Mon cœur qui s'envenime + Konstantin & Charlie (terminé)

Quand l'éthanol arrache mon corps, j'ai l'impression de tomber. Voilà où le verre de trop m'amène. Tous mes sens disparaissent. Toutes mes émotions se vident, pour laisser place à quelque chose de plus beau, d'encore plus enivrant. La liberté.

Tout va bien... jusqu'à ce que j'ai envie de gerber. Il me faut puiser de toute ma force psychologique pour ne pas penser à ma nausée. Les lumières de la boite s'allument. Euh non, au fait, je suis où? Qui m'a emmené ici? Ces escaliers me sont familiers. Ce paillasson me dit quelque chose. Maintenant que j'y suis, je crois bien reconnaître cette porte aussi. Je suis devant chez mon frère. Il va me tuer si il me voit dans cet état!

Non Charlie, resaissie-toi. Je retrouve ma clé dans ma poche mais impossible de la mettre dans ce foutu trou. J'ai pas la bonne clé ou quoi? C'est moi ou on y voit rien dans ce putain de couloir? Connerie de serrure.

3h du mat bordel et j'ai l'impression d'avoir affaire à un éléphant de l'autre côté de la porte et ça, ça m'énerve car je n'arrive pas à suivre ma putain de série. J'me sur pause le temps d'attraper une lampe de chevet et me dirige à pas de loup vers la lourde, ouvrant avec rapidité cette dernière, prêt à assommer les potentiels cambrioleurs qui veulent jouer aux cons. Sauf que ce ne sont pas des pseudo-criminels, non, c'est rien d'autre que la sœur d'Ariel. J'laisse tomber mon bras avec la lampe, n'ayant plus besoin d'être sur mes gardes. "Tu pourrais être plus discrète tu sais?" lui chuchotais-je avec un petit ton mécontent. Je me décale de la porte pour la laisser entrer et referme doucement derrière elle puis retourne dans le salon pour rebrancher la lampe. Je reviens vers Charlie, passe l'un de ses bras autour de mon cou et l'amène sur le sofa, faisant un autre aller-retour pour lui récupérer une grande bouteille d'eau et des cachets. "Ça va aller? Tu veux que je t'aide à aller dans la chambre peut-être?" Ben ouais, maintenant qu'elle est là, moi je reste sur le canapé. J'sais bien que c'était du squat de base mais je me suis attaché à cet appart' quand même, c'est de la colocation à ce stade et j'ai juste l'impression d'être ce clébard malheureux et de trop qui dort avec sa vieille couverture sur la banquette. "T'es rentrée toute seule? T'as pas eu de souci?" l'interrogeais-je, toujours sur un ton médium pour ne pas réveiller Ariel qui est déjà dans sa piaule.

Je ne sais pas avec qui j'aurais le plus aimé de me retrouver nez à nez. Mon frère, qui m'aurait sermonné. Ou Konstantin, son coloc qui asphyxie l'appart avec ses bédos. Moins fort! Il a chuchoté mais j'ironise la situation. Je jette un oeil dans les alentours. Ariel n'est pas là? À l'évidence, non. Je suis soulagée. Ma lutte contre l'envie de vomir continue. Par principe, je refuse l'aide proposé par Konstantin. Il m'apporte jusqu'au canapé et me tend des cachets. Non certainement pas! Je peux me débrouiller toute seule! je réplique avant de m'afaler minablement sur le canapé. D'habitude je n'ai pas mauvais vin, j'ai même l'alcool joyeux. Peut-être que l'éthanol redescend ou peut-être simplement que Konstantin réveille la lionne en moi.

Comment je suis rentrée toute seule? C'est une bonne question inspecteur je me demande si je porte bien le sacarsme avec 2g dans le sang. Pourtant il s'agit réellement d'une bonne question. Je me demande qui est le bon Samaritain qui m'a aidé à venir jusqu'ici. À moins que, avec une chance inouïe, j'y suis parvenue par mes propres moyens.

