Regarder danser les gens + Terry

Trying something new
Bar de la plage, dix neuf heure, Samuel arrivait en short de plage et t-shirt blanc, jamais il n'avait été habillé aussi casual pour un rendez-vous, ses cheveux mi-long ramenés en arrière avec quelques mèches folles qui se baladaient au gré du vent, il se sentait étrangement libre. En même temps il y avait quelque chose de difficile à comprendre pour un homme qui n'avait connu que son bout d'île battu par les vents et les marrées ou la grande Londres au climat et au tempérament capricieux que de vivre à l'autre bout du monde là où les températures avoisinaient les presque trente degrés un mois d'avril. La prochaine étape c'était tester les chemises Hawaïennes, enfin il verrait, il n'était pas encore persuadé que ça lui aille au teint. Pour l'heure il testait un truc vraiment nouveau pour lui, un rendez-vous avec une femme connue sur un site de rencontre. Le genre de chose qu'il n'avait jamais fait de toute sa vie ! Il fallait dire qu'en vrai il n'avait pas tellement besoin de ça pour plaire ou pour séduire. Et puis il était un peu de la vieille école, Sam, il aimait les rencontres en direct, dans une soirée ou même au coin de la rue. Il était le genre d'homme qui pouvait remonter une file d'attente dans le simple but d'aller parler à une jeune femme qui lui plairait et généralement ça fonctionnait parce qu'il savait parler, il avait le compliment facile, sans trop en faire, le sourire agréable et suffisamment de conversation pour ne pas se faire rembarrer au premier mot. Alors pourquoi essayer un site de rencontre, je sais, vous vous posez la question ! Simplement parce qu'il était curieux, sur la pub qui l'avait attiré on parlait de rencontres dans la région, d'un site dont les débuts étaient prometteurs, il y avait même une photo de la plage de Bowen, il l'avait reconnue. Et pour être honnête, il n'avait pas séduit beaucoup de femmes ici, simplement parce que dans une petite ville on rencontrait un peu toujours les mêmes personnes, alors pourquoi pas essayer, au pire ça ne lui coûtait pas grand chose. Et pour un premier essai ce n'était pas mauvais, ce soir il avait rendez-vous avec Terry, charmante pompier, blonde, drôle et séductrice, du moins sur son profil et dans les quelques messages échangés c'était engageant. Il espérait surtout qu'elle ne lui poserait pas de lapin, ce serait de mauvaise augure pour un premier rancard ! Après avoir furtivement cherché des yeux une femme qui corresponde à la description il décida de s'installer à une table haute, pas trop près de l'entrée pour ne pas paraître désespéré mais pas planqué non plus ce serait bête qu'elle le ratte. Il informa la serveuse qu'il attendait quelqu'un et regarda l'horizon, les vagues, le soleil qui descendait, c'était beau, il ne pouvait pas dire le contraire.

A Londres, par un joli temps d'été, Samuel aurait probablement opté pour un joli chino bleu marine avec une chemise blanche de laquelle il aurait remonté les manches pour un look décontracté, sobre, élégant mais sans trop en faire non plus, sans oublier la montre, indispensable. Il savait s'habiller, il avait du goût et une garde robe qui pouvait en faire pâlir plus d'un, à base de quelques jolies pièces Prada, Boss et autres, des cadeaux des marques en grande partie, de l'époque où il était quelqu'un. Là bas son nom signifiait encore quelque chose, il était encore cet écrivain à succès même si sa réputation se faisait plus discrète. Ici il n'était personne, que le plombier de la voisine, le déménageur de certains, peut-être un romancier vaguement connu mais sans plus. Et finalement c'état assez plaisant, ça lui mettait moins la pression. Alors sans non plus arriver habillé comme un sac, il s'était permis cette tenue carrément décontractée et il se sentait bien dedans. En même temps il se serait mal vu fouler le sable avec des mocassins en daim, ça les aurait flingué ! Au bout de quelques minutes il avait vu arriver cette charmante blonde. Evidemment l'idée qu'elle ne corresponde pas à la photo l'avait effleuré, comme tout le monde à ce genre de premier rendez-vous probablement, mais pas plus que ça, au pire ça lui aurait fait une anecdote à raconter à son coloc, ça faisait parti des risques de ce genre de site. Heureusement qu'il n'était pas du genre à se prendre la tête, ça lui évitait les insomnies au moins ! Bref, la fille, Terry donc, était canon, surtout dans cette petite robe blanche tout à fait ravissante qui soulignait son bronzage typiquement australien. Il lui sourit en se levant, bon gentleman qu'il était. Bonsoir ! Elle le vouvoyait, elle était pourtant moins timide lors de leur échange sur BBT. Cependant la façon dont elle lui souriait était assez avenant pour qu'il ne prenne pas peur. Je viens juste d'arriver, c'est rien. Il ne se formalisait pas de ce genre de détail, surtout pour cinq malheureuses minutes. Alors, Terry, c'est bien ça ? Qu'est ce que je t'offre à boire ?

Terry était un peu intimidée, faut avouer qu'elle n'a pas l'habitude de rencontrer des gens de cette manière. Elle est plutot avenante et enjouée mais de la à utiliser une application, c'était la première fois. Voilà pourquoi elle est assez intimidé de se trouver devant cet inconnu, et même si elle a discuté avec lui en ligne, c'est pas vraiment la même chose. Enfin elle va vite prendre le coup elle le sait. Et le fait que lui la tutoie cela la fait sourire et l'aide beaucoup à la détendre. Elle s'approche et s'assoie juste en face de lui, sur la chaise libre.

