Am I losing my mind? (Feat. Judas)

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Clac, clac, clac. Le bruit de ses talons frappant le sol de son appartement alors qu'elle marche vers la sortie de celui-ci. Si ces derniers temps la jeune femme fut plutôt du genre casanière, en ce moment elle avait envie de sortir et respirer l'air frais de sa ville natale, ville qu'elle abandonna des années de ça en pensant ne plus jamais y remettre les pieds. Soupirant, elle revient sur ses pas en se rendant compte qu'elle venait tout bonnement d'oublier l'essentielle, son sac, c'est qu'elle voulait faire quelques courses et tenter de cuisiner quelque chose de comestible dans la journée et pour ça rien de mieux que le centre-ville avec ses primeurs ! Mais encore fallait-il qu'elle est de quoi payer, mais aussi ses clefs pour fermer la porte de chez elle accessoirement. Son regard ce perd sur la petite boite qui contient les joints qu'elle fume peut-être de manière trop régulière et elle doit se faire violence pour ne pas céder à la tentation, mais enfin elle tourne les talons et sort de chez elle.

Dans les rues, elle flâne plutôt que de se presser comme les gens qu'elle voit autour d'elle, eux semble avoir un objectif bien plus précis que le sien il semblerait et le temps leur manque cruellement ? Un sourire se dessine sur ses lèvres alors qu'elle les imagines avec une fourrure blanche de lapin et une montre alors qu'ils hurleraient qu'ils étaient en retard. La vie était plus fun lorsque l'imagination prenait le dessus et... aussi quand elle était high -même si elle ne l'était pas à l'instant présent- elle regrettait finalement de ne pas avoir prit quelques tafs avant de sortir. Puis elle cligna des yeux. Une ombre, comme un souvenir, le voir sans être certaines de le voir et son cœur manque un battement. Jo...Jonas ? Non, ce ne pouvait pas être lui, son subconscient lui joue juste des tours la chaleur commence à un peu trop taper sur sa tête. Paniquant un peu de devenir folle, elle accélère le pas, perdue dans ses pensées et tentant de se recomposer, elle fini par tout simplement ne plus voir le monde autour d'elle et ce qui devait arriver, arriva, elle fonça dans quelqu'un. Non seulement ça, mais elle perdit l'équilibre, perché sur ses talons, elle dût se rattraper à la personne.

« Merde, désolée, désolée ! »

T'es trop conne ma pauvre, tu sais jamais te concentrer quand il faut. Une voix qui résonne dans sa tête à chaque bêtise qu'elle peut faire. Sa main sur le bras de l'inconnu, elle planta son regard dans le sien avant qu'elle ne se décompose presque. Scarlet le détail, ce visage qu'elle avait vu presque tous les jours, à la fois familier et inconnu vu le nombre d'année qui sépare leur dernière interaction physique, à dire vrai, elle savait juste qu'il était en vie. Son cœur bat à tout rompre, menaçant de quitter sa cage thoracique, allant jusqu'à ses tempes. Ses yeux marquèrent clairement son étonnement voir son choc de le voir ici.

« Bar.... Bartosz ?! »

Ce nom, qu'elle n'avait prononcé depuis des années, même s'il tournait souvent dans son esprit semblait aussi douloureux à sortir qu'elle n'en était soulagée.

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Am I losing my mind?