Je secoue la tête négativement. "Ton frère dort mais il ne devrait pas tarder à être réveillé avec le boucan que tu fais." lui répondis-je avant de faire mes bails et tenter un minimum de la remettre sur pieds. Je lui propose mon aide par simple politesse et elle refuse. Je ne m'attendais pas à une réponse positive de sa part de toute façon. Elle est du genre à me recaler à chaque fois pour je ne sais quelle raison. Je ne vais pas chercher à en savoir plus. Si elle a ses humeurs c'est son problème. "Très bien alors, vas à l'étage, j'te regarde." lui lançais-je. Bon, je serais là pour la rattraper si besoin même si elle ne le mérite pas. Je me sentirais mal d'être dans le mal pour non-assistance à la personne ou ce genre de conneries. J'm'assois en face d'elle, faisant tourner ma chevalière autour du doigt puis soupire. "On va dire que l'important c'est que tu n'as rien hum." Je relève mon regard sur sa tronche et la secoue de droite à gauche. "Bois, vraiment, j'te couche après, j'te laisse pas le choix. Fais vite, j'ai Rick et Morty qui m'attendent là." lui dis-je en me redressant. "Et si tu pouvais m'écouter pour une fois, ce serait bien. J'ai pas que des idées de merde et niveau cuite, je sais de quoi je parle. Tu me remercieras demain matin si tu parviens à mettre ta fierté de côté." Je me pose sur le canapé, me mettant à son opposé puis passe ma jambe par-dessus l'autre en la regardant.

En gros je dois choisir entre la peste et le choléra. Soit je réveille mon frère et il se foutra en rogne. Soit je reste avec Konstantin, qui risque de me sermonner jusqu'à ce que mes paupières se ferment. C'est bon, ça va, ça va! dis-je les dents serrés. Je dois faire un effort surhumain pour mettre ma fierté de coté. Fixant le cachet et le verre d'eau d'un oeil faussement suspicieux je murmure C'est p'tet du poison. Quoi, roh! Je fais de l'humour! À contrecœur et avec un sourire niais, j'avale tout d'une traite. Seulement, là d'un coup, ça passe pas. Le goût de l'eau me donne la nausée. J'ai envie de gerber. Je crois qu'il va falloir que ça sorte si je veux me sentir mieux. Soudainement je me mets faiblement à genoux sur le sol, puis je m'adosse contre le canapé. Je me sens pas bien. Ma voix se perd. Ami ou ennemi, peu importe, je veux juste qu'on me téléporte aux toilettes. J'ai envie de vomir me plains-je. Lentement je bouge ma tête à droite et à gauche, ma vue se trouble. Je suis vraiment à deux doigts de vomir sur le plancher.

Je ne suis clairement pas d'humeur à rire, je le reconnais. Je la fusille du regard même à ses réflexions, secouant légèrement la tête par tant de conneries. "Ha ben voilà, c'est bien." lui lançais-je sur un ton presque dédaigneux mais la jeune femme semble être passée sur un autre stade de cette cuite. "Ok attends, viens." lui dis-je sous la précipitation, m'accroupissant pour passer un de ses bras autour de mon cou. "Prends de grandes respirations." lui dis-je avant d'ouvrir violemment la porte des toilettes et de relever la cuvette. "Tu préfères que je te tienne les cheveux ou que je te mette les doigts? Pour te faire vomir, soyons bien clairs." lui demandais-je. Je fais rapidement un aller-retour dans la cuisine pour récupérer du vinaigre blanc. Je sais qu'elle peut gerber dans pas longtemps mais si ça peut l'aider. Un verre, je le remplis à moitié et retourne la voir, lui passant cette odeur sous le nez avant de récupérer sa tignasse et de la serrer comme si j'allais lui faire un chignon. Accroupis, ma main vient caresser son dos. "Donne tout ce que t'as vas-y. Dis toi que c'est un concours et que tu es là pour les défoncer."

