You got me caliente + Billie & Liam

Sous les conseils de Billie, je porte une robe en satin bleue pervenche. Mi-longue, aux bretelles fines, pas décolletée. Je voulais être attirante sans pour autant donner l'impression d'être une fille facile. À l'intérieur de mon petit sac en perle, j'ai préparé plusieurs liasses de billets. Ce soir, on va s'éclater au Tabù, une boîte de strip-tease avec des hommes. Il y a quelques années, pour l'enterrement de vie de jeune fille de ma cousine, nous avions assisté à un show de chippendales et c'était génial. J'espère qu'on s'amusera tout autant avec Billie.

J'étais bien contente qu'elle veuille m'accompagner. À dire vrai, je voulais y aller pour faire du repérage. J'ai discuté avec un mec sur le site de rencontre de Bowen. Liam, le gérant du Tabù justement. Il est super canon et le feeling est plutôt bien passé. Si je le croise, j'aimerais bien que Billie puisse me dire ce qu'elle en pense. Si c'est un baratineur de première, je me fais la malle. Ok je ne cherche pas une relation à long terme, mais je ne veux pas non plus coucher avec le premier venu.

J'attends Billie devant chez elle. Je lui envoie un texto pour la prévenir. Elle m'a dit qu'elle allait me surprendre avec son outfit du soir. J'ai hâte de voir ça.

Ce soir était le grand soir pour Charlie. Elle allait rencontrer peut-être le plan cul de sa vie et ça, c'est apparemment un événement important dans la vie d'une femme. Et d'un homme aussi allez savoir. Mais ce qui m'étonnait le plus, c'est surtout que j'avais accepté de partir dans une boîte de strip-tease pour femmes. J'me connais d'avance. J'vais juste hocher la tête en trouvant des corps beaux sans même avoir une moindre pensée déplacée ou un quelconque fantasme comme beaucoup de ces femmes pourraient avoir. Mais je la suivais sans rechigner, juste histoire qu'elle ne soit pas seule durant cette rencontre. J'prends toujours un peu de recul sur ces relations virtuelles. On ne sait jamais vraiment sur qui on peut tomber.

Un live terminé pour l'aider à choisir sa tenue, je savais exactement ce que j'allais porter bien que j'hésitais entre deux tenues. Est-ce que je me la joue Men in Black avec mon costard, ma fausse oreillette et mes lunettes noires ou est-ce que je me la joue ghetto avec un jogging, un bomber militaire, une banane et un casquette à l'envers, le détail qui tue étant bien évidemment les chaussettes par-dessus le pantalon, sinon ce n'est pas drôle? J'regarde longuement mon dressing, m'arrêtant en chemin pour bouffer des gâteaux mais me dépêche rapidement en voyant l'heure sur mon portable et surtout le message de Charlie. HA. Ben je crois que ça va être ni l'une, ni l'autre, sortant une vieille combi de ski que j'avais gardé quand on partait en vacances. Même si en général y'avait pas vraiment de neige mais j'aimais le croire. Ouais c'est bien ça. Une chapka rouge électrique, une combi rose et bleu bien ridicule avec des UGG. Au moins, si son copain tenter quelque chose, je lui dirais de ranger les griffes car il a affaire à une taularde russe. J'prendrais l'accent promis. J'récupère les derniers détails de la tenue; un sac à dos de randonnée avec des raquettes de tennis que j'accroche à mes chaussures. J'déboule en bas de mon immeuble pour finalement me pointer devant elle. "Bon, on est parties?" Est-ce qu'elle serait capable de nous faire monter de nouveau à l'appart car ma tenue ne lui conviendrait pas?

À ma grande surprise, Billie a accepté de m'accompagner au Tabù, la boite de strip-tease. Comme en ce moment elle fréquente Reece, j'avoue que j'avais peur qu'elle refuse. Alors quand elle m'a dit qu'elle m'a dit qu'elle voulait bien venir avec moi, j'ai sauté de joie devant le texto.

Dans ma vieille Duster, je l'attends devant chez elle. Alors que je m'ambiance dans la voiture, Billie arrive. Je reste bouche bée.

