Sweet Bangkok (+18) Emersen

Peut-être ne lui aurait-il jamais donné son prénom, non. Un prénom c'était intime, c'était mettre une identité sur un visage et parfois le graver pour longtemps dans une mémoire. Alors que lui ne voulait pas s'engager, dans quoi que ce soit, surtout pas à devenir quelqu'un dans la vie d'une femme. Il préférait ne rester qu'un souvenir qui s'effacerait petit à petit, pour ne conserver que des sensations, bonnes ou mauvaises, ça dépendait d'elle. Sauf que visiblement une force qui les dépassait les poussait l'un vers l'autre depuis le départ. Déjà l'autre soir, dans la nuit chaude, ils avaient été attirés l'un par l'autre, sans trop savoir pourquoi. Et même si pour Léo les conditions étaient particulièrement, lorsqu'il avait retrouvé la réalité et compris qu'il ne connaissait pas cette Alba, il n'avait pas reculé, au contraire, il s'était réchauffé dans ses bras et ce contact lui avait fait du bien, malgré ce qu'il avait laissé croire le lendemain avec son air si détaché. Et aujourd'hui, dans les rues colorées, à la lumière du jour, il l'avait découverte différente, rieuse, intéressante, sûrement trop, c'était dangereux pour un homme qui voulait ne rester qu'une ombre, un souvenir. Et lui aussi se prenait à ce jeu, son rire était contagieux, il y répondait, détendu, différent, Léo, avec sa belle gueule et son air triste, quand son visage se s'étendait il était encore plus séduisant. Mais rapidement il se reprit, cherchant à continuer sa balade en solitaire, avant qu'elle le retienne. Ce geste le toucha, il aurait presque pu lui proposer de partager le reste de la journée, ils étaient animés par le même amour de la photo, ils auraient probablement pu en parler des heures, comparer leurs idées, leurs techniques, découvrir cet environnement qui leur était inconnu à tous les deux. Mais le jeune homme le leur refusa, se contentant d'attiser un désir presque malsain puisque contenu. La blonde était déçue, il le vit, mais tourna quand même les talons, borné. Sa dernière réflexion le fit sourire, toujours la même fougue dans la voix de ce bout de femme qui refusait d'être la perdante de l'histoire. De dos il leva la main et la salua avant de tourner sur sa gauche, espérant presque que ce petit jeu ne soit pas terminé.
Quelques jours plus tard, près de deux semaines s'étaient écoulées. Léo avait parcouru Bangkok de long en large, il commençait à comprendre le fonctionnement de cette ville et aussi à s'y ennuyer. Parfois il avait cru croiser la jolie photographe et son regard l'avait suivi avant de réaliser que ce n'était pas elle. Elle n'avait pas frappé à sa porte, elle avait tenu parole et il s'était dit que c'était mieux ainsi. Il avait besoin de voir du pays, la gare routière n'était pas loin, il allait prendre le premier car et s'arrêterait là où il le laisserait. Partir à l'aventure, c'était le plan, il adorait ça. Sac à dos sur l'épaule, il quitta sa chambre et tourna au coin du couloir en espérant n'avoir rien oublié, à tel point absorbé qu'il ne remarqua pas qu'on lui rentrait dedans. Surpris, il lâcha un juron avant de s'excuser. Pardon, je ne regardais pas où j'allais. Puis il reconnut la jeune femme. Alba ? Qu'est ce que tu fais là ? Il resta interdit, quelques secondes, elle avait une robe légère aux bretelles fines qui dévoilaient sa peau dorée. Il savait ce qu'elle faisait ici, du moins il s'en doutait, elle foutait en l'air tous ses plans sans même s'en rendre compte. Leurs regards se heurtèrent et il lâcha son sac pour mieux se rapprocher d'elle et l'embrasser comme s'il n'avait attendu que ce moment depuis des jours.

Il n’y a pas une journée depuis cette rencontre devant cette fresque où elle n’avait pas pensé à ce Léo. Elle ne comprenait pas Alba pourquoi il venait autant hanter son esprit. Il était tout ce qu’elle n’aimait pas. Incertain sur son humeur, il était tellement magnifique quand un rare sourire se dessinait sur ses lèvres tentatrices. Mais il le savait, il savait être charmant et charmeur. Son dernier geste avait énervé Alba mais au moment de quitter cette fresque, elle avait un petit sourire amusée. Un salut nonchalant, presque sûr de lui. Mais il ne la connaissait pas Alba. A cette époque, elle était encore la petite princesse de ses papas, capricieuse quand elle le voulait, têtue presque tout le temps. Cette confrontation de comportement allait leur poser des problèmes, des disputes, des larmes et des reproches qui allaient les marquer pendant trop longtemps. Sur ce lit dans cet hôtel, elle se demandait pourquoi elle hésitait tellement à aller le voir. N’importe quel autre personne, elle ne lui aurait jamais offert cette satisfaction, jamais. Mais Léo, au regard triste et au charme infaillible brisait les barrières d’Alba. Pourtant, elle aurait dû le sentir. Le lendemain de leur rencontre, son cœur s’était serré lorsqu’il n’avait démontré aucune once d’attention, aucune parole. Blessée dans son orgueil, il avait fait remonter la plus grande peur d’Alba. Elle voulait l’oublier pour le moment, qu’il ne devienne qu’un souvenir doux et amusant à raconter à ses amis quand elle rentrerait en Australie. Alors la voyageuse continuait son aventure. Bangkok n’avait presque plus de secret pour elle. Il y avait eu ce petit moment magique avec une mère de trois enfants. Les deux femmes avaient parlé pendant des heures de leur aspiration, de leur inspiration, de leur rêve et de leur doute. Une femme beaucoup plus âgée qu’Alba qui pendant vingt ans avait mis sa passion de côté de pour élever ses enfants. Cette conversation avait marqué la photographe, se promettant de ne pas avoir d’enfant tant qu’elle n’avait pas découvert le monde entier. Et il lui restait des centaines de pays à voir. Ce soir-là en rentrant, Alba le savait que du haut de ses vingt-cinq ans elle avait le temps. Le temps de rencontrer celui avec lequel elle voudrait des enfants. Le temps de se poser, le temps d’aimer et le temps de se consacrer à lui et à ses enfants. C’était ce qu’elle voulait la blonde, dans quelques années. Il ne s’agissait pas d’une famille parfait, mais d’une famille à l’écoute, bienveillante, avec de l’amour et du partage. Mais ce n’était pas pour maintenant. Pour l’instant, elle voulait tester les nouvelles saveurs. Pui vint le temps de penser à changer d’endroit, de découvrir une autre facette de la Thaïlande et compléter sa collection de photo. Mais avant, revoir ses photos la fit intensément repenser à Léo. La photographe ne comptait pas vivre avec des regrets. Alors la décision était prise. C’était une robe d’été dévoilant la nudité de ses épaules qu’elle filait vers l’hôtel du mystérieux Léo. Elle espérait un peu dans le fond qu’il ne soit plus là, parce qu’au moins elle n’avait rien à se reprocher. Mais dans ce couloir de l’hôtel, elle se trouvait. Elle détestait son cœur qui battait vite dans l’attente de quelques chose. Elle détestait le fait de ne pas retrouver cette fichue porte. Déterminée habituellement, elle laissait tomber en quelques minutes, trouvent idiot de se balader dans ce couloir avec deux photos. Perdue dans ses pensées, elle ne vit pas la personne dans laquelle elle fonçait. « Non c’est moi. » Disait-elle les joues rouges d’embarrassement avant de le voir lui et son sac. « Léo. » Répondait-elle dans un souffle, surprise de le voir, alors qu’elle était venue pour lui. « Je voulais te don… » Mais elle ne finissait pas sa phrase. Léo coupait sa parole en posant ses lèvres affamées sur les siennes. Elle répondait fougueusement à ce baiser. Son dos tapait contre le mur et elle agrippait les cheveux de Léo pour l’approcher d’elle. L’air lui manquait, alors elle se détachait un peu de lui. « Tu pars ? » Demandait-elle en voyant le sac par terre. S’il partait autant conclure cette parenthèse comme elle l’avait commencé. « Dis-moi que tu n’as pas encore rendu ta chambre. » Disait-elle avant de capturer ses lèvres.

