prends cette putain d'vie comme un jeu, j'suis encore un môme (judas)

T’avais proposé à ton meilleur ami de passer la soirée avec toi ce soir. T’avais encore bossé énormément et c’était un soir de semaine, tu savais que demain tu devrais te lever tôt pour travailler demain mais c’pas grave. Ce que tu voulais c’était voir quelqu’un. Et encore plus Judas, parce que ça faisait longtemps que vous ne vous étiez pas vu. Il avait surement beaucoup de choses à te raconter depuis le temps. Judas c’était un peu ton toi au masculin, il était comme ton grand frère, même si tu en as déjà un. Mais t’avais besoin, des fois, de te retrouver seule avec lui. Alors tu avais pris quelques bières avec toi, et tu t’étais posée sur la falaise en attendant le blond. Tu avais choisi la falaise parce que tu aimais la vue que ça procurait. Tu te sentais libre, heureuse. C’était tout ce dont tu avais besoin ce soir, pour te sentir encore mieux. T’avais ouvert une bière, déjà, en espérant que le fasse venir plus vite. Tu entendais des pas derrière toi, et sans te retourner tu savais que c’était lui qui venait d’arriver. « Salut, beau gosse » dis-tu en souriant, en te retournant. Il vint s’assoir près de toi, et tu l’embrassais sur la joue pour le saluer. Tu étais contente d’être là avec lui ce soir, ça faisait longtemps. « Comment va mon homme préféré ? » demandas-tu à ton ami en posant ta tête contre son épaule. La vue était magnifique, Bowen était si belle vu d’en haut. Les lumières de la ville s’allumaient tout doucement sur les immeubles et les diverses bâtiments. Le soleil se couchait, lui, et ça rendait le panorama encore plus beau.

Dans ta vie, il n’y avait pas eu énormément de changement. Tu étais toujours célibataire, tu avais toujours le même appartement. La seule chose qui avait pu changer c’était le fait de devenir propriétaire d’une boîte de nuit avec Maé. Et c’était un changement dans le sens où tu n’avais plus de temps pour toi, on va pas se le cacher. Et puis si tu n’as pas de temps pour toi, tu n’en as pas pour tes proches. Alors ça faisait longtemps que tu n’avais pas vu Judas. C’est lui qui avait surement le plus de choses à te raconter. L’entendre arriver te faisait sourire. Tu avais posée ta bière par terre et tu avais attendu qu’il s’assoit près de toi. Au moment où il s’assit, instinctivement, il vint poser son bras autour de tes épaules et toi tu posais ta tête contre son épaule à lui. Ça faisait du bien de se retrouver ici avec lui. « Tu nous fais une crise de la trentaine, papi ? » demandas-tu en riant, levant ton visage pour regarder le sien. C’était bien évidemment une blague. Il était plus âgé que toi, mais seulement de trois ans, alors les trente ans, c’était bientôt pour ta pomme aussi. Tu lui donnais une des bières que tu avais ramené après l’avoir décapsulée. « Moi j’vais bien, tu me connais, il en faut pour que je sois déprimée » répondis-tu en riant légèrement. Tu savais qu’il y avait eu du changement dans la vie de ton meilleur ami. Tu savais que sa petite amie était enceinte mais ce que tu ne savais pas c’est s’ils allient le garder ou pas. Tu espérais secrètement qu’ils le gardent. Et tu gâterai cet enfant comme pas possible. « Je veux TOUT savoir » dis-tu avant de piquer un bonbon dans la poche que venais de sortir le blond.

Des fois, tu te moquais de Judas en lui disant qu’il était vieux. Mais t’avais pas trop à dire ça parce que toi aussi tu approchais de la trentaine gentiment. Ca lui faisait quelque chose, mais il savait très bien que c’était de l’humour. A toi aussi, la trentaine te faisait peur. « Je serai toujours belle, jeune et fraîche à trente ans, tu verras » dis-tu en balayant ta queue de cheval sur le côté, tel une pub de l’Oréal. Non, tu savais que tu prendrai surement un coup toi aussi. Aujourd’hui, tu étais là pour ton meilleur ami. Tu avais envie de savoir tout ce qu’il se passait dans sa vie. Et tu savais qu’il y avait un grand changement. Alors tu étais impatiente. « Je me serai déjà jeté sous un train, c’est clair » dis-tu en levant les yeux au ciel avant de rire. Tu pris quelques gorgées de ta bière et tu tournais le regard vers le blond. Assise avec ta tête contre son épaule, tu sentais son étreinte se serrer un peu plus. Lorsqu’il t’avoua qu’il allait officiellement devenir papa pour la deuxième fois, un grand sourire apparu sur ton visage. Tu levais la tête vers lui et tu le pris dans tes bras. « Judas, j’suis trooooop contente pour vous ! » dis-tu au jeune homme alors que tu le serrais dans tes bras. « Tata April va gâter cet enfant, je crois que tu t’en rends même pas compte » dis-tu à son oreille entrain de rire légèrement. Tu étais si contente pour lui, il n’y avait pas de mot à rajouter. En desserrant l’étreinte avec ton ami, il t’expliqua un peu plus. Il avait un boulot, et un appartement. « Je suis trop fière de toi, honey » avouas-tu avec un sourire sincère sur ton visage. Lorsqu’il te dit que c’était surement la crise de la trentaine, tu ris. « C’est une belle crise de la trentaine alors » dis-tu après un léger rire. Tu rêvais toi aussi de connaître l’amour comme le jeune homme le vivait avec Noa. Même s’ils avaient eu des hauts et des bas, ils s’aimaient, c’était indéniable.

La vieillesse c’était un sujet qui te faisait peur. Tu savais qu’un jour tu ne serai plus la fille mince et jolie que tu es aujourd’hui. Il y avait une date de péremption, un peu comme sur les yaourt. Mais t’espérais être un yaourt bien conservé quand même. « Qui ferait ça, Juju ? T’es le meilleur, personne se jetterai sous un train à cause de toi » dis-tu en faisant un signe de main balayant l’air pour lui montrer qu’il racontait n’importe quoi. Tu n’étais pas très très apte à juger, parce que Judas était ton meilleur ami, ton frère de coeur. Et toi tu le voyais comme un homme parfait, même s’il avait ses défauts. Les émotions se sentaient, en ce moment, entre vous. L’annonce de la grossesse de Noa te faisait quelque chose aussi, parce que tu voyais que ton meilleur ami était heureux. Sa vie ne faisait que commencer en fait. Et tu réalisais que de ton côté, tu n’avais rien de tout ça. Tu posais ta tête contre l’épaule du blond. « Je n’oserai pas. Mais il va adorer rencontrer tata April ! » dis-tu avec un grand sourire, les yeux fermés. Tu t’imaginais cet enfant avec ses parents dans leur nouvel appartement, tous heureux de vivre. Et tu étais plus qu’heureuse pour lui. Il méritait cette bonne dose de bonheur, Judas. Tu sentais son coeur qui battait un peu plus vite, toujours sous le coup de l’émotion. « Tu mérites tout le bonheur du monde, chaton. Tu devrais le savoir » dis-tu en te relevant de son épaule. C’est là que tu voyais les larmes qui montaient à ses yeux. Un petit rire sortait de ta gorge et tu passais tes mains sous ses yeux pour essuyer les larmes qui commençaient à doucement arriver. « T’as le droit de pleurer, tu sais » dis-tu avec un sourire bienveillant. « Mais saches que si tu pleures, j’vais m’y mettre aussi » dis-tu avec un léger rire, la gorge légèrement serré en sentant toi aussi l’émotion gagner tes yeux.