Sweet Bangkok (+18) Emersen

C’était déjà trop tard pour la jolie blonde aux rêves fous. Léo était déjà ancrée en elle et même si pour le moment elle avait envie de lui donner une coup de poing pour la peine qu’il lui avait infligé, elle ne pouvait plus se passer de lui. Il était un tsunami dans sa vie calme. Alba était intense comme femme, à vivre les choses à fond et à ressentir les émotions dix fois plus forte, c’était son caractère à elle et sa joie de vivre particulière. L’autre versant existait aussi et quand elle était blessée, il était dur de lui faire oublier ses larmes. Déjà à cette époque, ils ne s’aimaient pas correctement. Quand les choses se compliquaient, ils préféraient laisser leur corps s’exprimer que leur pensée. Ils allaient se faire mal, à rendre ivre de jalousie l’autre jusqu’à se détester. Léo elle allait le détester, mais jamais il ne quitterait sa vie. Parfois la haine était plus simple que l’amour, mais finalement la douceur qu’il lui avait offert durant ce voyage arriverait à gagner. Ils ne pouvaient pas finir cette belle aventure de cette façon. Pas comme ça, alors que quelques heures plus tôt ils avaient décidé de poursuivre la découverte de la Thaïlande ensemble. Alba rêvait de cet hôtel sur pilotis où Léo ne serait pas vêtu. Alors elle pardonnait Alba, le premier pardon d’une longue série. Dans cette douche, elle profitait de cette habitude matinale. Ils avaient loupé le bus de onze heures, mais ils y en avait un plus tard, ça leur laisserait le temps de dormir. Ou pas. Léo avait autre chose en tête. Dans ses bras, il ne lui disait rien préférant lui laisser la surprise. « J’espère que ce n’est pas un coup foireux. » Disait-elle en riant avant d’embrasser le coin de sa lèvre et se détacher de lui. Nue elle retournait dans la chambre pour mettre une robe agréable à porter pour le voyage. C’était une robe longue qui virevoltait avec le vent et elle détachait ses cheveux. La porte close, une parenthèse de ce voyage se fermait pour en ouvrir une nouvelle. « Où est-ce que tu m’emmènes comme ça ? » Demandait-elle impatiente alors qu’il la guidait en lui tenant la main. Le spectacle était fabuleux et elle l’écoutait parler. Les tissus accrochés rendaient l’endroit magique. Elle acceptait l’idée et en nouant le tissu elle souriait à Léo. Cet instant était si unique et si précieux. Quand elle croisait le regard du photographe à cet instant elle comprit qu’elle était amoureuse. Cet homme la rendait folle de joie et d’amour et Alba comptait le garder près de lui le plus longtemps possible. Bangkok remontait à quelques semaines maintenant. Léo et Alba logeaient dans une petite cabane dans le fond de la forêt. Ils étaient restés ensemble. Ils avaient fait l’amour un nombre incalculable de fois et ils prenaient des photos, tous les jours. « Je te jure, j’ai vu sur une brochure un endroit trop parfait, c’est par là. » Non elle n’était pas perdue Alba, c’était juste que le chemin pour y aller était un peu plus long. Elle l’entendait Léo. Il soupirait derrière elle. Ils ressemblaient à des aventuriers avec leur sac à dos, leur chapeau et leurs appareils photos. Dix minutes après, ils y étaient. Une cascade trônait au milieu de la forêt, rendant le lieu encore plus magique. Et ils étaient seuls. « On va se baigner ? » Demandait-elle avec un large sourire, alors que déjà elle avait enlever appareil et sac à dos, avant de se déshabiller sous ses yeux.

C'était foutu depuis un moment déjà, peut-être bien depuis le premier soir, mais aucun des deux amants ne semblait prendre ce sentiments qui les animait au sérieux, ils n'en parlaient pas tout simplement. Pourtant la jalousie de Léo aurait dû les alarmer. Autant que son élan de romantisme alors qu'il entraînait Alba dans les rues étroites de Bangkok. C'était la dernière fois qu'ils foulaient ce sol avant un moment et il n'avait pas envie de gâcher la surprise, même s'il avait peur d'arriver trop tard. Il ne répondait pas aux demandes impatientes de la blonde, préférant continuer main dans sa main, parfois il se retournait pour la regarder, elle avait son lourd sac sur les épaules, il contrastait avec sa robe bohème qui volait au vent, à chaque fois leur sourires se faisaient écho et Léo se rendait compte de la chance qu'il avait qu'elle lui ait pardonné son attitude de cette nuit. Sur les rives du fleuve ils assistèrent à cette cérémonie unique et le photographe était heureux de le partager avec cette fille là, de voir son visage s'illuminer, ils en prenaient plein les yeux, parfois leurs appareils capturaient des gestes, des rubans colorés qui volaient dans les branches, des sourires ou des regards, toujours discrètement, ils n'étaient pas là en voyeurs. Et quand ce fut à leur tour de nouer leur ruban, comme une promesse qu'ils se faisaient, lorsque leurs regards se heurtèrent, Léo compris lui aussi, il saisit le regard d'Alba en baissant le sien, elle l'aimait c'était flagrant, mais lui n'aurait de cesse de refuser cet amour et d'ignorer ses sentiments à lui.
Ils s'enfonçaient profondément dans la forêt depuis plus d'une heure déjà, Léo avait confiance en sa compagne de voyage, mais il commençait légèrement à douter de son sens de l'orientation. J'te crois, mais au milieu de la forêt tous les arbres se ressemblent à la fin ! On aurait pu prendre un GPS si tu n'étais pas si têtue… Il grommelait pour la forme plus qu'autre chose même s'il avait raison, Alba était têtue ! Voilà plus de six mois qu'ils ne se quittaient plus, pas une nuit l'un sans l'autre, rarement ils sortaient en solitaire, ils partageaient tout, les fou rires, les orgasmes, les galères de voyage, les engueulades parfois, les paysages à couper le souffle, les souvenirs et les confidences sur l'oreiller. À bien y penser, ce qu'il vivait, là avec Alba, c'était sûrement la relation la plus solide qu'il ait jamais eu, mais il n'y pensait pas, justement, il évitait soigneusement de qualifier ce qu'ils étaient l'un pour l'autre même si c'était beau et rare. Depuis quelques nuits des cauchemars venaient néanmoins entacher ce séjour idyllique, des rêves d'enterrement, des souvenirs de Bowen, de cette vie qu'il avait laissé derrière lui depuis des mois, le visage d'Ana qui se rappelait à lui comme si elle était toujours bien vivante, dansant sur sa tombe, à lui, tout ça le réveillait en sursaut, transpirant, le privant de sommeil. La nuit dernière il s'était levé et était sorti fumer sur le balcon en cherchant à chasser de sa mémoire ces rêves qui n'avaient aucun sens, avant de retourner auprès de la blonde pour finir par se rendormir jusqu'au matin. Ces rêves, c'étaient les prémices de ce qui précipiterait leur perte, la culpabilité de cet homme qui avait tout plaqué sans se préoccuper des conséquences de ses actes. Chez lui on s'inquiétait, sa mère avait saturé sa boîte vocale à tel point qu'il avait fini par l'appeler pour la rassurer, il était toujours vivant, Mia s'était dévouée pour prendre de ses nouvelles au nom de tout leur groupe d'amis et ils avaient passé un moment au téléphone, il fallait avouer que ce jour là ça lui avait fait du bien d'entendre cette voix familière. Pourtant il n'avait aucune envie de rentrer, il était bien avec Alba, loin de toute réalité. Ils arrivaient face à une cascade et Léo resta quelque secondes sans voix à admirer le spectacle. Elle avait raison, Jensen, ça valait le coup de marcher, comment aurait-il voulu rentrer à Bowen, alors qu'il vivait un rêve éveillé ? La voix de la photographe le sorti de ses songes et il la regarda en souriant, elle se déshabillait déjà. Il commença à faire de même. On plonge ? Il y avait comme un petit lagon un peu plus bas, là où se jetait la cascade et avant même d’avoir sa réponse, Léo sautait dans le vide.

