cause i may be bad, but i'm perfectly good at it (saphyr)

Cette soirée n’avait aucun sens. Non, en fait, cette soirée n’avait aucun putain de sens. Léo avait un rencard grâce à BowenBowtie. Elle était coincée, mais elle avait quand même une libido. Elle s’était maquillée plutôt correctement, avait enfilé un soutif et un string propre (et assortis), et avait mis son jean le plus flatteur. Et un chemisier. Bon, tout ça, elle l’avait fait en s’enquillant 5 bières à cause du stress. Il fallait bien adoucir le choc de sortir de sa zone de confort. Tout ça pour que le connard ne soit pas venu. Mais quelle poisse. Léo était arrivée en avance au petit bar- restaurant, avait commandé un verre de vin, attendu, commandé un autre verre de vin, attendu, rien. Maintenant, il était minuit et le restaurant allait fermer. Et Léo était sérieusement éméchée. Du genre sérieusement. Et pour une alcoolique, ça voulait dire beaucoup. Elle tituba le long des rues de Bowen, regardant d’un air jaloux les couples, les groupes d’amis. Elle était si seule. Elle entra dans la première enseigne qu’elle vit. C’était ouvert, il y avait du monde, de la lumière. Quitte à passer la soirée seule, autant la passer à boire et à danser. Sauf que c’étaitpas une boîte comme les autres. Nudie patootie. Au point où j’en suis, fit-elle en haussant les épaules. Elle n’était pas du genre à se mettre à poil, elle était même assez pudique, mais qui n’a jamais révé de pouvoir danser en sous-vêtements ? Et elle avait beaucoup trop bu pour en avoir encore quelque chose à foutre. Alors Léo mis ses affaires au vestaire, se commanda un quelques verres, et dansa seule pendant une heure. Mais le fun arrivait à sa fin. Il était temps de partir. Je suis désolée madame, mais on ne retrouve pas vos vêtements. « Quoi ??» C’était plus un cri aigu qui sortit de sa bouche qu’une véritable phrase. « Comment ça vous avez perdu mes vêtements ? » La jeune fille responsable du vestiaire bégayait : elle n’eut pas le temps de piper mot, Léo avait déjà filé à nouveau vers le bar. Si elle voulait gérer la situation, il lui fallait encore un verre. « Une vodka red bull s’il vous plait. » fit-elle à la barman. C’était une jolie femme, élancée, avec de longues dreadlocks brunes et un corps de rêve. Elle avait un charme presque magnétique. Tout ce que Léo n’était pas. En attendant son verre, Léo se remit à parler, la langue déliée par l’alcool et la journée qu’elle venait de passer. Il fallait que tout ça passe sur quelqu’un. Sans même vérifier si la barman l’écoutait, elle se remit à parler. « Je sais pas si vous êtes la manageuse ou n’importe quoi, mais on a perdu mes putains de fringues. Ca arrive souvent par ici ? Donc maintenant je suis seule dans ce bar complètement excentrique entourée de gens à poil, et je suis complètement paumée. Et mon putain de soutif me gratte. Donc allez-y sur la vodka. » Léo soupira. La soirée allait être encore longue.

Léo était rassurée. La barman (enfin, propriétaire) semblait plutôt compatissante à la situation plutôt... insolite de Léo. Retirez-le! lui dit la jeune femme avec un grand sourire. Léo faillit d'étouffer dans son propre verre. Et ce n'était pas une exagération. La vodka brula tout son œsophage pendant qu'elle cherchait quelque chose à répondre. Elle était définitivement prise de cours.
"Euuuuh... Comment ça retirer mon soutif ? C'est obligé ?" Juste après avoir ouvert la bouche, Léo eut envie de frapper la tête contre le bar. C'était un bar nudiste. Evidemment que les gens allaient se mettre à poil. Idiote.
Malgré le fait que la proprio soit évidemment une très jolie femme, Léo n'avait pas envie de la voir dénudée. Elle ne savait pas si elle avait pouvoir la regarder dans les yeux après ça, et elle était déjà assez gênée comme ça. Léo se sentait comme une enfant pudique, et elle détestait ça.

