C'est une bonne situation ça scribe ?

Asl écoutait Ayl lui résumer son année en Italie. C’était vrai que vu ainsi, ça ne donnait pas envie. Le néo-zélandais s’abstenait de lui demander comment elle avait pu contracter des dettes auprès d’une agence de mannequins. A sa connaissance, ils ne jouaient pas à la banque. C’était trop tôt pour qu’ils en parlent, tout comme il ne lui parlait pas de sa participation à sauver les habitants des zones incendiées et la faune locale. Il n’avait pas agi ainsi pour qu’on l’admire et donc pour s’en vanter mais tout simplement parce que pour sa famille, c’était ce qu’il fallait faire. Même s’il n’était pas australien, le jeune homme avait eu un coup de cœur pour ce pays et ses habitants. Ce jour-là, il se demandait s’il n’était pas carrément en train de ressentir un coup de foudre pour cette jeune femme alors qu’il ne savait pas encore si elle était née australienne, ce qui ne changeait au fait qu’elle avait déjà réussi l’exploit de lui faire à nouveau ressentir des sentiments. Il était aussi certain qu’il ne la laissait indifférente et ce regard, ce regard … Si le regard était le reflet de l’âme alors Ayl avait une très belle âme. Asl souriait quand la blonde lui répondait ensuite en italien qu’elle se débrouillait. C’était une langue mélodieuse que la voix d’Ayl transcendait encore plus. Il n’y avait pas à dire, la jeune femme donnait raison à Ais et Isa sur la notion d’âme sœur, sur le fait qu’il ne serait pas condamné à n’aimer qu’une femme.

"Ca aide. Je crois que ma italienne est un peu rouiller."

Se risquait-il à son tour dans la même langue. Il souriait quand elle lui proposait de faire du sport toute la journée en somme.

"Je vais voir le planning. J’aimerais beaucoup qu’on fasse ça mais je devrais travailler si une commande a été maintenue."

Ce disant, le néo-zélandais vérifiait que son téléphone portable se rechargeait bien.

"Je reviens tout de suite."

Ayl répond une dernière fois à Asl et en lui faisant un clin d’œil.

- Ton italien est bel et bien rouillé mais c’est comme tout, sans pratique, ça se perd. Je pourrais aussi te parler dans cette langue mais là par contre, ce serait mieux de le faire avec quelqu’un de plus doué que moi.

Puis elle reprend normalement.

- Tu ne connais personne originaire d’Italie pour garder les bases, voire progresser un peu ? Tu dois parler peut-être chinois aussi. Alors là, le chinois pour moi … C’est du chinois.

La jeune femme lui propose alors une journée sportive ensemble, du vrai sport, pas du sport ensemble parce qu’elle devine qu’il le prendrait mal et il va alors consulter le planning après avoir regardé brièvement son téléphone portable qu’il laisse sur son chargeur dans la cuisine. Ca c’est bien, ça va lui éviter de lui faire les poches.

- Ne te presse pas, je finis tranquillement.

Dès qu’il est sorti, Ayl compte mentalement jusqu’à trois au cas où il ferait brusquement demi-tour et reviendrait puis toute ouïe, elle s’empare du téléphone. C’est un smartphone mais pas un iphone ni un dernier modèle, ce qui lui confirme qu’il n’est ni frimeur, ni superficiel. Ca ne veut pas dire que tous le sont mais lui ne l’est pas. Elle va directement dans les photos et tombe sans surprise sur des photos de sa sœur, sa nièce, de sa sœur avec sa nièce, de son beau-frère, de son beau-frère avec sa sœur, puis avec sa nièce et des selfies mais jamais seul, toujours avec au moins un membre de sa famille. Ayl fait pareil, les "vrais selfies", c’est-à-dire avec une seule personne dessus, personnellement elle trouve ça trop bizarre. Aucune trace d’une petite amie. Tendant l’oreille au cas où il revienne déjà, elle remarque alors que la poubelle est activée et découvre des photos d’une chinoise dont le regard lui donnerait presque envie de virer sa cuti. Presque. Puis il y a des photos d’elle avec Asl en train de se s’embrasser. Chaque photo a un dénominateur commun dans leur titre : Mei. Des photos dans la poubelle, certainement une ex. Enfin, la blonde explore les numéros de téléphones blacklistés. Il y a des numéros qui titrent spam ce qui veut bien dire ce que ça veut dire mais aussi un sous le titre de Lin et un autre sous celui d’Ana. Deux autres ex ? A priori une autre chinoise et une latine mais ça n’était pas certain pour la deuxième. Puis Mei n’y est pas, pas encore peut-être où ils sont restés en bon termes, c’est possible aussi. Satisfaite, Ayl remet le téléphone en place. Elle s’empare de son bol pour finir de le boire quand Asl surgit brusquement dans la cuisine, du coup elle panique, le bol lui échappe des mains et si elle le récupère avant qu’il se fracasse par terre, ça salit sa robe. C’est ce qui s’appelle ne pas avoir la conscience tranquille !

