(eve) love at first sight

Le regard de Riley glissait sur elle comme une caresse pleine de promesses, sensation que la couturière devait brider autant que possible parce qu’autrement, elle allait encore s’emballer. Il ne faisait que la regarder, comme beaucoup de gens ayant des yeux. Ça ne voulait rien dire, et elle ferait bien de ne pas interpréter des signes qui n’en étaient absolument pas. Mais ça lui faisait trop plaisir, d’avoir quelqu’un qui s’intéressait à elle au point de s’installer sur son bateau pendant au moins quelques minutes et qui prenait la peine de discuter avec elle. Et de la regarder. De réellement la regarder. Eve baissa les yeux quand il confirma qu’il était bien américain, ce qui paraissait désormais d’une logique implacable. Quelle andouille elle faisait, quand même. Et puis, New York, rien que ça. « Wow, le rêve. » commenta la jeunette, toujours rêveuse. Pour elle, c’était un lointain inaccessible, le rêve américain dans toute sa splendeur, ça ne pouvait qu’être chouette, de vivre là-bas, encore plus d’y être né. Bien plus stylé que d’être née d’une mère totalement à l’ouest dans une petite bourgade près de la côte australienne. Eve fut tirée de ses pensées par la question du garçon, et elle leva les yeux vers le ciel d’un air réflexif, comptant mentalement sur ses doigts. « On est en avril donc… Presque huit mois, en fait. » avoua-t-elle en se rendant compte que finalement, elle n’était pas si nouvelle que ça à Bowen. C’était sans doute son manque de pouvoir de sociabilisation qui lui donnait cette impression d’être toujours aussi nouvelle dans cette ville. Elle avait quelques amis, c’était vrai, mais peu comparé à la plupart des gens normalement constitués, et elle ne sortait pas beaucoup, elle n’aimait pas trop se promener en ville ou découvrir des endroits, parce que ça la mettait mal à l’aise, lui donnait l’impression que tout le monde voyait la gourde qu’elle était. Du coup, sur ces quelques mois, elle ne pouvait pas vraiment se considérer comme une habitante à part entière de Bowen.

Tu étais passé du gros pervers qui observe les filles de loin, au mec qui ne s’avait pas aligner deux mots correctement dans une phrase sans être gêné. Abby avait raison, t’avais tout du psychopathe, à ce moment là. Mais secrètement, tu espérais qu’Eve ne pense pas ça de toi. A1près out, elle ne t’avait peut-être jamais remarqué du haut de ta murette avec ton paquet de chips. Si tu n’étais pas tombé de façon stupide, tu n’aurais surement jamais été confronté à elle et tu n’aurais jamais eu une discussion avec elle. La blonde était émerveillée au nom de ta ville natale. Tu comprenais, c’était une belle ville. Il y avait tellement de choses à voir et à faire là bas. Mais c’était pas vraiment le rêve, là bas. Pour toi, le rêve c’était ici à Bowen avec ta nouvelle famille, prêt à te façonner une nouvelle vie. La belle vie, sans soucis et sans problèmes. « C’est vrai que c’est plutôt cool » dis-tu pour ne pas la contredire. Pour détourner la conversation, tu demandas ensuite à la jeune femme depuis combien de temps elle était ici. 8 mois. En fait vous, étiez arrivé quasiment en même temps. « Oh, quelle coïncidence, je suis là depuis presque 8 mois, aussi » avouas-tu. Oui, tu étais arrivé en septembre, donc cela faisait bien sept mois que tu étais arrivé sur le sol australien. Un point commun que vous partagiez tous les deux. Plus tu lui parlais, plus tu la trouvais jolie et intéressante. Ca fait surement niais de dire ça mais pourtant, c’est la vérité. Tu étais totalement niais devant elle. « Et sinon… tu fais quoi dans la vie ? » demandas-tu, l’air encore plus gêné que tout à l’heure. Tu voulais en savoir un peu plus sur elle, c’était le but de cette rencontre finalement.

Elle était encore plus impressionnée, maintenant qu’elle savait que Riley venait de la Grosse Pomme. Elle se sentait comme dans une série romantique, où la fille inintéressante d’une petite ville inconnue rencontrait un expatrié américain super beau et inaccessible, qui finalement craque sur elle. Ouais, tu te fais encore des films, ma pauvre, calme-toi s’il te plaît. Ça devient vraiment gênant. « C’est dommage qu’on se soit jamais croisés avant. » sourit la blondinette, rougissant à nouveau. Ok, donc là il allait vraiment la prendre pour la fille pathétique qui tombe amoureuse en une journée. Et il pouvait bien penser ça, parce que c’était vrai. Eve était tellement en manque d’attention et d’affection que dès qu’elle en recevait un peu, elle se faisait déjà des films. Puis, c’était presque logique qu’ils ne se soient pas rencontrés plus tôt, si on y pensait. La blonde n’avait rien d’une fille qu’on remarque et elle ne sortait pas. Sa vie se limitait au cabaret et au centre équestre, seuls endroits où on pouvait être certain de la retrouver si elle n’était pas chez elle. Les soirées, les bars et les boîtes, c’était pas son truc, elle était trop mal à l’aise là-bas que pour y aller plus que lorsqu’on l’y poussait. Et même là, elle ne se laissait pas toujours entraîner, prétextant un mal de ventre ou des choses urgentes à faire. Qu’on se le dise, Eve n’avait pas une vie sociale très développée. « Je suis couturière. Et costumière, au cabaret Delirium. » répondit la jeunette après avoir repris pied suite à sa remarque précédente. Il allait vraiment la trouver si ennuyante qu’il irait se noyer volontairement.

hj:

« C'est vrai que c'est dommage » dis-tu en souriant. Deux nouvelles personnes dans cette ville, c'était bizarre que vous ne vous soyez pas croisé plus tôt. Enfin, toi tu l'avais déjà croisé. C'est bien pour ça que tu étais posé sur ta murette aujourd'hui et que tu avais capté son attention. Tu avais rencontré plein de gens depuis que tu étais arrivé à Bowen, mais rare avaient été les fois où tu avais été aussi nerveux devant une fille. « Oh, couturière ? C'est cool ça ! » dis-tu en souriant. De ton côté, tu n'avais rien d'exceptionnel, tu étais un étudiant en première année, à 21 ans. Ca faisait même un peu looser car tes camarades de classe étaient beaucoup plus jeunes que toi, sauf deux ou trois. Tu n'avais pas remarqué mais ton téléphone sonnait dans ta poche, enfin il vibrait. Tu t'excusais auprès de la blonde et tu lui souris nerveusement. « Je suis désolé, c'est ma tante... faut que je rentre » avouas-tu à la jeune femme un peu nerveux. Oui, tu voulais pas croire qu'elle pense que tu la trouve nulle et sans intérêt, c'était tout le contraire. « Je... j'peux te donner mon numéro qu'on fasse quelque chose ensemble un de ses jours ? » demandas-tu un peu tremblant à la costumière. Tu notais ton numéro de téléphone sur un bout de papier que tu avais trouvé dans le bateau avant de lui tendre. « Je suis vraiment ravi de t'avoir rencontré » avouas-tu avec les joues un peu roses. Tu t'avançais nerveusement vers elle pour lui embrasser la joue et tu pris la sortie du bateau pour partir. Ok, t'avais filé à l'anglaise et c'était peut-être pas une bonne idée. Mais tu voulais la revoir, c'était sur et certain.

FIN DU SUJET.