Une visite inattendue Ft. Charlize

Romy avait été malade toute la nuit, à tel point que j'avais fini par la prendre dans mon lit avec moi, je ne savais pas bien ce qu'elle avait, son médecin n'était pas disponible avant demain et je n'avais pas envie de déranger les urgences pédiatriques, ça ne me semblait pas si grave que ça. Pourtant je n'avais pas eu le cœur à laisser ma fille chez ses grands-parents pour la journée alors j'avais appelé à la boutique et prévenu qu'on devrait faire sans moi pour aujourd'hui. Mes employés savaient comment faire tourner le salon de thé, ça ne me faisait pas trop peur. Ce qui me faisait peur par contre c'était de rester seule chez moi, de broyer du noir, parce qu'après la nuit qu'elle avait passé, Romy dormait beaucoup à présent. Je m'étais habillée, j'avais fait l'effort de ne pas traîner en pyjama même si je restais chez moi et puis j'en profitais pour avancer dans mes papiers, ma comptabilité, au moins je n'aurais pas totalement perdu ma journée. Au beau milieu de l'après midi la sonnette de l'entrée retenti, je n'attendais personne. Je traversais mon grand salon, tentais un regard dans le miroir de l'entrée, au moins je ne faisais pas trop peur à voir, puis j'ouvrais la porte. Sur Terry. Cette fille c'était une collègue d'Axten, elle me regardait tout sourire et moi je ne savais pas bien comment l'accueillir. Imaginez vous une grande blonde, une bombe, élancée, sportive, gentille de surcroît et drôle, à ce qu'il paraissait. A l'époque Axten l'aimait beaucoup et moi je ne voulais pas en entendre parler. Ils étaient dans la même équipe, ils passaient beaucoup de temps ensemble, trop de temps, selon moi, j'étais jalouse et ça se voyait, même si j'avais confiance en mon mari. Elle avait une petite boite dans la main type tupperware, je me demandais bien ce qu'elle faisait là. Cooper ? Bonjour. ... Qu'est-ce qu'il t'arrive ? En vérité je ne savais pas bien comment l'accueillir, nos rapports avaient toujours été assez froids, polis mais sans plus, enfin surtout de ma part, il fallait l'avouer.

Charlize avait des amies de toujours, des copines, deux soeurs aussi, elle était assez entourée pour ne pas chercher à aller plus loin, surtout en ce moment où elle se vautrait dans sa solitude et surtout pas du côtés des collègues d'Axten, elle ne l'avait jamais fait, ce n'était pas aujourd'hui qu'elle voulait commencer. Et puis vous l'aurez compris, elle n'était pas forcément attirée par Terry, avec cette vieille histoire de jalousie qui, même si elle ne rimait plus à rien, restait coriace. Elle se souvenait que son mari l'avait toujours rassuré sur le fait qu'il n'avait aucune raison d'aller voir ailleurs, ils étaient très heureux en mariage, en couple, en famille. Mais Charlize c'était une femme pragmatique, même si leur relation avait débuté sur un véritable coup de foudre et qu'il avait perduré par delà les années, jusqu'à ce que la mort les sépare, littéralement, elle n'était pas du genre à croire au prince charmant. Elle savait que l'Homme avait des pulsions, des attirances parfois irrépressibles et si elle restait toujours plus ou moins sur ses gardes concernant les femmes qui tournaient autour de son mari, elle était consciente que ça pouvait également lui arriver à elle, de rencontrer un autre homme qui, pour une raison ou une autre, pourrait l'attirer, attiser chez elle l'envie d'essayer. L'humain était un pécheur né et la tentation était partout, elle l'avait appris dans caté. Malgré tout ça, elle avait un certain savoir vivre et elle n'allait pas virer Terry du pas de sa porte. Et puis elle était curieuse d'entendre ce qui l'emmenait. Elle tenta un sourire forcé quand la blonde lui donna finalement la raison de sa visite. Ainsi elle s'inquiétait pour elle... comme tout le monde. Ce n'était pas méchant, non. Mais elle en avait marre de devoir se justifier, elle était en deuil, elle était triste et seule et elle ne voulait pas d'aide, parce que rien ne pourrait lui ramener Axten, c'était un fait. Oui... oui, on va bien. Merci. Romy est retournée à l'école, visiblement ça ne la perturbe pas. Et moi, tu sais, avec les boutiques, j'ai de quoi m'occuper. Cooper lui tendit la boite avec l'air de s'excuser d'avoir apporté des cookies à une pâtissière. Cette fois un sourire plus franc, touché, ses dessina sur les lèvres de Charlize. C'est gentil ! Il n'y a pas de raison qu'ils ne le soient pas. Elle attrapa la boite, hésita une seconde puis dégagea l'entrée. Tu veux prendre un thé ou une boisson ? On va goûter ça. En vérité personne n'offrait jamais de gâteaux ou de viennoiseries à la jeune femme, parce que tout le monde craignait qu'elle critique ou qu'elle juge que ce ne serait pas aussi bien fait que ce qu'elle faisait. Sauf que ça faisait toujours plaisir de recevoir ce genre de présent, pour une fois qu'elle n'avait pas à mettre la main à la pâte. Et puis souvent c'était très bon, surtout sur des choses aussi simples que des cookies pour lesquelles il ne fallait pas un diplôme de pâtissier pour bien faire.