L'envie de vomir devient insoutenable. Pas besoin de me mettre les doigts pour vomir. La vue de la cuvette me donne encore plus la nausée. Je me vide. Alors que je prends une pause, j'ai une autre montée. Malgré mon désarroi total, je sens que Konstantin me tient les cheveux. Il est bien la dernière personne dont j'aurais aimé qu'il assiste à cet horrible spectacle. Je me laisse tomber par terre, adossée au mur. J'ai pleuré d'effort mais je me sens enfin soulagée . À ma grande surprise, Konstantin est resté avec moi pendant tout ce temps. Merci. Il aurait très bien pu partir, me laisser plantée là ou pire, prévenir Ariel. Si on pouvait... juste garder ça entre nous. S't'e-plaît. Je n'ai pas envie qu'il s'inquiète. Je viens à peine d'emménager chez lui, et si il apprend que je me bourre déjà la gueule, il ne va pas apprécier.

Dos contre le mur, je la scrute durant quelques secondes. "Seulement si tu ne dis pas à Ariel que j'ai commencé Rick et Morty sans lui." J'esquisse un petit sourire en espérant que partir sur ce genre de conneries puisse lui remonter légèrement le moral. En même temps, on se dit toujours qu'on se matte tel ou tel truc sans jamais le faire vraiment, ça va un moment. Je ferais genre que je découvre la série si finalement il se met à vouloir la regarder. "Tu sais, j'suis pas trop con encore. Je suis toujours dans le salon à faire semblant de dormir donc je t'entends rentrer à des heures pas possible." Je soupire. Les conversations dans les toilettes restent les meilleures. Enfin, façon de parler. Mon lit me manque pour de vrai. J'vous mens pas en disant ça. "Tu réapprends à vivre en faisant soirée tous les soirs ou presque?" Je relève mon regard sur sa tronche pâle.

Pour la première fois de la soirée, je souris sincèrement. Ma mâchoire me fait mal. Marché conclu. lui promis-je. Son silence n'était pas cher payé. Bien que je n'ai aucune idée de ce qu'est Ricky et Morty. Honte à moi de ne pas connaître les séries dont mon frère est mordu.

Maintenant que Konstantin m'a tenu les cheveux pendant que je vomissais, je dois avouer que je le trouve moins con. Je dirais même que j'éprouve de la sympathie pour lui. Malgré l'alcool encore présent en moi, je suis un peu mal à l'aise. Ah... Je devrais me faire un peu plus discrète quand je rentre. Les joies de la colocation. Je me sens encore plus mal. Il a remarqué mes absences nocturnes répétées. Mon coeur me pousse et me susurre vas-y lâche lui tout. J'ai juste envie de... m'oublier, tu vois? Cette confidence me donne la nausée. Je suis tellement triste, j'ai envie de pleurer. Je dois être dans un état pitoyable. Si seulement je pouvais disparaître. De mes bras je cache mon visage. Je ne veux pas lui montrer que des larmes coulent sur mes joues. Tu t'es déjà dis... que... ta vie est pourrie? Qu'il n'y a rien qui te retiens ici... Je fous toujours tout en l'air lui confie-je en laissant échapper un sanglot. Cela faisait du bien de montrer mes émotions à nue.

Un sourire légèrement pincé. Je venais clairement de la mettre au pied du mur en une phrase mais à un moment donné, fallait bien en parler non? "Si par oublier tu entends mourir alors oui." C'est peut-être extrême mais c'est ce que j'entendais par ce mot, j'y peux rien. J'reste silencieux quelques instants avant que la jeune femme ne se mette à pleurer. Et merde. Je suis clairement une bille pour ce genre de choses bordel. Vous voyez le gif qui dit "there there" avec une meuf en train de chialer sur les chiottes et qui se fait réconforter par un mec ou je ne sais qui exactement avec un balai? Ben je suis ce gars là. "Souvent ouais. J'me suis engueulé avec la seule famille que je considérais et qui est toujours à Bowen et j'ai absolument aucune fuckin chance avec la meuf qui me plait et que je courtise depuis des mois donc ouais, j'te comprends quand tu dis que tu foires tout et que tu veux juste te casser." Je ramène mes genoux vers moi, passant mes bras autour de ces derniers. Je penche la tête en avant, concentrant mon regard sur mes doigts qui tentent de s'occuper entre eux. "Qu'est-ce que t'as foiré toi? T'as un bon taf, des potes qui t'aiment et un frère génial. C'est quoi qui ne va pas? L'amour du coup? L'argent? T'es pas assez payée? Le sexe alors? Il est mauvais?" J'essaie de décrypter. En général les gens sont malheureux pour ce genre de facteurs donc bon.

