master of disaster ⤅ félix

master of disaster

Fini de s’abandonner aux vices de la nuit. Fini d’offrir son corps, au prix fort cependant, aux mains et langues d’inconnus. Fini de se complaire dans cette spirale infernale qui l’avait aspirée jusqu’au fonds de ses parts les plus sombres. Effy marchait d’un pas déterminé vers la maison close où elle travaillait depuis bientôt deux ans. Elle ne voulait ressentir aucune hésitation dans ses muscles, il n’y avait pas de marche arrière, il fallait qu’elle aille jusqu’au bout, sans regrets. La décision lui avait paru évidente à prendre. L’Anglaise ne voulait plus de cette vie-là. Elle ne voulait plus partager son enveloppe charnelle avec quiconque en exprimait le désir et payait pour. Elle ne voulait plus se saboter, au moins physiquement. Elle voulait être juste Effy, elle toute entière, rien que pour une certaine personne, une personne qui avait toujours été à ses côtés et l’avait toujours acceptée pour ce qu’elle était. Vie de droguée et de prostitution comprise. Mais avec les événements de ces derniers mois, il fallait mettre un terme à tout ça. Et si la jeune fille était certaine de son choix et du bien-fondé de ce virage dans sa vie, cette part sombre et autodestructrice de son âme exprimait quelques regrets. C’était pourquoi elle avançait dans la rue, le visage impassible, le pas assuré. Pas de demi-tour, cette fois. Effy pénétra dans le bâtiment discret et peu engageant, passant devant les regards insistants de quelques hommes qui restaient plantés dans la rue, face aux multiples vitrines de ces commerces de sexe. La rue en elle-même n’était pas spécialement flippante, mais on savait où on mettait les pieds, en tout cas. Plusieurs maisons closes s’y trouvaient, c’était un peu le point de ralliement des travailleuses du sexe. Une fois à l’intérieur, la brune annonça sa démission, se rendit aux vestiaires récupérer quelques affaires et dire au revoir aux filles présentes. C’était pas ses meilleures copines, mais elle pouvait bien leur dire un petit mot tout en se barrant comme une voleuse. Au fond, elles avaient vécu des choses ensemble, s’étaient serrées les coudes face à certains clients. Une fois au-dehors, la jolie brune ajusta son sac, sa veste légère voletant à la brise australienne, et reprit le chemin de la maison. « Ben alors, tu t’en vas déjà ? J’attendais ton service, moi… » lança une voix narquoise sur son passage. Elle put sentir une main effleurer son bras, geste appelant son attention. Les iris d’un bleu perçant de l’Anglaise se plantèrent de ceux de l’homme, la quarantaine. Autant briser ses fantasmes tout de suite. « Je ne travaille plus ici. » répondit-elle sur un ton plat et franc, avant de reprendre la route. C’était sans compter cet ancien client, un régulier de la maison, qui ne souhaitait pas en rester là. Il se rapprocha, lui empoignant plus franchement le coude cette fois. À l’odeur, elle devina qu’il avait bu. « T’es pas sérieuse bébé ? T’es ma préférée, allez reste ce soir juste pour moi… » Effy fronça les sourcils, contrariée, voulant se dégager d’un mouvement sec, mais la poigne du mec était plus tenace que prévu. Sa préférée, mon cul ouais. Il voulait juste tirer son coup. « Y a plein d’autres personnes pour t’aider à l’intérieur. Maintenant lâche-moi et va confier tes problèmes érectiles ailleurs. » cracha la brunette sans plus de manières. Elle voulait juste se barrer d’ici, fermer les portes sur cette partie de sa vie, et il ne l’aidait franchement pas. En plus d’être un lourdaud pénible.

