Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Sujet: ready, aim, fight ! |ft Endre Dim 21 Fév 2021 - 17:58
ready, aim, fight !
Avant d’aller travailler ce soir, Gret avait calé un cours de boxe en début de soirée. Ces derniers temps, elle y allait surtout pour évacuer la tension dans ses veines et la frustration de ne pas pouvoir vivre de relation en plein jour avec Nova. Depuis des mois, la silhouette de la rousse hantait ses pensées et elle n’avait personne à qui en parler. C’était comme si le monde reprenait des couleurs et qu’elle était interdite de partager cette joie avec les autres. Elle comprenait pourtant le statut de la jeune femme, dont l’orientation sexuelle semblait être difficile à assumer, mais souhaitait plus que tout que cette frontière explose pour qu’elles puissent enfin se retrouver. Et quand elle ne boxait pas ou ne consacrait pas de temps à cet amour, elle s’en allait courir sur la plage ou s’enfermait dans des répétitions pour les futurs concerts ajoutés à son planning. Elle savait qu’elle aurait dû en faire moins, car son corps commençait à lui envoyer des signaux de fatigue évident. Mais le tout lui donnait l’impression d’avoir une raison de vivre et d’occuper son temps autrement qu’en enchaînant les cigarettes et les parties de ouija entre deux masturbations. Enfilant son short de sport et sa brassière, elle attache ses cheveux en une longue natte pour ne pas être gênée, prépare ses gants et son protège-dents avant d’avancer dans la salle d’entraînements. La plupart des boxeurs avaient annulé leur venue à cause de la chaleur étouffante, libérant donc l’espace, pour le plus grand bonheur de l’allemande. Plus le temps passait, plus la compagnie des autres personnes l'insupportait, et elle aurait souhaité s’entraîner seule aujourd’hui. Pourtant, elle allait devoir supporter Endre. Ce n’était pas de sa faute, ce gamin était facilement appréciable, assez en tout cas pour le considérer comme un ami. Mais depuis des semaines, la blonde ne pouvait pas s’empêcher de le repousser et d’être le plus distante possible avec lui, comme si lui rendre la vie dure devenait une douce et amère passion. Plantée dans le sol comme un roc, elle commençait seule ses échauffements, écouteurs sans fil vissés aux oreilles. Elle profita de la demi-heure qu’elle avait, seule, pour s’échauffer et donner des coups dans les pauvres sacs qui n’avaient rien demandé. Au bout d’un temps, quelqu’un s'impose dans son champ de vision pour lui faire signe que le blond était déjà là. Retirant sa musique pour revenir au monde réel, elle se retourne vers le-dit intéressé en soupirant. « Endre…Salut. » Elle le regardait à peine, incapable de plonger son regard dans le sien par crainte qu’il n’y lise tout ce qu’elle voulait lui cacher. « Je me suis déjà échauffée sans toi. Si t’es prêt, mets-toi en place, le ring est à nous. » Ajoute-t-elle froidement, avec rien d’autre dans le regard que cette envie de mettre le plus de distance possible entre eux. S’approchant du banc, elle glissa ses écouteurs dans sa sacoche avec son téléphone et s’empare de ses gants promptement.
