i push it down (vegamy)

Oh fuck, j’ai trop bu. Enfin, ça va, j’arrive à peu près à comprendre ce qu’il se passe, je n’ai pas vomi, je ne fais pas trop de conneries. C’est juste qu’en temps normal je bois un peu moins que ça, je suis le genre de personne qui ne finit pas par vomir dans les fleurs, pas comme Mo. J’arrive à rester raisonnable mais bon il y a des soirées où la raison s’en va un peu. Je décide finalement de rentrer à l’appart, fatiguée, seule parce que les autres ont voulu rester encore un peu. Je ne suis jamais rassurée de rentrer seule la nuit avec ma robe de soirée et mes talons. Je me dis dans ces moments-là qu’il est bon être un homme et que j’aimerais bien me sentir autant en sécurité qu’eux en temps que femme. Avec toutes ces réflexions et quelques sms échangés pour passer le temps et pouvoir prévenir si j’ai un soucis, j’arrive à l’appart sans embûche même si j’ai bien eu des petits coups de stress à chaque fois que je passais devant quelqu’un. Je galère un peu à mettre la clef dans la porte, ça me demande un peu de concentration pour réussir à l’ouvrir. Je passe ma main pour allumer la lumière mais elle n’est pas éteinte. Je m’en soucis pas plus que ça, je retire mes talons que je balance contre le mur de l’entrée. J’aligne ensuite quelques pas pour aller m’asseoir sur le canapé mais je me rends compte qu’il est déjà occupé. « Ah désolé...euh...je savais pas..que...t’étais là. » dis-je perturbé et alcoolisé. J’ai toujours du mal à me faire au fait que Bel vive à l’appart avec nous.

Je sentais bien que Bel devait me juger mais je n’en ai rien à faire, je n’ai pas de comptes à lui rendre. Ce n’est pas parce que lui a décidé de se préserver pour je ne sais quelle raison ces derniers mois, que je dois en faire autant. Enfin ça va, il ne dit rien qui pourrait m’énerver, c’est déjà un bon début. Notre dernière vraie discussion, qui exclut donc les salut, au revoir, tu as pensé à racheter ça ?, ne s’est pas très passée. Je ne lui en veux plus vraiment pour ça ou plutôt, je pense que l’alcool m’adoucit un peu et que je le trouve plus sympathique et moins irritant qu’à l’accoutumé. Il lève les yeux deux secondes de son téléphone pour me dire que de toute façon il va bientôt aller se coucher. Je le pousse un peu pour me faire une place sur le canapé et m’asseoir, histoire d’un peu me remettre les idées en place. J’en profite aussi pour m’attacher les cheveux, ma coiffure de la soirée en a pris un coup à force de danser et je n’aime pas voir ces petites mèches retomber devant mon visage. Bel me dit ensuite que je devrais aller me coucher vu mon état. « C’était l’idée, t’inquiète pas. J’voulais juste me poser cinq minutes. » Je lui réponds en haussant les épaules. Je veux juste attendre quelques minutes avant de devoir aller retirer les paillettes que j’ai sur les yeux et qui doivent avoir migrées sur mon visage au fil de la soirée, de me brosser les dents et d’enfiler quelques choses d’un peu plus confortable que cette robe. Certes elle est très jolie et je l’aime beaucoup mais ça ne vaut pas un bon pyjama. Intriguée par tous les messages qu’il envoie, je me penche vers Bel en lui disant « T’envoies des messages à qui à cette heure ? » J’ai un sourire curieux sur les lèvres.

Je vois bien qu’il est amusé par le fait que je lui demande à qui il parle. « Non, juste curieuse. » Non j’suis pas jalouse, il peut bien parler à qui il veut, je m’en fiche. C’est juste que je suis du genre curieuse et puis bon, je me renseigne, juste histoire de savoir s’il y a quelqu’un qui l’attend quelque part. Et puis c’est même moi qui lui ait dit d’aller voir du monde, de coucher avec des filles alors je vais pas être jalouse. Il me répond qu’il parle à sa sœur parce qu’elle a besoin de conseils en matière de couple. Je rigole, oui clairement il n’est pas le mieux placé pour parler de ce genre de trucs. J’attrape son téléphone pour lire les messages que sa sœur lui envoie en continue. Je rigole en me disant qu’à une époque aussi j’étais en couple et je me posais à peu près les mêmes questions. « J’vais t’aider avec ça. Tu vois moi j’suis mieux placée pour lui répondre. » Je lui réponds en souriant avant de réfléchir à ce que je pourrais bien dire à sa petite sœur. J’en profite pour m’installer un peu plus confortablement sur le canapé, n’hésitant pas à m’affaler à moitié sur lui. Il a qu’à bouger s’il est pas content mais quelque chose me dit qu’il ne sera pas contre. Il se renseigne ensuite sur ma soirée. « Pfff...pas un truuuc bien...crois-moi...p’t’être pour ça que j’ai autant bu...j’sais pas. » Je hausse les épaules avant de revenir au portable qui ne cesse de vibrer sous les messages de la sœur de Bel.

