I try to understand how we're here again, in the middle of the storm (belmo)

Une chance qu'il s'était arrêté là et qu'il n'avait pas laissé ses yeux tourner vers le ciel - et qu'il ne l'avait pas comparé à sa mère, aussi... On ne comparait jamais sa petite copine à sa mère, ça n'était jamais très flatteur, aussi merveilleuse que sa mère pouvait être - parce qu'elle aurait sans doute démarré au quart de tour. Déjà, la conversation était irritante. Et le ton qu'ils avaient tous les deux aussi. Bella tentait de se montrer adulte, mature, de régler leur dispute du mieux qu'elle le pouvait pour éviter qu'elle ne ressorte pendant un prochain argument, mais Elmo se montrait réfractaire. Son ton si peu ouvert à la discussion fit écorcher un soupir à la brune. « Excuse-moi d'avoir besoin de boucler la boucle », fit-elle en secouant la tête avec déception. « Laisse tomber. Ça ne sert à rien d'avoir une discussion avec un mur. » Si elle voulait parler toute seule, elle le ferait devant la glace des toilettes. Cette réflexion solitaire, elle se l'était déjà fait. Ce n'était pas la peine de l'avoir à nouveau. C'était avec Elmo qu'elle voulait parler, avec un Elmo prêt à mettre une fin définitive sur ce malentendu. Mais ça, il n'en était pas prêt. Et devant la glace qu'il était, Bella préférait reculer. Ça ne servait à rien, ça ne menait à rien, c'était une perte de temps et d'énergie.

Et comme s'il ne pouvait pas faire perdre les gonds de la Costaricaine plus que ça, Elmo enfonçant le clou en parlant de son orgueil masculin heurté et du temps d'attente qu'il avait infligée à sa petite copine. Pas juste pour ça, spécifiait-il alors que Bella s'indignait qu'il avait été question de fierté plutôt que de réellement réfléchir à eux. Il lui assurait pourtant qu'il avait réfléchi. Oui, sans doute qu'il l'avait fait. Mais après sa réflexion, la fierté avait pris le dessus et l'avait fait agir comme un con, alors que Bella, elle, attendait gentiment qu'il lui donne signe de vie. Et là, elle se sentait réellement prise pour une conne. Il marquait un point, Elmo, là, c'était pire que la dernière fois. Même Bella ne savait pas comment rattraper le coup. Elle hocha tristement la tête, signe qu'elle était d'accord avec lui. Elmo tentait une approche, caressant le côté du corps de la jeune femme. D'ordinaire, cette attention lui aurait fait l'effet escompté. Et elle se serait laissé aller aux avances d'Elmo. La réconciliation par le sexe, ça les réussissait plutôt bien, en temps normal. Mais cette fois, elle ne voulait pas flancher. Pas aussi facilement. Pourquoi, d'ailleurs? Parce qu'elle ne faisait rien simplement... Sans doute. « Alors, ça marche comme ça... Je te blesse, tu me blesses en retour? », demandait Bella, sérieuse. Elle relâcha les bras, les laissant tomber le long de son corps, sur ses jambes repliées en tailleur. Il avait pourtant raison, pourquoi se compliquaient-ils la vie pour une histoire aussi ridicule? « J'sais pas... Tu m'as fait attendre un mois, je pourrais peut-être te faire attendre un mois aussi pour faire l'amour? » Mais ils savaient, tous les deux, que c'était impossible... Un mois, ça avait déjà été assez long comme ça, pour eux qui avaient une moyenne de deux jours de pause, au maximum.

Il aurait dû se douter qu’en employant ce ton de voix, cette réticence évidente à la discussion, Bella déciderait à son tour d’y mettre un terme. Parler à un mur, ça ne servait pas à grand-chose, effectivement. Elle lui disait de laisser tomber mais lui, malgré ce qu’il venait tout juste de lui donner comme attitude, l’encourageait à continuer, non pas sans une pointe d’irritabilité. « Non mais tu veux qu’on boucle la boucle, on va la boucler la boucle ! » Lui qui deux minutes plus tôt aurait tout donné pour ne pas avoir à reparler de Viktor et de leur petite nuit, à Bella et lui, voilà qu’il était celui à insister. Mais il était de mauvaise foi. C’est qu’il savait qu’il était dans le tort de ne pas vouloir revenir sur le sujet, et il ne voulait pas que Bella lui donne ce qu’il voulait pour mieux revenir contre lui plus tard. Il préférait que cette balle-là, elle soit dans son camp. C’était con, ça ne devrait pas fonctionner ainsi, une relation. À prévoir d’avance les attaques et les répliques de l’autre et se garder des munitions pour se défendre. Ils s’aimaient, Bella et Elmo, ne pouvaient-ils pas s’en tenir à cela sans continuellement penser au pire ? Sans se faire la guerre ? Ce qui devait être une réconciliation était un pire moment encore que la journée ayant marqué leur pause d’un mois. Si les excuses et les pardons devenaient aussi difficiles que les querelles, où est-ce qu’ils s’en allaient ? Bella acquiesça tristement. Cette rencontre de ce soir semblait vouée à l’échec, elle aussi. Elmo espérait juste que ça ne signait pas le destin de leur couple, qui n’en était pas encore à l’échec et mat, selon lui. Dans un mince élan d’espoir sans doute, l’italien s’était approché de la brune pour que leurs corps donnent raison à l’amour, puisque leurs cœurs étaient trop enorgueillis pour ça. « Non, c’est pas comme ça que ça marche … Enfin, ça devrait pas. Mais c’est vrai que c’est un peu comme ça qu’on fonctionne toi et moi non ? Même si c’est pas correct … » Dit Elmo dans un soupir. Clairement, ils avaient du travail et du chemin à faire en tant que couple. Mais s’ils refermaient tout de suite les barrières sans même essayer, c’était lâche. L’ancien étudiant reprit cependant sa position initiale, assis sur les fesses, une jambe relevée et l’autre repliée en-dessous. Bella ne flanchait pas. Elle le menaça d’une énième grève de sexe. Il haussa les sourcils, soupira, et la regarda tristement. « Tu vois. Je te blesse, tu me blesses. C’est plus fort que nous de réagir comme ça. » Il regarda les cartons remplis de nourriture qui perdait de leur chaleur. « Bon ben on va manger en silence, alors … » Ou plutôt, lui allait se bourrer la face sans rien dire, fixé par une Bella en plein malaise, sans doute. Il attrapa ses baguettes, ouvrit le petit boîtier de pad thaï, et mangea en ne fixant que les nouilles, les légumes et les tranches de bœuf.