Sujet: Re: ready, aim, fight ! |ft Endre Mar 23 Fév 2021 - 21:22
La canicule n’était pas effectivement le meilleur jour pour aller boxer, et Endre fut à deux doigts de se boucher le nez quand il entra dans les vestiaires. Mais il lui fallait sa dose. Sa vie à Bowen l’ennuyait profondément. Son traitement le rendait lourd, et lui donnait l’impression de vivre dans une cloche sous vide. Il avait besoin de se sentir vivant, le plus vite possible, sinon il allait encore l’arrêter. Et valait mieux pour lui de ne pas le faire. Boxer avec des voix dans la tête peut très vite devenir dangereux. Il vit la fine blonde entrer comme une furie, un air presque meurtrier au visage. Il aurait sûrement dû ne pas venir aujourd’hui, mais louper une de ses sessions lui paraissait impensable. Il était fier de son corps certes, et ne crachait pas contre les quelques avantages que ça lui apportait. Mais ce n’était pas uniquement par vanité. Quand on se sent toujours attaqué par tout, son père, ou sa propre tête, le besoin de savoir riposter se fit très vite sentir. Endre s’échauffa un peu, seul sur le sac, puis fit quelques exercices de musculation pour se sentir prêt. Pour être honnête, il avait assez envie de partir. Habitué aux températures lapones, la chaleur australienne lui filait facilement la nausée. Il n’avait presque pas envie de voir Gretchen sur le ring aujourd’hui. Il appréciait la jeune allemande, mais elle n’était pas toujours des plus faciles à vivre. Il était peut-être trop similaires sur ce point là. Il voyait bien qu’elle n’était pas dans son assiette. Mais là où Endre arrivait avec ses gros sabots, Gretchen était plutôt du genre à grogner. « Salut Gretchen, ravi de te voir. » fit-il avec une pointe d’ironie. Il était content de la voir, mais ce statuquo de silence ne lui convenait pas du tout. C’était un second désavantage d’avoir une relation compliquée avec la réalité : il avait besoin de tout savoir, afin d’être sûr de ne rien inventer. Endre montra sur le ring et pris une grande inspiration. Il commença a tourner autour d’elle, les jambes en rythme, pour essayer de trouver le groove du moment et de lancer un début de sparring. Il pouvait sentir la tension qui émanait d’elle. Il avoir parfois du mal à gérer la colère des gens qu’il appréciait. Pour lui, colère voulait dire danger, danger voulait dire défense, défense voulait dire violence. C’était pour ça que la boxe lui faisait autant de bien. En dehors des bienfaits physiques, cela lui apprenait aussi à taper sans faire mal. Frapper comme un art, et non pas comme un instinct de survie. Il fit surpris par le début des attaques de la blonde, bien trop vivaces pour un début de combat. « Hey ?! » fit-il, interloqué. Il ne risquait pas grand-chose encore, même si Gretchen avait un sacré uppercut, mais était tout de même pris de court. « Mais qu’est-ce que t’as en ce moment? » continua t-il, toujours entrain de tester les réflexes de Gretchen, telles une capoeira martiale. Mais il était tout de même sérieux. Il lança un coup, plus proche d’elle mais loin de la toucher, non pas pour lui faire peur, mais pour lui montrer qu’il était sérieux. « Je sens que t’as envie de m’en coller une là. C'est quoi le problème. » Il ne voulait pas être méchant, et sa voix était restée douce. Mais il fallait mettre les choses au clair.
Dernière édition par Endre Valtersen le Lun 5 Avr 2021 - 19:28, édité 1 fois
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Sujet: Re: ready, aim, fight ! |ft Endre Lun 22 Mar 2021 - 9:23
ready, aim, fight !