Il n’était pas franchement convaincu de ma non-jalousie. Ça se voyait tant que ça que je n’étais pas convaincue moi-même ? Je ne sais pas mais en tout cas j’essayais bien de me persuader qu’il n’y avait aucune part de jalousie en moi. Je prenais mes aises en m’allongeant à moitié sur lui et en lui piquant son téléphone pour répondre à sa sœur, jugeant que j’étais mieux placée que lui pour ce genre de choses. « J’ai déjà été en couple tu voiiis ? Alors que toi...bon bah...c’est plus compliqué on va dire. » J’en profite pour le taquiner, l’embêter un peu. C’est peut-être remuer un peu le couteau dans la plaie mais je m’en fous un peu. Il tortille des mèches de mes cheveux et je le laisse faire. Bellamy zieute le téléphone et je relève la tête pour voir son expression. Je ris quand il me dit que c’est un truc de filles. « Parce qu’il faut être une fille pour ça ? Sois un peu moins vieux jeu ! » Comme si les mecs ne parlaient jamais de leur date et comme si les filles passaient leur temps à parler de leur crush en faisant des affiches avec cœurs, j’vous jure ! Ce n’est pas avec ce genre de réflexion qu’il va conquérir mon cœur en tout cas. Mais bon, avec l’alcool je l’engueule moins que ce que j’aurais pu faire habituellement. « C’est bon, on va la laisser réfléchir un peu. » dis-je en lui rendant son téléphone et en me retournant pour lui faire face, mes mains sur son torse.

Bel assume de ne pas avoir d’expérience en matière de couple et ça me fait rire. Lui qui n’a jamais eu vraiment de copines de manière sérieuse et moi qui ait plusieurs ex à mon actif sans pour autant forcément garder de bons souvenirs. Au final je ne sais pas si je suis bonne conseillère, sans doute plus que lui mais je crois bien être aigrie par ma dernière relation. Je deviens un peu trop méfiante et je n’ose pas me laisser aller à éprouver quelques sentiments. J’essaie tout de même de bien conseiller sa petite sœur. Je lève une nouvelle fois les yeux au ciel lorsqu’il avoue que sa sœur se pose des questions qu’il ne s’est jamais posé mais que son copain n’a pas intérêt à être un connard sinon il risque bien de le frapper. Pourquoi les mecs veulent-ils toujours montrer ce qu’ils pensent par la force ? « Nan tu vas pas lui casser la gueule...sinon tu s’rais l’même connard que lui...c’est complètement con. » J’aime pas la violence, surtout que dans ces cas-là ça n’apporterait que des emmerdes. Finalement notre conversation se calme, il pose son téléphone et nous nous faisons face. Il se rapproche de moi, posant sa main sur ma joue et je ne bouge pas, je ne retire pas sa main, je le laisse coller son front au mien et finalement venir m’embrasser. Lorsqu’il s’excuse de tout, je pose mon doigt sur ses lèvres. Je n’ai pas envie de parler ça, je n’ai pas envie qu’on se prenne encore une fois la tête. Je veux juste profiter un peu, que l’on soit comme ça. Je retire mon doigt et vient placer mes lèvres sur les siennes pour l’embrasser, plus passionnément et profondément que le baiser qu’il m’a donné. Je passe ma main dans ses cheveux tandis que l’autre titille la bordure de son t-shirt. Ça ne fait aucun doute sur mes intentions.

