I don't believe that anybody feels the way I do about you now (ft. Tiffany)

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Début 2018... Qui avait dit que le pire est toujours derrière nous ? Cosima ne s'en rappelait pas mais si elle avait la chance de croiser cette personne, elle lui casserait bien la mâchoire pour lui empêcher de dire de telles conneries ! Cela faisait maintenant trois jours... Trois jours qu'elle était revenue à Bowen pour la pire des raisons, être au chevet de son père. La jeune adulte se rappelait très bien ce qu'elle faisait lorsqu'elle a appris la nouvelle. En cours, son portable vibre, un sms, sa grand-mère, quelques mots : "Ton père est à l'hôpital, il est dans un état critique". Sans dire un mot, elle avait pris ses affaires et quitter la salle sous les remarques du professeur qu'elle avait ignoré royalement. En rentrant chez sa grand-mère, cette dernière l'attendait déjà, prête à partir. Elle aussi était inquiète et la route s'était faite sans un bruit...
Cosima était dans la chambre de son père, on aurait pu croire qu'il dormait paisiblement en le regardant mais son sommeil était artificiel. Les médecins n'avaient pas trouvé d'autre solution pour stabiliser son état que de le plonger dans le coma...

Elle n'avait pu voir son père que le lendemain, pour lui, elle se montrait forte... Refouler ses larmes était presque douloureux pour elle... Tout ce qu'elle voulait c'était se jeter dans ses bras et se blottir contre son coeur pour le protéger du monde entier. Cependant, tout ce qu'elle pouvait faire, c'était rester près de lui et attendre... En ce 3e jour de convalescence, elle était déjà à bout de nerfs. Heureusement que Judith était là, sans sa grand-mère, elle aurait déjà craquée et envoyer voler les chaises de la chambre d'hôpital.

Au bord des larmes, elle s'installa près de son père, lui prenant la main.

Tu sais, hier, les parents d'Eryne sont venus... Ils semblaient vraiment inquiets pour toi et tellement tristes. Je n'ose même pas imaginé ce qu'ils doivent ressentir...

Elle fit une pause pour étouffer ses sanglots. Perdre un être cher, surtout si proche, cela devait être si dur. Et si son père partait... Non ! Il ne pouvait pas mourir, pas comme ça ! Elle serra la main de son père un peu plus fort.

Ils m'ont proposé de venir à l'enterrement de leur fille, c'était ce matin. J'y suis allée pour toi, je sais que tu tenais à elle... J'aurais aimé mieux la connaître...
Elle fit une longue pause. Si seulement, j'étais restée ici avec toi... J'aurais pu empêcher ça... Tout est de ma faute...

Elle se mit à pleurer, ne pouvant retenir ses larmes. Cosima mit sa tête entre ses bras et se pencha sur son père pour pleurer. C'était trop dur, trois jours à se retenir... Néanmoins, les verrous émotionnels étaient tombés et la douleur s'échappait de tous les pores de son corps. Peu lui importait de rester forte maintenant, seule sa souffrance et son père importait pour elle.
Une main sur son épaule, sa grand-mère. Un point d'ancrage dans la réalité... Judith aussi pleurait mais encore une fois, sa présence apaisait sa petite-fille.
Tandis que Cosima séchait ses larmes, sa grand-mère lui annonça qu'elle avait besoin de prendre l'air. D'un hochement de tête, elle lui montra qu'elle avait saisi le message et se retourna vers son père pour lui prendre la main.

Je suis désolée, je dois rester forte pour toi. Mais tu sais que c'est très dur pour moi sans toi, tu es ma seule famille avec mamie... Mais ça va mieux maintenant. Cette fois, c'est à moi de prendre soin de toi, papa ! murmura-t-elle.

Pratiquement au même moment, la porte de la chambre s'ouvrit. Ca ne pouvait pas être sa grand-mère, elle serait pas revenue aussi vite. En effet, la personne qui était entrée était une jeune femme qu'elle n'avait vu qu'en photo. C'était Tiffany, une autre amie de son père. Ce fut avec les yeux encore rougis par la douleur qu'elle se leva pour la saluer.

Bonjour, je suis Cosima, la fille d'Aaron. Merci de venir le voir...

