Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Sujet: people are strangers (leo) Lun 23 Nov 2020, 15:27
à force de bricoler dans l'infini, il me semble connaître un peu mieux ma finitude maulpoix
l'infini, c'est la mer. à la fois proche et lointaine, elle arrive et repart, se cogne au rivage puis s'éloigne comme si de rien n'était. la mer est silencieuse et bruyante. elle porte et noie. elle est d'une complexité qui te fascine, toi, l'humain échoué sur la plage, à la recherche d'un signe quelconque pour remettre un peu d'ordre dans ta vie. comme la mer, tu t'es échoué au rivage de ta vie. comme elle, tu aimerais pouvoir t'extirper de toute réalité. mais tu es seulement humain, alors cette possibilité ne t'est pas offerte.
assis sur le sable beige, les jambes croisées, et le regard perdu dans l'horizon, tes pensées s'interrompent quand arrive la pluie.
quelques gouttes d'abord, que tu ignores. il t'en faut plus pour quitter ce moment solennel, presque sacré. le danemark ne t'offrait pas cette vue, ce sentiment. tu ne comprenais pas avant de venir en australie, quel était l'attrait de la mer. maintenant tu comprends. pas en plein été quand le tourisme et la bronzette ravagent la plage, mais dans ces moments de solitudes à l'aube de la journée, qui te permettent à la fois de réfléchir et en même temps, de pouvoir tout oublier. mais depuis ton arrivée à bowen il y a quelques mois, tu n'étais pas retourné à la mer. trop mal dans ta peau, t'as surtout peur de trop t'y approcher, et de te noyer. c'est pas tant le fait de te noyer qui t'effraie, mais de savoir que tu ne feras sûrement rien pour lutter contre.
alors t'es revenu la visiter, comme une vieille amie, quand les températures ont commencé à baisser. la tentation de l'eau n'étant plus, tu pouvais redevenir serein, rien qu'un peu. mais c'était avant la pluie. déchaînée et torrentielle, tu quitte le réconfort du sable pour aller t'abriter dans le premier abris que tu croises. un cabanon blanc délavé, porte ouverte sur l'extérieur. parfait. d'ici, tu verras la mer tout en échappant au supplice de celle qui tombe du ciel. tu es vite rejoint par une jeune femme, déjà presque trempé, qui cherche le même abris que toi. sans un mot, tu lui laisses de la place. "c'est bête, c'était ma première fois à la mer depuis mon arrivée." tu ris un peu maladroitement, sans oser la regarder. mais comme une bouteille à la mer -c'est ironique- tu lances le début d'une conversation, comme le besoin d'être sauvé de ta solitude.
Leo Buchanan
MESSAGE : 1270 ICI DEPUIS : 19/11/2020 COMPTES : endre valtersen / erin mansfield CRÉDITS : angie
STATUT : célibataire
Feuille de personnage ∞ mes liens: ⇢ à propos de moi : Leo. Rarement la même coupe de cheveux. Pas bien épaisse, une anorexie qui n'est jamais vraiment partie. Un penchant pour le sang du Christ. Christ qu'elle porte autour du cou tous les jours sans exceptions, comme pour s'octroyer la protection d'un dieu enquel elle ne croit pas. Sauf quand la nuit a été longue, que les verres furent remplis et qu'elle prie à s'en arracher la peau, qu'elle prie pour ressentir quelque chose, pour savoir quoi faire, pour être autre chose qu'une mort-vivante dans un monde de damnés. Pas hyper stable ni saine donc. Mais quelqu'un de gentil, sans violence apparente, plutôt approchable. Un sourire éclatant et une démarche gracieuse. Un équilibre parfait. Un sablier vide.
