sk8ter boi (azriel)

Matinée grise, Liam l'avait passé sur la terrasse de son nouvel appartement, café en main, ordinateur sur ses genoux. Répondre à des courriels, remplir des papiers, ses yeux brûlaient à force de regarder l'écran, la lumière bleue lui tombait sur le système. Il regarda le ciel, les nuages semblaient vouloir se dissiper. La pluie qu'on avait annoncée à la télé allait peut-être leur échapper, par bonheur. Il ferma le capot de son ordinateur portable d'un geste vif, s'étira les bras et le dos en laissant un gémissement s'échapper, puis se leva. Il attrapa ses une casquette qu'il enfila à l'envers, couvrit son torse d'un débardeur ample et attrapa sa planche. Il détestait les journées de comptabilité, détestait tout ce qui était travail de bureau. Lui, il avait ce besoin de bouger. Pas pour rien qu'il ne s'était pas plu dans la vente. Et ce besoin, aujourd'hui, était pressant. Il dévala les rues de son nouveau quartier qu'il ne connaissait pas encore par coeur sur son skate jusqu'à se retrouver sur les rues principales de la ville, là où il y avait plus de gens, là où les commerces étaient situés, là où son club allait ouvrir. Il y pensa, peut-être un peu trop longtemps, puisqu'il sembla faire collision avec un autre planchiste. Dans leur carambolage, Liam fut envoyé sur le sol, son épaule éraflée par le ciment.

@azriel shillinglaw

Casquette posée à l’envers sur sa tête, cigarette roulée dans une main, Az rentrait à l’appartement après avoir passé un bon moment au skatepark, principalement en compagnie de Niels et Milo. La journée s’annonçait calme et il en profitait pour s’adonner à ses activités préférées, décidant de rentrer pour dessiner un peu en toute tranquillité et surveiller Ivy, histoire d’offrir un peu de temps libre à Beth. Il aimait bien passer du temps avec la petite, tous les deux à l’appartement, que ce soit pour vaquer à ses occupations quand elle faisait une sieste, ou jouer avec elle, ou encore lui donner le bain. Il savait que sa colocataire se sentait parfois coupable de leur avoir imposé un bébé dans leurs vies, mais ni Milo ni lui ne s’en plaignaient, bien au contraire. Ivy était un rayon de soleil dans leur vie, et il ne fallait pas se leurrer, son sourire surpassait largement ses nuits à pleurer. C’était à donner envie d’avoir des gamins, vraiment. Az ralentit à l’approche d’une poubelle pour jeter son mégot, avant de repartir de plus belle dans les rues, profitant du vent qui fouettait son visage hâlé. Il sortit son téléphone de sa poche quelques secondes pour regarder un message, et allait même y répondre avant de percuter quelqu’un, perdant l’équilibre et manquant de s’éclater le coude sur le béton, se rattrapant sur ses mains alors que sa planche continuait sa course sur quelques mètres. Un peu sous le choc, l’italien se redressa en regardant autour de lui, croisant les regards surpris et parfois inquiets des passants qui s’étaient arrêtés pour regarder la scène. « Oh cazzo, scusa. » jura-t-il en allant s’excuser auprès du gars qu’il avait percuté. « Ça va man ? C’est de ma faute, je suis vraiment désolé. » fit-il en venant aider d’un bras le skateur à se relever. Ouais, lire ses messages quand on roulait, c’était pas la meilleure idée du monde, même quand on était un skateur aguerri. Az remarqua l’épaule légèrement blessée du jeune homme, affichant une moue qui traduisait tout son sentiment de culpabilité.

En Espagne, le skate était un sport sacré, presque considéré comme le sport national. Ville ancienne comme jamais, tout de béton lisse, les attraits touristiques devenaient des skate park urbains où il était commun de s'y perdre. Les piétons et les planchistes se partageaient les routes piétonnières sans vraiment de problèmes. Et peut-être que Liam avait un peu trop pris ça pour acquis, s'élançant sur les routes de Bowen qu'il ne connaissait pas aussi bien que sa maison, rêvassant au passage à l'ouverture de son bar sur les rues plutôt passantes de sa ville d'accueil. Il avait si peu fait attention que tout son corps avait été éjecté quand il s'y attentait le moins, lui qui ne portait qu'un lousse débardeur et qui vit sa peau s'érafler contre le sol, la plaie ouverte qui commençait à perler le sang et l'ouverture qui se mettait à picoter. « Joder de mierda », lâcha-t-il en relevant, retirant le gravier de ses mains en les frottant l'une à l'autre avant de porter son attention à la blessure sur son épaule. Il leva les yeux vers une voix qui s'approcha de lui, accepta son aide pour se relever alors que sa planche, elle, avait disparu de son champ de vision. « Ça va », lui assura-t-il. « Non, mec, j'regardais pas où j'allais. » Il était convaincu, au fond, que c'était sa faute, ignorant complètement que l'autre avait son téléphone dans les mains au moment de l'accident. « T'aurais pas de l'alcool pour désinfecter une plaie sur toi hein ? », demanda-t-il surtout à la blague, sachant très bien que les planchistes expérimentés comme eux ne trainaient pas de désinfectant dans leurs poches. Mais, qui sait, peut-être était-il médecin ?