L'air est trop chaud, et pourtant, Judas adore ça. Cette canicule lui procure au moins une raison de moins se vêtir et de se promener presque nu. Et puis, au moins, ils peuvent aller se baigner quand ils veulent pour se rafraîchir. Casquette vissée sur sa tête, laissant dépasser ses mèches blondes, débardeur blanc ample qui flotte à chaque pas et short court déchiré. On n'a jamais pu autant voir ses tatouages qu'à cet instant et il s'en réjouit. D'ailleurs, plus le temps passe, plus il trouve qu'il lui en manque. Pas à pas, il se promène, tête ancrée sur l'écran de son téléphone quelques secondes avant de s'attarder sur les boutiques qui passent à côté. Dans une vitrine, il remarque ce qu'il pourrait être des cadeaux pour Noa. Sourire aux lèvres, l'air rêveur, il se promène tranquillement. Puis, d'un coup d'un seul, quelqu'un lui fonce dedans et l'attrape pour s'empêcher de chuter. Il est un peu surpris et il grimace, avant de poser son regard sur la petite tête rousse. « Lâche-moi. » lâche-t-il sans la volonté d'être méchant, c'est juste qu'il a peur que ce soit une groupie qui tente un instant de lui voler un baiser ou deux, et qu'il y ait des personnes pour récolter les preuves et briser son couple. Puis, son cerveau se met en branle en entendant son vrai prénom et tout son corps se fige jusqu'à chacun de ses organes. Tétanisé, il la regarde. Elle. « Non. » Il plante un peu plus la casquette sur sa tête pour cacher ses yeux mais rien à faire, ils se sont reconnus. En quelques secondes, il a l'impression que ses yeux sont tout embués et il fait de son mieux pour ne pas flancher. Mais il se met à trembler et repère une poubelle à quelques pas d'eux vers laquelle il se dirige. C'est plus fort que lui, son souffle lui manque, il tremble et il s'accroche des deux côtés pour vomir dans les autres déchets sous les regards dégoûtés d'autres passants. C'est pas de sa faute, il a toujours eu du mal à se faire aux émotions fortes et là, c'est venu tout seul. Le vertige l'a pris à l'instant même où il les as revus tous les deux dans cette voiture, et le visage de Scarlet effrayée dans le rétroviseur. Il essie de fermer les yeux pour chasser cette vision mais rien à faire, alors il les rouvre, sort un mouchoir de sa poche pour s'essuyer et le jeter avant de tourner lentement la tête vers la jeune femme rousse, déboussolé. C'est le pire moment pour qu'elle débarque sous ses yeux. Mais elle est bien là, vivante, en chair et en os et non comme un fantôme, pas comme son frère. Les inséparables. Ils avaient tous les trois, les trois derniers vivants, coupé les ponts pour une bonne raison. « Je... T'as pas de l'eau ? Mon dieu, je vais revomir. » Et là il vide à nouveau le reste de son repas dans la poubelle, comme un ivrogne le ferait. C'est dégueulasse, mais au moins, il a eu la politesse de ne pas se vider par terre. Sentant que ses jambes ont du mal à le porter, il se laisse tomber sur les genoux, accroché à la poubelle comme à une bouée de sauvetage. « Pardon. » sanglote-t-il, incapable de se redresser et de faire bonne figure.

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La révélation à l'effet d'une claque. Un retour en arrière. La dernière fois qu'elle l'avait vu elle n'était pas sur ses deux jambes mais en fauteuil roulant. L'air lui manquait cruellement et elle pensait pouvoir se tenir à lui, mais il se dégagea rapidement de sa prise alors qu'elle perdait l'équilibre. Finissant par se retenir à un mur juste derrière elle, elle se sentit déboussolée et tentait comme elle le pouvait de réprimé cette crise d’angoisse lié à l'accident alors qu'elle était placé derrière lui. Son prénom, c'est tout ce qu'elle avait sût dire, lui semblait aussi bouleversé qu'elle, se mettant littéralement à vomir. La rouquine ne se sentait pas bien elle aussi, sentant ses viscères se retourner dans tous les sens, mais par on ne sait quel miracle elle arriva à retenir le contenu de son estomac.

I wish I could be high right now... Le bruit même des pneus de la voiture crissent dans ses oreilles, les rires qu'ils avaient eut avant aussi, avant que ce ne soit des hurlements. Non, en réalité ils n'avaient pas eut le temps d'émettre aucun bruit, comme s'ils savaient que c'était la fin et que cela n'aurait servi à rien. Ils ont tous faillit y passer ce jour là. Son dos resta bien plat contre le mur et elle a soudain l'impression de ne plus sentir ses jambes, comme une poupée de chiffon, inanimée, ayant besoin de fil pour qu'on la guide. La voix de Bartosz lui sembla lointaine, un bourdonnement alors qu'elle semblait dans un autre monde. Stuck, back in time. Une larme se met à rouler le long de sa joue, elle sait qu'elle doit dépasser ce stade, revenir au moment présent, mais pour l'instant elle n'y arrive pas. L'accident, l'hôpital, la rééducation. Son souffle se coupa sans qu'elle ne s'en rende réellement compte, puis ce fut quant elle eut l'impression d'étouffer qu'elle revint à la réalité.

