are you ready to be afraid ? (libre)

Halloween était un évènement de l'année qui se trouvait dans ton top trois. Tu le plaçais en second après Noël parce que pendant longtemps ça avait été la réunion de ta famille, d'autant plus que tu allais parfois en Australie pour le fêter. Et puis il y avait aussi l'Action de grâce, qui avait aussi lieu en octobre. Tu avais flâner dans les rues de Bowen aujourd'hui, découvrant que pas mal de maisons et de commerces avaient mis leurs enseignes aux couleurs de la fête de la peur. A tous les coins de rues où pouvait voir des citrouilles, des chauve-souris, des toiles d'araignées et des sorcières. Le Circus of horrors avait même retrouvé ses belles décorations pour l'occasion. La ville avait fait la promotion d'une soirée à se pisser dessus et comme avant-goût, un feu de camp avait été mis en place avec divers aliments à faire brûler tout en se racontant des histoires. Tu ne pouvais pas ne pas t'y rendre, tu avais fais le stock d'histoires et tu avais hâte d'avoir des frissons. « Alors, prêt à avoir peur ? » demandais-tu avec un grand sourire à la personne qui se trouvais juste à côté de toi. Tu prenais place en regardant les autres faire de même. Il y avait des piques et s'mores à faire griller, tu n'allais pas te faire prier pour en prendre quelques unes. Tu avais bien un peu de temps devant toi, le temps que tout le monde prenne place autour du feu. « Si vous voulez pas commencer, j'ai une petite histoire pour nous mettre en joie ! » proposais-tu après quelques minutes.

En entendant parler de cette soirée, Saoirse avait insisté auprès des quelques amis qu’elle s’était fait au fil des mois pour y aller ensemble. Si certains n’avaient pas parus plus emballés que ça, d’autres avaient bien volontairement répondu présent. Un petit moment autour d’un feu de camp, dans un cadre qu’elle ne connaissait pas mais dont l’ambiance lui paraissait toute indiquée au vu de la période de l’année, avec un petit groupe de personnes se racontant des histoires d’une voix feutrée, ça avait un petit goût de chez elle, de son ancienne communauté. Des feux d’hiver où tout le monde se réunissait le soir pour se transmettre un peu de chaleur, entre leurs caravanes et leurs roulottes, célébrant cette saison calme. Chacun acceptait de tenir en place, même les enfants et les chiens se taisaient et écoutaient, tous venaient s’asseoir auprès des flammes pour un moment de partage et de communion, renforçant les liens. Ça lui faisait plaisir, à l’Irlandaise, qu’un événement s’en rapprochant un peu ait lieu ici. Ce fut une voix connue qui résonna aux oreilles de la rouquine alors qu’on l’aidait à s’installer à bonne distance du feu, elle qui n’avait aucune connaissance de l’agencement de l’espace et d’où elle pouvait bien s’asseoir sans écraser les vivres, renverser une boisson ou se retrouver dans la cendre. « J’espère que tu as du lourd, il en faut beaucoup pour me donner la chair de poule. » souffla discrètement Saoirse à l’attention de CJ, qu’elle avait bel et bien reconnu et à côté de qui elle s’était installée.

@CJ Valentine j’me suis permise de m’incruster vu qu'ils se connaissent un peu
@les gens, feel free to join !

Tu ne l'avais pas vu tout de suite, mais quelqu'un que tu connaissais un peu venait de s'installer à tes côtés. Tu ne savais pas si elle l'avait fait parce qu'elle avait reconnu le son de ta voix ou si c'était un simple hasard. Saoirse t'encourageais à commencer, après tout tu t'étais proposé. Tu avais une petite mise en bouche, ce n'était pas très effrayant, mais plutôt dérangeant. Tu ne te fis pas prier plus longtemps et tu pris à nouveau la parole. « On va essayer alors ! » Tu dessinais un grand sourire sur ton visage. Quelqu'un te tendait une lampe de poche allumée et tu la glissais lentement sous ton menton. Le cadre était posé, tu toussais un coup pour bien poser ta voix, commençant alors ton récit. « Elle a toujours été fascinée par l'idée de manger sa propre chair. Dernièrement c'était même devenue une obsession pour elle. » Tu prenais le temps de bien raconter ta petite histoire. Tu sentais tous les regards posés sur toi, certains avaient commencés à se recroqueviller un peu sur eux-mêmes, comme s'ils appréhendaient la suite. Un nouveau sourire se dessinait sur ton visage avant de reprendre, plus doucement cette fois-ci. « Heureusement, neuf mois, ce n'était pas trop long à attendre. » Tu avais fini en chuchotant les derniers mots, tandis qu'un frisson te parcourait. C'était quand même horrible d'imaginer quelqu'un découper et manger son propre enfant mais c'étair ça aussi le but de la soirée. Tu retirais la lampe pour la poser au sol, attendant qu'une autre personne s'en empare. « Alors ? » soufflais-tu en te penchant légèrement vers Saoirse.  

Aux yeux de Rosemary Russo, Halloween était une journée comme une autre, à savoir longue et insipide, comme toutes celles qui l’avaient précédée et qui suivraient. Elle n’aimait pas se costumer et ne raffolait pas des friandises, préférant de loin le salé au sucré. Par contre, elle devait avouer avoir un faible pour les histoires d’horreur en tous genres, alors en tombant sur cette annonce sur les réseaux sociaux, elle avait décidé de sortir de sa zone de confort et de se mêler aux vivants pour l’espace d’une soirée. Un feu de camp autour duquel on se raconterait des histoires glauques et sanglantes? Ça lui semblait parfait pour échapper à la monotonie de son existence. Le jour J, elle se présenta seule au Circus of Horrors, habillé pour l’occasion de citrouilles, chauve-souris et autres décorations du genre. Elle n’eut aucune difficulté à repérer les quelques personnes déjà assises en cercle à proximité du feu. Sans un mot, elle prit place sur une chaise libre, les mains enfouies dans les poches de son sweat, alors qu’un jeune homme commençait à raconter une histoire. Une très courte histoire, mais qui eut son effet sur le petit groupe. Exclamations dégoûtées d’un côté, ricanements amusés de l’autre. Pour sa part, Rosemary s’esclaffa sans pouvoir se retenir; l’humour noir de ce genre, elle adorait. Étant baby-sitter, elle ne savait toutefois pas si les gens pour lesquels elle travaillait seraient contents d’apprendre qu’elle rigolait à une blague pareille… Un silence plana sur l’assemblée. En voulant s’emparer d’une pique et d’un s’more à faire griller, sa main heurta la lampe, qui alla tomber dans un bruit sourd dans l’herbe. « Oups, je suis désolée, » bredouilla-t-elle. À qui s’excusait-elle, exactement? À la lampe? Confuse, elle se pencha pour ramasser l’objet. Elle s’apprêtait à appuyer sur le bouton pour l’allumer, histoire de s’assurer qu’elle fonctionnait encore, quand la lampe clignota plusieurs fois par elle-même. Surprise, Rosemary la laissa tomber de nouveau sur le sol. « Ce n’était pas moi, je le jure! » Soit la batterie de cette lampe leur jouait un mauvais tour, soit un fantôme voulait s’amuser à leur faire peur.

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