Elle l’aimait et à présent elle ne pouvait plus le cacher. Ses yeux trahissaient les sentiments qu’elle avait pour l’australien. Avec ses mots il l’avait ensorcelé. Ce pardon n’avait pas été facile mais évident, ils ne pouvaient s’arrêter là. Leur histoire devait continuer encore un peu parce qu’elle était belle, elle était unique. Elle leur ressemblait trop. Voulant vivre de cette liberté gagnée, ils ne s’arrêtaient plus. Mais Alba ignorait les rêves de Léo et ses questionnements. Si seulement il lui avait dit, peut-être qu’elle aurait réussi à le garder près d’elle. Peut-être qu’elle aurait pu rentrer avec lui. Sauf qu’elle était loin de trouver une réponses à ces questions inconnues. Là, elle se plongeait simplement dans les yeux de son amant, alors qu’ils avaient scellé ce ruban autour de cet arbre. Ils marchaient à présent pendant des heures dans la forêt. Pour une fois, ils n’avaient pas discuté et Alba ne lui avait pas laissé le choix. Convaincre le brun n’avait pas été si difficile. Après tout, Léo et Alba communiquait mieux avec leur corps qu’avec leur mot. Il soupirait et ça la faisait rire. Certes, elle semblait perdue la photographe mais ce n’était pas le cas. Le chemin qu’elle prenait lui avait été indiqué par des locaux et elle savait exactement où elle allait. C’était juste une longue balade. « Je n’ai pas besoin de GPS je te dis ! » Répondait-elle en soupirant. Oui elle était têtue, c’était même un de ces traits de caractère principal. Léo la connaissait bien à présent, à force de confession sur l’oreiller et d’être avec elle toute la journée depuis six mois. Six mois d’amour. Tous les regards, les mots et les baisers du photographe s’ancraient dans la mémoire d’Alba pour ne plus jamais repartir. Parfois, elle le sentait autre part, dans cette vile australienne qui n’appartenait qu’à lui. Ils ne se quittaient pas, mais s’offraient de temps en temps des petits moments seuls. Alba avait eu son cousin et ses parents au téléphone plusieurs fois. Ne pouvant rien cacher à ses frères, elle leur avait parlé de Léo. Luke était méfiant tandis que Steen avait hâte de rencontrer cet homme. Elle entendait le bruit de la cascade et elle se retournait vers Léo avec un sourire étincelant. « On est arrivé. » C’était beau, c’était calme et ils n’étaient que tous les deux. Déjà elle enlevait son haut pour inciter son amant à faire de même. L’eau devait être fraiche après cette randonnée fatigante. Il faisait de même avant de prendre son envol pour sauter en bas. Il était fou ! Et Alba riait. Un lagon de ce bleu perçant les attendait en bas. Prenant de l’élan, elle sautait pour tomber dans l’eau. Elle sentait les mains de Léo la récupérer dans l’eau. La tête dehors son sourire était brillant et sans hésiter, elle posait ses lèvres sur celle de Léo. Main derrière sa nuque elle le regardait. « Alors, ça valait le coup de marcher hein ? » Disait-elle en le taquinant alors qu’elle s’échappait de ses bras.

Souvent, Léo avait regretté ses actes, lui si fougueux, trop entêté, trop jaloux, trop revanchard, il avait bien des fois agit sans réfléchir pour s’en mordre les doigts par la suite. C’aurait pu être le cas pour cette dernière soirée à Bangkok, il aurait simplement pu repartir sans Alba et s’en vouloir de s’être emporté si rapidement pour tout foutre en l’air. Mais elle avait pardonné, peut-être se méfiait-elle de lui à présent, pourtant elle avait accepté de continuer le voyage avec son photographe. Dans cette vie de nomades ils avisaient au jour le jour, le temps filait vite mais ils ne s’en préoccupaient pas, ils ne faisaient que profiter, de la Thaïlande, de la présence de l’autre, main dans la main. Ils ne réalisaient même pas qu’ils venaient de passer six mois à être leur seul univers et s’il n’y avait pas ces cauchemars persistants Léo aurait bien fait toute sa vie au même rythme, sans aucune contrainte. Sans s’en rendre compte ils ressemblaient de plus en plus à un couple, un vieux couple qui se disputait, avec autant d’agacement que de tendresse dans la voix, de ces couples qui se connaissaient par cœur. Un jour Léo avait surpris une conversation téléphonique d’Alba avec l’un de ses frères, quelques bribes seulement, mais il avait compris qu’elle parlait de lui, de le leur présenter, il avait souri sur le coup, flatté, même si lui n’avait jamais réfléchi à la possibilité de présenter la blonde à son entourage. Il n’avait jamais parlé d’elle, même pas à Mia, avec qui il avait été évasif sur son séjour. Même inconsciemment, pour le brun ça restait une parenthèse, une période suspendue, quelque part il savait depuis le départ que ça ne durerait pas et que la chute serait douloureuse, voilà pourquoi il ne voulait pas y penser. Au fin fond de la forêt, alors qu’il bougonnait en charriant le sans de l’orientation de Jensen, il avait bien d’autre choses en tête et quand ils arrivèrent à la cascade, il eut simplement le souffle coupé, il fallait avouer qu’il n’y croyait plus. Comme des gamins ils ne perdirent pas une seconde pour se déshabiller, trop excités à l’idée de plonger. Léo, à l’aise comme un poisson, n’hésita pas un instant avant de se lancer, dans un sot magnifique où Alba pouvait admirer tous les muscles de son dos. Quand il remontait à la surface, la belle se lançait déjà et il n’attendit pas pour la ramener contre lui alors qu’elle le rejoignait. Ses lèvres fraîches et humides se posèrent sur celles d’Emerson et il sourit contre sa bouche. Je n’ai jamais douté de toi ! C’était faux, elle le savait et elle s’éloignait déjà de lui. On pourrait faire quelques photos, le lieu est magique, il n’y a que nous. Il avait l’œil, Léo, il savait repérer un bel endroit, il savait quelles photos se vendraient et s’il était parti pour le plaisir, il n’oubliait pas qu’il devait continuer de proposer des photos pour ne pas être oublié du milieu. Il s’approcha d’elle à nouveau, il enlaça sa taille et embrassa son cou rafraîchi par l'eau du lagon. Tu poserais pour moi ? C’était rare qu’il le lui demande, il savait qu’Alba n’était pas très à l’aise devant l’objectif, alors que Léo était persuadé qu’elle faisait un très bon modèle.