« De quoi ? »

Elle n'avait pas réellement suivit, le blondinet se trouvait à présent au sol, il lui semblait avoir entendu le mot « eau » et « pardon », mais c'est tout ce dont elle pouvait se remémorer. Puis, chose inattendue, Scarlet se décolla du mur, titubant un peu, mais elle prit sur elle et posa sa main sur son épaule, à la fois pour le soutenir ? Surtout pour se prouver qu'elle n'était pas en plein délire ou hallucination. Son autre main fouille dans son sac à main, en sort une bouteille qu'elle lui donne, faisant tomber quasiment tout le contenu du dit sac par la même occasion.

« Fuck... »

Son regard se perdit sur le portable, heureusement bien protéger, les clefs et divers trucs et bidules. Elle avait l'impression que si elle se mettait à genoux à présent, elle ne se lèverait plus. Elle ne voyait pas les quelques personnes les regardant de biais, les prenant pour des ivrognes. Se penchant, elle ramassa rapidement ces effets personnels, occupant son esprit à faire l'inventaire.

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Am I losing my mind?

Y'avait aussi ce bourdonnement dans l'oreille, comme si son corps se mettait en état d'alerte et qu'il allait tomber dans les pommes. Fermant les yeux, reprenant son souffle, il fit tout ce qu'il put pour rester ici, dans la réaliste, et quand il les rouvrit, c'était pour voir une Scarlet aussi désemparée que lui, en train de lui tendre de l'eau. Sans la remercier et d'une main tremblante, il emprunta la bouteille d'eau et en but la moitié de ce qu'il restait, se rinçant rapidement les dents pour éviter l'évidente mauvaise haleine. Il referma le bouchon, puis osa enfin laisser son regard la parcourir, elle, pour ancrer ses nouveaux traits dans son visage. Sa chevelure n'avait pas changé, mais son regard s'était assombri tandis que son corps, encore plus maigre qu'avant, avait pris ses formes définitives de femme. Lentement, il tendit la main vers les affaires par terre pour l'aider à ramasser le contenu du sac en silence, comme s'ils ramassaient les débris de leur relation pour les remettre tout autant en bordel dans le même sac. « Scar... » Même s'il avait arrêté de sangloter, sa voix n'avait pas repris de sa superbe. Ses quelques mèches en vrac lui barraient un peu le front, et il dut se redresser pour que le monde apparaisse à nouveau en face de lui. « Dis-moi que c'est pas toi. Je peux pas... Putain de merde ! » Il y avait de la hargne dans ses propos, du désarroi, et une envie de percer les mystères de ces années loin l'un de l'autre. Peut-être qu'ils auraient mieux supporté s'ils étaient restés en contact, mais non, rien. Elle était morte en même temps que son frère dans son esprit. « Qu'est-ce que tu fous là ? » Ce n'était pas un reproche, ce n'était pas de sa faute. Maladroitement, il posa la main sur l'épaule de la jeune femme, puis sur sa joue un peu humide, persuadé que sentir sa peau contre la paume de sa main la rendra encore plus vivante qu'avant, espérant que sentir son cœur battre contre sa tempe apaiserait tous ses maux, leurs maux.