Le barman n’était pas un habitué des accidents de la route entre skateurs, généralement, autant passants que planchistes faisaient attention sur les trottoirs. Il avait tellement l’habitude qu’il consultait parfois son téléphone alors qu’il roulait, ses oreilles et sa vision périphérique suffisant amplement à éviter les collisions, ainsi que son équilibre sur la board. L’incident du moment était là pour lui rappeler qu’il fallait se méfier d’être trop à l’aise, même quand on était un expert, et qu’il ferait mieux d’être attentif en tout temps à où il allait. Il aida le garçon qu’il avait renversé à se relever, remarquant son bras blessé. Son interlocuteur s’était lui aussi excusé et Az lui adressa un petit sourire, même si la faute revenait clairement à l’italien, un accident entre skateurs pouvait arriver et il était inutile de débattre sur qui était à blâmer. « Malheureusement, non. » répondit le brun en confirmant qu’il n’avait pas de désinfectant sur lui, une pointe d’amusement éclairant ses traits, car effectivement, c’était rare de se balader avec ce genre de produits sur soi, surtout quand on pratiquait le skate depuis plusieurs années. Les blessures, ça arrivait, c’était souvent superficiel, et puis on mordait sur sa chique et on en rigolait, ça ferait une blessure de guerre. Il repéra la planche solitaire du garçon un peu plus loin, qu’il alla récupérer en même temps que la sienne, accourant à nouveau vers le jeune homme. « Tiens. J’suis vraiment désolé, j’espère que tu t’es pas trop fait mal. J’peux aller demander dans un bar s’ils ont pas de quoi désinfecter. » fit-il en lui tendant son skate, avant de désigner un des commerces de l’autre côté de la rue. Au pire, ils auraient toujours de l’alcool, ça désinfectait bien, non ? Mais c’était pas vraiment l’option qu’il avait en tête. Sinon, le garçon pourrait toujours au moins passer la plaie sous l’eau, c’était déjà mieux que rien.

Ça faisait partie du sport, de tomber, de s'égratigner, de saigner. Souvent, ça arrivait plutôt quand Liam tentait de faire le fanfaron sur sa planche, de faire de nouveaux tricks, comme sauter une chaine de trottoir, par exemple ou tenter un saut sur trois-cent-soixante degrés. Mais cette fois, rien de tout ça ne lui était arrivé. Il rêvassait, les yeux bien ailleurs que sur la route. Et s'il avait été concentré, il aurait pu éviter cet autre skateur, et, par la même occasion, éviter de s'érafler l'épaule au sang. Il l'avait demandé à la blague, l'alcool antiseptique, mais c'était plutôt vrai qu'il était amoché. Le skateur fit quelques pas pour rattraper la planche de Liam avant de revenir vers le grand blessé en pointant du doigt la rue principale, celle qu'il regardait, l'Espagnol, avant de se heurter contre lui. Selon lui, un de ces bars pourrait sans doute avoir de quoi nettoyer la plaie. « Mec, l'alcool dans les bars, ça se boit », blagua Liam en récupérant sa planche. « On peut p't'être aller voir, ouais, mais si on y rentre faut absolument qu'on prenne un verre. C'est genre impossible que tu me fasses entrer dans un bar dans prendre au moins un verre. » Il rait, mais il ne disait pas complètement n'importe quoi. Puis, ce mec, il pouvait bien lui accorder un verre, non ? « Liam », se présenta-t-il avant d'ajouter : « Tu connais bien les bars de la ville ? » S'il voulait se lancer en affaire, il aurait peut-être besoin de contact ou de genre connu du monde de la nuit.

