back to black (aelya)

Ils s’étaient empressés de se jeter sur les offres d’emploi, après s’être autorisés à souffler le temps d’une nuit où ils s’étaient retrouvés, se consolant comme ils savaient bien le faire pour oublier que leur projet s’était écroulé en une journée. Ils n’avaient plus le choix à présent, eux qui avaient des factures à payer, un crédit à rembourser, ne pouvant se permettre de continuer à vivre de la sorte alors que leurs ressources s’amenuisaient. Ils avaient décortiqué chacune des annonces, finissant par se résoudre à postuler dans un club de strip-tease où un poste de danseuse et un poste de barman s’étaient libérés. C’était ce qu’ils avaient redouté le plus, eux qui avaient l’impression d’avoir fait un bond dans le passé, revivant cette période qui avait été rude pour eux, pour leur couple qui s’était vu traverser une période plus que difficile. Pourtant, ils savaient pertinemment l’un comme l’autre qu’il n’était pas question de choix, parce-que la situation urgeait, eux qui se devaient de reprendre leur vie en mains pour ne pas la voir s’effondrer. Si ces nouveaux jobs n’étaient pas ceux dont ils avaient rêvé, Niels se sentait au moins reconnaissant de pouvoir travailler avec l’amour de sa vie, veillant à sa sécurité depuis le comptoir, lui qui se retenait souvent d’intervenir lorsqu’il remarquait que les clients s’attardaient trop sur elle. Il apprenait tous les jours à gérer sa jalousie, sa frustration qui grandissait à chaque fois qu’il voyait sa femme s’éclipser derrière un rideau pour offrir une danse privée à un client. Et le pire, c’était de voir sa main dénuée de son alliance, Aelya qui n’avait pas eu d’autre choix que de l’enlever à chaque prise de service, son statut ne pouvant convenir à son activité. « A tout à l’heure bébé, travaille bien. J’te surveille, comme toujours. » Murmura-t-il contre ses lèvres alors qu’ils s’apprêtaient tous les deux à quitter les vestiaires pour prendre leurs postes respectifs, Niels s’avançant contre son visage pour lui voler un énième baiser, prenant l’initiative de lui retirer lui-même son alliance qu’il glissa dans la poche de son jean. « Ça me donne au moins l’occasion de te repasser la bague au doigt à chaque fin de service. » Dit-il avec un sourire triste, embrassant une dernière fois Aelya avant de se glisser derrière le comptoir pour servir les clients.

Elle n'avait jamais eu envie de céder à cet emploi pour lequel, elle était entrain de se préparer, Aelya qui enfilait devant le miroir sa tenue de scène. Parce que ça n'avait jamais été dans ses plans d'en arriver là, de faire de nouveau subir à Niels tous les méfaits que lui avait apporté son passage entant que danseuse au club. Et pourtant, ils en étaient encore au même point, à se retrouver dans une situation par dépit, tout ça parce que leur chance avait tourné. Alors, avec le cœur lourd, elle avait accepté de replonger dans ces ténèbres, avec l'espoir qu'ils puissent rapidement se sortir de cet univers toxique pour leurs âmes et leur relation. L'avoir à ses côtés entant que barman était un plus qu'elle savourait dès qu'elle le pouvait, ses lèvres qui venaient le grignoter d'amour dans l'ombre de la ruelle qui leur donnait du répit lorsqu'ils prenaient leur pause. Elle craignait que leur jalousie ne les dévore encore, alors, à chaque fois Aelya, elle lui rappelait qu'il n'y avait que ses yeux dans lesquels elle pouvaient se perdre, qu'il était dans sa peau, dans son âme, et qu'ils restaient indissociables. Ça lui faisait mal de devoir enlever son alliance, mais elle savait qu'elle n'avait pas le choix, et que cela ne changeait rien à ses sentiments, son identité qui n'avait pas lieu d'être sans l'amour de sa vie.

- Regarde-moi danser, parce que j'le fais que pour toi... Toujours bébé, souffla-t-elle contre ses lèvres après l'avoir embrassé, son regard amoureux le détaillant, suivant le trajet de ses doigts qui retirèrent son alliance pour la faire disparaître dans sa poche. Mon amour... Dis toi que c'est juste une bague... Regarde j'ai encore mon tatouage bébé... Personne pourra me l'enlever celui-là, le rassura-t-elle, passant ses doigts sous son menton pour lui faire relever la tête, approchant ses lèvres pour l'embrasser. Je t'aime mon amour, à vie. N'en doutes jamais... Murmura-t-elle comme un secret que lui seul était apte à entendre, à comprendre. Allez viens bébé. On se retrouve à la pause, lança-t-elle tendrement, ouvrant la porte du vestiaire pour commencer son show public, s'installant sur l'estrade pour commencer à se déhancher en rythme avec la musique, son regard enjoleur trouvant celui de son amour qui se rangea derrière le bar.

Tous les soirs, Niels partait de chez eux avec cette appréhension palpable, cette boule au ventre qui ne le quittait qu’à la fin de leur service, là où il pouvait enfin souffler et retrouver l’amour de sa vie pour de vrai. Parce-qu’il se demandait toujours s’il allait savoir se tenir et rester professionnel, lui qui doutait sans cesse de ses capacités à ne pas faire tout foirer. En réalité, il était terrifié, pour elle, pour lui, pour eux, pour leur avenir qui était toujours incertain parce-que pour l’instant, leur destin dépendait de ces jobs qu’ils redoutaient l’un comme l’autre. « J’te regarde toujours bébé… Je m’en rends même plus compte tellement que c’est naturel pour moi de le faire… » Souffla-t-il, fermant les yeux pour sentir la douceur de son souffle contre ses lèvres, celui dont il était privé dés lors qu’elle montait sur la scène pour s’offrir en spectacle. Il se chargea de faire disparaître son alliance, la gardant précieusement sur lui pour avoir la chance de lui redonner quand ils rentreraient chez eux. « C’est pas juste une bague bébé… Pas pour moi. » Lâcha-t-il tristement, regardant la sienne qui était toujours collée à son doigt. « Je sais mon amour… » Murmura-t-il, laissant Aelya lui relever le visage pour atteindre ses lèvres, Niels se laissant bercer par la douceur de son geste. « Je t'aime aussi... comme un dingue. Et si ça tenait qu'à moi, j'te laisserais pas y aller bébé... » Il hocha la tête après ses mots, laissant sa main glisser une dernière fois contre son dos avant de la laisser s’échapper, rejoignant le bar de son côté, son regard immédiatement attiré par le talent fou de celle qu’il aimait, esquissant un doux sourire lorsqu’il accrocha son regard. « Putain elle est bandante elle. » Lâcha l’un des hommes qui s’étaient installés devant le comptoir pour consommer, Niels reprenant vite ses esprits, tentant de ne pas faire attention aux compliments que recevait Aelya. « J’vous sers quoi ? » Demanda-t-il, coupant court à la conversation pour ne pas avoir à exploser si les flatteries du client devenaient trop poussées. Il servit l’homme, saluant d’un geste de la tête le patron du club qui passa devant lui pour aller se ranger devant la scène et observer ses danseuses.

