#678 a secret journey (alba)

tout s'était enchaîné très rapidement. tu avais quitté le travail à l'heure habituelle, avant de te rendre près du domicile de freja. voiture noire passe-partout que tu avais acheté d'occasion à ton arrivée en australie, elle t'accompagnait partout depuis. et dans cette histoire aussi. celle qui a tout chamboulé. une histoire d'un soir qui aurait dû le rester -qui n'aurait, en réalité, jamais dû se réaliser- mais qui avait détruit ta vie à petit feu. mais le feu s'était rallumé. la flamme brûlait l'intérieur de ton corps entier, et tu souffrais plus que jamais. tu ne comprenais tout simplement pas comment ton passé arrivait à réapparaître ici aussi, comme si tu allais être hanté jusqu'à la fin de tes jours. les dernières années avaient été assez terribles, et si l'air australien t'apportait une certaine légèreté, c'était sans compter sur les panneaux publicitaires que tu avais pu voir à brisbane. hallucination qui s'était transformée en obsession : revoir celle qui avait sonné le glas de la chute libre de ta vie. mais voilà, le plan s'arrêtait là. après ça, tu n'avais aucune idée d'orientation. que faire, quand on retrouve enfin son démon ?

le ventre qui gargouillait, tu te rendais compte que la nuit été tombée. cahier ouvert avec des indications griffonnées dessus, tu le refermas d'un coup sec après avoir vu l'heure. freja ne sortirait certainement plus de chez elle. raison suffisante pour rentrer à ton tour, avant d'inquiéter alba. tu démarras le moteur, quittant difficilement du regard le numéro 24.

baillant, tu claquais la portière de la voiture en rejoignant ton chez-toi. provisoire, certes, mais dans lequel tu te sentais bien. c'était ton premier foyer depuis que ton divorce, et mine de rien, ça réchauffer un peu ton coeur. faisant le moins de bruit possible, tu refermais la porte derrière toi. les lumières étaient allumées, la maison était vivante. tes narines happèrent une odeur, et instinctivement, tu la suivis. elle t'amena à la cuisine, où ta cousine se trouvait, cuisinant. "bonsoir. qu'est-ce que ça sent bon !" tu t'exclamais, t'adossant à un mur, te rendant compte que tu n'avais pas mangé depuis le petit-déjeuner, ayant dû bosser sur un dossier à l'heure du déjeuner. "il est déjà endormi ?" tu n'avais pas encore pris le pli des gardes alternées avec le père de l'enfant, tu savais simplement que tu préférais quand il était là, pour cette ambiance familiale que la maison dégageait quand c'était le cas.

Depuis quelques semaines maintenant, la maison d’Alba était devenu un vrai foyer. Les cartons maintenant tous déballer, Jonah commençait doucement à prendre ses marques. Il n’avait jamais été aussi heureux depuis qu’il était là. Il pouvait voir Léo quand il le voulait. Même si pour Alba ce n’était pas tout le temps facile de le voir plus souvent, elle pouvait compter sur Karl. Son cousin. Il vivait avec eux. Karl et Alba ont toujours été proche. Pour elle, Karl était presque son frère, même s’il n’y avait aucun gène commun. Elle se souvenait très bien de lui heureux, festif, enjoué. Quand ils se voyaient soit au Danemark ou à Brisbane, il y avait toujours de la joie. Alors cette plainte pour viol avait également brisé Alba. Voir l’homme qui toujours avait toujours été là pour elle devenir un paria et sombré dans la dépression avait brisé Alba. Mais aujourd’hui, il était chez elle et la blonde comptait bien retrouver son cousin. Celui qui souriait. Sauf qu’encore une fois il jouait les abonnés absents. Jonah aussi l’aimai bien et à chaque fois il voulait le voir. Mais l’heure avançait et demain son adorable fils avait école. Après lui avoir lu son livre préféré et envahit de bisous, Alba éteignait les lumières. De retour dans sa cuisine, Alba s’inquiétait pour Karl. Essayant de penser à autre chose, elle préparait une compote pour demain midi tout en mettant de côté une assiette pour Karl. Elle repensait à sa soirée de la veille avec Freja, cette brunette magnifique avec qui Alba avait eu un bon feeling. Puis enfin, elle l’entendit. La porte de la voiture qui se fermait et le rythme cardiaque d’Alba s’apaisait. Quand son père l’avait appelé pour lui dire que Karl venait, Alba avait été plus qu’heureuse. Révoltée par l’injustice qu’il avait subi, Alba voulait être son meilleur soutien et lui faire comprendre qu’elle le croyait. Il arrivait dans la cuisine et avec un sourire Alba s’approchait de lui avant de déposer un tendre bisous sur sa joue. « Une compote pour demain midi. Mais il y a une assiette pour toi. » Elle s’inquiétait pour lui. Vu l’heure à laquelle il rentrait, Alba se demandait ce qu’il pouvait faire. Ce n’était pas les visites des appartements qui prenaient autant de temps. « Oui ! Tu as vu l’heure ! » Baissant le feu, elle se positionna devant Karl. « Qu’est-ce que tu faisais ? » Elle ne voulait pas être le disputer. Mais elle s’inquiétait tellement, qu’il fasse une connerie et sans Karl dans sa vie, Alba n’y arriverait pas. « Je m’inquiète pour toi Karl. Tu as toujours été là pour moi. A mon tour d’être là. Tu peux tout me dire. » Disait-elle en le regardant profondément dans les yeux.

