hot - if i keep holding out will the light shine through? (nevann)

Ce n'était pas pour l'agacer qu'elle le faisait. Vraiment, elle ne s'en rendait même pas compte. C'est qu'elle avait été conditionnée, toute sa vie, à penser aux autres avant sa propre personne et, souvent, quand la discussion était trop centrée sur elle, sur ses sentiments ou ses émotions, elle prenait fuite. Mais parlez-lui des heures de vous, de vos ressentiments, et jamais Nevaeh ne chercherait à mettre rapidement fin à la discussion. Bien au contraire, elle l'entretiendrait, la mènerait jusqu'à la fin, jusqu'à s'assurer que vous soyez apaisé. Parce que ce qui comptait, c'était le bonheur des autres.

Et ce bonheur, il passait aussi par leurs étreintes charnelles auxquelles ils se laissaient maintenant aller. Avec tout autre homme, Nevaeh aurait cherché à le satisfaire, à l'entendre prendre son pied, à se sentir avoir du plaisir jusqu'à le mener à l'orgasme, sans même en faire tout un plat si elle n'arrivait pas à l'atteindre elle-même. Tant mieux si elle y arrivait. C'est que dans les hommes de sa vie, rares avaient été ceux à réellement porter une attention à son désir, à son plaisir. Juliann, cependant, lui donnait l'impression qu'il mettait la satisfaction de la brune avant la sienne, s'attardant à chaque parcelle de son corps, chaque zone sensible de sa peau. Il lui donnait l'impression qu'elle était au centre de son plaisir. Et qu'est-ce que ça en était grisant. Et bien que dans la vie de tous les jours, il était rare qu'ils aient des désaccords, au lit ils s'entendaient parfaitement bien. Et ils se connaissaient presque par coeur.

D'ailleurs, quand la brune offrit à son partenaire une vue détaillée sur sa chute de reins, elle savait qu'elle finirait par le rendre fou d'elle. Sans attendre son approbation, Nevaeh s'était penchée vers l'avant, lui offrant un meilleur accès à son entre intimes, alors qu'il commençait par caresser la peau du haut de son corps. Il fit courir des baisers sur son corps, n'oubliant aucun recoin, la couvrant au passage d'un compliment qui la fit sourire. Douce, elle l'était. Et ce n'était pas à tout hasard. Le sexe avait cet effet sur elle, encore plus le sexe avec lui, parce qu'il la satisfaisait au point de lui faire atteindre l'orgasme à tout coup et son hormone du plaisir était responsable des effets sur sa peau. Et pas que. Mais ça, elle ne lui fit pas la grande explication scientifique, bien trop occupée à profiter de chacun de ses baisers avant qu'il ne vienne frôler son intimité de son sexe pointé vers elle. « Ne le soit pas avec moi... », se contenta-t-elle de gémir, alors qu'il la prenait de derrière, cette fois, fort, comme il lui avait promis, ses mains sur les hanches de son amante, guidant le rythme auquel ses fesses devaient venir se heurter contre lui. Déjà, il extirpait des gémissements plus audibles de la part de la brune. « Juliann.. C'est bon », ajoutait-elle par moment. Et quand il vint insérer en elle non seulement son membre qui la satisfaisait déjà, mais aussi ses doigts, il venait de lui faire perdre complètement la tête. Nevaeh avait refermé les yeux, mordillant sa lèvre inférieure devant son plaisir dont elle prenait soin de lui faire part, gémissant, jouissant su fort que tout son corps en tremblait. « Non... », criait-elle, « Non, ne jouies pas, pas tout de suite », lui suppliait-elle alors qu'elle finissait de se satisfaire. Elle le savait fragile, elle le savait près de la délivrance, mais tenait à lui rendre le plaisir qu'il lui offrait. Alors que Juliann se retirait d'elle, ce fut à son tour de se mettre à la hauteur de son sexe, à genoux devant l'homme, commençant par lécher ses testicules, jusqu'à remonter sur sa verge qu'elle emprisonna de ses lèvres, l'embrassant, faisant courir sa langue contre cette dernière. Elle le sentait au bout de son excitation, près de l'orgasme, son membre qui se contractait sous ses baisers. Entre sa fellation, elle leva les yeux vers lui. « Laisse-toi aller, montre-moi comme t'aimes ça.. »

Evidemment que Nevaeh ne détourne pas la conversation d'elle consciemment, à chaque fois. Elle le fait sans doute parce qu'elle trouve que cela manque d'intérêts et qu'il est plus intéressant de retourner la discussion vers l'autre. Sauf que parfois, toi aussi, tu as envie d'être une oreille attentive pour elle, d'être celui qui l'écoutera parler de son passé parfois douloureux. Et parfois, la brune se laisse aller à quelques confidences mais souvent, elle ne s'étale pas et inverse vos positions. Tu sais qu'avec le temps tu parviendras à contrer ce stratagème, focalisant toute une discussion sur elle. Parce que dans le fond, tu es persuadé qu'elle a besoin d'avoir une oreile attentive pour prendre conscience qu'elle en vaut la peine et pour gagner un peu en confiance en elle et aux autres. C'est un travail de longue haleine sur lequel Nevaeh doit bosser et tu comptes bien l'y aider. Mais pas tout de suite, pas maintenant. Là, tout ce dont vous désirez c'est de vous retrouver, de vous perdre dans les bras l'un de l'autre. Alors vous laissez parler votre désir, commençant des préliminaires dans la cuisine pour terminer sur la table de la salle-à-manger. Après quelques minutes face à toi, à l'embrasser comme si ta vie en dépendait, la journaliste décide de venir devant toi, t'offrant une vue indescriptible sur sa chute de rein. Lorsqu'elle se cambre un peu plus, tu déposes quelques baisers sur sa peau incroyablement douce avant d'entrer à nouveau en elle. Rapidement, tes coups de rein s'intensifient alors que ses fesses viennent à la rencontre de ton bassin. Pour faire flancher Nevaeh vers un second orgasme, tu viens caresser son intimité, formant des petits cercles contre celle-ci. C'en est trop pour la brune qui crie de plaisir, te faisant savoir à quel point c'est bon au moment où elle jouit. Mais alors que son corps tremble encore, la jeune femme te supplie de ne pas jouir, pas encore. C'est là que tu prends conscience que tu n'as pas mis de préservatif, que dans le feu de l'action, tu as été complètement inconscient. Alors quand la journaliste t'arrête, tu te sens à la fois soulagé qu'elle ait eu la présence d'esprit d'y penser et frustré de ne pas avoir pu te déverser en elle. Mais quand elle s'agenouille devant toi, tu comprends que tu as tout faux. Tu comprends qu'elle veut que tu jouisses dans sa bouche et rien qu'en saissant cela, tu sens à nouveau ton sexe durcir comme jamais. Alors que ses lèvres partent à l'assaut de tes testicules et puis de ton membre, tu soupires, gémis de plaisir, sentant que tu ne pourras pas te retenir très longtemps. « Oh... Nev... » Murmures-tu sans détacher ton regard du spectacle qui s'offre à toi. Et quand Nevaeh te sussure de te laisser aller, c'en est trop pour toi. Tu sens ton sexe se contracter et se déverser dans sa bouche, c'est tellement fort que tu es obligé de te tenir à la table pour ne pas que tes jambes flanchent. « Tu es incroyable. » Souffles-tu, les yeux fermés pour profiter pleinement de cet orgasme. Une fois celui-ci partiellement passé, tu tends une main à la jeune femme pour l'attirer vers toi et venir enlacer son corps. « Bordel ce que tu m'as manqué. » Et pas seulement sur le plan sexuel. Mais tout d'elle a manqué à ta vie : ses yeux, son sourire, son rire aussi et la façon qu'elle a de te regarder. Nevaeh c'est presque comme une drogue mais en mille fois mieux.

