owner of a lonely heart • abby

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owner of a lonely heart
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@abby meers & @aura luciano

J’avais peu d’amis, ici, à Bowen. J’avais peu d’amis en général, de tout façon, me contentant souvent de fréquenter le cercle de mon frère jumeau. À Florence, malgré tout, j’avais établi quelques liens amicaux, notamment avec mes collègues du musée des Offices, mais ici, en Australie, je n’avais pas encore réussi à créer de lien, et encore moins avec mes collègues qui me prenaient de haut pour une raison qui m’échappait encore. J’avais donc la sensation de repartir de zéro. Les interactions sociales et moi, c’était souvent compliqué. Timide et de nature discrète, je préférais souvent rester seule, dans mon coin, sans rien demander à personne. Malgré tout, j’avais quand même besoin d’échanger et rester seule, parfois, finissait par devenir pesant. Malgré tout, c’était totalement par hasard que j’avais fais la connaissance d’Abby. Nous nous étions croisé à la bibliothèque, avions échangé sur nos lectures et le courant était passé de suite. Nous nous étions revu plusieurs fois depuis, et je la voyais désormais comme une amie. Cet après-midi, je lui avais donc proposé de me rejoindre à un atelier de composition florale dans une charmante boutique de fleurs - qui faisait aussi salon de thé -, Les jardins de Circé. Scrollant les réseaux sociaux, j’attendais mon amie, adosser à la boutique. L’atelier n’avait pas encore débuter. Quand j’entendis des pas venir vers moi, je levai la tête et collai aussitôt un sourire ravie sur mon visage.
— Hey, salut !

Quand Aura t'avais proposé une activité, tu n'avais pas hésité à dire oui. Bien que les fleurs ne soient pas spécialement la chose dont tu es le plus fan, tu n'étais jamais contre apprendre de nouvelles choses. D'autant plus que la jeune femme faisait partie des seules filles avec qui tu t'entendais vraiment bien. A vrai dire, il y en avait un peu plus que tu osais l'avouer mais ça te faisais du bien que quelqu'un aime autant l'art que toi. Bien qu'il soit différent. Pour une fois, tu avais un peu traîner et tu n'étais pas arriver en avance. En réalité, tu n'avais clairement aucune idée de comment t'habiller pour un atelier de composition florale. C'est probablement ce qui t'avais le plus retarder mais bien heureusement, tu n'étais pas vraiment en retard non plus. Tu te pointas devant la boutique de fleurs et tu souris en apercevant ton amie. Salut, toi. Tu regardas l'entrée. Je vois que je suis pas en retard, ça commence à qu'elle heure déjà ? demandas-tu, curieuse de voir comment aller se dérouler cet atelier. C'était marrant quand on y pense d'avoir rencontrer totalement par hasard la petite sœur du pote de ta propre sœur.  Pote sur qui tu avais un petit crush d'adolescente d'ailleurs, mais ça c'était une autre histoire.

Avoir rencontré Abby m’aidait à me sentir un peu mieux à Bowen. Depuis que j’avais emménagé, en effet, on ne pouvait pas vraiment dire que je m’étais fabriquée un cercle d’amis très étendu. J’avais même du mal à m’entendre avec mes collègues du musée qui me traitaient comme l’intello de service. Certes, mon CV n’avait rien à envier au leur, et j’avais conscience que le fait d’avoir travailler dans l’un des musées les plus réputés du monde avait de quoi intimidé, mais était-ce vraiment une raison pour me prendre de haut ? Sans même chercher à me connaitre ? Je n’arrivais pas à comprendre ce comportement, et comme je détestais le conflit, j’adoptais une attitude fuyante la plupart du temps, serrant les dents, seule dans mon coin. Cela dit, c’était pesant à la longue et j’étais bien heureuse de pouvoir me pencher vers des personnes extérieures, et sincère, comme Livio ou Abby. Par ailleurs, je savais qu’Abby aimait l’art, comme moi, et qu’elle était créative. C’était donc tout naturellement que je nous avais inscrite à cet atelier de composition floral. C’était l’occasion de décompresser pour un temps, en faisant quelque chose de différent de nos dix doigts. Arrivée en avance, j’attendais mon amie en sortant mon téléphone portant, quand sa voix me fit soudain lever la tête. Je collai un sourire sur mon visage en la voyant approcher.
— Salut ! fis-je joyeusement, non ne t’inquiète pas, ça commence dans quelques minutes. On entre ?
L’atelier était complet et une dizaine de participants étaient répartis sur différentes petites tables, j’en trouvais une pour nous deux et m’installais sur l’une des chaises pour laisser Abby prendre place en face de moi.
— Tes cours à la fac se passent bien ? demandai-je pour faire la conversation.