Bah oui, face à un mur Bella s’était fermée à son tour. A quoi bon? Le but, ce n’était pas d’avoir cette discussion toute seule mais de l’avoir à deux, d’avancer dans cedit couple qu’il voulait tant préserver. Mais Elmo donnait à la Costaricaine l’impression que ses paroles et ses actions n’allaient pas ensemble. Il se ravisa, demandant à ce qu’ils en parlent. Mais son ton irrité, lui, ne montrait pas son ouverture. « Tu veux que je te dise quoi, Elmo? T’as zéro envie de la boucler, la boucle. Toi, tu veux mettre ça aux oubliettes et faire comme si on vivait dans un monde d’arc-en-ciels et de licornes. Alors, ouais, on va faire comme tu veux, on va pas parler de Viktor parce que finalement tu sais quoi, tu gagnes toujours, t’as toujours ce que tu veux et j’finis toujours par céder. » La dernière phrase, elle était gratuite, oui. Et blessante. Mais il l’avait mis hors d’elle alors qu’elle avait voulu jouer les adultes pour une fois. Au fond, Elmo, il avait toujours ce qu’il voulait, oui. L’absence de règlement de compte concernant Viktor, le temps pour réfléchir qu’il lui avait demandé, la relation secrète, dormir chez lui en Italie plutôt qu’à l’hôtel qu’elle avait réservée... Et bien plus encore.

Elle le blessait. Il répliquait. C’était comme ça qu’ils avaient appris à s’aimer, à se construire ensemble. « Ben va falloir que ça change », décréta la brune avec une voix sèche. Ça ne lui plaisait plus. Elle ne voulait pas de ça, pas d’une histoire qui leur demanderait d’user des stratagèmes à savoir qui serait le plus fort. Pourquoi ils ne s’unissaient pas, plutôt que de se faire la guerre? Au delà des excuses pré-faites, Bella s’attendait à des preuves que leur histoire comptait pour eux. Et ces preuves ne passaient pas par le sexe. Ça, ils savaient qu’il y parvenaient. Elle aurait voulu des discussions, des mises au point, des conclusions verbales. Mais Elmo n’en était pas prêt. Et il choisit d’ouvrir les plats de polystyrène et d’entamer son repas. Seul. Devant une Bella qui le regardait faire. Elle soupira longuement avant de tourner le regard vers la fenêtre du salon. « C’est meilleur ici que chez toi? », demandait-elle d’une toute petite voix, alors qu’elle ne le regardait pas. Ce n’était pas une invitation à partir, c’était peut-être une façon de désarmer les hostilités. Elle n’osait quand même pas le regarder, mal. Vraiment mal.

