infinity on high (fede, livio, aura)

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infinity on high
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@fede luciano, @livio manzoni & @aura luciano

Je pouvais désormais reconnaitre le vrombissement de sa moto à des kilomètres, et à chaque fois que je l’entendais couper le moteur en bas de mon immeuble, un sourire se collait instantanément sur mon visage. Je passai sur le balcon de ma chambre et le regardai ôter son casque.
— Bouge pas, j’arrive ! lui dis-je avant de fermer la bais vitrée, d’attraper mon sac à main et de quitter mon appartement.
Les volants de ma robe rouge chatouillaient mes jambes quand je dévalai les marches. Une bulle de bonheur envahissait ma poitrine à mesure que je me rapprochais de Livio. Je passai la porte d’entrée et déboulai avec un sourire jusqu’aux oreilles sur la petit place au pied de l’immeuble pour me jeter dans les bras de mon petit ami. Mes bras autour de son cou, je me hissai sur la pointe des pieds pour venir l’embrasser.
— Mi sei mancato, mio caro, lui sussurai-je au moment où je quittais ses lèvres.
Nous avions convenus ensemble qu’il passerait d’abord me chercher chez moi et que nous irions ensemble au restaurant où nous attendait Fede. Mon grand frère connaissait déjà Livio mais il avait souhaité apprendre à le connaitre d’avantage, maintenant qu’il était officiellement mon petit ami. La famille, c’était important pour moi, et j’avais à coeur que mes frères apprécient l’homme avec qui j’étais. Je savais que les choses étaient encore un peu compliqué avec Enzo, mais j’avais bon espoir qu’il finisse pas accepter ma relation avec son meilleur ami et que tout redevienne à la normal. En ce qui concernait Fede, par ailleurs, j’étais persuadée qu’il se rendrait vite compte que Livio était un petit ami prévenant et qu’il ne jouait pas avec moi comme il avait pu le faire avec d’autres filles.
— T’es prêt ? questionnai-je Livio en glissant ma main dans la sienne.
J’avais conscience que ce diner pouvait s’apparenté à une épreuve pour le milanais et cela signifiait d’autant plus pour moi qu’il accepte de se prêter au jeu sans broncher. Nous primes le chemin du centre ville à pied, j’avais l’avantage de vivre en plein ville, à quelques minutes à peine du coeur vivant de Bowen. Dès que nous eûmes le restaurant en visuel, je retins la main de mon petit ami pour qu’il s’arrête. Un large sourire étirait mes lèvres et mes joues étaient tout d’un coup légèrement roses.
— J’ai besoin de te dire un truc avant qu’on y aille.
Je sentais mon coeur battre à tout rompre dans ma cage thoracique, comme s’il souhaitait en sortir. Au fond, ce n’était pas loin d’être la vérité. Je trouvais en moi le courage de regarder mon petit ami droit dans les yeux puis, après avoir pris une longue inspiration, je déclarai :
— Ti amo, Livio.
Cela faisait quelque temps maintenant que j’avais envie de le lui dire, sans oser. À chaque fois que je m’étais imaginé la scène, j’avais trouvé ça trop niais ou pas assez original mais, en vérité, rien ne valait la simplicité. Cela rendait le moment plus authentique. Mon coeur explosait, comme s’il ne pouvait plus contenir à lui seul toute la joie qui m’animait. D’un geste vif, toutefois, je plaquai ma main contre la bouche de mon amoureux.
— Non. Ne dis rien.
Je ne voulais pas qu’il me réponde tout de suite, qu’il me dise qu’il m’aimait aussi par automatisme.
— Je veux que tu me le dises quand tu le penseras vraiment, décrétai-je.
Je partis d’un petit rire à la fois ému et amusé puis embrassai le dos de ma main, juste à l’emplacement des lèvres de Livio plaquées contre ma paume. Je me détachai enfin de lui, puis me dirigeai vers l’entrée du restaurant. Fede devait déjà nous y attendre.