Peut-être qu’Alba se mentait à elle-même. Tout était si parfait avec Léo qu’elle ne voulait pas voir la fin inévitable arriver. Même dans leur dispute il y avait cette bienveillance. C’était comme s’ils ressortaient plus mature après leur affrontement. Entre eux, c’était électrique, aussi bien quand ils faisaient l’amour que quand ils parlaient. Léo n’avait jamais raison avec Alba, trop têtue pour lui laisser le dernier quand elle ou il avait tort. La passion était constamment présente et il s’électrifiait à leur contact. Mais ils étaient beaux ensemble. Alba rêvait d’un retour en Australie avec cet homme, peut-être qu’elle l’avait trouvé son alter ego, l’équilibre qu’elle cherchait. Avec lui, elle était heureuse mais elle restait libre. Ils avaient la même façon de concevoir le monde, les mêmes rêves et les mêmes envies. Evidemment qu’elle se contenterait d’amour, d’eau fraiche et de voyage avec cet homme. Seul quelques uns de ses proches savaient qu’elle n’était pas seul en Thaïlande, et ses père souriaient de la voir ainsi heureuse. Quelle tristesse quand tout allait s’effondrer emportant avec l’espoir d’Alba. Léo et elle, ça serait trop long et trop compliqué, mais il n’y avait pas plus vrai que l’amour qu’elle lui portait. Il râlait et ça la faisait rire. Son sens de l’orientation était tout aussi bien que celui de son amant. Il n’aimait juste pas les surprises mais il fallait qu’il s’y habitue avec la blonde, elle ne comptait pas le ménager là-dessus. Sa réaction suffisait à Alba pour se convaincre de continuer. Il appréciait l’endroit, c’était si féérique et hors du temps. Presque nu, elle admirait son corps délicieux avant de le rejoindre dans l’eau. Elle eut à peine le temps de remonte la tête, qu’elle se trouvait déjà dans les bras de son amant. L’eau était fraiche, et cet instant était parfait. « Vraiment ?! » Disait-elle suspicieuse avant de rire. Elle l’embrassait pour s’échapper de son étreinte et profiter de l’eau fraiche. Il voulait prendre des photos. Le lieu était parfait pour ça. Partager son métier avec lui était un privilège, ils avaient un œil bien différent et une sensibilité propre à eux. C’était si délicat et épanouissant de partager ces petits instants avec lui. Depuis qu’elle l’avait rencontré ses photos étaient encore plus réussis, possédant à présent un petit truc en plus. Les mains chaudes de son amant l’enlaçait. Elle grimaçait. Ils étaient pareils, préférant être derrière que devant l’objectif. Elle se mordait la lèvre dans un instant de réflexion avant de lui sourire. « D’accord, mais à une condition. » Elle l’embrassait avant de poser ses lèvres près du lobe de son oreille. « Tu poseras pour moi aussi ? » Il savait que ce ça signifiait. Alba aimait le nu et l’abstrait. S’il posait, il allait devoir forcément se dévêtir du dernier vêtement qu’il portait. Ils étaient seuls au monde, dans un endroit si parfait que ça serait bête de ne pas profiter de tout cela.

Cette fin inévitable, Léo ne la voyait pas arriver non plus. Malgré ses cauchemars et sa conscience qui se réveillait doucement, le piquant de plus en plus souvent. Il préférait pourtant ignorer les signes du changement, se noyant dans cette relation qui lui faisait du bien, dans les yeux d'Alba qui le rendaient beau. Elle l'avait aimé, son Anabelle, à n'en pas douter, mais il s'était oublié dans cette histoire dont la fin était tristement écrite. Alba lui faisait du bien, elle savait respecter ses silences et réveiller tous ses sens et ses désirs. Alors non, il ne pensait pas à la chute, qui serait pourtant brutale. Dans la chaleur moite thaïlandaise, il savourait tous les jours les réveils auprès de cette femme, les découvertes ensemble, le partage de leur passion commune, la douceur de sa peau. Il était inconscient que tout cet équilibre ne tenait qu'à un fil. Alors il suivait la blonde presque les yeux fermés dans cette épaisse forêt, râlant comme s'il doutait de sa confiance en elle, alors qu'Alba était son unique phare depuis des mois. Et il eut raison de ne pas rebrousser chemin, parce qu'au bout de celui-ci s'élevait, majestueuse, la cascade tant attendue. Après leur plongeon, Léo pensa rapidement à son métier qui revenait toujours, à un moment où à un autre, tant son œil affûté était touché par la beauté du monde. Il avait ce que beaucoup considérait comme un job de rêve, quand les médisants ne raillaient pas le fait que c'était un passe-temps de gosse de riche. Ce qui l'agaçait énormément parce que ces gens là ignoraient quels sacrifices il avait fait pour sa passion, combien de travail c'était, la recherche de spots, la patience pour avoir une bonne prise avec les réglages adéquats, la lumière parfaite. Et puis les retouches, les heures passées sur son ordinateur. La négociation avec les clients qui n'évaluaient pas toujours son travail à sa juste valeur. Sauf que Léo ne se laissait pas marcher sur les pieds, il ne le faisait plus, depuis qu'il était sûr de son talent et reconnu par ses pairs. L'avantage avec Alba c'est qu'elle connaissait tous les avantages et les inconvénients du métier, ils pouvaient en discuter et se comprendre, ils savaient la patience qu'il fallait, parfois, quand l'autre avait repéré un sujet intéressant. Ils ne travaillaient pas de la même façon et apprenaient chacun de leurs expériences. Léo aimait les paysages qui vous coupent le souffle, alors qu'Alba préférait capturer un regard. Alors lorsque la blonde posa sa condition, son compagnon grinça un peu des dents, il savait parfaitement où elle voulait en venir. Sauf que Léo était totalement mal à l'aise face à un objectif et d'autant plus lorsqu'il fallait être nu. Néanmoins, ces mots susurrés au creux de son oreilles, des lèvres humides de la blonde, le firent presque frissonner. Elle lui faisait tourner la tête et, à cet instant là, pour elle, il aurait sûrement fait n’importe quoi. Il éloigna un peu son visage pour pouvoir la regarder et sourit à son air espiègle. Tout dépend de ce que tu comptes faire des photos ! Laisse-moi le temps de réfléchir, de toute façon il faut tout remonter pour avoir accès au matériel, de quoi avoir le temps de prendre ma décision. Sûrement qu’il le ferait, même s’il n’aimait pas ça, à la limite il préférait que ce soit lui qui pose plutôt qu’un autre, à choisir. Mais il aimait surtout l’idée de la faire languir. Il s’éloigna alors encore un peu pour gagner le bord et sortir de l’eau dans un geste athlétique. Heureusement qu’il n’y avait qu’eux, parce qu’ils étaient clairement très peu vêtus.