C’était effectivement son plus grand problème, d’accorder toute son attention aux autres et d’oublier ses propres problèmes. Le soucis, c’est qu’elle ne s’en rendait même plus compte et qu’elle prenait conscience de ses sentiments ou de ses émotions négatives que trop tard, quand il ne restait plus grand chose à y faire, parce qu’elle avait accordé bien trop de son énergie à faire du bien aux autres. À force, elle se perdrait, complètement. Et elle finirait par perdre tous ceux qui compta pour elle, Juliann y compris. Parce que dans une relation, il faut savoir entendre les besoins des autres, mais aussi communiquer les siens. Nevaeh, maintenant, c’était de se faire rassurer dont elle avait besoin, d’être certaine qu’elle ne se mettait pas les deux pieds dans une histoire qui finirait par lui faire encore plus de mal. Mais ça, elle savait bien que c’était impossible à savoir, que même si Juliann lui promettait, comme tous les autres d’ailleurs, il n’était pas à l’abris des erreurs. Et, au fond, c’était sans doute par la faute de la brune. C’était la seule explication plausible.

Dans la salle à manger, l’ambiance était plus chaude. Les baisers enflammés y étaient forcément pour quelque chose, mais il serait plus juste de soupçonner les coups de bassin que Juliann infligeait à sa partenaire qui y répondait avec intensité jusqu’à ce qu’elle le force à se retirer pour mieux y revenir, changement de position qui, elle le savait, exciterait son amant bien plus encore puisqu’elle leur offrait une profondeur dont ils raffolaient. Dos à Juliann, face à la table, la brune se cambrait pour mieux l’accueillir, gémissant alors que l’homme s’insérait de nouveau en elle, soupirant d’impatience alors qu’à nouveau il ondulait contre elle et perdant complètement la tête alors qu’il venait chatouiller son clitoris du bout des doigts, alors que son membre, lui, faisait le reste du travail. C’était comme un feu d’artifice dans son corps, elle était prête à exploser. Et à nouveau ses jambes tremblèrent alors que toute son intimité se contractait autour de l verge de Juliann pour lui faire part de ce qu’il déclenchait en elle. C’était fort, c’était bon, et elle le lui prouva en jouissant que pour ses oreilles, et sans doute celles des autres. Mais alors qu’elle sentait que Juliann aussi était au bord de la délivrance, elle le stoppa, ayant autre chose en tête.

Nevaeh ne s’était même pas rendue compte que dans le feu de l’action, ni elle, ni lui, n’avait porté attention à mettre un préservatif. Ça avait été trop rapide, trop impulsif, trop instinctif, comme s’ils étaient à eux, depuis des années, et qu’il n’y avait plus de danger potentiel. Elle n’en pris pas même conscience quand elle s’agenouilla à la hauteur du pénis de Juliann pour le retrouver entre ses lèvres, bien trop déterminée à lui faire du bien autant qu’il lui en faisait. Quand il murmura son nom, la journaliste augmenta la cadence de ses baisers intimes, mêlant ses mains à l’action qui remontaient et descendait sur son membre en harmonie avec ses lèvres. Il ne lui fallu peu pour trouver l’excitation à son comble, pour laisser le plaisir parler. À son tour, il explose. Et Nevaeh est aux premières loges de son plaisir, se délectant de le voir jouir grâce à elle. Et ce ne fut qu’à cet instant qu’elle pris conscience qu’ils ne s’étaient pas protégés, pour la première fois.

La brune ne le nota pas, pas pour l’instant, se relevant avec l’aide de son amant et se laissant enlacer par ce dernier. Ses cheveux maintenant secs tombaient dans son dos et venaient partiellement cacher son visage alors qu’elle l’enfouissait sans le cou de l’homme. Elle ne bougeait plus, bien trop bien dans ses bras, comme si elle sentait qu’ici, rien ne pouvait lui arriver. Elle ne bougea même pas quand le pompier lui confia qu’elle lui avait manqué. Et là, elle pris conscience de sa pleine honnêteté. Toujours le visage enfouis contre lui, Nevaeh resserra son étreinte. « Si tu savais comment c’est partagé. », souffla-t-elle avant d’ajouter : « Je suis tellement bien dans tes bras, Juliann »

Elle n’avait pas envie de s’en détacher, mais la force de se tenir sur leurs pieds n’y était plus après avoir consommer leurs manques d’eux. « T’as pas envie d’aller nous faire couler un bain pendant que je sors le gâteau du four et que je récupère la pizza? », demandait-elle en se dégageant pour mieux le regarder. « J’ai pas envie de te voir te rhabiller tout de suite », confia-t-elle en riant. Ils avaient été trop longtemps séparés pour remettre barrière des vêtements tout de suite. Et, de toute façon, ils finiraient par les perdre à nouveau, tôt ou tard. « Au fait, les olives, ça te va hein? », fit la brune en lui accordant un clin d’œil moqueur avant de disparaître dans sa chambre récupérer un peignoir, histoire de ne pas ouvrir la porte nue et risquer de croiser un voisin. À un moment, il faudrait accorder cet oubli, ce préservatif resté dans le tiroir de sa table de nuit, mais pas pour l’instant. Demain, la semaine prochaine, plus tard... Quand ils seraient rassasiés.

Tu sais que la discussion que vous avez eue, quelques minutes plus tôt, n'est pas totalement terminée. Tu sais qu'elle risque de resurgir dans un futur plus ou moins proche mais pour l'instant, vous avez besoin de la laisser de côté. Parce que cela fait plus de deux semaines que vous ne vous êtes pas retrouvés et l'attente n'est plus possible. Tout ton corps réclame celui de Nevaeh. Tes mains sont désireuses de caresser à nouveau sa peau, si douce. Tes lèvres sont fiévreuses des siennes, ta langue voulant à tout prix rejoindre la sienne dans une caresse sensuelle. Et ton sexe tout entier se délecte déjà du moment où il ira à la rencontre du sien. Alors tu décides de laisser cette petite voix qui te dit de poursuivre le sujet de côté, pour le moment, pour enfin retrouver le corps de la brune. Ces moments-là où vous vous adonnez complètement à vos caresses sont uniques et forts. Presqu'inexplicables. Toute ton attention est focalisée sur Nevaeh et sur le plaisir qu'elle éprouve. Alors quand tu redoubles d'effort pour la faire jouir, la journaliste ne met pas longtemps à flancher. Tu sens sa peau se contracter contre ses doigts quand l'orgasme la submerge et c'est presque suffisant pour te faire plonger, toi aussi. Sauf que l'Australienne a d'autres idées en tête. Si au départ tu prenais cela pour un moment de lucidité, en rapport avec ce préservatif manquant, tu comprends bien vite qu'elle n'a même pas remarqué son absence et qu'elle a simplement d'autres idées en tête. Elle aussi, veut te voir flancher. Craquer pour elle, pour sa bouche et ses caresses. Le combo est divin lorsque la jeune femme vient rajouter sa main à l'équation, te caressant en même temps que sa bouche te prend parfois avec force, parfois avec ardeur. C'est tellement bon que, même si tu voulais prolonger le moment un peu plus, tu en es incapable et éjacule dans sa bouche. Les yeux toujours fermés, tu savoures ce plaisir ultime offert par la brune pendant quelques secondes avant de l'attirer vers toi et de constater que vos moments intimes t'ont manqué. Mais pas seulement. L'avoir à tes côtés, dans tes bras, tout simplement, c'est comme une bouffée d'air frais. C'est comme si durant ces deux semaines passées loin d'elle, tu respirais partiellement seulement. Et maintenant que Nevaeh est là, tu peux retrouver ta capacité pulmonaire à cent pour cent. « Alors restes-y encore un peu. » Murmures-tu en venant passer une main dans son dos pour caresser sa peau du bout des doigts. Puis, relevant son menton d'une main, tu viens embrasser ses lèvres avec douceur. Tu ne sais pas vraiment combien de temps vous restez comme ça mais après un petit moment, la journaliste s'écarte et te propose de poursuivre votre soirée dans sa baignoire. « Ce programme me semble parfait. Et si je peux admirer ton corps nu plus longtemps, je ne dis pas non. » Tu souris plus largement avant de la laisser s'écarter totalement et prendre la direction de sa chambre. « Oui, ça me va. » Réponds-tu en riant, te remémorant les cris et les gémissements de la brune au passage, espérant qu'elle ne jouisse comme ça que pour toi. Rapidement tu ramasses vos vêtements sur le sol pour les emporter jusque la salle-de-bains. Là-bas, tu commences à faire couler l'eau, ajoutant du savon pour faire de la mousse mais pas trop, au risque de ne plus déceler le corps de la brune dans l'eau. Puis, une fois l'eau un peu plus haute, tu rentres dans la baignoire, t'allongeant de tout ton long en fermant les yeux. Après quelques minutes, tu entends Nevaeh entrer dans la pièce, les mains bien chargées. Tu la laisses se débarrasser de la pizza puis l'attires contre toi dans la baignoire. Après qu'elle se soit installée, dos contre ton torse, tu viens caresser sa peau du bout des doigts distraitement. « Tout à l'heure, j'ai cru que tu m'arrêtais parce qu'on avait oublié de mettre un préservatif... Est-ce que tu prends la pilule ? » Demandes-tu en fronçant légèrement les sourcils. Même si tu n'as pas éjaculé en elle, il persiste tout de même un risque que tu espères effacer grâce à une potentielle contraception que pourrait prendre la brune.