C'est moche à dire mais oui par moment je voudrais juste disparaître. N'est-ce-pas humain? On passe tous, un jour ou un autre, par cette phase sinistre. Désolé... je savais pas tout ça... Et puis... elle a tort. T'es super sympa. Je sèche mes larmes. Parfois quand on connaît les problèmes des autres, cela nous permet de minimiser les siens. Je n'y parviens pas encore mais j'éprouve énormément d'empathie pour Konstantin à ce moment précis. Je l'ai mal jugé. Maintenant je comprends mieux pourquoi Ariel l'apprécie.

J'ai pas d' taff. J'ai quitté mes études alors que j'étais à deux doigts de décrocher mon doctorat. J'suis partie de Sidney sans rien dire à personne alors que j'étais en couple avec mon boss. J'me suis persuadée que je pouvais l'oublier et j'ai réussi... pour tomber dans les bras d'un mec qui s'en tape de moi. Quelle conne! Karma bitch. J'ai voulu faire du mal, on me fait du mal. On ne récolte que ce que l'on sème. Le prénom de Liam plane dans mes pensées mais j'omnie ce détail. Si mon frère savait que je me suis tapée notre voisin, son pote de surcroît, je risque de mettre en péril notre relation fraternelle. Et si je perds Ariel, je perds tout.

Je tente de reprendre de la contenance mais mes yeux sont encore brillants de larmes. Je me dirige vers le lavabo, pioche ma brosse à dent, et me met à me laver frénétiquement les dents. Quand j'étais ado et que mes parents me foutaient en rogne, je me cachais dans la salle de bain et me brossait les dents. Je m'enfermais pour que personne vienne me voir. Ce souvenir me traverse l'esprit.

Je ne suis pas là pour me faire plaindre. J'ai l'habitude de faire de la merde, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même donc je n'ai pas besoin de ses excuses, surtout que rien n'est de sa faute et qu'elle ne peut rien faire pour changer ça. Je soupire, portant mon regard sur la jeune femme. "J'suis content que tu le reconnaisses enfin, sérieux. J'suis pas tout le temps un connard fumeur de joints tu sais?" Je n'attends pas vraiment de réponse de sa part. Je n'ai juste jamais réellement compris pourquoi elle n'a jamais pu réellement me saquer. Je tente de savoir ce qui ne va pas pour elle surtout avec ce soir. Les gens qui picolent, c'est bien pour faire la fête mais se mettre plus bas que terre, c'est juste pour oublier. "Et t'as rien trouvé depuis? Pourtant on trouve du boulot assez facilement dans le coin. Si besoin, je peux voir pour te faire rentrer dans un des bars. Les serveurs et compagnie parlent beaucoup entre eux." J'hausse les épaules, marque une pause avant de rebondir sur ses coups de cœur. "Déjà, pourquoi t'es partie? De deux, comment tu sais que ce mec s'en bat les couilles? Il te l'a dit clairement?" Et même s'il devait le dire clairement, peut-être même que cela ne voulait rien dire en soi. Je sais de quoi je parle. Faire genre qu'on s'en fout alors que c'est tout le contraire. Les hommes et les sentiments, ce ne sont pas que des clichés. "Si tu veux lui faire autant de mal, manipule-le. Le cas bien cliché c'est de lui faire tourner la tête que ce soit dans la spontanéité si c'est son genre. S'il ne veut que du cul, tu lui donnes seulement si tu as envie bien sûr, tu tentes de lui parler un maximum jusqu'à ne plus rien faire du jour au lendemain. Et tu le laisses revenir vers toi si c'est vraiment ce que tu veux de ce gars." J'hausse les épaules. Regardez avec Gretchen, ce n'était qu'un coup comme ça. On était bien d'accord sur ça même si je développais des sentiments et le fait qu'elle arrête tout sur un coup de tête sans même m'en parler, ça m'a juste flingué et je suis là à ramper à ses pieds à chaque fois qu'elle revient...

