I never thought I'd be the one to break your heart (nev)

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i never tought i'd be the one to break your heart
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@"nevaeg rutkowski" & @pippa wojcik-reyes

Je ne savais pas que tu étais lâche, j’avais lâché ça à Juliann avec toute la colère qui m’animait. Une douleur insoutenable montait dans ma gorge, si bien qu’un cri de rage en sortit sans que je ne contrôle rien. J’hurlai au milieu du salon, attrapant un vieux vase que je balançai contre un mûr.
— Putain ! hurlai-je, en finissant par me pincer l’arrête du nez pour tenter de me calmer.
Ce n’était pas possible, je vivais un cauchemar. Ma meilleure amie arrivait dans moins de dix minutes, drapée de toute sa bienveillance et de sa gentillesse, pétrie des meilleures intentions. Elle venait cuisiner pour moi, elle venait pour que je me sente bien et j’allais devoir lui briser le coeur. Putain, je me détestais pour ça. Mais je ne pouvais pas lui mentir, pas en plein visage. Si cela convenait à Juliann, je n’étais clairement pas d’accord avec ça. Je me détestais, je me détestais de devoir la briser en mille morceaux, mais je n’avais pas le choix. Tous mes membres tremblaient et mes joues étaient humides de larmes, il fallait que je me ressaisisse et vite, je n’avais pas le droit d’être celle qui pleurait, je ne pouvais pas faire cet affront à Nevaeh.
Je m’éclipsai à la salle de bain pour me passer de l’eau sur le visage. J’étais en train de contempler mon reflet dégoulinant quand la sonnette retentit. Mon coeur commença à battre la chamade dans ma poitrine et une envie de vomir me saisit.
— Putain de merde ! lâchai-je à nouveau.
Je detestais être celle qui devait affronter ça, et je détestais Juliann de ne rien assumer du tout dans l’histoire. Nev allait se décomposer sous mes yeux, et j’allais être celle qui enfonçait encore plus le couteau dans la plaie. Un dernier regard à mon reflet, j’inspirai avec détermination, attrapai une serviette pour m’essuyer le visage puis sortis de la salle de bain pour aller ouvrir à ma meilleure amie. Le grand sourire qu’elle affichait me brisa le coeur, mais cela n’était rien comparé à ce que j’allais lui faire vivre dans les minutes qui allait suivre.
— Salut. Entre.  

Tout semblait s'accorder depuis quelques semaines, prendre place pour le mieux. Nevaeh s'était posée trop de questions, s'était fait trop de mal en ressassant le passé entre Pippa et Juliann. Et à présent que l'abcès avait été crevé, tout allait pour le mieux. Ils arrivaient même à être dans la même pièce, tous les trois, sans trop de malaise.

Entre Juliann et Nevaeh, les choses avaient vivement évoluées depuis l'apéro. Ils avaient pour projet commun d'emménager ensemble, elle avait rencontré sa mère, ils s'étaient promis mondes et merveilles. Et même quand la vie semblait vouloir leur mettre des bâtons dans les roues, ils semblaient passer au travers des tempêtes et des épreuves que l'on mettait sur leur chemin. Inséparables, ce soir encore ils allaient se retrouver, même si les plans de la journée avaient été chamboulés par le retour de Pippa et cette envie de retrouver sa meilleure amie. Nevaeh se sentait sur son x, là où elle devait être, au bon endroit au bon moment, épanouie dans sa relation comme elle ne pensait jamais l'être. Au fond, peut-être qu'elle aurait dû se poser des questions, plus de questions, et se méfier...

Avec un sac d'épicerie plein, elle débarqua chez Pippa une heure après leur discussion sms. Nevaeh toquait vivement à la porte, son grand sourire qui venait teinter son visage doux. Et elle s'était attendu au même accueil de la part de sa meilleure amie, seulement quand Pippa ouvrit la porte, Nevaeh comprit que quelque chose clochait, que quelque chose tiquait. La brune fronça les sourcils. « Ça va? », demandait-elle alors que le ton de la blonde ne reflétait pas celui de leur échange précédent. « J'ai pris plus que nécessaire, comme ça tu en auras pour la semaine aussi. Des fruits, des légumes, du lait, des oeufs, du pain, bref des choses pour casser la croûte entre ton boulot. D'ailleurs, tu reprends quand? », demandait Nevaeh en déchargeant les courses du sac réutilisable.