- Désolée, c’est que tu m’as fait peur mais c’est moi, j’avais la tête ailleurs. Je t’aide à nettoyer tout ça.

Asl allait donc consulter le planning dans l’atelier, il ne se pressait pas outre mesure même s’il mettait un peu plus de temps de prévu pour le trouver vu qu’il était pas rangé à l’endroit habituel. Il n’y avait rien de prévu ni aujourd’hui ni pour le lendemain mais ça c’était normal dans le sens où il y avait cette journée de yoga. Ais et Isa y participeraient mais le néo-zélandais hésitait pour sa part parce qu’il ne voulait pas coller au couple. Quand il revenait à la cuisine, son retour faisait sursauter Ayl qui renversait une bonne partie du contenu de son bol sur sa robe.

"Non non, tu es mon invitée. Je gère."

Le jeune homme nettoyait la table, le sol, tout ce qui avait été sali avant de se rendre compte qu’il était en train de faire de même avec la robe de la jeune femme et qu’elle la portait effectivement toujours.

"Hum. Je vais plutôt te laisse faire. Je n’ai finalement rien de prévu aujourd’hui et en y réfléchissant, ça ne serait pas très pratique de faire du sport en robe. Je peux te donner un jogging si tu veux, on va dire qu'il est fonctionnel."

Il le lui montrait. A la base il était rouge mais avait viré au rose dès le premier lavement en machine et n’avait donc pas été porté, Ais n’aimant pas cette couleur. Asl ayant trouvé le moyen de perdre le ticket de caisse, il l’avait rangé dans un coin de son placard en cas de dépannage. Ce serait le cas aujourd’hui si Ayl ne voyait pas d’inconvénient à le porter.

Asl insiste pour nettoyer les dégâts légers provoqués par Ayl bien malgré elle. La jeune femme le regarde avec amusement quand il réalise qu’il est en train de nettoyer sa robe qu’elle porte toujours.

- Plutôt mais ça n’était pas pour me peloter, je peux sentir la différence.

Elle dit ça au "kiwi" avec un brin de malice. Toujours dans cet esprit, le jeune homme lui propose de porter alors quelque chose qui ressemble alors à un survêtement qui a du dégorger au lavage avec des auréoles de rose foncé, de rose clair et de rouge … Pastel. Ca la fait rire et elle montre ses chaussures.

- Je n’ai pas pris des chaussures de sport et je pense que je pourrais porter ma robe le temps de rentrer chez moi et d’enfiler mes propres affaires de sport. Si tu veux m’aider en ce sens, tu peux toujours m’accompagner chez moi puis j’aimerais voir ton circuit de coaching et on pourrait déjeuner dehors.

La blonde ne pourra pas faire entrer Asl dans le logement où elle veut, non pas qu’elle n’ait pas confiance en lui mais parce que ça n’est pas glorieux et elle ne voudrait pas inspirer la pitié ni qu’on lui fasse la mendicité. Le jeune homme ne s’en rend pas compte mais son geste y ressemble un peu quand même. Si c’était délibéré, ce serait impardonnable mais ce n’est pas le cas.