Elle aurait voulu être le remède à ses maux, Aelya qui avait cette impression de passer son temps à appuyer sur ses plaies plutôt qu'à les panser. Parce qu'elle n'avait pas su faire autrement que de replonger dans les travers qu'elle aurait voulu éviter, au moins pour lui, l'homme de sa vie qui prenait tous les jours sur lui pour ne pas exploser à la vue de tous ces hommes qui trainassaient autour d'elle. Elle le connaissait par cœur, jusqu'à la moindre petite ride qui creusait son visage quand il s'énervait en silence, frustré de devoir se satisfaire de cette situation insatisfaisante.

- J'adore que tu le fasses bébé... J'oublie tout autour de moi quand tu le fais en plus... Je nous imagine tous les deux, sans personne, avoua-t-elle avant de l'embrasser amoureusement, désirant laisser ses songes s'attendrir aux douces images qu'elle inscrivait dans son esprit, Aelya qui se sentait toujours nue lorsqu'elle se devait de retirer son alliance, Niels la rangeant dans sa poche. Bébé... C'est pas ce que j'voulais dire, tu le sais bien, mais on est plus que ça toi et moi. Je t'ai partout sur moi, dans la tête, et ça reste le plus importante mon cœur. C'est avec toi que j'rentre le soir, et c'est à toi que j'fais l'amour... Répondit-elle tendrement, tentant de le faire relativiser pour qu'ils puissent tranquillement travailler. Je sais mon bébé. C'est pas censé durer, admit-elle contre ses lèvres, espérant qu'elle disait vrai, qu'ils pourraient obtenir autre chose qu'un retour en arrière dans lequel ils s'engouffraient.

Elle savoura une dernière fois la présence de sa chaleur dans son dos, Aelya qui dans sa tenue très légère s'élança jusqu'à l'estrade qu'elle gravit afin de se déhancher en s'aidant de la barre. Son regard ne fixait que le sien, ne plongeant que dans l'ombre de toute cette attirance qu'elle ne vouait qu'à lui même si les autres l'admiraient à mesure qu'elle dévoilait sa peau, jusqu'à ce qu'elle ne termine pratiquement nue, croisant les yeux de son patron qui l'avait évolué pendant toute sa performance.

- Aelya, faut que j'te parle, lança-t-il, l'invitant à s'approcher de lui après avoir récupéré tous les pourboires de ses clients. Tu trouves que t'es assez à l'aise quand tu danses ? Demanda-t-il, perplexe. Oui, pourquoi y'a un problème ? Lança-t-elle, les sourcils froncés. Tu sais ici, on aime quand les filles sont un peu moins... Coincées. Si t'aimes pas te dévoiler entièrement, c'est ton choix mais alors, fais plus de danses privées. Y'a un client là-bas, qui aimerait te voir plus intimement, lâcha le patron, pointant du regard l'homme qui lui souriait à elle dans un coin de la pièce, attention qui vint directement la mettre mal à l'aise vis-à-vis de son couple, celui qui continuait de vivre entre ces murs malgré la tension qui y régnait.

S’il souffrait de cette situation, Niels savait que le choix ne leur avait pas été permis, eux qui n’avaient pas eu le luxe de refuser ces emplois qui étaient pour eux le seul moyen de ne pas finir au fond du gouffre. Ça ne leur faisait pas plaisir, mais ils ne bronchaient pas, conscients qu’il leur fallait de quoi subvenir à leurs besoins après ces semaines passées sans emplois. Ils gardaient toujours un moment pour eux, quelques minutes où ils se rappelaient qu’ils s’appartenaient pour la vie, comme pour se préparer mentalement à chacune de ces soirées où ils une pourraient pas s’aimer comme ils l’auraient voulu. « Le problème, c’est que j’suis vite déconcentré avec toi qui danses derrière bébé… J’ai toujours qu’une seule envie… c’est de quitter ce foutu bar et de venir de faire l’amour sur la scène. » Murmura-t-il amoureusement, savourant la douceur de leur baiser avant de se voir lui retirer sa bague à contre coeur. « Je sais bébé… Je sais que c’est pas la vraie vie tout ça, et que ça te fait pas plus plaisir qu’à moi… Et t’as raison bébé, on se retrouve toujours, c’est ça qui compte. » Ajouta-t-il, cherchant à s’imprégner de sa positivité, eux qui formaient toujours ce parfait équilibre. Il hocha silencieusement la tête à ses derniers mots, conscient qu’ils ne pouvaient rien promettre sur ce qui les attendait dans le futur, eux qui vivaient au jour le jour, se contentant déjà de ce qu’ils avaient. Il la regarda rejoindre la scène, ses yeux suivant amoureusement sa silhouette, regrettant de devoir partager sa beauté et ses courbes si avantageuses qui faisaient fantasmer chaque homme présent dans le club. Il était le premier à être complètement hypnotisé par elle, ses yeux ne pouvant se défaire d’elle dés lors qu’elle se mettait à se déhancher, lui qui aurait aimé être le seul à profiter de cette vue imparable sur son corps parfait. Malheureusement, il avait aussi des tâches à accomplir de son côté, notamment celles d’accueillir et de servir des boissons aux clients qui venaient se réfugier derrière le comptoir pour consommer. Il devait se canaliser lorsqu’il entendait des remarques déplacées, des compliments trop poussées à l’égard de l’amour de sa vie, eux qui devaient cacher leur relation aux yeux de tous, s’aimant dans le plus grand des secrets. Il servit l’homme, restant neutre bien qu’il bouillonnait de l’intérieur, Niels surprenant depuis le comptoir son patron qui était venu glisser quelques mots à l’oreille de sa femme, éveillant sa curiosité. Il suivit leurs regards qui se pointèrent sur un homme assis dans l’ombre, Niels sentant son coeur se débattre dans sa cage thoracique en comprenant ce dont il était question. Son regard trouva le sien, lui demandant silencieusement de venir jusqu’à lui, paniquant à l’idée de la voir s’éclipser derrière les rideaux avec cet homme. « Il t’a dit quoi bébé ? Pourquoi il est venu de parler ? » Demanda-t-il, finissant d’essuyer un verre, son regard cherchant celui de son amour.