Je la regardai déballer les courses qu’elle avait faite pour moi, avec la culpabilité qui grimpait dans ma gorge, comme une lave acide. Le sourire qu’elle affichait, sa bonne humeur, sa sympathie…j’allais devoir briser tout ça, et cela ne me prendrais qu’une seconde, qu’un aveu, qu’une bombe lâchée au milieu de mon salon. Les larmes montant jusqu’à mes yeux, je fondis sur ma meilleure amie pour la serrer contre moi.
— Oh Nev…
Mon coeur saignait au point que je n’arrivais plus rien à contrôler. Mes larmes affluaient, je sanglotai lamentablement dans les bras de Nev, profitant du fait qu’elle ne sache encore rien pour la tenir contre moi, pour serrer celle que je considérais comme ma troisème soeur contre moi. Juste une dernière fois.
— Je te mérites pas, je te mérites tellement…tellement pas. Je suis si horrible, si tu savais…

Il y avait cet aura, cette drôle d'atmosphère dans l'appartement de Pippa. Quelque chose clochait et, pourtant, Nevaeh n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Elle déballait les courses avec enthousiasme, se disant que le décalage horaire faisait encore effet, que la fatigue se transposait entre elles et qu'un bon repas lui ferait du bien. Elle eut à peine le temps de poser les oeufs sur le plan de travail que Pippa s'était rivée vers la brune, le serrant dans ses bras. « Pippa... », murmurait-elle alors que sa meilleure amie pleurait à découvert. Elle ne l'avait pourtant jamais vu dans un état pareil à un retour de voyage. Et, pourtant, ce n'était pas la première fois que Nevaeh venait lui cuisiner un repas alors qu'elle était complètement crevée de ses aventures. Il y avait réellement quelque chose qui clochait.

L'étreinte de la blonde se faisait plus forte, plus poignante. Et ses mots étaient incompréhensibles. Nevaeh se détachait d'elle au mieux qu'elle le pouvait pour la regarder dans les yeux, un sourire apaisant au visage. « Mais que'est-ce que tu racontes? », soufflait-elle d'une toute petite voix, essuyant les larmes de sa meilleure amie à l'aide de son pouce. « Qu'est-ce qui se passe? Pouquoi tu te mets dans un tel état? », demandait-elle en replaçant les cheveux de Pippa derrière ses oreilles. « Il s'est passé un truc avec Liam? Raconte-moi, je suis là », enchainait-elle sur un ton rassurant.

Je la serrai dans mes bras, m’attachant à elle comme à une bouée. Je redoutais le moment où j’allais la lâcher, ou elle allait me lâcher, ou elle allait me laisser dérivée, seule, après que j’ai percé des milles petits trous assassin, après que je lui ai virtuellement craché au visage, après lui avoir souris, après l’avoir rassurée à propos du couple qu’elle formait avec Juliann. Je me sentais tout au fond d’un saut, sans la possibilité de remonter à la surface. Je me sentais prise au piège, acculée. Je devais lui dire, je n’avais pas le choix. Elle se détâcha avec douceur, me sourit de toute sa magnifique gentillesse, essuya mes larmes. Je ne la méritais pas, vraiment pas. Ma meilleure amie fit une supposition mais elle était si loin de la vérité. Comment aurait-elle pu deviner de toute façon.
— Non.
Je secouai la tête, tâchant de rassembler mes forces pour la regarder dans les yeux.
— Non. Liam est…
J’expirai lentement en fermant les yeux.
— Liam me rend tellement heureuse que ça en est…Indécent.
Ca l’était d’autant plus maintenant que je m’apprêtais à détruire le bonheur de deux personnes que j’aimais profondément et sincèrement.
— C’est…Juliann.
Une boule se forma dans ma gorge et je faillis faire marche arrière en voyant le regarde de Nevaeh. Mais je ne pouvais pas me le permettre, je me devais d’être honnête envers elle.
— Il t’aime, Nev. De tout son être, je veux que tu aies bien ça en tête, d’accord ? Il t’aime.
Bordel, mais pourquoi cet imbécile avait refusé de venir. Ca aurait été tellement plus simple…
— Je me sens tellement mal, Nev, si tu savais…je croyais que tu savais…je croyais que vous en aviez parlé…je te jure, j’étais persuadée que tu savais…