l’heure tournait, et déjà, il faisait nuit. occupé comme jamais, les journées passaient vite, trop vite, et tu étais plus absent de la maison d’alba que prévu. tu t’y plaisais pourtant. avec ce lien spécial que tu entretenais depuis l’enfance avec ta cousine, tu avais cette impression d’avoir une soeur en plus d’une alliée. vos arrivées à bowen avaient coïncidé avec un nouvel espoir : celui de se retrouver enfin. si vous vous étiez souvent vu au cours de votre vie, ce n’était que pour des fêtes ou des vacances. il y avait toujours ce moment déchirant où ils fallait se dire au revoir. mais cela avait aussi rendu votre relation plus belle et plus forte. capable de ne pas se voir pendant des mois (quelques rares fois, des années) votre connexion l’un envers l’autre n’avait jamais failli.

tu étais heureux. heureux de partager son foyer, le temps de trouver ton appartement, et celui de jonah, que tu considérais comme ton neveu. malheureusement, ton esprit était ailleurs. tiraillé entre ton envie de faire table rase du passé, et celui d’une vengeance pure et dure qui te ferait peut-être oublié ce que tu avais traversé, tu n’avais pas eu le temps de profiter de ta cousine. travaillant la journée, observant ta nemesis le soir, tu voyais à peine la blonde qui partageait ta vie. tu t’en voulais, en voyant le triste tableau qui se peignait devant toi : elle, seule dans la cuisine et jonat déjà couché. tu passais à côté de l’essentiel.

alba n’était pas aveugle. elle voyait quelque chose clochait dans ta façon d’agir. manquant de subtilité, tu étais omnibulé par ton but nouveau, par ce plan qui se formait de jour en jour. tu en avais oublié d’être présent, d’être là. “merci.” pour l’assiette, pour l’inquiétude, pour sa présence qui était la seule bouffée d’air frais dans ta vie. tu t’installais à la table, le regard baissé, un peu honteux de la mettre dans cette situation. assiette devant le nez, tu commençais à manger. loin d’avoir emménagé avec alba pour te faire entretenir, tu te promettais à partir de cet instant d’agir mieux. “désolé pour l’heure.” tu répondais, simplement, sans avoir quoi dire de plus. tu ne voulais pas inquiéter alba, ça n’avait jamais été le but, et avant cet instant, tu n’y as même pas songé un instant. ”et désolé de te mettre dans cet état. je … j’ai découvert un truc important à bowen. qui a tout chamboulé, pour moi. c'est aussi la véritable raison de ma venue.” l’aveu, enfin. tu relevais le regard, droit dans les yeux de ta cousine. il était temps de lui dire la vérité, une partie de celle-ci du moins.