La discussion mènera jamais réellement terminée. Pas tant que l’abcès n’aurait pas été crever. Et aujourd’hui, il avait été tâté, touché, mais il restait bien là, douloureux quand on y pensait un peu trop. Alors la brune préférait ne pas y penser. Et la meilleure façon de le faire, c’était dans les bras de Juliann. Il l’a connaissait intimement mieux que personne, et ça lui était encore incompréhensible, ils se connaissent depuis des années, oui, mais n’avaient jamais eu cette relation. Et pourtant, c’était comme s’il l’avait toujours touché, toujours fait l’amour. Le pompier savait ou appuyer pour déclencher un tsunami d’extase chez Nevaeh.

Ça ne pouvait rester ainsi. Il portait une attention si particulière au plaisir de son amante alors qu’elle avait l’habitude de le faire. Avec lui, c’était comme si les rôles étaient inversés. Les mots échangés par messages vocaux planaient dans son esprit. Elle avait parler de ses lèvres contre sa verge, de son rythme qui accélérait motivée par les soupirs de Juliann qu’elle entendait quand il lui répondait. Et cette image qu’il s’était fait d’elle lui donnant du plaisir, elle la voulait réalité. Elle s’était alors emparée de son membre, commençant par le léger, pas l’embrasser avec prudence, cherchant à calmer un peu son excitation avant de le mettre dans sa bouche pour faire durer son plaisir encore une ou deux minutes, le temps que sa bouche fasse assez pression contre lui et que ses mains viennent se joindre au combo. Elle le sentait flancher, sentait son pénis se gonfler entre ses lèvres jusqu’à y déverser sa semence accompagné d’une démonstration de son plaisir à laquelle la brune assistait, levant les yeux pour le regarder jouir, souriant sont sa verge en comprenant qu’elle en était la raison. C’était elle, ce soir, la responsable de sa délivrance. Pas une autre, pas un autre, pas même Pippa. C’était elle. Et ça lui faisait du bien.

Seulement, bien vite Nevaeh avait pris conscience que dans l’urgence d’être l’un à l’autre, ils avaient oublié qu’ils ne l’étaient pas vraiment. Et qu’ils avaient oublié l’essence même des relations qu’ils avaient eu par le passé. Ça n’avait jamais été une question, entre eux. Le préservatif s’était imposé de lui même. De toute façon, elle le lui aurait demandé. Mais cette fois, il avait été manquant. Et sans doute que son plaisir avait été décuplé pour cette raison, sentant les rainures et les veines de son membre contre elle plutôt que la parois de latex habituelle. Dans les bras de Juliann, une question perdurait... Et pourtant, la brune ne l’adressait pas. Elle profitait de leur moment, lui qui caressait du bout des doigts sa peau jusqu’à ce que leurs jambes fatiguées ne soient plus en mesure de tenir et qu’elle propose la baignoire pour profiter encore plus longtemps des bras l’un de l’autre. « Tu penses vraiment que c’est toi qui a la plus belle des vues? », demanda la brune en lui faisant un clin d’œil. Son corps, elle pourrait l’admirer des heures durant. Il venait de glisser dans ses rêves, venait la torturer quand elle ne pouvait y toucher. Et, déjà, l’idée du voir perler l’eau du bain sur son torse la rendait fébrile. Elle embrassa ledit torse de l’homme avant de s’éclipser, retrouvant peignoir que pour quelques secondes, le temps de rapatrier tout ce dont ils auraient besoin et de sortir le gâteau du four alors qu’en arrière plan, l’eau coulait dans sa salle de bain.

Nevaeh y entra les mains chargées. Sa main droite jouait à l’équilibre avec la boîte de pizza chancelante alors que sa main gauche, elle, tenait une coupe de vin et une bouteille de blanc.  La seconde coupe était entre ses lèvres. Elle posait le tout sur une cabaret plier qu’elle laissait toujours près de la baignoire. Sur ce dernier, il y avait son livre du moment, un peu gondoler à force d’avoir été manipulé dans l’eau, ainsi qu’une bougie dont l’odeur enveloppait doucement la pièce quand elle l’allumant, ce qu’elle fit, leur donnant un peu d’intimité, avant de laisser tomber son peignoir au sol et de retrouver les bras de Juliann. Dos à son torse, elle y posa sa tête, appréciant les faibles caresses sur sa peau qu’il lui offrait. Mais quand il reprit la parole, bien que ses caresses n’avaient pas arrêtées, Nevaeh ne les sentaient plus. « Oui », souffla-t-elle tout de même coupable alors qu’elle prenait des précautions. « Mais je ne suis pas très douée pour la prendre correctement. » entre les décalages horaires de ses voyages et sa maladresse naturelle, il lui arrivait souvent d’en oublier une ou deux dans le mois, voire même plus. Elle la prenait plus pour l forme, parce qu’à l’adolescence toutes les filles de son âge la prenait et que ça rassurait maman Rutkowski. Depuis, elle n’avait jamais arrêté. Pour elle, ce n’était même pas ça qui lui faisait peur. Elle était convaincue que de ce côté, il n’y aurait pas de soucis. « Dis-moi... », commençait-elle nerveusement, fermant les yeux comme si ça lui créait une barrière. « Combien as-tu eu de partenaires ces derniers mois.. » La question aurait dû être, avec combien de personne avait-il couché sans se protéger. Était-il la seule avec qui il s’était sentit tellement bien qu’il en avait oublié de se protéger? Elle s’empressait d’ajouter : « Je veux simplement que tu saches que t’es le seul.. » Ce n’était pas une compétition, loin de là, seulement Nevaeh préférait jouer la carte de l’honnêteté.