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Se concentrant uniquement sur la tâche qu'elle s'autorisait, lui offrir une bouteille d'eau en premier, puis en ramassant ce qui venait de tomber. Elle tentait désespérément de se calmer, se contrôler afin d'éviter la crise de panique... contrôle qui se brouille un peu en voyant d'autres mains dans son champs de vision alors que le jeune homme était juste en train de l'aider, remettant tout dans son sac. Fuck, fuck, fuck... respire, ça va aller... Refusant presque de le regarder, partant du principe que si ses yeux ne le voyaient pas, il n'était pas là, juste une hallucination de plus. Son cœur se sert encore plus en l'entendant parler, elle hésita en se mordant la lèvre inférieur, mais elle jeta un coup d’œil vers lui et souhaita ne pas l'avoir croisé au vu de ses larmes... elle n'avait jamais aimé le voir pleurer et si elle ne s'était jamais battu, elle l'aurait bien fait lorsque quelqu'un faisait pleurer l'un des jumeaux Kirke.

« Je.... »

Les mots ont du mal à passer ses lèvres, un goût amère, la peur de dire des conneries, de ne pas savoir quoi dire ou pire... le blesser avec des mots qu'elle prononcerait. Puis elle eut un petit sursaut en sentant sa main contre son épaule, le rendant encore plus réel ! Puis sur sa joue, lui faisant doucement fermer les yeux pour se concentrer uniquement la dessus et elle appuya instinctivement sa joue contre sa main. D'accord, elle ne pouvait pas nier qu'il l'avait manqué, cruellement, mais elle avait eut besoin de cette coupure et lorsqu'elle aurait pu reprendre contact avec lui elle avait eut... peur, tout simplement peur qu'il la rejette ou que de son côté il ne veuille totalement couper les ponts. Elle n'avait pas réussi à le retrouver sur les réseaux sociaux. Apaisant un peu la jeune femme, elle se reprit tout de même en le regardant, l'observant même.

« Je... voulais revenir... Je supportais plus l'Amérique. »

Hésitant un moment, elle se perdit un peu dans ses yeux et comme l'enfant qu'elle était, elle vint se réfugier dans les bras de celui qui fut son meilleur ami, le sentir un peu plus réel, un peu plus... vivant. Cette sensation lui faisait autant du bien que du mal, ce manque qui lui revient en plein visage à présent, la pensé de finalement l'avoir abandonné pendant toutes ses années alors qu'il avait peut-être besoin d'elle. Mais c'était difficile à l'hôpital, elle ne pouvait pas se déplacer comme elle l'aurait voulu et oui... un moment elle aurait voulu simplement se laisser partir plutôt que de se battre. Elle l'a fait longtemps après, se battre pour vivre et pour marcher, mais elle ne regrette absolument pas aujourd'hui.

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Finalement, elle est silencieuse, aussi incapable que lui de prononcer des mots. Enfin, il essaie, même si c'est loin de sortir sur le ton qu'il aurait espéré. Il aurait voulu qu'ils se retrouvent comme deux vieux amis qui se sourient et puis qui décident d'aller boire un verre le plus naturellement du monde, à se raconter comment les années étaient passées et à essayer de déterminer si oui ou non ils avaient désormais une nouvelle place dans la vie l'un de l'autre. AU lieu de ça, ils vomissent, se regardent, chialent et regrettent déjà d'avoir croisé le regard l'un de l'autre. Pas maintenant, pas alors qu'il est sur le point de construire une famille avec celle qui a su le faire aimer à nouveau un être humain après l'accident. Son premier amour, il avait été Noa à cette époque, mais avant de la connaître, la seule femme qu'il voulait dans sa vie c'était Scarlet, dont sa présence le rassurait autant que son frère. Il n'y a aucun doute sur le fait que ce soit elle, il le sait, ce n'est pas une hallucination. Elle est bien vivante sous ses doigts, et il ressent encore toute la culpabilité et l'envie de mourir à leur place. Au fond, aucun des quatre ne s'en est sorti indemne. L'un mort, l'autre greffée, la troisième estropiée, et le quatrième disparu dans la nature, sûrement aussi bousillé que les trois autres. Quatre pauvres gamins qui tiendraient sans aucun mal le rôle de protagonistes dans un bouquin pour ados déprimés. « T'es restée là-bas ? Pourquoi... ? » Froncement de sourcils de sa part entre les larmes, et il se fige quand elle se rapproche de lui. Se lovant dans ses bras, il pinça les lèvres en se remémorant cette drôle de sensation. Pendant quelques secondes, il hésite, et il ne parvient même pas à bouger les bras, si bien qu'il les garde le long du corps alors qu'il pourrait juste l'enlacer. « J'ai voulu mourir. Je me suis fais passer pour Jo, je lui ai volé Piper, j'ai dégoûté mes parents et j'ai essayé de me foutre en l'air jusqu'à ce qu'ils me foutent à la porte. » Le regard dans le vague, il sent le cœur de la jeune femme battre contre sa cage thoracique. Bien vivante, debout. « Jo est mort pour me sauver de mes conneries et j'ai juste voulu mourir pour le remercier. Je voulais mourir pour te sauver. » Là, c'en est trop. Les larmes sont là de toute façon et il ne peut pas les réprimer. Aussi lent qu'un robot, il finit par lever les mains et entourer son corps de ses bras, ses doigts s'accrochant désespérément au tissu recouvrant le corps vivant de Scarlet.

