and all you wanted was somebody who cares (nevaeh)

T’as les couilles en chou-fleur, Charles. Ouais. Tu te rappelles de ta soirée de la veille parce que dans tes conditions, tu dois pas être dopé ou même être sous effet de l’alcool. Ça te fait profondément chier de pas avoir pu baiser, mais tu vas vivre avec une journée de plus. Toute façon, t’as fait pratiquement quatre ans d’abstinence, c’était pas quelques jours de plus qui allaient te ruiner. T’avais connecté hier avec Nevaeh, une fille volubile sur l’alcool... Puis finalement, elle s’était endormie dans ton lit et tu l’avais simplement bordé parce que c’était pas vrai que t’allais finir en taule une nouvelle fois pour ce genre d’ânerie. Tu t’étais installé sur le tapis avec une couverture qu’elle avait fait tombé puis t’avais rêvé... C’que t’avais rêvé. Tu avais parlé avec ton pote Diao. Mais pas qu’un peu, tu avais parlé des heures le lingala avec lui, à un point tel que tu te demandais si tu le parlais pas réellement. La jeune femme se réveillait quelques secondes après toi. « Mbote Nevaeh. » la salues-tu dans cette étrange langue. « Heum, bonjour. » La salues-tu finalement dans une langue qui semblait faire plus de sens. Tu te lèves du plancher en grinçant des dents. T’avais mal dormi, mais la princesse semblait s’en être sortie dans ton lit.

Ses yeux s'entre-ouvrent quand la lumière du matin vient réchauffer la pièce inconnue dans laquelle Nevaeh se trouve. Mal de tête, elle frotte son crâne en se redressant dans le lit, sa robe d'hier sur sol. Elle est nue, du moins, à moitié nue, ses sous-vêtements comme pyjama. Et elle ne sait pas du tout où elle est. La soirée de la veille est floue, elle se souvient de bien des choses, mais pas d'être rentrée ici, ni avec qui, ni ce qu'elle a fait avant de dormir. Rapidement, elle se rend compte qu'à ses côtés, pas très loin, mais pas dans le lit, un homme l'accompagne. Son coeur se met à battre fort, trop fort. Merde, ils ont couchés ensemble ? Nevaeh tire la couverture contre elle, cache son corps à moitié nu. L'homme sembla la saluer dans une langue qu'elle n'a jamais entendue, malgré ses multiples voyages. « Pardon ? », demande-t-elle en sourcillant. Il répète dans leur anglais usuel, elle hoche la tête. Ça lui fait mal, elle repose une main contre son front. « T'as des advils ? », demande-t-elle avant d'adresser l'éléphant dans la pièce. « Dis-moi... Hier, on a pas... ? On a rien fait, rassure-moi ? »

Peut-être n’était-ce pas la meilleure façon d’adresser la salutation matinale à une inconnue. Enfin, presque. Tu la vois s’attraper la tête et t’esquisses un petit sourire malgré toi. « Ouaip. » Tu disparaissais dans la salle de bain pas trop loin pour aller chercher des advils, tel que demandé par la princesse. Tu passais par la cuisine pour attraper une bouteille d’eau froide et un café que tu ramenais. Tu tendais le tout à Nevaeh. « Oh oui, t’as été très wild. » Commentais-tu en faisant un sourire narquois. « Je plaisante. Il s’est rien passé du tout. T’as parlé d’un type sans arrêt toute la soirée. » Que tu lui expliquais en haussant les épaules. T’avais compris assez rapidement que t’avais aucune chance avec elle. « Un autre type a mis de la drogue dans ton verre, que je t’ai confisqué et je t’ai ramenée ici. » Concluais-tu sagement en haussant les épaules. T’avais agit comme un bon type, mais tu comprenais très bien que la blonde pense à une chose puis à une autre. Encore une fois, tu ne t’étais pas vidé les couilles, comme tu l’aurais souhaité mais t’as fait un truc bien... Quelque part au fond de toi, t’avais besoin de te sentir vivant et de savoir que tu n’étais pas qu’une graine de criminel.