Az s’esclaffa à la remarque du skateur blessé, qui affirma que l’alcool, c’était fait pour être bu. Il hocha la tête à ses paroles, tant qu’à faire, ils pouvaient effectivement prendre un verre. À la façon dont il l’avait dit, l’italien espéra toutefois qu’il ne soit pas alcoolique, mais il se doutait que c’était plutôt dit sur le ton de la plaisanterie. Et une petite bière par cette chaleur ne ferait pas de mal, après l’incident. « Ça va, on n’a qu’à faire ça. It’s on me. » répliqua-t-il avant de préciser qu’il lui paierait ce verre. Il lui devait bien ça, après lui être rentré dedans et l’avoir projeté au sol. Ils trouveraient bien de quoi nettoyer un minimum la plaie sur place. « Az. » se présenta à son tour le brun en échangeant un check avec son interlocuteur. « Enfin, Azriel. » ajouta-t-il avec un sourire. Son entourage ne l’appelait quasiment jamais par son nom complet, encore moins ses potes skateurs. Ce diminutif était presque devenu un prénom officiel depuis les années. Un sourire amusé éclaira les traits détendus de l’italien quand le dénommé Liam lui demanda s’il connaissait bien les bars de Bowen. Au vu de son accent espagnol, son interlocuteur n’était peut-être arrivé que récemment en Australie. « Plutôt, oui, je suis barman au Hendrix. Tu y as déjà été ? » demanda-t-il. Depuis le temps, il connaissait bien les débits de boisson du centre-ville, les concurrents et les partenaires. Son second job lui permettait d’arrondir les fins de mois depuis bien longtemps déjà et il aimait ce qu’il faisait, en plus de ça. « Mais c’est pas tout près, autant aller ailleurs pour cette fois. » reprit le garçon en désignant dans le même temps un bar de la rue d’en face d’un signe de tête, q’il connaissait un peu. Il savait que les propriétaires étaient sympas là-bas et ils auraient sûrement de quoi nettoyer la blessure que Liam portait au bras.

C'était surtout parce qu'il connaissait le monde de la nuit, et qu'il ne disait jamais non à une bière qu'il s'était permis de plaisanter avec le skateur sur l'alcool. Mais, dans les faits, il lui était souvent arrivé d'entrer dans des bars sans consommer. D'abord, quand il y travaillait, rares étaient les fois où il consommait sur son lieu de travail. Il refusait systématiquement les verres offerts par les clientes, parce qu'il trouvait qu'il performait mieux sans la liqueur dans le sang. Puis, il y avait aussi ces fois où il allait récupérer ses amis en soirées. Parce qu'en Espagne, là où il avait grandi, il lui arrivait souvent de récupérer des filles à la fermeture, sans l'idée de les ramener dans son lit et de profiter d'elles, bien au contraire, dans le simple but que d'autres ne sautent pas sur l'occasion d'abuser de leur état. Il tenait bien trop à ses amies pour ça. Certaines n'étaient histoire que d'amitié, d'autres plus, mais jamais il ne s'était permis de franchir la limite avec aucune d'entre elles. Az, comme il s'était présenté, assura que la tournée était pour lui. Liam acquiesça en riant. « La prochaine sera pour moi », fit-elle en supposant qu'ils se croiseraient à nouveau à Bowen. La ville, bien qu'il n'y soit pas depuis longtemps, lui semblait petite. Et si ça se trouvait, ils finiraient par fréquenter les mêmes endroits. Liam lui demanda d'ailleurs s'il était plutôt connaisseur des bars de la ville, ce à quoi Azriel répondit à la positive. Il était barman, en effet, il connaissait plutôt bien le monde de la nuit. « J'ai pas eu la chance d'y aller, ça fait à peine quelques semaines que je me suis installé ici », avoua l'Espagnol, son accent très prononcé qui venait l'avoir trahi. « Va pour le bar d'en face », lâcha Liam en se dirigeant vers ce dernier. Sa blessure commençait à chauffer, il fallait sans doute la nettoyer avant qu'elle ne fasse d'infection. « C'est cool que tu sois barman, je suis à Bowen pour ouvrir mon club », confia-t-il alors qu'ils entraient dans le bar.