Tu trouvais cet atelier marrant au final sachant que ta meilleure amie était fleuriste. Il faudrait d'ailleurs que tu lui fasses un topo de cette journée au risque qu'elle boude un peu. Tu étais contente de le faire avec Aura, elle aimait autant l'art que toi, peut importe lequel et sa simplicité te faisait du bien. A vrai dire, tu avais hâte de tester, même si peut être qu'au final ta création ne ressemblerait à rien, l'important c'était de participer et de passer un bon moment avec ton amie. Tu hochas la tête quand elle te proposa de rentrer. C'était partie, il n'y avait plus qu'à. Une dizaine de personne était déjà là et même si tu n'étais pas à l'aise avec ça, au moins tu n'étais pas toute seule. Vous finissez alors par vous trouver une place assez rapidement en attendant les instructions. Plutôt bien oui, j'ai de bonnes notes et pas de mal à suivre, je n'ai pas à me plaindre. dis-tu en souriant. Et toi alors, tu en es où dans ton projet d'être antiquaire ? demandas-tu, curieuse de savoir. Elle était passionnée par ça et toi tu les admirais ses gens là, tu ne lui souhaitais que ça. Une dernière personne entra dans la salle, probablement votre accompagnant pour donner les instructions. Tu avais hâte de commencer.

J’avais adoré être étudiante, que ce soit pour mon cursus d’Histoire et d’Histoire de l’Art à Florence, ou mes deux années à l’école du Louvres à Paris. J’avais adoré étudier, surtout. Apprendre. Car la vie étudiante, les sorties etc…ça n’était pas vraiment mon style. J’avais laissé ça à mon frère. Il n’avait pas poursuivi ses études, lui, pourtant, il m’avait accompagné dans tout ce que j’avais entrepris. Entendre parler Abby de ses notes me rendit nostalgique. J’aimais mon travail plus que tout, malgré le fait que j’avais du mal à m’intégrer parmi mes nouvelles collègues au musée de Bowen que j’avais intégré récemment, mais l’ambiance universitaire me manquait parfois, je devais bien l’admettre. Quand Abby s’enquit de mon projet de devenir antiquaire, je ne pus m’empêcher de sourire. Je parlais très peu de ce rêve que j’avais et qui, pour l’heure, n’avait rien de concret mais j’aimais partager cela avec la jeune femme.
— Pour le moment, je n’en suis nulle part, avouai-je.
Je haussai les épaules et pinçai les lèvres.
— C’est de l’ordre de l’imaginaire pour le moment. Pourtant, ce n’est pas l’envie qui manque, ce que je fais au musée de Bowen est bien moins passionnant que ce à quoi j’étais habitué à Florence. Mais…gérer sa propre boutique, c’est pas rien. Je ne sais pas si j’aurais les épaules.

C'est vrai que la vie d'étudiante est plutôt sympa en soit, c'est vraiment ton élément, les examens, les cours aussi stressant soit-il. Pour le coup, c'est l'après qui te fait encore plus stresser. Quand tu auras ton diplôme et que tu devras plonger dans le monde du travail, c'était tout de suite plus effrayant. Heureusement, tu avais encore un peu de temps et tu comptais bien en profiter pour apprendre de nouvelles choses. Ton amie elle, avait des projets et en grande fan d'art tu ne pouvais que lui souhaiter de réussir. Il n'y a pas de raison que tu n'es pas les épaules pour, t'es une fille forte et puis t'es italienne, ça fera venir les hommes riches pour acheter tes œuvres. dis-tu en riant. C'était un peu creepy de pensé comme ça en y réfléchissant. Non en vrai, tu es surtout doué, il faut juste que tu prennes confiance en toi. dis-tu d'un sourire réconfortant. Tu regarde les fleurs posées devant toi. C'est un peu le même principe que cet atelier, prendre de vieux objet avec déjà un certains charmes pour en faire d'autres jolies choses. rajoutas-tu, enthousiaste. En réalité toi, tu préférais les bouquins et tu n'étais pas vraiment manuel, peut être que ce que tu allais faire en sortant de l'atelier ne ressemblerait à rien. Mais au moins, tu ne seras pas morte avant d'avoir essayer. C'est ce que tu te disais toujours.