- Alors, qu’en dis-tu ?

Elle espère qu’il ne serait pas vexé parce qu’elle préférait ne pas porter ce vêtement qui ferait en l’état un bon chiffon pour épousseter les meubles, avec un zeste de cire. Elle serait déçue s’il le prenait mal, elle le connaissait à peine après tout mais quelque chose lui soufflait que ça ne serait pas le cas, peut-être l’intuition féminine.

La façon dont Ayl lui disait qu’il n’avait pas commencé à nettoyer sa robe pour la peloter faisait sourire Asl. Cette jeune femme lui plaisait d’ores et déjà beaucoup. Ensuite, il comprenait pourquoi même pour faire "juste du sport", elle préfère mettre ses affaires plutôt que ce vêtement qui semblait presque encore dégorger de colorant rouge bon marché. En plus, il n’avait pas pensé qu’elle ne serait pas spécialement à l’aise pour faire du sport avec ses chaussures et là, il n’avait aucune solution pour ça. Enfin, Asl prenait conscience trop tard que son geste pouvait faire penser à de la charité mais ce serait pire de présenter ses excuses, il se rattraperait par la suite.

"J’en dis que je suis partant et qu’on est partis."

Lui disait-il pendant qu’elle remettait sa petite veste en cuir. Il récupérait son téléphone portable, enfilait lui aussi une veste et ils se rendaient au garage qui jouxtait la maison. Il pensait y aller en moto mais elle était venue en vélo aussi le plaçait-il dans la voiture familiale qui pouvait contenir largement plus et ils se rendaient chez elle. Il lui proposait de mettre la radio et elle déclinait son offre. Etrangement, ils ne parlaient alors pas du tout pendant le trajet et elle n’avait pas besoin de lui dire quelle route prendre, Asl connaissant l’itinéraire pour se rendre à son domicile. Le plus étonnant, c’est que ce silence n’était pas pesant. Ayl le regardait comme un chat assoupi qui fait mine d’ignorer une souris passant à coté de lui, ce type d’image s’imposait à nouveau dans sa tête mais il ne le percevait pas comme une menace. C’est juste qu’il se pensait complètement détruit par sa rupture avec Mei et que ça lui faisait bizarre de se rendre compte que soit ça n’était pas le cas, soit il renaissait de ses cendres pour ainsi dire. Lui aussi la regardait mais à un feu rouge ou pendant qu’il laissait traverser des piétons, ça ne l’aurait pas fait s’il les avait provoqué un accident.

"Nous y voila, c’est cette maison ?"

C’était bien ça. C’était une très grande maison qui avait du connaître une certaine "gloire" jadis. Asl pensait que Ayl vivait dans un immeuble mais vu son état peu entretenu, il était aussi possible que le propriétaire ait morcelé sa demeure en studios pour le moins minuscules afin de gagner un maximum de loyers. Si c’était le cas, il était à peu près certain, qu’elle ne le ferait pas rentrer "chez elle". Il ne lui en tiendrait bien sur pas rigueur et attendrait tranquillement qu’elle se prépare. Finalement, les manigances de Lin serviraient peut-être à quelque chose de bien et pas seulement pour sa famille, pensait le jeune homme en garant la voiture.

Asl accompagne donc Ayl au studio qu’elle loue. Il a une voiture de type familiale avec des rangements spécifiques pour planches de surf en effet. La jeune femme apprécie le silence pendant le trajet parce que ce n’est pas nécessaire de se parler pour "meubler" et parce qu’elle se sent tout simplement bien à le regarder pendant qu’il conduit. Asl la regarde dès qu’ils sont à l’arrêt, ce qui la conforte dans son idée qu’elle ne le laisse pas indifférent. Ils arrivent et il lui demande si c’est cette maison. Elle confirme en hochant la tête.

- Oui. Comme tu le vois, je ne me refuse rien.