Qui pourrait savoir exactement ce qui t'a emmené à cet endroit, à cet instant. Le destin, le karma, une simple coïncidence, peu importe les raisons. Tu te baladais sans but dans cette ville que tu connais par coeur, malgré toi. Dans cette ville pour laquelle tu n'as pas la moindre affection. Cette ville où tu dois supporter les innombrable remarque de ton paternel. Tu n'as aucune envie de marcher dans ses rues, de côtoyer ses gens qui ton vu grandir, de gérer les regards menaçant des gens qui apprécient Nev. Car, encore une fois, tu étais le méchant, celui qui avait fait souffrir la douce demoiselle. Les regards tu les acceptes, une part de toi les apprécies, au moins on te regarde. Un brin narcissique n'est-ce pas ? Mais tu est ce genre de type. Qui aurait pu prédire pour une fois dans ta vie tu aurais besoin de t'aérer l'esprit ? Qui aurait pu prédire que pour une fois, tu ne montrerais pas dans ta belle voiture hybride. Certainement pas toi, tu sais à quel point, tu n'aimes pas tellement marcher. Pourtant, tu en ressentais le besoin, à cet instant précis. Le besoin de faire le point sur tes sentiments? Le besoin de penser à Nev sans te préoccuper de personne. Quand tu te laisses aller à la nostalgie, tu entends toujours la voix de ton père te dire de revenir sur terre. Tu l'entends te dire que les hommes ne rêvent, ils agissent. Mais surtout que les hommes ne se mettent pas à genoux et encore moins devant une femme sauf dans certaines conditions Oui, ton père est un goujat, un matcho, un con tout simplement. Mais encore une fois qui aurait pu prédire que tu serais là quand elle aurait besoin de toi. Si frêle, si douce, ses yeux contourner de noir, ses yeux brillants et toi tu sentant comme dans l'obligation d'aller l'aider. [Dans cette scène ce qui te donne la gerbe ce n'est pas le côté ours mal léché de ce type. Ce côté drogué et crise. C'est surtout le manque de consentement d'Effie. Car, au final qui es-tu pour juger les goûts et les couleurs des femmes. Tu es le genre de mec à profiter de la naïveté d'une femme pour la mettre dans ton lit. Mais jamais sans leurs consentements, tu ne connais pas le refus, cela doit forcement aider. Tu traverses à grande vitesse la rue, passant à cinq mètres d'un passage pour piétons. Tu fais klaxonner deux voitures, dont tu as la gentillesse d'ignorer leurs singeries et tu arrives près d'eux. "La dame t'a dit qu'elle n'était pas intéressée!" Le monde est moche, le monde est con. Entre le nombre d'agression qui augmente et le nombre de personne qui n'ose rien faire, cela te répugne. "Tu es sourd ou con ? " Demandes-tu en entendant le jeune homme insister auprès de la jolie demoiselle. Tu commences à remonter tes manches et le drogué s'en aperçois. Il te demande ce que tu veux et en un rien de temps, tu lui files ton poing dans sa figure.

Des coups de klaxon furieux arrachèrent Effy et son interlocuteur à la conversation qui prenait une tournure houleuse, et la brune tourna vivement la tête en reconnaissant la voix qui s’éleva. Un ton dans lequel on pouvait percevoir qu’il ne plaisantait pas. La brunette en profita pour se dégager de la poigne du gars, alors que Félix en rajoutait une couche en venant se poster à ses côtés et en apostrophant le type sur un ton agressif, son langage corporel témoignant qu’il était prêt à en venir aux mains sans attendre si la réponse d’en face ne lui plaisait pas. « Hey, ça va mec, j’la connais, c’est qu’une pute de la maison de… » Il n’eut pas le temps de finir sa phrase, mots malheureusement bien trop maladroits face à un Félix en colère, et ses mots s’arrêtèrent en plein vol sous la violence du coup assené par le brun. Effy ne réagit que par un sourcil arqué. « Like I said : I don’t work here anymore. » ajouta-t-elle simplement alors