Ces moments simples avec Léo suffisaient à rendre leur journée si merveilleuse. Ce matin-là, Alba s’était réveillée avec en tête l’envie de lui montrer cette cascade qu’elle avait vu sur un blog la veille. Alba c’était l’aventure à l’état pur, une envie soudaine qui pouvait l’emmener dans des situations complexes, comme cette fois où elle l’avait rejoint dans sa chambre d’hôtel. Léo, il avait accepté non sans râler, lui qui apprenait à vivre au rythme effréné de la blonde. Elle l’aimait pour cette raison, il la suivait, lui faisait découvrir des choses magnifiques chaque jour. Une nouvelle journée avec lui était un cadeau particulier parce qu’ils étaient beaux, même s’ils restaient au lit toute la journée à parler et faire l’amour jusqu’à épuisement. Mais devant cette cascade, c’était l’aventure, un saut dans le vide aussi impressionnant que ce saut dans l’eau. Une pensée folle de Léo avait conclut à ce câlin dans l’eau fraîche. Elle pourrait lui faire l’amour ici, toute la journée dans le secret du monde entier. Ils étaient seuls et c’était peut-être ça leur problème. Sans se confronter au monde, ils vivaient dans cette bulle magique. Mais l’extérieur était rempli de tentation et d’impératif. Léo était attendu et ses mauvaises habitudes reviendraient blessant la photographe. Et Alba, continuerait d’aimer le monde et l’être humain, souhaitant toujours plus d’aventure. Elle ignorait encore que Léo ne serait pas son plus grand voyage mais qu’il sera pourtant la cause. Ils étaient jeunes et blessés par le monde, mais ils se soignaient de baiser et de moments volés. Photographes, ils pouvaient parler pendant des heures de leur passion commune, s’expliquant des petites astuces magiques. Sous l’aide de l’expert Emerson, Alba commençait à photographier quelques paysages. Léo lui apprenait à se focaliser sur un détail et plus sur un univers. Ils étaient dans le décor parfait. Il l’avait remarqué et elle l’avait remarqué. A présent, ils devaient négocier pour les photos, parce qu’Alba ne se laissera pas photographier sans que le bel homme soit passé sous son objectif. Elle riait quand elle l’entendait grogner, embrassant son oreille pour le convaincre. Il avait une réponse à tout et Alba fit une moue adorable parce qu’il n’acceptait de suite. « Je les garderais pour moi mais d’accord ! » Puis il s’éloignait, sortant de l’eau. Le liquide coulaient sur son corps parfaitement fait et Alba sentit son bas ventre s’exprimer. « Tu triches ! » Disait-elle en râlant avant de faire de même et passer à côté de lui. « Tu as intérêt à dire oui, sinon je risque de mal le prendre. » Disait-elle en plaisantant, mais elle serait capable de lui refuser des baisers quelques minutes. Elle savait pertinemment qu’elle ne tiendrait pas longtemps, il suffisait qu’il la regarde pour que tout son corps s’embrase.

Cesseraient-ils un jour d’avoir faim l’un de l’autre ? Le temps leur apprendra que non, pas même les tempêtes entacheraient ce désir si ardant. Peut-être un jour l’âge, les déceptions répétées ou bien l’habitude, peut-être, ils n’étaient qu’humains après tout. Mais pout l’instant, dans leur bulle de bonheur, Léo et Alba s’aimaient toujours à s’en épuiser, à user le corps de l’autre, à se faire haïr des voisins. Et au pied de cette cascade ils pourraient tout aussi bien s’étendre, s’amuser et vibrer encore. L’envie ne manquait pas et ce n’était pas la gêne d’être dans un lieu découvert qui les ennuierait. Mais ils s’éloignaient déjà, repoussant l’inévitable, jouant avec la frustration, le manque, même s’il ne durait pas longtemps. Pour Léo, il serait dommage d’être venu dans un lieu comme celui-là, avec un tel cadre, pour ne pas en profiter et lier l’utile à l’agréable. Ils avaient tous les deux besoin de sujet pour alimenter leur travail. Sauf qu’ils ne travaillaient pas sur les mêmes sujets, lui il se contenterait de la beauté à couper le souffle de ce paysage, avec, en bonus, le corps superbe de la blonde pour le sublimer. Alba, elle, avait besoin que Léo se mette à nu, au sens propre comme au figuré et ce n’était pas vraiment la même implication. Elle garderait les photos pour elle, de toute façon, à ce stade de leur relation, Léo ignorait encore qu’il allait lui faire tant de mal qu’elle serait bien incapable de publier sur papier photo le moindre souvenir de son amant terrible. Il était tellement inconscient du cataclysme qu’il allait provoquer, dans quelques mois seulement. Et de toutes les conséquences que sa décision aurait sur eux. Ils étaient encore tellement insouciants, Alba se laissait submerger un peu plus par l’amour qu’elle éprouvait pour lui et Léo, sans s’en rendre totalement compte, la rendait accro. Il allait être sa drogue la plus dure, une addiction dont elle ne se remettrait jamais totalement. Et lui donc ? Lui qui se voulait si détaché, lui que l’amour n’atteignait plus, soi-disant… Il pourtant bien incapable d’imaginer la quitter. Il sortit de l’eau de la façon la plus tentatrice qu’il soit en prenant bien soin de ne pas la quitter des yeux. Alba se liquéfia et il exultait. Elle ne pourrait manquer son entre-jambe gonflé de désir, qui demandait à être libéré de son caleçon. On n’a jamais dit qu’il y avait une règle du jeu. Il était prêt à tout pour arriver à ses fins et la fin, ils la connaissaient tous les deux. Il lui tendit la main pour l’aider à sortir de l’eau, elle était telle une sirène en état de grâce, tant de tentation c’était indécent. J’ai dit que je réservais mon jugement. Tu es impatiente, Jensen. Il l’attrapa par la taille et la plaqua contre un rocher. On a tout notre temps, non ? Tu m’as bien fait marcher jusqu’ici ! Il l’embrassa avec envie, le contact de leurs corps trempés était une invitation à la débauche. Il quitta alors sa bouche pour gouter sa nuque, son oreille et lui murmurer, sans mesurer une second le poids de ses mots. On a toute la vie. Premier mensonge, qu’il espérait pourtant tellement vrai, à ce moment précis. Léo le fougueux, le romantique, le rêveur, un rêveur fou qui entraînerait sa belle dans sa chute. Il ne lui laissa pas le loisir de développer, il s'agrippa à nouveau à ses lèvres, avec plus d'ardeur encore.

