Love your quarantine [Isling][hot]

Cela faisait déjà plusieurs jours que les Callaghan étaient confinés, comme le reste du pays, du monde. S'en était risible, non, les conséquences d'un virus, d'une grippe ? La Nature avait de l'humour, et si Aisling ne s'inquiétait pas un peu pour elle ou pour ses parents, elle en aurait sûrement rit. La sélection naturelle. Ce n'était pas à elle qu'on allait apprendre ça. La surpopulation. Les conséquences de l'activité humaine. La Nature semblait avoir trouvé la solution parfaite pour, peut-être un jour, s'en sortir. Mettre des bâtons dans les roues au capitalisme n'était pas chose aisée. Mais qu'est-ce qu'il pouvait être plus fort que la Vie ? Dieu pour certains, sans doute. Mais la jeune femme n'était pas croyante.

Ce en quoi elle croyait, c'était que si elle voulait rester en vie, il valait mieux qu'elle reste chez elle, et qu'elle évite le contact avec quoi que ce soit de non désinfecté. Pas évidement quand on a une petite puce à la maison. Ses activités du moment consistaient à travailler sur son ordinateur sur la table du salon. Sa thèse n'allait pas avancer toute seule, virus ou non. Ça l'obligeait au moins à faire ce qu'elle essayait d'esquiver au maximum d'habitude, soit la bibliographie, et les statistiques exploratoires pour savoir dans quelles directions mener ses expériences. Fondamental, oui, mais parfois laborieux et pénible. Au bout de trois heures de travail, elle poussa un long soupire. Siobhan était en train de dormir dans sa chambre. Elle décida alors de descendre au sous-sol où Isaiah travaillait. Cela faisait déjà plusieurs jours, plusieurs semaines même qu'ils ne pouvaient pas sortir, et elle savait que c'était bien plus dur pour lui que pour elle. Elle allait bientôt devoir songé à lui trouver des activités pour lui occuper l'esprit. Pas qu'il ne sache pas s'occuper seul, mais avoir un coup de pouce, des idées de quelqu'un d'autre, pouvait s'avérer utile, surtout quand on commençait à être sur les nerfs.

-Hey.

Elle s'approcha de lui, souriant.

-Tu t'en sors ?

Celui qui d’habitude sortait tôt le matin, rentrait un peu n’importe quand pour mieux ressortir plus tard, celui qui passait ses journées à arpenter les rues de Bowen, s’arrêtant par-ci par-là sur son chemin quand il rencontrait des amis ou de simples connaissances, celui qui détestait être enfermé entre quatre murs, devait depuis plusieurs semaines rester à l’intérieur de sa demeure. Isaiah allait devenir fou. Son travail, loin d’être essentiel, ne nécessitait même pas qu’il sorte de chez lui. Son atelier était au sous-sol ! Il n’avait donc même pas l’excuse de devoir prendre son vélo pour se rendre au boulot, pour sortir de chez lui, au moins le matin et le soir. Certes, ils étaient encore libres d’aller se promener dans leur quartier, à moins de deux kilomètres de leur adresse, mais même ces courtes bouffées d’air frais ne suffisaient pas à Isaiah. Et puis, dans tout cela, il y avait Aisling, qui avait une condition pulmonaire qui la mettait sans aucun doute plus à risque que les autres. L’ébéniste respectait donc les règles à la lettre, surtout pour la protéger elle. Cela affectait cependant grandement son moral. Celui qui avait toujours le sourire ressentait de plus en plus la lourdeur de l’ennui. Il ne pouvait même plus se réfugier dans le travail pour passer le temps, puisque les commandes ne rentraient plus. Les gens avaient d’autres priorités que de s’acheter des meubles faits à la main, au Queensland. Certains avaient du mal à payer le loyer et les courses. Isaiah ne voulait pas non plus passer son temps à déranger Aisling, qui elle pouvait profiter de ce temps pour avancer sa thèse. Il jouait la plupart du temps avec Siobhan, à tel point que sans doute que la petite en avait marre de lui. Cet après-midi, Ayline et Aslander étaient dans le jardin, Sio dormait et Aisling bossait. Isaiah faisait semblant de faire la même chose, en bas, mais en vérité il s’inventait des projets. Sa petite amie la rejoignit au bout de trois heures, trois longues heures qui avaient paru comme une éternité pour l’artiste. Il leva la tête vers et lui sourit. « Hey. » Elle regarda le meuble sur lequel il travaillait. Un meuble qui ne trouverait peut-être pas acheteur de sitôt. Un meuble qui prendrait la poussière ici. « Ouais, je m’attarde aux petits détails. J’ai le temps de m’y appliquer beaucoup. » Le genre de petits détails si petits, si fins, que les gens ne les remarqueraient sans doute même pas. « Et toi ? T’as été pas mal productive, aujourd’hui, je suis fier de toi. » Il se leva, essuya ses mains sur ses shorts, avant de les poser sur Aisling pour l’approcher de lui et l’embrasser.