La fusillade qui avait éclatée sur la plage de Bowen, quelques jours auparavant, avait marqué les esprits. On savait que des choses aussi terribles pouvaient arriver, on le voyait parfois aux informations et ce n'était jamais de gaiété de coeur. Mais le vivre, c'était encore différent. Tu n'y étais pas toi, lorsque c'est arrivé mais Aaron et Eryn oui. Aaron avait pris une balle, il avait agit en héris, mais Eryn, elle avait fini par succomber de ses blessures. Pour Aaron, son état était encore critique, il était dans le coma et les médecins ne pouvaient pas se prononcer plus que ça pour l'instant. Tu passer le voir aussi souvent que possible et tu le ferais tant que ce serait nécessaire. Tu te surprenais même parfois à lui attraper la main, silencieusement et priant pour qu'il se réveille. On ne pouvait pas dire que tu étais croyante mais dans cette situation exceptionnelle, s'il y avait la moindre chance pour qu'il se réveille, tu serais prête à te convertir. Quoiqu'il en soit, tu venais d'arriver à l'hôpital et tu prenais le chemin de sa chambre. Tu ouvris la porte un peu rapidement sans même toquer, tu ne t'attendais pas à y trouver quelqu'un d'autre pourtant il y avait une jeune femme. Tu ne l'avais jamais vu mais tu supposais, vu son jeune âge, qu'il devait s'agir de sa fille. Dans le mille, elle se présentait rapidement à toi, avant de te remercier pour ta présence. « Bonjour Cosima. Je suis Tiffany, une amie de ton père. » ajoutais-tu, sans savoir si Aaron avait déjà parlé de toi ou non. Tu avais déjà entendu parler de Cosima mais très rarement, vous abordiez très peu la vie privée d'Aaron. Tu savais juste qu'il gardait une certaine rancune contre la mère de la jeune fille. Mais rien de plus précis. « Comment va-t-il ? » demandais-tu en refermant la porte derrière toi. Tu poussais ton fauteuil pour aller te mettre de l'autre côté, peut-être qu'elle aurait voulu être seule avec lui encore un petit moment mais l'idée ne te traversait pas l'esprit. Tu étais toujours aussi inquiète à l'idée de le perdre. « Et toi, tu tien le coup ? » demandais-tu, inquiète aussi pour elle. Tu ne savais pas si elle était restée toute la nuit, mais tu te doutais que voir son père dans un lit d'hôpital, inerte, devait la mettre dans tous ses états.

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Lorsque la porte de la chambre s'était ouverte, cela avait brisé quelque chose dans le temps. C'était comme si jusqu'à cet instant, elle avait été piégée au milieu de tourbillons de tristesse et de douleur que seule cette ouverture vers l'extérieur avait réussi à atténuer. Ce retour à la réalité était à la fois agréable et douloureux... Au fond d'elle, Cosima ne désirait pas partager sa peine avec qui que ce soit, c'était rendre les événements encore plus réels, plus vrais. Néanmoins, elle ne fuyait pas la réalité, elle avait conscience de la situation, seulement ce sentiment qui si peu de gens étaient au courant, la chose en elle-même serait moins grave et plus vite réglée.
La personne qui était entrée dans la chambre était une amie de ton père, une femme du nom de Tiffany. Elle l'avait reconnue grâce à une photo que lui avait envoyé son père. Elle fut d'ailleurs bien vite fixée car la femme blonde lui confirma son identité. Cosima s'écarta alors du passage pour l'inviter à rentrer et s'installa sur l'un des fauteuils. Lorsque l'amie de son père lui demanda comment allait Aaron, la jeune adulte fit blocage de tout son être pour empêcher la tristesse de réaffluer. En observant le visage de Tiffany, elle put voir que son inquiétude était sincère et ses traits étaient marqués par la tristesse. Ressemblait-elle à Tiffany en ce moment ? Surement mais jamais elle ne l'avouerait.

D'après les médecins, son état est stable. Par contre, ils n'ont aucune idée de combien de temps il va rester ainsi... Leur estimation est de 6 mois.

La fille d'Aaron baissa la tête, regardant ses pieds. Elle n'osait pas croiser le regard de Tiffany pour y voir sa propre tristesse. Elle devait rester forte, pour son père. Elle savait que Tiffany comptait pour son père et il était évident maintenant qu'Aaron comptait pour Tiffany. Jusqu'à quel point ? Cosima n'en savait rien mais si son père lui faisait confiance, elle lui ferait confiance.
La seconde question de la femme présente dans la pièce lui fit relever la tête. Elle lui demandait comment elle allait, elle. L'étonnement et l'inquiétude dans sa voix avait poussé la jeune adulte à la regarder dans les yeux. Elle pouvait y voir toute sa tristesse et cela lui fit un choc. Son coeur manqua un battement... Jusqu'à présent, elle n'avait fait que deviner un peu en surface les émotions de Tiffany mais son regard véhiculait tellement de tristesse, tellement de peur... Une nouvelle résolution s'ancra en Cosima. Elle devait rester forte pour son père mais aussi pour cette nouvelle arrivante. Sa sincérité et sa tristesse l'avait touchée en ce moment où tous ses sentiments se mélangeaient en elle.

Oui, ça va, dit-elle en essayant de contrôler sa voix. Aaron, ça a toujours été un battant, c'est pas ça qui va venir à bout de mon père !

C'était pathétique, elle essayait de se convaincre elle-même autant que Tiffany. Bien sûr qu'elle avait peur, bien sûr qu'elle était dans une tristesse sans fin mais son père était trop incroyable pour s'en aller de cette manière, non ? D'ailleurs, se vautrer dans sa peine, ce n'était pas ce que son père aurait voulu. Cosima essaya alors de relancer la conversation sur un autre sujet.

Les médecins disent que même s'il est dans cet état, il peut quand même nous entendre. Et je suis sûre que ce n'est pas dans les pleurs qu'il voulait qu'on fasse connaissance. Comment vous vous êtes connus mon père et toi ?

Elle jeta un coup d'œil au mécanicien inconscient avant de regarder Tiffany à nouveau. Il n'était pas question de s'apitoyer sur son sort mais d'essayer de penser au bons moments. Aaron lui avait déjà dit qu'il aurait voulu qu'elle et Tiffany sympathisent alors même si ce n'était pas le cadre idéal, elle allait le faire. Pour lui...