Alba se souvenait de ce jour, où sa tante, un jour avait appelé son père pour lui raconter que Karl était en prison. Le cœur d’Alba s’était fendu, tétanisée par la nouvelle. La blonde avait toujours été une militante féministe, à croise la victime plutôt que l’agresseur. Elle en avait toujours été convaincue jusqu’à ce soir-là. Apprendre que son cousin, celui qu’elle considérait comme son frère était en prison à cause d’une plainte pour viol avait fait sombrer Alba. Et elle l’avait cru alors que si ça avait été une autre personne, elle se serait sûrement lâchée sur les réseaux. Les années étaient passés, mais Karl avait péri et depuis il n’était que l’ombre de lui-même. Quand ils ont appris qu’ils arrivaient à peu près au moment à Bowen, Alba l’invita chez lui. Pour l’aider, pour être une alliée. Mais elle avait aussi besoin de lui. Il connaissait presque toute son histoire avec Léo. Il connaissait ses doutes, ses peurs et ses joies. Mais, il n’était jamais là Karl. Même Jonah s’inquiétait de voir celui qu’il considérait comme son oncle jamais présent. Lui, son petit ange, il ne voulait que jouer et donner de l’amour. Et Jonah il avait tant d’amour à donner. Encore une fois, Jonah était couché et l’assiette de Karl mise de côté. Une porte de voiture claquée et la porte d’entrée s’ouvrant, Alba était rassurée. Karl venait de rentrer. La blonde ne savait pas vraiment montrer con mécontentement, mais c’était surtout la peur qui parlait. On ne lui avait jamais donné ce rôle, mais elle se devait de veiller sur son cousin à la vie détruite. Les rôles avaient été échangés. Petits, Karl passait sa vie à défendre Alba quand certaines personnes l’embêtaient. C’était son allié et ça l’était toujours. Il avait l’air fatigué comme toujours et Alba fronçait les sourcils. Elle lui tendait l’assiette mais ne comptait pas en rester là. Pas ce soir. « Une semaine Karl. Depuis une semaine tu rentres à pas d’heure. » Sa voix était un peu élevée mais sans vraiment s’énerver. Elle en était incapable avec lui. En face de lui, elle les attendait ses explications. Karl commençait à parler, enfin. Sauf que ses mots n’éteignaient pas l’angoisse d’Albe. Pourvu que ce n’était pas cette histoire de viol, elle qui pensait que la page était tournée. Il était innocent, la plainte avait été retirée et la jeune femme s’était même excusée dans un mot. Il devait passer à autre chose, tourner la page. « C’est quoi Karl ? » Elle se battrait avec lui jusqu’à la fin du monde. Quand les personnes lui avaient tourné le dos, Alba même à des milliers de kilomètres le soutenait. Cette jeune femme avait disparu et Karl devait réapprendre à vivre.

tu en avais eu des déclics dans ta vie. entre celui pour ton métier d'architecte et d'enseignant, celui pour ton mariage et la fin de ce dernier, celui pour quitter ton pays et ton continent pour rejoindre l'australie, et finalement ce soir, un nouveau déclic. dire la vérité à alba. faire de celle que tu considères depuis toujours comme une amie, une alliée et une soeur, une confidente. tu ne voulais pas l'inquiéter, alors tu gardais tout secret. malheureusement, ce genre de secret peut ternir une personne, et ta cousine l'avait bien compris. quelque chose clochait chez toi, karl, quelques chose de trop sombre pour n'être supporté que par toi. secret et vie plus lourde qu'espéré, il était temps que les mots soient dits, que les non-dits disparaissent de ce foyer. tu regardais ta cousine, dans un élan pour te donner du courage. son regard était attendri, bienveillant, mais surtout inquiet. tu ne voulais plus jamais sentir cette inquiétude dans son regard, pas te concernant. il était temps. "elle est ici." déposant tes mains sur la table, et poussant ton assiette sur le côté pour te donner un peu d'espace, tu reprenais. "la femme qui m'a accusé à l'époque ... elle habite ici. je l'ai vue sur une publicité à brisbane, et je savais que je devais revenir, que je devais la confronter. pour mettre une bonne fois pour tout cette histoire derrière moi, tu comprends ?" le regard inquisiteur, tu te demandais alors si ça avait autant de sens pour elle que pour toi. tu ne sais pas ce que tu cherches en étant ici, au même endroit que freja, mais aurais-tu vraiment pu ignorer cette découverte et rester là où tu vivais ? impossible. "je ne lui ai pas encore parlé. je ne sais pas vraiment ... quoi faire. si je rentre tard le soir, c'est parce que je m'arrête chez elle, mais je n'ai toujours pas osé sortir de la voiture." c'est dit. c'est lâché. la vérité ne t'appartient plus. tu n'oses pas relever le regard. alba ne t'a jamais jugé, mais tu as tout de même peur de la décevoir. dans un silence que tu trouves long, très long, tu attends sa réponse, sa réaction, comme le jugement dernier.