Même si elle n'en a pas conscience, cela fait un moment déjà que Nevaeh est la source de ton désir. C'est à elle que tu penses, à son visage, à son corps, quand tu fais appel à ta main pour te satisfaire, comme ça a été le cas durant ces dernières semaines, alors que la brune était en Afrique. Alors bien sûr, tu ne t'es pas empêché de faire quelques rencontres par-ci par-là mais cela n'a rien de comparable avec ce que vous vivez aujourd'hui. Ce n'est pas parce que tu n'es pas encore prêt à entamer une relation exclusive avec la journaliste que ça veut dire que tout ce que vous partagez ne compte pas. Au contraire, cela compte bien plus que tout le reste, en ce moment. Alors à défaut de pouvoir lui dire avec des mots, tu t'efforces de lui faire comprendre avec ton corps. A chaque fois que vous faites l'amour, tu veux l'entendre jouir et lui donner du plaisir comme elle n'en a jamais eu auparavant. Et visiblement, Nevaeh est prête à te rendre la pareille, encore et encore. Comme à cet instant précis alors qu'elle te laisse jouir dans sa bouche. Cela n'a pas été long puisque ton excitation était déjà à son comble et que les caresses de l'Australienne ne te laissaient pas de répit. Ce qui fait qu'à présent, tu es lessivé. Ou du moins, pour le moment. Ce bain tombe donc à pique et il ne faut pas longtemps à la jeune femme pour te convaincre. « J'en suis même certain. Tu as de ces fesses... » Murmures-tu en te mordillant la lèvre, déviant justement ton regard jusqu'à ses fesses qui se balancent devant toi en s'éloignant vers la chambre à coucher de Nevaeh. Une fois la brune partie, tu ne tardes pas à rejoindre la salle-de-bains pour vous faire couler un bain. T'assurant que l'eau n'est pas trop chaude ou trop froide, tu te glisses après quelques minutes dans la baignoire. Tu souris en voyant la journaliste allumer une bougie et ramener une bouteille de vin ainsi que deux coupes. Alors que la brune s'approche, tu écartes un peu plus les jambes pour qu'elle puisse s'installer dos à toi, tes mains retrouvant rapidement la chaleur de sa peau. Tu laisses tes doigts courir un peu partout sur son corps, sans même réfléchir à ce que tu fais. En réalité, tes pensées sont plutôt prises par ce préservatif manquant. Comment as-tu pu oublier ? D'habitude, tu t'assures d'être toujours protégé des maladies ou d'un potentiel enfant mais aujourd'hui, tu étais bien trop obnubilé par ton désir pour Nevaeh. L'attente avait été trop longue et tu étais trop impatient de la retrouver. Visiblement, elle aussi puisqu'elle n'a pas remarqué ce manquement de ta part. Alors plutôt que de te torturer l'esprit avec cela, tu interroges la journaliste sur une autre potentielle contraception. « Ok. Étant donné que c'est ta bouche qui a... tout réceptionné, on ne devrait pas avoir de problèmes. » En tout cas, pour ce qui concerne les enfants. Mais pour les maladies, c'est autre chose. De part ton métier, tu fais régulièrement des prises de sang et puisque tu te protèges toujours, habituellement, il ne devrait pas y avoir de conséquences à ce geste. « Je ne sais pas... pas beaucoup. Mais rassure-toi, je me protège toujours d'habitude. J'sais pas ce qu'il s'est passé, je crois que j'étais trop impatient de te retrouver. » Dis-tu en soupirant. Tu te sens un peu mal à l'aise à l'idée d'avouer à demi-mot que tu as couché avec d'autres personnes ces derniers mois, contrairement à Nevaeh. Mais elle doit savoir que tu as recouché avec Pippa il n'y a pas si longtemps alors elle devait sûrement s'en douter, non ? « Est-ce que tu crois vraiment que je suis si peu prudent ? » Demandes-tu quand même, un peu blessé qu'elle croie cela de toi. Néanmoins, le simple fait de savoir qu'elle ne voit que toi et personne d'autres t'adoucit un peu. « Est-ce que tu évites de voir d'autres personnes pour moi ou c'est simplement que tu n'en as pas envie ? » Et la question c'est... va-t-elle te demander de lui rendre la pareille ?

Il avait les mots pour la faire sourire. Et quand il parla de ses fesses, Nevaeh se retenait de répliquer. Il n’avait qu’à regarder le corps de Juliann pour comprendre que la plus chanceuse des deux, c’était elle. « Les tiennes non plus, ne sont pas mal », plaisantait la brune en lui jetant un regard alors qu’elle marchait vers sa chambre. Il n’y avait pas que ses fesses qu’elle aimait, tout son corps était une source de désir pour Nevaeh. Et il lui semblait qu’il ne le réalisait pas encore pleinement.

Quand la brune réapparut devant lui, cette fois couverte de son peignoir, ce fut avec les bras chargés. Tout ce qui lui manquait, c’était le gâteau qui refroidissait sur le plan de travail, qu’ils auraient la chance de manger peut-être devant ses photos de voyage ou dans le lit, blotti l’un contre l’autre, après une seconde round de retrouvailles. Ce ne fut qu’une fois débarrassée des mains qu’elle offrit à Juliann à nouveau une vue incomparable sur son corps qu’elle ne lui offrait qu’à lui, venant le rejoindre dans la baignoire. Alors que les doigts de son amant caressaient la peau bronzée par le soleil africain de l’Australienne, elle formait de petits ronds dans l’eau légèrement moussante, écoutant sa question pleine d’inquiétude. Prenait-elle la contraception? Tout à coup, elle de sentit coupable de ne pas être de celles qui se montraient assidue. « Oui, sans doute... », répondait-elle en remontant des caresses sur les jambes de Juliann avant de poser à son tour une question pleine d’inquiétude. Yeux fermés, comme si ainsi elle était loin de lui, au travers d’un mur, et non pas forcé à le regarder alors qu’elle lui avouait, qu’elle, de son côté, elle n’avait vu personne d’autre de cette façon là. Elle aurait pu mentir, lui faire croire qu’elle avait continué de rencontrer des gens, qu’elle se plaisait à se laisser aller dans les bras de d’autres, elle qui se doutait que de son côté, Juliann profitait de son célibat, mais elle avait choisi la carte de l’honnêteté. Je ne sais pas, avait-il répondu d’abord. La brune pinça les lèvres. Le savoir et l’entendre, c’était deux choses complètement différente. Mais jamais elle ne pourrait lui en vouloir, ce n’était pas ce qu’ils s’étaient promis, justement. Pas beaucoup, avait-il repris comme s’il fallait limiter les dégâts. Et une chance que Nevaeh était dos à lui, sans quoi elle n’aurait pu contrôler son visage qui se décomposait. Ainsi, yeux fermés, elle se concentrait sur le son de la voix de Juliann, et non pas sur son visage qui aurait pu afficher tout ce qu’elle pensait. « Oui, je l’étais aussi, impatiente de te retrouver », répondit-elle sans adresser l’aveu qu’il venait de lui faire, alors qu’elle lui avait confié qu’il était le seul. Au fond, c’était leur faute à tous les deux. Elle aurait très bien pu les arrêter. Mais elle aussi, elle avait été prise par le moment. Ses doigts avaient arrêté leurs course alors qu’il osa demander si elle le pensait si peu prudent. Nevaeh ouvrit alors les yeux, fronçant les sourcils, se retournant pour le regarder. « N’ai-je pas tous les droits du monde de te poser la question? », demandait-elle, confuse par la réaction de Juliann. Coucher avec quelqu’un pour la première fois sans protection, c’était comme de coucher avec toutes ses anciennes relation aussi. N’était-ce pas une bonne raison pour poser la question? Ce n’était pas question de lui faire du mal, mais plus de savoir à quoi s’en tenir. « Il ne suffit que d’un seul égarement pour causer un malheur... », lui rappelait-elle, remontant ses jambes contre sa poitrine, maintenant face à lui. Cela lui faisait toute fois plaisir d’apprendre qu’elle était la seule avec qui il avait été tellement enivré qu’il avait oublié de se protéger... aussi bizarrement que ça pouvait sonner. C’était comme si elle entendait par-là, qu’avec elle, le but de leurs ébats était différent.

La prochaine question de son amant lui fit regretter de s’être tourné face à lui. Elle baissa les yeux sur ses orteils vernis, rassemblant tous les mots qu’elle avait besoin pour y répondre. « C’est parce que tu me suffis », répondit-elle d’une toute petite voix. Elle aurait pu flirter, continuer à engendrer des discussions, rencontrer des mecs dans des bars, mais ça ne l’intéressait pas. Elle ne pensait même pas qu’à son inscription sur BBT, elle aurait fait un match, aurait rencontré quelqu’un. Ce n’était pas ce qu’elle cherchait à ce moment-là. Il fallait rappeler qu’elle s’y était inscrite parce qu’elle s’y était fait obliger par ses copines, au départ. « Je n’ai pas envie de coucher avec d’autres... », reprit la brune en levant les yeux vers Juliann. « Mais je ne dis pas que ma façon de faire est la seule. » Elle s’efforçait de sourire à Juliann, alors qu’ils venaient de se prouver leur différence. « Je ne t’empêcherai pas de continuer à rencontrer des gens, si c’est ce que tu penses.. » Il avait été clair avec elle, Juliann tenait encore à sa liberté. Elle espérait seulement qu’elle aurait toujours la première place, quand il se mettrait à penser à ses conquêtes. Qu’elle serait toujours la première à se frayer un chemin dans sa tête. Et devant cet espoir, Nevaeh devait avouer qu’elle était perdue. Si elle était le centre de ses désirs, pourquoi avoir besoin de d’autres pour les assouvir. Visiblement, elle n’y comprendrait jamais rien, aux relations interpersonnels.

