Entre jumeaux | Charlie K.

Bien sûr, Devon a raison. Certaines femmes doivent être effrayées à l'idée de s'engager avec un homme dont le destin est déjà tracé. S'attacher à quelqu'un qui a une espérance de vie qui n'ira pas au-delà de quarante ans, qui voudrait s'infliger une telle souffrance? Mon cœur de sœur a de la peine de le voir si malheureux. Cependant je refuse qu'il perde espoir. Mon tempérament d'optimisme prend le dessus. Mais non regarde tu as matché avec cette fille! lui dis-je avec un sourire encourageant. Avec un trait d'humour je rajoute qu'il n'a pas encore trouvé celle qui supportera son sale caractère. Petit mensonge pour relativiser la situation. Mon frère n'est pas celui de nous deux, qui, est le moins facile à vivre. Oui comparé à moi admet-je en haussant les épaules, d'un air coupable. Heureusement que la pâtisserie m'aide à me canaliser. Car mon problème vient de mon impulsivité. Quand je me mets en colère, il me faut du temps pour la faire redescendre. Moi aussi je t'aime mon frère, et t'en fais pas. Tout ira bien. Cette discussion m'a fait penser à Liam. Lui aussi, je l'ai rencontré sur l'application. Nous étions d'accord pour ne pas nous engager dans une quelconque relation, seulement mes sentiments se sont révélés sans que je ne puisse les contrôler. Je l'ai toujours dit il a un visage pour être aimé. Tout me ramène à lui, alors comment l'oublier?

Lors de mon inscription, je dois dire que j'avais peur, peur de ne pas plaire, je sais le charme que j'ai, ce n'est pas ça le souci. Le souci c'est que je ne peux pas cacher ma maladie, car elle est là et elle ne disparaitra jamais. C'est pour ça que dans ma description, j'ai voulu être franc et j'ai indiquer ce que je voulais concernant ma maladie, c'est peut être pour cela que je n'ai pas beaucoup de raison. Je sais, mais ça ne veux rien, on parle seulement ensemble, en plus elle a un bébé. Mais ça n'ira pas plus loin c'est moi qui te le dit." Elle ne voulait pas sérieux, bon je l'ai dit aussi, mais je préfère profiter un maximum avant de m'engager, mais j'aimerais bien trouver la femme de ma vie. Une vie qui sera surement courte à mes côtés, car la greffe, je ne sais pas si elle arrivera, c'est rare quand elle arrive. "C'est pour ça qu'on est jumeaux, on n’a pas le même caractère, je n'imagine même pas si on avait le même." C'est un des points communs que j'avais retenus de notre relation de jumeaux, nous n'aimons pas les mêmes choses et nous n'avons pas le même caractère. Je souris à ma sœur, elle a peut être raison, tout ira bien, je n'ai qu'a faire comme d'habitude, ne rien changer, vivre ma vie comme si c'était le dernier jour. J'ai encore tellement de choses à voir et à faire que je ne peux pas disparaître du jour au lendemain, il me faut cette greffe au plus vite."Tu veux qu'on fasse quelques chose ou pas ?"

Certaines personnes pensent qu'on ne peut pas trouver l'amour sur une application de rencontre. Il faut dire que la plupart s'y inscrive pour un plan d'un soir. Moi la première. Quelle ironie quand on sait que je suis tombée amoureuse de Liam, avec qui j'ai discuté sur BBT. Devon y trouvera sûrement son bonheur, bien que je suis surprise du profil de la jeune femme avec qui il parle. Elle est mère. Oh. lui dis-je en fronçant les sourcils. Cela n'ira pas plus loin parce que tu ne le veux pas ou parce qu'elle ne le veut pas? Cette situation me rappelle celle de mon amie Beth, son couple doit trouver sa place dans sa vie de maman. Elle doute énormément malgré ses forts sentiments pour Zak. Je ne sais pas si de son côté mon frère espère se lancer dans une relation sérieuse. Être gravement malade, ne doit pas l'empêcher à trouver la femme de sa vie. Avec Devon, je dois m'attendre à tout. Il peut se montrer mystérieux quand il s'y met. Nous avions deux tempéraments si différents. Je serais quand même la plus cool de nous deux. Avec un air faussement prétentieux, je ramène mes cheveux en arrière. Moi j'ai envie de bouger, c'est toi qui fait ton mollusque. Si tu veux pas bouger, je vais faire un gâteau. J'ai acheté des framboises hier au marché. En toute modestie, c'est ce que je faisais le mieux. Pour moi il n'y avait pas de plus belle et délicieuse façon de s'échapper à ses soucis.