Aujourd'hui, c'était une nouvelle étape qui attendait Aura et Livio. Quand sa petite amie lui avait annoncé que son grand frère, Fede, voulait le rencontrer de manière plus officielle – puisque Livio l'avait déjà côtoyé – le jeune homme n'avait clairement pas fait le malin. Déjà que la pilule passait mal avec Enzo, il n'avait pas envie que le grand frère voit, lui aussi, cette relation d'un mauvais œil. Pourtant, il avait accepté. Pour elle. Et pour montrer qu'il souhaitait avancer avec elle. Cela faisait longtemps que Livio ne s'était pas jeté dans la gueule du loup, sa dernière relation sérieuse remontant maintenant à quelques années – si l'on ne comptait pas Giulia, évidemment. Arrivant en bas de chez elle, le jeune homme retira son casque et son blouson de motard, prêt à rejoindre sa belle quand il vit sa tête à la fenêtre de l'appartement. Il lui adressa un large sourire, hochant la tête pour lui montrer qu'il l'attendait ici. Il eut tout juste le temps d'installer l'antivol de sa moto  et de se redresser qu'il attrapa Aura qui se jeta dans ses bras. Un rire vint s'échapper de ses lèvres, bien vite étouffé par le baiser qu'elle lui donna. « Toi aussi. » souffla-t-il, ce sourire toujours sur les lèvres alors qu'elle lui disait qu'il lui avait manqué. Ils avaient pourtant passé le week-end ensemble, mais plus le temps passait, plus le manque se ressentait quand elle n'était pas avec lui. Ses sentiments grimpaient en flèche, de jour en jour. Et c'était agréable de sentir qu'il pouvait encore avoir de telles émotions, d'avoir envie de se dépasser pour une autre personne. Alors qu'elle attrapa sa main, il rit quand elle lui demanda s'il était prêt. « Je n'ai pas fui. Je pense donc que je suis prêt. » répondit-il, taquin. Ses doigts se liant aux siens, son pouce caressant doucement la main douce d'Aura, les deux tourtereaux prirent la direction du restaurant, discutant de leurs journées avec curiosité et intérêt. Mais au détour de la rue, alors que le restaurant apparaissait dans leur champ de vision, Aura retint Livio. Il se tourna vers elle, interrogateur, puis surpris quand elle lui annonça qu'elle avait quelque chose à lui dire. C'était une phrase à double tranchant. S'apprêtait-elle à lui lister ce qu'il fallait faire ou ne pas faire, dire ou ne pas dire face à Fede ? Avait-il fait quelque chose qui lui avait déplu ? « Je t'écoute. » dit-il, presque suspicieux. Mais quand elle lui lâcha ses deux petits mots, ce Ti amo inattendu, Livio sentit une vague de chaleur le submerger. Alors comme ça, Aura Luciano l'aimait ! Lui ! A cet instant, il se demanda ce qu'il avait fait pour qu'une femme merveilleuse comme elle se mette à aimer l'homme instable qu'il était. Malgré tout, une once d'anxiété se fit ressentir chez lui, en se rendant compte à quel point cela devenait sérieux. Mais au-delà de cela, c'était le bonheur qui primait. Il se rendait compte de la chance qu'il avait de l'avoir à ses côtés. S'apprêtant à répondre quelque chose, il fut stoppé par Aura qui mit la main sur sa bouche. Ses lèvres s'étirèrent dans un sourire, les yeux lumineux quand il l'entendit dire qu'elle ne voulait pas une réponse maintenant, toute surfaite. Elle voulait que ce soit aussi naturel qu'à l'instant présent. Il garda son sourire quand elle déposa un baiser sur sa main à l'endroit de ses lèvres. Mais quand elle la retira, il se permit de dire, malicieux : « C'est presque une entrave à la liberté d'expression, ça. » Il sentait qu'il était prêt à lui dire qu'il l'aimait aussi. C'était évident, même. Mais puisqu'il n'avait pas le droit de le dire à haute voix, il le fit comprendre par les gestes, quand il la retint pour venir déposer un tendre et doux baiser sur ses lèvres, puis sur sa tempe, dans un geste d'affection. Il lui emboîta ensuite le pas afin d'entrer dans le restaurant, ses yeux bleus balayant la foule à la recherche de Fede. « Il est là-bas. » annonça-t-il à Aura, en lui montrant une table dans le fond de la salle. Ils rejoignirent l'aîné des Luciano. « Salut Fede. » lâcha-t-il, après Aura, avec un large sourire et lui tendant la main. « Ravi de te revoir. » Livio semblait à l'aise, mais en réalité, c'était loin d'être le cas.