que son ancien client reprenait ses esprits, sonné par le coup de poing. Un minuscule sourire en coin amusé et satisfait étirait les lèvres de l’Anglaise, mais elle posa néanmoins une main douce sur le bras de son ami. « Franchement, c’était pas la peine, tu sais. C’est un ancien client, il est juste un peu triste que j’m’en aille. » lui souffla-t-elle en tournant ses iris bleu océan vers lui. La jeune fille prit les devants avant qu’il y ait un risque que cela dégénère, elle connaissait le tempérament de Félix, aussi l’emmena-t-elle un peu plus loin, sans lui lâcher le bras, marchant d’un air décontracté comme si la scène qui venait de se dérouler était on ne peut plus normale. « Merci. » lui dit-elle quand même, lui adressant un coup d’œil plein de gratitude. Le scénariste faisait partie des personnes qu’Effy pouvait compter comme très proches, dans son entourage, et il n’y en avait pas des masses. Pour une raison inexplicable, ils avaient accroché, deux âmes un peu brisées qui s’étaient reconnues au détour d’une rue, comme si elles étaient liées dans une autre vie. Elle ne l’aurait jamais admis à haute voix, mais il comptait énormément pour elle. Malgré son excès de zèle dans le genre protecteur, elle savait qu’elle pouvait toujours compter sur lui et que s’il était dans les parages, rien ne pourrait lui arriver. Il ne l’aurait pas permis. « Tu t’balades dans le quartier des putes maintenant ? » reprit-elle sur un ton détaché, s’allumant une clope alors qu’ils marchaient dans la rue, surprise de le voir par ici, surtout à pied et non au volant d’une flamboyante voiture exagérément chère.

Tu n'es pas parfait, Félix, tu n'aurais même pas la prétention de le penser. Mais il y a des choses dont tu ne supportes pas. Imaginé quelqu'un faire de mal physiquement à une femme c'est trop pour toi. Tu en as fait du mal aux femmes que cela soit volontaire ou non. Mais tu n'as jamais forcé une femme à t'apprécier ou la forcé à autre chose. La notion de consentement, tu connais et tu respects cela. Tu avais tenté d'être calme, d'expliquer le plus facilement possible à se dégénéré qu'il ne pouvait pas forcer la brune. Mais il ne semblait pas comprendre. Pour lui remettre les idées en place, tu l'as frappé. Un coup qu'il le mit au sol. Il semble plus aboyer que de mordre. Mais il faut toujours se méfier avec ce genre de mec. Il se relève, tu es prêt à le frapper de nouveau. Tu l'entends dire une phrase tout bas, avant de prendre la fuite. "Même pas de couille en plus!" Tu regardes la demoiselle et avant que tu puisses lui demander comment elle va, elle ouvre la parole. "Peu importe, il aurait pu être le président ou le roi des cons, cela ne change rien. Tu lui as dis non donc c'est non." Tu n'aimes pas qu'on puisse faire mal aux femmes, mais soyons honnête surtout en Elfie. Cette demoiselle dont tu te sens particulièrement proche. Cette demoiselle dont tu t'es promis de prendre soin. Cette personne pour qui tu comptes réellement et qui compte pour toi. Elle finit par te remercier, tu n'as pas l'habitude de ce genre de choses. D'ordinaire les merci ne sont pas pour toi. Tu as plus l'habitude de te faire insulter que remercier. Tu souris quand elle te demande si tu traînes souvent dans le quartier des putes. Tu fais une petite grimace qui veut dire pourquoi pas. Tu n'as pas d'avis marqué sur la question. Tu n'es pas un client fidèle, mais tu comprends que cela peut-être pratique. Tu te souviens même qu'un jour, tu en avais engagé plusieurs pour foutre la honte à ton père. Certes, après il ne faut pas s'étonner qu'il te frappe. "Cela n'a rien d'étonnant. J'aime la compagnie de belles femmes. Mais pour le coup, je n'étais pas venu pour cela." Tu n'avais aucun but, tu voulais simplement éviter ton père. "Tu as un truc à faire ?"