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S'il y avait toujours la peur de l'hallucination, jamais encore elle ne l'avait eut en pleine rue ! Juste des impressions de le voir lui ou Jonas, mais pas d’interaction comme elle en a certainement eut lors de soirée trop arrosé ou en prenant des choses plutôt illégales. Le contact physique lui fit un électrochoc, le rendant bien réel et vivant, plus qu'il ne l'a jamais été et elle n'avait qu'une envie, se laisser aller contre lui, redevenir l'enfant ou l'ado qu'elle était, quand leurs conneries ne les avaient pas encore menés à l'accident. Expliquant ce qu'elle faisait là, il semblait surprit de savoir qu'elle n'avait pas quitté l'Amérique et elle eut l'envie de se mordre la langue.

« Les hôpitaux, ma mère et après... j'ai pas eu le courage. »

Une façon détourné de dire qu'elle avait jouer la carte de la lâcheté, tenter de mener une autre vie pour oublier... mais c'était impossible d'oublier les plus belles années de sa vie, avant que sa mère n'est encore plus la main sur sa vie, sur ses contrats, avant qu'elle ne lui dise merde pour retourner plus près de son père. Si elle l'avait suivit, elle semblait comprendre que sa fille ne lui donnerait plus autant de liberté sur ce qu'elle ferait au niveau de son métier. En le voyant à présent, elle regrette, se disant qu'elle aurait du revenir bien plus vite et peut-être auraient-ils pu se guérir à deux. Puis les mots qu'il prononça firent mal, pire qu'un poignard planté dans la peau, mais elle serait bien hypocrite de le lui reprocher cette envie d'en finir.

« Pourquoi tu voulais te faire passer pour lui ? Et c'est pas terrible comme merci... Tentative d'un petit sourire. Tu n'avais à me sauver de rien, je suis en vie. »

Le serrant un peu plus dans son étreinte en le voyant et l'entendant pleurer, elle voulait le calmer alors que les larmes roulaient aussi sur ses joues. God, ça faisait autant de bien que de mal de le revoir, lui parler. Scarlet voulait lui parler ouvertement, tout lui dire, comme pour rattraper tout ce qu'elle n'avait pas pu échanger avec son meilleur ami, mais le mécanisme de défense développer lors de son séjour à l'hôpital fonctionnait toujours parfaitement l'en empêchant. Se mordant l'intérieur des joues comme pour s'empêcher de parler, elle préférait l'écouter s'il en avait besoin et le berça légèrement pour l'aider à se calmer, que ce soit pour lui ou pour elle.