C’aurait été beaucoup mieux, ce monde d’arcs-en-ciel et de licornes, et ça ne rentrait pas dans la tête d’Elmo que Bella préfère continuer à se quereller à propos d’un sujet sans fond. Ils auraient juste continué à tourner en rond autour des mêmes arguments, alors qu’à la base, ça n’aurait même pas dû être une dispute. Quand elle lui affirma qu’il avait donc ce qu’il voulait, lui qui gagnait toujours face à une copine qui cédait à ses moindres caprices, Elmo eut un pincement au cœur. Ouch, c’était quand même difficile à entendre, même si c’était la vérité qu’il ne voulait pas voir. L’italien s’arrangeait toujours pour avoir ce qu’il voulait, que ce soit avec des menaces, de la victimisation ou des arguments bidons. Et parce qu’elle ne voulait pas le perdre ou le froisser, Bella capitulait encore et encore. « T’es en train de me dire quoi, là, Bella ? Que depuis un an j’en fais toujours à ma tête et qu’tu suis sans avoir ton mot à dire ? Qu’on fait des trucs que pour moi et pas pour toi ? Si c’est l’image que t’as de nous, c’est à se demander pourquoi c’est pas toi, y’a un mois, qui a voulu prendre du temps pour réfléchir à nous. » Pourquoi ? Parce qu’elle, elle se battait pour eux. Bien mieux que lui était (in)capable de le faire. Encore une fois, plutôt que de se remettre en question et d’admettre ses fautes, Elmo revirait la situation contre elle. Ça aussi, ça faisait partie de la malsaine routine de leur couple. Ça autant que le œil pour œil, dent pour dent. « Je suis d’accord. Va falloir que ça change. Parce que c’est chiant à la fin ces disputes et ces revanches à n’en plus finir. » Il trouvait cela chiant et pourtant il contribuait à cent pour cent à cette relation-là. Bella aussi, d’ailleurs, puisqu’elle le menaçait de le priver de sexe pendant un mois pour compenser pour ce mois de silence. Ils étaient de vrais enfants, et comme un gamin le fait quand il n’a plus rien à dire, Elmo commença à s’empiffrer. Bella devait le regarder avec dédain. Juste avant de lui demander si c’était meilleur ici que chez elle. L’italien s’arrêta de manger, avala sa bouchée, et reposa tout sur la table basse. « J’ai compris le message. » Il se leva, laissant toute la nourriture là même si, avouons-le, il était assez dégoûté de laisser derrière pour quarante dollars de take-out.

Ça n'augurait rien de bon. Si elle utilisait les vérités qui blessaient et que lui utilisait son petit air irrité, ils étaient au bout du gouffre, au fond du baril, au bord du précipice ou toutes ces analogies supposant une fin imminente. « Pourquoi? », demandait Bella en riant d'un rire exaspéré. « Peut-être parce que je t'aime assez pour avoir envie de me battre pour toi, merde!? », lâcha-t-elle dans un soupir. « Ça me tue que tu penses que je t'ai trahi alors qu'on était plus ensemble et que c'est toi qui m'a renvoyé en Australie toute seule en me demandant de ne pas t'attendre, sans même oser me le dire dès le départ que ça ne serait pas un voyage de réconciliation, mais plutôt d'adieu. T'as foutu le chaos dans ma tête et quand t'es revenu, j'ai été lâche, j'ai pas eu envie de te perdre à nouveau. Parce que te perdre une fois, c'est bien suffisant. J'pourrai pas le supporter à nouveau... » Là, c'était son coeur qui parlait. Peut-être maladroitement, mais au moins, elle lui disait les vraies choses.

Mais Elmo, lui, il était incapable de tout ça. Alors plutôt que de réparer leur couple, après un énième argument, il se mit à manger silencieusement jusqu'à la question de Bella qui avait été la goute de trop. Il se levait, prêt à partir... Et elle venait de réaliser la connerie qu'elle avait fait.

« Attends », implora-t-elle en attrapant la main d'Elmo alors qu'il passait près d'elle, toujours assise au sol. Elle se releva en se hissant par la main de son petit ami pour se retrouver à sa hauteur, souriant faiblement. « Reste... », demandait Bella avec sincérité. « J'ai pas envie que tu partes. J'ai pas envie qu'on se dispute et qu'on arrête de se parler pendant un mois encore. C'était assez insupportable comme ça.. » Il lui avait manqué, tout de lui lui avait manqué. « Et puis, mes doigts ne sont pas suffisant pour me satisfaire. J'ai besoin des tiens. Et de ta langue. Et de tout ton corps aussi... », tenta-t-elle d'un air moqueur. « Aller.... Reste », faisait-elle en tirant sur sa main comme un enfant qui quémande une surprise à sa mère.

Ce rire exaspéré, ce souffle de sarcasme, ça suffisait à allumer le feu, celui de la colère, en Elmo. N’était-il pas déjà ravivé, d’ailleurs ? Depuis qu’il était arrivé, Bella et lui ne cessaient de se renvoyer les assauts et il commençait à en avoir assez. Alors ce rire, ouais, il était de trop pour l’égo de l’homme qui ne pouvait plus encaisser les réprimandes. La phrase qui suivit le rire, cependant, elle adoucit quelque peu l’italien qui cessa de froncer les sourcils. Ça ne dura pas bien longtemps, parce qu’Elmo repassa les paroles de la costaricaine dans sa tête, et son interprétation en fut aussitôt distordue. « Et si moi j’cède pas aussi facilement c’est parce que je t’aime pas assez, c’est ça le bottom line de ta réflexion ? » S’emporta-t-il à nouveau. Elle, elle continuait à propos de ce qui s’était passé en Italie, et il secoua la tête, lâchant même une sorte de rugissement d’exaspération, perdue à travers les vociférations. « C’était même pas ça le problème, j’te l’ai dit en plus ! C’est le fait que tu m’l’ais caché tout ce temps qui m’a achevé. Je comprends, qu’on n’était plus ensemble. Je sais, ok, je le sais que ce que j’ai fait en Italie c’était nul, que tu méritais mieux que ça, mais j’avais besoin d’être sur notre petit nuage pendant ces quelques jours de voyage avant de faire mes adieux. Je voulais qu’on garde, tous les deux, les beaux souvenirs qu’on y a créés. Ils auraient pas été les mêmes si j’t’avais dit mes intentions dès le début ! » Il soupira. « Je pensais qu’on était passé par-dessus ça d’ailleurs mas j’vois que tu l’utilises encore contre moi alors visiblement, pour ça non plus la boucle n’est pas bouclée. » Riposta-t-il. Le silence le plus lourd de toute sa vie s’installa bientôt, et quand Bella lui fit lire entre les lignes qu’il pourrait bien manger chez lui, Elmo abandonna le tout sur la table basse et se leva. Il n’allait pas rester si elle n’avait même pas envie de sa présence. Pourtant, quand il passa à côté de la costaricaine, elle attrapa sa main pour le stopper. Elle se releva jusqu’à lui, l’implorant d’attendre, de rester. Il ferma les yeux quand elle parla d’avoir besoin de ses doigts, de sa langue, de tout son corps. Leurs corps se rapprochaient rien qu’à ces paroles. Il rouvrit les yeux. « J’ai envie de rester aussi, Bella. Mais j’ai pas du tout envie de me disputer non plus. Sauf que là … c’est tout ce qu’on fait depuis que je suis arrivé. » Il soupira, serrant sa main dans la sienne. « Est-ce qu’on peut faire pause sur cette discussion-là, pour prendre le temps de nous retrouver ? Ce mois-là a été trop long, c’est vrai. Peut-être qu’après un moment ensemble, un vrai moment entre amoureux, on pourra la reprendre sans que ça dégénère … » Proposa-t-il. Il avait bien entendu que Bella avait besoin d’en parler, elle. Mais pas ce soir, ce soir il n’avait ni la force, ni la patience.