La confiance en soi…c’était un grand sujet. Chez moi, c’était souvent là que le bas blessait. Même si j’avais fais des efforts depuis quelques temps. L’entrée de Livio dans ma vie n’y était pas pour rien d’ailleurs. J’apprenais, petit à petit, à garder un oeil positif sur ce qui me concernait de près. J’acceptais même les compliments, ce qui représentait déjà un grand pas. Par ailleurs, il n’y avait pas que ça qui me freinait pour que j’ose enfin me lancer à mon compte. J’avais du mal avec le changement, cela me faisait peur en un sens, même si la vie m’avait démontrer de nombreuse fois que cela pouvait être positif, il subsistait au fond de moi un peur que je n’arrivais pas à taire. Mais il fallait que j’avance, que j’arrête de me trouver des excuses pour ne pas avancer. Je devais me rendre à l’évidence, mon job de rêve au Musée des Offices de Florence était dernière moi et je n’avais rien trouvé de semblable à Bowen, je ne trouverais plus jamais rien de semblable, nulle part. Il fallait que je tourne la page, et ce projet de boutique d’antiquité était un moyen d’y parvenir.
— Oui, tu as sans doute raison… accordai-je.
Je tâchai d’arranger la composition floral que j’avais commencé. En général, les activités manuelles me détendaient assez, il fallait simplement que je lâche prise, que je m’accorde un moment à moi. Malgré tout, j’étais pensive et ne parvins réellement à relâcher. Je soupirai, après avoir observer le silence un court instant.
— Tu as sans doute raison…et puis, je pourrais demander à Livio de m’épauler, il a l’esprit entrepreneur, lui…

Tu ne pouvais que la comprendre. Mise à part sur les études, toi, tu manquais de confiance en toi dans les relations humaines et c'était tout aussi handicapant au final. Tu te cherchais encore à l'heure actuelle. Mais Aura elle, elle avait la chance d'avoir des mains en or et un certain gout inégalable. Il ne fallait pas qu'elle en doute une seule seconde. Tu hoches la tête tout en te battant avec tes mains pour faire des fleurs quelque chose de potable, mais ce n'était pas gagné. Tu as de la chance d'être entouré en plus, y'a pas de raison tu as plein de gens derrière toi. lui affirmas-tu. Dont moi. rajoutais-tu en souriant. Tu aurais aimé en dire autant, tu étais souvent en désaccord surtout avec l'une de tes sœurs et c'était pesant parfois. Même si tu sais que malgré tout, elles seraient toutes toujours derrière toi. Bon clairement, je crois que le travail manuel c'est pas fait pour moi. dis-tu en râlant avant de rire devant ta composition. C'était bourrée de couleur différente, rien d'harmonieux, c'était peut être autant le bordel que dans ta tête. Du coup je suppose que ça va, les amours ? demandas-tu, curieuse de connaître les potins de la vie de ton amie.