Elle esquissa un petit sourire quand Isaiah lui avoua qu'il s'appliquait aux détails. Le connaissant, elle refusait de croire que d'ordinaire il les bâclait. Elle devinait plutôt qu'il en créait de plus en plus pour occuper le temps. Elle s'en voulait, Aisling, qu'Isaiah s'ennuie autant. Parce que c'était un peu de sa faute. Il respectait aussi scrupuleusement les règles dans la peur de la contaminer elle. Et elle, en retour, elle ne passait pas assez de temps avec lui. Elle jeta un petit coup d’œil à la table avant de revenir vers lui.

-Je suis sûre qu'elle sera superbe cette chaise. Peut-être tellement que je voudrais la garder !

Elle lui sourit tendrement et répondit à son baiser en se blottissant contre ses bras. Il était si bon de l'avoir prés d'elle. Elle avait peur, parfois, qu'il disparaisse. Alors elle retrouvait vite la chaleur de ses bras et elle n'y pensait plus. A vrai dire, pour tous ceux qui connaissaient un peu Aisling et son autodestruction chronique, il devait être étonnant qu'elle soit encore avec Isaiah, qu'elle n'ait pas encore réussi à tout faire capoter comme à son habitude quand les chose se passent bien.

-Tu es fier ou tu m'en veux un peu ?

Il n'y avait pas une once de reproche dans la voix d'Aisling, elle souriait même. Ses doigts glissèrent doucement dans la barbe négligée de son petit ami pour la caresser avant d'embrasser le bout de son nez.

-Est-ce que tu aimerais qu'on te trouve des activités tous les deux ? Autre que polir cette chaise à t'en faire mal, faire la cuisine ou faire le ménage dix fois par jour ?

Elle passa les bras autour de son cou, venant appuyer son front contre le sien. Elle ne voulait pas que, parce qu'il avait moins de travail qu'elle, il fasse tout à le maison, y comprit s'occuper de Siobhan. Surtout que, Aslander aussi le faisait. Cette enfant n'allait plus rien comprendre une fois que cette période serait finie et qu'elle serait d'un coup moins entourée. Quoi que, elle allait aller à la petite école, alors les choses pourraient être différentes. Bref, Isaiah, d'ordinaire, s'occupait déjà beaucoup des tâches ménagères, étant donné la non habileté naturelle d'Aisling à les faire, et elle ne voulait pas vraiment en rajouter.

Un sourire aux lèvres, Isaiah regarda Aisling avec surprise quand elle complimenta sa chaise, affirmant même qu’elle voudrait peut-être la garder, même. Il haussa les sourcils. Il était à peu près persuadé que c’était pour lui faire plaisir, et aussi parce qu’elle savait aussi bien que lui que ses services n’étaient pas du tout essentiels en ces temps de crise et que ses meubles ne sortiraient pas rapidement du sous-sol. Les campagnes pour encourager l’achat local étaient bien belles, mais les finances des gens ne le permettaient pas pour tout. « Really ? » Il regarda à nouveau sa chaise. « Où est-ce que tu la mettrais ? » La maison était déjà plutôt bien meublée, mais il était vrai que la plupart ne leur appartenait pas. S’ils voulaient un jour se trouver leur propre petit nid d’amour et familial, il faudrait bien qu’ils accumulent un peu par-ci par-là. La blonde vint se blottir contre lui et Isaiah reçut avec plaisir ce contact. Il détestait être seul, même pour trois heures dans son atelier. Le jeune homme fronça les sourcils alors qu’Aisling lui demandait s’il lui en voulait un peu de passer du temps sur sa thèse. « Quoi ? Pourquoi je t’en voudrais ? » Les doigts de la blonde s’emmêlaient dans sa barbe mal rasée et mal entretenue, alors qu’elle lui demandait s’il voulait qu’elle l’aide à trouver des activités qu’il pourrait faire pendant le confinement. Il soupira. Il comprenait un peu mieux d’où tout cela provenait. Il eut un léger sourire. « Je fais si pitié que ça, hein ? » Il rit doucement, avant de se gratter la nuque en regardant son atelier qui était un joyeux bordel de projets non sollicités. « On dirait que je suis l’enfant que les parents doivent occuper. » Il s’assit sur son tabouret de travail, puis haussa les épaules. Il attira Aisling pour qu’elle vienne s’asseoir sur lui. Il écarta les jambes pour qu’elle puisse prendre place sur l’une de ses cuisses. « Je suis désolé, j’sais que ça affecte un peu mon moral, tout ça … C’est vrai que je trouve ça difficile, de ne rien pouvoir faire … Et puis, tu sais que j’adore être entouré, et que j’adore ton frère, mais … d’être tout le temps dans cette maison avec Asl, et avec Ayline, et de ne jamais pouvoir sortir pour changer un peu d’air et voir plein d’autre monde … Je suis pas habitué à ça. » Isaiah regarda sa copine avec un air faussement horrifié. « Aisling … je pense que le confinement fait ressortir en moi … de l’impatience. » Dit-il en changeant rapidement d’expression pour la regarder avec amusement.