En l'entendant la saluer à son tour, Gretchen se rendit compte à quel point il avait la même humeur de chien qu'elle. Génial, cette séance de boxe allait être plutôt mouvementée. Malheureusement pour eux, la boxe n'était pas censé être un sport fait pour se taper les uns sur les autres quand ça ne va pas. S'ils ne parvenaient pas ni l'un ni l'autre à se contrôler, ça risquait très bien de déraper, elle le savait. Est-ce que cela lui permettait de faire redescendre la pression et de prendre du recul sur la situation ? Pas du tout. Il y a des jours où on a juste envie de tout envoyer bouler et aujourd'hui en fait partie, et rien ne pourra faire changer d'avis son esprit si borné. Endre fut le premier à monter sur le ring et la blonde le suivit de près. Souffle après souffle, la jeune femme laissa les esprits boxeurs s'emparer d'elle et elle s'oublia. Juste quelques instants, pour les premiers coups. Bien vite pourtant, ses pensées les plus sombres se mirent à l'envahir et ses coups se firent plus instinctifs, moins réfléchis. C'était de sa faute si elle en était arrivé là. Quelle idée de foutre en l'air un mariage du jour au lendemain. D'avoir fait confiance aux mauvaises personnes et de subir le manque de cannabis, de plus en plus, chaque jour. L'envie d'insulter Vassili et d'aller le chercher par la peau du cul pour l'égorger une bonne fois pour toutes. Certes, c'est un peu violent, mais au moins lui refaire le visage, gratuitement. Partir déchiqueter -ou juste taper- ceux qui avaient osé plonger Nova dans cet état qui l'empêchait -les empêchait- de s'enlacer en public sans que personne ne se moque. « Quoi ? Me sors pas le coup du, "T'as tes règles aujourd'hui ?" ou ce sont tes couilles que je vais viser. » Elle avait oublié sa posture habituelle de boxe et même si son corps cherchait approximativement ses appuis, il ne les retrouva pas. Le regard sombre et la mâchoire crispée, elle grogna quand il manqua de la frapper pour de vrai. Son regard se perdit une fraction de seconde sur la salle de boxe où on la regardait de travers, comme lorsque l'on observe une lionne en cage, parce que c'était ainsi qu'elle se sentait aujourd'hui. « Rien, dis-toi que j'ai mes règles et fais pas chier. » Une partie d'elle la fit culpabiliser d'être aussi violente aujourd'hui dans ses mots et dans ses gestes. Elle tenta de l'atteindre avec un coup de pied dans le genou puis bascula son corps en avant pour toucher son abdomen avec son coude. Tricheuse, menteuse. Elle entend son cerveau lui envoyer des signes évidents de colère. Finalement, elle recule sur le ring et se met en position de défense évidente au cas-où il serait pris d'une furieuse envie de lui foncer dessus à nouveau. Elle rua à nouveau en engageant le combat, mais rata chacun de ses coups, presque volontairement. Au fond, elle l'aimait bien le blond et elle ne voulait pas le défigurer -quoi qu'il en faudrait plus pour le rendre laid aux yeux du monde-. « Allez, un peu de nerf. Tu m'as pas touchée une seule fois ! » Elle crie presque maintenant. Ce n'est plus du sport, c'est de l'acharnement. « Tu veux vraiment que je te dise ce qui va pas ? » Elle a un rictus amusé au bord des lèvres, tout à fait perceptible. De la provocation à l'état pur qu'elle ne taira sûrement pas avant d'avoir extériorisé tout ce qu'elle retenait depuis des mois, des années.