Euh je sais que Billie est en général une fille surprenante. Mais là, je suis pliée. J'éclate de rire. Elle arrive en combinaison de ski, fluo, je tiens à le préciser. Il me semble que ce n'est pas une tenue pour aller dans une boite de strip-tease. Oh mon dieu! Je vais mourir! J'essaie tant bien que mal de calmer mon fou rire. Très drôle. Allez, oust, on remonte. Tu vas te changer ou sinon je glisserai ta main dans le caleçon d'un strip-teaser. Ça devrait suffir pour la faire changer d'avis, non?

Au moins on ne peut pas dire que je n'ai pas essayé mais elle utilise surtout THE menace. On remonte rapidement, j'récupère une simple robe noire avec des mocassins et des chaussettes hautes. Un petit sac aussi histoire de. On repart aussitôt en direction de la boîte mais je m'inquiète tout de même de l'ambiance en sortant de la voiture. "Ca se passe comment en général ce genre de soirée? Ils dansent juste ou ils viennent carrément se frotter à nous?" Une simple question en soi que je trouve légitime de poser. On paie les entrées, simplement, se débarrassant au passage de nos affaires pour les vestiaires et je la suis. Plutôt près du bar ou de la scène, ce sera à elle de voir. "T'as pas un coin VIP pour toi avec ton flirt?" J'me tourne vers elle, lui adresse un petit sourire. "Il pointe son nez durant les shows dis moi?" Oui je l'enchaîne et alors?

Ouf, Billie accepte de se changer. C'est incroyable le nombre de fois où elle m'a donné des fous rires à en avoir des points de côté. Après de nombreuses années d'amitié, je ne m'y suis toujours pas habituée. Mon retour à Bowen ne se serait pas aussi bien passé si elle n'était pas présente dans ma vie.

Le trajet dans la voiture se fait avec des rires à n'en plus finir. Lorsque j'ai terminé de me garer, vint l'interrogatoire de Billie. Elle va me tuer de rire ce soir. Faut avouer que c'est légitime, elle n'a jamais été dans une boite de strip-tease. Il se pourrait bien qu'on se frotte à toi, ouais! Nous nous dirigeons vers les vestiaires où je dépose mon blazer. La musique est entrainante, bien que nous l'entendons que par écho. Je scrute les alentours, à l'affût d'apercevoir Liam. Je le connais à peine. Il sait même pas que je viens... D'ailleurs heureusement que j'ai une super copine avec moi. Je la prends par l'épaule, l'embrasse sur la joue et rajoute Il m'a dit qu'il dansait. Mon sourire s'élargit. J'imagine son corps musclé. 

Avant de rentrer dans la boîte, je m'interpose devant Billie. Bon t'es prête? Je suis comment là? Ça va, j'ai pas du rouge à lèvre collé aux dents? D'une grimace crispée je lui montre mes dents, prête à dégainer un mouchoir. Il y a longtemps que je ne me suis pas donnée à l'art de la séduction. Parce que virtuellement, ça ne compte pas. Rien de mieux que le face à face.

Une grimace en entendant certaines réponses à mes questions. J'sais bien que je suis censée être avec elle tout le long mais à un moment donné je vais probablement m'éclipser vers le fond je crois. Nous descendons rapidement, allons directement dans les vestiaires pour s'alléger mais la jeune femme commence à paniquer. Je souris, je ne peux m'en empêcher. Il n'y a rien de bien drôle mais la situation me fait juste marrer. "Ca lui fera une bonne surprise ne t'en fais pas." J'hausse les sourcils à sa remarque cependant avant de les froncer légèrement. "Il est patron et employé? Ou il fait ça juste pour tes beaux yeux?" Ce qui serait étrange vu qu'il n'est pas censé être au courant de sa venue. On avance, l'ambiance de la boîte se faisant déjà ressentir dans les couloirs, ces commentaires crus que j'avais reproché aussi à ce garçon qui retentissent partout dans la bâtisse et qui sortent surtout de la bouche de ces femmes. Allez savoir, je crois que je commence à être perdue. J'ai pas vraiment le temps de faire un pas de plus que Charlie m'arrête brusquement. Un petit bond en arrière pour ne pas qu'on se choque. "Tu es parfaite! Ah, attends." Je me penche au niveau de son visage en l'analysant. "Tu as je ne sais quoi coincé entre les dents et ton maquillage commence déjà à couler." Je souligne le dessous de mes yeux pour lui monter à quel niveau son crayon "coule". J'reviens à ma position de base, lui adressant un simple sourire pincé. C'est pas vrai, bien évidemment si elle pouvait paniquer encore plus. J'l'embarque rapidement avec moi, la pièce est déjà bien sombre. Seul la scène est plus ou moins éclairée. J'arque un sourcil puis l'amène à l'une des tables les plus proches. "S'il danse comme tu dis et qu'il se ramène devant c'est soi que c'est un excellent danseur, que c'est le chorégraphe ou qu'il veut vraiment se donner en spectacle, autrement dit une sorte de "m'as-tu vu?"." lui dis-je en prenant place. Je regarde un peu les environs tout de même et ne peux que reconnaître que l'homme à du goût. Je me tourne vers Charlie. "Faut aller directement au bar pour commander à boire ou pas?" Une simple question. "Car en plus de faire chaud, il fait soif et j'ai juste envie d'oublier que des hommes en sueur se frotteront peut-être à moi sans que j'en ai réellement envie." Il n'y avait que Reece en soi avec qui je me laissais faire et avec qui j'apprenais vraiment ce genre de contact donc ça me semble juste bizarre de traîner dans ces parages là.

