La Diva elle va se calmer là [ft. Swann]

Un lieu de rendez-vous un peu particulier, je le conçois. Disons que je voulais un endroit tranquille, un endroit où je pouvais mettre mes acteurs à l'action dans une atmosphère particulière et surtout, ben j'ai dépensé toutes mes économies dans mes caméras et les spots pour daigner prendre une salle convenable. Mais j'avais trois pneus empilés les uns sur les autres en guise de chaise. L'homme arrive enfin, je regarde mon portable. Il est légèrement en retard. "Ok, ne perdons pas de temps." lui dis-je avant de prendre une grande respiration et de tout relâcher, redressant mon minois sur sa trogne. "Bonjour." Un large sourire en guise d'appui. "Je te laisse te présenter, ton nom, ton prénom, ton âge, ton métier, pour quel rôle es-tu venu auditionner? Et pourquoi ce rôle-là en particulier. Je te tutoie par automatisme, je suis navrée, tu veux que je te vouvoie plutôt?" lui demandais-je. Il m'avait contacté, je lui avais envoyé les quelques pages du script pour qu'il est le temps de se familiariser.

Ces Australiens avaient une signification de rendez-vous, même professionnelle un peu particulier. Les rendez-vous amoureux, ils les donnaient au fond d’une ruelle entre deux bennes à ordures. Mais ça ne manquait pas d’originalité. Et il aimait bien l’ambiance, ces vieilles voitures rouillées. Il aimait beaucoup le décor qui lui donnait certaines idées pour le thème au circus. Si bien sûr, d’ici là, il n’attrape pas le tétanos… La silhouette, d’une jeune femme, se dessinait, il ne manquait plus que les brouillards et il était parfaitement dans un film policier des années vingt, sans la tenue. Elle ne perdait pas de temps avec les modalités. Un sourire aux lèvres, large « On passe directement aux présentations... ». Pourquoi pas ! « Tu donnes souvent des rendez-vous ici ? Sur le coup, j’ai cru que c’était un mauvais plan et que j’allais finir dans cette décharge. Vous et vos rendez-vous les Australiens, vous êtes bizarre... » Sa voix mourrait entre ces lèvres, amusées. «Tu permets puisqu’on se permet les familiarités… Swann, 30 ans, propriétaire d’un petit commerce et… Je ne sais pas j’ai vu l’annonce et j’aime bien jouer le jeu. Je prendrais, pourquoi pas un des rôles principaux. Mais à dire vrai, je prendrais même le rôle du rat, celui qui est en train de courir à tes pieds... » Lui montra, la bestiale qui pointait le bout de son nez.

Sourcil arqué, je relève ma trogne sur lui. "Disons que je trouvais l'endroit sympa. Ca te mettra dans l'ambiance." J'hausse les épaules avec de tilter. "Et comment ça on est bizarres? Tu as eu beaucoup d'histoires ici qui sont farfelues? Tu es en Australie depuis quand et tu viens d'où?" Il pouvait sentir à mon ton que je l'attaquais un peu, comme s'il venait d'insulter ma mère. Je ne suis pas russe et j'ai juste envie de déguerpir de Bowen mais ce territoire reste toujours ma mère patrie. Je lui laisse du coup le temps de se présenter un minimum, mon concentration se faisant bousculer par des chatouillements. "Hum, hum. Ouais ok." C'est à l'entente du mot "rat" que je reviens sur terre. Je me recule en douceur pour apercevoir la bestiole. Je ne crie pas non. Je ne le regarde pas avec dégoût non plus, trouvant ces petites bêtes tout à fait charmantes mais je me penche juste pour tenter de le récupérer et lui montrer un autre chemin. "Merci de m'avoir prévenu." marmonnais-je. "Du coup un commerce... Tu travailles dans quoi?" On se croirait en entretien sérieux. "Un des rôles principaux donc... Plutôt le faux-calme qui pète les plombs et qui devient une bête ou plutôt l'homme qui est un peu victime mais qui tente de rester fort face à l'homme qui l'aime?" lui demadais-je.

Elle trouvait l’endroit sympa ? Pourquoi ? Enfin qu’elle était ces critères ? Pour un plan romantique, cette fille ne devait pas être difficile. «  Pour mettre dans l’ambiance... » Il appuyait cette phrase avec un ton sarcastique. Roulant des yeux, avec petit dégoût. En vrai, il était loin d’être aussi… Trou duc ? Ce n’était qu’un jeu à ses yeux. «  Oui bizarre, Nous, anglais, on est un peu petit plus classe. On s’est donné des rendez-vous, dans des endroits plus… Bref rien avoir avec des lieux ou j’ai l’impression que ça va être mes derniers instants. J’en ai tout un tas, tu veux les entendre ? » Sur ces phrases, il haussa, amusé ses sourcils. « Depuis quelques jours, je n’ai jamais quitté mon pays. On peut dire que c’est un choc des cultures... » Son regard passa sur les environs, méfiant. Il ne l’était pas. Au moins, il avait un minimum de considération et d’attention pour la jeune femme devant lui. Elle avait réussi cet exploit. Comme visiblement, il avait réussi à ce qu’elle se sente attaquée. Et elle lui rendait assez bien l’appareil. Si, il y accordait une importance. Elle l’avait pas moins surpris par sa réaction avec le rat. « Intéressant... » Si il pensait la voir sauter partout… Il était presque déçu. « Je suis le nouveau propriétaire de circus of horror. Je fais dans l’horreur » Ce qui était ironique, vue la façon qu’il s’était comportée il y a quelques minutes avec ce terrain. «  À toi de me dire ? Tu me vois dans quel rôle ? C’est toi qui les distribues non ? » Il commença à se poser naturellement, assis sur le toit de la voiture. Un peu d’acrobatie, on peut dire que c’était son sport d’aujourd’hui. Il croisa ses jambes se penchant légèrement vers l’avant. Son attention, tournait vers elle. « Je veux le meilleur rôle ! Le faux calme me semble bien ! Dis moi il ne faut pas coucher pour l’avoir ce rôle ? » dit-il amusé.