Il avait besoin de sentir quelque chose. Cette couverture grise le recouvrait depuis trop longtemps. Aucun sentiment, une apathie morose, une colère éteinte. C’était le prix de son traitement. Ça le faisait revenir à la réalité. Mais une réalité en noir et blanc. C’était perdre la tête ou perdre son cœur. Peut-être qu’un jour, il arriverait à trouver un juste milieu. Il savait que beaucoup de schizophrènes réussissaient à vivre une vie heureuse, que ce n’était pas comme dans les films, qu'il n'était pas condamné. Mais lui était trop jeune, trop seul, trop borné pour vraiment se consacrer à sa santé. Alors il faisait des vas et viens entre traitement et abandons complets. Il avait honte de lui. La boxe était donc une des dernières choses qui le faisait tenir debout. Pas d’amour, pas de joie, mais beaucoup d’adrénaline, et la douleur. Les seules choses qu’il était encore capable de ressentir. Gretchen se jeta à sa gorge presque instantanément. Incessante, implacable, inarrêtable. Endre garda sa garde haute, impénétrable, la laissant s’acharner un peu sur lui. Mais Gretchen finissait toujours pas le surprendre. Ils n’avaient pas le même gabarit, mais elle était vivace, et très intelligente. « Tu me connais mieux que ça voyons. Je suis peut-être prétentieux, mais pas un connard sexiste. » Ça devait vraiment pas aller. Elle puait la colère et la tristesse, et on pouvait presque sentir les larmes au fond de sa gorge. Gretchen semblait déconcentrée. Elle qui était arrivée avec autant de fougue s’était lentement perdue dans ses pensées, laissant Endre prendre l’ascendant. Mais ce n’était pas un véritable ascendant, car il voyait que son regard était ailleurs, et sa tête aussi. « Tant que tu fous pas du sang sur le ring j’en ai rien à cirer. Mais tape correctement, c’est un bordel sans nom là. » Leur combat n’avait plus grand-chose d’un véritable match de boxe, mais plus d’un combat de lutte entre deux animaux. « Putain mais Gretchen qu’est ce que tu fous ? » Elle avait été presque irréprochable au début de leur entrainement, et maintenant ratait presque volontairement tout, laissant Endre la toucher légèrement à chaque fois. Il n’essayait pas de lui faire mal, mais de lui signaler qu’elle était vulnérable, et que sa défense commençait à faiblir. Il n’osait pas de déchaîner, mais elle n’était pas fair-play. Elle ne se rendait pas compte, mais elle le poussait aussi dans ses retranchements. Mais, il l’avait appris durement, tabasser ses potes n’était jamais une bonne idée. Il lui décocha un coup dans le ventre, pas douloureux, mais assez pour coupler le souffle une fraction de seconde. « T’es déchainée meuf. Si tu veux qu’on se tabasse vraiment c’est dehors. » Il avait beau être colérique et prompt au pétage de câble, il aimait aussi suivre les règles, notamment lorsqu’il s’agissait du sport. « Vas-y sort le. Ça se voit que t’es au bout du rouleau. Donc au lieu de t’acharner sur moi, crache le morceau. Sinon, je vais te le faire sortir avec les poings. » Ça sonnait méchant, mais ça ne l’était pas. Ils étaient comme ça. Pas de conneries, pas de filtres. Gretchen était en fait une des rares personnes avec qui il était à peu près lui-même. La hargne de la blonde était surtout une honnêteté sans faille. Et c’était rare chez les gens. Et si d’un œil extérieur, on aurait pu dire qu’ils se détestaient, c’était bien loin d’être le cas. Il la cherchait, certes, mais il était surtout inquiet. Et ce n’était pas une tasse de thé et des petits gâteaux qui allaient la faire parler. Alors il remonta sa garde, se tint droit, prêt à parer les coups et à donner, et attendit sa réaction.
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Sujet: Re: ready, aim, fight ! |ft Endre Sam 10 Avr 2021 - 9:55
ready, aim, fight !