Il ne fallait pas que je cache ma maladie, elle était la et je devais faire avec et surtout maintenant qu'elle a évolué, c'est deux fois plus difficile de me dire que je suis sur liste d'attente pour une greffe, mais ça va le faire, je suis sur que je vais avoir des nouvelles très rapidement. J'ai perdu mon premier amour à cause de cette maladie, je sais que ce n'est pas simple pour la personne qui vit avec moi de me voir aller à l'hôpital tout le temps, c'est compliqué à gérer. Je me dis qu'aujourd'hui les gens sont un peu plus au courant de cette maladie et que des traitements existent, mais il faut croire que beaucoup de personnes ne sont pas au courant de cette maladie encore à l'heure d'aujourd'hui. "Ce n'est pas le souci, qu'elle soit maman, tu sais Charlie. Mais je me dis qu'elle ne voudra pas de moi et de ma maladie tout comme l'a fait mon premier amour, regarde comment ça c'est terminé, elle est partie sans me dire quoi que ce soit. S'il vient à ce passé quelque chose entre nous deux et bien il se passera quelque chose et s'il ne se passe rien et bien tant pis j'ai l'habitude." Peut etre qu'un jour je trouverais la femme de ma vie, je ne sais pas si elle est à Bowen, mais je pense que je la trouverais c'est sur. Je secoue la tête je n'étais pas d'accord, elle n'était pas la plus cool de nous deux, je souris, j'étais cool aussi. "Ça va les chevilles ? " J'adore ma soeur, j'ai tellement de chance de l'avoir, je ne sais pas ce que je serai sans elle, c'est mon pilier, elle est tout ce qui compte dans ma vie. Excuse-moi d'essayer d'accuser le coup après cette putain d'annonce. Un gâteau ? Vraiment ? Avec des framboises ?" J'adore les gâteaux de ma soeur et j'adore la regarder faire la pâtisserie, je serais tenté de l'aidé, mais je ne suis pas vraiment fort en pâtisserie, c'est elle la pro. Je me redresse sur le canapé et je lui tends la main. "Allé vient on va faire de la pâtisserie" Je me lève et elle se lève aussi direction la cuisine.

J'en appelle à mon optimisme une fois de plus. Tu verras bien. Peut-être que, cette fois ça collera. Mon sourire est j'espère, convaincant. Mais intérieurement je suis en train de flancher. Il accuse le coup de la nouvelle et moi je cherche par tous les moyens de lui changer les idées, parce que je ne veux pas en parler. Je ne veux pas lui montrer que, moi aussi, j'ai peur. Peur de le perdre.

Je cherche alors à me réfugier à mon unique échappatoire. La pâtisserie. Je ne suis pas peu fière de voir qu'il est enthousiaste à mon initiative. J'aurais la main légère avec le sucre, promis. Alors que j'installe tous les récipients et ingrédients sur le plan central de travail, Devon reste à mes côtés, à me regarder. Je ne sais pas pourquoi à ce moment précis je réalise qu'un jour plus proche que je ne l'aurais espéré, je ne le verrais plus. Je ne pourrais plus jamais entendre sa voix, son rire ou même son effroyable toux. Là, mon masque tombe. Marre de faire semblant d'être forte. Marre de faire croire que rien ne peut m'atteindre. Marre de redoubler d'effort pour me relever. Marre de me sentir comme une infime poussière. Alors voilà, c'est tellement stupide, je ne sais pas pourquoi maintenant, mais tout d'un coup mes épaules s'affaissent et mes yeux se mettent à briller de larmes qui termineront par ruisseler sur mes joues. Je craque. Je suis désolée. Mes mains se plaquent sur mes paupières. J'ai tellement honte de craquer. Il est né quelques minutes avant moi mais je me suis toujours sentie responsable de le protéger, d'être la plus forte, pour lui, pour nous.

J’espère vraiment que ma sœur a raison, pour une fois il faudrait que je mette mon côté pessimiste de côté et que j’ai quelques pensée positif ça serait plutôt pas mal pour une fois. J’allai voir si elle veux d’un rendez vous avec moi, je ne lui ai pas encore proposer nous ne faisons que parler. « Oui je verrai bien, j’espère vraiment que tu as raison » La nouvelle m’a vraiment chamboulé j'aurais vraiment où aller dans ma chambre et fermer la porte comme je l’ai eu fait quand j’étais adolescent, mais je ne suis plus adolescent. Cette annonce n’a fait plaisir à personne que ce soit à moi qui suit le principale concerner ou ma sœur celle qui s’occupe de moi. Depuis que je suis tomber dans le coma, elle a tout fait pour que ma maladie ne progresse pas, elle a bien fait les choses, elle a veiller à ce que je prenne bien mes cachets, toujours derrière moi, une vrai maman poule. J’espère qu’elle aurait des enfants bientôt et que je pourrais les connaître, car elle mérite de le devenir, il ne faut pas qu’elle se prive. Je me lève avec ma sœur je m’installe sur la tabouret pendant qu’elle prépare les ingredient, je regarde les gestes de ma sœur c’est précis la patisserie, elle va encore nous faire un gâteau d’enfer, j’adore manger ses gâteaux je me régale à chaque fois. Elle devais faire attention avec le sucre, mon diabète est bon mais à tout moment ça peu monter, donc elle fait très attention quand elle nous fait des gâteaux. Alors qu’elle était en train de préparer ce qu’il faut pour les gâteaux, je vois son visage, son si beau sourire s’envoler, mais je comprends ce qu’il se passe tout d’un coup. Ma sœur qui est si forte d’habitude est en train de craquer. Je me lève, je me dirige vers elle, je relève sa tête et je la prends dans mes bras. C’est moi qui devrait pleurer, pas elle, elle n’a pas le droit. Je l’embrasse sur le front, je suis près d’elle maintenant, je suis encore auprès d’elle. Je compte tout faire pour avoir cette greffe à temps et je l’aurais. « Tu as le droit de pleurer Charlie. Mais je suis encore là je vais l’avoir cette greffe d’accord. Ta pas fini avec moi, je vais t’en faire voir de toute les couleurs » Je souris et je lui enlève ses mains qui sont sur ses yeux et j’essuie ses joues. « Pleure autant que tu veux, je suis là mon épaule est là si tu as besoin. » je regarde à nouveau ma sœur et nous nous serrons dans les bras l’un de l’autre