Ils étaient à des années-lumière de se comprendre. À la question de son petit ami, la Costaricaine n'avait pas réfléchi avant de répondre. C'était d'une évidence pour elle. Pourquoi? Parce qu'elle l'aimait assez pour se battre pour eux, parce qu'elle voulait y croire à cette relation qui avait commencé il y a de ça bien plus qu'un an maintenant. Elle semblait avoir touché Elmo qui adoucissait son regard, mais ce ne fut qu'un moment de passade avant qu'il reprenne de plus belle. « Mais c'est pas ce que j'ai dit, enfin! Je ne fais que répondre à ta question, arrête de prendre tout comme des insultes où y'en a pas. Crois-moi, si je cherchais à t'envoyer une pique, tu le saurais. J'passerais pas par quatre chemins.. » Comme quand elle lui avait dit que ça ne servait à rien de parler à un mur, ça, c'était une pique lancée pour lui. Ou qu'elle finissait toujours par céder. Ou qu'il vivait dans un monde de licornes et d'arcs-en-ciel. Mais là, à sa question, elle n'avait répondu que la vérité, de son côté, sans même prétexter que ce n'était pas le cas d'Elmo. S'il ne tenait pas à elle, pourquoi était-il avec elle? Pourquoi voulait-il passer l'éponge? Elle était têtue, Bella, mais pas conne.

Ils avaient du mal à se comprendre, oui. Et à s'entendre. Si Bella voulait parler, agir comme une adulte, elle ne se comportait finalement pas mieux qu'Elmo. Voilà qu'elle utilisait à nouveau d'anciennes disputes pour capitaliser celles d'aujourd'hui. Elle n'avait pas tort, pourtant, si elle avait fait ce qu'elle avait fait avec Viktor, c'est parce qu'il l'avait quitté en Italie. Et si elle lui avait caché, c'est qu'elle avait été trop lâche pour lui avouer, quand ils s'étaient retrouvés, de peur de le perdre à nouveau et cette fois définitivement. Mais voilà qu'elle utilisait Sorrento pour autre chose que seulement ça, comme pour lui faire du mal à son tour. Elle soupira. « Non, la boucle est bouclée », répéta-t-elle. « J't'en veux plus, je comprends les raisons. » Et ça, c'était vrai. Elle en était parfois encore peinée, quand elle pensait à la douleur qu'elle avait eue de son départ à l'aéroport jusqu'à ce qu'Elmo débarque chez elle sans s'annoncer. Mais quand elle pensait que ce départ, ça leur avait donné une chance d'être ensemble, vraiment ensemble, elle se résignait à se dire que finalement, à Sorrento, ça n'aurait pas été un bon moment pour eux, qu'ils avaient eu besoin de cette rupture pour mieux s'aimer. « Ce que je veux dire, c'est que j'ai eu mal quand tu m'as quitté. Et que j'ai pas voulu revivre ce mal en t'avouant pour Viktor. C'est lâche, mais c'est la vérité... » Et elle le savait, Bella, combien elle avait été nulle de lui cacher. Et comment ça pouvait faire mal d'apprendre par d'autres que la personne qu'on aime a couché avec son ennemi. Bella, elle l'avait vécu quand 'Mo avait couché avec Lux pour l'oublier. Elle le savait bien, ce que ça faisait.