Dit-elle en levant les yeux au ciel. Comme si la maison était à elle mais il comprend certainement qu’elle loue un studio. Le problème, c’est que Ayl n’a pas envie qu’il voit qu’elle vit dans une pièce plus ou moins adaptée en studio et plutôt moins que plus alors elle lui envoie un petit mensonge.

- Je te ferais bien rentrer mais c’est trop en désordre. Ca ne te dérange pas de m’attendre ici ?

Ca ne le dérange pas aussi entre-t-elle. La maison est divisée en deux, celle du propriétaire, luxueuse, et la partie qu’il loue, pas vraiment aux normes de sécurité. Des fils électriques qui pendent partout, une clim en panne et c’est tant mieux vu qu’elle ne doit pas être entretenue depuis des lustres et à l’odeur, des problèmes de canalisation. Sans compter un wc dehors pour tous les locataires et pareil une salle de bain où il faut chasser les cafards avant de pouvoir se doucher. C’est le moins cher à Bowen et ça reste trop cher pour Ayl qui n’a pas encore pu payer le premier mois. La blonde ignore que le propriétaire les a vus arriver, Asl et elle. Il va tenter bêtement d'intimider le jeune homme.

Comme il le pensait, Ayl préférait ne pas l’inviter à entrer chez elle et après "les couleuvres" que Lin, Ana et même Mei lui avaient fait "avaler", il ne percevait pas ça comme un mensonge mais seulement comment un moyen de ne pas lui inspirer certains sentiments comme la pitié. C’était tout à fait compréhensible. Asl attendait donc tranquillement qu’elle aille se changer quand un type patibulaire venait l’agresser verbalement. Cet excité était le propriétaire des lieux, le genre de gars à regretter que le véritable esclavage soit aboli et qui aurait payé pour fouetter les galériens. Impassible, le jeune homme l’écoutait éructer qu’il augmenterait le loyer s’il squattait ici et que d’ailleurs il n’était pas encore payé, ce loyer. Asl était quelqu’un de calme et de posé, il en fallait beaucoup pour l’énerver mais quand il ajoutait qu’il pourrait faire un prix à Ayl si elle lui faisait une petite gâterie, là, "il voyait rouge". Toujours impassible en apparence, il saisissait l'ordure au col d’une poigne de fer et le soulevait de terre.

"Vous allez traiter Ayline avec respect, me suis-je bien fait comprendre ?"

A son regard, le minable comprenait qu’Asl ne comprenait et il hochait la tête, tremblant de peur.

"Si vous recommencez à parler mal d’elle, je vous donnerai un aperçu de l’Enfer, me suis-je bien fait comprendre ?"

Nouveau hochement de tête et Asl le laissait tomber comme un sac à patates.

"Bien. Je paie le loyer d’Ayline et vous lui annoncerez une bonne nouvelle ce soir. Vous aurez intérêt à être crédible."

Dernier hochement de tête, ça valait mieux. Asl le payait et lui donnait les instructions pour ce soir. Ce type était une grande gueule qui ne devait pas se confronter vraiment à Ayl et ne porterait pas plainte par crainte que la justice commence à s’intéresser à conditions de location. De toute façon, le jeune homme assumerait comme toujours ses actes. Il souriait à Ayl qui le rejoignait alors.

"Ce petit ensemble te va à ravir. Si ça te va, on va au parc commencer là-bas le parcours du combattant."

Disait-il avec un sourire en coin en taquinant ainsi la jeune femme.

Ayl enfile un bas de survet’ noir avec des motifs jaunes fluo. Le noir est moins salissant et le fluo peut éventuellement la faire plus remarquer par des "cyclistes-roquettes", des "trotinettes-roquettes" et autres "rollers-roquettes" susceptibles de la percuter pendant qu’elle court. Une paire de Niké, la déesse de la victoire, un T-shirt et une petite veste en jean. Elle met une serviette dans son sac à dos, un maillot de bain au cas où, une autre dans le replis étanche dans l’éventualité où elle salisse le premier, de la crème solaire pour sa peau de blonde, une bouteille d’eau et la voila de retour sur le parking, et juste à temps pour voir son immonde propriétaire de son studio rentrer dans la partie décente de sa maison comme s’il avait le Diable aux trousses. Dans son cas, plutôt Dieu. Il serait capable de pactiser avec le Diable pour être encore plus riche. Il faut dire qu’elle n’a pas pu encore payer le loyer. Oh, elle a de bonnes raisons mais ça sonne comme des excuses à ses oreilles alors elle ne s’attarde pas dessus et rejoint Asl qui la complimente sur le petit ensemble que forme le fringues qu’elle a réunies.