Il n'y a pas un jour où je me demande pourquoi lui et pas moi. Ou pourquoi ne sommes-nous pas malades tous les deux? L'équilibre aurait été plus juste. L'espace de quelques secondes me suffit pour faillir et éclater en pleurs. Avant même que je songe quitter la pièce, Devon s'interpose devant moi avec des mots rassurants mais des mots qui me semblent vide de sens. Non bien sûr... que non, je ne devrais pas... ai-je du mal à articuler, la tête enfouie contre son épaule. Je me déteste encore plus de le voir me consoler. De me voir faible et fragile. Toi... qui est malade... Qui sait si nous fêterons notre vingt-huitème anniversaire ensemble? Qui sait si nous fêterons Noël ensemble? Qui sait si il obtiendra une greffe à temps? Alors ses sombres pensées ne font qu'empirer mes pleurs, m'empêchant aussi d'avoir des paroles cohérentes. Pendant un moment qui me semble interminable, seuls des sanglots s'échappent en moi. Les bras de Devon m'entourent dans un triste cocon.

Voir ma soeur pleurer, c'est quelque chose, je ne l'ai jamais vu pleurer enfin si je l'ai déjà vu, mais pas pour moi, il a fallu que l'on me dise que je dois avoir une greffe pour qu'elle s'effondre dans mes bras. Je ne sais pas si elle pleure quand je ne suis pas la ou quand je suis dans ma chambre, elle ne me dira jamais c'est sur et certain. La prenant dans mes bras, je veux qu'elle lâche tout ce qu'elle à sur le coeur, j'essaie tant bien que mal a comprendre ce qu'elle veut dire, mais je ne comprends pas très bien. "Je suis malade et alors ? Il me faut des poumons tout neufs, c'est tout ce qu'il me faut Charlie."" Je les aurais, je me le redis dans ma tête pour que ce soit vrai, j'ai envie d'y croire et tôt ou tard j'aurais cette greffe, enfin pas trop tard non plus. Je prends ma soeur et je l'installe sur le tabouret, il faut qu'elle respire, je m'éloigne, je vais lui chercher un verre comme pour moi, je lui apporte et je bois en même temps qu'elle. "Je suis la, je veux voir ce beau sourire qui fait chavirer les garçons" Ma soeur est belle, elle le sait, je suis sur qu'elle a un petit copain, mais elle ne le dira pas.

Je ne relâche pas son étreinte. Je serre Devon, fort, par peur que le monde puisse me l'arracher à tout moment. Ce qui est d'ailleurs le cas, car si il n'obtient pas bientôt une greffe de poumons, la maladie l'emportera. Silencieuse, je déglutis, écoutant à moitié ses paroles qui se voudraient rassurantes. Des paroles que je ne peux empêcher de couvrir par des sanglots. Je pleure, dans les bras de mon frère, ma moitié, celui avec qui j'ai partagé neuf mois dans le ventre de notre mère. Mon cœur ne restera pas indemne si la vie me retire cette partie de moi. Puis quand mes larmes finissent par s'assécher, je parviens à bloquer ma peine. D'un mouvement brusque, j'essuie mes joues avec la manche de mon chemisier. Je me dirige vers le lavabo de la cuisine, me lave les mains et retourne auprès de Devon. Désolé, je... ça va mieux. Sur la pointe des pieds, je dépose un baiser sur sa joue et le serre une dernière fois dans mes bras. Allez je me mets au boulot. Je vais faire une compotée de framboises à tomber par terre, tu vas voir. Car comme toujours, la pâtisserie sera mon échappatoire.

Terminé