Tu avais vite tourné le regard vers lui, que tu n'avais pas prêté beaucoup d'attention à sa fille et surtout tu n'avais pas vu qu'elle avait le visage un peu bouffi, sûrement à cause des larmes. Tu ne t'étais pas regardé dans un miroir ces derniers jours mais tu étais à peu près dans le même état. Tu te laissais même un peu allée, de toute façon tu sortais pour venir ici ou pour promener Jasper, tu n'avais pas besoin d'être jolie ou présentable. « S'il est stable c'est déjà ça, on n'a plus qu'à attendre maintenant ! » La patience ça n'avait jamais été ton truc et si d'habitude tu trouvais toujours un moyen de faire en sorte que ça passe plus vite, là tu ne le pouvais pas. Tu étais impuissante face à la situation dans laquelle se trouvait ton ami. Tu n'étais pas médecin et même si tu l'avais été, ça n'aurait rien changé. Aaron était dans un coma, le seul à pouvoir en sortir, c'était lui. Tout ce que tu pouvais faire pour l'aider, c'était de venir à son chevet, lui tenir compagnie, lui parler de vos voyages en moto, de la boère fraîche qui l'attendrait dès sa sortie de cet endroit pourri. C'était tout et tu avais l'impression que ce ne serait jamais suffisant. « Il ne peut pas partir sans avoir partagé une dernière bière de toute façon. » ajoutais-tu avec un léger sourire, espérant que la mention de l'alcool allait lui faire ouvrir les yeux mais non. Cela aurait été trop facile, il aurait suffit d'en ouvrir une sous son nez et hop, le tour été joué. Tu hésitais à attraper sa main, comme tu avais pris soin de le faire jusque là mais devant sa fille, tu ne te le sentais pas, à la place, tu te contentais de serrer les tiennes doucement. « C'est vrai, il n'apprécierait sûrement pas nos lamentations. Je l'ai connu dans un bar, il avait eu des propos que j'avais qualifié de sexiste et je lui étais un peu rentrée dedans mais dans l'fond, c'était moi qui avait plus passé une mauvaise journée et qui prenait la mouche facilement. Par la suite, il est devenu mon companion de voyage, on a fais pas mal de courses ensemble. » On ne dirait pas comme ça mais Aaron était entré dans ta vie il y a plus de trois ans maintenant. Il était même devenu ton ami le plus proche au fil du temps. Tu te souvenais même qu'il vous avait presque fallu une année pour vous qualifié comme tel. Ce n'était pas gagné quand on connait le personnage mais pourtant, Aaron était une personne attachante. Il avait ses petits défauts mais ça n'avait pas beaucoup d'importance dans votre amitié, tant qu'il ne venait pas à penser que tu faisais des manigances, tout irait bien entre vous.

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Dans le silence de la pièce qui n'était rompu que par le son des machines qui reliaient Aaron à la vie, les deux femmes tentaient de se rassurer mutuellement sur l'état de ce dernier. Tiffany lui disait de faire preuve de patience, que de toute façon, si son état était stable, le pire était déjà passé. Bien sûr qu'elle avait raison mais c'était pas vraiment son truc d'attendre. Trois jours, c'était déjà bien trop d'où sa crise de nerfs de tout à l'heure. Elle regardait ses pieds tout en essayant de se convaincre que tout irait bien, que c'était un battant. A la remarque de la fille d'Aaron, Tiffany rajouta qu'il ne manquerait pour rien au monde l'occasion de partager une bière. Cela lui arracha un petit rire... Elle avait tellement raison ! A son réveil, elle était persuadée que c'était le premier mot que son père allait prononcer : "bière".

Ainsi, elle avait essayé de réorienter la discussion sur autre chose. Comme elle l'avait dit, son père n'aurait jamais voulu qu'elles soient là toutes les deux à s'apitoyer sur son sort. Cosima demanda alors à son ainée comment ils s'étaient connus son père et elle. La description qu'elle lui avait faite correspondait parfaitement à son mécanicien de père. Un léger sourire se dessina sur les lèvres de la jeune étudiante.

Ca lui ressemble bien... Il est toujours comme ça, à faire en sorte que les gens oublient leurs soucis.

Raviver les souvenirs avait insufflé un peu de courage à la jeune femme qui arrivait maintenant à regarder Tiffany sans se sentir coupable ou mal à l'aise. L'image de son père souriant flottait dans son esprit lui redonnant un peu d'espoir, refoulant sa tristesse au fond d'elle-même.
Sa sachant trop comment rebondir suite à sa déclaration, Cosima resta silencieuse pendant quelques minutes. Elle ne savait pas trop quoi faire, se demandant si Tiffany ne voulait pas rester un peu seule. L'ambiance commençait à se faire un peu pesante dans la pièce.

Je vais aller me chercher à boire. Tu veux que je te ramène quelque chose ? demanda-t-elle.

Elle attendit la réponse de la femme avant de sortir de la chambre pour la laisser seule. Une fois la porte fermée, elle se surprit à inspirer profondément, comme si elle était restée longuement en apnée dans cette pièce. Machinalement, elle se mit alors à faire le tour de l'étage avant de prendre les escaliers pour descendre au rez-de-chaussée et vers les distributeurs. Elle se commanda alors une petite bouteille de soda pour elle et prit la boisson que lui avait demandé Tiffany.
Elle prit encore quelques minutes, buvant une gorgée de sa boisson. Judith lui avait envoyé un message lui disant que c'était trop dur pour elle et qu'elle était rentrée. Cosima lui répondit qu'elle rentrerait plus tard, qu'elle se débrouillerait.

