but when you call me baby i know i'm not the only one (felix)

On ne lui avait pas dit qu'il était de retour à Bowen. Ni même qu'on l'avait invité à la soirée. Pourquoi, Diable, Pippa avait choisi cette soirée pour faire le montage de son tout nouveau podcast ? Nevaeh n'avait pas eu de problème avec l'idée de se rendre à l'évènement seule, jusqu'à y avoir, au bout de son appareil photo reflex, le cauchemar de sa vie éveillée. Il y a quelques jours, elle avait reçu un message d'une vieille amie d'école qui souhaitait, dans le but de renouer avec leurs vieux potes, organiser une soirée simpliste chez elle. Elle était aujourd'hui mariée, Nevaeh et Pippa avaient d'ailleurs été invités à son mariage, il y a quelques années, et possédait une grande maison en bordure de l'océan. « Super, j'apporterai mon appareil, ça nous fera des souvenirs », qu'elle lui avait répondu, déjà emballée à l'idée de retrouver des vieilles amitiés perdues de vue. Et si la journaliste pensait avoir à son bras Pippa comme accompagnatrice, sa meilleure amie de toujours, cette dernière lui tourna le dos. Elle avait évidemment une bonne raison de manquer la fête, elle lui avait même dit qu'elle essayerait de passer en fin de soirée si son travail avançait bien, mais tout ça, c'était moins fun sans son amie. Nevaeh aurait pu inviter Juliann, mais ça aurait été plutôt délicat. Toutes ces anciennes fréquentations de l'école connaissaient le passé amoureux de Juliann et Pippa. Devoir expliquer à tout le monde que, oui, elle fréquentait l'ex-fiancé de sa meilleure amie et que, oui, Pippa était d'accord avec tout ça, ça ne lui disait pas grand chose. Pas ce soir. Et peut-être qu'au fond, ça avait été mieux de ne pas l'inviter, parce que devant elle, il était là, lui, la raison de son manque de confiance, celui qui lui avait brisé le coeur trop de fois déjà. Félix. La brune avait relâché son appareil photo, il pendait à son cou, et le regardait, les sourcils froncés. Qu'est-ce qu'il foutait à Bowen ? Et pourquoi ne l'avait-on pas avisé ? Si elle avait su, elle ne serait pas venue ce soir. Elle aurait laissé le passé au passé. Le dernier souvenir qu'elle avait eu de lui, c'était sa bague qui se heurtait contre son torse et la porte de leur appartement qui s'était claquée derrière elle. Il s'était avancé vers elle, presque comme s'il espérait qu'elle le salut, presque comme s'il s'était dit qu'être en public ça pouvait éviter à la brune de perdre son sang-froid. Mais du sang froid, avec lui, elle n'en avait plus. Nevaeh croisa les bras contre sa poitrine, le regard noir. « T'es pas venu avec l'autre ? », demanda-t-elle en référence à celle avec qui il avait trouvé bon de la tromper. « Ou, alors, tu t'es déjà lassé... J'espère qu'à elle, tu as eu le culot de lui dire, avant de baiser une autre fille. Ça serait bien, un jour, que tu assumes, Félix. »