Il faut parfois ravaler sa fierté. Konstantin m'a tenu les cheveux pendant que j'avais la tête dans la cuvette. Il est encore là, auprès de moi. Quel genre de connard ferait ça? Aucun. J't'ai mal jugé. j'avoue, honteusement. Il m'arrive d'être un peu trop protectrice avec mon frère et j'avais l'impression qu'il le tirait vers le bas. Je n'aurais pas dû le cataloguer.

Rien de pire pour moi que de perdre mon indépendance. Je pourrais trouver un petit poste de serveuse, pas besoin de qualification pour ça. Ouais, je pense que tu as raison. Je n'ai pas assez d'expérience dans la pâtisserie. La Charlie lucide n'aurait jamais, au grand jamais dit ça. Elle n'aurait jamais renoncé et aurait parcouru la ville entière coûte que coûte à trouver ce foutu job. Pour l'instant, je suis juste paumée. Malgré l'alcool qui résiste en moi, une petite voix dans ma tête me prévient de faire très attention à ce que je dis. Pas besoin de lui fournir trop de détails. C'est stupide.. j'étais avec un mec, ça se passait bien, j'ai flippé, je me suis barrée. Là je suis à Bowen, je rencontre un autre mec. On était d'accord pour juste se faire plaisir une nuit, c'est tout. Il ne fait pas dans les relations vanille. Il m'a prévenu. Comme dit le dicton, suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis. D'habitude, je n'ai pas besoin de tout ça. D'habitude, je m'en fou. Je ne sais pas pourquoi j'ai ce petit truc pour lui. Est-ce parce que j'adore ce jeu de séduction entre nous? Est-ce parce que nous avons franchi une limite dangereuse? Est-ce parce qu'il m'a fait toucher le septième ciel? Tant de questions sans réponses. Bon, toi, ton avis de mec, alors, c'est que je devrais le laisser tomber du jour au lendemain? Ça marche, ça? dis-je très sceptique.

Quelque chose me frappe soudainement. Euh, par contre... Je sais que ça fait beaucoup de secrets pour une seule soirée, mais je t'en supplie, je t'en supplie, n'en parle pas à Ariel je l'implore les mains jointes, puis enfouie mon visage contre les genoux. Je suis dingue de raconter tout ça à Konstantin. Heureusement qu'il reste une toute partie de moi pour garder la tête sur les épaules. Si il apprend que ce mec en question, habite juste en face et est pote avec Ariel, je crois bien que je peux signer mon arrêt de mort.