Il avait aimé se balader sur les rives du fleuve qui bordait cette ville inconnue, découvrir les sourires des passants, locaux, touristes, tout ce petit monde qui se mélangeait dans une joyeuse cacophonie. Bangkok était bien plus grande que Bowen, plus étourdissante aussi, d'un côté du fleuve la tradition, de l'autre la modernité c'était une ville intéressante, vivante, vibrante. Mais ce que Léo avait préféré, c'était ses escapades dans les villages alentour, là il découvrait une population plus discrète, qui l'accueillait à bras ouverts pour lui faire découvrir sa culture, si riche, si belle. La Thaïlande était un enchantement pour celui qui aimait tant découvrir et apprendre des autres. Mais ces balades éloignées de la métropole lui avaient donné envie d'en voir plus, de partir vers d'autres horizons, les îles, le pays en comptait assez pour qu'il y trouve un terrain de jeu intéressant. Et puis rien ne le retenait à Bangkok, dans les nuits chaudes il repensais parfois à Alba, à leur première nuit, à leur rencontre quelques jours plus tard, il se disait qu'il aurait peut être dû l'aborder différemment, la façon dont il s'était comporté ne lui ressemblait tellement pas. Peut-être qu'ils auraient pu passer de bons moments ensemble. Mais il n'était pas certain d'en avoir envie, ou disons plutôt que cette attraction lui faisait peur. Il était ressorti, il avait dansé avec d'autres, il en avait embrassé d'autres, et terminé parfois la soirée dans leurs bras, mais jamais il n'avait ressenti la même alchimie. La blonde avait indéniablement ce truc en plus, ce genre de truc qu’il préférait fuir pour l’instant. Mais à quoi bon y penser, il ne l'avait pas revue, elle n'avait pas répondu à son invitation teintée de provocation. Il partait donc, libre comme l'air, l'esprit léger, sac à dos plein, ouvert à l'aventure, sans se douter que tout allait basculer d'un regard, sans imaginer qu'Alba avait pensé à lui jusqu'à craquer et le rejoindre dans cette chambre là où tout avait commencé. Oeillades gênées mais fiévreuses, ils tentaient chacun de résister à cette attirance, la tension était palpable, elle les prenait à la gorge et quand enfin le barbu écrasa ses lèvres contre celles de sa maîtresse, ce fut comme une délivrance. Il libérait tout ce désir contenu, violent, n'écoutant rien de l'excuse qu'elle voulait lui donner, après tout si elle était là il en déduisait qu'elle voulait la même chose que lui. Et à voir la façon dont elle répondait à son baiser il su qu'il ne se trompait pas. Le temps de reprendre leurs souffles Alba remarqua le sac, Léo l'avait déjà oublié, tout comme ses plans. Est-ce qu'i partait ? Ça dépend de toi. Et sa réponse, sous forme de questions, le fit sourire. Il sortit les clés de sa poche, triomphant, tandis qu'elle se saisissait de sa nuque pour l'embrasser à nouveau. Il la plaqua contre le mur, attrapa sa taille, l'envie d'elle dévorant tout, même la pudeur, il aurait pu la déshabiller dans ce couloir sans s'occuper du reste. Mais la raison repris le dessus, il descendit le long de son bras dans une caresse pour se saisir de sa main et l'entraîner dans sa chambre. Le sac valsa dans un coin de la pièce, la porte se referma sur eux, il la ferma à clé et retrouva rapidement la bouche d'Alba. Trouvant la fermeture éclair de sa robe, il la descendit pour mieux la faire tomber sur le sol. Il prit quelques secondes pour apprécier la vue de son corps presque nu. Tu as mis du temps pour te décider à revenir. Il grondait presque, comme pour lui faire comprendre qu'il l'avait attendu. Ce n'était pas vrai, pas tellement, mais il était content qu'elle n'eut pas été aussi têtue que ce qu'elle laissait paraître. Il empoigna ses fesses, ses hanches, dans des gestes empressés, plein d'une fougue qu'il ne cherchait pas à contenir et la souleva pour la porter jusque sur le lit défait, n'ayant pas pris la peine de le refaire puisqu'il quittait la chambre. Il s'assit sur le rebord, Alba sur lui et effleura sa gorge de sa main libre, suivi par ses lèvres qui y déposaient des baisers brûlants, caressa son buste, la naissance de sa poitrine puis il retira son t-shirt pour mieux sentir leurs peaux frémir l’une contre l’autre. Ce qui s’apprêtait à faire méritait bien qu’il prenne le prochain bus.