Elle aurait voulu prendre sa douleur, l'absorber et lui en délivrer. Parce que de voir Pippa comme ça lui brisait le coeur. Elle était toute faible et cherchait ses mots, son regard n'arrivait pas à soutenir celui de Nevaeh. Mais qu'est-ce qui s'était passé entre leur échange de sms et l'arrivée de la journaliste à l'appartement de la blonde? Il lui semblait qu'une année avait passée à en voir l'état de son amie.

Nevaeh connaissait Pippa par coeur. Et quand elle agissait ainsi, c'est qu'elle se sentait coupable de quelque chose. La brune lançait donc les suppositions, bien loin de se douter qu'elle était loin du compte, que ce dont elle se sentait coupable, Pippa, c'était du futur mal qu'elle ferait à sa soit disant meilleure amie. Avec douceur, Nevaeh l'encourageait à parler. La seule chose qu'elle voyait, c'était Liam. Avaient-il décidé qu'il valait mieux divorcer? S'étaient-il embrouillés? C'est vrai que l'appartement était vide, il n'était pas là. Mais Pippa affirmait que non, que ce n'était pas ça. Nevaeh fronçait des sourcils. « Et je suis tellement heureuse pour toi », fit-elle en commentaire à ce que Liam lui faisait ressentir. Elle n'avait pas vu Pippa aussi heureuse depuis.... Juliann. Ce nom qu'elles prononcèrent presque en même temps, Nevaeh dans sa tête, Pippa à l'oral.

Juliann? Son Juliann? Qu'est-ce qu'il avait? Ils s'étaient pourtant parlé il y avait à peine une heure, promis qu'ils se retrouveraient le soir venu. Que s'était-il passé en si peu de temps? « Je sais qu'il m'aime, je ressens la même chose pour lui », fit-elle dans un rire nerveux. Pourquoi se sentait-elle mal? De quoi parlait-elle? L'angoisse montait, Nevaeh reculait pour mieux l'observer. « Arrête de tourner autour du pot », demandait-elle d'un ton autoritaire et, surtout, inquiet. Qu'est-ce qu'il lui cachait? Qu'est-ce qu'elle lui cachait? Elle imaginait déjà le pire. Les larmes montaient à ses yeux. Merde, merde, il l'avait trompé? Quand? Comment? Avec qui? Ils passaient pourtant tout leur temps ensemble. Nevaeh se prit la tête entre les mains, elle respirait difficilement. « Tu me connais Pippa, j'hyperventile là... Qu'est-ce qui s'est passé? Pourquoi tu me parles de Juliann? »

Un goût amère dans ma bouche, une nausée soudaine. J’allais devoir cracher le morceau mais j’avais envie de cracher mes tripes, de partir en courant, me cacher dans un trou de souris, mais il me fallait pourtant affronter tout ça. Affronter mes responsabilité, casser des oeufs, et ne pas savoir comment les réparer. L’atmosphère de mon appartement s’alourdissait, devenait à peine respirable. J’en aurais suffoquer. Le visage de Nev commençait à exprimer de l’inquiètude, une peur profonde qui refaisais surface. À cause de moi. J’avais envie de la prendre dans mes bras, mais je n’en avais pas le droit.
— Ce…
Je fermai les yeux et pris une longue inspiration, cherchant mes mots. Tournant dans ma tête plusieurs formulation, tâchant de trouver celle qui blesserait le moins Nev.
— Ce que vous avez construit tous les deux, cet amour, il est réel, Nev. Ce que je vais te dire ne dois pas t’ôter ça de l’esprit.
Putain, je me sentais si moche de lui dire ça. C’était horrible. J’étais horrible.
— Juliann et moi on…on a eu un moment. Y’a quelque temps, vous n’étiez pas encore ensemble mais…
Je soupirai, peinant à m’exprimer correctement.
— J’ai jamais voulu que tu en souffres, Nev, je pensais que Juliann t’en avais parlé, que c’était réglé. On a eu ce tout petit moment d’égarement…on s’est dit au revoir en quelque sorte, mais c’était la dernière fois. Je te le jure.