"Comment vous faites pour regarder les clients dans les yeux ? Les distractions doivent être nombreuses par ici." Léo tenta de détourner le sujet. Finissant son verre d'une traite, elle le repoussa vers la barman.
"Peut -être qu'avec quelques un de plus je vous suivrais." fit-elle avec un sourire, en pointant du doigt le verre. Etre en sous-vêtements lui demandait déjà beaucoup, alors torse nu, ce n'était pas encore près d'arriver.

"Moi c'est Léo. C'est ma première fois ici, au cas où ça ne se voit pas. C'est un endroit.... unique on peut dire. Je suis barman aussi, mais chez moi ils sont tous habillés." fit-elle avec un sourire, en essayant d'effacer la gênance de la conversation. Mais la jeune barman ne semblait pas gênée, bien au contraire. Elle était comme un poisson dans l'eau, à virevolter entre les clients, un sourire par ici, un verre par là, comme si tout était absolument normal. Alors que rien était normal, on était dans un bar nudiste !!! Léo faisait tout ce qu'elle pouvait pour avoir l'air à l'aise, mais elle savait très bien que c'était un échec. Elle bégayait, digne de son état d'ébriété avancé, et faisait que gigoter sur son siège, mal à l'aise, en espérant que son corps entier allait disparaitre. Elle ne savait pas quoi rajouter, alors elle reprit une gorgée. Si elle pouvait se téléporter loin, très loin d'ici, elle le ferait sans hésitation. Quitte à terminer en Alaska.

La réponse de la patronne rassura Léo. En fait, elle la faisait sûrement un peu tourner en bourrique, et ça marchait. Elle enviait l’aise de la belle. Femme. Alors que Léo semblait se sentir scrutée de tous les cotés, la patronne semblait parfaitement immunisée à quelconque forme de gêne. En vérité, il en était de même pour les autres, dans un bar nudiste, personne ne s’interrogeait sur la présence de quelqu’un de … nu. Léo respira un bon coup. Elle voulait une cigarette. Paquet de cigarette dans son jean qui était… introuvable. Super.  Léo décida de rester en sous-vêtements. Il ne fallait pas pousser. En tout cas, elle appréciait les paroles de la serveuse. Travailler dans le service, ce n’était pas facile tous les jours, et Léo le savait d’expérience.
« Vous avez de la chance, la clientèle ici est un peu plus jolie à regarder que celle du Elm Street. Encore heureux que la plupart de mes clients ne se trimballent pas à poil. » fit la brune avec un sourire. Il y avait pas mal de personnes âgées dans le coin, et il y avait des choses que Léo ne préférait pas s'imaginer.
« Au moins la vie ne doit pas être monotone ici. Ca change de servir pinte sur pinte de midi à minuit.  Puis vous ne devez pas manquer de prétendants non ?»
C’était en voyant les groupes d’amis danser, les gens flirter, que Léo se rendaient compte d’à quel point elle était seule. Pendant que la barman préparait son verre suivant, Léo remarqua son hésitation. En temps normal, elle n’aurait rien dit, mais l’alcool était bel et bien connu pour délier les langues.
« Ca va aller tu sais. Je sais que j’ai pas l’air fraiche, mais j’ai de l’expérience dans le domaine. J’en suis pas à mes débuts. » fit elle en faisant glisser son doigt sur le bord du verre. C’était à la fois une vérité et un mensonge. Elle était bien plus éméchée que d’habitude. Mais elle réussissait toujours à rentrer à la maison.
" En vérité Saphyr pas souvent. Je pue déjà assez la bière en rentrant chez moi le soir.  Puis j’ai pas souvent le temps en fait." Ca c'était surtout parce qu'elle était trop ivre d'ici la fin de son service pour aller ailleurs. Mais ça, c'était un secret gardé. "J’avais un date ce soir, mais on m’a foutu un lapin. Donc me voilà. Mais j’aime l’endroit. Même si le concept est.. dépaysant. » fit-elle avec un sourire. Elle aimait la décoration est l’ambiance. Ce serait même un genre d’endroit où elle trainerait plus souvent, si elle avait une vraie vie sociale. Et un peu plus de confiance en elle. Malgré son style nonchalant et savamment débraillé, Léo était souvent comme une petite fille au fond. Aux antipodes de la magnétique barman.