Très peu de temps avait suffit pour qu’Alba soit sous le charme de son australien. Son corps parlait pour elle, toujours avide des baisers fougueux de cet amant particulier. Il était dangereux de jouer un tel jeu avec Emerson. Il contrôlait chaque parcelle du corps de la blonde, ses pensées ne s’arrêtaient jamais voulant toujours plus. Il ne s’agissait pas que de sexe, mais dans sa jeune vingtaine, Alba s’imaginait une vie pleine d’amour, de sexe et de photo avec cet homme. Ils étaient un ensemble parfait qui se comprenaient sur tout. Enfin c’était ce qu’elle croyait parce que chacun de leur côté gardait leur jardin secret. Jamais Alba n’avait été aussi amoureuse que ça lui faisait presque peur. Et pourtant, elle pourrait repartir sur une vie de voyage avec lui tant qu’ils étaient tous les deux. Il pourrait l’emmener où il voulait. Sauf qu’aujourd’hui, c’était elle qui avait décidé de cet endroit. Cette cascade dans cette forêt était un lieu si mystique et paradisiaque. C’était un coin magique dans ce monde si dur, mais avec lui, c’était encore plus irréelle. Il y a maintenant plusieurs mois qu’ils étaient ensemble, mais la séduction était toujours bien présente, comme s’ils avaient besoin de toujours animer l’autre. Ces corps parlaient pour eux et ce jeu rendait leur relation si particulière. Et Alba était amoureuse, c’était fini pour elle. Léo était déjà sa plus belle rencontre mais aussi la plus dure. Aujourd’hui, il était son amant rien qu’à elle, caché aux yeux de tous dans cette forêt. Elle voulait le photographier, attaché une réalité à ce rêve fantastique. Elle savait qu’elle lui demandait quelque chose de difficile, lui qui préférait être derrière l’appareil. Alba trouvait que ça serait du gâchis de ne pas immortaliser cet homme qui rendait les photos bien plus belles. Dans ce cadre, elle l’imaginait avec son sourire en coin, nu dans ce décor féérique. Il acceptait à demi-mot qu’elle connaissait bien à présent. Mais Alba était têtue, il le savait et il en jouait. L’eau qui coulait sur lui rendait la scène érotique et encore une fois, elle râlait de ne pas avoir son appareil à la main. Il savait jouer de son corps et cette bosse donnait des envies à Alba. « Vraiment ?! » Disait-elle sur le ton de de la provocation. Elle était loin d’être insensible à son charme il ne l’était pas non plus. Ses courbes et ses formes rendaient l’australien fou. De sa main fraîche, elle attrapait la sienne, l’aidant à sortir de l’eau. « Avec toi je le suis toujours. » Elle se mordait le coin de la bouche, observant son amant avant que celui-ci ne la plaque contre un rocher. Un cri doux et amusée sortait de la bouche d’Alba alors qu’il redécouvrait ce corps. « On dirait pourtant bien qu’il y en a un impatient. » Elle plaquait ses hanches contre lui, sentant son érection. Alba savait faire monter la tension surtout avec lui. Chaque moment avait été intense, l’extase pouvait être longue ou courte mais à chaque orgasme elle en voulait plus. Elle renversait sa tête alors que Léo embrassait sa nuque, son oreille, le haut de son torse. Toute la vie. C’était si beau et Alba en voulait. Elle l’aimait mais les mots ne sortaient pas estimant qu’il devait le comprendre. Une de ses jambes venaient l’encercler. Cambrée, elle profitait de ce baiser avant qu’elle ne recule. Avec une force inconnue, elle arrivait à faire que Léo se retrouve bloquer entre le rocher et elle. « C’est pour te récompenser de cette longue promenade. » Disait-elle avant d’embrasser chaque parcelle du buste de son amant. Elle se baissait jusqu’à ce retrouver à genou devant lui. « Je crois que l’on n’a pas toute la vie. » Disait-elle en découvrant l’érection indécente de son amant.