Elle avait encore plus besoin de se retrouver avec son âme-soeur, parce que les longues heures qui défilaient au club venaient à leur rappeler à quel point ils étaient si proches et pourtant si éloignés. Elle avait le mal de son manque qui palpitait dans le creux de ses veines, l'invitant à briser ses chaines pour se blottir contre l'amour de sa vie, comme une évidence qu'elle réprimait pour le bien de leur travail.

- C'est un souhait qu'on a déjà réalisé une fois nan... ? Le chercha-t-elle, se rappelant de cette nuit où Aelya était de fermeture, en profitant pour amener son amour dans l'ombre des lumières tamisées qui s'étaient activées que pour réchauffer leur vision brûlante. Oui amour. C'est toi et moi qui compte, le reste on s'en fiche. Mais... J'te comprends mon coeur. Je sais que c'est pas simple pour toi de me regarder comme ça, au milieu des autres... Mais rappelle-toi que j'vois que toi, et que j'pense qu'à toi... Pour toujours, susurra-t-elle contre ses lèvres avec amour, son regard le détaillant avec cette tendresse qu'on ne lui connaissait qu'avec Niels.

Elle s'imprégna une dernière fois de ce moment qui leur appartenait, ses lèvres venant grignoter les siennes dans un baiser tendre, comme pour s'encourager de ce temps qui allait les séparer. Montant sur la scène, elle fit ce qu'on attendait d'elle, laissant ses courbes se déhancher sensuellement entre le vide et la barre dont elle en faisait son alliée, croisant quelques regards qui l'admiraient d'en bas quand le sien regardait plus loin, vers son mari qui s'affairait à servir un client. Elle avait toujours un oeil sur lui, parce qu'elle n'était pas capable de faire autrement, toute son attention et son coeur palpitait au seul éclat de son âme qu'elle voulait voir vibrer contre la sienne. Elle termina son show, descendant les escaliers pour récupérer avec un sourire satisfait les pourboires qu'on vint lui donner, juste avant que son patron ne vienne à sa rencontre, lui qui n'en avait pas manqué une miette de sa prestation. Elle l'écouta, comprenant dans ses mots qu'il désirait la voir se révéler dans une sensualité beaucoup plus approfondie, lançant tous les deux un regard à l'homme qui semblait l'attendre pour une danse, son coeur se tordant à cette seule pensée. Croisant les yeux de son amour, elle vint à lui, le visage crispé par les mots de leur patron.

- Il veut que je sois plus... Sexy avec les clients. Et il m'a dit que si j'me dévoilais pas plus sur scène, fallait que je fasse plus de danses privées pour me rattraper... Souffla-t-elle en soupirant. Et tu vois le mec là-bas ? Lâcha-t-elle, balançant discrètement sa tête pour qu'il puisse l'analyser au-dessus de son épaule. Il me veut pour une danse privée. Genre, maintenant, admit-elle, roulant des yeux. Bébé... Si j'refuse il va me virer... Lâcha-t-elle dans un regard plaintif.

Ils n’avaient jamais aimé qu’on leur impose des règles, surtout lorsque ça les concernait tous les deux, eux qui auraient aimé n’en faire qu’à leur tête pour s’aimer encore un peu plus fort sans se soucier du reste. Le manque leur rappelait combien ils n’étaient pas faits pour rester à distance l’un de l’autre, leurs coeurs se cherchant sans cesse, leurs corps criant au manque, à cette frustration à laquelle ils n’avaient pas d’autres choix que de s’habituer. « Oui… Faudrait que tu me fasses une piqûre de rappel parce-que je commence à oublier bébé… » Murmura-t-il, se trouvant des excuses pour l’attirer contre lui dés qu’il le pouvait, lui qui se rappelait parfaitement bien de cette soirée qu’ils avaient passé ensemble, à l’abri de tous les regards, sous les lumières tamisées du club. « C’est pas simple non… Mais j’dois l’accepter bébé, on n’a pas le choix. J’essaye de m’en rappeler, ça m’oblige à me canaliser. » Répondit-il, ses lèvres caressant doucement les siennes alors qu’ils partagèrent un énième baiser, eux qui trouvaient toujours le moyen d’éterniser ces moments avant leur séparation, Niels ayant toujours un mal fou à défaire son étreinte pour la laisser s’échapper sur la scène où l’attendaient ses clients. Comme à son habitude, il l’avait contemplé, ses yeux valsant sur ses courbes qu’il adorait toucher, lui qui pouvait imaginer la chaleur et la douceur de sa peau rien qu’en posant son regard sur elle. Il savait pourtant qu’il n’était pas le seul à profiter de la vue, même s’il tentait de faire abstraction de cette partie-là, se répétant en boucle les mots rassurants de son amour qui ne faisait ça que pour le spectacle. Il s’était occupé d’un client, remarquant que le patron s’était rendu jusqu’à la scène pour observer les danseuses et glisser un mot à l’oreille de son amour à la fin de sa prestation. Il avait immédiatement compris que quelque chose se tramait, lui qui avait pu voir le visage d’Aelya se crisper, connaissant chacune de ses expressions par coeur. Son regard l’avait appelé, ayant besoin de savoir pourquoi elle semblait si inquiète, Niels attendant ses explications, tombant des nues en apprenant que leur patron lui avait demandé d’être plus avenante. Il la laissa finir, jetant un coup d’oeil rapide à l’homme derrière elle, sa frustration devenant de moins en moins gérable alors qu’elle lui faisait comprendre qu’elle allait devoir danser pour lui. « Mais il se mêle de quoi ce connard ?! T’as ramassé des pourboires, t’as attiré les clients, il veut quoi de plus en fait ?! » Lâcha-t-il, peinant à retenir sa rage, Niels qui ne remarqua même pas que son ton s’était envolé dans les décibels. « Niels, y’a un problème là ? T’as pas l’impression qu’on entend que toi ? » S’exclama le patron en se précipitant vers le bar lorsqu’il entendit sa révolte. « Et toi, t’as pas l’impression de faire chier ton monde ? C’est quoi tes règles débiles ? T’attends quoi là ?! Elle fait son job, elle a pas à faire plus. » S’énerva-t-il, lui lançant un regard noir de haine, conscient qu’Aelya interviendrait pour tenter de le calmer.