Elle aurait voulu Alba résister à l’appel de la luxure. Il y en avait pas eu d’autres depuis Léo, parce que Alba ne souhaitait partager que des moments forts, des moments qui resteront gravés dans sa mémoire. C’était bien ça le problème avec Léo, il l’avait trop marqué. Pourtant leur rencontre était presque à oublier. Elle avait insinué quelque chose de faux le lendemain, prétendant qu’il n’avait pas été fameux. Ube phrase balancée qui blessait souvent l’égo des hommes et elle le savait. Ce genre de phrase blessait également celui des femmes. La porte avait claqué avant même qu’elle n’eut la réaction de Léo. Sauf qu’elle n’oubliait pas cette nuit, parce qu’il avait des mains presque magiques. En une nuit, il avait déjà trouvé quelques endroits qui faisaient chavirer Alba dans le monde de l’orgasme. Il y avait pourtant encore tant à découvrir. Mais pendant des jours, elle boudait presque sur son lit, refusant de lui donner raison. Mais quelle idiote ! Dans ce couloir de son hôtel, en face d’elle, Alba n’avait qu’une envie, lui sauter dessus et ressentir ses mains caresser son corps. Avec ses deux photos, elle se sentait idiote. Idiote d’être têtue à ce point, idiote de perdre l’usage de sa parole devant lui. Elle se demandait Alba ce qu’il possédait comme arme pour donner à Alba cette envie soudaine de ne faire qu’un avec lui. Elle lui donnait une excuse ou du moins elle essayait. L’homme fonçait sur elle et ses lèvres attrapèrent celle de la blonde. La barbe naissante laissait des petites traces rouges au-dessus des lèvres de la photographe. Un soupir de désir s’échappait de la bouche d’Alba, approchant son corps de celui du photographe. Mais elle vit le sac, cet objet qui ramenait Alba à la réalité quelques instants. Il partait. Tout comme elle demain. Elle souriait à sa réponse. La blonde n’allait pas le laisser partir aujourd’hui, demain peut-être mais pas ce soir. Sa seule réponse était de lui demander s’il avait encore les clés avant d’attraper son tee-shirt pour l’approcher d’elle. Alors qu’elle sentait le mur contre son dos, elle fit passer ses mains sous le tee-shirt du châtain, caressant le bas de son dos et ses abdominaux. Ses jambes ne touchaient presque plus le sol et elle le sentait Alba cette excitation qui montait trop rapidement. Si ça ne tenait qu’à elle, elle lui aurait enlever ses vêtements dans ce couloir et n’aurait pas attendu la chambre pour lui faire l’amour. Léo était peut-être plus raisonné qu’elle, ou plus soucieux de leur future nudité. Cette caresse le long de son bras fit frémir Alba, suivant le photographe jusqu’à cette porte qu’elle avait claqué plusieurs jours auparavant. Il balançait son sac, et Alba le regardait presque outrée. « J’espère qu’il n’y a pas ton matériel dedans. » Disait-elle en riant. Son rire fut coupé par le fougueux baiser qu’il lui offrait. Elle frissonnait sous les caresses d’Emerson et elle sentait sa robe glisser le long de son corps, dévoilant sa presque nudité. Elle rougissait sous le regard du photographe, se sentant désirée et désirable. « Je peux repartir si tu veux. » Répondait-elle aussi rapidement. Mais Alba en voulait plus et lorsqu’il agrippait sa hanche et ses fesses, elle gémissait presque d’excitation. Ses doigts venaient jouer avec les cheveux du photographe, laissant traîner ses lèvres sur sa nuque. Ses souffle se saccadait au fur et à mesure que la bouche de Léo laissait des traînées sur son corps. Malicieuse, Alba approchait sa bouche de son oreille soufflant son air chaud sur son lobe. « J’ai menti … tu n’es pas si mal. » Elle riait doucement avant d’aider Léo à enlever son tee-shirt. Ils rapprochaient leur corps et Alba repartait à la découverte de ce corps. Puis, elle poussait Léo sur le lit le forçant à s’allonger. La soirée fut plus douce que la première. Une fois ne leur avait pas suffi et ils avaient recommencé plusieurs fois, mêlant découverte, douceur, passion. A la fin, fatigués pas ces baisers brûlants, ils s’endormirent dans les bras de l’autre.
Un rayon de soleil venait se poser les yeux de la blonde. Dérangée elle se retournait butant contre le torse de Léo qui dormait à ses côtés. Quand elle ouvrit ses yeux, elle les plongeait directement dans le bleus de ceux de Léo. « Bonjour. » Lui disait-elle en souriant. « Si tu permets, avant de me virer, je vais prendre une douche. » Elle n’avait pas oublié leur première nuit ici, et cette petite remarque lui permettait de lui faire comprendre qu’elle lui en voulait encore. Elle se levait du lit se dirigeant vers la salle de bain. « Si tu veux me rejoindre, n’hésite pas. » Un dernier clin d’œil avant de s’enfuir dans la salle de bain avec un large sourire.

En ce début de soirée, il n'y avait pas d'alcool ou de drogue dans leur sang pour excuser qu'ils se jettent l'un sur l'autre de la sorte, aucune ivresse autre que celle du désir. Celui qui dévorait tout, la raison et même les plans de voyage. Léo envoyait tout valser pour retrouver les bras de cette inconnue qui avait laissé sa trace sur son corps. Une trace invisible mais dont tout son épiderme semblait se souvenir, il frémissait sous ses caresses. Et elle, Alba, qui avait soit disant connu mieux, elle ne boudait pas son plaisir de retrouver son amant, réclamant ses lèvres avec avidité. Léo n'était pas rancunier, mais il avait sa fierté mal placée, elle apprendrait à l'apprivoiser par la suite, celle qui lui donnait à cœur de ne pas la laisser sur sa faim, puisqu'elle était revenue. Il ne savait pas comment expliquer cette attraction, ni comment y résister, maintenant que la blonde était face à lui, de toute façon il ne chercha pas à la repousser. Depuis le début de son voyage, le photographe était en roue libre, il ne faisait que ce qui lui faisait envie, s'affranchissant de toute obligation, refusant de se forcer à faire quoi que ce soit. Et Alba, il avait envie d'elle, de sa peau contre la sienne, de posséder son corps, sans retenue. À tel point qu'il ne réalisait pas qu'il avait balancé son sac, contenant matériel professionnel et effets personnels, chose qui n'échappa pas à la jeune femme. Il y jeta un regard négligeant, pour être honnête il s'en foutait totalement. Tout est protégé, il n'y a pas de risque. Ils en avaient vu d'autres, ses appareils, avec les nombreux voyages en avion, il les empactait avec soin. De toute façon il était déjà trop occupé avec la fermeture de sa robe qui descendait dangereusement pour se soucier de quoi que ce soit. Et quand elle fit mine de vouloir partir, il grogna, toute frustration contenue, pour mieux se saisir d'elle et l'emmener jusqu'au lit qui les attendait. Entre deux caresses les mots qu'elle lui glissa à l'oreille le firent sourire bien plus qu'il ne l'aurait fallu, il savourait un semblant de victoire avant de mordre sa nuque. Tu ne payes rien pour attendre. Et la nuit fut chaude, électrique, teintée de douceur, bien plus souvent qu'on aurait pu croire. Leurs deux corps s'accordant parfaitement. Certains orgasmes furent violents, presque bouleversant pour celui qui semblait ne pas avoir vécu ce genre de symbiose depuis longtemps, ils lui donnaient l'envie de recommencer, avide de ces sensations qu'il redécouvrait. Ce fut finalement l'épuisement qui eut raison de lui, la fatigue qui le fit s'allonger, Alba dans ses bras, pour plonger dans un sommeil profond, sans rêves, ce qui ne lui était pas arrivé depuis un moment.
Il sentait le soleil lui chatouiller les visage depuis quelques minutes mais il profitait de la quiétude du matin, conscient qu'une femme dormait contre lui, qu'il était bien et qu'il n'avait pas envie d'ouvrir les yeux, par peur de tout gâcher. Ce ne fut que quand Alba commença à bouger qu'il ouvrit un œil, puis le second. Elle lui souriait, elle était encore plus belle, le visage détendu, baigné de lumière. Bonjour. Il répondait à son sourire, avant de pouffer en se rappelant qu'il l'avait viré la première fois, elle était rancunière, sans l'ombre d'un doute. Il l'a regarda s'enfuir vers la salle d'eau, un peu comme la première nuit, mais avec, cette fois, étrangement, aucune envie qu'elle ne s'en aille trop vite. Il réfléchit à sa proposition, comme s'il hésitait à la rejoindre alors que le désir le prenait à nouveau se dessinant déjà sous les draps. Il se leva alors, s'étira, puis après avoir entendu le jet de la douche se mettre en marche, la suivit, pressé de retrouver la douceur de sa peau. Il entra dans la cabine étroite, dessina ses formes en les effleurant de ses doigts, se serrant contre son dos. Il dégage ses cheveux pour mieux embrasser ses épaules et son cou tout en descendant une main entre ses jambes pour la faire chavirer et une nouvelle fois le temps s'arrêta.