Les raisons qui entouraient le retour de Felix n'importaient peu à Nevaeh. Elle n'avait d'ailleurs pas pris la peine de lui demander ce qu'il faisait ici, pourquoi il était revenu à Bowen alors qu'il semblait pourtant si bien à New York. Tout ce qu'elle savait, c'était que le brun n'y était pas revenu pour elle. Ça faisait maintenant six mois qu'elle avait retrouvé sa maison. Si seulement il voulait la récupérer, Felix serait venu avant. Il y avait quelque chose qui se cachait derrière ce retour. Et si la curiosité prenait parfois le dessus chez Nevaeh, la vérité était que cette fois, la haine était si forte qu'elle n'éprouvait pas de compassion. Tout ce qu'elle souhaitait, c'était de retrouver son havre de paix à Bowen et ça, c'était impossible avec lui dans ses parages. Elle s'était approché de lui, pas un sourire sur son visage. Alors que lui, il se moquait bien d'elle. Et il savait la faire démarrer au quart de tours. Cette remarque, elle avait été suffisante pour faire bouillonner la brune. Et si Felix s'attendait à ce qu'elle se retienne parce que d'autres pouvaient les entendre, Nevaeh ne le ferait pas. « Ouais, la bimbo que t'as baisé pendant des mois alors qu'on était fiancé. Ça te dit rien, vraiment ? », s'exaspéra-t-elle. Elle devrait prendre sur elle, agir comme une adulte réfléchie, mais il la faisait sortir de ses gonds. Il faisait ressortir une partie d'elle qu'elle détestait. Felix se lança ensuite dans un discours philosophique sur la perfection. Elle l'écoutait se défendre, lui qui souriait de plus belle comme si c'était un jeu. Mais, pourtant, c'était tout sauf un jeu. C'était les sentiments de Nevaeh, ses vrais sentiments, qu'il avait détruit. Ça et sa confiance en elle, en sa valeur et en sa personne. « C'est pourtant pas ce que tu m'as dit pour me persuader de te suivre à New York », lui rappela la brune. Il lui avait sorti toutes les belles paroles du monde, y compris celles stipulant qu'elle était la femme la plus parfait qu'il ait rencontré. Et, là, ce soir, elle ne l'était pas, parfaite. Visible preuve qu'il n'avait pas cru un mot de ce qu'il lui avait dit pour la faire revenir. « Sauf que dans mon cas, de l'amour, il n'y en a plus, Félix. Qu'est-ce que t'es venu cherché ? Tu trouves pas qu'on s'est fait assez de mal comme ça ? »

Il faudrait que tu sois plus clair, qu'il avait dit. Clairement pour la provoquer, clairement pour la faire réagir. Et Nevaeh tombait directement dans le panneau, son coeur qui battait la chamade et non pas d'amour, mais bien de haine, de colère. Comment osait-il, après ce qu'il lui avait fait, lui parler ainsi, se moquer d'elle, se moquer de ce qu'elle avait pu ressentir quand elle avait ouvert la porte de son bureau et qu'elle l'avait vu en pleine action, cette autre femme à califourchon sur lui. Comment avait-elle pu l'aimer ? Comment avait-elle pu aimer un homme aussi cruel, aussi méchant, aussi arrogant que Felix. Comment avait-elle pu tomber pour lui ? À cet instant, elle ne le savait pas, elle ne voyait que le laid. Du bon, en lui, il en avait. Nevaeh arrivait toujours à en trouver, habituellement, même chez la personne la plus méchante du monde. Mais pour Felix, là, tout de suite, elle ne trouvait plus. Elle se répétait mentalement qu'il fallait respirer, inspirer et expirer, éviter d'embarquer dans ses conneries, mais toute sa force mentale n'était pas suffisante. Elle revoyait la scène, la bague qui volait presque autant en éclat que leur vie de couple de trois ans quand elle lui avait balancé au visage. « Certaines erreurs sont pires que d'autres », lui cracha-t-elle au visage alors qu'il lui disait qu'il y avait servit que de belles paroles pour la voir le reprendre, le suivre jusqu'au bout de l'Amérique. Et elle, naïve, elle avait bu ses belles paroles, elle y avait cru, comme s'il pouvait avoir changé. Mais Felix, il ne changerait jamais. « Je pense à toi, tu as raison », finit-elle par lui concéder. « Je me rappelle cette conne dans ton bureau, la vision d'horreur de voir mon fiancé coucher avec une autre devant mes yeux et toute notre vie qui se brisait parce que tu n'as pas su ranger ta queue dans ton pantalon. Ouais, je pense à toi. Et quand je pense à toi, c'est pour me rappeler que je mérite tellement mieux. » Peut-être que tous les convives écoutaient, mais elle n'en avait rien à faire, il la cherchait, il la provoquait. Explosive, Nevaeh vidait son sac. « Alors quand tu auras une réponse à me donner, peut-être que je t'écouterai. Mais pour l'instant, Felix, on a rien à faire tous les deux. » Elle soupira longuement, le regardant de haut en bas. Comment avait-elle pu tomber à nouveau pour lui ? Il devait ne jamais l'avoir aimé pour se comporter ainsi avec elle. Puis, après un moment à le regarder, elle s'éloigna, attrapa son téléphone dans la poche de son sac et en profita pour envoyer un appel de phare à sa meilleure amie @Pippa Wojcik.