Le manque écorchait sa peau comme le ferait de l'acide balancer sur les pans de son coeur, arythmique en son absence. Elle pouvait le regarder, admirer les contours de son beau visage qui s'éclairait sous les lumières du bar, sans jamais pouvoir laisser ses lèvres de délecter de cette magnifique image qu'elle n'avait pas le droit de goûter. La frustration électrisait son âme jusqu'à sa pause qu'elle arrangeait toujours en fonction de la sienne, parce qu'il n'y avait aucun intérêt à rompre son travail si ce n'était pas pour retrouver l'amour de sa vie.

- J't'en fais une belle ce soir, mon bébé. J'espère que t'es disponible après ton service... Parce que j'suis de fermeture... Le chercha-t-elle, son regard enjôleur sombrant dans le sien, lui permettant de gagner quelques minutes dans cette bulle intime qu'ils embrasaient amoureusement. J'fais toujours en sorte de bien te faire relâcher la pression quand on rentre de toute façon bébé. Et si t'as besoin de parler, tu sais que j'suis là pour t'écouter amour, lui rappela-t-elle tendrement, ses lèvres venant disséminer de l'affection en masse sur les siennes.

Elle détestait ces moments où les minutes informaient leur séparation qui se voulait toujours trop proche, Aelya qui sentait constamment ce vent froid s'infiltrer par ses pores délaissés de son contact. Elle s'efforçait de faire ce qu'on lui demandait, ce pour quoi elle était payée alors que son corps se laissait aller en rythme avec la musique, les lumières dévoilant en même temps que ses gestes sa peau que seul son amour avait le droit de toucher, son regard qui l'admirait lui, parce qu'il n'y avait aucune autre personne qu'elle avait envie de regarder, Aelya qui perdait constamment la raison pour son âme-soeur. Quittant la scène, elle se retrouva confrontée à son patron qui l'informa de ses directives, l'invitant à les suivre si elle avait envie de garder son poste, comprenant que son client l'attendait dans un coin de la pièce, l'incitant à faire ses preuves pour son travail.

- Je sais bébé... Mais c'est vrai que j'essaye d'en faire le moins possible pour toi, et il l'a remarqué... Soupira-t-elle lorsqu'elle retrouva son amour, le bar les séparant physiquement alors qu'elle se tendait sur la table pour lui parler, leur patron remarquant le ton colérique de Niels. Bébé, calme toi... On trouvera une solution... Souffla-t-elle en lui lançant un regard insistant, lui faisant comprendre que c'était ni le moment ni l'endroit pour se laisser aller au scandale. Vous commencez à me taper sur les nerfs vous deux là, personne vous a demandé d'accepter mes règles si elles vous convenaient pas. Vous avez signé pour ça, alors si vous êtes pas contents, la porte est là-bas ! Lâcha le patron en pointant la sortie. J'vais lui parler, lança Aelya, invitant Niels à la suivre dehors, là où ils avaient l'habitude de prendre leur pause, nerveuse à l'idée qu'ils n'en viennent à perdre leur job. Bébé, on a pas le choix de se la fermer pour une fois. Si on perd ce job, ça veut dire retour à la case départ. On peut pas se le permettre indéfiniment et tu l'sais amour, dit-elle, venant près de lui pour prendre sa main. J'fais cette putain de danse, et on en parle plus. Il me touchera pas bébé. J'ferai au plus vite, j'te le promets, assura-t-elle, sachant que le problème de fond ne serait dans tous les cas pas réglé.

Ils ressentaient de plein fouet la frustration de devoir se contrôler, eux qui n’avaient pas d’autre choix que de se soumettre à cette distance qu’ils prenaient lorsqu’ils travaillaient, Aelya qui n’avait pas le droit de montrer son appartenance à un autre lorsque son rôle était d’attiser tous les fantasmes. Pour une fois, ils devaient s’armer de patience, eux qui ne se retrouvaient que lorsque l’horloge affichait l’heure de leur pause qu’ils prenaient toujours ensemble, en profitant pour s’embrasser, pour se réfugier l’un contre l’autre et faire taire les flammes du manque qui ravageaient leurs corps. « J’suis toujours disponible après mon service tu sais… J’attends une femme magnifique, ma femme à moi… » Murmura-t-il avec un sourire joueur, frissonnant déjà aux images qu’il avait en tête alors que le regard d’Aelya lui donnait simplement envie de lui sauter dessus. « T’es parfaite mon amour. Merci d’être là… » Ajouta-t-il, fermant une nouvelle fois les yeux pour presser ses lèvres contre les siennes avant qu’ils ne se quittent pour le début de leur service, chacun de leurs côtés bien que la distance ne les empêchait pas de se regarder, Niels qui avait toujours besoin d’un contact visuel avec Aelya. Il contemplait la danse de son amour, la seule qui l’intéressait parce-que quand elle était sur scène, sa présence effaçait celles de toutes les danseuses, elle qui parvenait à attirer toute l’attention sur elle, sur ses courbes gracieuses et parfaitement dessinées. Il était vite redescendu de son petit nuage en comprenant que quelque chose se tramait entre Aelya et leur patron, lui qui était venu lui toucher quelques mots après sa prestation. « Et alors ? T’as quand même fait ton boulot, non ? Les clients sont contents, j’sais pas ce qu’il attend de plus là. » Lâcha-t-il, énervé par les remarques de leur boss qui s’était permis de critiquer l’amour de sa vie, Niels n’ayant aucun scrupule à faire éclater sa rage lorsque le patron se présenta à eux. « Quelle solution bébé ? Dis-moi, c’est quoi la suite ?! On commence comme ça et on finit où exactement ?! » S’emporta-t-il, détestant savoir qu’Aelya devait toujours donner un peu plus d’elle-même pour satisfaire les autres. Il entendit les mots de leur patron qui s’emporta à son tour, agacé par leurs comportements, Niels lui lâchant un regard noir de haine avant que sa femme ne l’entraîne  en dehors du club pour chercher à le calmer. « Donc on va le laisser nous parler comme des chiens encore longtemps ?! Il te demande ça ce soir, tu sais très bien que ça empirera au fil du temps… » Dit-il, regardant la main d’Aelya venir chercher la sienne. « Il te touche, j’le bute. C’est aussi simple que ça. » Lâcha-t-il, la mâchoire serrée, n’ayant pas d’autre choix que de laisser s’échapper l’amour de sa vie, son regard témoignant de toute sa colère et sa peine qui reflétaient ce qu’il ressentait. « Fais vite. S’il-te-plaît. » Il retira sa main de la sienne, déposant un baiser sur ses lèvres avant de retourner à l’intérieur du club avec Aelya, la regardant aborder le client d’un coin de l’oeil avant de l’emmener dans un coin isolé. « Fais pas la gueule Niels, faudra t’y habituer de toute façon. » Lâcha le patron, avec un sourire satisfait.