Le regard de Pippa faisait peur à la brune. Il était éteint. Et effrayé. Et nevaeh ne savait plus quoi dire pour la rallumer. Elle passait d'une histoire à l'autre, ça ne faisait pas de sens. Elle parlait de Liam, de comment il la rendait heureuse, mais elle avait les larmes qui ruisselaient sur ses joues. Et quand elle parlait de Juliann, elle n'osait pas tout dire. Et ça avait le don d'énerver Nevaeh. Elle paniquait, flottant dans le doute et dans le néant. Et Pippa ne semblait pas en mesure de cracher le morceau.

Elle parlait de ce qu'ils partageaient. De leur amour. Nevaeh fronçait de nouveau les sourcils. Ça ne faisait aucun sens. Pourquoi parler de quelque chose de si beau, alors qu'en réalité la blonde avait l'air dépitée. « Arrête de me ménager, bordel! », criait la brune. C'était plus fort qu'elle, c'était l'angoisse. Pippa tournait autour du pot, elle irritait la journaliste qui perdait sa patience légendaire.

Un moment. Moment d'égarement. Se dire au revoir pour la dernière fois. Elle additionnait les mots et ça faisait sens dans sa tête. Tout prenait sens. Tout était clair. « T'as couché avec Juliann? », demandait-elle avec le plus grand des sérieux, sans émotion sur son visage. « T'as... T'as couché avec Juliann? » Cette fois, Nevaeh pleurait. Elle qui pensait que cette histoire était derrière eux, elle qui s'était ouvert à sa meilleure amie sur ce qu'elle ressentait face aux exs du pompier. Elle qui avait mis de l'eau dans son vin, qui fermait sa bouche et qui mordait sa langue quand elle aurait pu lancer des piques sur leur histoire clairement pas résolue. « C'était quand? », demandait-elle avant d'inspirer profondément. « C'ÉTAIT QUAND MERDE!? »

La bombe était lancée, le minuteur tournait, et je savais qu’elle ne tarderait pas à exploser et à faire de gros dégâts. Sur le coeur de Nevaeh d’abord, mais aussi sur notre amitié que je sentais se fissuré dangereusement. Nous venions à peine de retrouver notre complicité et voilà que tout volait en éclat. T’as couché avec Juliann, ma meilleure amie assénait elle-même que je n’avais pas été capable de lui portait. De marbre, les larmes coulant silencieusement sur mes joues, la mâchoire serrait, je soutenais son regard, tâchant de lui renvoyer toute ma compassion, toute ma tendresse. C’était bien facile après coup, n’est-ce pas ? Bon sang, j’étais odieuse. Je ne me supportais pas. Quand ? Elle exigeait de savoir quand cela s’était produit et c’était bien normal, même si, au fond, je savais que cela ne changerait pas grand chose.
— Il y a quelques mois, on s’est vu pour prendre une glace, et discuter. Je…venais de lui annoncer que j’épousais Liam. Toi t’étais…
À l’autre bout du monde, loin de se douter de ce qu’il se passait.  
— Nev, je suis désolée…on a rien contrôlé, ça ne s’est produit que cette fois-là…jamais depuis que vous vous êtes mis ensemble, je te le jure.