C'est bien Terry. Et je vais prendre un cocktail de jus de fruit pour commencer.

Terry n'est pas du genre à se laisser aller à l'alcool. Elle en bois bien sur, et sait très bien s'amuser et faire la fête, mais elle connait aussi très bien les ravages de l'alcool, et donc elle reste raisonnable.

et Samuel pour toi ? Pas de pseudo ? Désolé c'est la première fois que je fais ce genre de rencontre sur un site, donc je ne sais pas trop à quoi m'attendre. Je m'étais même dit que tu aurais pu être un vieux pervers ou alors un ado en rute. Enfin tu vois quoi ! Cela me rassure que tu ne soit pas un vieux pervers, enfin pour le côté pervers cela reste à voir.

Elle rit. C'est sur que au vu de leur chat, il y a de quoi se poser des questions mais elle a bien rit, et c'est cela qu'elle se rappelle. Elle ne sait pas si pour lui c'est la première fois, ou peut-être qu'il y est habitué. Ils n'ont pas parler de cela sur le chat, juste se chercher, se taquiner.

Alors dit moi tu as voulu me voir pour avoir la réponse à mon fantasme raté, ou pour essayer de me faire cuisiner pour toi ?

Elle était décidément plus sage que lors de leurs échanges sur l'application, ça ne faisait aucun doute. Ou bien peut-être n'était-ce que le début et qu'elle se lâcherait un peu par la suite. Quelque part Samuel l'espérait, parce certes sa photo de profil était avantageuse, mais ce qui lui avait plu c'était son côté un peu franc, rentre-dedans et drôle, du moins à l'écrit, derrière un écran, il espérait retrouver un peu de cet esprit en la rencontrant en vrai. Mais bon, ça ne faisait pas deux minutes qu'elle était arrivée, il fallait lui laisser le temps. Sam, lui, il n'était pas facilement impressionnable, il ne se laissait pas démonter et il gardait toujours son sens de l'humour, qu'on le trouve drôle ou non, ce qui lui donnait cet air décontracté dans toutes les situations. Un serveur s'approcha de la table et Pohl se retourna vers lui. On prendra un cocktail de jus de fruits et une bière pression s'il vous plait. Il n'allait pas attaquer par du rhum direct alors qu'elle restait au sans alcool. Et puis par cette chaleur, une bière ça le désaltérerait. Lui il ne s'inquiétait pas trop de l'alcool et ses ravages, ça ne l'avait jamais tellement atteint, il aimait ça, il ne s'en cachait pas, parfois il avait fini totalement minable, quand il était plus jeune, il n'en avait pas honte, ça faisait partie de la vie et sa vie à lui était une fête. Il sourit à la blonde. Non, pas de pseudo, juste moi. Je suis peut-être un ado en rûte qui refuse de vieillir dans le corps d'un vieux pervers pas si mal conservé. Ca donne envie, non ?! Mais ça, tu ne pouvais le savoir qu'en acceptant le rendez-vous, ce sera à toi de te faire ta propre opinion j'imagine. Et, pour moi aussi c'est une première, alors relax, on va découvrir ça ensemble. Sa question le fit rire, elle se souvenait bien de ce qu'ils s'étaient dit, évidemment tout ça n'était qu'un jeu, de la taquinerie bon enfant. Le fantasme, définitivement ! Mais qui sait, ça pourrait se terminer par un cours de cuisine aussi. Alors, puisque tu en parles, en quoi c'était totalement raté ?!

Terry commençait à se sentir un peu plus détendue faut avouer que même si c'est une personne plutôt à l'aise, elle est dans une situation inconnue enfin plus maintenant. Elle le regarde passer leur commande, et sourit. Elle avait en tête le cliché de l'écrivain, assis devant sa machine, lunette, et sa tasse de café ou son verre de Whisky. Bref la bière colle plutôt avec le surfeur, mais elle doit avouer que son look aussi, et donc cela est encore mieux et lui plait beaucoup. Elle l'écoute et rit. Au moins il n'a pas changé, il la fait toujours rire.

Je dois avouer que pour un ado en rute dans le corps d'un vieux pervers, oui cela donne envie.

Elle le regarde rire en réponse à sa question. Au moins elle est rassurée, ils sont toujours dans la même disposition que sur le Chat, toujours à se taquiner. Il répond que c'est forcément pour le fantasme. Elle aurait du s'en douter. Elle va pour commencer, quand le serveur leur apporte leurs verres. Elle prend le sien et le lève.

D'abord on trinque !

Elle lui sourit et après avoir cogner doucement leurs verres, elle bois une gorgée, elle va en avoir besoin, pour lui raconter cette histoire.

Bon, tu vois le fantasme de l'étudiante avec son prof, ben c'est celui là. J'étais en fin d'étude de médecine, j'allais être diplômer, et mon référent était un médecin, le genre canon. Les filles de mon groupe le surnommait Docteur mamour en référence à Greys Anatomy. Tu vois le genre. Et un soir, après une soirée où j'étais obliger d'être présente, une histoire de soirée de charité pour l’hôpital, et après avoir un peu bu, on s'est retrouvé seul tous les deux. Me demande pas comment je m'en souvient pas vraiment, cela remonte à 2 ans environ maintenant. Enfin voilà comment je découvre que mon prof sur lequel j'ai fantasmé pendant plusieurs année se retrouve etre un petit pénis, éjaculateur précoce, et j'en passe, même pas des préliminaires ou un calin digne de ce nom. Tu n'imagine pas ma déception.

