Sometime you just have to dance with the devil. You know exactly what's gonna happen, but you have to. -FLYNN

Je ne me sens pas très bien. Je ne sais pas si c’est la mort de ma mère ou la disparition de Bessie qui me rend si fleur bleue, mais clairement ça me gave. Où est donc passé cet homme si sûr de lui ? Où est passé cet avocat criminaliste qui n’avait que faire qu’on ne l’aimait pas ? Cet homme qui n’avait que deux femmes qui le connaissait vraiment et l’apprécie pour ce qu’il est. Cet homme-là n’existe plus depuis que ces deux femmes sont parties. Sa mère et surtout Bessie, m'on fait connaître le goût d’être aimé et apprécier. Et depuis que j’ai réalisé que je n’y ai soudainement plus droit, noyé dans l’alcool, j’ai découvert un soir avec une autre femme, mon désir d’être aimé, refoulé au plus profond de moi-même. J’ai adoré cette nuit où j’ai été un matelot capitaine qui a réussis l’exploit d’envoûter une sorcière sirène qui n’arrêtait pas de me dire à quel point j’étais beau et que je la faisais fondre de désir. Je me sentais aimé de nouveau, pas de la même manière dont Bess et ma mère m’ont fait connaître. Mais un goût assez similaire pour que je sois à présent en quête de conquête d’un soir ou alors d’être pardonné par des personnes que j’ai potentiellement déçu ou refusé d’aider. Je n’arrivais plus à savoir si je voulais continuer à être un avocat criminaliste. Tiraillé entre le confort que l’argent m’apporte, la peur des représailles de mes clients et mes réels désirs d’être aimé, mon rêve d’être un pianiste. Je rejoue du piano, plus précisément avec le piano que j’ai hérité de ma mère. Ça m’en a donné quelques crises de larmes et ça a été encore le cas ce soir-là. J’avais besoin de prendre l’air et pourquoi pas de manger dehors quelque part seul et si le cœur m’en dit recontacter ces deux femmes que j’ai rencontré afin de me remonter le moral si le petit plaisir dans un resto ne me suffisait pas.

Une cigarette en bouche, aille et totalement pensif, je marche d’un pas lent dans les rues regardant un par un ce qui pourrait potentiellement me plaire. C’est à ce moment-là qu’un fantôme apparaît soudainement. Ce n’était pas ma mère non, elle, elle hante ma tête et mon propre esprit. Non, c’était Bessie, cette ancienne camarade de bureau avec qui je me chamaillais pour enfin de compte former possiblement une amitié jusqu’à ce qu’elle disparaisse soudainement sans crier gare. Je ne savais pas comment agir ni quoi faire tellement que la situation me semblait totalement irréel. De suite, j’accusais un mirage et qu’on allait se passer à côté sans se calculer, mais je réalise très vite que j’avais tout faux quand elle se met à m’adresser une salutation comme si rien était. Sans répondre de suite, je la fixe un moment, comme si je tentais de me réveiller. Mais n’y arrivant pas je me force donc à répondre d’une voix un peu perturbée, figé devant elle, bouche légèrement entre ouverte comme si je cherchais mes mots pour enfin de compte en sortir qu’un misérable.

« Salut. »

Un rictus se fait en guise de sourire et je me prends un bouffer de cigarette comme pour me calmer et garder mon sang-froid. Je brûlais d’envie de lui faire la réflexion que je la croyais morte. Mais qu’est-ce que ça m’apportera ? Surtout quand on sait que c’est selon Daisy possiblement ma faute qu’elle soit partie si soudainement. Une hypothèse que je ne pouvais pas ignorer et encore moins contredire. Faire du mal aux autres, au gens qui décide de me porter de l’intérêt, c’est ma spécialité. Il n’y a qu’à voir ma mère. Je la fuis du regard, un peu crispé sur moi-même une main dans la poche et ressens un malaise total de l’avoir en face de moi. Il vaut sans doute mieux que je parte, pour son bien, la préservé de moi et de ma méchanceté.

« Toujours bon de savoir que tu as l’air d’aller bien. »

On ne pouvait pas en dire autant pour moi, avec mes cernes visibles sous mes yeux et cette assurance que j’ai l’air d’avoir perdue pour un temps indéterminé. Dans tous les cas, faisons-en sorte que ça reste comme tel en nous éloignant d’elle le plus possible.

« Bonne soirée. »

Je la contourne pour continuer mon chemin mâchoire serrée et jette ma cigarette que je venais de terminer. Je n’ai pas vraiment trouvé d’autre manière pour m’éloigner, j’ai été pris au dépourvu. Jamais je n’aurais cru la revoir un jour quand elle a disparu, je l’ai pensé perdue à jamais. Je ne veux pas que ça recommence par ma faute. Qu’elle reste ici, c’est à moi de partir de Bowen après tout. Contrairement à elle, je n’ai pratiquement rien qui me retiens ici.