Elle aurait voulu s'imaginer entre les murs de leur investissement plutôt qu'ici, ce lieu qui défiait leur patience et leur instinct explosif. Parce qu'on en venait toujours à les tester, à les pousser dans leur retranchement pour leur faire comprendre qu'ils n'auraient pas toujours ce qu'ils voulaient. Et pourtant, Aelya aurait tout donné pour voir ses yeux briller, découvrir l'éclat de leur ambition prendre forme loin du fléau leur passif qui les rattrapait constamment.

- Et ta femme t'attendra toute ta vie pour te faire rêver... Renchérit-elle amoureusement, s'imaginant déjà dans ses bras après que leur service ne sonne sa fin libératrice qui visait à les réunir pour qu'ils puissent s'aimer sans limite, sans liens accrochés à leurs coeurs qui avaient besoin de se retrouver. Merci d'être toi. T'es tout ce que j'ai toujours rêvé d'avoir à mes côtés mon bébé, avoua-t-elle tendrement, ses lèvres le retrouvant dans un baiser qui traduisait toute l'affection qu'elle retenait dans ses veines.

Elle s'affaira à danser, permettant aux pourboires de pleuvoir sur son âme en faillite lorsqu'elle percevait son amour au loin, trop loin pour sa peau qui manquait de son contact. Elle aurait voulu se voir dans le cadre de la salle qu'il lui avait crée pour qu'elle puisse danser seulement pour ses beaux yeux, dans leur cocon qui ne regardait qu'eux. Ca lui faisait du mal de le voir comme ça, entrain de réprimer tout ce qu'il désirait faire exploser alors qu'il aurait sans doute voulu davantage s'acharner contre leur patron qui demandait à Aelya l'impossible pour Niels.

- Surement encore plus de satisfaction de la part des clients... Il en a jamais assez, soupira-t-elle, comprenant que c'était compliqué pour elle de refuser alors que cela faisait partie de ses fonctions, que de se dévoiler en privé à qui le demandait. Tu vas finir dehors toi si tu continues, ça c'est certain ! Lâcha le patron en entendant les remarques de Niels, coupant la parole à Aelya qui ne savait plus où se mettre, invitant son mari à la suivre à l'extérieur. Dans tous les cas on est coincés, on peut pas se permettre de faire les fines bouches là bébé. Si t'as une autre solution, je t'en prie propose-là, lança-t-elle, soupirant à cette frustration qui était palpable entre eux, autour d'eux, Aelya n'ayant pas de recours sous la main qui leur éviterait de perdre leur travail. Bébé... S'il me touche, c'est pas nous qui serons en tort au moins, ajouta-t-elle, cherchant à se rassurer sur l'impact des efforts qu'elle fournirait et ses limites, sa main venant doucement caresser la sienne. Promis, répondit-elle, tendant la nuque pour lui offrir un baiser avant de lâcher sa main pour retourner à l'intérieur, stressée à l'idée que tout ne vienne pas se passer comme prévu.

Elle sourit de manière forcée à son client, l'invitant à la suivre derrière les box intimistes, sentant le regard de son amour dans son dos jusqu'au moment où elle tira le rideau. C'était à ce moment là qu'elle comprit que ce ne serait jamais dans ce genre de situation qu'elle s'épanouirait, qu'elle serait heureuse, elle qui pourtant savait que la fin justifiait les moyens. Elle laissa le show se mettre en place, laissant son coeur auprès de son âme-soeur alors qu'elle se dévoila peu à peu, surement trop au goût de Niels. Elle se répétait qu'elle n'avait pas le choix à mesure que ses vêtements tombaient, jusqu'à ce l'homme ne vienne sans prévenir, poser sa main sur sa poitrine, ce qui la fit sursauter de dégoût l'espace de quelques secondes.

- J'te paye alors... J'fais bien ce que j'veux.

Et tristement, elle se rendit compte qu'elle n'avait toujours aucune solution sous la main, si ce n'était de partir, et de revenir encore une fois à la case départ.