Tu ris alors que Nevaeh te retourne le compliment quant à tes fesses, mais ne répond pas, trop occupé à détailler du regard son corps qui s'éloigne déjà de toi. C'est peut-être ridicule, bête à dire, mais à peine a-t-elle quitté la pièce que la journaliste te manque déjà. Vous venez à peine de vous retrouver alors tu as besoin de continuer à sentir sa présence, à serrer son corps contre le tien. Ces foutues deux semaines ont été bien trop longues, vous n'imaginiez pas que ce serait si difficile lorsque Nevaeh est partie pour l'Afrique. A présent, tu sais qu'à chacun de ses voyages, le manque va s'installer jusqu'à devenir insupportable. Le seul avantage là-dedans c'est que vous aurez à chaque fois des retrouvailles explosives et à la hauteur de vos attentes. Au moins, entre vous, il n'y aura aucune place pour l'ennui. Mais pour l'heure, l'Australienne est bel et bien encore là, en chair et en os, de quoi vous offrir de nombreux moments comme celui-ci entre sexe et discussions. Lorsqu'elle te rejoint dans la salle-de-bains, tu te délectes du spectacle, te mordillant la lèvre en voyant son corps nu te rejoindre dans la baignoire. Lui faisant un peu de place, tu l'accueilles contre ton torse, vos mains partant naturellement à la recherche du corps de l'autre à travers diverses caresses. Après quelques secondes, tu ne peux pas t'empêcher de faire allusion à cette distraction dont vous avez fait preuve tous les deux et si ça devrait être tout ce qui t'inquiète, ce n'est pas le cas. Tu es bien plus inquiet par la tournure que pourrait prendre votre conversation. Et voyant l'air de Nevaeh, au moment où elle se retourne vers toi, sourcils froncés, tu comprends que tu as tapé dans le mille. Tu as manqué une occasion de te taire, il faut croire. « Si, bien sûr que tu en as le droit. Mais jusqu'ici, j'ai toujours fait attention à ce qu'on soit protégés et ça a toujours été le cas dans ma vie. J'veux pas que tu penses que je suis négligent. » Te défends-tu en haussant les épaules. Tu es quelqu'un de très prudent dans la vie de part ton métier et ton tempérament. La seule ombre au tableau reste la drogue mais ça, tu préfères ne pas en parler par peur de céder à nouveau à la tentation rien qu'en évoquant ton addiction. « Tu as raison. Je ferai encore plus attention la prochaine fois qu'on fera l'amour. » Affirmes-tu. Même si tu dois bien l'avouer, les sensations ont été décuplées alors qu'il n'y avait rien pour entraver le chemin entre vos deux peaux, entre vos deux sexes. Le préservatif n'est rien à côté de cette douce sensation lorsque vous n'avez aucune protection pour faire barrage. Mais tu sais qu'il est plus prudent d'en utiliser surtout si Nevaeh n'est pas très régulière par rapport à sa pilule et que de ton côté, tu côtoies encore d'autres personnes. D'ailleurs, en parlant de cela, la journaliste ne fait aucun commentaire sur tes "fréquentations" et c'est bien ce qui t'inquiète. Tu n'es pas certain qu'elle ait bien pris ton aveu même si elle ne le montre pas. Ou du moins, jusqu'à ce que tu lui demandes la raison qui fait qu'elle ne voit pas d'autres personnes. Là, elle se montre plus vulnérable face à ta question et tu es partagé entre deux sentiments. D'un côté, tu t'en veux de lui faire de la peine avec une question que tu pensais anodine et d'un autre, tu es heureux de voir qu'elle s'ouvre davantage à toi en te laissant apercevoir ses moments de faiblesse. « Ce n'est pas parce que je vois d'autres personnes que tu ne me suffis pas... » Dis-tu en attrapant son menton pour qu'elle te regarde et lise la sincérité dans ton regard. « Au contraire, tu me suffis bien plus que quiconque. C'est tellement plus beau, plus fort, ce que l'on partage tous les deux. » Tu ne veux pas qu'elle pense qu'elle ne compte pas, que tu ne la prends que pour du sexe. Alors que c'est tout l'opposé. Tu sens bien en voyant son sourire qu'elle s'efforce de rester forte devant toi mais que son coeur est peiné par tes paroles. Encore une fois, tu ne te rends pas toujours compte de ce que tu peux dire et ce n'est qu'après que tu regrettes. « Ce n'est pas ce que je crois... J'ai un peu de mal avec la notion d'exclusivité parce que je sors d'une relation de plus de deux ans où on était libres. Bon on s'était mis quelques limites mais très peu en comparaison à une relation "normale". Alors j'ai un peu perdu la main... Je suis désolé si je t'ai blessé, Nev. J'aurais pas dû dire ça. » Réponds-tu en posant des yeux inquiets sur la brune.

Nevaeh aurait voulu ressentir les doigts de Juliann sur sa peau toute la soirée, allongée contre lui, la chaleur de l'eau qui les enveloppait mélangé à l'odeur de la bougie qu'elle avait allumée, douce sensation d'être bien, tout simplement bien, après avoir fait l'amour comme si leur vie en dépendait. Ça aurait pu s'arrêter là, s'arrêter sur une idylle de fin de soirée, tous les deux très heureux et apaisés d'être ensemble à nouveau, réunis, sans que la distance ne soit un obstacle. Et pourtant, leur bain prenait une drôle de tournure. Juliann adressait l'éléphant dans la pièce, cet oubli qui le concernait tout autant qu'elle, de nos jours le préservatif n'était pas que la responsabilité des hommes et Nevaeh n'avait aucune excuse puisqu'elle en avait elle aussi en sa possession.

Pour Nevaeh, sa question était légitime. Ce n'était pas question de faire la liste exhaustive des conquêtes de son amant, de comparer qui avait eu le plus de coups dans l'année ou de se faire mutuellement du mal. Non, se faire mal, elle l'avait déjà assez fait avec leur première discussion houleuse. Ce qu'elle voulait savoir, c'est où était le risque de cet oubli. Juliann sembla pourtant croire que la brune l'accusait d'être insouciant alors qu'en aucun cas ces mots ne lui étaient sortis de la bouche. « Ce n'est pas ce que j'ai dit », répéta Nevaeh, le regardant dans les yeux pour qu'il y lise sa sincérité. « Mais si ça nous ait arrivé d'oublier, c'est que ça peut t'arriver aussi avec quelqu'un d'autre. » Et puis, avec toute honnêteté, elle doutait bien qu'avec Pippa, ils s'étaient protégés. Évidemment, ça, elle ne le mentionna pas. Ils avaient assez évoqué la blonde pour ce soir. « Oui, c'est mieux », répondit la brune presque à contrecœur. Et pourquoi donc? Pourtant, elle venait de lui faire comprendre qu'une erreur était vite arrivée et qu'ils pourraient en payer les conséquences. Peut-être que d'avoir goûter à son membre découvert, peut-être que d'avoir ressenti sa verge en elle sans aucune barrière, peut-être que d'avoir senti son plaisir décuplé bien plus qu'à l'habitude contribuaient à sa déception. Mais c'était mieux de cette façon, mieux pour eux deux, puisqu'il lui arrivait d'oublier sa contraception et qu'il lui arrivait de coucher avec d'autres personnes.