Sujet: Re: people are strangers (leo) Mar 24 Nov 2020, 16:57
On est en Australie putain de merde ! marmonna Leo quand les premières gouttes commencèrent à tomber. Sérieusement, quel était l’intérêt de vivre dans ce pays désertique si ses seuls moments de tranquillité étaient gâchés par la pluie. Mais remettons la situation en place. A la surprise générale, Léo n’était pas au travail. Son manager l’avait forcé à ‘faire une pause’. There’s no rest for the wicked, s’était t-elle dit à l’annonce de la nouvelle. Mais elle avait donc une après-midi de libre, et du temps à tuer. Il fallait qu’elle trouve de quoi s’occuper si elle ne voulait pas passer l’après-midi à boire, comme elle avait la mauvaise habitude de faire. Il faisait assez frais dehors, de quoi enfiler un pull largement trop grand, troué, mais confortable. Leo attrapa son appareil photo, un paquet de clope et ses écouteurs. Elle n’avait pas un talent particulier pour la photographie, mais c’était la seule activité qui la détendait vraiment. Le monde est instable, les gens partent et nous abandonnent, et la Terre tourne. Mais les photos, elles, sont fixes. Quand le monde s’écroulait autour d’elle, Leo savait qu’elle avait au creux d’une petite carte SD une collection de souvenirs réconfortants qui ne la lâcheraient jamais. C’est ridicule n'est-ce pas ? D’être si seule et de se raccrocher à des photos de nuages et d’oiseaux sur la plage. Mais les photos ne mentent pas, pas comme les hommes. Elle n’aurait dû voir l’averse venir, au vu des nuages gris peuplant le fond de son objectif. Mais perdue dans ses pensées et dans sa playlist, elle ne paya pas attention à l’imminente arrivée de la pluie. A peine un quart d’heure après, c’était le déluge. Léo était donc en plein milieu de la plage, à bien une bonne demi-heure à pieds de chez elle, et en possession d'un appareil photo plutôt couteux, et surtout, pas du tout étanche. Elle passa la sangle de son appareil autour du coup, et l’appareil sous son pull, pour essayer de le protéger un peu, et se mit à trotter en direction du refuge le plus proche. Refuge étant un bien grand mot, car la vieille cabane de plage était à quelques mois près de l’effondrement. Evidemment, elle n’était pas vide. C’est bien ma veine. Le pauvre homme trempé n’avait rien demandé, mais bon, il n’y avait difficilement pas plus gênant comme situation. Leo, son mascara dégoulinant le long de son visage, et un autre type mouillé qui avait lui aussi pas l’air d’avoir envie d’être là. C’était un bel homme pourtant. Un profil certainement photogénique. La trentaine. 'C'est bête, c'était ma première fois à la mer depuis mon arrivée.' Leo ne répondit pas. "Je peux ?" dit-elle à la place en allumant une clope, évitant d’attendre sa réponse. Les Australiens n’aimaient pas la cigarette. Elle ne savait pas quoi lui répondre. Mais étonnement, elle se sentait plutôt à l’aise. Il avait l’air aussi perdu qu’elle, et elle sentait qu’il n’allait pas la juger pour ses aptitudes sociales plutôt précaires. "Honnêtement, c’est comme ça qu’elle est la plus belle." Dit Leo entre deux lattes. "La mer, je veux dire." Sans vouloir être mauvaise poète, c’était le cas. Si les couchers de soleil sur des eaux turquoise faisaient le charme de l’Australie, il y avait également un charme particulier dans ces eaux tempétueuses. Les abysses indigos étaient celles qui rappelaient à tous la fragilité du temps et de l’homme. Quelque chose que Léo avait souvent du mal à mettre de côté. Les vagues s’éclataient contre le rivage et le tonnerre grondait. La tempête ne semblait pas vouloir s’arrêter, comme un signe de la planète Terre qu’elle comprenait aussi le sort des âmes perdues. "A mon avis on est là pour un petit bout de temps" ajouta-t-elle. Elle aurait pu dire fuck it et courir jusqu'à chez elle sous la plus. Mais étonnement, elle n'en ressentait pas le besoin.
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jack of all trades, master of none
Invité
Sujet: Re: people are strangers (leo) Lun 07 Déc 2020, 15:26
c'était bien ta veine, la première fois où tu venais contempler la mer à bowen, le ciel te hurlait que tu n'en n'étais pas digne. pas aujourd'hui karl, tu repasseras, qu'il te disait le ciel, en laissant tomber sa plus belle pluie sur ton visage déjà abimé par les soucis. tu avais presque envie de te laisser plonger dans le gouffre : celui de te noyer sous la pluie. mais non, la raison revenait bien vite, et ton instinct te poussa à rejoindre la cabane en bois délabrée la plus proche. vieillie par le temps, prête à s'écrouler, mais encore bien debout. un peu comme toi. tu y trouveras abris et protection pour les minutes à venir. car ce n'était qu'une averse, pas vrai ? et que les averses, littérales ou métaphoriques, finissent toujours par aller voir ailleurs.
rapidement rejoint dans la cabane de misère, tu laissas un peu de place à la jeune femme. depuis plusieurs années déjà tu avais ce vilain réflexe de vouloir prendre le moins de place possible, de te faire invisible si c'était possible. pas près pour n'importe quelle relation humaine, tu préférais échapper aux autres, car eux aussi ils t'échappent. t'as beaucoup de mal à comprendre l'humain, alors tu le fuis. c'est plus simple. pour ouvrir la conversation ou faire bonne figure, peu importe la raison, tu dévoilas presque intimement, que c'était ta première fois à la plage depuis ton arrivée. elle s'en fichait sûrement, cette inconnue, de ton histoire. mais rien ne te semblait plus triste que deux étrangers échappant à la pluie et se retrouvant au même endroit, qui ne se parlaient pas. t'avais encore des restes de vie en société, à croire.