Où est-ce qu'ils la mettraient ? Tiens, d'habitude c'était Aisling qui posait les questions pratiques, pas Isaiah. Était-ce un signe que les choses n'allaient pas bien ?

-Je trouverais bien.

Alors que son corps se blottissait contre le sien, elle leva son visage vers lui. Pourquoi ? Elle se doutait bien qu'Isaiah ne comprenait pas trop où elle voulait en venir. Il était bien trop gentil pour tenter de la culpabiliser, ou bien même pour se dire qu'il méritait plus d'attention que le travail de la blonde.

-Parce que je ne passe pas tellement de temps avec toi.

Elle caressa tendrement sa joue, lui souriant.

-Tu n'as pas besoin d'être un enfant pour que je me préoccupe de ton bien-être.

Elle détourna le regard, se mordant légèrement la lèvre.

-Tu devrais juste en profiter, je me préoccupe de peu de gens...

Elle s'installa sur ses jambes alors qu'il l'invitait à le faire, appuyant doucement sa tête contre lui. Elle posa sa main sur la sienne, jouant tendrement avec ses doigts.

-Pourquoi est-ce que tu t'excuses ?

Elle se mit à rire à son aveu et appuya son front contre le sien avant de venir l'embrasser. Elle laissa une main dans ses cheveux alors qu'elle ne semblait pas vouloir se détacher de ses lèvres.

-Comment est-ce qu'on va faire si tu me piques mon rôle ? Je vais devoir me montrer encore plus impatiente...

Cette fois elle glissa à califourchon sur les jambes d'Isaiah, venant jouer de la proximité de leurs deux bassins avec malice.

Isaiah hocha la tête quand Aisling affirma qu’elle trouverait bien un endroit à cette chaise. Il n’en doutait pas. Quand la blonde avait quelque chose en tête, elle n’en démordait généralement pas, même lorsqu’il était seulement question de l’emplacement d’un objet. Et puis, comme elle savait que cela ferait probablement plaisir à Isaiah, elle y mettrait encore plus de soin. C’était ce genre de petites attentions qui, au fil du temps, avaient convaincu Isaiah que la jeune femme avait un bien meilleur cœur que ce qu’elle laissait croire. Et il avait beau le lui répéter, elle ne le croyait jamais totalement. Le jeune homme haussa les épaules alors que la blonde expliquait qu’il aurait pu lui en vouloir parce qu’elle ne passait pas beaucoup de temps avec lui. « T’as la chance de pouvoir continuer à avancer ta thèse malgré tout ce qui se passe, je veux que tu profites de ce temps-là. » Autrement, seraient-ils tous les deux en train de se tourner les pouces ? Certes, ils ne s’ennuyaient jamais ensemble, mais peut-être que si les heures à deux s’étiraient, ils trouveraient le temps long même à deux. Sans possibilité de sorties, sans possibilité de recevoir qui que ce soit chez eux, le redondant deviendrait le quotidien. Isaiah sourit quand Aisling releva qu’il devrait profiter de ses inquiétudes, elle qui ne se préoccupait que de peu de gens. « Oh, j’en profite. Et c’est gentil de t’en faire pour moi, vraiment. » Il s’assit et l’invita alors à s’asseoir sur ses jambes, leurs fronts se posant l’un contre l’autre. « Je m’excuse parce que c’est déjà particulier comme situation, et en plus, je m’adapte mal … » Lui qui semblait pourtant être capable de garder le sourire dans n’importe quelle situation. Ce confinement dévoilait bien des failles à l’infaillible bonheur d’Isaiah. Son attitude ne semblait pas déranger particulièrement Aisling, qui ne lui en voulait pas du tout, et qui ne cessait de l’embrasser pour le lui faire comprendre. L’artiste rit quant à ce vol de rôle. « Ça va devenir un concours ? » Le concours du plus impatient, cela risquait de rapidement dégénérer et devenir malsain. Isaiah ne s’embarquerait de toute façon jamais là-dedans, confinement ou pas. Aisling en profita pour se glisser à califourchon sur lui, venant subtilement frotter son entre-jambe contre le sien. Isaiah esquissa un sourire. « C’est ce genre d’activité que t’avais en tête pour occuper mon temps ? » Demanda-t-il, intéressé, avant d’embrasser la jeune femme et de poser ses mains sur ses fesses pour la presser un peu plus contre lui.