L'inconnu s'éclipse à la demande de la brune durant quelques minutes pour revenir non seulement avec les advils demandés, mais aussi un café et une bouteille d'eau pour mieux faire passer les cachets. Nevaeh tend la main, attrape les advils et les engloutit sans attendre, incapable de supporter son mal de bloc plus longtemps. Elle absorbe aussi de grosses gorgées d'eau froide, réhydrate son corps qu'elle a déshydraté la veille avec cette quantité d'alcool ingurgitée. Et alors qu'elle repose la bouteille sur la table de nuit de la chambre, ne touchant pas encore au café, l'odeur des grains de café beaucoup trop forte lui donnant le tournis, elle adresse les sous-entendus dans la pièce. Elle, à moitié nue, l'homme, lui aussi à moitié nu et ce qu'ils avaient potentiellement fait la veille, quand leurs corps avaient regagné les draps. Elle ose lui demander ce qui ne se demandait pas, elle qui avait oublié toute leur soirée. Son coeur bat la chamade, angoissée à l'idée d'avoir franchi la limite qu'elle n'était pas prête à franchir. Certes, Juliann et elle n'avaient pas discuté d'exclusivité, mais elle se serait sentie coupable de s'être abandonnée à un autre homme. Peut-être que lui ne se restreignait pas, elle n'avait pas posé à la question, et pour être honnête elle n'avait pas envie de l'imaginer avec d'autres, mais pour sa part, Nevaeh ne souhaitait pas jouer ce jeu-là. L'inconnu confirme ce qu'elle redoutait, il ose même définir la journaliste comme sauvage au lit, elle ferme les yeux. Merde, pense-t-elle. Et ne les ouvre que lorsqu'il dit plaisanter. Elle a parlé d'un type toute la soirée, Juliann, sans aucun doute. « J'ai dit quoi ? », demande-t-elle, curieuse. « Dans l'espoir que je te remercie en succombant à toi ? », demande-t-elle en arquant un sourcil. « Tu pensais faire le chevalier servant ? »

Tu l’observes quelques secondes, pas réellement surpris par son comportement. En même temps, avec un mal de bloc, tu dois t’attendre à ce genre de réactions. Elle te questionne concernant ce qu’elle a dit, tu hausses les épaules. « J’sais pas trop, qu’il te plaisait plus que ce que tu osais lui dire. » C’était si important? La femme te questionne concernant l’espoir qu’elle te succombe et cette fois, c’est toi qui arques un sourcil. Si t’avais voulu la violer, tu te serais arrangé pour ne pas qu’elle te voit au petit matin, j’sais pas? « Chevalier servant? » Que tu répètes un peu abasourdi et sous le choc de te faire appeler ainsi. « Non, non... J’voulais juste pas qu’il t’arrive malheur. » Après tout, tu avais une sœur cadette et Nevaeh devait bien être la sœur de quelqu’un. T’aurais voulu qu’on protège Blanche si on avait pu... Tu avais simplement redonné à la communauté sans attendre quoi que ce soit. « Je ne t’ai pas touchée, si c’est ce que tu crois. » T'étais un peu offusqué, quand même.