La conversation semblait se dérouler de manière plutôt naturelle, au plus grand bonheur de Léo. Elle se sentait instantanément plus à l'aise en la présence de la barman, dont l'aura chaleureuse invitait au sourire et à la conversation.

"J'avoue que je ne sais pas d'où ils ont tiré ça." fit Léo avec un rire. Bowen, avec son soleil et se plages n'était pas vraiment une destination pour les amateurs d'ambiances morbides. "Quoique, avec mes cernes j'ai quoi en effrayer plus d'un."

Léo écouta avec attention les paroles de la jeune femme. "Il faut être sacrément accrochée quand même. Enfin, tu dois être plus habituée que moi." Léo se rendit compte que sa phrase ne faisait pas beaucoup de sens. "Enfin je veux dire, c'est peut-être parce que j'ai pas beaucoup d'expérience dans le domaine, mais comment tu gères l'attention des gens tout en restant concentrée sur le business ?" Léo avait une méthode simple: soit elle était concentrée soit elle ne l'était pas. Si il était vrai que certains monsieur advient attendu la fermeture pour... batifoler avec elle dans l'arrière salle, elle avait tendance à garder la tête froide pendant les heures de services où il y avait du monde. Elle avait du mal à comprendre comment on pouvait balancer séduction et travail au quotidien. Elle se sentait d'un coup si jeune, si minuscule. Malgré ses petits problèmes quotidiens et ses deals avec Edd, elle restait quelqu'un de plutôt innocente, et ne connaissait pas grand chose de la vie en général. "Enfin tu doit être habituée... vu à quoi tu ressembles." Mais ta gueule Léo. c'était le pire compliment de l'univers, et avec ça, elle s'étouffa légèrement dans sa vodka.

Léo avait baissé sa garde, et ne fut pas choquée que la barman continue à lui poser des questions. Généralement, elle se serait braquée et aurait tout nié en bloc. Mais pas ce soir.
"Je pense que je bois plus seule qu'accompagnée." fit Léo avec un petit rire, comme pour faire passer sa phrase comme quelque chose de drôle. Ce n'était pas quelque chose de drôle, ni même à prendre à la légère, mais elle n'était pas prête à le considérer comme tel. Ca faisait juste partie d'elle. "Mais l'avantage, c'est que j'ai un don pour les cocktails. J'expérimente moi même, une vraie petite chimiste."
Malgré la gentillesse de Saphyr, Léo voyait très bien qu'elle ne se livrait pas beaucoup. Mais en même temps, elle ne faisait que son travail, c'était son rôle de séduire els clients et de les mettre à l'aise. C'était le plus dur pour la jeune brune, briser cette frontière. Elle avait des connaissances, des collègues, des têtes familières. Mais au final, pas d'amis.

"Et bien tu sais quoi, je suis d'accord avec toi ! Qu'il aille se faire foutre. C'est toujours ceux dotés de couilles qui en ont le moins" finit Léo avec un clin d'œil. Malgré tout ses secrets, elle valuait l'honnêteté plus que jamais. Les gens n'avaient pas à lui raconter tout ce qui leur passait par la tête, mais prévenir était la moindre des choses. "Mais j'avoue que bizarrement, je ne regrette pas d'être ici. Même si j'aimais bien cette paire de jeans." fit elle avec un sourire. Ce qui était un mensonge, Léo n'en avait rien à foutre de ses fringues. Mais ça lui faisait plaisir de discuter avec la belle métisse. C'était un monde différent. Elle commençait à comprendre l'attrait de l'endroit. Rien ne semblait vraiment réel. Pendant un moment, on pouvait être qui on voulait, et oublier le monde extérieur. Et tout le monde avait bien besoin de ça dans sa vie.