Il voulait qu'elle profite de ce temps-là ? Est-ce qu'il le voulait vraiment, ou est-ce seulement qu'il trouvait cela juste qu'il puisse en profiter ? Aisling était profondément égoïste, et elle savait qu'Isaiah était tout le contraire, malgré tout, elle se demandait parfois si c'était toujours son cœur qui parlait, et si ce n'était pas un peu sa tête.

-Tu sais, je comprendrais aussi que tu ais envie que je sois un peu plus avec toi.

Alors qu'il s'excusait, et qu'il justifiait ça par son manque d'adaptation, Aisling secoua la tête de gauche à droite. Elle ne pensait pas ça, il ne s'adaptait pas mal, il faisait seulement ce qu'il pouvait. Isaiah n'était pas faire pour être enfermé, il était normal que la situation soit compliquée pour lui.

-Ne dis pas de bêtises. Et puis... tu n'as rien fait de mal, c'est juste que je remarque tu ne le vis pas très bien. Et si je ne le remarquais pas, je serais une mauvaise petite amie, non ?

Elle lui sourit et embrassa le bout de son nez.

-Tu ne cries pas, tu n'es pas violent, tu fais toujours attention à moi et à Siobhan, de quoi est-ce que je pourrais me plaindre dans ton adaptation ? Que tu n'as pas l'air tout à fait heureux ? Ce serait vraiment très égoïste de te reprocher de ne pas l'être dans cette situation. Surtout que, tout ça est un peu ma faute aussi.

Si elle n'était pas à risque, peut-être qu'Isaiah serait un peu moins inquiet et pourrait prendre un peu plus de libertés. Elle esquissa un petit sourire quand il lui demanda si ça allait devenir un concours d'impatience. Mieux valait que non, sinon il n'y aurait plus que des enfants dans cette maison.

Les choses dévièrent légèrement, sous l'influence d'Aisling. Il la connaissait, Isaiah. Si les incendies les avaient mis sexuellement à plat, ils s'étaient plutôt bien rattrapés depuis. Elle esquissa un sourire à sa question et répondit à son baiser en se blottissant un peu plus contre lui. Sentir ses mains contre son corps la faisait toujours frissonner. Elle glissa une main dans ses cheveux, son front contre le sien.

-Disons que ça en fait parti.

Elle descendit lentement ses lèvres dans son cou, y déposant de multiples baisers avant de venir mordiller son lobe d'oreille. Elle le lâcha quelques instants pour venir murmurer au creux de son oreille.

-Peut-être qu'on devrait remonter pour que je t'expose bien toute mes idées...