La jeune étudiante finit par remonter dans la chambre, surprenant Tiffany, main dans la main avec son père. Faisant mine de ne pas remarquer, elle lui tendit la boisson que la blonde lui avait demandé avant de s'asseoir à côté d'elle.

Même si je comprends qu'ils n'en vendent pas ici, j'aurais préféré une bière...

Spoiler:

C'est vrai que ce jour là, tu étais très vite passé sur tes soucis pour t'intéresser à cet homme, qui ne semblait pas très bien adapté aux conversations avec une femme. Pourtant, tu ne savais pas pourquoi, mais tu avais fini par passé au-dessus, gratter un peu plus en profondeur l'homme qu'il était pour enfin faire sa connaissance. Sa carapace anti-femmes n'avait pas toujours été facile et encore aujourd'hui, tu savais bien qu'il y a encore des sujets que vous ne pouviez pas aborder tous les deux mais ça ne t'empêchais pas de l'aimer comme il était. Avec ses failles, avec des défauts, avec ses tabous et ses complots sur les femmes. Parce qu'il n'était pas que ça, il était aussi la personne qui t'avait fait comprendre que la vie n'était pas finie même si tu te retrouvais en fauteuil aujourd'hui. Et il te l'avait même prouvé. « Il ne s'en rend sûrement pas compte, mais il est plutôt bon pour ça et pour redonner de l'espoir aux autres aussi ! » ajoutais-tu avec un large sourire, accompagné d'un pincement en coeur. Aaron avait tellement un grand coeur que ça te semblait si injuste qu'il se retrouve là. Il l'avait fait pour sauver Erin et malgré tout, Erin était aussi partie. Sa perte avait déjà été assez difficile à encaisser alors tu ne supporterez sûrement pas qu'Aaron y passe à son tour. « Je veux bien un verre d'eau, si la fontaine n'est pas vide cette fois. » Sur les dernières fois où tu étais venue, tu n'avais pas eu de chance, celle de l'étage était soit vide, soit sans verre en plastique pour se servir donc pas vraiment idéal. Tu attendais que la jeune femme sorte de la chambre, pour glisser ta main sur celle d'Aaron. « Allez Aaron, on t'attend, il faut que tu reviennes, tu sais ? » murmurais-tu doucement tout en lui caressant la main du bout des doigts. Tu avais plongé ton regard sur lui que tu en avais presque oublié que sa fille n'allait pas tarder à revenir. Quand la porte s'ouvrit, tu ne réalisais pas tout de suite que ta main se trouvait toujours dans la sienne. Mais Cosima n'ajoutait rien, elle te tendit son verre d'eau et c'est en voulant l'attraper de la main gauche que tu réalisais ton geste. Tu l'enlevais sans un mot, la remerciant. « Je crois qu'on en a tous envie, et si on ne risquait pas une amende et une expulsion, on en aurait déjà ramené rien que pour le stimuler ! » Tous ceux qui connaissent Aaron savait que seule la bière pourrait le stimuler suffisament pour le faire sortir de son état. Vous n'aviez pas le droit d'essayer alors en attendant, vous vous contentiez d'en parler et d'accentuer le mot comme s'il ça pouvait faire le même effet. « Merci beaucoup d'avoir partagé ce moment avec moi, je reviendrais dans les jours à venir, on aura sûrement l'occasion de se revoir, je vais te laisser profiter de lui avant que les visites ne se terminent. » ajoutasi-tu doucement, tu ne voulais pas trop t'imposer lors de ces moments avec lui, après tout, c'était son père, elle était quand même sa famille.

Quelques jours plus tard.

Cette fois-ci, c'était toi la première à être venue lui rendre visite, tu étais venue à la première heure, tu n'avais pas eu l'occasion de passer la veille alors tu t'étais organisée pour être là aussi vite que possible. Comme à ton habitude, tu étais venue t'installer à côté de lui, posant ta main sur la sienne et tu lui racontais ce qu'il se passait dans la ville, tu revenais sur les faits divers, tu parlais de la pluie et du beau-temps, comme le silence t'angoissait, tu parlais autant que tu le pouvais, même pour ne rien dire.

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A son retour dans la chambre, Cosima n'avait pas pu ne pas remarquer la main de Tiffany dans celle de son père. Au vu de la situation, elle n'avait rien dit mais ce geste trahissait une proximité qu'elle ne soupçonnait pas totalement entre cette femme et son père. Cela ne lui plaisait guère mais elle s'abstint de faire tout commentaire. Si son père était prêt à se lancer dans une nouvelle relation, elle lui en toucherait deux mots mais plus tard. Puis même si elle n'était pas d'accord, ce serait bien Aaron qui aurait le dernier mot au final.
Néanmoins, la détresse de Tiffany semblait sincère et cela plus sa nouvelle résolution de vouloir redonner de la force à tout son entourage faisait que la jeune femme arrivait à passer outre son ressentiment.
Quand Cosima s'était plainte de l'absence de bière, ce n'était pas du tout pour essayer de faire réagir son père. Elle avait simplement dit ça naturellement. Elle avait envie d'une bière mais ne pouvait pas s'accorder ce simple plaisir. Alors elle l'avait dit, c'est tout.
L'amie de son père avait alors répondu qu'elle y avait déjà pensé mais qu'au risque d'une amende, elle ne l'avait pas fait. Si les choses étaient aussi simples, elle serait déjà montée ici avec tout une palette de bière ! Peu importe le montant de l'amende...