S’il refusait l’idée même de tomber amoureux de qui que ce soit à présent, il était donc impossible pour Léo d’admettre qu’il aimait Alba. Pourtant quel idiot, quel fou, de passer à côté de sa plus belle histoire. Il se réveillait chaque matin auprès de celle qui était en tous points la femme de sa vie, il lui faisait l’amour comme si leur vie en dépendait, comme pour la marquer à jamais de son empreinte. Il la regardait avec un désir et une tendresse telle que ça ne laissait personne indifférent. Et malgré tout il s’interdisait de penser une seule seconde qu’il pouvait l’aimer, même en ayant compris depuis quelques temps déjà qu’elle, Alba, l’aimait, lui. Cette épreuve auprès d’Ana l’avait rompu, l’avait rendu hermétique à l’amour, il s’était renfermé dans une carapace pour s’éviter de souffrir, pour ne pas risquer, à nouveau, de s’attacher à quiconque quoi pourrait s’éteindre. Léo se croyait éternel, immortel, à cet âge où on avait encore toute la vie devant soi. Il avait pourtant réalisé brutalement que la vie pouvait quitter un corps, même jeune, même à l’aube de son existence, injustice totale. Et il ne voulait plus jamais être témoin de la mort lente et inéluctable. Alors il n’aimerait plus jamais et jamais non plus il n’aurait d’enfant. Il passerait sa vie de bras en bras, peut-être, mais jamais il ne se poserait avec une femme, pour ne prendre aucun risque. Le Léo de cette époque était tellement plein de principes qu’il allait enfreindre tout au long de sa vie. A commencer par tomber terriblement amoureux d’Alba sans jamais l’accepter. Il en ferait du mal autour de lui, en cherchant à vivre tout, à tout prix, il en briserait des espoirs, des cœurs, y compris le sien, plusieurs fois. Ce jour là était pareil à tous les autres, idyllique, loin de toutes contrariétés du quotidien, depuis des mois ils vivaient tous les deux dans ce cadre si privilégié. Au pied de cette cascade qu’ils n’avaient que pour eux, ils vivaient un rêve éveillé, mais pas sûr qu’ils s’en rendent pleinement compte. Ils étaient trop occupés à jouer avec les fantasmes et la patience de l’autre et, leurs seuls désirs étaient bien simples, elle était le sien et inversement. Il sourit, elle le provoquait et elle savait combien elle lui faisait d’effet, c’était même très visible, il ne pouvait le cacher, mais il savait se contenir, s’il fallait jouer un peu avec les nerfs de sa belle amante. Il sortit de l’eau avec son aide prenant soin, tout de même, de ne pas glisser et de l’entraîner dans sa chute, les rochers étaient glissants. Un nouveau sourire satisfait le dérida. Tant mieux. Il aimait qu’elle ne sache pas attendre quand il s’agissait de lui, il adorait cet effet qu’il avait sur elle, comme cette sensation de la contrôler, par moments. Pourtant il savait aussi qu’il était incapable de lui résister lui non plus et Alba savait y faire avec Léo, elle savait parfaitement où le toucher, où l’embrasser, pour l’avoir à sa merci. Dans ce genre de moments charnels Léo parlait peu, il n’était pas le genre à dire des mots crus, ça ne l’excitait pas, ou à demander si sa partenaire aimait ça, il était suffisamment observateur et sûr de ses gestes pour ne pas à avoir à demander. Mais parfois, dans l’urgence, dans la beauté du moment partagé, il ne se rendait pas compte de l’impact de ses quelques mots. On a toute la vie. Bordel ce serait si beau, si simple, de s’aimer ainsi toute une vie, sans conséquences, sans contrepartie, sans autre chose à penser qu’eux, à l’instant présent. C’était une parfaite utopie. Leurs regards se croisèrent et par ce biais ils purent se dire tellement de choses qu’ils n’osaient formuler, ces sentiments qui leurs nouaient la gorge. Mais c’était suffisant, c’était même déjà trop. Il ne le vit pas venir, Léo, quand Alba arriva à le faire prisonnier contre le rocher, prisonnier de ses caresses. Il la regarda s’agenouiller et baisser son caleçon, sans chercher à la retenir, ce fut là qu’il comprit ce qu’elle entendant par récompenser. Il avait tellement envie d’elle qu’il se moquait bien qu’ils soient découverts. Son sexe, enfin libéré de son entrave se dressa face à la blonde et il réprima un soupire alors qu’elle commençait à le caresser. Tu sais comment t’y prendre avec moi, c’est pour ça. Il fermait déjà les yeux, frissonnant, tellement le plaisir était intense.

Amoureuse. Oui elle l’était. Cet homme avait réussi à conquérir son cœur en quelques mois seulement. Ce n’était pas si dur, Alba l’éternelle amoureuse qui vivait pour vivre des histoires aussi passionnantes que passionnées. Sauf qu’avec Léo, il y avait cette petite différence, ce petit détail qui changeait tout considérablement. Elle ne se lassait pas, elle ne voulait pas partir. Depuis le début de son voyage, il y en avait eu des amants, femmes et hommes qui avaient fait vivre à Alba une passion importante. Mais elle était toujours partie, les prévenant qu’elle ne resterait pas. Là, c’était différent, ça faisait plusieurs mois qu’elle reculait son départ, estimant que le Vietnam n’allait pas disparaitre. Léo c’était l’élément qu’elle ne maitrisait pas et cette addiction l’empêchait de continuer son chemin. Elle n’en avait tout simplement pas envie. Elle voulait rester avec l’australien, dans ce pays magnifique aux milles couleurs et saveurs. Parfois la nuit, elle se réveillait essayant de trouver le courage de lui demander de continuer la route avec elle. Ils étaient tout les deux libres et fougueux, ça ne serait que la suite d’une belle histoire déjà bien entamée. Elle ignorait que cet homme allait lui faire vivre ses plus belles aventures mais que les larmes et les déceptions feront partie du voyage. Si elle avait su, à cette époque, elle aurait fuit. Alba n’était pas prête pour vivre ce genre d’histoire et d’être mère. Mais Léo, il était si parfait, avec ses rires et ses plaisanteries. Tout fonctionnait entre eux. Le sexe évidemment était parfait, presque comme si leur corps avaient été crée pour qu’ils fusionnent aussi parfaitement. Ils apprenaient aussi tant de chose de l’autre, ça pouvait être des techniques de photographie comme un plat de cuisine ou tout simplement un nouveau mot de vocabulaire. C’était naturel et Alba avait presque trouvé la personne qui la complétait, elle qui ne croyait pas en l’amour unique. Impatiente elle l’était avec lui, tout son corps le réclamait et peu importe qu’ils soient au milieu d’une forêt où animaux et curieux pouvaient passer. A cet instant ils n’étaient qu’eux, le monde autour n’existait pas tellement quand ils étaient ensemble. Il l’aidait à sortir de l’eau alors qu’elle riait de voir l’impatience naturelle de son amant. Ses baisers brûlants réchauffaient Alba. Il avaient toute la vie comme il le disait. C’était si beau et si utopique. Mais Alba était naïve et ce jour-là elle le croyait. Toute une vie avec cet homme, elle savait qu’elle ne s’ennuierait pas et que la passion ne serait jamais éteinte. Si Léo contrôlait les envie d’Alba, la photographe restait elle, avec sa malice et son envie de faire plaisir à l’homme qu’elle aimait. Il se retrouvait contre le rocher, alors qu’à son tour déposait des baisers sur le corps de Léo avant de lui offrir un moment particulier. Elle aimait le sentir perdre le contrôle par sa faute et ressentir son plaisir. C’était aussi ça l’amour, le bien-être de Léo était aussi important que le sien. Il l’encourageait et cela durait quelques minutes. Elle remontait, embrassant son amant avec un sourire malicieux. « Tu me dois une photo ! » Disait-elle en riant, avant de s’enfuir. Evidemment qu’elle n’avait pas donné du plaisir à Léo pour une photo. C’était une petite blague, un moment unique, un moment qui était à leur image.