Il savait à quel point la thèse d’Aisling était importante, Isaiah. Il savait aussi quel genre d’angoisse cela pouvait représenter, ces histoires de délai, ces nombreux détails à inclure, ces recherches à faire, les révisions et les critiques. Et un paquet d’autres stress et étapes qu’il ne connaissait pas parce qu’il n’avait jamais poursuivi ses études. Il ne pouvait que se fier à ce qu’Aisling lui expliquait, de temps à autre, lorsqu’il s’intéressait à son avancement et à ses démarches. Il voulait donc véritablement qu’elle profite de ce confinement forcé pour mettre du temps sur sa thèse. Il sourit quand même aux inquiétudes et à l’attention qu’Aisling portait à son cas. « Si y’avait pas eu cette pandémie, j’aurais eu du boulot à faire comme d’habitude et tu aurais pu continuer ta thèse sans te faire du souci pour moi. J’veux pas être une source de déconcentration pour toi. » Dit-il. Il serra un peu plus la blonde contre lui. « Cela dit, si toi t’as envie de prendre des pauses de temps en temps pour te changer les idées, tu sais où me trouver, et c’est sûr que ça me fera plaisir qu’on s’occupe à deux. » Parce qu’il ne voulait pas qu’elle ait l’impression qu’il voulait la tenir loin de lui, non plus. C’est juste qu’il ne voulait pas qu’elle s’inquiète et prenne du temps pour lui rien que parce qu’il gérait ce confinement un peu moins bien que d’autres. Un peu moins bien qu’elle. Là-dessus, il s’excusa, comme par peur d’être un fardeau, tout d’un coup. « Je ne t’en voudrais pas, on a chacun nos préoccupations. » Incapable de traiter Aisling de mauvaise petite amie, même dans un scénario hypothétique. Isaiah ne classait pas grand-chose dans le bien ou le mal, il voyait souvent toutes les nuances. Lorsque la blonde mit un peu tout ça sur sa faute, puisqu’ils devaient redoubler de précautions en raison de sa condition, l’ébéniste secoua la tête. « Pas du tout. Personne n’aurait pu prévoir une telle crise, personne ne s’attendait à ça. Et des gens plus vulnérables, il y en a partout. Je les protège autant eux que toi, en ne sortant pas autrement que pour ce qui est essentiel. » Et même ce qui était essentiel, ils se le faisaient plutôt livrer à la maison lorsque c’était possible. Malgré les inquiétudes flottantes au sein de leur relation, Isaiah et Aisling ne perdirent pas trop de temps à revenir à eux-mêmes, dans leurs désirs et leurs plaisirs. Il sourit alors que la blonde admettait que ces caresses et ces baisers – et tout ce qui suivrait – faisaient un peu parti des projets communs qu’elle venait lui proposer. « Tu ne veux pas tester la solidité de notre nouvelle chaise, plutôt ? » Demanda-t-il avec un sourire taquin.

Elle esquissa un sourire. L'offre des pauses avec lui était particulièrement tentante. Elle l'embrassa tendrement sur le front alors qu'elle continuait de jouer avec ses cheveux mal coiffés.

-T'as toujours été une source de déconcentration voyons.

Elle le regarda avec un sourire taquin avant d'appuyer son front contre le sien.

-Mes pauses risquent d'être très très longues si je les passe avec toi...

Elle soupira et secoua la tête de gauche à droite à ses mots. Il ne lui en voudrait pas de ne pas faire attention à lui ? Elle, elle lui en voudrait si c'était le cas. Parce que malgré tout ce qu'elle disait, malgré tout ce dont elle se vantait, elle avait cruellement besoin d'attention. Et Isaiah lui donnait la sienne depuis des années. Par conséquent, s'il la lui retirait, elle se retrouverait complètement désemparée.

-Tu fais parti de mes préoccupations, parce que, je crois que je t'aime.

Elle l'embrassa sur le bout du nez. Elle tenait à lui, comment elle avait rarement tenu à quelqu'un qui n'était pas de sa famille. Elle acquiesça ses mots d'un petit signe de tête. Il ne protégeait pas qu'elle, il protégeait tous les gens à risque. C'était un fait. Cependant est-ce qu'il aurait fait aussi attention s'il ne la côtoyait pas de si prés ?

Les choses dévièrent très rapidement sur quelque chose de plus sensuel. Elle esquissa un sourire à la proposition d'Isaiah et elle jeta un petit coup d’œil aux escaliers qui menait au rez-de-chaussé de la maison, comme pour vérifier que personne ne descendait.

-Si tu n'as pas peur que je l'abîme...

Elle retira son haut qu'elle posa sans plus d'attention sur un meuble avant d'embrasser de nouveau son amoureux.