Elle ne voulait pas réellement savoir, mais les questions fusaient naturellement, sans qu'elle soit en mesure de les contrôler. Que ça se soit passé hier ou il y a trois mois, le mal était le même, parce que Juliann lui avait promis qu'il ne se passerait rien avec Pippa et que si l'envie lui prenait, il lui en parlerait. Or, visiblement, il n'avait pas respecté sa promesse. Les larmes coulaient sur les joues de Nevaeh, mais son visage restait doux. C'est son coeur qui hurlait, qui criait, qui saignait. Son coeur qu'on avait une nouvelle fois écrasé. Maudite, elle était maudite. Et cette histoire qu'elle avait cru si différente, au fond, ne l'était pas réellement. Elle était pareille aux autres. Elle lui donnait des ailes au début et, tragiquement, elle se terminait en éclat de verre. Sauf que cette fois, c'était pire. Parce que celle qui venait faire tout exploser, c'était supposé être sa meilleure alliée.

On s'est vu pour prendre une glace. Oui, elle savait exactement à quel moment cela faisait référence. Elle en avait le souvenir. Cette photo d'elle à moitié habillée qu'elle lui avait envoyé et à laquelle elle n'avait eu aucune réponse, sauf le lendemain. Elle ne s'était pas posé de question, même quand il avait parlé de Pippa. Finalement, elle aurait dû, plutôt que de se laisser embarquer dans une nouvelle histoire à lui briser le coeur. Et toi tu étais... « En Afrique du Sud », murmurait-elle. À l'autre bout du monde. « C'était la fois de trop », crachait-elle en lui tournant le dos, faisant les quatre-cent pas dans l'appartement de la blonde. Elle peinait à respirer. « Il m'écoeure », finit-elle par lâcher, avec dégoût dans la voix. « Vous avez couché ensemble et le lendemain, il me faisait l'amour à l'autre bout du fil. Il disait que je lui manquais, qu'il avait hâte de me revoir... Et, pourtant, il n'a pas su la garder dans son pantalon plus de 48h. Je venais à peine de quitter la ville... » Et il l'avait déjà trahi. Pas plus de 24h après son départ. Ruisselante de larmes, Nevaeh se retournait vers Pippa. « Il m'a regardé dans les yeux, à mon retour. Et il m'a promis qu'il ne voyait personne, que j'étais la seule. Qu'il n'était juste pas prêt à mettre des mots sur nous deux, sur ce que nous étions... » Nevaeh étouffait un sanglot. « Mais c'était de la foutaise », avait-elle murmuré. « Lui et toi, ce ne sera jamais terminé... » Elle était là, la vérité. « Et toi, tu récoltes tout. T'as le mari parfait, déjà. T'avais pas envie de me laisser mon bonheur? Tu savais ce que Juliann représentait à mes yeux, même si ce n'était pas officiel. Mais t'as voulu le garder pour toi. » Elle riait nerveusement, la situation n'avait rien d'amusante. « C'est bien joué, tu peux tout prendre. Je suis épuisée. Épuisée de m'en faire, épuisée de trop penser, épuisée de m'inquiéter. C'est terminé... » Elle était lancé dans un monologue où Pippa n'avait pas un mot à placer. Et c'était tant mieux, parce qu'elle ne voulait pas entendre ses excuses. Le mal, il était déjà fait. « Et j'allais emménager avec lui? »