C’était une soirée importante pour toi, enfin pour vous trois. Tu connaissais Livio, comme meilleur ami de ton petit frère. Plusieurs fois vous aviez trainé ensemble et fait quelque soirées lorsque vous étiez en Italie. Mais là, c’était quelque chose de plus officiel, de plus concret. Il était devenu avec le temps le petit ami de ta soeur. Pour un italien, la rencontre entre le grand frère et le copain de la petite soeur était limite solennel. C’était pas vraiment le cas ce soir, vu que tu le connaissais déjà mais ça te faisait quelque chose. En réalité, ce qui te touchait le plus, c’est le fait qu’Aura soit en couple et surtout qu’elle soit amoureuse. Pour toi, elle était cette petite chose fragile que tu ne cessais de protéger contre le reste du monde et surtout contre les hommes. Elle avait 26 ans, tu savais que ce jour arriverai un jour mais tu le redoutais. Comme un père qui protège sa fille en fait. Tu avais choisi un restaurant sympa, que tu aimais bien dans les rues de Bowen. Arrivé un peu en avance, tu avais commandé une bière et tu la buvais tranquillement en attendant ta petite soeur et son cher et tendre. Mais ils ne tardèrent pas. Alors que tu étais à la moitié de ta bière, tu décrochais les yeux de ton téléphone pour remarquer qu’ils étaient arrivés et qu’ils te cherchaient. Tu souris et tu fis un grand geste de la main pour leur montrer que tu étais là. Lorsqu’ils arrivèrent vers toi, tu te levais et tu pris ta petite soeur dans tes bras. « Sei bellissima » dis-tu en la prenant dans tes bras. Puis après ton accolade avec la jeune Luciano, tu te tournais vers Livio en lui tendant la main pour le saluer. « Salut, content de te voir aussi ! » dis-tu en souriant. Vous vous installiez tous les trois à table et tu posais ton téléphone sur la table. « Excusez-moi, j’ai déjà commandé à boire j’avais un peu soif. Qu’est-ce que vous voulez ? » demandas-tu à tes deux interlocuteurs.

Voir le sourire qui illuminait son regard azur, sentir ses lèvres s’étirer sous ma paume, me fit sourire à mon tour. Je ne voulais pas qu’il me réponde maintenant, je voulais qu’il prenne le temps qui lui était nécessaire pour me dire qu’il m’aimait à son tour, mais en réalité, je n’avais pas besoin de mot pour le comprendre. Ce qui se passait entre Livio et moi, je commençais à le ressentir depuis quelque temps, était fort. Il m’aimait, ses yeux me le disaient, après qu’il m’ait accusé d’entraver sa liberté d’expression, sa bouche me le dit aussi. Son baiser bref, mais infiniment tendre, m’enveloppa d’un châle de bonheur, quelque chose de doux et réconfortant. Nous entrâmes ensemble dans le restaurant où Fede nous attendait. Livio remarqua mon frère en premier et nous avançâmes finalement vers mon ainé qui me pris dans ses bras dès que nous fûmes rendu à sa hauteur. Je levai les yeux au ciel en l’entendant me dire que j’étais belle. J’avais encore un peu de mal à accepter les compliments, mais je travaillais sur le sujet et Livio m’aidait beaucoup pour ça. J’embrassai la joue de mon frère avant de m’asseoir à côté de lui. Il avait commandé à boire pour patienté et nous demanda ce que nous souhaitions prendre. Je réfléchis un instant puis commandé un spritz, en bonne italienne, au serveur qui passa prendre notre commande. Je me tournai ensuite vers mon frère, puis, machinalement attrapai la main de Livio. Même s’il connaissait Fede, je savais que la situation était un peu stressante pour lui. Moi-même je redoutais le jour où j’allais rencontré sa famille, c’était quand même une sacré pression.
— Alors…le tatouage, ça marche en ce moment ?
C’était un peu bateau comme question, certes, mais je savais mon amoureux passionné de cet art, lui aussi, et entamer la conversation sur ce sujet allait nous mettre à l’aise, j’en étais certaine.