Je suis un peu nerveuse. C'est pourtant pas mon genre d'être timide. Surtout que là il ne s'agit pas du tout d'un rencard. Je viens juste stalker un mec avec qui j'ai virtuellement parlé. Waouh. Dis comme ça, ça fait psychopathe. Du coup y'a de quoi d'être nerveuse non?

En plus il m'a fait comprendre qu'il ne voulait pas qu'on se voit dans sa boite de strip-tease. Pour ne pas mélanger sa vie professionnelle à sa vie privée. Les deux, je suppose. Il gère et il se fout à poil dis-je avec un léger sourire. Il n'aurait pas aimé que je dise ça, et c'est le genre de truc que j'aurais pu lui dire. Juste pour le provoquer.

Pas une seule seconde j'imagine flirter avec lui et laisser Billie de côté. Elle m'a accompagné alors que je ne suis même pas sûre qu'elle aime ce genre de boite. Je doute qu'elle soit enchantée d'être là. Elle est venue pour moi et je lui en suis entièrement reconnaissante. Maintenant qu'il y a quelque chose entre elle et Reece, elle aurait très bien pu refuser.

Sa présence me réconforte. Avant que l'on entre, je fais un état des lieux de mon maquillage et de mon sourire. J'ai un truc coincé dans mes dents? Et mon mascara a coulé? Hein? Merde, merde, merde! Je passe ma langue entre mes dents mais je ne sens rien. Lorsque Billie m'entraîne à l'intérieur, je comprends vite qu'elle blaguait. La scène est vide mais il y a déjà beaucoup de femmes présentes. On se demande comment Liam va réagir. Justement j'ai très envie de voir sa réaction. Tu sais que j'aime surprendre les gens? Je vois bien qu'elle appréhende que des strip-teaseurs viennent à elle. Quel amour cette Billie, elle est vraiment venue que pour moi. T'inquiètes, si t'es pas réceptive, le mec va se barrer. Viens on va prendre un verre. On se dirige vers le bar et à peine servies, la musique change et les lumières s'allument au-devant de la scène. L'instant caliente arrive.

Un petit haussement de sourcils en lui adressant une petite moue. Au moins il sait comment occuper son temps, c'est bien, je crois. Charlie se met soudainement à s'inquiéter de son apparence et j'en joue jusqu'à arrêter la comédie et l'embarquer avec moi à l'intérieur. "Je sais bien oui mais il ne risque pas de le prendre mal? Imagine qu'il se dise que tu sois là pour l'espionner? En mode un petit avant goût, le voir dans l'action comme si tu voulais voir comment il réagissait avec les autres sans que tu sois dans les parages, comme si s'il était en privé, tous ses faits et gestes seraient préméditer. Enfin, j'sais pas si je suis claire." lui confiais-je. Peut-être qu'il est totalement différent en privé et en public. Je sais que si je vivais une sorte de double vie, ça me dérangerait qu'on tente de savoir ce que je ne veux pas montrer. Mais bon, s'il n'a rien à cacher, peut-être qu'il le prendra bien. Peut-être qu'il sera surpris mais dans le bon sens du terme? J'hoche la tête à sa réponse. "Bon j'espère alors mais j'suis pas obligée de payer ou si? Je dois vraiment dépenser du fric pour des mecs qui ne me font aucun effet?" lui demandais-je avant que les lumières ne s'abaissent pour laisser place au spectacle. J'commande rapidement un baby coca pour commencer et repars à la table en compagnie de Charlie.