Encore une fois, le destin s’était acharné sur eux, réduisant à néant tout ce qu’ils avaient imaginé pour leur futur professionnel, se liguant contre eux pour les faire de nouveau faiblir. Il avait surtout peur que leur relation ne finisse par s’essouffler à force d’être sans cesse sollicitée, bien qu’il était convaincu qu’ils étaient faits pour finir leur vie ensemble, main dans la main, eux qui s’étaient promis d’affronter le monde tous les deux. « J’en doute pas… Je la connais bien, tu sais. Elle me fait rêver tous les jours depuis trois ans. » Murmura-t-il en soutenant son regard, lui qui aurait aimé céder à ses envies de l’attirer contre lui et de ne plus jamais la lâcher, son coeur lui criant de le faire lorsque sa raison le rappelait à l’ordre. « Je t’aime, l’oublie jamais… » Souffla-t-il, partageant un dernier baiser avec son amour avant de rentrer dans le rôle qu’il aimait le moins au monde, déchiré à l’idée de savoir que ce soir, il la partagerait une nouvelle fois. Il tentait de se dire qu’il finirait par s’y habituer, et pourtant, cette pensée le rendait encore plus triste, lui qui se demandait comment ils avaient pu retourner aussi brusquement à la case départ. Il avait du mal à se contenir lorsqu’il s’agissait d’elle, d’eux, le patron mettant à mal sa jalousie déjà bien explosive. « Mais qu’il aille se faire foutre ! » Lâcha-t-il, hors de lui, rappelé à l’ordre par le patron qui menaça son emploi, conscient que c’était encore le seul moyen pour le faire un minimum réfléchir. « J’en ai pas bébé… J’peux rien faire contre ce connard et son club à la con. » Pesta-t-il, rageant à l’idée de devoir baisser les armes pour leur propre bien, Niels tentant de revenir à la raison en se concentrant sur l’amour de sa vie, sa main réfugiée dans la sienne. « J’aime pas te savoir avec un autre… » Murmura-t-il, son regard cherchant le sien, acquiesçant à sa promesse qui visait à le rejoindre le plus rapidement possible après sa danse privée, Niels lui offrant un baiser rapide avant de retourner à son poste qu’il avait déserté le temps de quelques minutes. Il n’avait pas pu s’empêcher de suivre Aelya du regard, le sien encore noir de haine alors qu’il aurait aimé crever les yeux de cet homme qui allait profiter de son amour pendant de longues minutes, à l’abri des regards. La mâchoire serrée, il avait cherché à ne pas relever la première remarque du patron qui avait décidé de le chercher de nouveau, l’homme se penchant sur le comptoir pour lui adresser de nouveau la parole. « Vu comme il la matait tout à l’heure, à mon avis c’est du pur régal pour lui là… » Le provoqua-t-il, une nouvelle fois, Niels faisant exploser un verre sur le sol, finissant par déverser sa haine en lançant son poing dans le visage de son patron qui tomba immédiatement à terre. « Va te faire foutre sale connard. » Il se dirigea sans plus tarder vers la pièce dans laquelle s’était isolée son amour avec son client. « Bébé, viens on se barre… » Lâcha-t-il, ouvrant le rideau précipitamment, son regard s’arrêtant net en voyant la main de l’homme posée sur la poitrine d’Aelya, elle qui avait l’air de continuer de danser malgré ce geste interdit. « A quoi tu joues putain ? » Souffla-t-il, en croyant à peine ses yeux, lui qui avait pu entendre son coeur se fracasser au sol, comme le verre qu’il venait de briser en mille morceaux. Il sentit une vague de haine et de tristesse l’envahir, son poing déjà sollicité venant de nouveau faire parler de lui en s’écrasant contre le visage du client, Niels sentant sa main le lancer de douleur. « J’me barre. Rentre avec lui, tu pourras le soigner pendant qu'il te pelote. Bonne soirée. » Lâcha-t-il, dans un élan de colère noire, refermant le rideau derrière eux avant de se diriger vers la sortie, puisant dans sa haine pour ne pas s’écrouler.

Elle était capable de tout accepter si c'était pour leur permettre de continuer encore leur chemin ensemble. Et retravailler au club en faisait partie. Parce qu'ils avaient tous les deux essayé de l'éviter, trouvant leur espoir dans un projet déchu qui s'était éclaté dans le creux de son coeur, écorchant son souffle à chacune de ses respirations.

- Tu sais que tu lui fais perdre la tête, quand tu la regardes comme ça ? Lança-t-elle, un tendre sourire s'animant sur ses lèvres alors qu'elle aurait tout donné pour s'abandonner à lui là, comme ça, comme si le monde et ses règles n'existaient pas. Je t'aime pour toujours. C'est toi et moi bébé, ajouta-t-elle amoureusement, détaillant ses lèvres d'affection avant de sortir des vestiaires, rejoignant la scène pour réveiller le désir dans le regard des hommes qui vinrent lui offrir quelques billets, se retrouvant juste après prise dans un dilemme avec son patron qui l'incitait à aller un peu plus, au-delà de ses limites. Bébé ! Le reprit-elle à ses mots, craignant que leur patron ne perde finalement patience et les vire tous les deux, parce que si elle comprenait le point de vue de son mari, l'erreur ne leur était plus permise vu leur insécurité financière. Je sais mon coeur. Tu sais que si ça tenait qu'à moi, qu'à nous, je nous amènerais loin d'ici. On récupère le plus d'argent possible et on se barre d'ici quelques semaines, d'accord ? Proposa-t-elle, ayant en tête de tirer le plus de profit via les pourboires pour leur faire gagner de l'avance sur leurs factures, Aelya qui n'avait pas envie de les voir craquer sous la pression qui commençait réellement à se faire sentir dans l'électricité de leur regard. J'suis pas avec lui bébé. J'suis avec toi. C'est un travail. Toi, t'es l'amour de ma vie. Lui, c'est juste un porte monnaie. Je le fais pour nous, admit-elle, tentant de lui faire comprendre que jamais rien n'enlèverait ce qu'ils avaient à deux, Aelya venant l'embrasser vivement une dernière fois, lachant doucement sa main alors qu'ils revinrent à l'intérieur, son regard croisant celui de son client.

Elle détestait faire ça. C'était comme si quelque part, malgré elle, elle trahissait l'homme de sa vie, ses principes, ses envies. Parce que si elle s'était vraiment écoutée, elle n'aurait jamais été là à danser devant les yeux de cet inconnu qui en demandait toujours plus, l'incitant davantage à penser à Niels, comme s'il était lui-même devant elle à profiter du spectacle. Elle se dévoilait, faisant tomber ses vêtements avec beaucoup moins d'entrain qu'elle ne l'aurait fait avec son partenaire de vie, son regard terne étant incapable de s'illuminer. Il était même venue s'assombrir lorsque l'homme posa une main sur elle, et, avant qu'elle ne réagisse, c'était la voix de son mari qu'elle entendit dans son dos, lui qui s'imposa au moment même où l'homme avait dérapé.

- Mais je joue à rien, j'allais le rejeter ! Se défendit-elle en poussant l'homme sur le coup avant que Niels ne vienne le frapper au visage, son coeur loupant un battement devant la violence de ses émotions qui s'entre choquaient. Bébé, non, attends... Lâcha-t-elle, paniquée, récupérant vivement sa robe pour l'enfiler en même temps qu'elle marchait d'un pas pressé, cherchant à récupérer l'amour de sa vie, son regard remarquant rapidement que son patron avait lui aussi subi l'assaut de son mari. Bébé, arrête toi ! Lança-t-elle en traversant la porte, tendant sa main pour attraper la sienne afin de le voir se retourner. T'es pas sérieux quand même ? Tu penses vraiment que j'te ferais ça à toi ? Me faire peloter par un mec que j'connais pas alors que mon mari est à côté ? Mon mari à qui j'pourrais donner ma vie sans broncher ? Avança-t-elle, son regard nerveux confrontant sa colère. Dis-moi qu'au bout de trois ans t'es pas capable de penser ça. Parce que si c'est le cas, qu'est-ce qu'on fait ensemble ? Demanda-t-elle, son coeur martelant sa peine, son amour, sa peur de le perdre qu'elle avait l'impression de toucher du doigt à mesure que les secondes s'écoulaient.