Alba et Léo étaient semblables sur bien des choses, sur une vision globale de la vie, du voyage, de l’aventure de leur passage sur Terre. Ils semblaient être animés par cette même urgence de vivre, comme si l’avenir en dépendait, comme s’il fallait prendre tout ce qu’il y avait à prendre, avant que ce ne soit totalement perdu. Il n’y avait qu’une chose qui les opposait diamétralement, si Alba croyait en l’amour pluriel, Léo voulait l’exclusivité, il ne supportait pas de partager, ou d’être partagé. Il ne voulait aimer qu’une seule femme à la fois mais peut-être pas pour la vie. Il avait longtemps cru qu’on ne pouvait pas rencontrer son âme sœur, sur une planète qui comptait plus de sept milliards d’habitants. Et cette idée le suivait encore aujourd’hui. Pourtant il tombait amoureux, régulièrement, bien trop souvent même. Mais malgré leur façon différente de voir les choses sur ce point, aucun des deux n’avait eu envie de voir ailleurs depuis des mois, pas une fois Alba n’avait voulu se désister aux bras de Léo pour d’autres bras, pas une fois Léo n’avait regardé une autre femme avec le désir avec lequel il regardait Alba. Plus de six mois d’une exclusivité totale et aucun besoin que ça change. Quelque part, parmi plus de sept milliards d’humains, deux australiens s’étaient trouvés, reconnus et aimés. Ça aurait pu faire un parfait film romantique, s’il n’y avait pas toutes ces fêlures derrière la beauté de ce couple. Ils n’avaient pas toute la vie, seulement quelques semaines encore, avant que tout n’explose, seulement quelques centaines d’heures à s’aimer, à savourer cette vie simplement parfaite, avant que Léo ne se dise, presque du jour au lendemain, que ça avait assez duré. Mais au pied de cette cascade ils étaient invincibles, toujours fous d’amour et de désir, qu’Alba prit un malin plaisir à attiser pour faire chavirer son photographe préféré. Emerson qui aimait tout diriger se laissa aller à ses caresses, à ce moment-là il ne contrôlait plus rien, quelque part il détestait ça, autant que ça l’excitait. Et c’était ce qui plaisait à la blonde. Ses caresses étaient si agréables, elle savait exactement comment lui faire du bien, il s’abandonna totalement jusqu’à la jouissance, presque surpris que ce soit venu si vite. Il la regarda remontrer vers lui, sourire satisfait aux lèvres, elle l’embrassa, un air de défi dans le regard, elle avait gagné cette manche et elle s’enfuyait déjà. Mais elle savait qu’il se vengerait, tôt ou tard. Léo replongea rapidement dans l’eau pour se rafraîchir, puis remontra pour suivre Alba. Il lui accorda sa photo, elle lui offrit la sienne, ils étaient presque quittes. Et, un peu plus tard, au beau milieu de la forêt, sur le chemin du retour, alors qu’il la suivait, plus distrait par le mouvement de ses fesses moulées dans son short que parce qu’elle lui racontait, il l’attira vers lui, un peu en dehors du chemin et la plaqua contre un arbre pour se venger de la plus chaude des façons. Là, ils étaient vraiment quittes. De retour dans leur chambre ils s’écroulèrent sur leur lit, épuisés par cette excursion. Le sommeil de Léo fut une nouvelle fois agité, il fut réveillé en sursaut au beau milieu d’un cauchemar. Il faisait nuit noire, il était perdu. Dans son rêve il était à Bowen et à son réveil il ne reconnaissait rien durant quelques courtes secondes, de quoi accentuer son malaise. Il se leva, se dirigea vers le bar, trouva quelques mignonettes d’alcool fort et en vida deux, avant de se diriger vers le balcon pour prendre l’air. Au milieu de la nuit l’atmosphère était fraîche, elle lui fit du bien. Une troisième fiole dans une main qu’il vidait doucement, une clope dans l’autre, qui se consumait sans qu’il y touche tellement, tout en regardant l’obscurité face à lui. Pour la première fois il se demandait ce qu’il foutait là, il était seul sur cette terrasse et il se sentait vide au fond de lui. Alba lui manquait mais il y avait quelque chose d’autre qui grondait encore plus profondément en lui, quelque chose qui l’effrayait. Il entendit du bruit derrière lui, la blonde venait probablement le rejoindre mais il ne se retourna pas, son dos vouté et son corps fébrile refusaient de lui faire face, pour ne pas risquer qu'elle lise la détresse dans son regard.

Il y avait le monde et il y avait eu. Léo et Alba se trouvaient dans le fin fond d’une forêt, isolée de la civilisation et pourtant elle se sentait bien. Ils n’étaient que tous les deux, deux âmes libres, deux âmes aventureuses, deux âmes folles. Deux âmes qui s’aimaient également, mais ils étaient bien trop têtus et idiots à ce moment là pour l’accepter. Léo et Alba prenaient chaque jour comme un cadeau, profitant de ce que ce pays avait à leur offrir. Ils auraient pu rester des années ainsi, Alba ne ressentait pas le besoin de rentrer. Finalement, la blonde n’avait jamais eu besoin de rentrer, elle l’avait juste fait parce qu’elle devait affronter une nouvelle épreuve dans sa vie. Mais nous n’en n’étions pas encore là. A cet instant, il ne s’agissait que de Léo et d’Alba qui savourait la fraîcheur de cette cascade. Il était si beau et chaque regard posé sur lui rendait Alba encore plus folle de son charme. Ils étaient déjà liés sans le savoir, Alba était déjà marqué par Léo. Cet homme allait avoir un impact dans sa vie. Il lui apprenait des choses, des techniques de photographie. Ils avaient une influence parce qu’Alba croyait que les rencontres qu’on faisait avec un but. Peut-être qu’ils n’allaient pas finir leur vie ensemble, c’était même peu probable, mais de cette belle rencontre allait naître quelque chose. Léo allait marqué la vie d’Alba notamment pour les longues discussions le soir, la technique de la vaisselle et plein d’autres petits détails. Lui il allait enfin consommer son café correctement, apprendre à photographier des gens nus sans que ce ne soit vulgaire. Ils avaient des choses à apporter à l’autre et aussi beaucoup d’amour à donner. Alba aimait quand elle contrôlait Léo, lui qui détestait perdre le contrôle. Mais elle ne lui laissait pas le choix, et il succombait. Ce petit jeu, ils l’adoraient se rendant coup pour coup et qu’est-ce que ça leur faisait du bien. Ils acceptaient de poser pour lui et vice versa se promettant de ne garder cette photo que pour eux. Quelques mois plus tard, quand Alba décidera d’en développer certaines, celle-ci resterait dans son tiroir la sortant de temps en temps pour se rappeler que cette histoire avait bien exister. Sur le chemin du retour il se vengeait Léo de la meilleure des manières effrayant les animaux aux alentours. Epuisés par cette longue journée, Alba s’écroulait, perdue dans ses rêves. Ce n’était que quelques heures plus tard qu’un frisson la parcourait. Ouvrant un œil, Léo n’était pas dans le lit. Non, il était dehors sur le balcon fumant et buvant. Un froncement de sourcil. Alba se levait, enfilant un tee-shirt de Léo qui traînait par terre. Elle s’approchait de son amant avant de l’encercler de ses bras et embrasser son épaule dénudé. « Tu vas bien ? » Demandait-elle avec une voix douce alors qu’elle parsemait son corps de léger baiser.