Tabù était ouvert depuis quelques semaines déjà, la réponse de la clientèle était positive, tout ce que Liam aurait pu espérer en venant à Bowen pour poursuivre son rêve. Seulement, il ne s'assoirait pas sur ses lauriers par prétexte que la boîte connaissait un succès grandissant, Liam cherchait la perfection, soir après soir. Il aspirait à se dépasser de représentation en représentation, à trouver des idées innovantes pour que jamais son club ne stagne et devienne une réplique de soir en soir. Il travaillait comme un fou, n'avait pas nécessairement beaucoup de soirée de repos, ni même de temps pour le reste de sa vie. Il passait le plus clair de son temps, d'ailleurs, à la boite, ouverte ou fermée. Là et sur cette application de rencontre qu'il avait décidé d'installer sur son téléphone intelligent. Douce erreur, il en était à présent accro, encore plus à cette conversation particulière, celle avec la belle Charlie, Charlie qui ne le voyait, visiblement, que comme le garçon trop sûr de lui, peau parleur, séducteur à en crever, prêt à lui briser le coeur. Et tout ça, évidemment, donnait envie à Liam de lui prouver tout le contraire. Ce soir-là, alors qu'il se préparait pour la représentation du soir, elle n'avait pas répondu à son dernier message. Liam s'était surpris à regarder plusieurs fois l'application dans l'espoir que la notification avait fait défaut. Hélas, non. Charlie se faisait visiblement désirer. L'espagnol laissa son téléphone de côté pour enfiler sa tenue de scène, ce soir ses danseurs et lui incarnaient chacun des métiers traditionnellement masculins. Le sien représentait le fantasme du pompier, sa veste ouverte laissait entrevoir son torse huilé pour le plaisir des femmes venues ce soir. La musique retenti, signal pour les danseurs à se mettre en place, le rideau prêt à se lever, jeu de lumière qui aguichait déjà les spectatrices qu'ils entendaient hurler leur impatience. Quand le rideau se leva et que la musique s'enchaina, Liam suivi des autres danseurs enchainèrent les pas de leur chorégraphie, sensuels, sexys, séduisants. Dos sur la scène, ils retiraient tous leurs vestes, corps de métier un à la suite de l'autre. Policier, menuisier, infirmier, pompier, se retournant à l'unisson pour lancer le bout de vêtement dans la salle. Ils prirent tous un chemin différent pour se fondre dans la foule, danser près de ses femmes qui en réclamaient encore plus. Liam prit la droite de la salle, près du bar, ne remarquant même pas que cette belle Charlie faisait partie des spectatrices.

Il y avait du vrai dans ce que disait Billie. Liam m'a maintes fois expliqué qu'il ne mélangeait pas vie privée et vie professionnelle. Tu as raison il pourrait le prendre mal... Trop tard pour revenir en arrière! Ma curiosité prenait de l'ampleur. Maintenant qu'on était là, je n'arriverais pas à résister à l'envie de le voir. De l'observer dans le noir, discrètement. D'apprendre comment il s'approche des femmes. D'apercevoir sous son masque, qui il était, la nuit levée.

Nous étions au bar. Avant d'être servies, je cherche dans mon petit sac de perles ma liasse de billets. Je paie nos verres et tends deux, trois billets à Billie. Elle refusera je le sais, mais la situation m'amuse. Tiens et rince-toi l'oeil. J'dirais rien à Reece. Bien sûr, je sais qu'elle n'a d'yeux que pour lui en ce moment. D'ailleurs je lui suis reconnaissante d'avoir accepté de m'accompagner ici, l'île de la tentation.