Ces autres, elle n'en fit pas de cas. Peut-être que d'autres filles se seraient mises à faire une scène, à montrer leur peine de façon bien vocale. Mais pas Nevaeh. Tout se passait à l'intérieur d'elle. Parce qu'elle n'avait aucun droit de lui faire une scène, pas après la conversation qu'ils venaient d'avoir. Il n'était pas prêt pour une relation traditionnelle, elle l'avait bien entendu. Et si de son côté elle n'avait eu besoin des autres pour se satisfaire, elle ne pouvait l'imposer à Juliann. Ils étaient libres, ce n'était pas lui qui lui avait demandé de se restreinte. Et dans la tête de la brune, il n'était pas même une question de restriction. Ça s'était fait, naturellement, alors qu'il avait commencé à lui plaire de plus en plus, ça avait été d'une évidence pour elle que tous les autres n'avaient plus aucun intérêt. Sur son visage, on lisait sa faiblesse dévoilée, déçue d'elle, alors qu'elle regardait le rouge de ses pieds maintenant recroquevillée sur elle-même. Face à lui, elle ne le regardait pas. Ce fut Juliann qui lui remonta le menton, cherchant son regard. Les mots du pompier étaient beaux. Avec elle, c'était plus beau, plus fort, ce qu'ils partageaient. Mais ce n'était pas tout, ça ne faisait pas tout. Et elle qui avait du mal à comprendre ce genre de relation était perdue entre son émoi et le sentiment de n'être pas assez. Comment pouvait-elle lui suffire si il avait aussi envie de voir autre chose? Elle ne jugeait pas, mais elle comprenait difficilement. Et, surtout, elle se trouvait stupide d'avoir avoué cette carte-là. Pourquoi n'avait-elle pas joué la fille détachée? Elle hochait la tête, signe qu'elle avait compris ses mots. Ou du moins qu'elle les avait assimilés. « C'est pas ce que je voulais dire », reprenait-elle. « Je parlais pour moi. Je ne veux pas insinuer que pour toi, c'était synonyme que je n'étais pas suffisante... C'est juste que moi, je suis plutôt habituée à un homme à la fois », complétait-elle son idée alors que lui il lui faisait part de sa vision des relations brouillée par sa relation passée. « Non, Juliann. Ne sois pas désolé. C'est toi, c'est ta vision des choses, c'est ton opinion, je n'ai pas à me mettre entre tous ça », s'imposa Nevaeh, contenant ses émotions pour ne lui montrer que sa force et sa résilience. « On ne s'est pas promis exclusivité, on ne s'est pas promis d'être une relation normale... On s'est juste promis de se faire du bien, mutuellement. » Et c'est ce qu'ils se faisaient, par le sexe, oui, mais aussi par les moments de tendresse qu'ils partageaient. Et elle, elle n'avait aucun droit d'être blessée sous prétexte qu'elle prenait conscience de leur différence. « Alors je n'ai ni le droit d'être blessée, agacée ou jalouse parce que tu fréquentes d'autres personnes. » Il avait été clair, jamais Juliann ne lui avait fait de fausse promesse. Un jour, seulement, il faudra faire des choix. Elle ou sa liberté. Mais pas maintenant. Pas aujourd'hui. « Vis ta vie, Juliann. J'aime te voir épanoui, heureux, libre... », fit-elle en souriant avant d'ajouter : « J'suis désolée d'avoir gâché nos retrouvailles... Je suis maladroite... Surtout quand il est question de toi, je dois l'avouer. »

C'est un peu surréaliste quand on y pense, de vous voir débattre de ta faculté à penser, ou non, à mettre un préservatif avant de coucher avec quelqu'un. Tu n'oublies jamais, d'habitude. Jamais. Les seules fois où tu t'es passé de préservatif c'est parce que tu avais un partenaire régulier comme ça a été le cas avec Pippa ou Alejandro. Et encore, avec ce dernier, il vous arrivait de mettre des préservatifs puisque vous aviez une relation libre. « Non, Nev, j'me rappelle pas avoir déjà oublié de mettre un préservatif avec quelqu'un. Sauf quand j'étais en couple mais ce n'était pas un oubli, plutôt un choix. » Affirmes-tu sans une once d'hésitation dans la voix. Maintenant que vous avez goûté à l'acte sans protection, cela va être compliqué de revenir en arrière. Mais c'est prendre des risques inutiles et tu ne voudrais pas refiler quelque chose à la journaliste ou inversement. Et tu ne veux pas non plus qu'elle tombe enceinte, cela foutrait un beau bordel dans vos vies. Ce n'est pas pour autant que tu refuses d'avoir des enfants un jour mais pas maintenant. Et pas dans ces conditions. Mais là n'est pas la question, pour l'heure, tu es trop occupé à tout foutre en l'air avec des paroles irréfléchies. Parfois, ou plutôt souvent, tu ne mesures par la portée de tes mots et cela te porte souvent préjudice. Tu devrais apprendre à réfléchir avant de parler mais tu es bien trop impulsif pour pouvoir mettre en place un filtre. « Il y a plus de monde qui partage ta vision que la mienne, tu sais ? » Dis-tu quand Nevaeh semble croire que c'est normal d'avoir plusieurs partenaires. Mais dans le fond, qu'est-ce que la normalité ? Si chacun se sent bien dans sa façon de vivre, pourquoi vouloir faire une valeur universelle ? Toi, tu es persuadé que sur du long terme, tu ne voudrais pas non plus partager ton ou ta partenaire avec d'autres personnes. Mais là, tu as encore besoin d'une certaine liberté même si se mettre en couple ne veut pas dire être piégé pour autant. « Tu ne te mets entre rien du tout. » Coupes-tu la jeune femme pour chasser ces idées de sa tête. « Oui et du bien tu m'en fais vraiment beaucoup, à tous les niveaux. Et justement, pour ça, tu as le droit de me dire ce que tu penses, de me dire quand je vais trop loin ou que je merde. » Parce que vous devez être honnêtes l'un envers l'autre, encore une fois. Sans cela, vous finirez tous les deux blessés et éloignés l'un de l'autre. Et ce n'est pas ce que tu veux, bien au contraire. Tu souris du coin des lèvres en l'entendant te dire de vivre ta vie car elle aime te voir t'épanouir et être heureux. C'est ce que tu fais déjà mais c'est en partie grâce à elle si tu te sens aussi bien aujourd'hui. Et tu ne sais pas si Nevaeh en a conscience. « Moi aussi je veux que tu sois épanouie et heureuse. L'es-tu ? » Demandes-tu en sondant son regard pour y déceler la vérité. Elle t'a promis de te le dire si cette relation entre vous ne lui convenait plus mais le fera-t-elle réellement ? Tu ne sais pas. « Tu n'as rien gâché du tout, arrête. Même si des sujets plus touchy ont été abordés, cela ne veut pas dire que je ne passe pas une belle soirée en ta compagnie. Je suis toujours bien quand tu es dans les parages. » Affirmes-tu en caressant ses cheveux du bout des doigts. « Pourquoi surtout quand il s'agit de moi ? » Demandes-tu, curieux. Peut-être parce que tu la fais sortir de ses sentiers battus ? Et c'est ce que tu recherches dans le fond, qu'elle puisse s'épanouir avec toi et vivre une relation comme elle n'en a jamais eue auparavant.

« Ok. » Alors elle était la seule avec qui c'était arrivé, d'oublier. Et comment ça avait pu être possible? Qu'est-ce qui leur était passé par la tête? L'envie d'eux, le désir de se retrouver, ils l'avaient déjà ressentie, plus d'une fois. Certes, il n'avait jamais été aussi puissant qu'aujourd'hui, mais tout de même. Elle se rappelait de leur première fois, cette fois où l'envie avait été tellement forte qu'ils ne s'étaient même pas rendus à la randonnée qu'ils avaient prévu, le besoin d'eux trop pressant. Cette fois, pourtant, tout avait été fait dans les règles de l'art. Qu'est-ce qui avait manqué, ce soir? Est-ce que c'était leur complicité trop forte qui leur avait joué des tours? Ils n'auraient réponse à cette question, même s'ils ressassaient les événements. Ce sur quoi ils étaient d'accord, c'était le manque de l'autre qui les avait fait devenir impatient. Et c'était sans doute la seule réponse qu'ils obtiendraient à cette question rhétorique sans logique quelconque.