Puis Tiffany lui annonça qu'elle partait, la laissant seule avec son père. Cosima lui tendit la main pour lui dire au revoir et la jeune étudiante finit par se retrouver seule avec son père. Ce fut maintenant sa fille qui agrippa la main du motard tandis qu'elle se mit à lui parler.

Tiffany a l'air de vraiment tenir à toi... Je sais pas vraiment ce qu'il y a entre vous deux et même si mon avis n'a pas vraiment d'importance... Je sais pas vraiment quoi penser... Je reviendrai demain. Repose-toi bien Papa !

Tous les jours suivants, Cosima était revenue rendre visite à son père, d'abord avec sa grand-mère puis finalement seule. C'était trop difficile pour mamie Judith de voir son fils dans un tel état. Nulle trace de Tiffany également durant ces quelques jours, elle devait vraisemblablement avoir autre chose de plus important à faire. La méfiance naturelle de Cosima pour les femmes un peu trop proche de son père refaisait surface mais à l'instant même où elle poussa la porte ce matin-là, ces doutes s'étaient envolés. Tiffany était revenue...
Mince, elle était arrivée au mauvais moment... Peut-être pourrait-elle refermer la porte sans se faire repérer. Trop tard, Tiffany avait déjà tourné la tête vers elle.
Sans y réfléchir, la fille d'Aaron échangea une accolade avec la femme blonde. Leur tristesse commune les rapprochait bien plus que les mots n'auraient pu le faire en un laps de temps si court.

Salut ! Comment va-t-il aujourd'hui ? Puis elle fit une courte pause avant de reprendre. Et toi, comment ça va ? Tu tiens le coup ?

Cosima s'installa alors dans le fauteuil de l'autre côté du lit. Elle jeta un coup d'oeil à son père. Il semblait endormi, en paix. Les médecins lui avaient assuré que son état était stable et qu'il était en bonne voie. Ces quelques jours lui avaient permis de relativiser et de se poser un peu. Voir que Tiffany avait tenu sa promesse... C'était bête mais ça lui redonnait confiance en l'avenir.

J'ai pensé à ce que tu m'as dit y a quelques jours et je me suis dit pourquoi pas finalement ! Elle sortit alors une canette de bière de la poche de sa veste puis une deuxième. On partage ?

Tu avais eu un bon contact avec la fille d'Aaron l'autre jour, loin de toi l'idée qu'elle soit en méfiance sur toi. Elle avait raison de vouloir protéger son père, après tout, elle ne sait sûrement pas tout sur votre relation. Quoique en même temps, du côté d'Aaron, comme du tien, vous n'êtes qu'amis et il n'y a rien de plus entre vous deux. C'est ce que tu croyais, fermement, mais ça ne t'empêchais de ressentir une certaine tendresse envers Aaron et tu avais besoin de l'exprimer. En lui attrapant la main, en lui parlant à voix basse, en venant le voir aussi souvent que tu le pouvais. Ce matin, tu étais venue aussi vite que possible et tu pensais être la seule à venir aussi tôt. Cosima ne tardait pas à te rejoindre et tu lui offrais un sourire en la voyant passer la porte. Elle prenait place près de lui, comme l'autre jour. « Bonjour Cosima, je ne te pensais pas si matinale ! » ajoutais-tu avec un léger sourire. Elle te demandait rapidement comme il allait et si tu tenais le coup. Tu décidais de répondre à la première question avant tout. « Comme la dernière fois, il est stable mais y a pas vraiment d'avancée. Quant à moi, je vais aussi bien qu'on puisse aller dans un cas pareil. Et toi, tu as pu te reposer un peu plus ? » demandais-tu, aussi soucieuse de la santé de la jeune femme. Tu savais bien que c'était son père qui se retrouvait sur ce lit d'hôpital, mais elle ne devait pas se laisser bouffer pour autant, Aaron ne serait sûrement pas ravi de la voir peu dormir, ou peu manger. En tout cas, elle ne semblait pas avoir perdu le sens de l'humour. Elle sortait une canette de bière de sa poche, puis une seconde. Il était un peu tôt, mais tu n'allais pas faire ta rabat-joie, bien au contraire.. « Si on se fait prendre, ne dis rien surtout, faudrait pas qu'il t'empêche de venir voir ton père ! » Tu étais prête à prendre toute la faute sur toi et risquer de te faire sortir de l'hôpital, quitte à prendre le risque de te faire fouiller à chaque fois que tu viendrais pour rendre une visite. Mais il était hors de question que quoi que ce soit lui retombe dessus, même si tu ne doutais pas de ses capacités pour se défendre. « A la tienne ! » Tu lui offrais un nouveau sourire avant de trinquer en sa compagnie et de prendre une bonne gorgée de bière. Ce n'était pas très frais, mais ça faisait l'affaire et ça, ça aurait dû réveiller Aaron. Mais il ne bougeait pas d'un iota.