- C'est improvisé mais merci.

Dit-elle avec un grand sourire, un sourire qui tourne à la grimace quand le jeune homme évoque un parcours du combattant.

- Comment ça, le parcours du combattant ? On ne va pas ramper dans la boue hein ?

La blonde comprend qu’il a dit ça pour la taquiner et lui envoie un très léger direct à l’épaule.

- Je ne marche pas, je cours. On y va en voiture ou ne la laisse pas ici. C’est trop souvent vandalisé, même en pleine journée.

Ayl ne plaisante pas et elle n’a pas encore compris que Asl a une rencontre assez brusque avec le propriétaire de la maison.

On dit qu’on ne voit pas le temps passer quand on s’amuse et précisément quand on aimerait savourer un peu plus chaque instant mais se pouvait-il qu’une journée puisse "se volatiliser" ainsi ? Asl n’en revenait pas, c’était déjà le soir. La journée passée avec Ayl faisait déjà partie de ses souvenirs et pas des pires, c’était même le contraire. Une journée avec des activités sportives mais aussi du repos, c’était important d’en ménager même à leur jeune âge, même si de toute évidence Ayl était presque aussi endurante que lui.

Dire que c’était le soir.

Ils avaient au final assez peu parlé d’eux, en fait ils avaient peu parlé. Il avait appris qu’elle était native d’Australie, qu’elle avait vu le jour à Sydney et qu’elle montait sans aucun doute mieux à cheval que lui mais c’était tout.On disait que c’était bon signe de rester auprès de quelqu’un en silence plus d’une minute sans qu’il y ait de malaise ou ce besoin de "meubler le silence". Le néo-zélandais se sentait bien auprès de la jeune femme et il était à peu près certain que c’était réciproque. En tout cas cette journée lui avait donné une idée pour sortir Ayl de ce logement minable mais il ne lui en parlerait pas tout de suite, sans doute le lendemain ou le surlendemain mais il avait vraiment à cœur qu’elle ait un meilleur toit sous la tête.

Dire que c’était le soir.

Asl raccompagnait Ayl, il se garait sur le parking quand des éclats de voix attiraient son attention. Le propriétaire des lieux était entouré par trois loubards qui avaient visiblement envie de l’étriper. Le jeune homme faisait signe à la blonde de rester en arrière et il s’approchait d’eux. Il les écoutait en s’approchant dans leur dos et découvrait que le propriétaire les avait engagés pour casser la figure à Asl mais les voyous avaient trouvé "la prime" beaucoup trop basse à leur goût et le commenditaire du lynchage devenait leur victime.

"Oh, c’est vous, vous n’avez donc rien appris depuis la dernière fois."

Le jeune homme reconnaissait le trio, il avait une bonne mémoire des visages et reconnaissait toujours ceux qu’il avait frappé. Ceux-là faisaient des gus que Mei et lui avaient corrigé avant qu’il donne une deuxième chance à l’australienne. Ils regardaient Asl, ils se regardaient et ils se sauvaient sans demander leur reste. De son coté, le proprio n’en menait pas large et il allait annoncer à Ayl qu’elle avait gagné un mois de loyer à la loterie annuelle des locataires. Quelqu’un avait dit un jour que plus c’était gros, plus ça passait.

Dire que c’était le soir !