Az accepta gracieusement l’offre d’un hochement de tête, avant qu’ils ne prennent la route du bar de l’autre côté de la rue. Il lui semblait fort sympathique, ce gars, et malgré ce malheureux accident, ils en rigoleraient peut-être un jour, s’ils se recroisaient dans Bowen. L’italien était quelqu’un de sociable, discret peut-être, mais qui accrochait facilement avec les gens, et son interlocuteur semblait être quelqu’un d’avenant. Surtout en prenant en compte le fait qu’il l’avait éjecté de son skate. « Je te le conseille, et c’est pas parce que j’y travaille. » répondit le barman sur le ton de la plaisanterie. « Y a souvent des concerts locaux le soir, c’est assez sympa. Ton premier verre là-bas sera pour la maison, en guise de bienvenue. » reprit le jeune homme plus sérieusement en adressant un clin d’œil à l’espagnol. Lui n’avait que peu de souvenirs de son arrivée en Australie et de son acclimatation. Il n’avait que douze ans à l’époque, ça lui paraissait si loin maintenant, et il vivait à Bowen depuis si longtemps qu’il passait désormais aisément pour un natif. D’autant plus qu’il était australien par son père, qui avait toujours parlé un peu anglais à la maison, lors de leur enfance à lui et sa fratrie, dans les Pouilles. Après avoir franchi les portes du bar, Azriel se dirigea vers le comptoir où un serveur semblait s’occuper de quelques papiers, et il lui demanda de quoi soigner basiquement l’éraflure de Liam. « Really ? C’est cool ça ! T’as déjà un endroit, un staff ? » demanda-t-il, l’intérêt perçant dans sa voix, alors que le barman revenait avec du désinfectant et proposait au garçon de se rincer le bras à l’évier pour retirer les crasses de la plaie.

Ils prirent la route vers le bar, planches sous le bras. Liam ne tenait pas rigueur au skateur, ils avaient été tous les deux peu attentifs à la route. La faute lui revenait également. S'il ne s'était pas laissé rêvasser d'ouvrir sa boite sur la rue principale, là où les bars semblaient être les plus côtoyés, ils n'en seraient pas là. Il était agile, Liam, sur sa planche, et normalement il aurait été en mesure d'éviter un tel accident. Alors qu'ils se dirigeaient vers le bar le plus près, son interlocuteur, Az, lui parla un peu du monde la nuit qu'il allait bientôt fréquenter. « Ça m'a l'air vraiment pas mal, comme ambiance », nota-t-il quand le barmaid des lieux lui indiqua qu'ils recevaient souvent des bands locaux pour performer. « J'y passerai certainement », concluait-il avec un sourire. Arrivé dans une nouvelle ville, ce n'était pas toujours simple. Encore moins quand la langue créait une barrière. Encore une chance que Liam se débrouillait bien en anglais, depuis à peu près toujours, sans quoi son intégration à Bowen aurait sans doute été difficile. On pouvait cependant entendre à son accent chaud qu'il ne venait pas du pays, qu'il n'était pas australien d'origine. Dans le bar, Azriel et Liam se dirigèrent vers le comptoir où l'Espagnol s'adossa le temps que son compatriote lui revienne avec de quoi nettoyer la plaie. « J'ai repéré un local à louer, pas très loin d'ici. Je crois que c'était un ancien bar, on dit que c'est malchanceux de reprendre un local d'un commerce qui a fait faillite pour lancer quelque chose de similaire, mais j'compte tout le remanier pour en faire quelque chose de bien », s'expliqua-t-il en se levant pour rincer sa plaie derrière le bar, dans le petit lavabo. Il épongea la blessure, attrapa l'antiseptique pour la désinfecter avant de venir y mettre une gaze. « J'ai pas encore de staff, je ne sais même pas si ça fonctionnera, pour tout dire. » Il n'avait rien vu de comparable à Tabù dans le coin. Et s'il n'avait pas de danseurs qui voulaient y travailler ?

Décrivant l’ambiance particulière du Hendrix, Az hocha la tête devant l’air convaincu du jeune homme, alors qu’ils entraient dans le bar. Il y avait beaucoup d’endroits sympas ou prendre un verre en ville, et son lieu de travail en faisait partie. Ce n’était pas le seul, mais il avait toutefois une très bonne réputation. « Cool ! » s’exclama l’italien avec un grand sourire. « Ah ouais ? Je savais pas qu’on disait ça. J’espère que c’est faux en tout cas, je viendrai sûrement faire un tour quand t’auras ouvert. » répondit le barman avec un sourire enjoué. Un nouvel endroit de fête dans Bowen, c’était une bonne nouvelle, même si la ville n’en manquait pas. C’était toujours cool de découvrir un nouvel endroit. « Si t’as besoin de contacts ou même d’un coup de main, hésite pas, je pourrai sûrement t’aider. » assura-t-il à l’espagnol avec un sourire aimable et une pointe d’enthousiasme. C’était tout lui, proposer son aide même à quelqu’un qu’il venait de rencontrer, comme si c’était un pote de longue date. Ça ne le dérangeait jamais de donner un coup de pouce s’il le pouvait, et puis ce monde-là, il connaissait, il était même emballé à l’idée d’aider potentiellement Liam avec sa boîte. Il ne savait pas encore précisément de quel genre de club il s’agissait, mais il était partant pour aider à retaper l’endroit s’il le fallait, lui donner des contacts et faire sa pub au Hendrix, bar largement assez fréquenté et éclectique pour lui offrir un début de clientèle. La plaie nettoyée, Az remercia le barman pour son aide avant de demander une table de libre. « Tu veux boire quoi ? » demanda-t-il à Liam, maintenant qu’il était soigné.