Elle bois une gorgée de son cocktail et le regarde.

Ne me dit pas que tu n'as jamais eu une déception sur une femme qui te faisait fantasmer ?

Doucement Terry se détendait et petit à petit on sentait que tous les deux étaient là pour la même chose, un jeu de séduction se mettait doucement en place, un peu comme dans le chat qui les avait fait se rencontrer finalement. Ce qui n'était pas pour déplaire à l'écrivain qui était tout de même soulagé de voir que la femme qu'il avait face à lui était la même que celle qui lui avait donné envie de faire plus ample connaissance ce soir. Lui, il était sur de ses talents de séducteur, il savait faire rire les femmes et l'adage qui allait avec s'avérait souvent vrai, femme qui rit... cependant on n'en était pas encore là, pour l'instant ils se cherchaient, ils se découvraient, découvraient en même temps la magie de la rencontre organisée via une application, une première pour tous les deux, tant mieux au fond. Le serveur fut rapide pour leur apporter leurs consommations et ils purent trinquer à cette soirée, une occasion pour elle de faire durer le suspense concernant son histoire de fantasme. Samuel était déjà charmé par le sourire communicatif de cette blonde, c'était un très bon début. Puis il l'écouta raconter son anecdote en buvant une gorgée de sa bière. Il roula des yeux à la référence avec la série médicale, toutes les filles craquaient pour les beaux médecins ! Mais il pouffa franchement de rire à la chute de cette histoire, elle ne mâchait pas ses mots, il nota, au cas où il devait se retrouver dans une situation plus intime avec elle, qu'elle pouvait être critique. C'était trop beau. Il ne pouvait pas être médecin, beau et bien bâti en même temps, t'aurais dû t'en douter ! Enfin bon, après il ne pouvait pas trop critiquer, après tout le gars avait peut-être failli à sa condition d'homme cette fois mais il fallait être solidaire en tant que membre de la même espèce. Ca nous arrivait à tous de foirer un coup pour diverses raisons, l'alcool en était parfois une. Il eut presque pitié pour cet homme, presque ! Et ce fut à son tour de réfléchir à une petite histoire croustillante, c'était bien naturel. Ok, une fois, il y avait cette femme sublime, starlette de télé britannique, une bombe sur laquelle tout anglais digne de ce nom fantasmait. A cette époque je commençais à être bien connu, à sortir dans des soirées privées, à fréquenter du beau monde. Et je l'ai croisé à une de ces soirées. On a dansé ensemble, je l'a fait rire, enfin j'ai pas eu à faire grand chose de plus pour la ramener chez moi. Quand elle a vu la voiture que je conduisais, une petite Porsche pas dégueu, elle était conquise à tel point qu'elle a insisté pour commencer à me tailler une pipe pendant qu'on conduisait. A cause d'elle j'ai fini par rayer l'aile avant de la caisse en arrivant dans le parking, première chose, j'étais passablement énervé, mais bon, faut avouer qu'elle n'était pas mauvaise pour... bon tu vois. Puis en arrivant chez moi elle a insisté pour qu'on fasse ça de façon ultra bestiale, genre même pas agréable, type film porno, elle en faisait des tonnes, j'pense qu'elle n'a fait que simuler, elle m'a fait perdre tout envie et j'ai moi-même fini par simuler pour qu'elle se taise. Et le pire c'est que le lendemain les tabloïds nous avait mis en première page "le nouveau couple à suivre", "l'écrivain et la bimbo ensemble", j'en passe et des meilleurs, un vrai cauchemar ! Depuis il avait tout fait pour éviter ce genre de femmes, il en était revenu des célébrités. Il préférait largement fréquenter de parfaites inconnues, pas trop fans de lui non plus, belles, oui, mais pas de celles qui pourraient lui faire une mauvaise pub. Alors après le docteur mamour t'as voulu tenter le fantasme de l'écrivain torturé ? Parce que je risque de te décevoir à ce nouveau là, j'suis plutôt bien dans ma peau pour être honnête ! Il sourit en jouant avec son verre. J'ai pas trop l'impression que t'ais besoin d'un site de rencontre pour avoir un mec, elle est où l'arnaque alors ?! Il ne cherchait pas à la confronter mais il était curieux, elle était belle, visiblement rigolote, il ne voyait pas trop en quoi elle pouvait avoir du mal à rencontrer des hommes.

Terry se détendait, enfin. Terry n'avais jamais vraiment eu de rendez-vous comme ce genre là, déjà c'était la première fois qu'elle s'inscrivait sur un site de rencontre, mais même avant, personne ne lui avait encore organisé un rendez-vous, pas même une amie, et pourtant elle sait que certaines avaient essayer. Mais rencontrer un inconnu, comme ça, et bien elle trouvait que cela enlever la magie de la rencontre. Mais ce soir, lui fera peut-être changer d'avis, faut avouer que Sam est très plaisant, et puis elle passe un bon début de soirée. elle lui avait promis de lui raconter son fantasme raté, tellement raté qu'elle s'en souvenait encore. Franchement quand votre fantasme se révèle être un gros nul, vous vous en souvenez, peut-être même plus que quand c'est l'inverse. Elle rit quand il dit que c'était trop beau.

