas contrôlées à des gens pas des masses recommandables ? De mon côté j’aurais peur pour ma santé ! Je lève donc un sourcil à sa remarque tant elle me paraît absurde. Mais je veux bien voir ça un jour, Mo qui tente de se faire une place parmi les dealers du coin. En tout cas il esquiva un peu le sujet de Bella en passant rapidement dessus pour en venir à moi et mes retrouvailles avec Bel. Ma situation n’est pas du tout la même que lui avec Bella. Ils sont, enfin étaient, je sais pas trop, plus ou moins dans une relation alors qu’avec Bel les choses vont plutôt à sens unique. « Ouais mais bon les bonnes intentions ça fait pas tout. Il a mal pris le fait que je lui propose de l’aider à draguer en soirée pour le remettre sur le droit chemin, tu vois ? Mais bon il va se calmer, ça ira. » Je ne sais pas vraiment qu’est-ce qui ira mais au moins on ne se fera plus la gueule, j’imagine. « T’façon c’est pas grave, je risque pas de passer ma vie à le croiser donc on ne va pas se reprendre la tête avant un moment. » J’ajoute en haussant les épaules.

Comme il était peu probable qu’Elmo devienne dealer, ou criminel à n’importe quel niveau, l’italien changea de sujet. Frapper le collègue de classe de Bella figurait sans doute parmi le top des choses pas gentilles qu’il avait pu faire au cours de sa vie. Il avait peut-être l’air du petit bum du quartier, Elmo, mais au fond il était un garçon de bonne famille qui faisait un peu trop la fête mais qui ne ferait pas de mal à une mouche. D’ailleurs, il évita de parler de cette bagarre à Vega, justement parce qu’il avait un peu honte de s’être laissé emporter. Et il avait peur que ledit connard, Joey, revienne s’en prendre à lui éventuellement. S’il revenait avec trois de ses potes, Elmo ne serait pas de taille. Bref, plutôt que de paniquer avec ça, il parla de Bellamy. L’italien fronça les sourcils aux explications de sa meilleure amie. « Mais … tu sais que le mec en pince grave pour toi et tu lui proposes de l’aider à draguer d’autres filles ? » Elmo balança sa tête vers l’arrière, ajoutant un facepalm à sa réaction. « Come on, Vega. Même si t’es plus intéressée par lui, ça c’est juste … pas cool. » Il secoua la tête, et figea quand sa meilleure amie lui mentionna que de toute façon, elle ne le reverrait pas à chaque coin de rue. « Euh … Ouais, j’imagine. » Il se gratta la nuque, mal à l’aise. « J’ai comme … j’ai un peu proposé à Bel’ de venir vivre ici le temps qu’il se trouve un truc. » Commença-t-il avant de se reprendre. « Non en fait j’ai même pas spécifié que c’était le temps qu’il se trouve un truc. J’ai comme proposé que notre appart’ ça pourrait être le truc. » Il allait au moins tenter de voir la réaction de Vega et si vraiment, ça n’allait pas, alors il irait voir Bellamy demain pour annuler cette idée de merde.

Quand Mo me fait la leçon je me dis que j’ai sûrement déconné, parce que pour qu’il me fasse la morale il faut vraiment y aller ! Oui c’était peut-être pas cool mais je voulais pas être méchante, je voulais juste rendre service. Je pensais pas qu’il le prendrait aussi mal et qu’il se barrerait. C’est juste que j’ai du mal à me dire qu’il puisse avoir de réels sentiments pour moi, un truc qui l’empêche de coucher avec la première fille venue. Super Vega, tu te bats contre les préjugés mais tu n’es pas mieux que les autres...Peut-être que je devrais être plus sympa avec lui et pas essayer de le caser avec quelqu’un pour m’en débarrasser. Au final je ne sais même pas si j’ai envie de le caser avec quelqu’un, je ne sais pas trop ce que ça me ferait. Je hausse les épaules. « Ouais t’as sûrement raison. » Je ne suis pas non plus prête à aller lui parler pour qu’il arrête de me faire la gueule, il a qu’à être un peu moins gamin aussi. Quand je vois Mo devenir mal à l’aise quand je dis que je ne serai pas obligé de voir Bel souvent, je me demande ce qu’il a encore fait. Quand il m’explique, j’écarquille les yeux et lui jette un regard noir. « Quoi ?! T’as fait quoi ?! » Il a proposé à Bel de prendre une chambre dans la coloc alors qu’il sait très bien toute la merde qu’il y a entre nous. « Mo t’abuses putain ! » Oui je suis énervée mais je ne peux jamais l’être complètement contre lui. « Genre j’sais pas tu sais que c’est compliqué entre nous, toi tu t’es dit que c’était ok qu’on vive ensemble ? Tu veux me forcer à me rapprocher de lui ou quoi ? » Il faut bien payer le loyer et donc trouver quelqu’un pour combler la chambre laissée vacante mais on aurait pu trouver quelqu’un d’autre que son meilleur ami avec qui les choses ne sont pas vraiment tranquilles ni platoniques.

