Encore toi. [ft. Alba]

Un retour à la normale comme on dit, finalement! Pouvoir s'instruire et découvrir ailleurs que par un écran, c'est je crois, ce qui me manquait le plus. Un petit sac, un casque, ma bite et mon couteau comme l'expression le dit et me voilà sur ma petite bécane en direction d'une galerie d'art. Rien de bien intéressant pour la suite, je vous passe les détails du style que j'ai failli me faire renverser sur la route ou que je me suis garée de la manière la plus insignifiante du monde, nous sommes d'accord que ça n'a rien de croustillant. Bref. J'rentre dans le bâtiment, fais ce qu'il y a à faire et commence ma visite jusqu'à ce que je la croise, elle. Un roulement de yeux si fort qu'ils auraient pu sortir de leurs orbites. Je ne lui parle pratiquement jamais, je ne la connais pas des masses mais j'en ai déjà marre de sa personne. Pourquoi? Alors. Comment dire. Elle a couché avec une femme avec que ma soeur a eu une relation avec elle et comme si ça ne suffisait pas, elle a couché avec l'homme que Charlie convoite. Et en plus, elle connaît mon meilleur bro. J'ai toutes les bonnes raisons pour la détester de loin non? Suis-je un peu trop possessive? Non, je dirais plutôt protectrice mais nous n'allons pas en débattre n'est-ce pas? Je la suis du regard, mes lèvres se réhaussent TRES légèrement pour lui adresser un sourire de politesse mais mes yeux la toisent de haut en bas avant que mon cerveau me dise de laisser échapper un soupir et de guider mes pas vers un autre tableau. Quand ton corps trahit ta pensée, je crois que c'est la pire des choses, non?

Les choses s’enchaînaient vite pour Alba et sa galerie. Voilà plusieurs maintenant qu’elle était ouverte et la premier artiste exposé allait bientôt changer. Il ne lui restait que quelques semaines avant de présenter les œuvres du prochain artiste qu’elle avait déjà choisi. Milo. Et elle avait hâte la blonde parce qu’elle adorait son travail et elle espérait aussi qu’au fond cette collaboration professionnelle allait apporter du positif dans leur relation personnelle. C’était le cousin de Léo qui ne voyait pas d’un bon œil son retour. Elle était en train de s’arranger avec les transporteur pour rendre les œuvres de l’artiste et réfléchissait déjà à la future place de celle de Milo. Quelqu’un entrait dans la galerie et avant de la rejoindre elle lui laissait quelques minutes seules pour apprécier les œuvres. Quand elle voulait la rejoindre, elle se rendait compte qu’elle connaissait cette personne. C’était Billie. Elle le vit le roulement de ses yeux et l’agacement. Les deux femmes s’étaient rencontrées quelques fois mais elles étaient loin de s’apprécier. La blonde ignorait ce qu’elle lui avait fait à cette femme, mais ce n’était pas une raison pour se laisser marcher sur les pieds. Elle prit son plus beau sourire professionnel, celui qu’elle réserve à toute une panoplie de personne. Sourire hypocrite, sourire faux mais sourire quand même. Elle aurait pu la laisser errer dans la boutique, mais Alba ne pouvait pas dire non à une potentielle acheteuse. « Bonjour Billie. » Elle était un peu trop chaleureuse pour être honnête. « Est-ce que tu as besoin d’un renseignement sur l’artiste ou une œuvre ?» Elle espérait que non dans le fond parce qu’elle n’avait pas du tout envie de faire la conversation avec une personne qui ne l’appréciait pas.