Qu’est-ce qu’elle en avait envie de ces lèvres ! Alba se désespérait elle-même de le vouloir lui tout entier. Elle se détestait d’être si faible entre ces bras. Ses caresses la faisait frémir, et son souffle devenait trop chaud. Il était doué, plus délicat mais plus passionnel que la première fois. Peut-être que sa remarque l’avait finalement touché et qu’il mettait tout en œuvre pour rendre cette nuit inoubliable. Ces heures passés sur son lit à dix minutes d’ici avaient été inutiles, une perte de temps considérable. Il s’en allait et elle demain irait voir une autre ville. Si seulement sa fierté n’était pas si mal placée, peut-être qu’elle aurait pu profiter de cette bouche, de ces mains et de ce homme un peu plus longtemps. Sa bouche à elle découvrait la nuque du blond. Elle riait quand il dégaina les clés presque victorieux. Le suivant dans cette chambre, elle ne prit pas la peine de retrouver les lieux. Elle voulait juste retrouver cet homme qui la plaquait contre ce corps. Elle l’embrassait en souriant amusée par son empressement. « J’espère bien ! » Répondait-elle faussement outrée qu’il ne se soucie à peine de son matériel. Mais il l’avait déjà déshabillé. Le regard qui lançait sur elle grisait la blonde, faisant naître des frissons sur tout son corps. Il râlait. En la regardant à peine, il râlait de son arrivée trop tardive. Elle pouvait partir s’il le désirait. D’un grognement et d’une possessivité, il attirait une nouvelle fois le corps de la blonde près de lui avant de l’entraîner vers le lit. Alba, elle riait, encerclant le photographe avec ses jambes. Cette bouche qui laissait des trainées humides sur son corps rendait Alba folle. Sans délicatesse, elle retirait le tee-shirt de Léo. Ils ne se connaissaient pas. Ce soir Emerson avait tout le loisir de découvrir la malice et la fourberie de la blonde, surtout durant ses moments. D’une voix suave, elle lui avouait son ressenti sur la première nuit. « Aïe. » Disait-elle en riant suite à la vengeance de Léo. Le reste de la nuit demeurait tout aussi intense. Il y avait une mélange de rire et de cris. Les orgasmes se suivaient et ne se ressemblaient pas. C’était presque trop intense que parfois la blonde était au bord de l’épuisement. Epuisement qui finit par les avoir elle et lui. Ils récupéraient leur souffle de cette nuit folle, et la respiration de Léo berçait Alba qui s’endormit profondément sur lui.
La première qu’elle vit ce matin-là Alba était ce regard bleu perçant. Elle baissait ses yeux pour tomber sur ce sourire si charmant. La photographe se mordait la lèvre inférieure, sentant la chaleur coloniser son corps. Il lui fallait une douche, vite. Sa remarque fit rire le photographe. Faussement outrée de ses rires, elle se leva lui balançant son oreiller. Mais avant de filer sous la douche, malicieusement et sensuellement, elle l’invitait à le rejoindre. Un dernier clin d’œil et elle filait. Il ne lui fallut même pas cinq minutes avant que le photographe la rejoigne. La douche était froide, parce qu’Alba avait trop chaud. Mais même l’eau ne suffirait pas à éteindre le brasier que Léo était en train de faire naître en elle. Perdue dans ses sensations, elle mettait tout son poids sur Léo, fermant les yeux et profitant de ces caresses matinales. « Ne t’arrête. » Disait-elle dans un souffle. La douche durait plus longtemps que prévu. Une nouvelle fois ils s’étaient perdus dans les plaisirs. Alba avait aimé voir Léo au bord de l’orgasme quand elle s’était occupé de lui. Elle avait aimé caresser son torse et sentir ses mains sur ses seins. Elle en voulait encore plus. Mais toutes les bonnes choses ont un fin. « Je n’ai pas envie de partir. » Disait-elle dos à lui dans cette salle de bain.

Le goût de ses lèvres, le seul qu'il connaîtra de toute la suite de son séjour Thaïlandais. Il avait prévu de continuer son périple en solitaire mais la vie en avait décidé autrement, en mettant cette fille sur sa route. Et des mois durant ils allaient épuiser leurs corps et emplir leurs cœurs l'un avec l'autre. Lui l'écorché, l'amoureux blessé, il allait guérir à ses côtés, rétrospectivement on pouvait dire que c'était un gâchis monumental. Mais revenons à ce réveil doux et sensuel, sous cette douche à peine tiède que leurs deux corps brûlants esclaves de leurs désirs, allaient réchauffer sans mal. Bientôt leurs soupirs mêlés allaient résonner dans la minuscule salle d'eau et Léo comprendrait que les caresses de sa maîtresse étaient addictives. Il resta un petit moment sous le jet pour se remettre de ce corps à corps et laisser le temps à Alba de se sécher sans la bousculer. Ce ne fut que quand il sortit, alors qu'elle allait quitter la pièce, qu'elle lui fit cette réflexion, le laissant seul, ses mots restés suspendus, sans réponse de la part du photographe. Il s'essuya, se regarda dans la glace, il avait meilleure mine que ces derniers temps grâce à cette nuit et aux heures de sommeil réparateur, grâce à cette femme, même s'il se refusait à l'admettre. De retour dans la chambre, Alba avait enfilé sa robe et il résista à la tentation de la lui retirer à nouveau. Au lieu de ça, il attrapa le paquet de cigarettes qui traînait sur la table de chevet, mauvaise habitude qu'il avait prise dans les couloirs de l'hôpital, à force d'enchaîner les heures et les jours d'angoisse. Ce matin il était pourtant serein mais l'envie d'une clope après l'amour ça avait son charme, selon Léo. Toujours silencieux il s'avança sur le balcon qui surplombait le fleuve s'appuya sur la rambarde dos à la vue, aujourd'hui il avait mieux à regarder. Il posa ses yeux sur Alba, clope au bec. Tu as mieux à faire ? Sinon restes. Ça paraissait si simple dans sa bouche, si évident, comme si tout le monde avait sa liberté de chambouler des plans sur un coup de tête.