Le monde de la nuit, il connaissait. Il y trainait depuis ses 17 ans. Entre le travail au concessionnaire automobile de son père et ses jobs comme busboy dans les boite de nuit espagnole, Liam avait pris le temps d'étudier les secrets de ce genre d'ambiance. Et ce que le Hendrix réservait semblait bien sympa. Il avait d'ailleurs hâte de s'y rendre, de découvrir les groupes qui y jouaient et les gens qui en étaient des habitués. Mais ce serait durant ses temps libres, ses jours de repos, qui seraient sans doute peu nombreux dans les premiers mois. Azriel lui posait des questions sur sa reprise de bar, Liam souriait. Il était bien gentil de proposer son aide, de vouloir passer à l'ouverture, mais Liam n'était pas certain que c'était l'endroit de prédilection du planchiste. « Des contacts, j'dis pas non... Si tu connais des serveurs qui sont sans job ou des gens qui voudraient en faire la promo... », lançait le brun dans un sourire. « C'est apprécié, mec! », fit-il avec sincérité. « Si tu veux passer à l'ouverture, j'te refuserai pas l'entrée. Mais faut que tu saches que c'est pas un bar comme les autres. » Liam affichait un sourire taquin. « C'est un club de strip-tease », fit-il en ajoutant rapidement, voyant bien le sourire d'Ariel. « Des danseur », précisa-t-il. « C'est peut-être ton truc, mec, mais j'crois avoir un bon radar à gay et tu m''sembles pas jouer dans cette équipe », gloussait l'Espagnol avant de lâcher : « Une bière! »

Azriel n’était pas un moulin à paroles, plutôt tourné vers l’écoute, mais il n’en était pas moins sociable. Et malgré les circonstances un peu chaotiques de leur rencontre inattendue, l’Espagnol semblait être quelqu’un de vraiment sympa, quelqu’un avec qui le barman pouvait facilement accrocher. En parlant un peu plus, il se trouva même qu’ils avaient finalement quelques points communs, si on les voyait tous les deux comme des tenanciers de la nuit. « Je peux en parler autour de moi, sans problème. On peut même faire un peu d’affichage au Hendrix, y a quand même pas mal de passage, ça peut aider. » sourit l’Italien. « Avec plaisir, c’est vraiment pas grand-chose ! » répondit-il ensuite à Liam. Le courant passait bien entre les deux garçons, c’était au-delà d’un simple service proposé avec politesse, mais plutôt un enthousiasme partagé. « Écoute, ce serait avec plaisir. » répliqua Az à l’invitation de son interlocuteur, avant de hausser un sourcil curieux quand ce dernier poursuivi sur une note plus énigmatique. Le sourire de l’Italien s’étendit un peu quand il apprit la suite, plutôt amusé. Ce n’était pas vraiment son truc, les clubs de strip-tease, mais il ne jugeait pas. Il ne voyait pas non plus le mal là-dedans, tant que tout le monde était respecté et que chacun comprenait bien que personne dans ce genre d’endroits n’était un objet. Mais Liam continuait dans ses précisions, et l’image mentale du barman changea encore quand il apprit que c’étaient des danseurs, qui animaient le club. Il trouvait ça original, même s’il se reprit ensuite pour cette remarque mentale. Pourquoi pensait-on forcément directement à des danseuses quand on parlait de strip-tease ? Il n’y avait pas de raison. C’était la première image qui venait à l’esprit, et pourtant c’était con. « Ton radar fonctionne bien, enfin, ou alors il y a des parties de moi-même que je n’ai pas encore découvertes. » rit l’Italien de bon cœur. « Mais ça ne m’empêchera pas de passer boire un verre et profiter de l’ambiance, enfin, j’imagine que c’est ouvert à tout le monde ? » reprit-il alors que Liam commandait à boire, suivit par le jeune homme qui prit la même chose.