Me laissant aller d'oeuvre en oeuvre, ma tête se tourne en entendant la voix de la très chère Alba qui était probablement là à tenir la galerie. "Salut." lui répondis-je sur un ton sec avant qu'elle ne continue à me faire la conversation pour je ne sais quelle raison. Après c'est une habitude de personnes qui veulent vendre, ce sourire, ce timbre de voix mielleux, cette "classe". J'utilise tout ça au commerce aussi, pour vendre oui et rien de plus. J'suis bien obligée si je ne veux pas me faire virer pour un mauvais comportement auprès des clients. Mais nous savons tout aussi bien elle que moi qu'aucune des deux n'a envie de discuter avec l'autre. "Oh oui. J'adorerais en savoir plus sur l'artiste. Il a dû coucher avec toi pour qu'il soit exposé? Et mieux surtout, est-ce qu'il fait encore parti de mon cercle d'amis proches à qui tu aurais peut-être encore fait du mal?" Je plonge mon regard dans le sien. "Histoire que je sache qui ramasser à la petite cuillère encore après que tu aies tout ravagé sur ton passage." J'hausse les épaules avant de tourner les talons et de continuer ma visite.

Elle n’avait jamais su Alba ce qu’elle avait fait à Billie. Mais à force de ressentir de l’hostilité venant de la jeune femme, elle ne l’appréciait pas forcément. Alors elle ne comprenait pas pourquoi elle se trouvait dans galerie. De toute façon, la blonde savait qu’elle n’avait pas les moyens pour acheter une des œuvres. Pourtant, la photographe restait professionnelle, la saluant et s’occupant d’elle comme elle le ferait pour n’importe quel autre client. Par contre elle ne s’attendait à tant de cynisme et méchanceté, subissant toutes ces reproches. Sans mot, Alba laissait Billie s’échapper avant de reprendre contenance. Elle ne fit que deux pas pour la retourner. « Alors je ne sais pas ce que je t’ai fait ou fait à ton cercle d’ami … mais je n’accepte pas que tu m’insultes dans ma galerie. » Disait-elle froidement, sans aucun sourire. « Alors je ne te retiens et casse toi d’ici. » Alba pouvait être très gentille mais il ne fallait pas abuser de cette gentillesse et encore moins l’insulter.

Deux, trois pas. Stop. Un sourcil arqué avant de me retourner et de la zyeuter de haut en bas, une fois de plus. "Comment dire..." Je marque une pause, sans me rapprocher de la jeune femme. "Charlie Keynes et Charlie Meers pour commencer. Je suis au courant de tout. C'est pas cool ce que tu as fait. A chaque fois que des relations ou des choses de bien auraient pu arriver aux personnes que j'aime, tu es là, à faire je ne sais quoi et à tout détruire. Je ne dis pas que tu es l'élément principal à leur peine, non, je dis juste que tu n'aides pas." Je prends une grande respiration, relâche. "Donc oui, j'aimerais savoir quel sera ton prochain coup. Je serais même étonnée de savoir qui d'autre on a en commun, tu vois?." Peut-être que ma haine n'était pas vraiment justifiée, peut-être que c'était un être adorable dans le fond et pas juste une garce mais permettez-moi, je vous prie, d'en douter pour le moment. "Et je ne partirais pas d'ici. Je suis ici pour profiter de l'exposition avant tout. Je suis une cliente comme une autre, j'ai tous mes droits." ajoutais-je.

Elle se demandait Alba ce qu’elle avait bien pu faire pour subir de telles remarques. Elle ne s’attendait pas à recevoir en pleine figure des histoires qui étaient du passé. Surtout qu’elle avait parlé aux deux personnes concernées, et tout avait été plus ou moins réglé. « Même si je n’ai pas à me justifier. Tu devrais te renseigner avant de pointer quelqu’un du doigt. Je ne savais pas pour Liam ! Et pour Freja non plus. Mais dans tous les cas c’est un problème entre Charlie, Charlie et moi. » Pour qui se prenait-elle de la juger sur des choses qu’elle ignorait. Alba s’était sentie assez mal comme ça. « Mais si tu veux, j’vais recontacter l’artiste et oh je vais coucher avec lui pour te donner raison. » Elle la lâchait. Alba avait assez de problème comme ça, pas besoin d’en rajouter. Evidemment qu’elle voulait qu’elle parte. Mais la photographe haussait les épaules. « Ouai si tu veux. Tu me dis si tu veux acheter quelque chose, c’est minimum 1 200$. » Elle repartait vers le comptoir pour continuer sa paperasse.