Il n’y avait pas meilleur réveil que la bouche de Léo qui se baladait sur les épaules d’Alba. Une nuit à se découvrir n’avait pas suffi, ils en redemandaient, avides du corps de l’autre. A ce moment-là, elle commençait déjà à être accro à lui. La suite du voyage n’allait qu’accroitre sa dépendance dont elle n’arrivera jamais à se sevrer. Sous la tiédeur de la douche, leur corps eux bouillonnait de plaisir et Alba devenait esclave de ce corps chaud collé à son dos. Elle voulait tout découvrir de lui. Mais la fin du moment approchait. Elle se jetait un dernier coup d’eau sur le visage avant de frôler la blonde pour sortir de la cabine. S’enveloppant dans une serviette, elle l’observait lui et sa nudité. Ses dents venaient mordre sa lèvre inférieure de plaisir. Elle rougissait devant ce corps si parfait. La photographe n’était pas timide, c’était même le contraire. Elle ne sa cachait pas derrière une fausse séduction, elle était franche. « Tu es très beau. » Disait-elle avant de ranger la serviette. Elle lâchait sa dernière phrase, avec une voix triste. Elle savait qu’elle allait devoir partir. Ce n’était qu’une soirée inoubliable mais sans futur. Il partait. Et elle devait aller dans une ville à côté quelques jours. Ils avaient mis du temps mais cette nuit était surement une des plus intenses pour la photographe. Elle retrouvait sa robe froissée près de la porte d’entrée qu’elle ramassait avec un sourire amusé. Il sortait de la salle de bain, elle sentait son regard sur elle, mais il ne disait rien. C’était comme la première fois, sauf que cette fois-ci elle pouvait sentir la tension sexuelle qui régnait entre eux. Cette fois-ci il n’allait pas la virer. Si elle partait, ça serait son choix. Puis il parlait et la blonde se retournait, étonnée de cette proposition. Puis elle lui souriait. Il était devant elle, accoudé sur la terrasse en caleçon une cigarette à la main. Elle s’approchait doucement de lui, posant ses deux mains sur son torse. « Je ne suis pas trop fan que tout Bangkok puisse voir ses jolies fesses. » Disait-elle malicieusement, avant de rire. Elle lui prit la cigarette de sa bouche et s’adossa à ses côtés. « Je croyais que tu partais. » Disait-elle en rapport avec sa proposition. « J’vais dans une ville à côté pour quelques jours pour des photos, ça te dirait de venir avec moi ? » Elle s’étonnait elle-même de sa proposition, mais après tout, rien ne les empêchait de continuer cette petite parenthèse passionnelle encore quelques jours.

Le regard que la blonde posait sur Léo aurait pu donner à rougir, on pouvait sentir toute la tension entre eux qui semblait ne pas vouloir redescendre, malgré leur chaude nuit et le réveille qu'ils s'étaient offerts. Elle le trouvait beau et elle le lui dit ne cachant rien de son attirance. Il sourit avant de passer son visage sous le jet de la douche. Alba aussi était belle, elle était incendiaire, d'une beauté dangereuse, parce qu'exactement son type de femme, voilà pourquoi il se garda bien de le lui dire, restant encore et toujours silencieux. Son mutisme n'avait rien à voir avec celui de leur première rencontre, cette fois il était emprunt de désir qu'il cherchait à dissimuler. Parce que si la veille au soir elle l'avait croisé dans le couloir, prêt quitter la ville, à présent il n'avait plus aucune envie de quitter cette chambre, ni cette femme. Emerson n'avait aucune feuille de route, aucun plan, durant ce séjour il avisait au jour le jour, à l'envie, au gré des rencontres et des opportunités. Et cette rencontre-là l'avait marqué. Il n'était pas prêt à tomber amoureux, c'était strictement exclu, dans son esprit romantique, Ana aurait été l'amour de sa vie et il n'aimerait plus jamais. Il était jeune, idiot, la vie lui donnerait tort plus d'une fois, mais pour l'instant il en était là. Néanmoins il ne pouvait nier cette attirance pour cette presque inconnue, l'envie d'en savoir plus sur elle, l'envie d'user son corps sur le sien, encore et encore. La photographie, la courbe de ses reins, la blondeur de ses cheveux, le goût de ses lèvres et le murmure de ses soupirs, tant de choses qui ne le laissaient pas indifférent. Ça ne lui faisait plus peur, parce qu'il ne calculait rien, peut être que ça ne durerait que quelques jours et qu'ils se laisseraient, ils reprendraient alors leurs routes en se laissant, cette fois, un souvenir agréable plutôt que celui d'une nuit ratée. Les mains d'Alba vinrent se poser sur son torse nu et cette sensation lui arracha un frisson de plaisir, sa réflexion, elle, lui arracha un sourire amusé alors qu'il recrachait la fumée de sa cigarette. Tu es possessive ? C'était le genre de choses qu'il aurait pu dire, il ne le savait pas encore mais ils se ressemblaient beaucoup tous les deux. Tu les as eu toute la nuit, Bangkok peut au moins profiter de la vue. Il l'observa du coin de l'œil porter la clope à ses lèvres. Je n'ai aucun plan. Mais je m'ennuie ici, il faut que je vois autre chose. Et comme si elle avait compris un message, elle lui proposait de la suivre. Il lui prit la cigarette des mains et la regarda se consumer doucement avant de tirer dessus. J'pensais pas que tu t'encombrerais d'un homme dans tes bagages… Qu'est ce que tu fais en Thaïlande Alba ? Où plutôt, qu'est ce qu'une fille comme toi fait toute seule ici ? Après tout, il ne savait rien d'elle, pas même d'où elle venait. Et même s'il n'avait pas besoin de ça pour accepter son offre, il était curieux de la connaître au moins un peu.