Isaiah eut de petits rires alors qu’Aisling lui disait qu’il avait toujours été une source de déconcentration. « Ne me dis pas ça, je vais m’arranger pour que tu ne me trouves plus quand j’sais que tu dois avancer ton projet. » Pendant le confinement, ce serait plutôt difficile, cela dit. Ils avaient beau habiter dans une maison louée, les cachettes n’étaient pas infinies. Comme Aisling le disait, les pauses qu’ils prendraient sinon risquaient d’être plutôt longue, et le mot pause en perdrait tout son sens. Elle prendrait plutôt une pause quand elle se remettrait à bosser sur sa thèse. Lorsqu’ils parlèrent de leurs préoccupations, Isaiah prétextant qu’ils avaient chacun les leurs, Aisling ajoutant qu’il faisait partie des siennes, l’ébéniste haussa les sourcils en reculant légèrement la tête. « Tu crois que tu m’aimes ? » Demanda-t-il avec un sourire sur les lèvres, bien vite ramené à l’ordre par un baiser sur le bout de son nez. La blonde n’avait pas à s’en vouloir, de quoi que ce soit, voilà la morale de cette discussion. L’ébéniste ne faisait qu’écouter les recommandations du gouvernement - pour une fois -, voulant protéger les autres et être respectueux de ceux qui avaient davantage peur. Ceci étant conclu, les choses devinrent un peu plus amusantes entre Aisling et Isaiah, qui décidèrent de tirer le meilleur de cette pause. « Au contraire, on risque plutôt de la rendre plus belle encore … » Des marques de leur amour, n’était-ce pas là le moyen de sublimer un objet ? Et puis, comme elle ne serait sans doute pas vendue, on s’en foutait bien de ce qui se passait dessus. Isaiah enleva lui aussi on haut au même rythme que sa copine, enlaçant son corps et liant leurs langues quand il retrouva ses lèvres. Après un moment, il se leva, levant Aisling du même coup, délaissant son tabouret de travail pour retrouver ladite chaise. Avant qu’ils ne prennent place, le jeune homme posa l’étudiante les deux pieds sur le plancher afin de lui retirer les vêtements qu’il lui restait.

Aisling fit une mine boudeuse à la pseudo menace de son amoureux. Est-ce qu'il pensait vraiment être aussi bon à cache-cache ? Il ne pouvait pas aller à plus de quelques centaines de mètres de la maison, alors tôt ou tard elle le retrouverait. Et s'il fallait mettre Siobhan sur le coup pour la recherche, elle n'hésiterait pas !

-Tu veux que je sois encore plus ronchonne après ? Ou que je perde du temps à te chercher ?

Elle le regarda avec un petit sourire taquin, essayant de lui montrer par a+b qu'il ne devait pas faire ça.

Elle eut un sourire amusé quand Isaiah fit semblant de marche dans son "piège". Evidemment qu'elle était sûre de l'aimer. Et pourtant, elle n'avait jamais été sûre de grand chose quant à ses sentiments. Mais lui, il avait toujours été là pour la soutenir, pour l'aider, pour la faire avancer. Il était son pilier. Il lui avait fait découvrir une autre partie d'elle, celle qui pouvait s'attacher à autrui, sincèrement. Sainement.

-Des doutes subsistent, quand tu me forces à manger des graines par exemple...

Elle eut un rire. Isaiah ne la forçait jamais à rien. Mais les graines étaient un vrai sujet de taquinerie pour elle envers son amoureux. Même si, parfois, ça lui rappelait un peu Ezekielle, avec qui il mangeait ces fameuses graines. Mais Ezekielle, elle était loin.

Un petit sourire se dessina au coin des lèvres de la jeune femme. Ça ressemblait bien à Isaiah, cette façon de voir les choses. C'était aussi cette poésie là qu'elle aimait chez lui. Cette poésie où l'acte sexuel était sublimé, mystifié dans une union fusionnelle.
Le haut de leurs deux corps se retrouvèrent rapidement nu. Aisling prolongeait le baiser avec passion tout en profitant de la chaleur de sa peau contre la sienne. Il n'y avait rien d'autre qui comptait quand ils commençaient. Elle n'eut pas le temps de commencer à parcourir son corps de ses lèvres qu'il les fit se lever pour regagner la fameuse chaise, perdant quelques vêtements en cours de route. La jeans de la jeune femme se retrouva au sol, tout comme sa petite culotte et tandis que ses vêtements jonchaient le sol, elle glissa ses doigts habiles sur le pantalon d'Isaiah pour le défaire. Du bout des doigts, elle effleura son caleçon, joueuse, pour jouer à travers lui avec l'intimité de son amoureux qu'elle pouvait se targuer de connaître par coeur. Ses lèvres, elles, avaient trouvés celles de son amant avant de glisser dans son cou puis, le long de son épaule.