Parfois, il n'y avait pas besoin de mots. Le corps communiquait bien mieux qu'avec les paroles. Et à cet instant, les regards échangés, les yeux pétillants, les sourires sincères valaient tous les 'je t'aime' balancés par automatisme. Oui, il aurait voulu lui dire ces quelques mots, parce qu'ils étaient le reflet d'une vérité, d'un amour qui s'amplifiait de jour en jour, mais elle avait raison, cela s'apparenterait à une simple réponse. Et il ne voulait pas que ce soit ce message-là qui prime. Alors, il se tut, plaisantant simplement sur cette liberté d'expression bridée, préférant répondre à ses mots par un baiser tendre et doux. Pendant ces quelques minutes, il avait tout oublié. Il avait oublié Fede, la pression que leur rencontre occasionnait chez Livio, mais les tourtereaux durent rapidement remettre les pieds sur terre, maintenant qu'ils approchaient du restaurant. Une fois à l'intérieur, ce fut Livio qui montra la table où se trouvait Fede. Il laissa Aura s'approcher la première, laissant le frère et la soeur se saluer. Livio ne put s'empêcher d'afficher un sourire amusé quand Fede glissa à sa soeur qu'elle était belle, ayant pour simple réponse des yeux levés au ciel de la part d'Aura. Aura et les compliments, c'était encore un long chemin à parcourir avant qu'elle n'accepte pleinement ces mots... Il serra ensuite la main de Fede, lui rendant son sourire qui le déstressa un peu. Fede avait l'air ouvert, ce qui le changeait d'Enzo, de son regard noir et des mots assez durs qu'il avait encaissé. "Ne t'en fais pas." souffla-t-il quand Fede s'excusa d'avoir déjà commandé à boire. "On n'a pas été à l'heure. Tu connais les dames, toujours en retard." Il lança un regard taquin à Aura, sachant pertinemment qu'il allait avoir le droit à un revers. Pour cause, c'était Livio qui était TOUJOURS en retard. Mais qu'est-ce qu'il aimait jouer la mauvaise foi, dans une humeur bon enfant, évidemment. Il laissa Aura s'installer à côté de Fede. Livio, quant à lui, prit place face à elle. A son tour, il commanda une bière auprès du serveur, avant de reporter son regard sur les Luciano. Aura s'empressa d'attraper sa main, qu'il serra doucement, son pouce caressant sa peau. C'était comme si elle sentait qu'il avait besoin d'un tel soutien. La rencontre officielle avec la famille était toujours une étape à franchir. Mais Aura avait le don pour instaurer un climat de confiance et de sérénité. Quand elle parla de tatouage avec Fede, Livio comprit qu'elle lui servait un sujet de discussion - sur lequel Fede et Livio ne pouvaient que s'entendre - sur un plateau d'argent ! Il enchaîna aussitôt : "Justement, j'ai vu ceux que tu avais fait à ta soeur et c'est du super boulot..." Et il s'y connaissait en tatouage ! "Il y a de fortes chances pour que je rapplique très vite. J'ai un projet de tatouage qui est mis en stand by depuis bien trop longtemps et j'aimerai vraiment avoir ton regard d'expert." Autant profiter d'avoir un bon tatoueur dans son entourage. Et oui, bon, ok, c'était aussi un moyen de se mettre le beau-frère dans la poche.

Rencontrer officiellement le petit ami de ta petite soeur, c'était un peu quelque chose d'officiel. Vous, les italiens, les rencontres avec la famille sont assez symboliques. Même si tu connaissais déjà Livio entant que très bon ami de ton petit frère, maintenant tu le voyais sous un autre angle. Avec Aura, tu as toujours été très protecteur. C'était la seule fille de la fratrie aussi, mais elle devait surement en avoir marre que tu la surprotèges tout le temps. Son frère jumeau n'était pas mieux. Même lorsqu'elle n'était pas encore à Bowen, tu passais ton temps à t'occuper d'elle à distance. Maintenant, tu faisais encore plus attention, notamment avec les histoires de mafia qui avait récemment fait irruption dans votre fratrie. Le couple avait fini par arriver alors que tu sirotais ta bière en les attendant. Ils n'étaient pas si en retard que ça, c'est surtout toi qui était en avance, un peu pressé de faire cette rencontre. Tu avais complimenté ta petite soeur, toujours aussi belle à tes yeux et ça ne changera pas. La jeune Luciano t'embrassa la joue et après tu te tournais vers son petit ami. Tu lui souris gentiment. « Surtout les italiennes » ajoutas-tu en riant légèrement à la blague de ton beau-frère. C'est étrange de se dire que Livio est maintenant ton beau-frère, tu n'as pas l'habitude. Vous vous asseyiez ensuite tous les trois autour de la table et tu pris une gorgée de ta boisson alors que les deux nouveaux arrivants commandèrent quelque chose à boire. Ta soeur te demanda ensuite, pour briser ce silence un peu gênant, comment ça se passait pour toi et le tatouage. « Oh, j'm'en sors plutôt bien ! J'ai beaucoup de potes qui ont parlé de moi alors j'ai une bonne clientèle sur Bowen maintenant et je tattoo quasiment tous les jours. J'hésite à économiser pour ouvrir un salon, mais c'est compliqué » avouas-tu à la brune. Tu étais content de ça, d'ailleurs. Livio semblait intéressé aussi par ton travail, et ça te faisait grandement plaisir. « Merci beaucoup, mais c'est le modèle qui est le plus beau » dis-tu en faisant un clin d'oeil à ta petite soeur. Ca allait surement la gêner mais toi, ça te faisait sourire. Il te parlait ensuite d'un projet qu'il avait et tu écoutais attentivement. « Mais avec plaisir ! Je serais ravi de t'aider, et même de te tatouer si l'envie te prend » proposas-tu au jeune homme avec un sourire.