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Il était vrai que ces derniers jours avaient été difficiles la jeune femme et que son sommeil en avait pris un coup. Des cernes commençaient à se former sous ses yeux mais malgré la fatigue, impossible de fermer l'œil pendant 10 minutes sans que les cauchemars l'assaillent de toute part.
Ainsi, comme elle ne parvenait pas à dormir, autant rendre visite à son père le plus tôt possible. C'était un maigre réconfort et elle se doutait que son père s'inquièterait plus qu'autre chose de la voir comme ça. Cependant, impossible de parvenir à contrôler ses cauchemars...

En prenant en compte tout ceci, on pouvait mieux comprendre le sourire amer que Cosima avait fait lorsque Tiffany lui avait dit qu'elle s'étonnait de la voir si matinale. Si seulement, elle parvenait à dormir...
Au moins, son père allait bien d'après ce que lui annonçait Tiffany. Etat stable... Tout le blabla pour dire que rien n'avait changé. Au moins, l'amie de son père ne se berçait pas d'illusions, tout comme elle. Cosima comprenait ce que son père aimait bien chez cette femme finalement.
Lorsqu'elle sortit les cannettes de bière, la réaction de Tiffany la surprit. Beaucoup de gens se seraient étonnés de voir cette femme accepter qu'une mineur se ramène dans une chambre d'hôpital avec des bières. Néanmoins, Cosima fut surtout étonnée de voir en Tiffany une sorte d'alter ego. La fille d'Aaron était persuadée que si la situation avait été inversée, elle aurait eu la même foutue réaction que la motarde.

Santé ! dit-elle en levant son verre.

En buvant le breuvage, la jeune brune fit la grimace. La bière était tiède, dommage. Puis, même si l'espoir était mince, son père n'avait pas du tout réagi à la présence d'alcool. Au moins, Tiffany était là et d'un simple sourire, elle apaisait ses doutes.

Bon, ça a pas marché. Peut-être qu'il faudrait un alcool plus fort la prochaine fois, plaisanta-t-elle.

Un nouveau sourire vers Tiffany puis Cosima bailla à s'en décrocher la mâchoire. Elle eut un petit rire gênée en regardant l'amie de son père.

Je crois que je me suis trahie. J'ai beaucoup de mal à dormir en ce moment... Est-ce que ça te dérange... si je m'installe à côté de toi ?

Cherchait-elle simplement une présence rassurante auprès de Tiffany ? Très probablement... Il y avait fort à parier que notre jeune casse-cou ne se serait jamais reconnue si elle réassistait à ça aujourd'hui. Mais sa détresse était tellement profonde et elle se sentait en confiance avec Tiffany. Elle était sincère, inquiète et partageait la même souffrance qu'elle. Une telle personne était forcément digne de confiance non ?

Cosima avait tenté le diable en faisant rentrer de l'alcool à l'hôpital. après ce n'était pas non plus un drame, la bière ce n'était pas aussi grave que de la vodka. Le degré était plus faible. Et puis il n'y avait pas trop de danger dans la chambre d'Aaron, tant que vous n'en renversiez pas sur les machines, ce qui avait peu de chance d'arrivée. Vous faisiez attention, il ne faudrait pas donner au staff une bonne raison de vous empêcher de rendre visite à Aaron. Tu te sentirais mal pour Cosima si ça venait à arriver. Vous ne tardiez pas à les ouvrir pour en prendre une gorgée et vos regards se posaient rapidement sur le lit afin de voir si Aaron se réveille ou s'il bouge. Il ne se passait rien pourtant. Lui qui passait son temps à parler de boire une bière, lui qui en avait toujours une dans son top case lorsqu'il se déplaçait en moto. Alors tu avais osé espérer, tu avais osé croire que ce serait la solution miracle pour le faire sortir de son coma. Et pourtant, rien ne se passait. Après quelques secondes, Cosima relevait le fait que ça n'avait pas marché et qu'il fallait peut-être quelque chose de plus fort. Peut-être. « Faut peut-être essayer toutes les bières qu'il a l'habitude de consommer ! » proposais-tu avec un mince sourire, s'il le faut, ça marcherait cette fois. Par contre, il allait vous falloir un bon sac et pas mal de copains pour les boire une fois qu'elles seraient ouvertes. Tu pouvais toujours y croire, ça ne te coûtait pas grand chose même si ça n'aurait sûrement aucun effet mais Aaron serait sûrement heureux de vous voir tous réunis autour de lui, une bière à la main. Tu terminais ta bière en deux-trois gorgées, comme elle était chaude, autant la boire le plus vite possible. Cosima se mit à bailler et t'expliquait alors qu'elle n'allait pas aussi bien qu'elle pouvait le laisser penser. Et tu t'en doutais bien, elle gardait la face, tu faisais pareil, c'était plus facile de s'écrouler une fois que tu étais seule chez toi. « Je comprends, ça ne me dérange pas, installes-toi bien. » Tu lui offrais un grand sourire, si elle avait besoin, tu pouvais même lui caresser les cheveux ou le dos. Si elle pouvait dormir quelques minutes, ce serait toujours ça de pris. Elle prit place et pendant plusieurs minutes - tu ne saurais dire combien - elle était calée contre toi. De l'extérieur, on pourrait vous prendre pour une petite famille parfaite mais c'était loin d'être le cas. Au bout d'un moment, elle se redressait et tu la regardais une nouvelle fois. « Ca va un peu mieux ? » demandais-tu doucement, soucieuse de son bien-être.