J’aurais aimé ne jamais avoir à vivre cette situation, j’aurais aimé n’avoir jamais à me retrouver là, mais je ne pouvais pas effacer le passer et il me fallait faire face aux conséquences, et faire souffrir ma meilleure amie. Je considérais Nevaeh comme ma propre soeur mais il aurait été hypocrite de dire que j’avais pensé à elle cette fois où Juliann et moi avions vécu notre dernier moment ensemble. Je n’y avais pas pensé, pas une seconde, ou si j’y avais pensé cela avait été plus facile de la relayer à un coin de ma pensée, un coin duquel j’allais la ressortir, plus tard, et culpabiliser. Cela avait été plus facile sur le moment d’oublier qu’elle se trouvait dans la boucle, d’un égoïsme infâme, mais plus facile. Le remord venait aujourd’hui, mais, hélas, le mal était fait. Nev recevait l’information en pleine face, et sur son visage, je vis passer tant la tristesse que la colère. Un mélange des deux qui me heurta en plein coeur. C’était la fois de trop. Oui. Juliann et moi n’aurions jamais dû céder à nos pulsions ce jour-là, car si mon ex n’était pas officiellement en couple à ce moment, l’affection était déjà bien présente, l’attirance et peut-être même une forme naissante d’amour. Cela ne rimait à rien de se cacher derrière l’officialisation des choses, cela n’était que plus hypocrite encore. Je me tus tandis que ma meilleure amie exprimait sa colère, je me tus pour simplement encaisser, jusqu’au moment où évoquer le fait que Juliann lui avait jurer, les yeux dans les yeux, que rien ne s’était passé durant son séjour en Afrique du Sud.
— Quoi ?
Mon sang ne fit qu’un tour.
— Putain, il n’a pas osé…
Ne rien dire était une chose, mentir ouvertement en était une autre et à ce moment précis, j’eus beaucoup de mal à trouver des excuses à mon ex. À l’heure actuelle, je lui en voulais déjà beaucoup de me laisser affronter seule le regard de Nev, je lui en voulais de me laisser être celle qui allait lui briser le coeur. Lui et toi, ce sera jamais terminé Cette affirmation que prononça Nevaeh me fit relever la tête.
— Tu te trompe, fis-je en plantant mon regard larmoyant dans le sien.
Juliann et moi avons clot un chapitre, j’en étais à présent convaincue. Cela avait été difficile de le laisser partir, mais je n’avais plus aucun doute sur le sujet. Et de son côté, je savais que Juliann aimait Nev, que notre histoire appartenait au passé. Cette fois là, il y a trois mois, était peut-être ce qui nous avait définitivement permis de tourner la page.
— Nev…
Ma meilleure amie n’écoutait pas, animée par la colère, elle me balançait au visage que j’avais tout gagné, tout récolté, que je ne lui laissais pas une seule part de bonheur. J’encaissai à nouveau. Cela me fit mal, mais j’encaissai. Après tout, je le méritais. D’encaisser sans broncher.
— Il t’a choisi. Toi, rappelai-je avec calme. Même après ce qu’il s’est passé entre nous cette fois-là, c’est vers toi qui est allé. Il ne m’aime plus Nev. Je ne l’aime plus non plus…j’étais…j’étais terrifiée, je me sentais seule. Mon futur mari était amoureux d’une autre femme, une autre femme que je rendais malheureuse…
Elle aussi.
— J’avais besoin…j’avais besoin…
Je cherchai mes mots, peine à concrétiser ce que je voulais lui dire.
— C’était un acte dicté par la peur de ne plus jamais être aimée, de…je sais pas. C’était…je me suis laissée aller avec Juliann parce que c’était réconfortant et familier. J’en avais besoin, sur le moment, mais aujourd’hui…aujourd’hui c’est derrière nous tout ça. Je te jure que Juliann et moi avons tourné la page. Peut-être même ce jour-là.

Non, elle ne se trompait pas. Et elle l'avait imaginé depuis bien longtemps, que cette histoire entre Pippa et Juliann n'était pas réellement terminée. Sa plus grande crainte devenait maintenant réalité, comme si à force d'en avoir peur elle l'avait attirée, son malheur. Et elle s'était sentie si mal quand elle avait lu les sms sur le portable de Juliann, elle s'était sentie si coupable. Alors qu'au fond, elle n'avait pas cherché à découvrir des réponses à ses questions et que la réaction du pompier avait été démesurée. Peut-être que dès là, elle aurait dû se douter qu'ils cachaient quelque chose.