Dans le séjour, pas un bruit autre que les bruits de bouche d'Elmo. Jusqu'à ce qu'elle lança la pique ultime. Était-il venu jusqu'ici pour manger et pour baiser? C'était l'impression qu'il lui avait donnée, malheureusement, au premier abord, Bella et toute sa colère retenue. Mais quand il se leva pour partir, elle réalisa à quel point elle pouvait être mauvaise, elle aussi, par moment. Et elle se ravisa, l'arrêtant d'un geste doux. Et elle céda. Parce qu'elle l'aimait, son petit con. Parce qu'elle était aussi conne que lui. Elle tentait de le convaincre, de la plus douce des façons, le suppliant de rester, L'implorant du regard, tirant sur sa main pour le convaincre et parlant de l'envie constante qu'elle avait pour lui. Elle l'avait peut-être même déjà un peu convaincu alors qu'ils s'approchaient un peu plus l'un de l'autre. Sauf que les mots d'Elmo semblaient dire le contraire. Oui, il voulait rester. Mais il ne voulait pas rester pour que les disputes continuent. Et c'était parfaitement normal. Elle non plus, elle n'en voulait plus. Il serrait tout de même la main de la brune, elle lui souriait faiblement. « Promis, promis, on fait pause. Plus de dispute pour ce soir », faisait-elle en levant sa main libre comme une promesse solennelle. « Tu m'as trop manqué.. », avoua-t-elle en s'avançant un peu plus de lui. « En plus, j'ai perdu ma coloc... J'suis toute seule dans un appartement bien trop grand pour moi... »

Les piques, elles fusaient depuis qu’Elmo était arrivé, alors à un moment il ne savait plus différencier ce qui était une attaque et ce qui n’en était pas une. Pour lui, malgré les explications de Bella, ça sonnait encore comme si le fait que ce soit toujours elle qui cède, et que lui ne fasse jamais de compromis, faisait en sorte qu’il ne l’aimait pas assez. Qu’il se laissait porter mais qu’il ne se battait pas pour elle. Ne voyait-elle pas tous les efforts qu’il avait faits pour eux depuis plus d’un an ? Si Elmo n’avait pas voulu se battre pour eux, ils en seraient encore à ce mensonge de crétin à propos d’avoir oublié leur toute première nuit ensemble. Il aurait passé sous silence tout le reste de l’histoire. Celle qui les conduisait à ça, aujourd’hui. À une énième dispute qui l’essoufflait. « J’sais pas, vu que la communication laisse tant à désirer entre nous, j’préfère que tout soit bien clair. » Répondit simplement Elmo, pas encore tout à fait convaincu de l’absence d’arrière-pensées dans l’affirmation de la costaricaine. Cette dernière ramena à nouveau les vacances de Noël dans la conversation, au grand désespoir de l’italien qui ne savait plus quoi dire pour défendre sa décision de la quitter là-bas, à l’aéroport. La jeune femme soupira et lui affirma que c’était terminé, ça, qu’elle ne lui en voulait plus et qu’elle comprenait. « Alors pourquoi j’ai l’impression que dès que t’en as l’occasion, tu m’le remets dans la face ? J’vais devoir culpabiliser pour ça toute ma vie ? » Demanda-t-il, attristé. La brunette reformula, délaissant les accusations à propos de Sorrento et expliquant plutôt pourquoi elle ne lui avait rien dit pour Viktor. « Ce que j’ai du mal à comprendre c’est que tu m’as dit, y’a un mois, que tu m’en aurais parlé, que tu voulais me le dire. Mais ce mal on l’aurait revécu, que tu me l’aies dit au tout début ou maintenant. À la place y’a fallu que je l’apprenne en même temps que toute la ville et c’est tellement pire, Bella. T’aurais pas pu en finir dès le départ avec les secrets ? On serait déjà passés à autre chose depuis des mois. On aurait pu être heureux, en ce moment. » Parce que là, ils ne l’étaient pas. Pas du tout, même. Le froid qui régnait dans l’appartement de la costaricaine était insupportable. D’ailleurs, puisque le silence s’ajouta à la lourdeur, Bella releva qu’il pouvait bouffer n’importe où autre part que chez elle. Sans attendre qu’elle le mette plus clairement que ça à la porte, Elmo se leva, rapidement retenu par sa petite amie. « Tu m’as manquée aussi … » Dit-il en posant son front sur le sien, jusqu’à ce qu’elle lui apprenne qu’elle avait perdu sa colocataire. Il fronça les sourcils en se redressant pour la regarder. « Elle est où Holly ? » Demanda-t-il avec surprise parce que bon, c’était quand même une sacrée nouvelle à laquelle il ne s’attendait pas. Et peu importe les tensions entre Bella et lui, ça valait quand même la peine qu’on y prête attention.

Il avait raison de s’indigner, Elmo. Parce qu’il venait ici avec un drapeau blanc alors que Bella l’attendait avec une brique et un fanal. Mais elle, elle aurait aimé que le drapeau blanc, ça ne soit pas seulement que pout mettre aux oubliettes l’histoire mais pour la régler une fois pour toute. Des excuses, c’était bien. Mais des explications, c’était mieux. Seulement, à présent, c’était ni l’un ni l’autre qu’ils s’accordaient. C’était plutôt piqué par-dessus piqué, venant des deux partis. Pour le coup, si Bella était fautive, Elmo avait aussi sa part de responsabilité. Mais évidemment, aucun des deux ne l’avoueraient. « Ça l’est », répondit sèchement Bella quand Elmo demanda à ce que les choses soient claires. Elles ne l’étaient pas, en vérité, parce qu’ils ne prenaient pas le temps de les expliquer. Ils partaient, tous les deux, sur leurs grands chevaux alors qu’ils pourraient seulement respirer et placer un mot derrière l’autre pour bien communiquer.