Ce n'était pas la faute de Juliann. Tous les deux, ils n'avaient pas le même passé. Si pour Nevaeh, la définition d'exclusivité rimait avec adultère, pour Juliann elle en était totalement différente. Il avait connu autre chose, avec Alejandro. Et évidemment, cette liberté à laquelle il s'était habitué, il n'était pas prêt à la perdre du jour au lendemain, même pour les beaux yeux de Nevaeh. Ce n'était pas contre elle, c'était seulement qu'il n'en était pas prêt. Que son coeur avait besoin d'encore un peu de temps pour trouver son chemin. Celui de Nevaeh n'était plus certain que lui, il n'avait pas réponse à tout. Il était aussi perdu que celui de Juliann. Seulement, elle, elle ne pas ressentait pas le besoin de voir d'autres hommes pour éclairer son coeur. Il était suffisant, à lui entier. « Ce n'est pas un concours », décréta Nevaeh alors qu'il supposait que la vision de la jeune femme était plus répandue. « Si c'est ce dont tu as besoin pour le moment, alors... Qui suis-je pour te dire que ça ne me plait pas? On est tous libre de vivre notre vie comme bon nous semble.. C'est pas ce qui est beau, justement, dans la vie, la différence? », souleva Nevaeh, avec sa grande preuve d'altruisme et d'ouverture. Ils ne partageaient pas la même opinion, d'accord, mais elle n'était pas en train de tenter de le convaincre de changer d'avis. Bien au contraire. S'il revenait sur ses convictions, c'était parce qu'il en aurait envie et pas parce qu'elle le lui avait fait faire. « C'est pas que tu vas trop loin ou que tu merdes, Juliann... », souffla la brune, se rappelant qu'ils s'étaient promis d'être honnête. « C'est juste qu'on ne pense pas de la même façon. Mais c'est pas pour autant que je dois t'imposer ma façon de penser », expliqua Nevaeh avant de prendre une pause pour bien choisir ses mots. « Ça serait de te mentir de dire que je ne ressens rien en apprenant qu'il t'arrive d'aller voir ailleurs... Mais j'peux rien y faire », avoua-t-elle avec sincérité. Il lui avait demandé vérité, elle le lui offrait. Même si ça voulait dire de se mettre à nu devant lui, de se montrer vulnérable et de risquer de le faire fuir. Il répondit à la prochaine réplique de la brune avec un sourire alors qu'elle l'invitait à continuer de vivre sa vie comme il le faisait, que c'était de ce Juliann-là qu'elle pourrait tomber amoureuse et non pas de celui qui s'efforçait d'entrer dans un moule qui ne lui conviendrait pas. « Quand t'es là, j'suis heureuse », fit-elle en souriant à son tour. N'était-ce pas tout de qui comptait, au fond, l'effet qu'il lui faisait quand ils n'étaient que tous les deux? Elle pourrait se torturer toutes les nuits qu'ils passaient séparés, se demandant s'il était dans les bras d'une autre personne qu'elle, mais au fond, ce qui était plus fort, c'était l'effet qu'il avait sur elle. Et visiblement, c'était l'effet qu'elle avait sur lui aussi. Juliann tendait la main vers la brune, caressant du bout des doigts ses cheveux qui cachaient l'auréole de son mamelon. « Parce que tu me fais perdre mes moyens... », avoua la brune timidement, s'avança vers lui pour venir embrasser les lèvres de son amant. Alors qu'elle s'était penchée vers l'avant, elle attrapa les coupes de vin et en servit une à Juliann. L'air de rien, reprenant place face à lui, regardant le liquide blanc doré du verre, elle lâcha : « N'empêche que ce sera vachement difficile de faire l'amour avec toi en mettant un préservatif à présent », fit-elle en souriant en coin. « C'était bon, de te sentir en moi comme ça.. Vraiment bon.. »

Vous n'aurez jamais la réponse à cette question, à cet oubli. C'est sans doute la passion du moment qui a pris le dessus, l'envie irrépressible de vous retrouver. Et il suffit parfois d'une seconde d'inattention pour tout faire basculer. Heureusement, cette distraction, aujourd'hui, ne devrait pas avoir trop de conséquences ni pour l'un ni pour l'autre. Mais à l'avenir vous devrez être plus prudents bien que tu sais d'avance que repasser à l'acte avec une contraception risque d'être plutôt compliqué. Ce ne sera pas la même chose mais jusqu'à aujourd'hui, vous avez toujours fonctionné avec un préservatif alors un retour en arrière est forcément possible. Ou du moins tu l'espères. Ce n'est pas un concours. Non, ça n'en est pas un mais tu sais pertinemment que ta vision des choses ne convient pas à tout le monde. Et que tout le monde ne peut pas la comprendre, Nevaeh y comprit. Tu vois bien que même si elle fait tous les efforts possibles, elle ne comprend pas comment ça fonctionne, quelle est la logique et les règles derrière tout ça. A ce niveau-là, vous avez simplement deux modes de vie complètement opposés. Heureusement, à côté, vous avez des tas de choses qui vous rassemblent. « Oui, chacun a droit à sa liberté mais chacun a ses propres limites aussi. » Et tu veux que la journaliste soit en mesure de te le dire, quand ses limites seront atteintes. Les mots de la brune résonnent dans ta tête c'est pas pour autant que je dois t'imposer ma façon de penser. Est-ce que c'est ce que tu es en train de faire, involontairement et inconsciemment ? Est-ce que tu lui imposes un mode de vie qui ne lui convient pas ? Tu ne peux pas t'empêcher de te demander si Nevaeh aurait accepté un deal comme le votre avec un autre homme que toi. Est-ce qu'elle aurait accepté de lui laisser autant de liberté, au point d'être blessée ? « Je me rends compte que, malgré moi, je t'impose peut-être mon mode de vie. Si ça n'avait pas été moi, mais un autre gars, aurais-tu accepté de vivre une relation comme celle qu'on vit, aujourd'hui ? » Demandes-tu en sentant déjà une certaine appréhension monter en toi. Sa réponse peut bousculer plein de choses dans votre relation mais tu as besoin qu'elle soit honnête, une fois de plus. Tu as besoin de savoir si ta façon de vivre la contraint à accepter des choses qu'elle n'aurait pas voulues en temps normal. Et ce n'est pas ce que tu veux. Toi, tu aimerais que chacun puisse se retrouver dans cette relation. Que chacun puisse s'y sentir bien. Et être heureux. Nevaeh t'avoue que lorsque tu es là, elle se sent heureuse. Mais alors, que se passe-t-il quand tu n'es pas là ? « J'aime te rendre heureuse, te voir sourire, rien que pour moi. Mais j'aimerais que ce soit valable tout le temps. » Dis-tu en baissant quelques secondes les yeux. Force est de constater que tu ne la rends pas heureuse à cent pour cent. Pour l'heure, en tout cas, tu décides de laisser cela de côté, te promettant de réfléchir à tout ça demain, une fois rentré chez toi. Tu arques un sourcil quand Nevaeh avoue que tu lui fais perdre ses moyens, capturant ses lèvres un peu plus longtemps quand elle vient t'embrasser. « Ah bon ? » Demandes-tu innocemment, un sourire au coin des lèvres. Cela prouve que tu ne la laisses pas indifférente mais ça, tu l'avais bien compris. Et cela tombe bien car elle ne te laisse pas du tout indifférent, toi non plus. Buvant une première gorgée de ton vin, tu t'arrêtes pour détailler la journaliste des yeux en entendant ses mots. En quelques paroles à peine, elle ravive immédiatement la flamme endormie dans ton bas ventre. « M'en parle pas... » Soupires-tu en ayant l'impression de ressentir encore cette sensation dans tout ton corps. « Mais j'crois qu'on n'a pas le choix, il va falloir qu'on refasse appel à notre vieil ami. » Et même si l'idée de remettre un préservatif ne t'enchante pas, comme tu le soulignes, vous n'avez pas vraiment le choix. Sauf si, dans le feu de l'action, votre mémoire vous fait encore défaut. « J'ai aimé te sentir tout autour de moi... » Murmures-tu en te rapprochant de la brune pour effleurer ses lèvres, venant mordiller celle du bas. Tu sens déjà la tension grimper en flèches entre vous et peut-être que tu pourras la prendre dans cette baignoire après. Car pour l'heure, tu as d'autres idées en tête. « Est-ce que tu vas me raconter ton voyage, maintenant ? » Demandes-tu en reprenant ta position initiale, un sourire amusé aux lèvres.