Oui c'est vrai, je devrais m'en méfier. Faudrait aussi que je méfie de toi alors ?

Histoire de faire passer le message que, pour l'instant du moins, il est pas mal, et qu'il pourrait être un fantasme à lui seul, pas que pour Terry bien sur, elle est persuader qu'il y en a d'autre qui craque secrètement pour lui. Elle attendait que lui aussi se livre un peu, c'est comme cela, ils font connaissances à travers des anecdotes croustillantes. Elle l'écoute et sourit.

Film porno alors ? Maintenant j'ai envie de savoir qui sait la nana ! Mais bon je peux comprendre un peu le truc. Enfin j'ai bien entendu que tu conduisait une porche ? cela fait quoi de conduire ce genre de bolide ?

Elle sourit en sirotant son cocktail.

Et bien pourquoi pas, mais je suis déçue si tu n'es pas torturer, je pourrais pas jouer les psy, et te chouchouter alors ?

Elle éclate de rire avant de le fixer.

Je pourrais te retourner la question. Mais pour te répondre, je ne sais pas trop quoi te dire. Enfin si, probablement que j'ai du mal à faire confiance, je pense. pour tout te dire, j'ai été fiancée il y a quelques années, enfin jusqu'à ce que sa deuxième fiancée vienne me voir, et m'annonce qu'on était deux, et que donc il avait une double vie. Enfin tu vois le truc ... Je me suis lancer sur ma carrière a fond après ça, et puis j'ai pas un emploi du temps facile. Bon et toi ? Pourquoi tu es toujours seul ?

Jamais Sam n'aurait pensé que ça pourrait être si simple pour Terry de lui raconter son fantasme raté, il aurait plus imaginé qu'elle se ferait désirer, qu'elle n'ose pas. Mais elle avait du répondant et en plus son histoire était assez drôle, enfin plutôt banale, il s'imaginait bien les femmes fantasmer sur un homme qui finalement n'était pas autant performant ou romantique ou bien bâti qu'elles l'espéraient. Lui-même s'était déjà fait avoir une ou deux fois dans sa jeunesse par des poitrines alléchantes alors qu'elles étaient juste galbées par une lingerie avantageuse, depuis il avait appris à avoir l’œil ! Il haussa les épaules avec un sourire en coin. Moi j'ai rien à cacher ! Je n'offre pas mieux que ce que je présente. Libre à elle de savoir si ça lui convenait ou non, il n'avait même pas fait d'effort sur la tenue ce soir, c'était dire. Il n'aurait pas cru non plus que ce serait à son tour de raconter son fantasme raté ni que ce serait si simple à faire. En même temps il n'était pas du genre cachottier, enfin pas pour ça et puis il aimait tourner les choses en dérision alors c'était finalement assez drôle de se remémorer ce genre de souvenir qui commençait à dater. Je ne suis pas certain que sa célébrité ait franchi les frontières du Royaume Uni et puis ça remonte à quelques années, le monde l'a oublié, la pauvre. A moins qu'elle se soit fait un nom dans la pornographie, j'ai jamais pensé à me renseigner... Il rit, un peu à sa réflexion, un peu à la question de Terry sur la Porsche, les femmes, toutes les mêmes ! Je conduisais, oui, j'en ai une qui prend la poussière dans un garage, j'suis pas certain qu'elle redémarrera le jour où je reviendrai à Londres, c'est du gâchis. Mais franchement, rien que pour le bruit du moteur, c'est un vrai plaisir. Puis c'était un caprice de nouveau riche. Ne rêve pas, poupée, ici je conduis un vieux 4x4 pas très glamour. Il préféra être honnête sur son statut d'écrivain, pour peu qu'il en ait encore un, il n'était pas du tout dans le cliché, enfin c'était ce qu'il laissait croire. Parce qu'au fond il y avait bien l'histoire de son enfance un peu difficile, ses années de galère au début de sa vie d'adulte, son amour torturé pour une femme inaccessible, il n'était pas un cliché à proprement parlé mais si on creusait un peu on réalisait que son éternel sourire cabotin était une belle façade qu'il entretenait avec talent. La blonde osa lui parler de son passé, de cette histoire de fiancée et il perçu que pour elle aussi, la vie n'avait pas été forcément rose tous les jours mais ils semblaient être tous les deux de ceux qui ne se laissaient pas abattre et qui prenaient le meilleur au lieu de rester au fond du trou. Il appréciait cette qualité et le fait qu'elle se confie avec un sourire désarmant de franchise et de joie de vivre mêlée. T'as le chic pour choisir les bons hommes si je peux me permettre ! Mais il n'allait pas plus loin dans le jugement, de toute façon il n'avait rien à penser de cette histoire, seulement il comprenait un peu mieux sa démarche. J'me suis pas inscrit pour trouver ma prochaine copine, déjà, j'suis à Bowen depuis un peu plus d'un an, c'est tout nouveau, c'est assez dérangeant, j'ai vécu plus de dix ans à Londres et me retrouver dans cette petite ville m'a déstabilisé. Alors j'me suis dit que ce serait une opportunité pour faire des rencontres... plus ou moins amicales disons. Evidemment il y a toujours un fond de séductions sur ce genre de site mais si j'peux aussi juste passer une soirée sympa à boire un verre c'est déjà ça de gagné. Si j'peux passer la nuit avec la fille c'est bonus... Il lui sourit de façon un peu plus charmeuse, elle comprenait le message mais il ne forçait rien, ils n'en étaient qu'au début de leur rencontre, seulement il restait honnête sur ses intentions. Et non, il n'avait pas vraiment répondu à sa question, pourquoi il était seul ? L'était-il réellement ? Il ne savait pas où le menait son histoire avec Olivia, ils ne s'étaient rien promis. Et même s'il savait que le jour où elle apprendrait qu'il s'était inscrit sur une appli de rencontre ça la mettrait surement dans une rage folle, est-ce ce que ce n'était pas, justement, ce qu'il cherchait au final ?