Il aurait tout fait pour éviter de nouveau ce scénario, lui qui savait combien il était dangereux et nocif pour eux de s’aventurer une nouvelle fois sur ce terrain plus que glissant. Il avait l’impression que la vie avait pris un malin plaisir à piétiner leurs rêves, leur laissant la possibilité de s’imaginer à quoi ressemblerait leur vie s’ils devenaient propriétaires d’une boutique avant de les ramener violemment à la réalité. « La regarder comment ? Comme si j’avais envie de lui arracher sa robe pour lui faire l’amour tout de suite ? » Souffla-t-il, la provoquant comme à son habitude, eux qui se connaissaient parfaitement, reconnaissant aisément cette tension qui flottait entre leurs deux corps. Il tendit la nuque pour l’embrasser, se donnant le courage pour affronter la soirée qui s’annonçait, Niels qui savait que rien n’était jamais gagné lorsqu’ils prenaient leur service. Et la situation vint rapidement le lui confirmer lorsque leur patron se permit quelques réflexions concernant le travail de son amour. Il avait du mal à gérer toutes les émotions qui le prenaient de court, Niels laissent exploser sa frustration, acceptant de suivre Aelya à l’extérieur. « Oui bébé… J’en peux déjà plus d’être ici. » Avoua-t-il, lui qui comprenait qu’il était incapable de gérer le stress que leur apportait leurs travails au club, Niels qui n’était jamais serein lorsqu’il entrait dans les lieux. « Reviens-moi vite bébé… Qu’on puisse de nouveau être ensemble. » Souffla-t-il, le regard peiné par la situation, Niels se laissant embrasser par sa femme, regrettant de ne pas pouvoir prolonger ce moment, eux qui avaient encore quelques heures de travail devant eux. Le coeur serré, il rejoignit le comptoir pour continuer la soirée, tentant de se répéter qu’Aelya reviendrait bientôt, que cette danse intime qu’elle offrait à son client ne s’éterniserait pas et qu’ils pourraient rentrer chez eux sans ombre au tableau. C’était sans compter sur leur boss qui s’amusa avec ses nerfs, n’ayant sans doute pas idée d’à quel point Niels était une bombe à retardement, surtout lorsqu’on touchait à son couple. Ni une ni deux, sa raison passée sous silence, il balança son poing dans le nez de l’homme qui se retrouva au sol, n’ayant plus aucun scrupule à l’insulter, Niels ne souhaitant que retrouver l’amour de sa vie et partir avec elle loin de cet univers trop sombre. C’était ce qu’il avait imaginé, lui qui était décidé à arracher sa femme des mains de cet homme qui la regardait comme un morceau de chair fraîche, Niels faisant valser le rideau pour y découvrir Aelya, à moitié nue devant son client qui avait sa paume posée sur ses courbes. « T’allais ?! T’es sûre de ça ? » Lâcha-t-il, emporté par la haine qui fusait dans ses veines, Niels prenant les choses en mains, punissant l’homme d’avoir voulu profiter de son amour. Et pourtant, il n’était plus sûr de rien, ce qu’il venait de voir embrouillant son esprit, lui en venait presque à penser qu’Aelya s’était laissée toucher. Le coeur en vrac, l’âme en peine, il s’était retourné, laissant tout derrière lui pour se diriger vers l’extérieur, ses poumons manquant cruellement d’air. Il avait senti la présence d’Aelya derrière lui, arrêté dans son élan par sa main qui était venue attraper la sienne. « Arrête, j’veux rien savoir, t’as pas à te justifier de quoique ce soit ! » Lâcha-t-il, complètement aveuglé par sa rage, son regard noir de haine traduisant tout ce qu’il ressentait. « J’dois penser quoi alors ?! T’étais pas en train de danser sur lui, à moitié à poil, alors qu’il te touchait peut-être ? J’ai halluciné, c’est ça que tu me dis ?! » Dit-il, perdant patience, les mots d’Aelya venant transpercer son coeur un peu plus. « Qu’est-ce qu’on fait ensemble ? C’est à toi de me le dire. Je t'ai toujours fait confiance Aelya. Tu m'avais promis que personne te toucherait et il suffit que je débarque pour que je découvre que tu te laisses toucher comme ça ? J’suis pas capable de supporter ça. J’ai jamais pu le faire. J’sais même pas pourquoi on y a cru. » Lâcha-t-il, sa main quittant la sienne, Niels qui sentit ses yeux s’embuer de larmes acides, sortant les clés de la voiture de sa poche pour les déposer dans la main d’Aelya. « J’ai besoin d’air. » Souffla-t-il, laissant entendre qu’il ne rentrerait pas avec elle.

C'était comme si chaque parcelle d'espoir s'amenuisait, parce qu'à chaque fois qu'ils essayaient de toucher les étoiles, ils s'écrasaient tous les deux au sol, rompant un peu plus le rivage de leurs ambitions pour danser au bord du vide. Elle aurait aimé avoir un autre recours, une autre chance, mais il semblait que le temps et l'argent leur manquait, du moins assez pour les pousser à choisir la première solution qui leur tendait les bras, celle qui malheureusement ne leur convenait pas.

- N'arrête jamais de la dévorer du regard comme ça... Enfin, si t'as envie qu'elle se venge après en te dévorant vraiment, continue comme ça... Le tenta-t-elle amoureusement, son regard flambant de désir pour tout son être, elle qui adorait laisser leurs âmes s'envelopper de toute cette tension dont eux seuls avaient le secret.