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Qu'est-ce qu'il lui avait pris de proposer une chose pareille ? Jamais, au grand jamais, elle n'aurait accepté de faire une chose pareille ? Alors pourquoi avec cette femme, cette blonde au chevet de son père, elle se sentait en confiance ? Plus tard, Cosima s'en mordrait les doigts si fort qu'elle aurait pu se dévorer le bras tout entier de chagrin... Cependant, en cet instant, la fatigue était si forte, la pression et la douleur se mêlant à la peur qu'elle recherchait juste le contact d'un autre être humain. Tant pis si c'était une femme... Surtout quand elle était si bienveillante !
Tiffany avait accepté qu'elle s'installât à côté d'elle pour se reposer un peu. Lentement, elle rangea sa cannette dans un sac qu'elle planqua dans sa poche puis elle fit le tour du lit pour rejoindre l'autre côté. En passant, elle s'empara du contenant vide de Tiffany et le rangea également dans le sac avant de cacher ça dans sa veste.
Timidement, elle posa sa chaise proche de celle de Tiffany qui lui fit un grand sourire réconfortant. Puis quelques instants plus tard, elle s'endormit. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle sentit l'épaule de Tiffany contre sa tête. Oh non... Elle n'avait tout de même pas fait ça...
Elle se releva alors en prenant soin de ne toucher Tiffany et sa gêne monta encore d'un cran lorsque la jeune femme lui demanda si elle allait mieux. Sa voix était empreinte de douceur et de sincérité. Sans trop comprendre pourquoi, elle fut touchée par cette simple question et elle se mit à pleurer.

Oui... Merci... Je suis désolée... Elle tenta de cacher ses larmes d'un revers de la main sans trop d'efficacité. Je pensais que je pourrais être forte, plus forte que ça... Mais voilà qu'en fait, je suis juste là à me morfondre en espérant qu'il ouvrira les yeux... Puis elle se tourna vers Tiffany. Je m'étais jurée de ne pas craquer devant toi... Je devais me montrer forte pour te soutenir mais en fait, je suis juste une gamine pleurnicheuse !

Elle éclata en sanglots pendant quelques secondes avant de tenter de se lever pour s'enfuir de la pièce. Tiffany allait-elle la retenir ? Elle n'en savait rien, tout ce qu'elle voulait pour l'instant, c'était se cacher loin... Elle avait honte d'elle, honte d'être incapable de faire quoi que ce soit pour son père. Elle avait essayé de faire bonne figure jusqu'à présent mais ce qu'elle avait fait c'était refouler sa douleur en espérant qu'elle disparaisse.

Cosima s'était allongée contre toi et tu n'osais plus bouger, tu osais à peine respirer à plein poumons pour ne pas la déranger. Elle semblait si paisible, c'est tout ce qui t'importait. Pendant ce temps, tu ne quittais pas des yeux Aaron, tu hésitais à glisser ta main dans la sienne, mais te retenant de le faire, tu n'osais pas, pas en présence de sa fille. Déjà qu'elle l'avait vu l'autre jour, tu n'avais pas été assez rapide. Tu te retenais aussi de dire quoique ce soit, laissant le silence planer dans la pièce. Elle se réveillait un petit temps plus tard et tu lui demandais comment elle allait. C'est alors qu'elle se mit à pleurer, tu ne t'y attendais pas. Elle s'excusait presque aussi vite, essuyant d'un revers de la main ses larmes. « Je ne voulais pas te faire pleurer.. » ajoutais-tu doucement. Tu sentais l'émotion te gagner à ton tour. Tu l'écoutais, la regardant se lever pour s'en aller. Tu lui attrapais le bras aussi vite que possible. « Oh, Cosima ! » soufflais-tu, alors que tu sentais les larmes te monter, tu n'allais pas tarder à pleurer toi aussi. La fatigue et l'inquiétude des derniers jours n'aidant pas. « Tu n'es pas la seule à traverser cette histoire, je crois que le plus dur c'est de ne pas savoir quand il ouvrira à nouveau les yeux, ou si il le fera un jour, mais je ne veux pas y penser. » Et il ne fallait pas y penser, il n'y avait aucune raison que ça tourne ainsi, les médecins avaient tous dit qu'il était stable, que le pire était passé mais le coma restait quelque chose de terrible. « Tu n'es pas une gamine pleurnicheuse, tu es une jeune femme, dont le père se retrouve dans un lit d'hôpital, normalement c'est aux parents de se faire du soucis pour leurs enfants, pas l'inverse. » A mesure que tu lui ouvrais ton coeur, tu sentais les larmes rouler le long de tes joues. Vous étiez deux pleurnicheuses alors, et Aaron serait sûrement fâché de vous voir toutes les deux dans cet état mais il n'avait aucun mot à dire, puisqu'il avait toujours les yeux fermés. « Moi je trouve qu'au contraire, tu es très courageuse, tu tiens ça de lui. Il a beaucoup de chance de t'avoir dans sa vie ! » Tu n'avais pas d'enfant et tu n'imaginais pas en avoir un jour, la seule personne à qui tu étais très attachée, se retrouvait dans un lit d'hôpital et tu n'avais aucun moyen de changer les choses. Si tu avais pu prendre sa place, tu l'aurais fait, juste pour ne plus voir Cosima souffrir et pour ne plus avoir à souffrir toi aussi.