Terry lui sourit, et à ses paroles, le détail ouvertement, se baissant pour regarder sur le côté de la table afin de regarder jusqu'à ses pieds. Elle se redresse, fronce les sourcils, faisant mine de réfléchir avant de sourire encore plus.

Pour l'instant cela me va !

Elle éclate de rire. Elle aime bien jouer, être espiègle et ce soir, maintenant qu'elle est détendue, elle se laisse aller. Et puis c'est lui qui a dit qu'il n'avait rien à cacher et qu'il présentait ce qu'il avait, elle en avait donc profité.

Oh ! Pauvre fille ! Enfin c'est les risques de la célébrité, je dois avouer que je préfère mon anonymat.

Terry n'a jamais été très porté sur les bolides, bien que son envie de liberté lui donne parfois envie de partir en virée à moto par exemple, mais elle n'a jamais pris le temps de passer le permis moto. Elle se contente de sa petite voiture, une simple volkswagen new beetle beige.

T'inquiète pas, je suis plus attiré par une belle moto. J'ai jamais pris le temps de passer le permis moto par contre. Je ne sais pas trop, mais je pense que je suis plus attirée par la liberté que cela semble apporter. Mais je voulais savoir surtout si tu étais du genre à préférer ta voiture à ta copine. Mais apparemment, non.

Elle s'était laisser aller à se confier sur son passé amoureux. Elle aurait pu ajouter que la mort de son père, et le coeur brisé de sa mère avait pu aussi ébranlé un peu cette confiance dans le couple, mais elle sait que ses parents étaient un modèle en matière d'amour. Un jour qui sait, elle ne perd pas espoir, elle se dit juste que ce genre de chose est rare, et dure à trouver. Et puis elle se méfie quand même un peu des hommes.

Oui, j'ai jamais tiré le bon numéro et cela tu le sais vu que je suis ici avec toi et connecté à cette application.

Elle l'écoute lui aussi parler enfin se dévoilé un peu, sur le pourquoi de son inscription sur cette application. Elle sourit quand elle entend qu'il est ici que depuis 1 an environ. Et elle comprend mieux ce joli accent encore bien présent. Et elle rit encore quand il est honnête.

Au moins tu ne te cache pas. J'avoue que je me suis aussi inscrite pour faire de nouvelle rencontre, amicale pour commencer, pour le reste cela se fera si cela doit se faire,; qui sait, rien n'est jamais écrit d'avance.

Elle lui lance un sourire entendue, elle a bien compris le message, et elle va y réfléchir, enfin, la soirée ne fait que commencer, et tout peut arriver. Elle fini son cocktail et le fixe en plissant des yeux et réfléchissant à la suite de leur rendez-vous.

Dis moi, tu as prévu quelque chose ? Je commence à avoir un creux, cela te dit quelques tapas et après on pourra aller se promener sur la plage ?

Et qui sait, un bain de minuit après. Mais cela elle ne le lui dit pas, elle garde cela pour plus tard.