Il ne dit rien quand je lui dis que c’est inutile de vouloir frapper quelqu’un. On ne partage pas forcément le même avis là-dessus mais bon, ce n’est pas comme s’il s’agissait de notre seul point de divergence. En attendant je préfère me concentrer sur ce qui nous rapproche, depuis toujours, le sexe. C’est par là qu’on a appris à se connaître, à ce moment où je n’étais pas bien et où j’avais besoin de lâcher prise et de passer du bon temps sans penser au reste, ni aux conséquences d’ailleurs. Je profite de ces moments où nos lèvres se joignent. Cela fait tellement longtemps que je n’ai pas pu en profiter, la dernière Bel m’avait demandé de le repousser s’il tentait quelque chose, ce que j’avais fait et avant ça, nous nous cachions de Mo. Cela remonte à plusieurs maintenant. A présent nous vivons tous dans le même appartement et je ne pense pas que notre meilleur ami à tous les deux serait réellement choqué de nous voir nous embrasser sur le canapé de notre coloc. Les choses changent, évoluent mais ce soir j’ai envie que ça soit un peu comme avant, comme au moment où les choses étaient simples. Finalement il recule son visage et nos lèvres se séparent. Il ne veut pas avoir l’impression d’abuser de moi, parce que j’ai bu et sans doute que je ne réfléchie pas tout à fait normalement. « C’est pas la première fois où il s’passe des trucs entre nous et que j’ai bu...pis tu m’obliges à rien. » Je me recule finalement un peu plus pour m’enfoncer dans le canapé. « Mais bon si tu veux pas j’vais pas te forcer ! » Ce serait vraiment contraire à tous mes principes de vouloir le forcer ou de lui faire du chantage pour que nous couchions ensemble. Je comprends ses arguments mais je me sens quand même frustrée maintenant que j’ai à nouveau pu goûter à ses lèvres.

Je suis un peu redescendue, je ne suis plus aussi bourrée qu’en arrivant. Bon je suis encore loin d’être sobre mais je pense que si je me lève, la pièce va pas tournoyer et je vais réussir à marcher droit. Même si j’étais déçue qu’il me repousse, je trouvais ses raisons très bonnes. Il faudrait plus de gars comme lui sur terre, ça éviterait que des filles ayant trop bu se retrouvent dans un lit qu’elle n’ont pas demandé. Mais bon, je sais ce que je fais et il ne me force pas. Je trouve ça mignon qu’il veuille prendre soin de moi et que je ne me retrouve pas le lendemain à regretter. Je m’éloigne quand même de Bel, ça sert à rien que je continue à me languir sur son torse si je ne peux pas en profiter. J’en profite pour attraper mon verre d’eau, que je termine. Il veut pas que je regrette mais j’ai jamais regretté toutes les autres fois où on l’a fait. « Si j’t’ai embrassé c’est pas pour regretter demain. » Il ne faut pas longtemps pour que je me retrouve à nouveau contre lui, à l’embrasser. Ce changement soudain m’arrache un rire. Je me recule et lui annonce « Je reviens dans deux minutes. » Je me lève et vais me remplir un autre verre d’eau dans la cuisine, j’en bois un peu et l’emporte avec moi dans la salle de bain. Je me démaquille rapidement, je veux profiter de cette fois avec lui sans mascara pour me piquer les yeux. Franchement cette coloc a des avantages. Je finis mon verre d’eau que je pose sur la table au passage et reviens vers lui. Je l’attrape par la main pour qu’il se lève, en profitant pour l’embrasser une nouvelle fois et je l’entraîne jusqu’à ma chambre.

Je n’ai pas eu trop de mal à convaincre Bel et heureusement parce que je n’étais pas prête à rentrer dans un débat pour lui prouver que je ne fais pas juste ça parce que je suis bourrée et que je ne vais pas regretter le lendemain. Ma seule peur est qu’il s’imagine trop de choses, de mon côté, je n’ai pas envie de penser au reste, à la suite. Je veux juste profiter là et me retrouver une nouvelle fois dans ses bras. Je l’attirais vers ma chambre. C’était un peu bizarre de se retrouver là avec lui, comme ça. D’habitude on se retrouvait à un moment dans la soirée, à coucher ensemble précipitamment en faisant attention à ce que personne ne nous voit. C’était à la fois excitant mais fatiguant. Cette fois il y a moins le goût du risque mais pouvoir profiter un peu plus longtemps d’être avec lui me plaît. Il retire son t-shirt et je prends le temps de l’admirer avant que nos lèvres se retrouvent à nouveaux collées dans un baiser passionné. Je sentais ses lèvres dans mon cou et un sourire arracha mes lèvres. Je caressai brièvement son torse avant de me retourner et d’attraper mes cheveux pour qu’il ait tout le loisir de me débarrasser de ma robe. J’en ai marre de la sentir sur moi après cette soirée. Et puis ce n’est comme si j’en avais besoin.