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Un simple sourire étira les lèvres de l’Anglaise à ces paroles. Il avait raison et il n’y avait pas de débat à avoir là-dessus, quand c’est non, c’est non. Indiscutable. C’était un type bien, Félix, même s’il ne s’en rendait pas compte. Et malgré la désinvolture qu’elle affichait, ce masque impassible qui était le sien, le garçon avait toujours su voir au-delà de sa comédie humaine et lui offrir la protection rassurante dont elle avait parfois besoin, même si elle ne l’aurait jamais admis. Un rire cynique s’échappa des lèvres de la brune quand Félix répondit à sa question, restant évasif sur le but de sa présence ici. « C’est vrai, j’devrais pas être étonnée. » renchérit-elle avec un coup d’œil malicieux, alors qu’ils parvenaient au bout de la rue généralement qualifiée de mal famée. « T’étais donc venu pour casser des gueules. Heureusement que j’étais là pour t’en donner l’occasion. » reprit-elle avec un hochement de tête amusé. Quand Félix était là, son visage reprenait des couleurs, ses traits se détendaient. Il était ce qui se rapprochait le plus d’un grand frère pour elle. Elle en avait déjà un, perdu quelque part dans le monde, mais le jeune homme avait su prendre cette place auprès d’elle, naturellement et silencieusement, comme si c’était l’univers qui avait voulu que leurs chemins se croisent. Il y avait peu d’effusions d’affection entre eux, comme le voulaient leurs caractères respectifs, mais leur lien était implicite et incroyablement fort. Chacun était là pour sortir l’autre de la merde dans laquelle il se fourrait régulièrement. C’était le carburant de leur relation, mélangé à un lien inexplicable qui vibrait entre leurs âmes torturées. « Non. J’étais venue démissionner. » répliqua-t-elle simplement, comme si cette révélation était aussi futile que si elle était venue prendre un café. La vie d’Effy changeait, pour un bien ou pour un mal, elle était incapable de le dire. Elle avait quitté son statut de prostituée, de belle de nuit, élément de sa vie qui faisait partie intégrante de ses démons et de ses comportements autodestructeurs. C’était un gros changement, mais elle préférait le minimiser. Elle y avait réfléchi pendant des jours, et surtout des nuits. Depuis sa deuxième tentative d’abandonner cette Terre, depuis son séjour en hôpital psychiatrique, depuis son passage chez les flics, depuis ses rendez-vous obligatoires chez un psychologue qui semblait aussi fucked up qu’elle, et surtout depuis que Milo s’était réintégré dans sa vie. Entre leur besoin irrépressible d’être ensemble et la peur de cette relation qui semblait vouée à l’échec, après des silences et des disputes, elle avait enfin pris la décision, pour elle ou pour lui, peut-être les deux, elle ne savait pas, de cesser de se faire du mal. De cesser de meurtrir son corps et son âme comme elle aimait le faire, comme elle avait toujours eu besoin de le faire. Au fond, elle ne savait pas si c’était un choix qui émanait de sa personne ou de l’univers, encore une fois. Elle avait l’impression de suive le mouvement comme une algue qui se laisse porter par le courant, d’évoluer dans la vie comme un fantôme piégé. Et parfois, rien que quelques fois, elle avait de l’espoir. Aujourd’hui, elle se forçait à voir cette lueur au bout du tunnel, tout en sachant qu’elle ne la rejoindrait jamais. Elle venait de quitter un job qui faisait partie de qui elle était, et cela remuait tant de choses en elle et posait tellement de questions qu’elle préférait les ignorer.