De profil à elle, la photographe avait le plaisir de pouvoir détailler. Les gouttes ruisselaient sur son torse et l’eau des points de ses cheveux qui venaient finir leur cours dans son dos plongeait Alba dans une admiration certaine. Elle aurait pu rester des heures à le regarder ou à la prendre en photo, mais elle avait tout laissé dans sa chambre. Elle ne se cachait pas Alba et elle lui avouait le fond de sa pensée, avant de se tourner pour sortir de la pièce beaucoup trop chaude. Mais elle n’oubliait pas de lui lancer une petite phrase, une envie presque un caprice. Pourtant ça semblait être la fin, il allait continuer son périple et elle le sien. Sa robe mise, elle essayait de trouver une excuse pour rester. Elle voulait qu’il lui donne une excuse pour rester. Tout. Mais s’il pouvait revenir plonger ses mains dans la blondeurs de ses cheveux et parsemer son cou de baiser, ce serait encore mieux. Mais non, il trouvait une autre excuse. Celle de tout simplement rester. Le cœur de la femme s’emballait, mais elle cachait son sourire, prenant un air faussement détaché. Et la réalité revenait vite, elle ne pouvait pas rester, on attendait des photos d’elle. Il lui restait quelques heures ou quelques jours après tout, elle n’avait un planning strict à suivre, elle restait plutôt libre de ces mouvements. En s’approchant de lui, elle la ressentait cette tension et cette envie de replonger dans la dangerosité des bras de Léo. Ses deux mains plaqués sur son torse, elle lui souriait, levant un peu la tête pour l’observer dans ses yeux bleus. Oui, elle n’avait pas envie de partager ses fesses. D’un air malicieux, elle haussait les épaules. Peut-être oui ou peut-être non. Il était d’une logique implacable Léo, et Alba fit mine de réfléchir. « Bon d’accord, parce que je suis très heureuse, mais juste pour cette fois. » Disait-elle dans un petit rire, avant d’apposer un baiser sur ce torse et voler la cigarette du blond. Elle ne s’éloignait pas de lui, mais s’appuyait au balcon. Il s’ennuyait, il n’avait qu’à venir. C’était ce qu’elle lui proposait. Elle prenait une taffe de la cigarette avant que Léo ne la lui reprenne. Se retournant elle faisait face à la vue de Bangkok quand il lui posait toutes ces questions. Un sourire naissait sur ses lèvres à sa première remarque. « Si j’en ai marre de toi, rien ne m’empêche de me débarrasser de toi. » Lui répondit-elle avec un clin d’œil. Pour le reste, elle se plongeait un peu plus dans ses pensées avant de répondre. La réponse facile aurait été de dire qu’elle était là pour le travail, mais ce n’était qu’à moitié vrai. Elle soupirait. « Je n’ai jamais vraiment su qui j’étais. Puis j’en ai eu marre d’essayer de comprendre mon passé. » Ce n’était que des phrases abstraites pour Léo peut-être, mais Alba savait ce qu’elle mettait derrière. Cette blessure de l’abandon. Il y en avait qui ne le vivait pas mal, mais Ce geste avait été déterminant dans la vie de la blonde. Toujours elle ne se sentirait pas assez importante aux yeux des autres. « Alors je préfère choisir mon avenir et découvrir le monde. » Concluait-elle. Puis elle se retournait vers Léo lui offrant un sourire. Elle n’attendait pas de réponse et elle retournait dans la chambre. Dans son sac Alba trouvait ce qu’elle cherchait, les deux photos. Elle les tendait à Léo. « Je pars à 18h de la gare routière pour Samut. » Elle se mettait sur la pointe de ses pieds pour aller embrasser tendrement la joue du blond. « On est pas obligé d’être seul chacun de son côté. » Il ne lui avait pas dit, mais ça se voyait sur son visage qu’il était seul depuis trop longtemps.

Les réveils sous le signe de la tendresse, les petits déjeuners au lit avec sa maîtresse de la nuit, c'était tout ce que Léo refusait depuis des semaines, ce qu'il n'avait pas voulu offrir à Alba après leur première nuit. Il ne voulait pas entendre parler de douceur et pourtant il en avait tristement besoin. Emerson était un amoureux, un romantique, il était autant volage que capable de s'attacher. Mais s'enticher d'une femme c'était prendre le risque de la perdre à nouveau, de souffrir encore et ça il ne voulait plus. Il avait besoin de simplicité, de plaisir éphémère qui n'engageait à rien, pour panser ses plaies. Et voilà qu'Alba avait débarqué avec son sourire ravageur et ses formes tentatrices, elle était un vent, un ouragan de fraîcheur dans la vie du barbu endeuillé, il n'avait pas encore conscience de tout le bien qu'elle allait lui faire ni de combien il avait besoin de ce genre de rencontre pour se relever. Ce matin il se prêtait au jeu de la séduction, pas une simple danse pour ramener une conquête dans son lit, non, quelques mots pleins de sous-entendus, des regards, leurs corps qui se frôlaient, le vrai jeu qui donnait envie de plus. Il foutait tous ses principes au feu et appréciait cet exercice qu'il avait oublié avec le temps. Même en tirant sur sa cigarette elle était sexy, c'en était indécent. Quelque chose me dit que tu en es tout à fait capable. Il sourit amusé, si lui se lassait d'elle, il pourrait tout aussi bien refaire son sac et partir au gré du vent, ça lui ressemblait bien. Quand il lui posa ses questions il s'attendait à une réponse bateau, une envie d'ailleurs, un mec qui l'avait quitté, au pire, une quête spirituelle ou qu'importe. Mais pas à ce genre de réponse, il la fixa un instant, silencieux, comme s'il voulait lire sur son visage ce qu'elle ne lui disait pas. Il aurait pu demander mais c'était comme violer son intimité alors qu'ils se rencontraient à peine. Cette fille l'intriguait et évidemment il demandait à en savoir plus. Il aurait pu répondre quelque chose d'un peu surfait mais elle quittait déjà le balcon pour retourner près du lit. Elle sortit quelque chose de son sac puis lui tendit. Deux photos, il ne comprenait pas pourquoi elle les lui donnait, si c'était ça son excuse pour venir c'était bien la preuve qu'elle avait cherché n'importe quoi pour le revoir et finalement cette idée lui arracha un sourire en coin. Il regarda la photo de lui, elle était belle, pour un portrait, elle avait su donner de la profondeur à son regard et il devinait qu'elle ne l'avait pas retouchée. Elle était douée, incontestablement. Songeur il la laissa embrasser sa joue avec une infinie tendresse et ferma les yeux pour mieux apprécier ce geste qui ne le laissait décidément pas indifférent. 18 heures... Qu'il répétera pour lui-même, avant de la regarder partir, sa dernière réflexion restant en suspens. Il était seul, il l'avait voulu, pourtant il détestait la solitude. Et face à lui-même, face au lit froissé et à ces deux photos qu'il avait jeté sur les draps, il n'eut pas à réfléchir longtemps. La journée était déjà bien avancée et vers 17h30 Léo errait dans la gare routière, cherchant le bus pour Samut. C'est là qu'il la vit, Alba, adossée à un mur, son gros sac à ses pieds. Et son visage s'éclaira alors qu'il la rejoignait de sa démarche nonchalante. C'est loin Samut ? Je n'ai pas dormi de la nuit, tu prenais toute la place, j'espère bien me reposer durant le trajet en ronflant sur ton épaule. Il lui sourit en posant son sac près de celui de la blonde, avec une attitude détachée, comme si le fait de la rejoindre s'était joué à pile ou face. A l'image de ces longs mois passés auprès d'elle où il se croirait toujours maître de ses sentiments, au dessus des lois de l'attraction, il faisait l'homme détaché, il ne faisait très bien même, au point que s'il crevait d'envie de l'embrasser, il n'en faisait rien.