Le show commence et je suis bouche bée. Je peine à continuer de boire mon verre. Ma main presse celle de Billie. Il est là. Le pompier. Alors que tout pourrait s'apprêter à croire que je vais savourer ce moment, mon excitation s'est évaporée. J'ai du mal à contenir mon amertume. Elles le regardent toutes. Exaltées à admirer son corps. Ce corps que je voulais toucher et garder rien que pour moi. Il s'applique à leur donner envie, comme un rôle appris par cœur. Bon finalement t'avais raison. Viens on rentre à la maison. J'ai beau vouloir partir, je ne peux m'empêcher de le regarder lui.

"Ha ben là... Après on peut toujours rentrées hum." Voyez un peu la mauvaise foi. On peut rester, de toute façon, ce n'est pas dérangeant du moment qu'ils ne dévalent pas leur scène pour venir faire du frotti-frotta. Au bar, elles payent les boissons et me donne de l'argent comme si je faisais la manche. "Je... ok." Du moment que je n'ai pas à le passer dans le froc d'un de ces mecs. Je leur donnerai gentiment comme on donne un pourboire. Le show commence, je sens presque ma main broyée. Un hochement de tête. Le pompier donc qui semble y prendre du plaisir. En même temps, avoir tant de femmes en train de crier et de réclamer, ça ne peut faire que de l'effet. Même en étant leur divertissement, ils se sentent au moins un minimum désirés. Ca ne peut être que flatteur pour eux. Je tourne ma tête en sa direction à sa remarque. "Qu'est-ce qui se passe?" lui demandais-je. "T'as pas l'air de vouloir vraiment partir en soi. Il t'a remarqué ou pas?" continuais-je. Je prends une grande respiration avant de soupirer, regardant plus la foule que les danseurs en soi puis reporte mon attention sur la belle qui est toujours fixée sur lui. "T'es jalouse?" Je souris en coin. "Peut-être que c'est pour ça qu'il préférait te voir en dehors de son taf." Un sourire pincé, je penche légèrement la tête sur le côté.

Liam descendait de la scène, se mêlait à la foule alors que ses collègues et lui se divisaient le bar comme un plan d'attaque. Chacun avait sa section bien déterminée, la sienne s'avérait être la droite de l'établissement, près du bar. C'était aussi sa façon de garder un oeil bien veillant sur ses employés derrière le bar et de capter un peu le pouls de l'audience. Et ce soir, elles étaient en feu, ces filles. Elles dansaient au rythme de l'espagnol, lui qui en prenait une par la taille pour enchainer quelques déhanchements alors qu'une autre caressait son torse. Il lâchait un clin d'oeil à une autre avant de poursuivre son avancée dans sa section. Ses collègues, eux, faisaient sensiblement la même chose, créant le désir et l'excitation dans la foule. Il ne se posait pas sur les visages, c'était sa façon de rester concentré, captait parfois le regard de certaines, mais ne s'attardaient pas plus longtemps, sans pour autant le faire ressentir aux femmes. Mais quand il aperçut cette robe de satin bleue, délicate, enivrante, il eut une faiblesse, osa regarder le visage de sa propriétaire. Elle. C'était elle. Liam ne montra pas sa surprise, lui accordant un sourire foudroyant, ne réussissant pas à décrypter le visage de Charlie et ce qu'elle pensait de lui, à cet instant présent. Il avait tout de même cette crainte qui s'installait, celle qu'elle ne se base que sur ce qu'elle venait de voir pour se faire une opinion de lui. Il lui avait dit, il l'avait prévenu, il ne mélangeait pas le travail et l'intimité. Il lui avait pourtant lancé des avertissements clairs, il lui avait dit qu'il n'était pas le même ici et ailleurs. En même temps, son travail, ici, c'était de faire plaisir. De créer du fantasme. Et non pas de draguer. Liam n'attendit pas une réaction de la part de Charlie, de peur qu'elle lui échappe. Il posa une main sur sa joue, se gardant tout de même des réserves, ondulait son corps au rythme de la musique, puis se pencha pour atteindre son oreille. « Qu'est-ce que tu fais ici ? », demanda-t-il en souriant, amusé. Il ne lui laissa pas vraiment le temps de répondre, puis s'éloigna pour retrouver le reste des danseurs, leur numéro qui prendrait fin dans quelques secondes. Ils enchainèrent la chorégraphie, se débarrassant de leurs bas, seulement vêtus d'un caleçon et du chapeau qui pouvait encore témoigner du métier qu'ils incarnaient. Et quand enfin la danse fut terminée, plutôt que de quitter la scène en suivant ses danseurs et prendre le temps de souffler, il fila enfiler ses vêtements pour la chercher dans la foule. Il la trouva, accompagnée d'une amie, il ne l'avait pas remarqué plus tôt, rappelons qu'il ne portait pas attention aux visages, quand il bossait, et quand il arriva près d'elles, il les gratifia toutes les deux d'un large sourire. « Bonsoir », fit-il en s'avançant vers Charlie pour initier une bise. Il se tourna ensuite vers l'inconnue. « Liam », se présenta-t-il, tendant la main vers la jeune femme. « Vous avez apprécié votre première représentation chez Tabù ? », demanda-t-il en accrochant le barman au passage. « Tu ne leur fais plus payer un verre ce soir, elles sont avec moi », décréta-t-il en se retournant vers les deux jeunes femmes.