Un peu, ouais, que ça lui allait, il l’espérait bien, il l’entretenait son corps, il ne se laissait pas aller à un éventuel début de ventre à bière ou à des cheveux gras et une barbe en friche. Il faisait gaffe à lui, Samuel, à son apparence, pour les autres comme pour lui-même. Sans entrer dans l’excès, il n’était pas ce qu’on considère comme une fashion victime, il n’était ni hipster, ni bobo, ni bcbg ou quoi que ce soit, mais il avait du style, on pouvait l’admettre. Quant à son histoire croustillante, si elle voulait il en aurait plein d’autres, mais il n’allait pas s’étaler et monopoliser la conversation. Il haussa les épaules, pauvre fille, oui, même s’il ne la plaignait pas tant que ça, elle l’avait cherché après tout. L’anonymat ça a du bon, tu peux tout faire sans risque que ça finisse dans un torchon à scandale. Mais la célébrité c’est grisant, j’ai aimé cette expérience, je l’avoue. Et si j’arrivais à sortir un nouveau livre je ne serais pas contre un nouveau shoot. Même si je ne cours pas après. Il sourit en baissant son regard sur sa pinte de bière, elle était intelligente, Terry, elle prêchait le faux pour savoir le vrai. Mais c’était un peu plus complexe que ça concernant Pohl, il n’était pas forcément super matérialiste, mais il aimait posséder des belles choses et surtout, il n’avait jamais aimé une femme au point de devoir choisir entre elle et autre chose, il ne s’était jamais embarrassé avec des femmes assez chiantes qui lui demandent de faire un choix ! Non… une voiture c’est une voiture. Par contre si t’aimes la moto, la vitesse et te serrer contre un bel homme, j’pourrais toujours louer une bécane et toi tu te chargerais de me faire découvrir des coins sympas par ici. J’ai le permis. Il marquait un nouveau point, là et la blonde aussi, on ne rencontrait pas tous les jours une femme qui aimait la vitesse. Il adorait la moto, il en possédait une à Londres, qui prenait elle aussi la poussière dans son garage et ça, franchement ça lui pesait, parce qu’il l’aimait, son bolide. Et puis c’était tellement plus pratique de conduire un deux roues dans une grande ville que n’importe quelle voiture, aussi sportive et compacte soit-elle. C’est pas comme si t’avais la quarantaine avancée et plus aucun espoir, t’as de la marge pour tirer le bon numéro ! Il lui donna ses raisons à lui, sans jouer le romantique, ça ne lui ressemblerait pas, il était clair, toujours. A un moment faut se dire que si on veut juste un nouveau meilleur pote on va à la salle de sport, au bar ou ailleurs, une appli de rencontre c’est encore autre chose, selon moi. Mais il ne forcerait jamais les choses, il y allait au feeling, comme on dit. Allons-y pour des tapas, déjà ! La balade sur la plage ça sonnait un brin trop romantique pour lui, surtout avec le couché de soleil qui se profilait à l’horizon, mais il verrait avec la suite de leur conversation. Ils commandèrent une planche d’assortiment, Samuel une nouvelle bière et il s’intéressa à Cooper. Alors tu sauves des vies tous les jours ? Ca doit être grisant aussi, c’est une vocation ?

Terry avait avoué que Samuel lui allait, pour l'instant du moins. Ils commencent seulement à se connaître, c'est le but de leur rencontre. Elle le trouvait tout à fait à son goût, physiquement parlant du moins. Terry n'est pas une taille mannequin ou du genre à avoir de gros sein ou un corps de starlette hollywoodienne, mais elle était musclé grâce à son travail, gardait la forme. Elle aime être jolie, comme toutes les filles, cependant, elle préfère le confort et la praticité aux truc sexy. Des boots et un bon jean, au lieu d'une robe et des talons. Enfin il en était venu à leurs histoires de fantasmes ratés. Et la célébrité, elle lui avoue qu'elle préfère son anonymat, même si elle peut comprendre que cela peut-être grisant au début d'être connue, mais pas sur le long terme. Elle lui sourit quand il dit qu'une voiture est une voiture. C'est un bon point. Mais encore plus quand il lui propose une virée à moto, enfin si c'est une proposition.

Hum c'est tentant. Tu me donne vraiment envie de te prendre aux mots. Peut-être pour un autre rendez-vous ? Je connais pas mal d'endroit !

Elle lui sourit, avant de finir son cocktail. Elle éclate de rire quand il dit qu'elle est encore jeune et qu'elle peut tirer le bon numéro. Après elle s'est pas vraiment inscrite pour trouver le grand amour, mais faire des rencontres amicales, ou plus, seule le temps le dira.

Je teste l'appli de rencontre, celle là m'a plu parce qu'elle est locale. Mais je m'attend pas à chercher le grand amour, je veux juste faire des rencontres, sortir un peu du cercle que j'ai déjà. Enfin tu vois après pour le reste, le temps fera ce qu'il faudra, si cela doit cela se faire.

Elle lui a proposé de prendre des tapas. Elle appelle le serveur et laisse Sam commander, elle y ajoute juste une bière pour elle aussi. Le cocktail était bon, mais une bonne bière est pas mal aussi. Et puis maintenant qu'elle est plus détendue, elle va se lâcher un peu plus. Elle repose son regard sur lui, et réfléchis à sa question.

Oui, enfin sauver est un bien grand mot, on est pas toujours face à la mort heureusement mais cela arrive parfois. Et sinon, je ne sais pas trop si c'est une vocation, je dirais que oui. C'est compliqué. J'ai perdu mon père jeune, j'ai fait de sacrées bêtises, t'imagine même pas, et ma grand-mère m'a bien aidé, j'ai fait les jeunes pompiers et puis mes études de médecines en même temps, c'était pas gagné mais voilà.
Et toi dit moi, écrivain c'est une vocation, une passion ? Tu dois avoir du talent pour avoir réussit, c'est dure les carrières artistiques, tu aurais fait quoi si cela n'avait pas marché ?

Elle n'a pas trop envie de s’épancher sur son passé, elle le fera peut-être, plus tard. Elle lui a déjà révélé le plus gros. Enfin elle ne lui a pas donné de détails. Mais en attendant, elle est curieuse, une carrière artistique est difficile, et ne marche pas souvent. Il doit avoir du talent, faudra vraiment qu'elle trouve un de ses livres pour les lire.

