therefore i am (elio)

la devanture t'effrayait autant qu'elle te fascinait. un soir, par hasard en te baladant, tes yeux avaient été attirés par les couleurs néons reposantes qui se reflétaient dans les flaques d'eau. intrigué, tu avais vite compris qu'il s'agissait d'un sex shop, et étais parti presque en courant -comme pour quitter la scène d'un crime- en entendant des pas et des rires derrière toi. tu n'avais jamais mis les pieds dans un endroit comme ça, et c'était bien loin de tes préoccupations actuelles. en tête tu n'avais que deux questions qui te venaient : comment te venger de celle qui avait gâché ta vie ? et, comment t'en sortir ? n'ayant la réponse à aucune de ces deux questions, tes pensées étaient revenues vers ce sex shop. la curiosité prenait le dessus. découvrir à nouveau des sensations que tu n'avais plus ressenti depuis des années -parce que tu comptais en années ta dernière relation sexuelle- avait pris le dessus. tu n'en ressentais pas un manque énorme, bien au contraire, le seul fait de penser à devoir partager une intimité avec quelqu'un te donnait froid dans le dos. mais quand était-il de partager une intimité avec toi-même ? redécouvrir ton corps, tes désis, en solitaire ? l'idée ancrée, elle était impossible à dissoudre. tu avais donc décidé de te rendre dans le quartier nord, et les rues commerçantes, et prendre ton courage à deux mains. au fond, il n'y avait que toi qui te jugeait, le monde n'en avait que faire de ta vie charnelle. terminant ta cigarette et l'écrasant contre une poubelle métallique, tu regardais de droite à gauche, avec une impression d'être observé. pourquoi cette paranoïa soudaine ? on aurait dit un adolescent qui s'apprêtait à faire quelque chose d'interdit, et cette pensa t'agaça franchement. bien décidé à prendre le dessus sur ces jugements personnels, tu franchis la porte du sex shop. ça y est, tu étais entré. le plus dur était fait. était-ce vraiment le cas, en réalité ?

Spoiler:

Le sexe et ces plaisirs, le sujet tabou qui germe depuis la nuit des temps. Pourquoi ? Ce al n’avait pas été tout le temps le cas, si on remontait l’histoire. À bien des époques, des périodes, les gens étaient décomplexés. Il n’y a pas si longtemps. Ces années baba cool, comme on aimait l’appeler, résonner entre das les oreilles de certains. Peut-être qu’il aurait aimé cette période, Elio se demandait souvent comme ça se passer. Il n’était pas un adepte du sexe. Se qualifier, de normal, comme tout le monde. S’il devait être franc, si aujourd’hui, il occupait un poste en rapport. C’était surtout, par hasard. Un jour, il s’était présenté, sans grande conviction, dans un moment de sa vie, ou il avait besoin d’argent… Il n’en a toujours pas besoin. Il présentait, il avait de la gueule…. C’est exactement, ce que la propriétaire de l’époque, lui avait dit. C’était bien la première fois, qu’on le qualifiait ainsi. Alors pourquoi pas ? Il avait appris sur le tas, quand il est rentré, il ne savait pas tout ce qui se faisait dans le domaine. Et aussi étonnant, que cela puisse paraître ça lui plaisait assez. Il avait vu beaucoup de monde, franchir la porte, personnalités inimaginables. Elio gardait un certain respect d’intimité, pour ces clients. Décomplexer, c’est exactement le sentiment qu’il voulait diffuser dans ces lieux. Son regard s’attarda sur la vitrine, aussi personnel qu’elle soit, il pouvait voir les potentiels clients intéressés par le magasin. Et cette silhouette, il l’avait déjà vu auparavant. Toujours hésitant, il était presque à se demander, si un jour, il allait franchir le pas. Ce n’était pas le seul dans ce cas. Bien d’autre avant, se cachant la plupart du temps, avec une capuche sur la tête, croyant passer incognito. Mais pas lui, il avait eu l’audace de rentrer comme si c’était une simple boutique. « Salut ! » Il ressentait quand même une certaine gêne, chez lui. « Je peux vous aider ? Vous cherchez quelque chose en particulier ? Un conseil ? » Surtout si ce n’était pas tous les jours qu’on se présentait dans un sex-shop. Ce n’est pas différent des autres magasins. Il ne quittait cependant pas sa caisse, pour ne pas paraître étouffant.

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