Je connaissais Nevaeh depuis l’enfance, je connaissais son âme romantique, son idée du grand amour, sa vision du couple, si opposé à la mienne. J’adorais ça, chez elle. Je la trouvais si adorable, si douce. Je savais aussi que son coeur, à plusieurs reprise, avait été mis à rude épreuve et parfois piétiné. Cela me foutait en l’air, rien que d’y penser. Sa dernière relation avait été un fiasco et l’avait fragilisée sur bien des points, et si aujourd’hui elle avait clairement remonté la pente et chassé deux ou trois de ses démons, la corde ne restait pas moins sensible. Alors, quand je lus son texto, mon sang ne fit qu’un tour. Elle m’avait proposé, un peu plus tôt dans la journée, de la rejoindre à une soirée. J’avais décliné, à cause de mon travail. Je n’étais pas en avance sur le montage de l’un de mes podcasts et ne pouvais pas vraiment me permettre un divertissement pour le moment. Mais là, c’était différent, ma meilleure amie tirait la sonnette d’alarme. Son ex fiancé Felix était là, non seulement à Bowen, mais également à cette fameuse soirée. Qu’est-ce que ce type faisait là ? C'était la grande question. Sa place était à New-York, ou bien dans un centre de rééducation pour machos incapable de penser autrement qu’avec leur bite, mais surtout pas dans notre petit paradis australien, et à l’intérieur de l’espace vital de ma meilleure amie. Je quittai mon écran, et mon poste de travail du soir, pour enfiler des fringues, avant de quitter mon appartement en trombe. Je hélai un taxi et arrivai rapidement sur les lieux de la soirée. J’entrais d’un pas déterminé, puis du regard cherchai la silhouette de mon amie d’enfance. Je la repérai rapidement et, apercevant Felix du même coup, je sentis mon sang bouillir à l’intérieur de mes veines. J’approchai, sourcils froncés, poings serrés, j’ignorai royalement Felix lorsque je lui passai devant et posai une main sur l’épaule de Nev.
— Viens, on s’en va.

Ce qui est une erreur pour toi ne l'est peut-être pas pour quelqu'un d'autre. Cette phrase fracassait Nevaeh, la brisait en mille morceaux. Et, pourtant, elle tentait de rester forte, de ne pas se montrer ébranler par les paroles destructrices de Félix. Son sourcil droit s'était froncé, son visage était dur et si elle avait eu les bras de Pippa pour la rattraper, elle se serait effondrée. C'était de dire que de tromper Nevaeh, de foutre en l'air leur avenir, d'humilier sa fiancée, ça n'avait pas été une erreur, qu'en fait, ça avait été la meilleure chose et qu'il ne regrettait en rien son geste. Mais comment avait-elle pu tomber amoureuse de lui ? Qu'est-ce qu'elle lui avait trouvé ? Pas étonnant que Woody ne l'ait jamais aimé. Même le sourire qu'il lui lançait ne la faisait plus fondre, elle qui aurait craqué au par avant qu'à l'une seule de ses tentatives. Elle secoua la tête, un soupire qui s'échappa d'entre ses lèvres, exaspérée, brisée, triste et en colère à la fois. Il avait réussi, il l'avait provoqué, l'avait rendu dans un état pitoyable pour lui, encore, alors qu'elle pensait s'être sauvé de tout ça en quittant New York et ses grands rêves pour retourner dans sa ville natale où elle ne se sentait pas toujours bien, où les projets fusaient moins. Nevaeh s'était éloignée, juste assez pour appeler du renfort à Pippa qui, pour l'occasion, faisait une pause dans son plan de travail pour venir secourir sa meilleure amie. Elle le lui revaudrait, bien que la blonde savait que la deuxième des Rutkowski n'hésiterait pas à faire de même pour elle, si elle se trouvait dans une situation pareille. C'était comme ça qu'elles s'aimaient. Bien que la situation inverse ne serait pas réaliste. Pippa, elle était bien plus tête sur les épaules que Nevaeh, bien moins guidée par son coeur. En en fait, son coeur, lui, il ne voyait pas les relations de la même façon. Et c'est sans doute ce qui faisait que toutes les deux se complétaient. Ensemble, elles étaient un beau mélange. Alors que la conversation brève entre Pippa et Nevaeh se terminait, Félix, lui, revenait à la charge. « T'as de la chance qu'elle ne soit pas là, j'crois que la gifle serait venue bien plus rapidement. Entre ça et le poing de mon frère, je ne sais pas ce qui est mieux », fit la brune faussement pensive. Pippa ne tarda pas à arriver, quelques minutes après leur échange de SMS. Et déjà, elle tirait la brune vers la sortie. « T'as raison, on a rien à faire ici ! »