l'inconnue semblait aussi énigmatique que toi, et cette première impression te plu. tu ne chercheras pas plus loin, préférant les impressions à la réalité. "ah ?" tu répondais, étonné, alors qu'elle te signala que la mer était plus belle ainsi, par ce temps. dans un silence qui n'était pas gênant, tu observas la mer, la pluie, et les deux corps qui fusionnaient. comme si tu prenais application des conseils de la jeune femme. elle semblait avoir raison, en plus. "en effet, elle semble plus vraie comme ça." tu dis instinctivement, comme si tu contemplais une peinture. c'était presque le cas. elle était là, mais toi, tu ne pouvais que la voir et non la toucher. collant ton dos à la cabane, et croisant les bras, tu ne savais pas réellement comment tu devais agir. parler ou te taire ? la première option te paraissait plus logique. "si on est là pendant un long moment, je peux me permettre de vous demander une clope ?" la chance étant que t'avais oublié ton paquet chez toi. mais la vie t'avait appris que souvent les plus belles rencontres, même éphémères -surtout éphémères- se faisaient autour d'une clope.
Leo Buchanan
MESSAGE : 1270 ICI DEPUIS : 19/11/2020 COMPTES : endre valtersen / erin mansfield CRÉDITS : angie
STATUT : célibataire
Feuille de personnage ∞ mes liens: ⇢ à propos de moi : Leo. Rarement la même coupe de cheveux. Pas bien épaisse, une anorexie qui n'est jamais vraiment partie. Un penchant pour le sang du Christ. Christ qu'elle porte autour du cou tous les jours sans exceptions, comme pour s'octroyer la protection d'un dieu enquel elle ne croit pas. Sauf quand la nuit a été longue, que les verres furent remplis et qu'elle prie à s'en arracher la peau, qu'elle prie pour ressentir quelque chose, pour savoir quoi faire, pour être autre chose qu'une mort-vivante dans un monde de damnés. Pas hyper stable ni saine donc. Mais quelqu'un de gentil, sans violence apparente, plutôt approchable. Un sourire éclatant et une démarche gracieuse. Un équilibre parfait. Un sablier vide.
Sujet: Re: people are strangers (leo) Sam 12 Déc 2020, 21:24
L’homme semblait tout aussi morose que le littoral. Grand, mais en même temps comme recroquevillé sur lui-même. Imposant, mais presque invisible. Un visage unique aux yeux de photographe de Léo, mais un homme qui semblait vouloir disparaitre. La surprise se lit sur son son visage lorsque Léo commença à parler. Elle n’était pas habituée à surprendre les gens, elle, si normale et insignifiante. Pourtant l'atmosphère semblait rendre tout lourd, les mots plus signifiants, les esprit à fleur de peau. "Tu devrais profiter du spectacle. Les ciels bleus deviennent ennuyeux à force." Elle sentait qu’il n’était pas d’ici. Elle ne savait pas dire d’où, ni pourquoi, mais elle savait qu’il n’était pas d’ici. C’était quelque chose qu’elle savait reconnaitre chez les gens. Léo habitait ici depuis à peine un an, et elle savait donc reconnaitre le regard des étrangers, celui de ceux qui ne sentent pas forcément à leur place. C’’était un sentiment qu’elle connaissait intimement. "Tiens." fit-elle avec un sourire, lui tendant son paquet. Vu le prix des clopes en Australie, c’était quelque chose qu’il ne lui arrivait pas souvent. Elle connaissait une cliente qui lui vendait des clopes moins chère venant d’Indonésie, seul moyen pour les fumeurs de survivre en Australie sans risquer la banqueroute. Perdue dans ses pensées, elle se souvint de la présence de l’homme à côté d’elle. "Je suis désolée. A mon avis on est là pour un moment. Soit on se fait confortables, soit il va falloir passer à l’eau." Se faire confortable était un bien grand mot. Le vieil abris était littéralement fait de plancher et de sable. Et braver les éléments, elle n’était particulièrement fan de l’idée : son appareil photo lui avait couté trop cher pour qu’elle prenne un quelconque risque de le tremper. "Moi c’est Léo. Tu sais que t’es particulièrement photogénique ? On a déjà du te le dire non ?" C’était une évidence pour elle: un des rare talents était d’être particulièrement physionomiste. Il y avait quelque chose dans les traits du visage de l’homme qui captivait les yeux de Léo, et donc qui captiverait l’objectif. Léo se pensait un peu comme un appareil photo. Qui observe tout, mais qui reste toujours en arrière plan, qui laisse les autres parler à sa place. Jamais un bruit. Bon, il fallait être gentille avec elle, débuter les conversations n’était pas son point fort. Surtout quand elle est était sobre. Mais il y avait quelque chose dans le regard de l’homme qui lui signalait qu’il n’allait pas la juger. Deux moutons noirs dans une cabane blanche.