Il fallait que la tension redescende, il fallait que tu te calmes Felix. Tu n'es pas roi de tes sentiments, bien souvent ils te submergent. Car, tu es quelqu'un de vrai. Tu es quelqu'un honnête. Tu es une personne qui n'a jamais pris le temps de comprendre, d'analyser ce qu'il peut ressentir. Toi, ont t'a appris à mettre ces sentiments dans une boite et à ne plus y toucher. Toi on t'a appris à fermer ta gueule quand tu voulais l'ouvrir. À taper quand tu voulais pleurer et à te contrôler quand tu étais heureux. Voir cet homme prêt à faire du mal à Elfie, cela était plus fort que toi. Tu te dois de la protéger c'est ce que tu as toujours fait. Même quand tu étais à New-York, tu prenais de ces nouvelles. Évidemment c'était différent, ce n'était pas comme aujourd'hui, mais tu étais présent. Tu lui souris, il est clair que tu en amours de belles femmes. Tu ne sais pas dire non à une jolie brune. Oui, les brunes de petites tailles sont ton péché mignon. Mais cet amour des femmes, te veut aussi d'avoir perdu celle qui a véritablement compté pour toi. "Si je voulais casser des gueules je n'avais qu'à attendre prêt de mon père. " Tu essaies d'être drôle, Félix, le coeur y est. Mais tu sais qu'avec monsieur Brown celui qui aurait fini avec des bleues, c'est toi. Tu ne t'attendais pas à ce genre de choses, en demandant à la jolie demoiselle si elle avait quelques choses. Elle voulait démissionner. Tu as toujours voulu qu'elle change de voix, mais tu ne lui avais jamais dit. Tu connais les personnes autodestructrice. Tu les connais puisque tu fais partie de ce fameux club. Tu sais qu'avoir ce genre de dialogue ne sert à rien. Tu sais que cela ne ferait que la pousser vers le vice. "Ça se fête, alors!" Tu lui souris, tu es fier d'elle. Capable de prendre ce genre décision, une force pour la jolie brune. Celle qui avait quelques moins auparavant tenter de mettre fin à sa vie. C'est ce qui t'a donné envie de la protéger. Ce côté fragile et forte à la fois. Malgré, ton mauvais caractère, tu n'as jamais eu ce genre d'idée. Quitter ce monde est pour toi une facilité. Tu veux qu'avant de partir, tu es affronté ton géniteur. Tu ne veux pas partir comme un lâche, comme un faible, comme le type que malheureusement tu es. Trop faible! "Tu veux fêter ça comment ?" Dis-tu en souriant.

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Effy roula des yeux et ne releva pas la remarque du garçon, se contentant de marcher avec un petit hochement de tête imperceptible. Elle connaissait Félix suffisamment bien et depuis assez de temps pour être parfaitement au courant de la relation complexe qu'il entretenait avec son géniteur. Un sorte d'amour-haine, une recherche malsaine de validation qui passait par des confrontations et des coups, un cynisme et une froideur qui traduisaient un profond manque de communication et d'affection depuis le plus jeune âge. Une éducation dure, un manque de confiance, un besoin d'être à la hauteur mêlé à un certain je-m'en-foutisme fataliste. La vision de l'Anglaise de cette relation était claire : elle détestait le père Brown. Sans doute parce qu'elle voulait, comme toujours, protéger Félix de toute personne cherchant à lui nuire d'une façon ou d'une autre, surtout d'une façon psychologique, peu importe que ce soit conscient ou pas. Elle n'aimait pas ces jeux psychologiques, ces manipulations malsaines que le senior imposait à son rejeton. Il y avait quelque chose de mauvais dans son aura, qui mettait Effy sur la défensive à chaque fois qu'elle le croisait, ce qui était rare. Mais c'était connu qu'ils ne pouvaient pas se blairer. À raison. Mais la conversation ne s'éternisa guère sur ce point sensible et le brun proposa immédiatement de fêter la démission de la jeune fille. Ce qui lui arracha un petit sourire amusé, généralement, on fêtait les embauches, pas les démissions. L'enthousiasme soudain de Félix eut néanmoins le don de la mettre réellement de bonne humeur. « Vu que j'ai apparemment décidé de rentrer dans le droit chemin, j'crois pas que ma réponse habituelle à cette question serait adaptée. » rit-elle derrière un masque caustique, s'amusant de l'ironie que ça aurait été de fêter ça avec de l'alcool, une boîte de nuit et une pilule. « Mais j'ai quand même pas très envie de rester à l'eau. On se fait un billard autour d'un verre ? » reprit l'Anglaise en haussant un sourcil interrogateur, ses traits rafraîchis par l'optique d'un moment tranquille avec celui qu'elle considérait comme son frère.