Terry avait toujours plus ou moins sentie que Charlize avait une réticence envers elle, mais elle ne sait pas trop pourquoi. Et avec la mort de Axten, elle n'avait pas pu la revoir, et elle s'inquiétait un peu, surtout avec Romy. Axten avait été un excellent ami pour Terry et il avait été là pour elle quand elle en avait eu besoin, alors elle voulait prendre soin en échange de sa famille à lui. Après sa mort, Charlize avait disparue, mais quand Terry avait appris son retour, elle était venue la voir, pour prendre de ses nouvelles, elle s'inquiétait beaucoup pour elle.
Terry avait même fait quelques cookies pour ne pas arriver les mains vides. Elle était sur le pas de la porte quand Charlize lui a ouvert, apparemment surprise de voir Terry devant elle. Elle est contente de voir que les filles vont bien. Elle sourit et acquiesce à ses dire. Elle peut un peu comprendre ce qu'elle endure. Elle se souvient encore de la mort de son père quand elle avait 10 ans, et de comment elle a réagit. Elle sait ce que Romy vit, même si la petite est plus jeune qu'elle. Elle lui offre ses cookies même si elle sait qu'ils ne seront probablement pas aussi bon que les siens. Elle s'écarte pour la laissé entrée, et Terry sourit en la remerciant. Elle entre dans l'appartement qui est agréable, et elle remarque tout de suite qu'un enfant vit ici, cela amène de la vie, peut-être qu'un jour, elle aura cette chance qui sait. Elle redresse la tête vers elle quand elle lui propose un thé.

Le thé sera très bien merci, mais tu n'es pas obligé, tu as peut-être des choses à faire, je suis venue à l'improviste mais j'ai pas souvent des horaires convenables pour débarquer chez les gens.

Elle lui lance un sourire en la regardant faire. Terry, se lève du canapé et s'approche de Charlize.

Tu as besoin d'aide ?

Ceux qui connaissaient bien Charlize savaient que pour la séduire on pouvait tout miser sur la nourriture, elle était gourmande, épicurienne et d'autant plus lorsqu'il s'agissait de sucré, ce n'était pas pour rien qu'elle avait choisi la pâtisserie, elle aimait autant la faire que la manger. Mais beaucoup craignaient son jugement, comme si elle était un véritable tirant alors qu'elle était souvent tout simplement contente de partager quelque chose qu'elle n'aurait pas fait. Mais tant qu'à faire, elle préférait largement qu'on craigne ses critiques, souvent c'était injustifié, plutôt qu'on sorte le grand jeu en voulant l'impressionner avec une recette impossible... et souvent ratée, là c'était le pire, les excès de zèle. Alors finalement, l'attention de Terry, ce fut ce qui aida le plus à briser la glace. On ne va pas rester devant la porte. Et puis Romy dort, tu ne me déranges pas. Elle la sauvait même de ses papiers et de sa comptabilité qui commençaient à lui embrouiller la tête. Elle finirait plus tard. Oui je me doute que tu n'as pas énormément de temps libre. C'est... gentil... de passer. C'était un peu forcé, en vérité si elle avait eu le choix elle se serait bien passée de cette visite, ça lui aurait évité d'être gênée face à la blonde. La cuisine et le salon, salle à mangée, étaient une seule et même grande pièce ouverte et lumineuse, Wojcik invita la jeune femme à s'installer sur le canapé alors qu'elle se dirigeait vers l'îlot central où elle alluma la bouilloire pour le thé après avoir déposé la boite de cookies. Terry la rejoignit en lui proposant son aide. Tu peux attraper la grande boite en bois face à toi et te choisir le thé que tu préfères. Charlize était amatrice de thés alors elle possédait un large choix pour elle et ses invités. Elle sortit deux jolis mugs et y versa l'eau frémissante avant de se choisir un sachet au jasmin. Alors, comment vont les garçons ? Les garçons c'était comme ça que la pâtissière nommait affectueusement l'équipe de pompiers de son mari, Terry étant la seule fille dans l'effectif. Elle ne les avait pas vu depuis un moment, certains anciens étaient partis, ils avaient été remplacés, Axten avait quitté la caserne depuis bien plus longtemps que ces deux dernières années, peu après l'annonce de sa maladie en vérité, alors ça datait de quasiment quatre ans, les choses avaient changé depuis.