Avant la naissance de Jonah, Alba ne connaissait pas ce sentiment d’inquiétude angoissante. Oui, il lui était arrivée d’être inquiète parfois comme lorsqu’elle avait attendu la réponse d’un employeur. Elle avait été inquiète lorsqu’elle avait pris la décision de voyager. Elle avait été très inquiète quand elle avait appris pour Karl. Mais ce n’était rien comparé à l’inquiétude constante qu’elle avait depuis la naissance de Jonah. Il n’y avait pas un jour, une seconde où elle ne s’inquiétait pour son fils. Sauf ce soir, Karl venait de dépasser Jonah. Il était rarement là et ce soir il avait l’air presque déprimé et ça faisait mal au cœur d’Alba de le voir comme ça. Elle voulait qu’il aille bien et Alba aurait échangé sa vie pour apaiser cet homme qui lui avait tant apporter de bonheur dans son enfance. Elle qui avait si peur de l’abandon l’oubliait quand il était avec elle. Ils s’étaient toujours considéré comme frère et sœur, les deux petits diables qui adoraient faire des blagues. Elle s’était toujours sentie aimée et voulue près de lui et aujourd’hui ça lui faisait tellement de peine de le voir comme ça. Il vivait dans cet enfer depuis trop longtemps et Alba espérait qu’il refasse sa vie à Bowen, loin de sa mauvaise réputation au Danemark. Elle le sentait qu’au fond de lui, il avait quelque chose à lui dire et Alba lui suppliait presque de partager ses maux. Et il commença sa confession. L’inquiétude d’Alba était justifiée, il s’agissait bien d’elle, encore et toujours. La blonde détestait cette femme sans la connaître, elle la détestait pour le mal qu’elle avait fait à cet homme. Elle l’écouta et plus il parla et plus le cœur d’Alba se serrait. Pourquoi il ne lui en avait pas parlé avant ? Elle aurait voulu être là pour l’aider, pour en discuter et pour éviter qu’il remue tout ça. Plus il avançait dans sa confession et moins elle reconnaissait son cousin. Il n’était pas cet homme. Il n’était pas du genre à traquer une personne, cacher dans l’ombre à attendre le moment parfait pour sa vengeance. Puis un silence. Un long silence trop long où Alba encaissait le témoignage. « Oh Karl. » Elle lâchait ce qu’elle avait dans les mains pour s’approcher de lui et le prendre dans ses bras. « Pourquoi tu ne m’en as pas parlé avant ? » Elle était effrayée mais ne le montrait. Cette femme était ici dans cette petite ville. Comment son cousin pourrait aller mieux si son démon était si proche. Et qu’est-ce qu’il pourrait faire ? Il n’était plus l’homme qu’elle connaissait et elle avait peur. Il prit dans sa main pour forcer Karl à la regarder. « Promets moi Karl que tu ne feras rien d’idiot. » Alba était très sérieuse. S’il le voulait, elle pourrait aller la voir, lui cracher toute sa haine au visage mais elle ne voulait pas que Karl fasse quelque chose d’irréversible et qui pourrait lui attirer des ennuis. Elle en avait fait assez.</blockquote>

tu avais appris l'anglais pour alba. jeune garçon danois, presque hostile à l'idée de devoir apprendre une langue qui ne lui serait pas utile dans son pays, cette frayeur avait disparu quand tu es allé en australie pour la première fois, et que tu as rencontré alba. vous ne vous compreniez pas, mais comme vous étiez des enfants, cette barrière culturelle n'était pas dérangeante. en rentrant, tu as demandé à ta mère de t'apprendre la langue de ta cousine (qui était aussi celle de ta mère, mais qui te semblait plus prendre soudainement plus de sens). et ce fut le début d'une grande histoire, de ta plus belle relation. avec alba, tu te sentais toi-même, même si vous étiez dans des continents différents. elle était à l'autre bout du monde, mais elle était plus présente que n'importe qui. cela n'a jamais changé, et tu le vois renforcé aujourd'hui. vous êtes dans la même ville, la même maison, et une nouvelle fois, comme un ange gardien, alba veille sur toi. elle sait trouver les mots justes, avoir le regard doux. elle sait te rassurer et te comprendre là où tous les autres ont échoué. alors pour elle, pour sa bienveillance presque divine, tu veux devenir l'homme qu'elle sait que tu peux être. "je ne savais pas comment te le dire." c'était toujours compliqué d'avoir que le passé avait une emprise sur toi. "je ne voulais pas te déranger, encore, avec cette histoire. et comme je ne savais pas quoi faire de cette information, je ne voyais pas l'utilité de te la partager." c'était une erreur, tu le savais maintenant. mais avec jonah, son travail, son ex, son emménagement, alba avait déjà de quoi faire sans devoir en plus supporter tes propres maux. mais ce n'était pas comme ça que vous fonctionniez. c'était l'un pour l'autre, depuis toujours, peur importe la situation. tu aurais dû le savoir. tes pupilles se dilatent. tu as envie de lui promettre, de ne pas te mettre en danger, mais pourras-tu vraiment la tenir ? sans sourciller pourtant, tu acquiesces. impossible de lui dire le contraire. "c'est promis. je ne veux rien faire d'idiot, je veux juste ... comprendre." ça, c'était vrai. pas encore de mettre en danger, ni alba, ni jonah, alors il était hors de question de déraper. mais les maux sont parfois plus forts que tout.