Les deux arguments d’Aisling suffirent à convaincre Isaiah, qui acquiesça après avoir fait mine de réfléchir pendant deux secondes, max. « Si tu perds autant de temps à me chercher, il faudrait peut-être revoir tes talents à cache-cache … C’est peut-être pour ça que Siobhan gagne tout le temps les deux doigts dans le nez. » Fit-il tout de même remarquer, surtout pour la narguer, un sourire au coin des lèvres. Il était vrai que la petite était plutôt douée mais en même temps, à sa taille, facile de se faufiler un peu n’importe où comparativement aux quatre adultes qui habitaient la maison (ils se divertissaient comme ils le pouvaient, pendant ce confinement). Heureusement que malgré ces jeux enfantins et répétitifs, ils arrivaient à garder la bonne ambiance au sein de la demeure, ce qui n’était probablement pas le cas de tous les ménages. Il n’y avait qu’à songer aux couples dont la situation était déjà délicate, certains pour des cas de violence conjugale. Entre Isaiah et Aisling, au final, c’était comme d’habitude, fidèles à eux-mêmes : ils filaient leur petit bonheur. Ils arrivaient même encore à se taquiner. « Mes barres granolas sont certainement ta plus grande source d’énergie, toi qui n’prendrais pas le temps de manger un petit-déjeuner, autrement … » Il sourit. Ses barres étaient toujours là, naturelles, faites maisons, découpées, prêtes à être avalées en un rien de temps par quelqu’un de pressé ou de paresseux. Parfois les deux. Le sujet qui intéressait actuellement Isaiah n’était cependant plus les avantages indéniables de ses barres granolas, mais plutôt cet acte qu’ils s’apprêtaient à accomplir sur la chaise qui n’attendait que leur passage, leur amour. Rapidement, debout à côté de la chaise, les deux amoureux se retrouvèrent presque nus, jouant avec le corps de l’autre qu’ils connaissaient par cœur. Il ne restait plus que son caleçon à Isaiah, barrière qu’Aisling utilisait pour le rendre impatient, impatient d’elle et de leur union. Il bascula la tête tout légèrement vers l’arrière alors que la blonde le couvrait de baiser dans sou cou et sur son épaule droite. Il retira finalement son caleçon avant de s’asseoir sur la chaise, attirant Aisling vers lui. Il écarta doucement ses jambes puis se pencha sur elle qui était toujours debout, et dans une position qui ne serait soutenable que pour quelques minutes, ce fut au tour du sexe de la blonde d’être couvert de baisers brûlants.

Aisling éclata de rire quand Isaiah lui laissa entendre qu'elle était particulièrement mauvaise à cache-cache. Elle le regarda avec un petit sourire taquin au coin des lèvres.

-Que veux-tu, je n'ai pas vraiment l'habitude de courir après les gens... J'ai assez de charme pour que ce soit l'inverse !

En vérité, cette époque-là était vraiment loin. Il y a bien des années qu'Aisling n'allait plus flirter en boîte pour trouver un amant d'une nuit, de quelques heures. Après la naissance de sa fille, déjà, la chose s'était plus raréfié, même si elle tenait à garer une vie sexuelle digne de ce nom. Puis quand elle avait été entièrement à sa garde, disons que les choses s'étaient encore compliquées. Sans parler de la place que s'était finalement fait Isaiah dans son cœur.

Finalement, elle fit une petite moue alors qu'il se vantait que les barres de céréales qu'il confectionnait lui-même soit sa plus grosse source d'énergie. Bon déjà, son énergie venait forcément de ce que cuisinait Isaiah, vu qu'elle-même ne cuisinait pas grand chose... Avant, elle passait sa vie à commander sur différentes applications des choses moins saines les unes que les autres. Mais il faut dire qu'une commande lui faisait souvent plusieurs repas, vu les petites quantités qu'elle mangeait. Ce qui avait souvent inquiété ses proches, comme Perry.

-Ce n'est pas ma faute si je n'ai pas très faim le matin...

Parfois son estomac était bien trop endormi pour avaler quoi que ce soit. Alors les barres, au moins, elle pouvait les emmener et les manger sur le chemin quand la faim commençait à s'éveiller ou qu'elle était trop pressée pour les manger plus tôt.

Aisling avait pris soin de faire basculer les choses dans une situation plus sensuelle. Il la connaissait, il savait comme elle pouvait être demandeuse, et elle, elle savait qu'il était toujours partant. Aujourd'hui, il sembla presque plus impatient qu'elle, et elle ne pouvait nier que ça ne faisait que l'enflammer encore davantage. Elle le regarda s'asseoir et fut légèrement surprise de sentir ses lèvres embrasser son intimité. Un gémissement s'échappa de sa bouche avant qu'elle ne se morde fortement les lèvres pour se contenir. Par réflexe, par envie, elle écartait encore un peu plus ses cuisses. Ses doigts se perdirent rapidement dans les cheveux de son amoureux. Elle rejeta la tête en arrière, savourant ses baisers brûlants, cherchant à en avoir plus sans rien formuler oralement, gesticulant seulement, doucement, imperceptiblement.