Mais non. Ça, c’était impossible. Bella finit par évoquer Viktor, pas comme elle le voulait, mais comme elle le pouvait. Et Elmo mis en évidence le mensonge, le fait d’avoir découvert tout ça en même temps que tout le monde sur le journal à potin de la ville. « C’était vexant et humiliant, je le reconnais », lâchait la costaricaine avec bonne volonté. « Mais ce l’est aussi de croire que je ne t’aurais pas dit la vérité... Je voulais pas te mentir, garder pour moi éternellement Elmo... J’aimerais que tu me crois. » au fond, ça réglerait sans doute une part du problème s’il lui faisait confiance. Elle lui aurait dit. Mais par malheur, elle n’avait pas eu assez de courage pour le faire avant que l’article sorte. Et encore heureux que ce n’était pas Vega qui l’avait mis au courant. « J’aurais pu en finir dès le départ et j’ai pris peur. J’ai eu peur. J’ai été lâche. Je l’avoue, je suis perdante dans cette histoire. Et tu sais comme j’aime gagner... »

Le ton et l’ambiance dans la pièce donnait l’impression que tout était peine perdue pour le couple. Et quand l’italien décida de tout planter, de partir, à cause des commentaires de la brune, Bella culpabilisa. Au fond, ce n’était pas ça qu’elle voulait. Elle ne voulait pas le faire fuir. Bébé, elle jouait aux enfants. Elle réagissait stupidement, parce qu’elle l’était. Autant qu’elle était follement amoureuse. Heureusement pour elle, Elmo s’était arrêté quand elle l’avait retenu. Comme si son coeur et sa tête s’accordaient enfin. Elle aussi, elle lui manquait. Bella souriait devant les confessions de son petit ami, la tête qui se collait à la sienne. Elle caressait doucement la joue de l’italien, lui expliquant qu’en plus de ça, ils avaient l’appartement pour eux, un peu pour toujours, puisqu’elle était désormais seule. « Elle est repartie avec sa tante », confia-t-elle furtivement, caressant du bout des doigts les lèvres de son amant qu’elle n’avait toujours pas retrouvées. « Alors, tu vas vraiment me laisser toute seule ici dans cet appartement vide? »

Bella répliqua que les choses étaient bien claires et pourtant, Elmo n’avait jamais eu autant le sentiment de nager en eaux troubles, de perdre tous ses repères jusqu’à se noyer dans le brouillard d’incertitudes. Il était perdu entre l’impression que Bella sous-entendait des choses sans les assumer et la culpabilité de mal interpréter ses propos par mauvaise foi. Entre les deux, il tanguait, voulant à tout prix lui faire confiance mais se faisant constamment ramener en arrière par la petite voix qui l’emprisonnait dans la méfiance. Sa perplexité était sans doute l’inéluctable conséquence de tous ces petits mensonges tantôt inoffensifs, tantôt destructeurs, sur lesquels s’était bâtie leur relation amoureuse. Comment pouvaient-ils avoir cru, une seule seconde, que sur des fondations aussi fragiles, ils auraient pu s’ériger et s’élever aussi haut ? Il était temps de redescendre sur terre. Et le choc de l’atterrissage était brutal. « Au moins c’est vexant et humiliant juste devant moi, pas devant la ville toute entière. » Fit remarquer Elmo alors qu’elle comparait les doutes de l’italien à la rumeur lancée sur eux, celle qui faisait de lui le con de l’histoire, celui qui n’avait rien vu venir. « J’aimerais te croire aussi. Mais tout se bouscule dans ma tête en ce moment. » La costaricaine lui expliqua qu’elle avait eu peur, qu’elle avait été lâche. Le jeune homme soupira, détournant un instant le regard pour fixer l’extérieur, de l’autre côté de la vitre de la fenêtre. Ça lui avait semblé si simple, cette soirée, du temps où il se trouvait encore de l’autre côté de la porte. Avaient-ils l’air du couple brisé qu’Elmo les pensait désormais être, d’un point de vue externe ? Il reporta son regard sur Bella. « J’aurais sûrement eu peur aussi, à ta place. » Et aurait-il été aussi lâche ? Oui. Sans doute plus, même. Mais ça, il ne l’admettrait pas. Qu’il comprenne déjà un peu mieux n’effaçait cependant pas tout, d’ailleurs la conversation avait continué d’escalader dans sa colère, jusqu’à ce que l’italien décide de tout planter là, Bella y compris. C’est la douce main de la jeune femme qui l’en empêcha, qui le retint vers elle. Au fond, ils avaient juste besoin d’un peu de douceur, et quand ils se montrèrent enfin plus indulgents l’un envers l’autre, ce fut comme si tous les murs tombèrent d’un seul coup. « Oh. Pour toujours ? » Demanda Elmo à propos de Holly. Bien vite cependant, la discussion à propos de la blonde s’éteignit, les doigts de Bella caressant les lèvres maintenant closes de l’homme. « Non, quand même pas … C’est bien trop grand pour une aussi petite personne que toi. » Il esquissa un sourire, prenant sa main dans la sienne pour y déposer un baiser, doucement, avant de lentement avancer son visage vers celui de la costaricaine, afin que leurs lèvres se retrouvent enfin.