« Je reste à Bowen maintenant. »

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Elle n'a pas besoin d'en dire plus pour qu'il comprenne la douleur qui a du la traverser à l'époque. Se réveiller dans un lit d'hôpital, ne plus pouvoir marcher, apprendre que l'un de ses meilleurs amis est décédé en cédant son seul poumon viable à son frère jumeau. Comprendre qu'ils venaient d'avoir un accident à cause de leurs conneries et que c'était irrémédiable. Judas s'était toujours senti coupable de leur avoir fait subir ça. Et puis, il ne pourrait jamais s'imaginer ce que ça avait dû être d'essayer de retourner à la vie réelle après un tel événement. Elle avait profité d'être aux États-Unis et elle avait eu grandement raison de ne pas faire demi-tour pour faire face à son passé. Quand on subi un tel traumatisme, on a juste envie d'aller de l'avant et d'oublier ce qu'on vient de vivre. « Non, Scar, dis pas ça. C'est pas une vie, putain. On était jeunes, on aurait jamais dû vivre ça. Et... Les séquelles, hein ? » Il est fébrile et tout son corps tremble au rythme de la Terre. Pourquoi ça ? Pourquoi diable le destin les remettaient seulement maintenant sur le chemin l'un de l'autre ? Au moins, elle était là. En la serrant contre lui, il se sentait soulagé. Comme si ce n'était qu'un mauvais cauchemar et que tout pouvait reprendre vraiment. Ils se sont dit les choses et c'est le meilleur moyen d'aller mieux. « J'te laisserais pas repartir, de toute façon. J'ai trop besoin de toi ici et j't'en prie, dis-moi que t'as besoin de moi aussi. » lâche-t-il en riant au milieu des larmes. Plus jamais il ne fera cette connerie. Caressant sa chevelure aussi rousse qu'il s'en rappelait, il poussa un long soupir et ferma les yeux. « Est-ce que je te raccompagne quelque part ? » demande-t-il, espérant que la glace était brisée et qu'ils pourraient à nouveau marcher sur la même route, sans plus jamais bifurquer.

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Les regrets ne pouvaient pas l'aider à avancer, alors il fallait qu'elle se concentre sur l'instant présent et plutôt être soulagée d'être de retour, peut-être reprendront-ils une amitié ? Scarlet ne pourrait pas lui dire non, elle tenait trop à lui et même si pour l'instant les émotions étaient assez violentes, elle savait qu'elle avait besoin de lui d'une façon ou d'une autre, qu'il avait toujours la place dans son cœur et dans sa vie. Le regardant, ne préférant pas trop réfléchir à ses séquelles justement, les visibles et les invisibles.

« C'est arrivé, c'est vrai que c'est pas juste, mais on peut rien y changer Ba... Judas, pardon. Faut vivre avec et se dire qu'on passe à autre chose. Elle ne pu s'empêcher de le regarder dans les yeux. J'sais pas toi, mais moi j'te pardonne. »

Elle sait que certains ont besoin de ça, elle lui dit pour l'aider, mais c'était aussi la vérité, ça faisait des années qu'elle l'avait fait même s'ils ne s'étaient pas parler et qu'il avait donc l'impression que ce n'était pas le cas. Elle pensait s'inventer une nouvelle vie, mais une vie sans réelle amis -bon, elle avait tout de même Jamie- ce n'était pas totalement une vie. Ils étaient à présent serré dans les bras l'un de l'autre alors qu'il faisait une chaleur dehors, certaines personnes les observaient, mais ils s'en foutaient parce qu'ils étaient là en face l'un de l'autre. Sacarlet lui promit de rester et elle eut un léger sourire entre ses larmes silencieuses lorsqu'il lui avoua qu'il ne la laisserait pas repartir de toute façon.

« J'ai besoin de toi, t'as pas idée... Tu m'a manqué et... c'est Jonas et toi qui m'avez aidé à tenir... bon okay c'était clairement les médocs et j'étais défoncé, mais c'était vous que je voyais, personne d'autre. »

Le sentir caresser ses cheveux comme ça lui donner envie de s'abandonner dans ses bras, presque s'endormir, parce que oui, il était l'une des rares personnes en qui elle avait confiance à ce point. Sa voix la ramena à la raison et elle se mit à réfléchir, elle n'allait pas dire non, mais elle ne savait plus où elle se rendait.

« Alors... tu vas rire, mais je sais plus vraiment où j'allais... mais je dis pas non pour aller quelque part. »

Chez elle, à la plage, chez lui, n'importe où tant qu'elle pouvait passer encore quelques minutes en sa compagnie.