Cela faisait près d’un an que Léo avait fuit l’Australie, qu’il avait tout plaqué du jour au lendemain sans prévenir personne, qu’il avait refusé d’enterrer sa petite amie. Un an qu’il passait par toutes les émotions, intensément, qu’il faisait toutes les expériences possibles. Il retrouvait une liberté qu’il avait perdu, il retrouvait cette fougue qui l’avait habité par le passé. Il vivait, du plus fort qu’il le pouvait. Et Alba l’aidait dans cette quête de l’instant présent. Tous les jours il se réveillait à ses côtés mais c’était comme une redécouverte à chaque matin, parce qu’ils n’avaient pas de plans, aucune promesse, tous les jours il était animé par l’envie d’elle et le besoin de découvrir ce pays inconnu, main dans la main. Ça aurait pu durer toute une vie, ici ou ailleurs, il en était conscient. Seulement en vivant de cette façon il oubliait volontairement toute cette vie qu’il avait lâchement abandonné quelques mois plus tôt. Ses amis, sa famille, son deuil avorté. C’était trop facile de croire qu’il pourrait continuer ainsi indéfiniment. Et ce passé qu’il avait mis de côté le rattrapait depuis quelques temps. Ces cauchemars récurrents, ce malaise qui commençait à s’installer au creux de lui, même quand il avait l’impression de vivre les meilleurs moments de sa vie. Jusque là il arrivait à relativiser, à ne pas trop y penser, les vertiges se dissipaient vite et il pouvait profiter. Mais cette nuit le rêve avait été violent, d’une réalité tellement dérangeante et depuis son réveil il n’arrivait pas à se défaire de ce sentiment, comme si toute cette vie qu’il se construisait depuis des mois, ce quotidien, ces souvenirs, n’étaient qu’une vaste mascarade, une imposture. Alors ce fut plus simple de noyer cette sensation dans l’alcool, dans l’espoir d’oublier. Mais les quelques fioles à disposition ne suffisaient pas, elles le rendaient juste encore plus vaseux, plus mélancolique. Et quand il sentit la présence de sa maîtresse derrière son dos, Léo fut envahi par deux envie aussi fortes l’une que l’autre, celle de la serrer contre lui, de lui parler de ce mal-être, de tout lui dire des cauchemars qui le hantaient, de lui demander de l’aimer plus fort encore, pour le guérir. Et celle de fuir, le plus loin possible, pour qu’elle ne soit pas, à son tour, hantée par des fantômes qui n’étaient pas les siens. Il se retourna alors que sa voix douce s’élevait derrière lui, juste avant qu’Alba ne le picore de baisers. Quelque part il aurait préféré que ces marques humides sur sa peau le laisseraient de marbre, ç’aurait été tellement plus simple, mais elles étaient chacune telles des brûlures délicieuses. Il était accro à cette femme alors même que tout autour de lui commençait à prendre l’eau. Il passa une main sous son t-shirt, qui allait tellement mieux sur le corps nu de la blonde, il avait besoin de sentir sa peau sous ses doigts. Leurs regards se croisèrent et il fuit rapidement, pour qu’elle ne puisse rien lire dans le sien. J’ai fait un cauchemar, j’avais besoin d’air. Il afficha un sourire figé, Jensen apprendrait vite à déchiffrer ces sourires chez Léo, ceux qui mentaient pour ne pas affronter la vérité. Il l’embrassa et elle put sentir le goût du whisky sur sa langue. Sa main trouva l’un de ses seins. Il s’éloigna pour tirer sur sa clope et invita Alba à en faire de même tandis qu’il termina sa troisième fiole de poison. Léo ne se rendait pas compte qu’il s’enfermait dans une spirale destructrice, la même qu’il avait cherché en arrivant en Thaïlande mais dont il était sorti grâce à Alba. Une fois l’alcool terminé, la cigarette écrasée, il retira son t-shirt à celle qui le rendait fébrile et admira ce corps, ces formes. J’ai rêvé que je n’étais jamais venu ici. J’ai besoin d’être sûr que tout ça est bien réel. Il l’attira contrer lui pour l’embrasser encore, plus fort, la sentir contre lui, à lui.

Après un an, Alba se donnait le droit de dire qu’elle connaissait Léo, au moins un peu. Elle devinait la tête qu’il aurait le matin après son premier gémissement, parfois doux et parfois grincheux. Dans ces moments là, elle savait que si elle collait son corps à lui, alors il se détendait. Elle connaissait les routines du photographe, sa façon de prendre sa douche. Il commençait toujours pas la même première partie du corps pour terminer au même endroit. Elle adorait cette ride de travail, quand concentrer sur ses photos tout son visage prenait un air plus sérieux. Elle connaissait la signification de ses sourires pouvant lire quand il voulait la toucher, l’embrasser ou tout simplement quand il la regardait à la dérobée avec un petit air satisfait. Elle reconnaissait aussi le regard amoureux quand parfois ils plongèrent leurs yeux dans celui de l’autre. Toutes ses petites observations permettaient de dire à Alba qu’elle connaissait Léo, même s’il restait un grand mystère. Ils n’échangeaient pas beaucoup sur leur sentiment, ils n'étaient pas doués pour cela. Quand Alba crevait d’envie de lui dire qu’elle aimait, elle se contentait de tout exprimer dans ses baisers. Il devait le deviner parce qu’elle souriait quand on les prenait pour un couple. Mais finalement, ils en étaient un à leur manière. Ce soir-là, elle sentit le frais sur son corps et le lit vide à ses côtés. Léo était sur le balcon et une atmosphère étrange planait au-dessus de lui. Elle venait à lui, pour le réchauffer et se réchauffer. Il sentait l’alcool et les fioles à ses pieds le prouvaient. Il avait fait un cauchemars. « Je vois … » Elle pourrait lui faire oublier, elle comptait lui faire oublier, alors elle parsemait son corps de milliers de baisers chauds. Les mains du brun caressait son corps pour le tee-shirt qui était bien en trop à ce moment-là. Le baiser échangé et un mélange de frustration et d’alcool, les mêmes qu’au début, que le tout premier … Il voulait oublier quelque chose dont Alba ignorait tout et la force qu’il utilisait pour la ramener contre lui, lui confirmait. Elle se dégageait un peu, pas totalement. « C’est tout réel ! Dis moi ce qui ne va pas. » Peut-être qu’elle allait franchir une barrière, ils s’étaient déjà disputés violemment. « Je ne jugerais pas, j’ai besoin de savoir. » Elle l’aimait Léo et elle avait besoin de savoir ce qui lui faisait tant de mal pour essayer de panser ses blessures. Et aujourd’hui, elle savait que le sexe n’était pas la solution. Enfin c’était la solution facile mais pas celle qu’il fallait. Si seulement Léo s’ouvrait, les choses entre eux pourraient être réelles.