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Il est certain que la relation avec ton père n'est pas saine, bien au contraire. Il t'avait éduqué avec un sens du devoir un peu particulier. Tu pouvais faire tout ton possible et pourtant, rien n'était assez bien. Tu avais fini par jouer les je m'en foutiste, alors qu'au fond tu aurais tellement voulus avoir son approbation. Mais peu importe, aujourd'hui, il faut se concentrer sur Elfie. Sur les progrès, qu'elle a fait et tu es fier. Heureux que ta petite soeur puisse se sortir de ce cercle malsain. Elle allait enfin pouvoir avoir une vie normale. Tu ne serais dire ce qui est normal, car la normalité c'est quelques choses d'assez subjectif. Ce qui est sur ce que la prostitution n'est pas le métier rêvé des femmes en général. Si elles choisissent ce métier c'est surtout par obligation. Alors, tu es fier qu'Elfie mette fin à son contrat. Elle accepte ta proposition de fêter cela. "Il ne faut pas non plus changer les bonnes habitudes, mais toujours avec modération." Tu es le roi du sarcasme, Félix. Tu bois trop, tu ne peux pas te coucher sans boire ton verre de bourbon. Tu ressembles de plus en plus à celui qui t'a donné la vie, malgré toi. Mais si tu ne bois pas ce verre, ton esprit ne cesse de travailler. Tu manquais de sommeil, tu avais envie de dormir et boire ce verre facilite ton endormissement. Alors, peu importe, les conséquences, tu t'es mis à boire plus régulièrement que la moyenne. "Parfait." Tu attrapes ta petite soeur, comme tu aimes le penser, par les épaules et vous vous dirigez vers le bar le plus proche. Tu suis Elfie, tu sais qu'elle t'emmènera dans un endroit sympa. L'avantage quand on on consomme beaucoup d'alcool c'est qu'après ont sait ou allez pour en boire. Tu es fier d'Elfie, fier de la femme forte qu'elle peut être, mais une question ne cesse de traîner dans ton esprit. Comment ? Comment a-t-elle fait pour enfin vouloir s'en sortir ? Tu ne veux pas être trop curieux, tu ne voudrais pas lui faire peur. Tu tentes de te résonner, de te dire que ce n'est pas tes affaires, mais la curiosité est trop forte et tu cèdes. "Dis-moi pourquoi ce changement de vie ?" Serait-ce pour un homme ? Quel évènements nouveau de sa vie lui a donné l'envie de se battre ? Elle qui voulait quitter ce monde, il y a encore quelques semaines, semblez plus que jamais avoir envie de vivre. Cela te fait plaisir, mais tu aimerais comprendre pourquoi.

La façon dont Félix réagissait à cette nouvelle avait le don d'amener un vent de bonne humeur sur la jeunette. Elle pouvait voir qu'il était fier d'elle, qu'il voulait lui transmettre sa joie de la voir prendre une telle décision, mais il le faisait avec discrétion, sans jugement aucun envers tous les choix qu'elle avait pu faire dans la vie. Effy n'était pas sortie de tout ça, de ces journées parfois vides de sens et d'émotions, de ces grandes chutes libres vers ses démons, dont elle retrouvait l'étreinte rassurante avec bonheur. Elle savait, au fond d'elle, qu'elle n'en sortirait probablement jamais. Mais au bout de tant d'années de mal-être, à creuser encore plus profondément le trou dans lequel elle se trouvait, au bout de tant de discussions houleuses et de montagnes russes, les derniers événements de son existence l'avaient poussée à essayer de se reprendre en main. Essayer, comme elle l'avait promis. Ça ne voulait pas dire qu'elle se métamorphoserait en jeune femme pétillante et pleine de vie, mais qu'elle gravissait centimètre par centimètre une escalade vers la lumière. Aller mieux, elle pouvait le faire, elle essayait de le faire, au meilleur de ses capacités. Mais ce serait un combat constant, elle le savait d'avance. Elle resterait toujours qui elle était, née à l'envers, persuadée de ne pas correspondre à cet univers. Félix