Ce spectacle me coupe le souffle. Autour de moi des femmes le touchent, dans les rires et l'audace. C'est insupportable. Billie a immédiatement compris. Moi? Jalouse! Non. L'expression de mon visage prouve le contraire, j'en suis sûre. Avec Billie, nous n'avons pas besoin de sous-titres pour se comprendre. Je suis là, à le regarder, moitié envieuse, moitié furieuse. Son corps parfait qui ondule et autorise des mains baladeuses. JE devrais MOI le toucher. MOI. Je ne suis pas censée éprouver ce sentiment. Notre relation n'a pas été définie comme exclusive. Je tente de me le répéter, tandis que je l'observe dans l'obscurité.

Soudain nos regards se croisent. Ces petites secondes semblent durer des heures. Mes yeux sont plongés dans les siens, de ce bleu du ciel que je connais si bien. Il s'approche. Je suis tétanisée, pétrifiée dans le temps. Il me touche, je rassemble tous mes efforts pour paraître impassible. Ses murmures au creux de mon oreille me font fondre. Le timbre de sa voix m'envoute de la tête aux pieds. J'en frissonne.

Lorsqu'il quitte la scène, je n'ai pas encore le courage à me lever. Dans l'espoir de retrouver ce courage, je termine mon verre d'une traite. Je regrette de t'avoir embarqué là dedans, c'était une mauvaise idée. Je suis désolée. Et dire qu'elle aurait pu passer une soirée tranquille avec Reece. Je cache mon visage entre mes mains. Pourvu que ceci n'est qu'un cauchemar. Je me redresse, déterminée à fuir Liam. C'est tout moi, dès que je ne contrôle plus la situation, je fuis. Je n'ai pas été assez rapide. Il est venu me retrouver, habillé mais toujours aussi impeccablement beau.

Il n'a pas idée à quel point j'ai détesté cette représentation au Tabù. Plus jamais je reviendrais, j'en fais la promesse. C'était époustouflant. Pas vrai, Billie? Mon ton montre ouvertement mon amertume. Je me sens tellement conne d'être venue le voir. D'ailleurs pourquoi je tenais à venir, déjà? Encore une idée stupide. Il m'a averti et je ne l'ai pas écouté. Je ne peux qu'en prendre qu'à moi-même. Non merci, mais on allait partir. Je me lève d'un pas décidé.