Toute cette histoire prenait des proportions bien trop exagérées alors qu'en réalité une simple discussion d'adulte aurait pu la régler. Mais entre Elmo et Bella, tous les deux aussi nuls l'un que l'autre dans la maturité, toujours dans une guerre à savoir qui serait le plus fort des deux, ils n'avaient pas fait comme les couples normaux. Évidemment que le problème venait du silence de la brune. Évidemment que si elle lui en avait parlé avant, ils n'en seraient pas là aujourd'hui. Mais elle ne lui avait pas dit sur le coup, épongeant à présent les conséquences de sa lâcheté, par peur. Une peur qu'elle trouvait encore aujourd'hui légitime parce qu'elle risquait de perdre Elmo. Et que ça, elle n'en était pas prête. Elle avait préféré entretenir le mensonge que de risquer de le perdre une nouvelle fois et de créer dans son coeur un vide qui, cette fois, n'aurait pas pu être comblé. Après coup, elle réalisait bien que ça avait été stupide... Elle avait cru le perdre, encore. Et ce vide, elle l'avait encore vécu. Elle lui demandait de la croire, quand elle disait que ce mensonge n'aurait pas été éternel, qu'elle aurait trouvé les mots pour lui dire plutôt que de cracher des aveux en réaction à un article paru dans un journal à la con que, au fond, personne ne croyait de toute façon. Et elle reconnaissait que c'était humiliant, elle qui avait été une fois la victime de cette gazette stupide. Elmo, lui, décrétait que le sentiment de Bella était moindre, parce qu'elle se sentait humiliée et vexée que devant lui, alors que l'italien, lui, le ressentait devant toute la ville. Elle secouait la tête. « Tu sembles oublier que j'ai déjà été victime des Writers. » Et qu'il n'avait pas daigné prendre sa défense alors que Scar et Milo, eux, l'avaient fait. Et sans minimiser ce qu'il pouvait ressentir, Elmo avait été un nom cité dans un lot de tous les habitants de Bowen alors que Bella, elle, avait eu un article à elle seule. Alors, dans le genre de comprendre l'humiliation, elle pouvait très bien savoir ce que ça faisait.

Il aurait aimé pouvoir la croire, mais tout se bousculait dans sa tête. « Et tu n'y arrives donc pas », terminait-elle la phrase d'Elmo. Alors, elle parla avec son coeur. Parla de sa peur de le perdre, encore. Parla de sa lâcheté à coeur ouvert, comme elle ne le faisait que très rarement. Parce que s'avouer faible et vaincu, ça ne lui ressemblait pas. Mais elle aimait Elmo à un tel point, que devant lui elle acceptait de se montrer le plus vulnérable. Quand il lui confia, à son tour, qu'il aurait aussi eu peur, Bella sourit faiblement. Il y avait un brèche. Une possibilité de voir un apaisement entre eux. Entre ça et la main de Bella qui retenait son amant de prendre la porte, le ton s'adoucissait. Bella tentait de l'amadouer, jouant la carte de la solitude. Seule, elle l'était réellement. Et elle se sentait aussi également ainsi depuis le départ de Holly dans cet appartement qu'elles partageaient depuis presque un an maintenant. « Je ne sais pas », fit la brune en haussant les épaules. Ça faisait du bien de parler d'autre chose que de cette dispute, de ce problème entre eux. Et, égoïstement, elle n'avait pas envie de se réconcilier avec Elmo en parlant d'Holly. Alors, elle tassa la conversation assez rapidement, caressant les lèvres de celui qu'elle aimait avec un douceur infinie, lui demandant s'il comptait réellement la laisser toute seule, ses grands cils battants. « Hey! », s'écriait Bella, faussement offusquée, alors qu'il la décrétait de petite. « Je ne suis pas si petite », fit-elle avant de sourire alors qu'il posait ses lèvres contre sa main. « Je fais 5p'4, tu sauras! », gloussa-t-elle alors que leurs regards se croisaient et qu'elle s'y noya, se laissant embrasser d''abord avec douceur pour ensuite intensifier leur échange, entourant la nuque d'Elmo de ses bras. « J'connais des façons de me faire pardonner... », murmura-t-elle dans un sourire. « Et de te montrer combien tu m'as manqué.. »