Je secoue la tête négativement. "Je n'ai jamais dit ça. Tu pâtisses depuis combien de temps déjà? Puis quelle idée de se foutre avec son patron aussi." Je lève les yeux en l'air. Y'a rien de pire dans la vie. Si tu progresses on dira -pour une femme- que c'est car tu es passée sous le bureau et si ça se termine, ton boss peut te virer comme il en a envie. Je suis surtout resté sur ça bien que je ne porte aucun jugement. Je trouve juste que c'est dommage qu'elle se sente détruire pour ce genre d'histoire bien qu'elle semble s'être trouvée quelqu'un d'autre. "Dans les relations vanilles? Pardonne-moi, ça doit être une expression qui m'échappe." Je ne pense même pas qu'on est un équivalent en russe. Vanille? C'est une métaphore de pâtissier s'il le faut. Allez savoir. "Disons que je dirais d'essayer la méthode de faire à moitié la morte. Comme pour lui montrer que tu peux faire ta vie sans lui, que ton monde actuel ne tourne pas autour de lui. Si tu lui parles trop longtemps et tout le temps à lui faire des scènes, il se dira que tu es tarée et que tu es déjà dépendante de lui et donc que tu as des sentiments et c'est le meilleur moyen de nous faire fuir." Nous, hommes. "Après, oui ça marche en général. Je ne compte plus les fois où on m'a eu comme ça bien que maintenant je tente de mind-fuck les personnes qui me font ça." Je souris en coin. "Essaie et tu verras et si ça ne marche pas, je serais heureux de te donner tous les secrets pour nous attraper dans vos filets. Mais faudra être plus précise pour penser plan d'attaque." ajoutais-je, dessinant d'avantage ce sourire sur les lèvres. Je prends une grande respiration avant de tout relâcher lorsqu'elle me supplie de ne rien dire à son frère. "Pourquoi le ferais-je? C'est un pote mais tu n'as rien fait de grave à ce que je sache. C'est juste une conversation entre deux colocs, rien de bien folichon." J'hausse les épaules avant de détourner le regard pour observer le décor et de me relever, une main tendue vers elle. "On va aller sur la terrasse. Tu embarqueras la bouteille d'eau et je prendrais une bassine si besoin. L'air frais te fera un peu de bien et te fera décuver avant que tu n'ailles pioncer." lui dis-je en l'embarquant dans la cuisine pour prendre cette bassine et ouvrir discrètement la porte pour qu'on file dehors. Je la relâche, attrapant à la place mon tabac à rouler pour me faire une clope. "T'en veux une?" lui demandais-je, question de politesse. Je lèche la feuille avant d'allumer la tige et de recracher la fumée. "Du coup, c'est quoi tes plans? Pour ton boulot et pour ce type?" Je pivote dans sa direction.

6 mois. Soit six mois passés à ses côtés, à devenir de plus en plus en proche. Pour finalement, partir et l'oublier. L'oublier dans les bras d'un autre homme qui lui non plus, ne désirait pas s'engager dans... Une relation vanille je répète avec un sourire : Tu sais, genre bouquets de fleurs, balade romantique, amour... Vanille pour dire la douceur d'une relation. Le plus ironique c'est que, moi non plus, je ne suis pas très "relation vanille". Et je n'en veux toujours pas, malgré que ce mec me rend dingue. Je crois, non j'en suis même sûre, que je flipperais à l'idée qu'on forme un couple. Mais alors qu'est-ce que tu veux Charlie? Juste lui, pour moi toute seule. Je veux me sentir spéciale à ses yeux. Le reste, je me dis qu'on improvisera. Hors de question de parler de sentiments. Je n'ai pas de sentiments pour lui! dis-je dans le déni le plus total. Il me plaît c'est tout. Du moins c'est ce que je pense. J'ai tellement pris l'habitude de mettre mes sentiments en off, que je ne parviens plus à les entendre.

Je suis toute ouïe pour n'importe quel conseil. Konstatin parle en circonstance de cause, ce serait une erreur de ne pas l'écoutee. Ok caporal, je réfléchirais à ce plan d'attaque. Allez savoir comment cela est arrivé. Je suis là, à dessoûler avec un type que je n'appréciais pas. Oui, je parle au passé. J'ai mal jugé Konstantin, il a bon fond. Je comprends mieux pourquoi Ariel s'entend bien avec. Justement, si cette conversation pouvait rester privée, je lui serais reconnaissante. J'veux pas qu'il s'inquiète. Comme tous les grands-frères, j'imagine. Je n'ai pas envie qu'il sache que sa petite sœur se tape un mec et que ce même mec lui fait de la peine. En plus si il savait de qui il s'agirait, il le prendrait sûrement très mal.

Prendre l'air me ferait le plus grand bien. J'acquiesce et le suit jusqu'à la terrasse. À travers le reflet de la fenêtre, je vois mon visage pitoyable. Je prends un élastique autour de mon poignet et en fait un chignon très grossier. Konstantin me propose une clope. Ouais, j'veux bien. . La nicotine m'apaisera et me remettra les idées en place. Du coup qu'est-ce que je vais faire? Il est encore trop tôt pour le décider. J'sais pas... Je crois que tu as raison, j'devrais lâcher prise. fermant les yeux, je respire profondément. Je tente de chasser le visage de Liam.