Limites. Pour la brune, elles avaient toujours été claires. Ou du moins, c'est ce qu'elle pensait. Dans ses relations, elle ne demandait pas le ciel. Elle n'était pas de celles qui exigeaient que l'on lui décroche la lune, que l'on nomme une étoile d'après son nom et qu'on la couvre d'attention. En couple, elle était plutôt simple à satisfaire. Tout ce qu'elle avait toujours voulu, Nevaeh, c'était du respect. Et ça passait par la fidélité. Peut-être qu'elle aurait dû le dire avec des mots, avant chaque relation. Peut-être que ça lui aurait évité de se faire tromper, trahir, humilier, chaque fois. Avec Juliann, les limites n'étaient pas définies. La seule chose qu'ils s'accordaient, c’était de se faire du bien, mutuellement. Le reste, il n'y avait pas de règles claires. Si elle avait choisi de se conforter dans la seule chose qu'elle connaissait, l'exclusivité, lui se laissait border par ce qu'il connaissait, l'âme libre, l'âme volage. Elle comprenait bien, Nevaeh, qu'il reviendrait toujours vers elle, même s'il se perdait dans les bras d'un ou d'une autre. Elle le comprenait. Elle l'entendait. Mais est-ce qu'elle trouvait cela logique? Pas du tout. Néanmoins, entre son opinion et celle de Juliann, il n'y en avait pas une meilleure que l'autre. Il fallait seulement trouver un terrain d'entente. La question du pompier semblait piégée. Nevaeh prit un moment pour réfléchir. Mais avec toute la sincérité qu'elle avait et tout le respect qu'elle lui portait, elle parla avec son coeur. « La vérité... Non », fit-elle en sondant le regard de Juliann pour tenter de voir si sa réponse ne le faisait pas fuir. « Mais attention, tu ne m'imposes rien. Si, vraiment, je ne le voulais pas... Tu ne serais toujours pas ici ce soir », tenta-t-elle de le rassurer en souriant. « Seulement, oui, si ça n'avait pas été pour toi, je n'aurais pas accepté ce genre d'entente. C'est parce que c'est toi, que tu me plais, que je comprends que tu as besoin de temps et que je suis prête à essayer. Je ne te dis pas que je l'accepterai toute ma vie... Mais pour le moment, je peux essayer, pour toi, pour nous. Parce que je ne suis pas prête à te perdre. » Elle tenterait, du mieux qu'elle le pouvait, de respecter les demandes de Juliann, de ne pas le restreindre. « Et tu sais, mes anciennes relations ont échoué.. Ce n'est peut-être pas plus mal de tenter quelque chose de différent... », gloussait-elle, toujours en train de trouver le positif d'une situation plutôt que ce qui était plus difficile. Au fond, ce qu'elle voulait réellement, c'était qu'il soit heureux. Heureux et épanoui. Et ça venait avec sa liberté. Si Juliann changeait d'idée, ce serait parce qu'il en aurait décidé ainsi. Non pas parce que la brune lui aurait imposé son mode de vie. « Mais rassure-toi, je suis heureuse à d'autres moments, aussi », fit-elle pour détendre l'atmosphère. Oui, il lui arriverait à présent de penser à ce que Juliann pouvait bien faire, avec qui il était, mais ce n'était pas tout. « Je suis bien avec toi, quand je voyage, quand je surfe, quand je cuisine, quand je passe du temps avec ma famille... Tu vois, il y a plein de choses qui me rendent heureuse. Et, au sommet de la liste, y'a un pompier. » Elle rattrapait le coup, trouvant qu'ils avaient assez mis l'accent sur ce qui n'allait pas.

L'heure était aux plus belles discussions. Ou presque. Nevaeh avoua à son amant qu'il lui faisait perdre les moyens. Ne le savait-il pas déjà? Son sourire en coin démontre de sa moquerie. « Oh, fais pas comme si tu ne le savais pas... », dit-elle avant de rire et de s'avancer vers lui pour sceller les sujets sensibles d'un doux baiser qui voulait dire oublions ça, tu veux? Ce soir, c'était eux et rien d'autre. Il n'y avait pas d'ombres au tableau, pas d'autres conquêtes. Ils étaient que tous les deux. La brune s'était étirée pour attraper le vin, puis une fois assise dans la baignoire, elle contemplait le liquide de sa coupe, osant avouer que les sensations qu'il lui avait procurées aujourd'hui la hanteraient. Maintenant, il serait difficile de revenir vers l'arrière. Ils ne feraient, ils n'en avaient pas vraiment le choix, mais ils le feraient sans doute à contre-coeur. « Oui, pour le moment c'est plus sage », aquiesça-t-elle alors qu'il confirmait ses pensées. Ils ne pourraient plus en mettre... S'ils étaient exclusifs et que Nevaeh faisait un effort pour prendre sa contraception comme une vraie adulte. Et s'ils étaient exclusifs. Et s'ils étaient exclusifs... Juliann s'approchait d'elle, ses lèvres venaient frôler les siennes. Elle souriait, visage rosé par l'effet qu'il avait sur elle. « Moi aussi... J'ai aimé sentir ta chaleur... », lâcha-t-elle avant qu'il ne vienne mordiller sa lèvre. Elle aurait voulu l'embrasser à nouveau, le chevaucher et lui faire l'amour, encore, toujours... sans préservatif. Mais elle se ravisa, le laissant revenir à sa place. Un jour, peut-être. « Est-ce que tu vas me faire l'amour? », répondit-elle avec le même ton que l'homme, joueuse. « Quand je suis arrivée, il faisait beau. J'ai pas perdu de temps, j'ai fait la rencontre d'un homme, gardien dans un parc où on pouvait faire un safari. J'ai vu des éléphants, je te montrerai les photos, tu n'en croiras pas tes yeux.... » Et elle commença ainsi le récit de ses deux semaines.

C'est vrai que vous n'aviez pas vraiment posé de limites ou de règles dans cette relation parce qu'au départ vous ne saviez pas où tout ça allait vous mener. Au départ, vous ne faisiez que discuter majoritairement par sms, du moins si on met de côté ce baiser au café-céramique. Vous ne pensiez probablement pas que cette histoire allait vous mener à quelque chose d'aussi fort, comme c'est le cas aujourd'hui. Alors, vous vous êtes laissés porter en n'établissant aucunes bases précises, si ce n'est de se rendre mutuellement heureux et de se faire du bien. Mais du coup, aujourd'hui, tu en viens à te demander si tu n'as pas imposé ton mode de vie à Nevaeh sans te soucier de ce qu'elle désirait réellement elle. D'où ta question. Et si d'un côté tu es soulagé qu'elle soit sincère, d'un autre, tu te rends compte que tu n'as pas été aussi clean que tu l'imaginais. « Merci d'avoir été honnête. » Dis-tu dans un premier temps, pour lui faire savoir que ça te touche. « Je ne compte pas rester dans cette situation toute ma vie. Je crois que d'ici quelques mois, si on continue à se voir comme on le fait, j'aurais vraiment du mal à concevoir que d'autres hommes puissent te toucher. Alors tout ce que j'te demande c'est quelques semaines, peut-être quelques mois, le temps de faire du tri dans ma tête et d'être à cent pour cent prêt à m'investir. » Mais ce dont tu n'as pas encore conscience, c'est que l'idée qu'un autre homme touche Nevaeh, couche avec elle, l'embrasse, est déjà insupportable. « Et moi non plus, je ne veux pas te perdre. » Ajoutes-tu en lui souriant sincèrement. Quand elle ajoute que ses anciennes relations ont foiré et que c'est peut-être le signe qu'elle doit essayer quelque chose de nouveau, tu joins ton rire au sien. Non pas pour te moquer mais parce qu'à tes yeux, si ses anciennes relations ont foiré c'est à cause des connards sur qui elle est tombée. « Ah bon, un pompier ? Je le connais peut-être...  » La taquines-tu quand elle t'énumère la liste des choses qui la rendent heureuse. Tu es soulagé de voir qu'en dehors de toi, la journaliste éprouve du plaisir même dans les choses les plus simples de la vie. La vie est trop courte pour la gâcher après tout, et pour manquer sa vraie valeur. Après une discussion lourde de sens, l'atmosphère devient un peu plus légère et tu sens tout ton corps se détendre. Comme s'il était soulagé que les choses aient pu être dites sans que tout parte en cacahuète. C'est une des choses que tu aimes chez Nevaeh, de pouvoir discuter de tout et de rien en restant calme. « Mmmm je m'en doutais un peu mais c'est toujours plaisant à entendre. » Dis-tu avec un sourire malicieux aux lèvres en haussant les épaules. Même si tu ne perds pas tous tes moyens face à la jeune femme, elle a quand même un effet positif sur toi. Avec elle, tu te sens plus serein, tout te semble plus simple. Avec elle, tu te sens apprécié à ta juste valeur et tu n'as pas besoin de faire semblant d'être quelqu'un d'autre. Avec elle tu es toi, et c'est tout ce qui compte. Tu ne reviens plus sur le sujet du préservatif, de peur d'y penser constamment et d'avoir envie d'oublier de le mettre la prochaine fois. Il est préférable que vous ne parliez plus de cette douce sensation que vous avez ressenti si vous désirez éviter toute conséquence. Alors, après l'avoir un peu chauffée, tu prends un air innocent, lui demandant de te raconter son voyage. « Oui, je vais te faire l'amour... Après. Quand tu m'auras tout raconté et qu'on ne pourra plus attendre avant de se retrouver... » Murmures-tu en lui souriant lascivement. Puis, alors que la journaliste te fait le récit de son voyage, tu te concentres sur ce qu'elle t'explique, déviant de temps à autre sur sa bouche qui t'obsède.

Fin du sujet