La famille Jensen-Mikkelsen était bilingue. A part Luke, le père d’Alba, le reste de la famille parlait danois et anglais. Papa Steen avait pourtant essayé d’apprendre à son mari sa langue, mais papa Luke n’avait jamais réussi. Pour Alba c’était différent. La blonde parlai plusieurs langues mais le danois la rapprochait de Karl. Leur première rencontre avait été merveilleuse. A ce moment-là Alba était encore petite mais elle se souvenait de ce grand garçon, beaucoup trop gentil avec elle, ne la quittant pas d’une seule semelle. Les années étaient passés mais Karl avait toujours cet instinct protecteur, sauf ce soir… Il avait l’air tellement ailleurs. Il était dans un autre monde depuis trop longtemps entre les limbes de la dépression et ça faisait mal à Alba. Trop mal. La blonde ne veut rien lâcher, ce soir Karl allait lui parler. La photographe ne s’était pas attendue à une telle bombe, elle se doutait bien qu’il s’agissait de l’affaire Selene mais pas à ce point. Il l’avait retrouvé et elle était là, dans cette toute petite ville. Karl parlait, pour une fois et Alba ne l’arrêtait pas. Les larmes remontant légèrement dans ses yeux, mais elle les retenait. Elle avait si peur. Peur que Karl ne tombe encore plus bas, peur qu’il fasse quelque chose qu’il allait regretter pour le reste de sa vie, peur de ne jamais retrouver son cousin. Elle fronçait les sourcils, mécontente de sa réponse. « Depuis quand tu as peur de me déranger ? » Un peu autoritaire la photographe, elle allait faire comprendre à son cousin une fois pour toute que jamais il la dérangerait. Elle était son alliée, sa cousine et son soutien. Elle saurait gérer ses sentiments. « Il y a toujours de la place pour toi Karl. » Il devait se dire qu’avec Jonah, elle aurait moins le temps pour lui. Mais c’était faux. Elle prend sa tête entre ses mains forçant l’homme à la regarder dans les yeux. Elle voulait lire sa promesse et s’assurer de sa véracité. « Tu veux que je vienne avec toi ? » Elle se détachait de son cousin pour quelques minutes plus tard elle lui ramène une tisane apaisante. « C’est toi et moi Karl, jusqu’à la fin. Tu peux toujours compter sur moi, ok ? » Elle voulait l’envahir d’amour et de bienveillance, qu’il voit à travers ses yeux à quel point il était un homme merveilleux.

heureusement que tu avais alba dans ta vie, sans elle, tu ne t'en serais sûrement pas sortie. tu ne sais pas si elle le sait, car tu n'oses pas dire ces mots là. t'as pas envie qu'elle pense que si elle n'est pas là un jour pour toi, tu perdrais la boule et commettrais un acte affreux. tu ne veux pas lui donner de pression, pas cette pression là en tout cas. tu la connais bienveillante, toujours, et prête à t'écouter à n'importe quelle heure de la journée. alba est la personne la plus gentille et désintéressée qu tu connaisses, et chaque jour tu remercies le ciel d'être à ses côtés, même si tu n'y crois plus vraiment, au ciel. alors pour tout ça, tu lui fais une promesse. celle de ne plus lui cacher quelque chose d'aussi grave, et de ne rien fait qui pourrait te compromettre. tu y crois dur comme fer à cette promesse lancée, et tu feras tout pour la respecter. pour elle. pour toi aussi, parce qu'à travers cette demande d'alba, c'est surtout à ton bien qu'elle pense. "c'est gentil, mais j'ai besoin de faire ça seul." elle te prend les mains et tu resserres son étreinte. tu sais que tu vas devoir faire face à ton passé, et que tu vas devoir le faire seul. tu ne sais pas comment ça va se finir, mais au bout du chemin, alba sera là. comme toujours. les larmes te montent aux yeux devant tant d'attention et d'amour. mais tu ne flanches pas, pas maintenant, pas devant elle. tes larmes, tu les réserves à toi-même, s'il t'en reste encore du moins. "je sais alba, merci pour tout." merci d'être ton seul bonheur à l'heure actuelle, et le seul présage qui te dise que tu arriveras à avancer, et que tu seras bien heureux un jour. tu ris un peu, nerveusement, pour détendre l'atmosphère avant de caresser la joue de celle que tu vois comme une soeur.

et puis tu changes de sujet, essayant de calmer l'émotion qui vous submerge tous les deux, et de faire de cette soirée autre chose qu'un bout de tristesse. la promesse est faite, il faut s'y tenir maintenant. pour alba.

~ SUJET TERMINE ~