Ayl passe une très bonne journée en compagnie d’Asl, et sans avoir à le presser de questions, ça lui permet de mieux cerner sa personnalité. Dans la catégorie hétéros, il y a ceux qui sont des coureurs de jupons et il y a ceux qui ne sont pas des coureurs de jupons. Le jeune homme est clairement dans la deuxième catégorie. Les regards peuvent en dire long plus que des paroles et la blonde sent cette petite tension sexuelle entre eux. Ne pas se précipiter n’est pas pour lui déplaire d’autant qu’elle pense qu’elle sera encore un petit peu déçue au final. Oh, il lui semble endurant et si ça ne fait pas tout au lit, c’est tout de même un premier signe favorable. Ayl testera peut-être davantage son endurance un de ces jours, une fois qu’elle sera sortie de sa galère financière.

La journée passe étonnamment vite tant la jeune femme se sent bien auprès d’Asl puis il la raccompagne et il se porte au secours de son infame propriétaire, non ? De là où elle est, elle n’en est pas sure. L’usurier immobilier vient alors lui parler avec un sourire qui ne dit rien à Ayl et voila qu’il lui apprend qu’elle n’aura pas à payer le loyer ce mois-ci. Une quoi ? Une loterie des locataires ? Venant d’un grippe-sou pareil ? Elle n’en aurait jamais entendu parler avant ? Même pas d’un autre locataire ? Il n’y aurait aucun affiche d’information sur ça ? Et ça tomberait pile sur elle ? Ayl regarde l’infâme personnage avec une telle méfiance qu’il a au moins le bon sens de disparaître de sa vue. C’est bizarre mais ça reste un sursis pour elle. La jeune femme l’annonce à Asl qui se contente de sourire avant de lui ébouriffer les cheveux, ce qui la fait rire tout en faisant mine de le repousser, mais seulement mine.

- J’ai bien aimé ton parcours de coaching mais c’est étalé sur au moins une semaine, ça.

Une personne qui se remet au sport ou qui aurait besoin de perdre n’aurait pas tenue deux heures, peut-être même une heure à leur cadence.

- C’est toujours sans dessus dessous chez moi.

Dit-elle en grimaçant parce qu’il doit se douter que l’endroit où elle loge est comme un nom de famille à rallonge, limite à dormir dehors. Elle le lui montrera forcément parce qu’ils vont se revoir mais pas aujourd’hui. Autant garder un peu "la magie".

Asl comprenait que la jeune femme ne désirait pas spécialement l’inviter dans le logement qu’elle louait à un être cupide pas très regardant sur la qualité de ses studios. Le simple fait que Ayl lui en reparle signifiait néanmoins pour lui qu’elle en avait envie, ce qui lui faisait plaisir. Ils se disaient donc au revoir et le néo-zélandais rentrait chez lui en se disant qu’il aurait peut-être du lui parler de la journée de yoga qui avait lieu le lendemain mais deux raisons l’avaient amené à ne pas le faire en fin de compte. D’une part, il ne pensait pas y aller pour ne pas "coller" à Ais et Isa qui eux y iraient, c’était sur. D’autre part, il ne voulais pas se montrer envahissant avec la blonde même si sa compagnie ne semblait pas lui déplaire, ce serait plutôt le contraire. Il rentrait donc à la maison où il avait un peu l’air "un peu ailleurs" et c’était vrai qu’il était ailleurs au demeurant.

"La web designer est passée à la maison, elle n’avait pas compris que le rendez-vous était annulé. Je lui ai expliqué qu’on ne pourrait pas l’engager. Elle l’a bien pris."

Disait-il tout simplement à Isa puis il avait tendance à répondre à coté de la plaque quand sa famille lui parlait. Asl avait sa famille auprès de lui et aussi en Nouvelle-Zélande alors que Ayl avait l’air tellement seule mais peut-être qu’il se trompait et qu’elle avait juste "le mal du pays" même si elle était toujours en Australie.

Peut-être.

Peut-être que oui, peut-être que non mais dans tous les cas, Asl comptait aider la jeune femme et il proposerait une idée dans les jours à venir, sans se douter que ce serait en fait dès le lendemain dans le sens ou Ayl allait participer à cette journée de yoga et lui aussi finalement.