Terry était entrer chez Charlize et elle s'installa sur le canapé, mais au final, elle vient aider Charlize a faire le thé, enfin comme le peut. Elle lui propose son aide, et quand Charlize lui demande d'attraper sa boite et de choisir le thé qu'elle veut. Elle l'ouvre et regarde les choix proposé et il y en a pas mal, mais surtout elle a celui que Terry préfère, celui à la menthe. Elle prend le sachet et pose la boite ouverte vers Charlize pour qu'elle se serve aussi. Elle la regarde faire et sourit. Elle prend deux sucre, car elle aime bien son thé sucré sinon elle a l'impression que c'est juste de l'eau chaude.

Merci beaucoup pour le thé.

Elle prend le mug une fois servit et se dirige vers le salon et s'installe ses cookies proposés sur la table basse. Elle laisse son thé infuser dans sa tasse qu'elle fixe sans vraiment savoir comment commencer. Elle aime son thé bien infuser et fort, donc cela va prendre sur temps mais tant pis de toute façon faut que l'eau se refroidisse. Mais faut bien, alors elle relève la tête et lui sourit quand elle s'installe aussi.

Alors comment vous allez ?

Elle la regarde et lui sourit. Elle espère qu'elle va bien, son retour est assez surprenant à Bowen.

Depuis son retour, Charlize n'avait laissé entrer chez elle que des personnes qu'elle appréciait, elle n'avait pas voulu s'embarrasser à faire des efforts pour d'autres, simplement pour la parade, alors qu'elle n'en avait pas envie. Enfin elle avait quand même ouvert au menuisier qui était venu changer une fenêtre, mais ça c'était autre chose. Toujours est-il qu'elle n'était pas vraiment sûre d'apprécier la présence de Terry dans sa maison mais la doctoresse avait fait l'effort de venir jusqu'à elle alors elle se montrait courtoise. Et puis elle pourrait avoir une bonne surprise. Il est vrai qu'à force de se couper de tout le monde, Cha avait fait un tri quasi naturel dans ses amis, il ne restait que les vrais, les meilleurs, ceux de toujours, c'est à dire, pas tant de monde que ça. Mais ça ne la dérangeait pas tant que ça, à quoi bon des amitiés qui n'en étaient pas vraiment ? Elle laissa la blonde se servir dans la boite à thés et prendre ses morceaux de sucre ensemble elles se dirigèrent vers le salon pour prendre des places plus confortables dans les fauteuils face à la table basse. Charlize se servit en cookie. Ca va, merci. Cette question la dérangeait toujours. Evidemment que ça n'allait pas, mais la pâtissière n'était pas du genre se plaindre alors autant dire que tout allait bien, c'était plus simple. Terry ne se contenterait sûrement pas de ça. Cha se cala donc dans son assise et sourit furtivement. Romy est tellement contente de retrouver sa famille, ses grands parents lui manquaient et ses tantes aussi. Et puis eux aussi, c'est important qu'ils la voient grandir. Quant à moi, il fallait que je rentre, j'ai quatre boutiques à faire tourner ici, je ne pouvais pas rester là-bas et faire l'autruche toute ma vie. Et je ne me voyais pas non plus fermer ou vendre, ce sont mes bébés. Elle croqua dans le cookie qui était une vraie réussite, il fallait l'admettre, croustillant en dehors, fondant à cœur, décidément, cette fille avait tous les talents. C'est très bon, vraiment. Petit sourire, un peu plus détendu, un peu plus sincère. Et toi, comment vas-tu depuis le temps ?