Connard, oui, sexiste, peut-être pas. En fait, elle ne l'avait jamais testé sur ce sujet là, mais elle s'était toujours douté que ce n'était pas le cas. Pour traîner avec elle, ne vaut mieux pas être sexiste si vous tenez à votre organe reproducteur. Et même si Endre n'était pas sexiste ni macho, tant de gens l'étaient dans le monde que ça la rendait complètement folle. Sans parler des racistes, et des homophobes, eux, c'étaient les pires. Pourquoi Nova se refoulait-elle alors qu'elles pouvaient toucher le bonheur du bout des doigts ? Elle ne tolérait pas ces parents qui avaient fini par embrigader leur fille. Gretchen n'avait jamais eu ce problème. Elle s'était toujours foutu de tout, du monde, et elle s'était barrée dès que le monde avait commencé à s'écrouler sur elle. Des rêves anéantis d'un claquement de doigts. « Pardon, la prochaine fois, je vise le nez. » grommelle-t-elle, haussant les épaules quand il lui demande ce qu'elle fout. Elle est loin d'être un titan. Y'a pas de musique autour, tout se joue dans son esprit et là, y'a rien. Des pensées décousues, des fils qui n'arrivent pas à se démêler. Et la douleur jusqu'à la moelle épinière. Un coup, deux, les bras ne sont plus que des élastiques incapables de toucher la trajectoire. Le regard sombre, elle n'a pas été dans un tel état de colère depuis des années. Tout est en train de sortir, la nervosité, l'angoisse, la peur, l'impression d'avoir raté sa vie. Elle a envie de tuer comme jamais. Pas les autres, juste le démon au fond d'elle pour se sentir mieux, définitivement. Puis d'un coup, le souffle se coupe. Elle écarquille les yeux en se rendant compte de ce que son ami vient de faire. Ami. Ce mot lui revient à l'esprit comme la réalité. Des mèches de ses cheveux ont fini par s'échapper de sa coiffure parfaite et elle est déjà en sueurs. Pas encore essoufflée, mais à ce rythme ça ne tardera pas, sans parler des courbatures et des remords le lendemain. « J'veux pas te tabasser, du con. » peste-t-elle, même si tous ses gestes tentent de montrer le contraire. Pinçant les lèvres, elle relâche ses défenses et recule pour lui tourner le dos. La tête baissée, elle vient près des cordages auxquels elle s'accroche pour reprendre son souffle. Sa tête lui tourne déjà par le manque d'air et elle est à deux doigts de cracher son petit-déjeuner. Ok, là, ça devient vraiment un problème et elle s'en rend compte, mais la seconde suivante, la rage revient, inarrêtable. Un sanglot s'échappe de ses lèvres et elle s'essuie le front du revers de la main. Elle ne se voit pas parler de ça ici, pas face à tous ces gens qui la jugent. Elle a merdé. Elle a cafté pour Nova auprès de Charlie et la rousse ne la pardonnera jamais. Être défoncée et se faire défoncer par Vassili lui manquerait presque aussi. Son ex lui manque et sa vie d'avant. Si seulement elle était restée et qu'elle lui avait dit oui, tout serait rentré dans l'ordre. « Tu vas devoir sortir les poings. » Bien que le calme semble revenu dans sa voix, la froideur de ses mots et de son comportement ne sont qu'un des nombreux prémices à la nouvelle tempête. Elle redresse la tête, cligne plusieurs fois des paupières avant de se tourner, revenant lentement vers Endre, le pas décidé. Pendant quelques secondes, elle s'arrête au milieu du ring pour le regarder droit dans les yeux tel un bon western puis se met à marcher, pas après pas autour de lui, tentant de contrôler tout ce qu'il lui passait par la tête, tentant d'imaginer la meilleure technique pour l'approcher. Tourner autour de ses adversaires, c'était sa technique préférée. D'abord, elle faisait croire à sa faiblesse, faisait exprès de viser à côté, mais une fois qu'elle s'enfermait dans le coin du ring pour revenir auprès de son adversaire, ce n'était jamais bon signe. « Je suis plus lucide que toi. Plus lucide que je ne l'ai jamais été. » le provoque-t-elle, avant de s'approcher à nouveau et de s'arrêter face à lui. Là, elle ne bouge plus. Pas une position de défense ni rien, juste les bras ballants à le fixer droit dans les yeux et à tenter d'intimider avant de taper. « Tu n'es pas de taille à me vaincre. Je ne dirais rien tant que tu m'auras pas battue. » Et tout à coup, sans prévenir, vivement, elle sort enfin le poing. Bras gauche pour protéger son visage d'un futur assaut, son droit vient s'enfoncer dans les côtes d'Endre, comme c'était son but depuis qu'elle lui faisait face.