Bouche entrouverte, à deux doigts de rétorquer mais aucun mot ne voulait sortir de ma bouche. Elle venait juste de me clouer sur place comme les Romains l'ont fait avec Jésus. Sauf que là, c'est mon coeur qui est en train de saigner et si c'est bel et bien le cas, on devrait m'amener aux urgences car c'est probablement une hémorragie interne et ça, ça craint. Et elle m'enchaînait, me fusillait et je ne répondais pas, la bouche bée avant qu'elle ne tourne les talons. De grands gestes dans son dos, ne comprenant pas vraiment ce qu'il venait de se passer. Mes lèvres se touchent enfin, mes sourcils en cours de route vu comme je les fronce avec assistance. Je décide finalement d'agir et de laisser claquer mes talonnettes sur le sol en la suivant. "Comment ça vous en avez déjà parlé?" Et comment ça on ne m'a rien dit à ce sujet? Et comment ça, comme par hasard c'est toujours la même personne qu'on retrouve par erreur dans le plumard d'un des partenaires de l'autre? "N'empêche, à part être un bon coup, il faut croire et j'en suis ravie pour toi, tu as quoi d'autres comme qualité, j'aimerais savoir?" Alors ça, ça sortait de nulle part par contre.

Alba avait déjà assez de problème, elle n’avait pas besoin que Billie vienne ajouter sa touche. Surtout que depuis plusieurs semaines maintenant elle en voulait à Léo et n’arrivait pas à passer au-dessus des révélations de Charlie. Evidemment qu’elles avaient parlé les femmes, Alba n’aimait faire du mal aux autres, ce n’était pas pour commencer avec deux amies, ses alliées à Bowen. « J’ai appris en même temps que Charlie pour Liam. Et dès que j’ai su qu’il y avait un truc entre Freja et Charlie, on a discuté. Je ne suis pas la connasse que tu crois. » Disait-elle tranchante. Puis elle se tournait, elle avait autre chose à faire. Par exemple, elle devait préparer l’expo de Milo qui était très importante. Alors quand elle entendait les pas de Billie arriver près d’elle, la photographe levait les yeux au ciel. Elle pensait qu’elle n’avait pas fini à lui faire des remarques. Alors avec un grand sourire hypocrite, Alba se lançait. « Oh je ne sais pas. Je dois être égoïste, ah et j’aime encore mon ex qui est en couple donc oui je dois être une véritable conne et briseuse de couple. » Lâcha-t-elle. La photographe était à bout de nerf.

Je roule des yeux. Oui possible, peut-être que ce ne sont que des coïncidences. Qui sait? Toutes ces histoires sont peut-être faites exprès pour que je puisse passer davantage de temps avec elle. Dieu -ou quiconque dirige ce monde- a de l'humour, croyez moi. Je tente cependant d'essayer de la comprendre, la flemme étant de l'analyser moi-même, je préfère savoir les mots qu'elle emploiera en parlant d'elle. Un sourcil arqué, des hochements de têtes à chacun de ses noms utilisés, je soupire. "Ce n'est pas parce que tu aimes encore ton ex que tu ne peux briser les couples à côté. Une sorte de passe-temps Le malheur des uns fait le bonheur des autres, ce genre de dictons." J'hausse les épaules. Je sais très bien que cette discussion ne va mener à rien mais maintenant que je suis dedans, je dois garder la tête haute et l'affronter. Disons que surtout je ne peux reculer. "C'est peut-être aussi pour ces raisons que ton ex est encore ton ex, tu ne crois pas?" A moins qu'elle ne me donne une bonne explication. Je m'avance d'un pas. Oui je suis une chieuse, je ne m'arrêterais pas là. "Et du coup, je suppose que vous en avez parlé, soit et tout va bien dans le meilleur des mondes, sans rancune ce genre de choses, c'est ça?" Je crois que c'est ça que je ne comprendrais pas. A moins que les personnes concernées m'expliquent pourquoi je réagis mal?