La proposition du tour de moto ça marchait souvent, sauf avec les trouillardes, mais Sam ne la faisait pas tellement pour séduire les filles ou en mettre plein la vue. En vérité il adorait ça, s'offrir une virée sans trop savoir où il allait, sentir le vent sur son visage, la vitesse, l'adrénaline, la liberté. C'était grisant de rouler sur les routes sinueuses de l'Angleterre, à Londres c'était pratique, mais sorti de la ville c'était le mieux, sur les chemins de campagne ou sur la côte. Et quand il y avait une jolie femme derrière lui c'était encore mieux, sans aucun doute, rouler comme des fous, s'arrêter à cause de la pluie pour la nuit dans un petit bed & breakfast sans chichi aux vieilles tapisseries dépassées et dormir dans un vieux lit qui grince puis se réveiller autour d'un café avec des tartines et de la marmelade sous l’œil réprobateur de la vieille propriétaire qui n'avait rien manqué des ébats des deux amants. Il avait fait ça, Sam, rarement mais c'était arrivé, sur son île c'était possible. Ici ce serait différent, il y aurait la chaleur, les criques qui qui lui étaient inconnues, le rire des surfeurs sur la plage, c'était un autre charme mais pourquoi pas, s'il était en bonne compagnie. Pourquoi pas, oui... Il glissa sur elle un regard plein de chaleur, de promesses aussi un peu, il ne fallait pas le prendre au mot, le britannique, si cette fille lui plaisait suffisamment il ne serait pas contre la revoir. Sam comprenait la blonde, pour lui la démarche était de rencontrer des gens dans une ville qui lui était encore assez peu connue. Pour elle, c'était au contraire sortir de ses habitudes et de ses connaissances de toujours, les deux étaient recevables, rien de pervers, rien de bizarre, jusque là tout allait bien. De toute façon c'est bien connu, si tu le cherches, le grand amour, tu ne le trouveras pas. Parait que c'est le genre de truc qui te tombe sur le coin de la figure sans que tu t'y attendes. J'ai lui ça dans un magazine féminin une fois dans la salle d'attente de mon médecin. Ils recommandèrent une tournée, Pohl constata agréablement que Terry l'accompagna en prenant une bière, preuve qu'elle se détendait et se sentait bien avec lui. Et puis ils reprirent le fil de leur conversation, ils se découvraient, c'était agréable et fluide. Il semblait qu'ils n'avaient pas vraiment de mal, ni l'un ni l'autre, à parler à l'autre, ce qui n'était pas forcément chose facile avec un parfait étranger. C'était pas gagné mais t'as réussi, c'est ce qu'il faut retenir. Puis les conneries forment la jeunesse. Comme s'il parlait d'expérience... un peu, sûrement. J'ai toujours écrit, gamin j'avais une imagination débordante, je racontait des histoires à ma mère, elle n'en pouvait plus. Puis je lisais énormément. Ouais, ya sûrement une part de talent, faut quand même réussir à l'écrire de bout en bout l'histoire. Et que ça tienne la route durant quelques 300 pages, mais c'est aussi le facteur chance, faut trouver la personne qui sera sensible à ce que t'as écrit. J'avais déposé mon premier manuscrit à toutes les maisons d'éditions de la ville, j'avais quoi, une petite vingtaine d'années. Je n'ai eu aucune réponse positive durant des années, j'ai fini par me dire que c'était cuit. J'ai fait plein de ptits boulots, principalement barman et branleur professionnel ! Jusqu'à ce qu'un jour, bien des années plus tard, on me contact, j'y croyais pas. C'était pas évident de dire que oui, on avait du talent, une plume particulière qui accrochait le lecteur et le tenait en haleine, pourtant on le lui avait dit très souvent, c'était la clé de son succès, mais malgré son côté grande gueule généralement, Samuel restait discret sur sa réussite, plutôt modeste. De toute façon qu'est ce qu'il était aujourd'hui ? A part un écrivain qui n'arrivait plus à écrire.

Terry connaissait pas mal d'endroit assez reculé, elle y allait à cheval, des personnes y font des randonnée, mais en tout cas pas de voiture, et donc beaucoup moins de monde, de quoi être tranquille. Une virée dans un coin reculé, petite crique isolée, plage, baignade, et promenade. Elle sourit. L'avenir dira si ils feront ou non cette virée à moto. En tout cas, à bien y réfléchir, elle se dit qu'un jour, elle le passera ce permis, comme elle a déjà voulu le faire plusieurs fois, mais n'a jamais trouver le temps surtout.
Ils partagent ensuite sur leurs raisons de s'inscrire à l'application. Elle rit quand il parle de grand amour. Elle a cru une seule fois l'avoir trouver et elle est tomber de haut à la fin, donc elle ne le cherche plus maintenant.

Si tu savais ! Sans compter que tu peux aussi te faire avoir et te tromper ! En tout cas, j'aime bien le fait que tu lises les magazines féminins même en salle d'attente d'un médecin, pour ma part, j'en lis aussi rarement que toi, mais c'est drôle à lire, mais souvent complètement inutile.

Terry commande sa bière, et de quoi grignoter. Elle attend que le serveur les servent, et ils reprennent leur conversation tranquillement. Elle lui parle facilement de sa vie, de son adolescence. Ils parlent de leurs vies respectives, ils apprennent à se connaitre. Elle l'écoute parler de son travail. Il a ce côté passionné quand il parle de son travail, et elle se dit qu'elle pourrait pas faire cela. Elle rit quand il dit qu'il a été branleur professionnel. Elle lève un sourcil et le regard avec un petit sourire en coin.

Branleur professionnel ? Ca c'est de la vocation ! Mais le côté Barman et plein d'histoire est très intéressant ! En tout cas, tu m'as donné envie de lire un de tes livres, je veux savoir quelle histoire tu écris. En tout cas, je ne pourrais pas faire ton travail, je pense que j'ai assez d'imagination pour inventer une histoire, un peu comme beaucoup de monde, mais pas le talent pour la raconter, l'écrire et tout ... Donc tu m'impressionne. Tu as un livre en cours ou pas ? ou une idée d'histoire ?