Fede jouait souvent au grand frère protecteur avec moi, mais je savais aussi qu’il était un garçon sympa et qu’il était un peu moins rigide sur la question de ma vie amoureuse qu’Enzo. Mon jumeau avait tendance à me surprotéger à ce niveau là et semblait vivre avec la peur qu’on me brise le coeur. Fede était plus modéré à ce niveau-là. Je savais qu’il mettrais Livio à l’aise, Livio qui, sans doute, avait encore en mémoire son entrevu avec Enzo qui n’avait pas vraiment pris l’annonce de notre relation avec sérénité. Malgré tout, mettre sur la table le sujet du tatouage, qui nous rassemblait tous les trois aidait à fluidifier l’échange. Et tous deux saisirent la perche que je leur tendais. Mon grand frère déclara que son activité marchait tellement bien qu’il songeait à ouvrir son salon.
— Ce serait super, Fede ! m’enthousiasmai-je.
J’étais certains qu’il pouvait acquérir une certaine renommé en ouvrant un endroit un peu professionnel. Fede avait un talent dingue. Livio, d’ailleurs, complimenta le trait d’aiguille de celui-ci. En effet, il avait eu l’occasion d’observé les pièces qu’avait réalisé mon ainé sur mes omoplates. Livio était un passionné de tatouage, son corps était déjà bien encré, mais a priori, il ne comptait pas s’arrêter là.
— Tu ne m’as jamais parlé de ce projet, relevai-je, qu’est-ce que c’est ?

"Oh oui, surtout les italiennes." en rajouta-t-il, un rire complice se mêlant à celui de Fede. Cela avait au moins le mérite de décrisper Livio. Il était du genre avenant, oui, mais là, cela concernait quand même la rencontre avec la famille de sa petite amie. Il y avait toujours une part d'appréhension, une peur de ne pas être à la hauteur, de faire une gaffe, de faire croire que l'on n'est pas assez bien pour la protégée de la famille. L'entrevue avec Enzo lui était restée en travers de la gorge et avait mis un sacré coup à Livio. Avec Fede, c'était différent, sans doute parce qu'il n'y avait pas toute la dimension amicale. Ils s'étaient déjà vus à quelques reprises, avaient bien discuté, oui, mais ils n'étaient pas des bons amis comme Enzo et Livio l'étaient. Fede était donc plus... arbitraire. Et puis il y avait Aura. Aura et son habilité à lancer des sujets qui les concernaient tous, comme le tatouage. Livio écouta attentivement l'aîné des Luciano parler de son projet, de son envie d'ouvrir un salon. "Qu'est-ce qui serait compliqué ?" demanda-t-il, curieux. Il connaissait une autre Luciano qui avait des projets plein la tête, mais qui trouvait cela 'compliqué'. Livio, lui, avait déjà le côté entrepreneur. Il connaissait les doutes attenants à la création de projets. S'il pouvait rassurer sur ce coté-là, il le ferait sans hésitation. Fede avait un potentiel monstre. Il avait vu le travail effectué sur Aura. Livio esquissa un sourire quand ce dernier avoua que le modèle était le plus beau. "Le plus beau des modèles, oui." ajouta-t-il en jetant, lui aussi, un regard vers Aura. Puis, ce fut son projet de tatouage qui attira l'attention des Luciano. "C'est un vieux projet, en fait. J'aimerais me tatouer mon animal totem." Il jeta un regard vers sa petite amie, en rajoutant : "Ce serait un serpent." Même si beaucoup détestait cet animal, Livio avait trouvé une symbolique en lui qui le caractérisait parfaitement. C'était la symbolique du changement, de la renaissance, ce qui trouvait écho dans son passé. Il regarda Fede en riant : "Je suis complètement partant pour te laisser me tatouer. Ce serait même avec plaisir. Il faut juste que je trouve la place. Soit je le fais sur le mollet, soit je le fais sur mon avant-bras... mais je crains que ça fasse Mangemort ici !" Il éclata de rire. "C'est juste que je commence à avoir de moins en moins de place sur le corps." C'était ça d'aimer les tatouages.