Si Bella avait fait le coup à Elmo, en l’emmenant dans un bar pour l’aider à draguer d’autres filles, il aurait juste pété un câble face à la costaricaine. Genre, c’aurait été un peu se foutre de sa gueule. Alors il pouvait très bien imaginer pourquoi Bellamy avait mal pris la chose, et même si Vega c’était son bro avec un vagin, qu’elle était sa most valuable player in life, il ne put s’empêcher de la remettre à sa place. Parce que Bellamy aussi était son bro. Damn, ce serait compliqué d’être entre ces deux-là. « Non pour une fois j’ai pas juste sûrement raison, j’ai raison. Si tu veux pas de lui, Vega, fais juste lui dire, direct, pour qu’il puisse essayer de t’enlever de sa tête. » Elmo haussa les épaules. En tout cas, c’est ce qu’il préférerait s’il était dans cette situation-là. Parce que le coup de l’aider à draguer, c’était con mais ça portait à interprétation. Est-ce qu’elle faisait ça juste pour le passer au test et lui prouver qu’il n’avait pas changé ? Ou voulait-elle vraiment le faire tomber pour une autre pour s’en débarrasser ? Les femmes étaient capables de tant de stratagèmes … Elmo, lui, décida de ne pas passer par quatre chemins – après avoir longuement hésité quand même -, et il avoua à Vega sa gaffe d’avoir invité Bellamy à se joindre à leur colocation. Elle s’énerva. Évidemment qu’elle s’énerva. Elmo n’avait pas du tout réfléchi, là-dessus. « Non, non, c’est pas l’but ! J’vais pas m’mêler de vos trucs ! Vega, le mec il revient ici et il couche à l’hôtel. Bel’ doit avoir des dettes d’études de fou avec la médecine, j’allais quand même pas lui dire de se démerder. Y’a une chambre libre ici, le loyer est pas trop cher, ce serait con de la laisser vide. » Il soupira. « Mais j’aurais dû t’en parler avant, c’est vrai. Je suis désolé Vega. Au pire j’lui dirai que c’est vraiment très temporaire ? » Proposa-t-il.

Oui je n’ai pas bien agi avec Bel, j’aurais pas dû faire ça. Mo me le fait comprendre mais il a raison. J’aurais dû lui dire que je voulais pas qu’on soit ensemble plutôt que de lui dire d’aller draguer d’autres femmes. C’est juste, c’est pas si simple mais ça j’ai déjà du mal à me l’avouer à moi-même alors je n’allais pas lui en parler. Enfin, j’ai un peu expliqué à Bel que je pouvais me mettre avec lui juste parce qu’il vient s’excuser, que j’ai pas envie de retomber sur un connard qui va aller me tromper dès que j’ai le dos tourné. Ouais, tout n’est pas simple mais j’aimerais bien que ça le soit un peu plus et que ma vie soit un peu plus stable, dans tous les domaines. « Oui. » Je parle tout bas, comme une enfant qu’on vient de disputer, parce que c’est un peu ce qu’à fait Mo. Mais bon c’est à mon tour de l’engueuler maintenant. Il a proposé à Bel de venir vivre avec nous, sans même m’en parler. Des fois je me dis qu’il y a des choses qui ne tournent pas rond chez lui ! Il me rassure, me dit qu’il a merdé mais que s’il lui a proposé c’est pas pour rien mais parce qu’il a besoin d’un endroit où dormir. Connaissant Mo il a dû juste penser qu’il fallait aider son meilleur ami sans réfléchir à ce que ça impliquait derrière. Je me rapproche de lui pour lui faire un câlin. « T’en fais pas, il peut rester. J’vais m’y faire. » Je vais pas le laisse s’endetter juste parce que je veux l’éviter. « C’est juste que...fin c’est pas simple entre nous. J’lui ai dit d’aller d’autres filles j’crois parce que j’préfère qu’il fasse ça là plutôt que d’être avec lui et qu’il continue à aller voir ailleurs. » Je pense que d’avoir été avec un gars qui m’a trompé sans avoir de remords ça m’empêche de me mettre avec quelqu’un sans avoir un million de doutes.

Elmo détestait faire la morale à Vega. Premièrement parce que ce n’était pas de ses affaires. Deuxièmement parce qu’il était certainement la pire personne pour donner une leçon à propos de l’amour ou ce qui s’en rapproche. Des erreurs, il en avait commis par centaine, Elmo. Encore plus depuis qu’il était question de Bella. Mais justement, il apprenait, comme une tortue certes, mais il apprenait quand même. Pour cette raison, il tentait de remettre Vega à sa place. Pour ne pas que Bellamy souffre trop, même s’il souffrirait, c’était inévitable dans ce genre de situation. Oui, avait dit Vega tout bas comme une gamine qui se fait prendre la main dans le sac. L’italien fit une moue triste et désolée. « Désolé. Tu sais que je dis pas ça pour te faire de la peine. » Bon, de toute façon, Vega eut tout le loisir de se venger avec un ton réprobateur, après qu’Elmo lui ait annoncé que comme un idiot, il avait proposé à Bellamy de se joindre à leur colocation plutôt que de payer un hôtel ou de se trouver un appartement overpriced. Plutôt que de simplement prendre le blâme à voix basse comme sa meilleure amie l’avait fait, lui essaya de se justifier. Contre toute attente, la brunette se rapprocha de lui et le prit dans ses bras. Elmo referma ses bras autour de son corps, non sans surprise. « Euh … » Lâcha-t-il d’abord, avant que Vega ne l’interrompe en lui disant de ne pas s’en faire, qu’elle s’y ferait. Il se recula pour écouter le reste de ses explications, sans pour autant la lâcher. L’italien soupira, attristé. « Vega … Bellamy a été un con. Lui et moi on a toujours été des cons. Alors quand on tombe sur la bonne personne, ça nous prend un peu plus de temps que les autres pour devenir … un peu moins cons. » Expliqua Elmo. « Et je comprends qu’il t’a blessée et t’inquiètes j’l’ai pas raté, à ce propos. Mais … J’pense vraiment qu’il tient à toi. Genre beaucoup. Et qu’il est sérieux cette fois. » Se la jouer aux cupidons c’était zéro son genre. Mais là, il s’agissait de ses meilleurs amis, et il préférait les voir ensemble plutôt qu’en guerre froide. Même si cela signifiait qu’il deviendrait peut-être un jour la troisième roue de cet appartement.