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Il se demande sérieusement si c'est une bonne raison qu'elle lui pardonne parce que dans sa vie, il a enchaîné les conneries et parfois même sans le savoir. Il est vrai que certaines étaient de bonnes conneries mais y'en a d'autres, il peut pas. Toucher le cannabis et conduire, c'était la pire, mais certainement pas la dernière. Pourtant, il ne pourra jamais changer le passé, Scarlet a raison. Il doit passer à autre chose mais le problème, c'est qu'il ne peut pas. « J'pourrais jamais me pardonner, tu me connais. Mais si tu me pardonnes, ça me va. » Il pourra vivre l'esprit un peu plus léger, si elle ne lui en veut pas d'avoir presque foutu sa vie en l'air. S'il l'avait tuée aussi, il aurait fini par se foutre en l'air ou essayer, quitte à être enfermé. Depuis que c'est arrivé, il se dit qu'il ne comprendra jamais les tueurs en série. Ceux qui vivent sans remords sont les monstres les plus cruels de l'humanité à ses yeux. « J'sais pas comment t'as fais pour tenir, avec deux cons comme nous. Mais j'te remercie de l'avoir fait. » Qu'est-ce que ça fait du bien, malgré tout, de retrouver une part de chez soi et d'évoquer tout ce que cette relation avait porté en eux. Ils avaient beau être cons et avoir du mal à envisager l'avenir, ils ne s'étaient jamais lâchés, malgré les petites embrouilles. Poussant un soupir, il hocha la tête et s'essuya le visage du revers de la main. Il n'avait lui non plus aucune foutue idée de ce qui l'avait emmené là, alors pourquoi pas. Il observa autour d'eux et poussa un soupir d'émotions. « J'vais avoir besoin d'un thé glacé et d'un putain de cône à la fraise pour me changer les idées. T'en dis quoi ? » Comme au bon vieux temps, sans se soucier de ce qui fait mal, et plutôt en évoquant tout ce qui a pu se passer de bien dans leurs vies pour réparer les dégâts causés par l'accident.

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Il lui avait fallu du temps pour passer à autre chose, pour se remettre de cet accident et même si parfois il lui arrive d'y repenser ou de souffrir de PTSD, elle tentait d'aller de l'avant et commencer à faire des meilleurs choix dans sa vie. Comme en ce moment, elle tentait d'éloigner sa mère ou ses parents en règle général et en retrouvant celui qui fut son meilleur ami durant sa jeunesse lui donnait envie de le retrouver dans sa vie, qu'il retrouve sa place auprès d'elle même s'il manquait une personne dans le tableau. Il s'en voulait toujours, il s'en voudrait certainement toute sa vie, mais elle tenait à lui dire qu'elle lui pardonnait et elle espérait que ça pouvait l'aider un peu à faire un bout du chemin. Elle eut tout de même un léger rire en lorsqu'il lui demande comment elle avait fait pour tenir avec les jumeaux.

« Je sais pas, j'étais peut-être pas très bien dans ma tête non plus. Mais je vous adore, vous m'avez laisser faire les pires conneries alors que plein d'autres gars m'auraient arrêtés en me disant que c'est pas pour les filles. »

Il y avait ça, puis la tendresse qu'ils avaient l'un pour l'autre, qu'ils avaient eut lors des peines de cœur ou lorsqu'ils avaient juste des problèmes d'ado. De son côté, il ne semblait pas vouloir écourter leur retrouvaille, lui proposant de la raccompagner là où elle se rendait, mais elle avait totalement oublier ce qu'elle faisait avec l'émotion forte qu'elle avait ressenti. Peut-être chez elle ? Peut-être ailleurs ? Il lui proposa de se boire et manger quelque chose, elle n'allait pas se défiler, voulant éterniser aussi ce moment.

« Seulement si je peux te voler un peu de ta glace. »

Autrement dit, comme avant et elle acceptait volontiers l'invitation, un bon café ne lui ferait pas de mal !

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