Sujet: Re: ready, aim, fight ! |ft Endre Sam 17 Avr 2021 - 0:48
"Laisse le nez tranquille, c'est mon gagne pain. J'ai encore besoin que des vieilles divorcées me paye des verres, merci bien." C'était une gentille blague, mais une blague sans cœur, qui ne suffisait pas à calmer la tension palpable. Il feignait une légèreté qu'il ne ressentait pas, et une légèreté à laquelle Gretchen semblait complètement imperméable. Légèreté qu'il lâcha d'un coup, fatigué de faire semblant. L'avantage de leur amitié, c'était qu'au moins ils n'avaient pas à faire prétendre être heureux. Gretchen était comme un loup en cage et Endre comme un lion aveugle. Deux égaux incapables de s'exprimer correctement, usés par des vies difficiles et des démons qu'ils ne savaient pas garder en laisse. Il avait raison. Elle était au bout de sa corde. A la fois le sang froid et à la fois submergée. Il n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait bien se passer derrière ses yeux entourés de noir, mais ça ne pouvait pas être bon. Elle était pourrie jusqu'à la moëlle, tout comme lui. Ils ne savaient pas grand chose l'un sur l'autre, mais noirceur reconnaît noirceur. Leurs interactions étaient un jeu de Risk. Une stratégie de but en blanc. Ils savaient ce qu'ils voulaient, et chercher à l'obtenir à tout prix. Endre voulait savoir. Gretchen avait juste l'air de vouloir tuer à en mourir. Ce qui aurait pu être une simple conversation autour d'un café était devenu une arène de gladiateurs. Endre sentait l'adrénaline grimper. C'était une sensation grisante. Tout devient plus clair, et il se sent invincible. Jamais d'entres deux, ce qu'il ressent, il le ressent jusqu'à l'os. Je suis plus lucide que toi. Touché. Son regard se glaça d'un coup, et la dernière once de bonne humeur qu'il lui restait s'évanouit en une fraction de seconde. Une simple phrase, qu'il savait déjà brûlée au fer rouge dans sa mémoire. Elle en avait aucune idée Gretchen, d'à quel point ses mots venaient de faire mal, plus mal qu'un nez cassé ou qu'une dent en moins. Elle était bien plus lucide que lui. Le monde était bien plus lucide que lui. C'était bien là le problème. Les yeux noirs, il la regarda droit dans les yeux. "Me force pas à te faire du mal Gretchen. Vraiment." C'était pas à elle qu'il voulait faire du mal, c'était au monde entier. A lui-même. Il détestait à quel point il n'était qu'un fusible prêt à sauter. Aucun contrôle sur quoi que ce soit. Sur ses humeurs, sur ses actions. Même pas sur ce qu'il voit ou ce qu'il entend. Il aurait voulu être le genre d'ami qui n'aura jamais accepté ce genre de défis sadiques. Il aurait aimer garder les pieds sur terre, au lieu de décoller à la moindre provocation. C'était le plus grand perdant de son propre jeu. Il se surprit à prier qu'un bon coup à la tête l'éteigne pour de bon. Et le coup vint, dans un éclair de gant rouge et lancé par une jeune blonde hargneuse. Endre revint à la réalité en une fraction de seconde. Et il rendit le coup, reprenant leur joute infernale. Au diable les règles, c'était pas leur truc. Ils ne s'arrêteraient sûrement pas avant de finir ensanglantés, essoufflés, et la gerbe aux lèvres. Il visa l'estomac, les épaules, en s'arrêtant le moins possible. En évitant le visage, histoire de garder un semblant d'humanité qu'il savait qu'il pouvoir. Il parla de manière saccadée, chaque mot séparé entre chaque coup. "Putain . On . Peut . Pas . Parler . Comme . Des . Personnes . Normales ." Il disait ça d'un ton exaspéré, mais il savait très bien qu'au fond, c'était tout ce qu'il aimait, tout ce qu'il attendait, et qu'ils seraient incapables de faire autrement. Les gens les plus violents sont souvent les plus honnêtes. Il s'en prit des coups, des bien placés, des vicieux, des foudroyants. Plus qu'une boxeuse forte, Gretchen était une boxeuse intelligente. Ce qu'il gagnait en force brute elle lui rendait en coups bien placés et implacables. Il voulait la fatiguer, l'épuiser, crier son ascendant. Après un combat qui sembla durer des heures, il déclara que c'était fini. Il la plaqua au sol sans ménagement, et posa tout son poids sur elle. "T'as fini là ?" Il aurait été prêt à en découdre encore longtemps. Mais il savaient aussi que leurs corps allaient crier défaite bien avant leurs esprits.