Il n’avait rien vécu, Elmo. Il n’avait aucune expérience dans cette vie qu’il avait naviguée sans avoir à ramer, sans même avoir à lever le petit doigt. Le courant, doux, paisible, l’avait poussé là où il le voulait, lui qui ne savait même pas où il allait. C’était comme s’il laissait le vent décider et qu’il acceptait la direction, se convainquant que c’était lui qui choisissait. Bella avait été la toute première personne à réellement le challenger là-dessus. Sur son libre arbitre. Dans cette précieuse année passée aux côtés de la costaricaine, il avait pleinement pris conscience des impacts de ses actes, de sa capacité à choisir – pour le mieux comme pour le pire -, et de la complexité de cette faculté de choisir. Il n’aimait pas réfléchir, Elmo, ce n’était une surprise pour personne. S’il s’était laissé porter depuis si longtemps par le courant, c’était parce que c’était plus facile que d’assumer qu’il pouvait se tromper. Avec Bella, il s’était trompé, il s’était mis les pieds dans les plats, il s’était planté, il s’était relevé. Trop de fois pour les compter. On ne pouvait pas dire qu’il apprenait rapidement de ses erreurs, la question se posait encore à savoir s’il reconnaissait ses torts dans la plupart des querelles. La vérité était que oui. Elle le changeait, elle le réparait, une maille à la fois. Il n’avait jamais autant grandi que dans la dernière année, en toute honnêteté. C’est sans doute pour cette raison qu’il s’acharnait dans cette relation, Elmo, malgré les hauts et les bas, malgré les pauses et les réconciliations qui s’enchaînaient à un rythme effréné. Ça lui donnait le vertige mais c’était un vertige grisant et, surtout, il ne s’était jamais autant senti en contrôle de sa vie. C’était plutôt paradoxal, sachant qu’il faisait carrément n’importe quoi et qu’on aurait pu croire qu’il perdait parfois les pédales. Au moins, c’était lui qui tenait le guidon. Pour le plat tranquille comme pour les bosses et les nids de poule pas évités. « J’étais pas tant à l’origine du problème de l’article sur toi, tho … » Releva Elmo injustement. Ça, c’était la preuve que l’italien ne maîtrisait pas encore l’art de la bonne décision. Je l’ai dit, c’était un apprentissage lent, pour lui. Le jeune homme haussa les épaules quand la costaricaine compléta sa phrase, qu’il n’avait pourtant pas laissée en suspens. « Pour le moment, non, j’y arrive pas. » Dans quelques jours, quelques semaines, quelques mois, qui sait. Elmo n’avait pas assez vécu pour comprendre comment fonctionnait le temps sur les blessures de confiance. Ça se faisait peut-être plus vite qu’il le croyait. En quelques minutes à peine, le ton avait changé, entre eux. L’atmosphère s’était détendue, adoucie. Il y avait une brèche, oui, et la lumière filtrait doucement à travers. « Eh ben … » Conclut simplement Elmo à propos du départ indéfini de Holly. Il continua à réfléchir sans trop y penser pour de vrai. Lui non plus n’avait pas vraiment la tête à parler de la blonde, finalement. « Juste à peu près 8 pouces de moins que moi. C’est presque un sous-marin Subway. » La nargua-t-il. Puis, il entoura ses bras autour du corps de Bella, soudainement très intéressé et attentif par ce qu’elle avançait. « Je connais aussi certaines façons … On pourrait peut-être, se les échanger ? » Proposa-t-il en haussant innocemment les épaules. Ça, ce goût-là, de retrouvailles, de réconciliations, de douceur et de sérénité, ça n’avait pas de prix. Pour lui, ça valait toutes les disputes du monde.

La conversation aurait pu durer des heures durant, ils auraient pu se lancer des piques plus poignantes à rebond, sans s'arrêter, à savoir qui serait le plus cruel des deux, qui blesserait le plus l'autre sans même une pointe de scrupule. Mais le ton qui s'adoucissait, qui laissait leurs vrais sentiments transparaître, lui, était bien plu agréables. Bella n'en avait que faire de parler des Writers, de Holly ou de quoi que ce soit d'autre. À l'instant, alors qu'ils avaient retrouvés leurs lèvres, c'était d'Elmo qu'elle voulait converser, dans la langue qu'ils connaissaient et que ce mois d'absence leur avait privé. « Ça commence comme ça », soufflait la brune en retrouvant les lèvres d'Elmo entourant son visage, se levant sur la pointe des pieds, parce qu'en effet, elle était huit pouces de moins grande que lui et qu'accéder à ses lèvres avec facilité se faisait de cette façon. Un sourire se posa sur les siennes alors qu'elle y mêlait sa langue, qu'elle lui disait sans utiliser les mots combien elle l'aimait, combien elle avait envie de le retrouver et de ne plus jamais se disputer pour une connerie aussi futile.

Doucement, elle repoussa son petit ami retrouvé vers le canapé où elle le chevauchait pour mieux l'embrasser. Contre ses lèvres, elle soufflait : « J'ai plus envie de me disputer » avant de revenir les capturer. Ses mains s'attaquaient déjà à retirer le t-shirt de l'homme, caressant son torse avec urgence. Et sur ce canapé, entre leurs deux coeurs qui recommençaient à battre, ils finirent par faire ce qu'ils savaient faire de mieux : s'aimer. Et ce, jusqu'au petit matin, profitant de l'absence de colocataire de Bella comme raison de repousser les limites de leur amour. Épuisés, ils finirent par se laisser tomber dans le lit de la Costaricaine, haletant, entremêlant leurs corps pour mieux retrouver un calme paisible. « Ne pars pas, reste pour la nuit », avait-elle murmuré en l'enlaçant. Et dans ses mots, il fallait comprendre qu'elle ne voulait pas qu'il parte, qu'il sorte de sa vie. Et que la vie leur laissait la chance de repartir à zéro, encore mieux cette fois.

fin