Cette rencontre était officiel dans le sens où Aura et Livio sortaient ensemble. Mais tu connaissais déjà le jeune homme, surtout par rapport à votre frère. Nombreuses étaient les soirées que vous aviez fait ensemble en Italie. Maintenant, c’était différent. Enfin, tu le voyais différemment. Après avoir commencer à discuter en attendant les boissons, tu te confias à ta soeur et son petit-ami sur l’envie d’ouvrir un salon. « Je n’ai pas encore les fonds pour, et selon ma banque je ne suis pas fiable pour faire un emprunt vu que je suis barman » avouas-tu au jeune homme qui te demanda pourquoi c’était compliqué. Mais tu voyais l’enthousiasme de ta soeur à la vue de ton projet et ça te faisait sourire. « Oui, ça serait tellement cool ! J’y réfléchis de plus en plus en tout cas, j’y arriverai un jour » dis-tu en souriant. Livio confia avoir vu tes dessins sur le corps de ta petite soeur et les aimer beaucoup. Tu soulignas que c’était elle qui les rendait aussi beau. Et il était assez d’accord avec ça. Il marque des points le Manzoni, c’est bien. « Un serpent ? J’adore tatouer les serpents ! Ca peut prendre tellement de forme différente » répondis-tu au jeune italien. Il t’expliqua alors qu’il ne savait pas trop où le placer sur son corps et ça te faisait rire légèrement. « J’te fais directement la marque des ténèbres si tu veux » dis-tu en riant légèrement. Tu savais qu’il aimait beaucoup les tatouages, tu pouvais en apercevoir d’ici d’ailleurs. Tu étais flatté qu’il te confie un tel projet. « Y’a toujours de la place pour se faire tatouer ! On trouvera bien une petite place sur ton corps. Mais sérieusement, j’suis partant quand tu veux » dis-tu en lui faisant un clin d’oeil. Tatouer c’était une passion, alors tu ne refusais pas les projets de ton entourage parce que tu voulais partager ta passion avec eux.

Je n’étais jamais à l’aise avec les compliments. Ce n’était pas nouveau, c’était comme ça depuis toujours. Je ne savais jamais vraiment comment les accueillir. Alors quand Fede affirma que la beauté du tatouage que j’avais sur l’omoplate était principalement lié au modèle, autrement dit, moi, je souris timidement. Ma pudeur redoubla quand Livio y alla, lui aussi, de son compliment. Heureusement pour mes joues, qui commençaient prendre une teinte rosés, le sujet de conversation bascula sur le projet de tatouage de Livio. Je tendis l’oreille, curieuse de savoir ce que mon petit ami souhaitait faire encrer sur sa peau. Quand il expliqua son projet à Fede et que ce dernier se montra enthousiaste, je ne pus m’empêcher de sourire largement.
— Un serpent ? notai-je en même temps que Fede.
Livio dévoila qu’il s’agissait de son animal totem, une révélation qui en disait long sur lui. Je portai sur lui un regard tendre.
— J’aime beaucoup la symbolique, confiai-je.
Je ne disais pas ça simplement pour lui faire plaisir. Si le reptile avait souvent mauvaise presse, il était aussi le symbole de changement, de transformation et de vitalité. Il était le symbole de la vie. Plus j’y pensais, plus l’association avec Livio me semblait adéquate. Je lui souriais avec douceur, espérant qu’il m’en parle davantage lorsque nous serions en privé. J’avais envie de découvrir chaque facette de cet homme. Il fut ensuite question de déterminé l’emplacement.
— Ici, ça pourrait être joli aussi, fis-je en plaçant la paume de ma main au niveau ses côtes, sous le biceps, et c’est vide pour l’instant.