Elle n’avait pas eu ce genre de réveil depuis longtemps. Celui qui la faisait voyager, encore plus loin. Son corps tout entier avait apprécié les caresses du photographe, peut-être encore plus qu’hier. Ils n’avaient pas beaucoup dormi, mais elle ne la ressentait pas encore la fatigue. Elle aurait voulu Alba que ce moment ne s’arrêter jamais. Pour une fois, elle avait été la voix de la raison. Pour une fois, elle s’était détachée de l’homme. Il n’y aurait plus de séparation avant un moment. La peau de Léo était d’une douceur et Alba aurait pu continuer des heures à caresser et toucher ce corps du bout de ses doigts. Mais elle s’arrêtant, préférant voler la drogue de Léo. Elle jalousait presque les voisins d’avoir une si belle vue sur les fesses de Léo. Elle acceptait de se charger d’un homme pour quelques jours durant son voyage. C’était ce qu’elle pensait Alba, Léo ne serait qu’un compagnon agréable de voyage, mais que dans un mois ils partiraient chacun de leur côté. Elle ne savait pas encore qu’au final, elle serait incapable de se débarrasser de lui, même dans plusieurs années. Elle riait légèrement, laissant la fumée s’échapper de sa bouche. Il la reprenait cette cigarette et Alba retournait à l’intérieur. Pendant un instant, elle s’était un peu ouverte à lui. Ils n’y avait aucune logique. Léo ne connaissait d’Alba que son prénom, les formes de son corps, le son de ses gémissements et sa quête d’identité. Il ignorait tout le reste, tout ce qui était banal. A cette époque, la blonde ne voulait pas se mettre des limites, elle ne prenait que ce qu’elle voulait. Et aujourd’hui, elle le voulait lui, encore un peu, encore quelques jours. Lui donnant la photo, elle lui annonçait son départ. Il y avait quelques semaines c’était lui qui avait proposé à Alba de le rejoindre. A son tour, maintenant. Il répétait 18 heures, pendant qu’Alba déposait ses lèvres sur sa joue, en espérant que ce n’était pas la dernière fois. Puis elle partait. Il ne restait que quelques heures avant le départ, et elle arrivait en avance comme à son habitude. Tout le reste de la journée, elle s’était refusée de penser à lui. Mais maintenant qu’elle attendait le bus, elle espérait au fond qu’il la choisisse, qu’il choisisse l’aventure à ses côtés. L’attente ne fit pas longue et son sourire s’illuminait quand elle le vit. Il marchait d’un air décontracté, presque nonchalant, comme s’il n’avait pas réfléchi à la question. Elle prit un air faussement outré mais riait à sa remarque. « Une heure. » Répondait-elle. « Mais vu que tu as besoin de dormir, ce soir j’irai sur le canapé, je m’en voudrais d’être la cause de ta fatigue. » Elle pouffait un peu de rire. Elle savait qu’elle ne tiendrait pas, puis de toute façon la chambre qu’elle avait réservé n’avait qu’un lit, des fauteuils et une petite cuisine. Elle voulait l’embrasser, parce qu’au fond d’elle, il y avait eu un doute quant à la présence de Léo. Mais pas le temps, on leur annonçait qu’il était possible de se préparer à rentrer dans le bus. « Je prends la place à côté de la fenêtre. » Disait-elle en souriant tout en posant son lourd sac sur ses épaules.

Cette nuit-là Léo n'avait pas dormi dans le canapé, pas parce qu'il n'y en avait pas, mais parce qu'ils s'étaient sauté dessus à leur arrivée à l'hôtel, finissant la nuit sur le sol. Et toutes les nuits suivantes il les avait passées avec Alba dans ses bras, reléguant ses cauchemars et autres insomnies au placard. La vie était simple et douce pour les deux amants qui passaient pour un jeune couple en lune de miel auprès des locaux. Ils passèrent quelques jours à Samut, quelques autres autour du palais Royal plus au nord, ils découvraient la région, au rythme des contrats de la blonde, Emerson restant toujours libre comme l'air, vendant ses photos au plus offrant. Ils travaillaient, ils profitaient, ils s'aimaient toutes les nuits. Comme une renaissance, Léo oubliait sa vie australienne et les soucis qui allaient avec, il n'avait aucune envie de rentrer, parfois il pensait à Anabelle, pour mieux se vautrer dans les bras d'Alba. Jamais il ne lui en parlait et la photographe ne posait pas de questions. En fin de compte après quelques semaines passées ensemble ils ne se connaissent pas tant que ça et parfois il sentait le regard d'Alba dans son dos, insistant, curieux, elle mourait d'envie de lui parler, d'en savoir plus sur lui, d'avoir un échange sérieux et à chaque fois Léo se fermait ou jouait de son charme pour détourner l'attention, parce qu'il n'était pas prêt à parler. Et lui, pour éviter de s'attacher, ne demandait rien non plus. Ce jour-là, la chaleur était insoutenable, accablante, les deux australiens étaient sortis le matin tôt, pour aller photographier le lever de soleil sur un temple, puis étaient rentrés dans leur chambre pour profiter de la climatisation. L'ambiance était studieuse, chacun travaillant ses clichés, retouches, publications,... Au bout d'un moment Léo se leva, fouilla dans son sac de voyage pour y sortir un paquet de cigarettes, il avait besoin d'une pause. Il montra le paquet à Alba. Tu m'accompagnes ? Il sortit sur le petit balcon et s'accouda sur la balustrade pour tirer sur sa clope, l'air ailleurs. Il n'avait pas remarqué qu'en sortant son paquet il avait laissé tomber deux photos sur le sol. Une de ses amis, Woody, Liam, Mia, même Jamie était là, au milieu de la joyeuse bande qui devait fêter la victoire de leur équipe de rugby, bières à la main, tous souriants. Ils lui manquaient tous, c'était souvent ce manque là qui lui donnait envie de revenir chez lui. Et le deuxième cliché, en noir et blanc, un visage angélique en contre jour, souriant, presque énigmatique, elle avait encore ses cheveux longs à l'époque, elle n'aimait pas les photos alors il l'avait prise presque à la dérobée. Anabelle, la seule photo qu'il avait d'elle, il ne la regardait jamais mais elle était là, elle l'accompagnait dans son périple pour l'oublier.