Le coeur au bord des lèvres, elle lui accorda un dernier baiser chargé de tout l'amour qu'elle ne réprimait jamais lorsqu'ils étaient dans leur intimité, Aelya qui s'arrangeait toujours pour créer un havre de paix à leur amour quand celui-ci était confronté aux flammes toxiques de ce lieu qui menaçait à chaque minute de les faire exploser. Dépassée par les demandes de son patron, elle tenta de raisonner Niels qui semblaient s'épuiser dans la colère, elle qui le connaissait assez pour savoir qu'il était proche de son point de rupture, celui qui viendrait à mettre un terme à leur patience qui n'était que superficielle. Elle le comprenait, en un seul regard elle était apte à ressentir le moindre soubresaut de son coeur en perdition à la seule idée que cet inconnu ne puisse la toucher. Et malheureusement, ses craintes furent fondées, Aelya pris dans l'élan de la danse, pris dans la surprise, n'avait pas su réagir aussi tôt qu'elle l'aurait désiré pour repousser la main de ce client beaucoup trop tactile à son goût. Et si cette danse privée la dégoutait de base, la réaction de Niels vint davantage appuyer sur ses plaies à vif, lui qui assena un coup à l'homme qui tomba à la renverse, le nez probablement fracturé. Mais Aelya, tout ce qui l'importait à ce moment, c'était les pensées de son mari à son égard. Le monde pouvait bien s'écrouler autour d'elle qu'elle ne s'attarderait toujours que sur lui, lui qu'elle chercha à rattraper alors qu'il quitta le lieu sans préavis sous le coup de la rage. Elle attrapa sa main, cherchant son regard, désirant lui montrer sa sincérité qui pourtant restait sans faille, dans l'espoir de récupérer ne serait-ce qu'une très faible lueur de vie qui dansait dans ses yeux, assombrit par la rage.

- T'es arrivé à la seconde où il a posé la main sur moi ! C'est pas correct ce qu'il a fait, on est d'accord, mais ne pense pas une seule minute que je l'aurais juste laissé continuer. Pour qui tu me prends ?! Se défendit-elle, blessée par ses sous-entendus qui martyrisaient son coeur. "Que je me laisse toucher comme ça" ? On a l'impression que c'est tous les jours comme ça et qu'en plus, j'prends du plaisir en t'écoutant. Sympa. Alors du coup, toi si un jour une nana te saute dessus en t'embrassant sans prévenir, c'est un motif du rupture si j'comprends bien, tu m'auras trompé sans le savoir, d'accord, j'prends note, lâcha-t-elle sarcastiquement, dégoutée par sa réaction qui ne laissait place à aucune explication de sa part, ses yeux se voilant de déception au moment même où il détacha sa main de la sienne, faisant tomber dans le creux de sa paume les clefs de sa voiture. Fais ce que tu veux. De toute façon, à priori, tu t'es déjà fait une opinion de moi en une fraction de seconde, ce qui est venu déterminé trois ans de relation. J'ai rien à ajouter, répondit-elle froidement, lui tournant le dos avant de rentrer à l'intérieur du club, son égo prenant le dessus face à son comportement fermé, Aelya traversant la pièce avant de se retrouver dans les vestiaires, laissant les larmes couler.

Evidemment qu’ils n’avaient pas eu d’autres choix que de revenir à la case départ, eux qui avaient vu leurs espoirs s’envoler en l’espace de quelques secondes. Il n’y avait rien eu à faire, et ils savaient pertinemment que ça n’était en aucun cas de leur faute, parce-qu’on les avait lâchement privé de ces rêves qu’ils s’étaient imaginés ensemble. « T’imagines même pas comment j’en ai envie… » Souffla-t-il, éternellement tenté par elle, par son regard qui l’attirait sans cesse, lui qui regrettait que ça ne soit déjà l’heure de leur service, profitant d’un doux baiser avec l’amour de sa vie avant de s’élancer hors des vestiaires. Il aurait imaginé qu’il parviendrait à se tenir à carreaux, que cette soirée ne serait pas sujette aux débordements parce-qu’il avait simplement envie que ça se finisse, lui qui faisait son travail simplement pour avoir de quoi payer les factures. Les nuages étaient venus surplomber leur ciel, assombri par son patron qui la poussait à revoir ses limites, chose que Niels ne pouvait pas accepter. Il s’était emporté, incapable d’être calme quand l’amour de sa vie était en jeu, lui qui avait écouté sa femme le ramener à la raison, entendant son désir d’aller le plus rapidement possible danser pour son client pour pouvoir ensuite le retrouver lui. C’était tout ce qu’il désirait également, que leurs heures de travail ne deviennent des secondes, simplement pour la retrouver le plus vite possible et se réfugier dans son étreinte rassurante. C’était ce à quoi il avait pensé en retournant derrière le comptoir, sa sérénité rapidement mise à mal par le boss qu’il envoya contre le sol, ne ménageant pas son poing qui se vengea ensuite contre le client d’Aelya, les surprenant dans une intimité beaucoup trop intense à son goût, Niels qui avait vu noir en repérant la main de l’homme sur les courbes de sa femme. Parce-qu’il avait l’impression de la partager, cette idée devenant trop réelle alors qu’il imaginait qu’Aelya s’était laissée faire, sûrement dans le but de ne pas s’attirer de nouvelles foudres. Niels, il n’entendait que le bourdonnement de sa haine qui jaillissait, l’incitant à prendre la fuite pour ne pas s’écrouler devant celle qu’il aimait plus que tout. Parce-qu’il était blessé, fou de jalousie, sa raison l’ayant définitivement quitté alors qu’Aelya était venue le rattraper, tentant de réparer ce qui s’était brisé. « J’ai jamais douté de toi, jamais ! Mais je sais pas jusqu’où t’es prête à aller pour nous éviter des ennuis, c’est ça qui me fait flipper. » Lâcha-t-il, les sourcils froncés, lui faisant comprendre que rien ne pouvait justifier ce genre d’agissements, même pas le risque de perdre définitivement leurs jobs. « C’est déjà arrivé pourtant, avec ta folle de collègue. Et t’as pété un câble, comme moi j’en pète un maintenant. Et c’est normal, putain. Il t’a touché ! » S’exclama-t-il, ayant en tête l’horreur de cette vision qui ne daignait pas quitter son esprit déjà rongé par la haine. Ne se sentant pas capable de poursuivre cette conversation qui l’achevait encore plus qu’il ne l’était déjà, il lâcha la main d’Aelya, faisant tomber ses clés de voiture pour qu’elle puisse rentrer. « Tout ce que je sais, c’est que tu m’as surestimé. Tout ça et tout ce que ça implique, j’en suis pas capable. C’est trop pour moi. » Lâcha-t-il, la regardant se retourner pour rejoindre le club, cette vision lui donnant l’impression que leurs chemins se séparaient encore de la même façon, lui qui était bien trop lâche pour supporter tout ça. Il se retourna à son tour, essuyant une larme qui s’était échappée sur sa joue, décidant de marcher encore et encore, sans même savoir où aller, parce-qu’il venait de réduire à néant sa seule raison de vivre, désormais plongé dans le noir le plus complet.