Elle n’avait pas à se justifier auprès de Billie des histoires qui ne la concernaient pas, surtout que tout avait été réglé avec les personnes concernées. Alba s’était sentie hyper mal quand elle avait su, ce n’était pas pour qu’on la replonge dans ceci. Mais depuis Noël, plus rien allait. Entre Léo et elle s’était de nouveau la guerre froide, puis il y avait cette histoire avec Freja et Concho qui la blessait tout autant. Alors elle lâchait plein de mots sur elle, donnant à Billie ce qu’elle avait envie d’entendre. Enervée, elle tapait contre le comptoir. « Mais putain Billie, tu te rends compte que tu mets toute la faute sur moi. Je ne savais pas que Liam était avec Charlie. Ce n’est pas mon passe-temps de briser mes amies. Et pour Freja et Charlie, j’en avais non plus aucune idée qu’elles avaient eu une histoire. Alors arrête de mettre toute la faute sur moi bordel ! » Alba en avait marre qu’à chaque fois on blâme la mauvaise personne. Dans un couple, c’était celui qui trompait le responsable, pas la trompée et pas la personne avec qui on trompait. Elle avait balancé qu’elle aimait encore Léo, mais elle n’acceptait pas que Billie vienne lui faire des remarques dessus. « Oh mais tais-toi ! Tu ne connais rien de ma vie. Ce qu’il y a entre mon ex et moi, ne te regarde pas, ne regarde personne. » Disait-elle en criant, s’éloignant de la brune avant qu’elle ne s’énerve encore plus. En fait Billie s’occupait de chose qui ne la regardait pas. « Oui c’est ça ! J’ai passé noël avec les Keynes et je continue à boire régulièrement des verres avec ta sœur. Alors va leur parler pour savoir ce qu’elles ressentent au lieu de me faire perdre mon temps. » Disait-elle froidement et sèchement.

Plus elle me répondait, plus ça m'énervait. Et je continuais! Je crois que c'est ça le pire. Je me rendais bien compte de ce que je disais et de la faute que je lui mettais dessus mais en même temps, quand tu as tous les éléments devant toi, comment tu veux ne pas douter de la sincérité de la personne? Sérieusement! Elle pouvait comprendre au moins pourquoi je m'énerve, non? Je ne suis pas totalement tarée à ce que je sache! Mais j'ai choisi la solution de me taire, de la regarder non pas d'une manière neutre comme je pourrais très bien le faire, la situation ne me laissant pas une telle occasion, mais plutôt avec un air où j'étais prête à lui sauter dessus. Mais je crois que nous sommes entre grandes personnes et qu'il serait mal venu que je me mette à lui mettre une balayette et tout ce qui pourrait aller avec. C'est sûr que c'était bien plus facile en prison. Une prise de tête, un coup dans la tête et un séjour au trou. C'était fini. Là, on est de nouveau dans la vraie vie, ce qui fait que les choses sont bien trop civilisée pour ce genre de comportement. Je lâche cependant un long soupir. "Bon tu sais quoi? Oublie." Je n'allais certainement pas lui apporter des excuses. "Passe une bonne journée Alba, en espérant que la mienne soit meilleure quand on apprendra que tu t'es faite renversée par une voiture." Quoi? Pourquoi mon cerveau ne me laisse pas le temps de réfléchir et lui balance des trucs du genre? Putain. Je tourne les talons pour fuir de cette galerie qui avait pourtant l'air intéressante.

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