Livio secoua la tête en entendant les raisons pour lesquelles Fede ne se lançait pas pleinement dans son projet d'ouvrir un salon de tatouage. C'était financier, évidemment. "Tu es barman, et alors ? Tu as un contrat derrière ? Je ne sais pas ce qu'il faut de plus pour les banques... il faut avoir l'apport, le contrat, les économies... C'est de pire en pire." Il y avait les différentes crises qui étaient passées au travers. Livio, lui-même, avait galéré à trouver une banque qui prête et cela faisait bien cinq ans qu'il avait eu son prêt. "Ne te décourage pas." le conseilla-t-il avec un sourire. Puis, vint le sujet des tatouages. Et après quelques compliments à Aura - qui la mirent mal-à-l'aise, ce qui fit sourire Livio - ils finirent par parler de son propre projet. Un serpent. Ce qui semblait énormément plaire à Fede qui n'en était pas à son coup d'essai. "Ah ouais ?" Mais quand il parla de marque des ténèbres, Livio éclata de rire. "Ne me mets pas au défi ! J'ai toujours dit que j'avais un côté Malefoy en moi !" Bon, en vrai, il avait quand même une symbolique, ce tatouage. Et Aura semblait avoir compris où il voulait en venir. Plus ou moins, puisqu'il n'avait toujours pas réussi à lui dévoiler les raisons pour lesquelles il était prêt à se tatouer le symbole d'une renaissance à même la peau. Le dernier problème résidait en l'endroit où il voulait faire ce tatouage. Ses bras étaient déjà bien pourvus. Il tourna la tête vers Aura quand elle posa une main au niveau de ses côtes, afin de lui montrer un éventuel emplacement. Il se retint surtout de lui dire qu'elle en profitait pour le tripoter, mais en ayant le beau-frère devant lui, il se disait que cela aurait pu être de mauvais goût. "Oui, ça pourrait le faire. Et ça resterait plus ou moins caché..." Il adressa un sourire amusé à sa petite amie, qui savait très bien que non, il ne resterait pas plus ou moins caché puisque Livio était souvent, très souvent, trop souvent torse nu. Il regarda Fede, qui lui affirma qu'il était partant : "Là, vous m'avez trop chauffé ! Je suis à deux doigts de le faire. Tu serais dispo cette semaine pour qu'on parle du projet ?" Il regarda Aura et demanda : "Et toi, tu voudras venir avec moi ?"

Tu expliquais à ta soeur et son petit ami que c’était compliqué pour toi de réaliser ton rêve : ouvrir un salon de tatouage qui fait bar en même temps. Malgré le fait que tu es déjà un travail, les banques n’accordent que rarement des prêts à des gens qui travaillent dans ce monde là, celui de la restauration. Mais tu n’abandonnais pourtant pas l’idée, c’était encore ancré dans ta tête et même si tu devai réaliser ce projet à 40 ans, tu le ferai. « Dans tous les cas, je vais persister et je vais m’accrocher. Un jour j’y arriverai » avouas-tu à ton beau-frère en souriant. Tu n’étais pas défaitiste là dessus, tu savais que ça se ferai un jour. « Jamais » ajoutas-tu lorsqu’il te confia de ne pas te décourager. Vous parliez ensuite tatouage, et Aura et toi vous aviez réagi en même temps lorsque Livio avoua vouloir un serpent. Ce n’était pas une mauvaise idée, c’est quelque chose que tu adores tatouer en plus ! « Moi aussi j’aime bien la symbolique, on va te faire ça un jour ! » dis-tu après la réponse de ta petite soeur. Ca serai un plaisir de tatouer ton beau frère pour la première fois, et puis tu te dis que ça ne s’arrêtera pas là. La jeune Luciano proposa qu’il se le fasse sur les côtes vu qu’il n’avait pas encore de tatouages à cet endroit. Puis la réaction de Livio te fit rire lorsqu’il vous dit que vous l’entraîniez dans ce projet et que ça lui donnait envie de le faire. « Bien sûr, tu passes à l’appart, on en parle et j’commencerai des dessins. Histoire de voir ce que tu veux » proposas-tu au jeune homme. Il fallait toujours bien se préparer pour un tatouage, et tu étais très méticuleux dans la préparation de ces derniers. « Si tu viens pas, je serai vexé » dis-tu en faisait la moue avant de rire légèrement. Mais ça te ferai plaisir d’avoir ta petite soeur à la maison aussi.