Si. Si, c'est important. Parce que Juliann, elle l'aime bien. Plus que bien même. Mais tout ça, elle ne l'a jamais dit. À personne. Pas même à Pippa, sa meilleure amie. C'est trop tôt. Et, surtout, trop effrayant à dire sans savoir si tout ça c'est réellement réciproque. C'est d'avouer ses failles, ses faiblesses, avouer de se remontrer à nouveau vulnérable. Et après les déboires amoureux qu'elle a vécus, Nevaeh ne veut pas brûler les étapes, risquer de tout faire foirer à nouveau. C'est pour ça, qu'elle ne dit rien. Et là, si elle a parlé, complètement ivre, dans son inconscient et son inhibition, elle veut savoir ce qu'elle a dit. Qu'il lui plaisait plus qu'elle osait l'avouer, qu'il dit, l'inconnu. Ok, c'est bon, ça passe. Mais alors, pourquoi avoir ramené une femme qui ne pense qu'à un autre homme chez lui ? Ça l'excite, ça fait partie de ses fantasmes ? Elle ne juge pas, Nevaeh, même si elle trouve ça à la fois bizarre et malaisant. « Et me raccompagner chez moi ? Me foutre dans un taxi ? » Elle attrape le café, ça lui fait du bien à la tête. Ou c'était peut-être l'advil qui commençait à kick in dans son corps. « Ça laisse quand même croire que oui... », répond-t-elle sans peser ses mots, désignant la petite tenue dans laquelle elle s'est réveillée et la situation actuelle. « Donc t'es bien un chevalier servant, alors. Ou tu es gay. »

Tu ne savais pas trop ce qui se tramait dans la tête de la blonde. Elle continue de se faire des scénarios et tu hausses les épaules. « J’étais pas certain que tu te rendes à ta chambre. » Confies-tu alors que tu savais l’état d’ébriété dans lequel elle était la veille. Tu la regardes boire le café que tu lui as apporté. « J’ai pas confiance envers les chauffeurs de taxi. » Après en avoir croisé deux anciens en taule, tu ne crois plus à la bonté du monde. Visiblement, Nevaeh faisait partie de la même équipe. T’as pas parlé de Blanche pour le moment, mais si tu te dois de lui expliquer, tu vas le faire. « On est plus au Moyen-Âge. » T’aurais préféré genre Techno Genius ou Dieu seul sait quoi. T’étais pas un preux chevalier servant. C’était un foutu bordel tout ça. « Et j’suis loin d’être gay. » T’étais pas homophobe, mais avec la prison, t’avais appris à grimper dans les rideaux en entendant ce genre de trucs... T’étais tout sauf gay. Tu soupires et tu passes ta main dans tes cheveux. « Crois ce que tu veux, mais j’me disais que si t’étais ma petite sœur, j’aurais pas voulu que quelqu’un te ramène faire Dieu seul sait quoi. » Tu hausses les épaules et t’espères que quelqu’un aurait osé faire la même chose pour Blanche le temps que t’étais en taule. « T’as pas un frère chiant ou j’sais pas...? » Que tu lui demandes un peu exaspéré et désemparé par la situation. T’avais fait une bonne action, putain.

Était-elle si ivre que ça, hier soir ? N'arrivait-elle pas à enfiler un pas derrière l'autre ? Aurait-elle vraiment eu du mal à trouver le chemin vers sa chambre ? Ou l'inconnu exagérait un peu la réalité, la faisant passer plus saoule qu'elle ne l'avait été pour faire ressortir ses bonnes grâces. « Et moi, je devrais avoir confiance en un inconnu ? » Ça ne faisait aucun sens. S'il n'avait pas confiance aux chauffeurs de taxi, comment, elle, elle devait faire confiance en un inconnu qui lui avait sans doute retiré ses vêtements pour la border. Il finit par expliquer ses raisons, utilise l'argument de l'hypothétique petite soeur comme exemple de sa bonne foi. Ouais, ça semble crédible. Nevaeh n'a plus vraiment d'arguments pour justifier ce qu'elle pensait. « C'est quand même un peu louche, tu ne trouves pas ? », fit-elle quand même pour lui faire comprendre qu'elle avait raison de douter, qu'on ne savait jamais à quoi on avait à faire dans ce monde actuel. « Deux, même », lâcha-t-elle en soupirant un rire quand il demande si elle n'a pas des frères. « Et je connais assez bien les hommes pour savoir qu'ils pensent presque tous avec leur bite », fait-elle remarqué, sourire au coin de ses lèvres. « Mais merci... », finit-elle par cracher. « Pour le café, l'advil.. Et de m'avoir ramené ici. » Qu'est-ce qu'il lui avait pris de boire autant.