l'acceptait. Il l'avait toujours acceptée comme ça. Il le faisait encore maintenant, en minimisant toutes les autres choses qui pouvaient tirer l'Anglaise vers le bas, comme sa consommation excessive d'alcool et d'autres produits. Et elle le remerciait infiniment pour ça. Il fêtait ses petits pas, sans lui en demander trop. Et puis, il savait de quoi il parlait, il n'était pas un modèle non plus. C'était sans doute pour cette raison qu'ils avaient bien accroché. Ils se complaisaient tous deux dans leurs mauvaises habitudes, réponse à leurs angoisses profondes et leur vulnérabilité. « Allons fêter ça, alors. » sourit la jolie brune avec un sourire en coin espiègle, se laissant entraîner par le garçon, profitant de cette étreinte chaleureuse. D'un pas plus joyeux, ils arrivèrent au vieux bar proposant quelques billards dans le fond de la salle aux murs boisés et à l'ambiance vieillotte et tamisée. « Deux bourbons s'il vous plaît. » demanda Effy au bar, lançant un regard en coin complice à son ami, ses yeux d'un bleu incomparable habités d'une flamme enjouée. Emportant leurs verres remplis de quelques centimètres de liquide brun épais, les déposants sur la petite table haute à côté du billard, l'Anglaise tendit une des queues à Félix avant de placer les boules en triangle. « T'emballes pas, j'sais pas si on peut déjà parler de changement de vie. » fit remarquer la brunette avec une pointe de sarcasme en se penchant sur le billard pour casser. « J'crois que quelqu'un m'a fait comprendre que j'avais peut-être mieux à faire que de me faire du mal. » répondit-elle ensuite d'un air désinvolte, ses iris iceberg fixés sur la boule orange qu'elle visait, qui roula lentement jusqu'au trou, tombant avec un bruit sourd.

Les rues de Bowen ont changé depuis ton départ. Tu avais encore du mal à t'y faire. New-York te manque, bien plus que tu ne l'aurais imaginé. Et tu savais qu'elle allait te manquer. Tu étais chez toi à la grosse pomme. Tu n'avais plus ton père derrière ton dos ou beaucoup moins. Tu n'avais pas à lui rendre des comptes. Tu pouvais être toi, être libre, tu aurais pu être heureux, mais ça c'est un autre débat. Les rues avaient peut-être changé, mais pas ce bar. Cet endroit tu le connais, cette odeur de vieux parquets flottant. Elle te rappelle ta jeunesse. Des souvenirs avec Nev, des souvenirs à vous amusiez avec les copains. À l'époque, tu avais des amis Félix, mais ça c'était à une autre époque. Quand vous arrivez près des billards, le serveurs vient vous demander vos boissons, tu fus quelques peu surprise devant la commande de ta petite soeur. "Et l'eau dans tout ça ? Je sais que ça fait rouillé, mais tout même, je n'ai jamais vu une personne aussi lunatique. Peut-être moi, mais je ne me vois pas souvent." Tous les matins quand tu t'admires. Tu lui souris quand elle te dit que ce n'est pas un changement de vie radicale, peut-être plus un nouveau train de vie. "Du moment que c'est pour ton bien, je ne peux qu'en être ravis." Cela venait du fond du coeur, malgré l'ironie de la situation. Tu ne cherches même pas à être heureux, mais tu voudrais qu'Elfie, le trouve. Tu sais qu'elle le mérite, tu sais qu'elle devrait être heureuse et vivre comme toutes les femmes de son âge. Honneur aux femmes, tu avais donc laissé Elfie taper dans la boule blanche pour la première fois. Tu réalises que tu n'as demandé à quel style de partie vous allez jouer américain ou français. En un coup elle fait tomber la boule orange dans un trou. Tu commences à mettre tout ton poids sur la canne en te disant que la partie risque d'être rapide ainsi. "Je peux en savoir plus sur ce quelqu'un ou c'est secret défense?" Demandes-tu en la regardant ce positionné pour frapper la balle verte. Une part de toi souhaite qu'elle a rate, tu n'es pas trop bon perdant.