Un rire impulsif et fort s’échappa d’entre les lèvres d’Isaiah en entendant la réplique d’Aisling, qui ne manquait pas de se lancer des fleurs. Certes, elle le faisait avec raison, mais elle faisait généralement preuve d’un peu plus de modestie. C’était bien cet écart par rapport à ce qu’elle était généralement qui rendait l’affirmation des plus drôles. « Et moi, j’t’ai couru après ? » La vérité était que oui, Isaiah avait dû courir après Aisling, en quelque sorte, pour se rapprocher d’elle. Sans que ce soit du harcèlement, sans qu’il ne se soit imposé à elle, Isaiah avait tout de même cherché à s’intégrer à la vie d’Aisling si elle voulait bien le laisser y rentrer. Si elle avait semblé hésitante au départ, elle avait au fil du temps fait tomber les barrières, et leur relation n’avait cessé d’évoluer depuis. De la plus belle manière possible. La simplicité, l’amour, les taquineries, tout cela faisait parti de leur quotidien des plus sains. « Je sais … Au moins on a trouvé un compromis qui fait que t’as quelque chose dans l’estomac avant de commencer la journée. » Affirma-t-il tout simplement. Alors que lui prenait bien souvent son temps pour manger un grand bol de céréales ou des rôties aux cinq grains avec appétit, Aisling passait en coup de vent dans la cuisine, le matin. Ils étaient différents sur tellement de points et pourtant, la qualité de leur union n’était plus à prouver. Même leur intimité n’avait pas perdu de plumes au fil des mois, puisque même avec une gamine dormant à l’étage et le beau-frère et son invitée au jardin, ils trouvaient encore le moyen d’éveiller leur sexualité dans ce sous-sol poussiéreux. Rapidement, les deux amoureux s’étaient retrouvés peau contre peau, Isaiah assis et Aisling face à lui, ouvrant un peu plus ses cuisses pour lui permettre toute la liberté dont il avait besoin pour la combler. Se fiant à la respiration et aux gestes de la blonde, l’ébéniste continua de déposer baisers et coups de langue contre son sexe, pour l’enflammer jusqu’à ce qu’elle explose pour lui. Ses mains se posèrent sur les fesses de sa petite amie, caressant et palpant ces dernières sans rompre le sexe oral. L’excitation d’Aisling l’excitait à son tour, lui dont le sexe était maintenant gonflé et douloureux alors que la blonde semblait approcher de l’orgasme.

Elle sembla faire rire Isaiah, avec son affirmation pourtant pleine de vérités ! Elle le regardait avec un sourire. La réponse à sa question était évidente. Et il le savait aussi bien qu'elle. Il ne lui avait pas couru après, il avait carrément enfoncé à grands coup de pied la porte de son cœur.

-Tu m'as harcelé même !

Elle exagérait un peu les choses. Mais son sourire le montrait bien.

-Mais... je suis contente que tu l'ai fait.

Elle avait pu compter sur Isaiah à des moments difficiles de sa vie. Et à présent, il était son partenaire de vie, le pilier de son quotidien.

Si elle avait pu, pendant un temps, avoir une appréhension sur leur sexualité, elle qui n'avait jamais été fidèle, Isaiah lui avait promptement démontré qu'elle n'avait pas à s'en faire. Leur sexualité était bien différente de celle qu'elle entretenait avec Ciàran mais... pas moins épanouissante. Loin de là même. Avec Isaiah, Aisling avait découvert un partenaire à l'écoute de ses besoins, de ses envies, de ses désirs, toujours prêt aux échanges et à la discussion.

Tout le corps de la blonde s'arquait sous ses coups de langues. Elle sentait le plaisir monter, la brûler délicieusement. Elle retenait avec difficulté ses gémissements et beaucoup s'échappaient de ses lèvres. Ses caresses contre ses fesses la faisaient frissonner. Ce qu'elle aimait ses mains, ce qu'elle aimait qu'il la touche. Sentir sa peau contre la sienne. Le plaisir arriva finalement à son paroxysme et elle fut secouée par un léger spasme d'orgasme, la rendant fébrile sur ses jambes. Se décalant légèrement, elle s'appuya sur la chaise d'Isaiah pour ne pas tomber, avant de s'asseoir sur ses genoux et de venir l'embrasser.

-On t'a déjà dit que tu es doué ?

Elle sûrement, déjà, des dizaines de fois. Et si elle ne lui disait pas toujours, elle lui faisait du moins comprendre.