feeling blessed (aelya)

Elle aimait savoir que la jeune femme était bien entourée, parce que même si elle ne la connaissait pas depuis longtemps, elle avait vu en elle une bienveillance qu'il lui avait toujours été rare de trouver chez les autres. Elle sourit en la voyant dégainer son portable, ses yeux défilant sur l'écran en même temps que les photos qui mettaient en lumière Az et Milo, tous deux dans une posture qu'elle n'avait jamais eu l'habitude de voir. Elle s'attendrit devant les images, ne pouvant s'empêcher de penser qu'ils formaient une belle équipe à trois.

- Promis, qu'en cas d’extrême urgence parce que je voudrais pas qu'ils arrêtent d'être aussi mignons avec toi, pouffa-t-elle.

Elle rêvait de connaître ça, de se laisser bercer par la douce envie de porter son bébé à son tour, et c'était comme si elle pouvait toucher du doigt ce songe en portant Ivy dans ses bras, son tendre visage se tendant vers le sien alors qu'elle restait calme. C'était un moment d'une extrême vulnérabilité, et elle le concevait en cet instant où elle laissait son coeur palpiter d'attention pour ce petit être qui s'agitait doucement dans son étau protecteur. Elle la berçait, trouvant intuitivement les gestes qu'il fallait faire pour que la petite se sente bien, Aelya qui rayonnait de tendresse dans ce moment privilégié, bien que ses songes étaient toujours drapés d'un voile de regrets qui lui collait à la peau. Elle appréciait la main de Beth sur son dos, comme un encouragement et un soutien silencieux qu'elle lui transmettait amicalement.

- Tant mieux pour la maman du coup, s'amusa-t-elle. Tu vois j'aurais jamais pensé qu'elle était agitée, les apparences sont toujours trompeuses, ajouta-t-elle sur le même ton. T'as pris la meilleure décision de toute ta vie je pense. Et c'était courageux en plus, remarqua-t-elle, comprenant qu'il fallait d'autant plus de courage pour garder un bébé en étant seule. Je pense oui. Ca m'a vraiment fait du bien de l'avoir dans mes bras, avoua-t-elle doucement en confiant délicatement l'enfant à sa mère. C'est comme si ça me redonnait de l'espoir, sourit-elle en caressant tendrement le dos du bébé qui était tout contre la cage thoracique de Beth. Merci en tout cas. Pour tout ce que tu m'as dit. Tu passeras le bonjour aux deux tontons, sourit-elle. On devrait se revoir plus souvent. Enfin si ça te dit... Proposa-t-elle.

La vie faisait bizarrement les choses, parfois. Et ce, pour le mieux. Elle avait mis sur le chemin de l'Anglaise Azriel et Milo alors qu'elle s'en attendait le moins, alors qu'elle pensait être seule au monde dans une ville qu'elle ne connaissait point. Venue ici pour retrouver le père de cet enfant qui, maintenant, grandissait sans lui, elle était complètement perdue dans cette nouveauté. Nouveauté qui comportait la grossesse, oui, mais aussi vivre à l'étranger, seule, sans famille ou amis, être amoureuse, ce qui ne lui était que très rarement arrivé. Elle avait aussi mis sur son chemin plusieurs personnes par ricochet, des gens qui étaient dans sa vie par circonstance mais qui prenaient tout petit à petit une place près d'elle. Aelya en faisait partie. C'était la copine du meilleur ami de Milo. Sans Milo, elles ne se seraient sans doute pas connues. Mais à présent, bien qu'elles se connaissaient peu, la brune appréciait la présence de la belle Australienne. Et, aujourd'hui, surtout, quelque chose d'unique se créait entre elles. Une question de confiance, de nouveaux liens qui se scellaient et de bienveillance l'une envers l'autre.

« Si elle pouvait être calme comme ça tout le temps », gloussait Beth avant de lâcher un sourire franc. « Peut-être que les bras d'une nouvelle tatie l'a aidé à se sentir réconfortée, aussi, qui sait », ajoutait-elle pleine de douceur avant de se replonger au jour de la découverte de sa grossesse. Ça n'avait pas été le plus beau jour de sa vie, comme certaines femmes le diraient, mais il avait forgé la personne qu'elle était aujourd'hui, la mère qu'elle était. Rafael n'avait pas été là pour la soutenir, il n'avait pas pu voir le test de grossesse ni même la rassurer, mais elle avait su trouver la force en elle. Et le plus beau jour avait fini par arriver, celui où elle avait rencontré Ivy. « Je le pense aussi. Et, même si je ne souhaite à personne de vivre une grossesse seule comme moi, si c'était à refaire, je le referais. » Parce qu'Ivy avait changé sa vie. Quant à Aelya, Beth se demandait si elle était prête à retenter l'expérience. Avec douceur, l'Anglaise lui sourit. « C'est quand tu veux, pour une séance câlins avec Ivy », gloussait-elle en reprenant la petite pour la poser contre elle, embrassant sa petite tête. « Y'a pas de quoi, vraiment », murmurait-elle d'une voix plus que sincère. « Sans faute, pour les tontons », s'empressa-t-elle d'ajouter avant de tendre la main pour attraper celle d'Aelya. « Évidemment que ça me dit. »