you said I was unusual, a complicated man (maddie)

Même s’il lui était difficile de l’admettre, même s’il ne donnerait certainement pas les vraies raisons à la personne qui le lui demanderait, Woody était de moins en moins à l’aise avec l’idée de conduire. En raison de sa maladie, ses jambes se faisaient de plus en plus fragiles, fatiguées après une simple balade. Le roadtrip avec Freja avait certainement été le signal d’alerte qui lui avait prouvé qu’une fois encore, il s’était cru au-dessus de sa condition physique. Mais les kilomètres qui défilaient et les heures de conduite qui s’allongeaient avaient été dures sur ses jambes, sur son corps. Depuis qu’il était de retour à Bowen, Woody prenait de plus en plus souvent les transports en commun, si c’était pour se rendre à l’autre bout de la ville ou à l’extérieur de celle-ci. Aujourd’hui, il prenait l’autobus pour un déplacement d’une vingtaine de minutes. Vingt minutes qui lui semblaient trop pénibles derrière un volant. Il n’avait pas pris cette ligne depuis son adolescence au moins, et il avait oublié à quel point elle pouvait être bondée, surtout en plein milieu de la journée. Woody soupira à son entrée dans le transport, constatant que la plupart des places étaient prises. Son regard s’arrêta au fond de l’autobus, où la toute dernière place s’offrait à lui. Il jeta un coup d’œil derrière son épaule, personne d’autre n’aurait pu bénéficier de cette place. Il remonta donc l’allée centrale du véhicule et ce ne fut qu’à la hauteur de la place libre que l’homme daigna poser son regard sur la personne qui occupait le banc tout juste à côté. Quelle ne fut pas sa surprise de reconnaître Maddie, Maddie Hamilton. L’une de ses premières copines, si ce n’était pas même la première. Il avait vite oublié la chronologie de toutes ses conquêtes de l’époque, même si généralement on n’oublie pas un premier amour, dans le cas de Woody on ne pouvait pas vraiment parler d’amour. « Ça te dérange si je m’assois ? » Demanda-t-il alors. Il n’aurait pas demandé la permission à n’importe qui, après tout il était bien en droit de prendre ce siège. Mais face à Maddie, il avait l’impression que de prendre place à côté d’elle était une énième offense, et il savait reconnaître, environ quinze ans trop tard, qu’il lui avait déjà fait assez de mal comme ça.