Elle se demande si il pourrait lui en raconter un bout, ou un synopsis, et puis sinon tant pis.

Sa dernière virée en moto avec une fille, il s’en souvenait trop bien, elle lui donnait encore le frisson quand il y repensait. C’était ce jour de septembre deux ans plus tôt, peu avant de s’envoler pour l’Australie, il avait croisé Olivia dans les couloirs de sa maison d’édition après des années sans l’avoir revue. Pourtant ce fut comme si ça avait été la veille, le même frisson, toujours cette éternelle attirance qui perdurant même après presque vingt ans de silence. Il lui avait tendu la main et elle avait enfourché la moto, bras autour de sa taille, corps contre corps, elle n’avait pas hésité une seconde et ils avaient roulé à tombeau ouvert dans les rues de Londres pour rejoindre le loft du romancier. C’était loin de la balade romantique, les odeurs de bitume et les bruits incessants de la ville ce n’était pas ce qu’il y avait de mieux, mais ils s’en foutaient parce qu’ils étaient ensemble. Depuis c’était tellement plus compliqué avec l’aristocrate, elle se fermait à chaque pas qu’il faisait vers elle, oui elle l’avait suivi à Bowen mais pour mieux continuer ce petit jeu malsain auquel ils s’adonnaient depuis toujours. Dieu qu’il l’aimait cette fille, Dieu qu’elle le rendait fou, de désir et de colère. Et pourtant il rencontrait d’autres femmes, il s’inscrivait sur un site de rencontres. Parce que rien ne serait jamais conventionnelle entre Sam et Liv, parce que même s’ils s’aimaient, au fond, quelque part, ils ne s’appartiendraient peut-être jamais ils étaient nés dans deux univers différents et il n’était pas impossible que jamais ils ne se retrouvent, ou alors il faudrait qu’ils fassent cet effort surhumain pour se construire à eux deux leur propre univers, mais ils n’étaient clairement pas encore prêts. Il la savait jalouse, possessive, mais il s’en moquait éperdument, il séduirait d’autres qu’elle, il se laisserait séduire, que ça lui plaise ou non, jusqu’à ce qu’elle daigne baisser sa garde.
Pohl fit part à Terry de sa réflexion très philosophique sur l’amour avec un grand A et ça eut le mérite de la faire rire. Ecoute, c’était ça ou un article très détaillé sur les maladies de la prostate à partir de quarante ans dans une revue médicale, le choix a été vite fait ! Parce qu’il était un homme, parce que la quarantaine approchait mais qu’il n’avait pas envie d’en entendre parler, il ne voulait pas se voir vieillir, il ne voulait pas imaginer qu’un jour il puisse se poser des questions sur sa prostate ou autre chose d’ailleurs, lui il se voyait encore jeune, invincible. En parlant de sa jeunesse, il la raconta brièvement à la blonde, parce que ça faisait partie intégrante de sa vocation, il inventait des histoires depuis qu’il était môme, même si les débuts en tant qu’écrivain n’avaient pas été simples. Je fais d’excellents cocktails, si un jour tu as besoin pour une soirée, un mariage, n’importe quoi, je suis ton homme ! Il plaisantait à moitié, pour gagner sa vie à Bowen il avait commencé par proposer ses services pour tout type de choses, des déménagements, des petits travaux, il avait fait quelques extra en tant que serveur, il fallait bien qu’il paye le loyer. Maintenant il en faisait moins, depuis qu’il avait un nouveau projet de livre et qu’il en avait envoyé les premiers chapitres à son éditeur, celui-ci ayant repris confiance en lui, il lui avait envoyé une avance sur son cachet, ça lui mettait la pression parce qu’à force de ne rien arriver à sortir depuis des années, Sam s’était persuadé qu’il ne le terminerait jamais. Je dois avoir un ou deux exemplaires de mes premiers livres chez moi, je pourrais t’en donner un. Mais ne dis pas que je t’impressionne, tu n’as encore rien lu, si ça se trouve tu vas détester. Et une nouvelle occasion de se revoir, ça en faisait pas mal depuis le début, sans qu’ils forcent vraiment les choses, du moins Sam n’en avait pas l’impression. Je crois, oui, enfin j’en sais trop rien. C’est un peu compliqué pour moi depuis quelques temps, j’ai écrit mon premier bouquin je n’avais pas vingt ans, l’autre je l’avais en tête depuis longtemps aussi, ça s’est fait tout seul. Et depuis plus rien. Le lectorat commence à m’oublier, les fans se font plus rares, ils ne croient plus en moi à force. Et je les comprends… Alors ouais, j’ai bien une idée mais je n’en parle pas, au risque que ça me porte la poisse. Lui, l’homme sur de lui, quand il parlait de ses failles, de sa traversée du désert, il se montrait vulnérable, il n’était pas invincible finalement. Et comme pour calmer cette angoisse qui montait en lui quand il parlait de ses peurs, il ressentit le besoin de s’allumer une cigarette. Tu fumes ? J’vais m’en griller une un peu plus loin… C’était une invitation à ce qu’elle le suive, que Terry soit fumeuse ou non.