Elle se souviendra encore longtemps de cette nuit, une première avant tant d’autres. En acceptant de la suivre, ils devenaient inséparables, sans avoir le besoin de parler. De Samut à Pattanie en passant par Phuket et retournant à Bangkok, ils avaient découvert ensemble, main dans la main. Et la photographe ne voulait pas que ça s’arrête. Léo était une pépite dans ce monde, il était son alter égo masculin. Sans parler ils se comprenaient, ils voyaient le monde de la même manière. Plus les jours avançaient et plus elle sentait les barrières de son cœur s’affaisser. Elle apprenait à aimer cet homme, avec ses défauts et ses qualités. C’était ce qu’elle pensait. Mais Léo et Alba en Thaïlande ne ressemblait en rien à ce qu’ils étaient dans leur vie quotidienne, mais ça ils avaient le temps de le découvrir. Alba profitait de ces matins où le soleil venait doucement réchauffer le visage du blonde. Ces matins où ils pouvaient rester plusieurs minutes à se regarder avant de succomber une nouvelle dans le plaisir charnel. Il se laissait prendre au jeu Léo de la photographie, subissant les attaques de la blonde en brandissant son appareil pour capturer ces moments uniques. Ils riaient, dansaient, faisaient l’amour mais ne parlaient pas. C’était presque superficiel. Il restait fermé Léo et Alba n’insistait pas. Il était libre de ne parler de ce qu’il voulait. Ils ne s’étaient rien promis, ils n’attendaient rien de l’autre. Ils ne profitaient que de cette bulle de douceur et de sensualité. Aujourd’hui, il faisait trop chaud pour bouger. Ce matin, Léo l’avait réveillé par des dizaines de petits baisers aux aurores. Ils avaient pris un café dans la nuit avant de partir armés de leur appareil pour capter les premières lumières du soleil sur le temple de la ville. Ils passaient le reste de la journée dans cette chambre, travaillant chacun sur leur photo. Ils comprenaient le travail de l’autre. Il se levait l’australien, proposant à la belle une petite pause. « J’arrive. » Répondait-elle avec un sourire. Elle finissait juste un truc. Une fois finit, elle soupirait et s’étirait avant de se lever de ce lit qui faisait office de bureau. Son regard s’attarda sur des photos au sol. Fronçant les sourcils, Alba les récupérait. Elle ne connaissait personne à part Léo plus jeune. Elles étaient belles ses photos et la blonde souriait. C’était peut-être le moment de parler à Léo, d’apprendre à plus le connaître, la photographe avait une excuse maintenant. Le rejoignant sur la terrasse, elle lui poquait une cigarette et lui volait un baiser. « J’ai trouvé ça par terre. » Disait-il en tendant les photos. « Elle est magnifique. » Elle s’en doutait Alba qu’il y avait une femme dans le vie de Léo. Peut-être qu’elle ne l’était plus mais elle l’avait été. Elle posait sa main sur sa joue avec un sourire. « On est pas obligé d’en parler, mais si un jour tu veux, je sais très bien écouter. » Il restait libre de parler Léo, et elle voulait lui faire comprendre. Elle se retournait pour observer la vue qui s’offrait à eux en fumant sa cigarette.

Bangkok, sweet Bangkok. Des mois que Léo arpentait les couloirs froids et aseptisés de l'hôpital, à Bowen, qu'il avait mis sa vie entre parenthèse pour être au chevet de sa copine. Et depuis quelques semaines c'était une explosion de couleurs, d'odeurs qu'il découvrait, ça lui faisait presque mal aux sens de réapprendre que la vie avant ce genre de saveurs. Mais des plus déstabilisants c'était de sentir les caresses d'Alba sur sa peau, celles de sa voix qui murmurait à ses oreilles. Elle était belle, c'était indéniable, c'était ce qui l'avait séduit au départ. Mais c'était finalement secondaire comparé à tout ce qu'elle lui apportait d'autre, la douceur de sa présence auprès de lui, les questions qu'elle ne posait pas, comme si elle comprenait sa pudeur, la patience dont elle faisait preuve et le simple fait qu'ils n'avaient pas besoin de se parler pour se comprendre. Il se sentait si bien à ses côtés. Et tout ça elle l'ignorait. Il refusait de trop parler de trop s'ouvrir sur les sujets personnels, parce que ça aurait signifié s'impliquer. Il préférait la voir comme une sorte de colocataire, une compagne de voyage, avec le bonus de ces nuits sulfureuses. Et des sentiments qui commençaient à s'insinuer dans sa chair, ceux qu'il rejetterait toujours, sans jamais totalement comprendre pourquoi. Son paquet de cigarettes à la main, habitude qu'il laisserait tomber en revenant à Bowen, pour ne garder que la clope de soirée, il accéda à la terrasse sur laquelle il faisait si chaud, qu'est ce qu'on ne ferait pas pour s'asphyxier les poumons ! La blonde allait le rejoindre et il ne se doutait pas encore qu'il allait devoir briser ce silence qu'il lui imposait depuis plusieurs semaines déjà. Il portait la cigarette à ses lèvres quand il entendit la voix d'Alba dans son dos, tourna la tête pour poser ses yeux pour la photo qu'elle lui tendait, en vérité il y en avait deux mais une seule avait vraiment son importance. Puis il se redressa tout en fixant le paysage face à lui, sans le voir. Prenant le temps de rejeter la fumée lentement. Elle l'était, oui. Alba, toujours aussi délicate, Emerson aurait pu refuser de lui en dire plus. Mais il sentait que c'était le moment. Il n'y a pas grand chose à raconter. Elle est morte, c'est du passé. C'était si simple de le dire comme ça, alors que rien n'était aussi facile, on n'effaçait pas des années en un claquement de doigts et quand il y pensait la douleur était la même, les souvenirs frappants, les sensations vibrantes, mais à quoi bon disserter durant des heures ? Léo pensait que c'était inutile. Merci. De ne pas m'avoir fait de scène en croyant qu'une femme m'attendait à la maison. Anabelle, c'était son prénom. Ana, peut-être qu'alba se souviendrait de cette confusion qu'il avait fait lors de leur rencontre. Il n'en était pas fier, puisque leur première nuit n'était que le fruit d'un malentendu.