Les paroles d’Abby eurent un écho réconfortant en moi. J’étais entourée, c’était vrai. Par mes frères, depuis toujours. Enzo et Fede me soutenaient dans tous ce que j’entreprenais, parfois à bout de bras quand je flanchais. Mes parents, aussi, m’avaient toujours poussée, même s’ils habitaient à l’autre bout du monde, Livio, m’encourageait chaque jour, à croire en moi notamment. Et j’avais désormais Abby. Le soutien, en effet, était une chose très précieuse et je me sentis d’un seul coup très reconnaissante de tout cela.
— C’est vrai, accordai-je en adressant à mon amie un sourire chaleureux. Je ne sais pas ce qui me fait si peur au fond.
En vérité, j’avais d’avantage peur de passer à côté d’une belle chose que de tenter l’aventure, mais comme à chaque fois, j’avais du mal à sauter le pas. Il me fallait d’abord passer quelques barrières, mais j’avais de plus en plus la certitude que je finirais pas y arriver. Ca n’était qu’une question de temps finalement. Revenant à notre occupation, je ne pus retenir un rire quand Abby dénigra sans composition florale.
— Arrête, c’est pas si mal…tu devrais fournir un peu plus ton bouquet, je suis sûre que ce serait très joli avec quelques pivoines
J’adorais les fleurs, il n’était pas rare que je m’en offre quelques bouquets parfois. Quand j’étais jeune, j’aimais passer du temps dans le jardin de ma grand-mère, en Sicile, et ramassé avec elle les plus beaux spécimens. Depuis peu, Livio m’en offrait parfois, et cela me faisait très plaisir. Abby, d’ailleurs, s’enquit de ma vie amoureuse. Aussitôt un sourire se colla sur mon visage.
— Ça va, oui. Je n’aurais jamais pensé être ce genre de fille…en couple et heureuse, ça me paraissait tellement loin de moi, avant…
Avant Livio.

C'était marrant au fond, cette façon de motivé ton amie, de la pousser et de croire en elle alors que toi, tu ne croyais même pas en toi. De toute façon, il est toujours bien plus facile de donner des conseils aux autres que de les appliquer. Bien sur, tu ne pensais pas au côté pro, car sur ça tu n'avais aucun doute sur le fait que tu réussirais. Mais sur tout le reste en revanche, c'était le chaos total. Tu luttais donc l'envie de t'enfermer dans un coin de ta chambre et d'y rester mais également l'envie folle furieuse de sortir de ta bulle. Comme si il y avait deux Abby bien différentes en toi. L'inconnu te fait peur, je pense. lui affirmas-tu en souriant. Mais ça peut être une bonne chose parfois, voler de ses propres ailes. rajoutas-tu en rêvassant. Tu en rêvais de ce moment là, toi, tu en rêvais autant qu'il te terrifiait. Tu te bas avec tes fleurs et tu soupires, c'est pas vraiment ton truc à toi, il faut croire. Tu souris et écoute les conseils de ta copine en ajoutant des pivoines. C'est peut-être plus jolie, mais on dirait un truc fané à côté du tien. dis-tu en riant. Y'a pas de doute, c'est ton truc à toi. Tu l'as questionnes finalement sur sa vie amoureuse parce que, jouer les curieuses c'était aussi ton truc à toi. Après tout, les histoires d'amours, c'est ce qui inspirait tes écrits. Comme quoi, on ne sait jamais sur qui on va tomber ou sur ce qui va nous arriver. répondis-tu à ton amie.

L’inconnu faisait peur à beaucoup de monde non ? En tout cas, chez moi, c’était le cas et j’en avais parfaitement conscience. Dans ma vie, pourtant, j’y avais été de nombreuse fois confronté. J’étais partie vivre à Florence pour mes études alors que je n’avais pas encore dix-sept ans, alors que je n’avais jamais quitté la Sicile, autrement que pour passer des vacances à Bowen, chez Fede. J’étais partie à Paris pour la poursuite de mes études, également, puis j’avais quitté l’Italie du jour au lendemain pour finalement rejoindre définitivement Bowen. Oui, j’avais fait tout ça, mais je n’avais jamais été seule. Enzo avait toujours était derrière moi. Mon jumeau avait toujours fait en sorte que je me sente en sécurité, j’avais toujours eu un point de repère, autrement dit. Me lancer dans le vide, sans filet, n’était pas vraiment mon tempérament. Mais Abby, aujourd’hui, me faisait réaliser que je n’étais peut-être pas tant livré à moi-même au final. Nous nous concentrâmes à nouveau sur nos bouquets et je conseillai à mon amie d’ajouté des pivoines au sien, mais Abby ne parut pas convaincue.
— Je te trouve dure avec toi-même !
Mais c’était l’hôpital qui se fichait de la charité. J’étais la première critique de mon travail, et je n’étais pas souvent tendre. Mais Abby avait raison sur un point, je me sentais dans mon élément, j’ai créer des choses, ou plutôt, les arranger. Peut-être devais-je songer un peu plus sérieusement à mon envie de mettre en valeur des antiquités.
— Non, tu as raison…et ce n’est pas si mal cette part d’inattendu, de temps en temps.