Nevaeh parlait, parlait, parlait. Elle déblatérait ses insultes, ses reproches, sa douleur, ne laissant pas la place à Pippa de répliquer. Elle tentait, mais Nevaeh l'ignorait. Elle n'en avait que faire. Elle s'en fichait. Pour l'instant, seule sa douleur était importante. Elle ne voulait entendre ni excuse ou justification, elle voulait extérioriser sa rage. Pour une fois, elle pensait à elle. Pour une fois, elle se montrait égoïste. Et elle sembla se calmer, entre deux monologues, Nevaeh retrouvait son souffle, larmes qui coulaient, respiration qui se faisait difficile. Mais quand Pippa expliqua qu'il l'avait choisi elle, Nevaeh reprit de plus belle. « Après t'avoir baiser! » C'était cru, c'était cruel même. Mais elle ne pouvait rien faire d'autre, elle était une boule de colère. « Je suis passée après toi, encore. Et je te rappelle que tu allais te marier, évidement qu'il est allé voir ailleurs... » Mais ce n'était pas tout. Ce n'était pas le pique de sa colère. Non, il arriva quand Pippa tenta de justifier ses actions. Elle parlait de peur. Et de réconfrot. Et de familier. Et ça lui levait le coeur, à Nevaeh. Elle disait qu'elle en avait eu besoin. Oui, elle avait eu besoin de faire du mal à sa meilleure amie pour mieux accepter son propre choix de se marier. Comme si ça avait du sens. « Arrête! », demandait-elle sèchement. « Arrête Pippa, arrête de parler merde, arrête. Arrête, fais juste arrêter.. » Et cette fois, c'est en sanglot qu'elle hurlait. « Tu te rends compte de ce que tu dis ou pas? Non, parce que tu ne fais que me faire encore plus de mal avec tes besoin et ton familier et ton réconfortant et ton j'avais peur. TU as fait le choix d'épouser Liam. TOI. TOI toute seule. Alors, non, ne viens pas me parler de peur et de besoin de le retrouver et de boucler la boucle. Non. C'était égoïste. C'était puéril. Et tu savais que ça me ferait du mal. Alors, soit tu es une personne foncièrement méchante, ce que je ne pense pas, soit tu en avais réellement rien à faire de mes sentiments. » Un soupir s'échappa. « Oui, c'est terminé. Pour moi aussi, ce l'est. » Nevaeh jeta un regard sur l'épicerie laissée sur le plan de travail. « Tu mettras les trucs au frais. J'ai acheté des légumes pour faire une soupe... Tu as tout les ingrédients », fit-elle en reniflant. « Tu m'excuseras, mais... Je n'ai pas vraiment envie de visualiser tes clichés de voyage ou de parler de ta lune de miel... J'ai juste besoin d'être seule.. »

Au fond ce n’était pas le mot qui me heurtais. « Baiser », c’était si commun, une simple question de vocabulaire. Non, ce n’était pas le mot. C’était le ton et la douleur qu’il cachait, la douleur de Nevaeh, une douleur que j’avais provoqué. Je la regardai, je regardai la rage gagner ses yeux chocolat et que je reçu comme une salve ce coup porté violemment à mon coeur. Je sentais la fissure se créer entre nous, je sentais notre amitié se réduire en miette et cela me déchirait de l’intérieur. Lèvres serrés, larmes coulant en silence, je ne lâchai pas mon amie du regard, recevant sa colère sans broncher. Quand son ton baissa et qu’elle évoquer les courses qu’elle avait fait pour moi, ma gorge se serra. Mes sanglots n’étaient pas loin. Malgré le mal que je lui avais fais, Nevaeh conservait une peu de son affection pour moi, du moins je n’entendis pas de haine dans ses dernières paroles. Ainsi, je regardai ma meilleure amie quitter mon appartement avant le sentiment que je ne méritait pas son coeur généreux, et une culpabilité qui me rongeait. Là, et seulement là, je craquai. Les larmes affluèrent, et je pleurais sans me retenir.
Une heure plus tard, ou peut-être davantage, j’étais assise sur le canapé, le regard fixe, larmes séchées sur mes joues, vide, j’entendis le loquet de la porte se déverrouillai la tête. Quand Liam apparut dans le chambranle, je me levai brusquement pour lui courir dans les bras. Le chagrin me saisissant à nouveau, je me laissai aller contre lui, nichant mon nez dans son cou pour laisser son odeur me réconforter, sa présence rassurante m’envelopper.
— Sers-moi, lui dis-je simplement.  

fin