Leo était à deux doigts de s’étouffer. Sérieusement, elle devait être rouge tomate. Elle n’était pas habituée aux compliments, encore moins aux compliments aussi … comment dire. Directs. « Euuh… Merci je crois ? Toi aussi. » C’était minable. Il était vrai que Saphyr était magnifique, d’une beauté complètement différente de celle de Leo. La beauté des femmes qui savent ce qu’elles veulent.

«  Je vois ça. » fit Leo avait un sourire. Vu la personnalité charmeuse de la barman, elle ne s’étonnait pas que l’endroit devait bien marcher. Les gens semblaient attirés par Saphyr comme des lucioles autour de la lumière. « C’est pas mon genre de juger. » fit Leo en haussant le sourcil. « Mais ça se voit que tu sais ce que tu vaux. Et les autres aussi. » fit elle en souriant. « Je vois pas pourquoi ça vaudrait la peine de t’insulter. Ils doivent juste être jaloux. » Et il y avait de quoi.

Il y avait une aura mystérieuse autour de Saphyr. Elle glissait comme si elle connaissait par cœur, mais Leo savait qu’il y avait toujours quelque chose derrière les gens aussi lumineux. « T’as raison. Je devrais breveter mes recettes en fait. » Elle n’avait absolument aucune idée si c’était possible, mais ça lui plaisir. ‘Le Buchanan’. Ça sonnait bien non ? Elle appréciait l’honnêteté de la jeune femme. Pour une fois, Leo ,’avait pas à se tordre la tête pour faire la conversation. On venait vers elle. Et peut-être que c’était par ce qu’elle était à moitié à poil, mais ça lui faisait de toute même vachement plaisir. Elle était légèrement confuse face au comportement de Saphyr. Elle ne savait pas faire la différence entre politesse et… autre chose à vrai dire. Elle n’imaginait pas comment ça pouvait être autre chose que du business. Leo avait la même confiance en elle qu’une ado de 15 ans. Elle en avait eu des relations, mais plus par convenance qu’autre chose. Personne n’était jamais tombé amoureux d’elle. Et elle n’était jamais tombée amoureuse de personne. En fait, personne ne l’avait jamais draguée. Elle n’avait eu que des coups à droite à gauche avec des gens aussi bourrés et seuls qu’elle.

La question de Saphyr la prit de cours, et Leo éclata de rire. « T’inquiète pas, je suis pas gênée. » Mensonge. Elle prit une gorgée de son verre. Elle n’était pas gênée de sa sexualité, mais elle était gênée que quelqu’un la voit comme une option potentielle, et non pas comme un meuble qui servait des verres à longueur de journée. « Pour être honnête, je me pose pas trop la question. Je prends qui voudra bien de moi. C’est déprimant non ? » fit elle avec un sourire. Elle avait surtout couché avec des mecs par facilité. Mais elle n’était pas aveugle, et savait apprécier les courbes des femmes. Au final, elle aimait juste les gens, les gens qui la fascinaient tellement, alors qu’elle avait tant de mal à communiquer avec eux.
« Je compte pas mettre le feu à l’endroit t’inquiète. Ce sera dommage de gâcher d'aussi jolis cheveux. » Oulà. C’était brave de sa part. "Je passe une plutôt bonne soirée en vrai. Ca faisait longtemps. Mais je veux pas que les autres clients soient jaloux. " Il y avaient d’autres beaux gens autour, et Leo avait du mal à comprendre pourquoi Saphyr s’était arrêtée sur elle. Allez savoir.

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