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Laisse-moi te dessiner dans un désert, le désert de mon coeur

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La seule pensée qui s'imposait en elle tandis que les larmes coulaient sur ses joues était de fuir, fuir le plus loin possible. Cette fille pleureuse, ça ne lui ressemblait pas du tout, c'était pas elle ça... Personne ne devrait la voir comme ça encore moins Tiffany ! De plus, la douceur de la blonde à son égard ne fit que planter un nouveau coup de poignard dans son coeur meurtri. L'émotion était trop forte, trop intense pour qu'elle ne puisse la contrôler... Elle devait fuir !
Cependant, la jeune cadette sentit la main de Tiffany autour de son bras. Si elle l'avait voulu, elle aurait simplement secoué son bras pour la faire lâcher prise... Elle aurait dû faire ça... Pourquoi ne l'avait-elle pas fait ? Pourquoi le contact de cette femme lui semblait si... chaleureux ?
Pourtant, tout dans la voix de l'amie d'Aaron trahissait son émotion, sa peine et son empathie. Malgré tout, Cosima sentait une sympathie et une tendresse profonde.
La motarde continua de parler, à moitié pour la rassurer elle mais aussi surement pour se rassurer elle-même. Elle osait dire tout haut ce que toutes les deux n'avaient fait que ressasser pendant les journées précédentes.

Néanmoins, l'émotion était si forte qu'elle ne pouvait prononcer un mot. Elle restait là à pleurer, à regarder Tiffany, l'écoutant attentivement. Sans y réfléchir, elle chercha les mains de son ainée pour y glisser les siennes et les serrer. Elle comprenait sa douleur, elle la partageait et serait là avec elle...
Les mots employés par son interlocutrice la touchaient profondément. A cet instant où elles partageaient tout, elle se fichait bien de pleurer. C'était uniquement une libération, une libération nécessaire !

Une fille courageuse... J'ai pourtant quitté la ville en le laissant seul et voilà le résultat... Surtout que je ne vais pas pouvoir rester ici encore très longtemps... J'ai l'impression de lui tourner le dos une seconde fois ! J'aimerai pouvoir tout envoyer balader et rester près de lui mais ce serait trahir ma promesse envers lui...

Un nouveau hoquet puis des sanglots s'emparèrent de la mineure. Mais son regard resta plongé dans celui de Tiffany, y puisant la force nécessaire.

Je suis contente qu'il ait pu trouver une amie comme toi dans cette ville pourrie ! Je sais que je n'ai aucun droit de te demander ça mais... Est-ce que tu pourras prendre soin de lui pour moi après mon départ ? Je serai rassurée de savoir qu'il peut compter sur quelqu'un ici... Surtout quelqu'un qui se préoccupe vraiment de lui...

Les pleurs s'estompaient mais la tension était toujours présente dans la pièce. Toujours en se tenant les mains, Cosima regardait Tiffany, un léger sourire sur les lèvres. Ce déferlement de sentiments avait été cathartique pour l'étudiante et si Tiffany avait besoin de soutien, elle serait là, prête à lui tendre la main !

Cosima avait attrapé tes mains et tu les tenaient aussi forts que tu le pouvais, sans pour autant lui faire mal. Elle avait besoin de se laisser aller, besoin de laisser sortir tout ce qu'elle avait sur le coeur. Tu avais essayé de trouver les mots pour la réconforter mais elle semblait vraiment mal, elle s'en voulait pour la situation dans laquelle se trouvait son père. « Personne ne pouvait prévoir cet évenement tragique, tu ne l'as jamais laissé tomber. Tu sais, Aaron m'a parlé de toi y a pas si longtemps et il est fier de toi, d'être ton père, t'es sa petite moufette, comme il le dit si bien, et jamais rien ne changera ça, d'accord ? » ajoutais-tu avec un fin sourire. Il n'avait pas souvent pris l'occasion de parler de sa vie avec toi, mais il s'était ouvert pour te parler de sa fille et tu avais trouvé ça touchant. Lui qui n'avait pas voulu d'enfant au départ, il s'était quand même bien débrouillé. Tu ne la connaissais pas tant encore, mais c'était une belle jeune femme, tu étais ravie d'avoir fait sa connaissance, même si tu aurais aimé la rencontrer dans un autre contexte. « S'il ne prend pas peur, je serais ravie d'être là pour lui mais je sais que ses rapports avec la gente féminine sont assez compliqués, parfois j'ai l'impression de faire trois pas en arrière dans notre relation alors que je ne fais rien, comme s'il se méfiait de moi. » Tu aimais beaucoup Aaron, peut-être plus que tu voulais te l'avouer mais tu avais bien compris que c'était une chose que tu ne pouvais pas dire, sinon tu étais certaine de ne plus l'avoir du tout dans ta vie. Pourtant, tu essayais toujours de faire attention à ce que tu disais ou à la façon dont tu disais les choses pour éviter les malentendus. « Je vais devoir rentrer, mais est-ce que tu as besoin de quelque chose avant que je parte ? » Si elle avait besoin que tu la raccompagnes chez Aaron, ou autre chose, tu pourrais t'en charger, sans problème. Il fallait se soutenir dans cette dure épreuve et vous aviez besoin de ça, autant elle que toi.

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