Je secoue la tête de droite à gauche. Il fallait bien s'y attendre de toute façon à ce genre de choses mais ça me fait rire de la voir un peu outrée. Les danseurs commencent à se pavaner dans la salle et je me recule, secouant la tête négativement pour ne pas qui s'approche de trop près, leur tendant un billet pour qu'ils se cassent. Je prends sur moi, je vous assure. En plus il fait chaud et le cocktail commence à monter. Autant vous dire que ce n'est pas la meilleure soirée que j'ai eu de ma vie mais bon, si au moins ça me permettre d'être là avec elle. Une remarque de sa part, je secoue légèrement la tête. "Ca va, j'ai survécu, c'est l'important je crois. Ha et tiens, il me reste un dollar." J'hausse les épaules. L'hôte de la boîte vient rapidement vers nous et il se présente, main tendue. "Billie." J'garde mes bras croisés sur la poitrine. Comment ça sauvage? Ben ouais, on n'a pas élevé les cochons ensemble il me semble.  Si on a aimé? J'fais même pas gaffe au ton employé par Charlie pour lui répondre et secoue la tête, une moue presque blasée sur la tronche. "Non pas vraiment. La musique était bonne mais je me suis fait chier. Ils étaient trop tactiles et insistants ça m'a saoulé. Même un match de hockey sur table est plus intéressant." Aucun tact, je suis pas connue pour être diplomate dans mes propos. Cependant la proposition des verres gratuits m'intéressent mais la brune semble vouloir partir. Je me penche vers elle, une main pour cacher mes chuchotements. "Allez, juste un verre. Autant en profiter, ça coûte une blinde en plus." Puis reviens à ma position initiale. "Et donc c'est un rêve de gosse de se trémousser devant des chattes en chaleur?" demandais-je au mec. "Et il n'y a pas de blessés? Genre ligaments croisés, ce genre de choses?" J'tente de m'intéresser à ce métier quand même histoire qu'il ne se sente pas con et surtout pour détendre l'atmosphère qui est aussi déprimante qu'un saule pleureur.

Ça ne lui était jamais réellement arrivé d'avoir cette envie de retrouver une fille après son numéro, d'enfiler ses vêtements à la vitesse de l'éclair et de laisser ses collègues pour retrouver la foule. Généralement, il décompressait en coulisse, prenait un peu d'eau, le temps de se rhabiller sans presse, puis finissait par retrouver le club quelques minutes plus tard pour s'assurer que l'ambiance était toujours là, que ses employés n'avaient pas de soucis. Mais cette fois, pris d'un élan qu'il ne reconnaissait pas, il était remonté dans la salle le plus rapidement qu'il put, retraçant Charlie dans la foule au travers des gens, faisant le chemin jusqu'à elle pour voir sa peau de porcelaine. Il salua au passage celle qui semblait l'accompagner, main tendue vers elle en guise de politesse. Elle se présenta, mais ne décroisa pas ses bras de sa poitrine, procurant un gloussement de la part du propriétaire qui rangea sa main, un peu bête. Il avait eu hâte de retrouver la brune vers qui il reporta son attention, mais son visage était fermé, coupé de toute émotion. Et son ton ne semblait pas emballé par le numéro auquel elle a assisté. Il s'y en attendait. Elles étaient rares, celles qui acceptaient ce genre de métier sans juger, sans le prendre pour une catin superficielle. Il haussa les sourcils devant le sarcasme employé par Charlie. Et sa copine ne le ménage pas non plus, commentaire qui manquait légèrement de tact. Liam rit de bonne foi, souriant à celle qui s'était présentée comme Billie. « Et bien, merci pour ta franchise. J'pourrai penser à une façon d'adapter nos shows, mais généralement c'est ce qui plait, dans ce genre d'endroit. » Il n'y avait aucune malice derrière le commentaire du brun, il concevait que ce n'était pas pour tout le monde. Et c'était bien aussi. « Déjà », demanda-t-il avec une moue déçue quand Charlie refusa de rester. Mais rapidement Billie relança une discussion. Du moins, c'était sans doute ce qu'elle tentait de faire, à l'annonce de cocktails gratuits. Mais ses propos, eux, n'étaient pas des plus agréables à écouter. « Non, pour tout dire, je pensais que je finirais ma vie dans le concessionnaire de mon père. Mais il faut croire que je n'ai pas apprécié l'expérience », rétorqua-t-il en jetant un coup d'oeil furtif à Charlie. « Je vois que Charlie ne t'a pas beaucoup parlé de moi. » À nouveau, on le foutait dans une case, on lui collait une étiquette qui ne lui convenait pas. « Vous restez autant que vous voulez, mes dames. Là-bas, il désignait un espace réservé, c'est le coin VIP. Je vais aviser la sécurité que vous êtes invités. Loin de moi l'envie de gâcher votre soirée entre copines... » Mais, surtout, il se sentait de trop. Il soupira avant d'ajouter : « C'était une belle surprise, Charlie. Je suis désolé que tu n'aies pas apprécié. » Mais c'était son gagne-pain, son réel rêve, pas de gosse, non, mais son but de vie.