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Sujet: Re: ready, aim, fight ! |ft Endre Sam 17 Avr 2021 - 11:27
ready, aim, fight !
« parole » Elle sait que dire et où frapper pour blesser et réveiller le titan en chaque être humain. Un mot suffit parfois ainsi qu'un regard. C'est ce qu'elle a fait avec le norvégien. Son regard change du tout au tout, d'une seconde à l'autre, il n'est plus le même. Et quand elle le frappe, elle esquisse son premier sourire de la journée. Presque heureuse d'en être arrivée là. Sadique. Elle ne répond même pas à ses menaces. Ils sont deux à avoir envie de s'énerver tout à coup, et le temps semble ralentir alors que tous les mouvements s'accélère. Autour d'eux, on pourrait presque voir une tempête remuer. Le premier coup de la deuxième partie de ce combat était lancé, et la blonde ne fut pas déçue de voir qu'il avait sauté à pieds joints dans ce piège. Les crochets et les uppercuts se voulaient plus mordants à chaque réplique. Ce n'était plus un combat de boxe mais une démonstration de force. Petit à petit, elle perdait le contrôle. Comme il le souhaitait, elle évitait à chaque fois son nez, mais si elle pouvait atteindre son oreille ou sa lèvre, elle ne se faisait pas prier. Ces coups étaient tout de même plus rares que ceux qu'elle lui assénait dans les côtes ou les épaules. « Toi et moi... » Elle se mettait à parler comme lui le faisait, « ...on est pas .. » entre deux crachats et trois coups. « ...Normaux ! » C'était la joute finale. Mais elle ne vit pas arriver le coup qui suivit. Endre était devenu trop imprévisible et son corps commençait à trop souffrir pour se concentrer sur le combat actuel. Il venait de s'élancer vers elle, et les yeux écarquillés, elle ne put pas se débattre. En quelques secondes, elle fut envoyée au sol et une décharge électrique lui parcourut tout le dos alors qu'elle grognait de douleur. Elle avait beau essayer de se débattre, il avait trouvé son point faible, celui qui lui ramenait à des souvenirs plus que douloureux. Son corps trop fort au-dessus du sien et pas moyen de se défendre. Alors elle ne le fit pas. Quelques secondes, elle le dévisageait, essoufflée, ne sachant que faire. Puis, elle sentit l'adrénaline des souvenirs remonter et elle se mit à gigoter davantage en pestant et en l'insultant en allemand alors qu'elle s'acharnait à taper le sol de ses poings. Ce n'est pas en martelant le sol du bout des poings qu'elle y arrivera. C'est juste l'excès de rage qui sort et lentement, à force de se débattre, ce sont les larmes qui s'échappent de ses yeux. Des larmes qu'elle retenait depuis des semaines, des mois. Elles ruinent le noir de ses yeux et pourtant ce n'est pas ce qui l'importe maintenant. Tout ce qu'elle veut, c'est détruire toutes les injustices de ce monde par ce cri qui franchit sa gorge, comme le hurlement d'un fauve face à la mort. Puissant, il emplit la salle, et d'un coup, en une fraction de seconde, le silence retombe, ou presque. Mise à part ses sanglots étouffés. Endre avait raison, elle devait parler et de toute façon, elle n'avait plus la force de se battre physiquement. Fermant les yeux, laissant son crâne reposer par terre, lèvres pincées, il lui faut quelques secondes pour retrouver ses esprits, savoir où elle est et à qui appartient ce corps qui la retient contre le ring. Elle ne veut pas faire face à la réalité, et pourtant, elle ouvre les yeux et les repose sur le blond. Lentement, elle retire ses gants de boxe et les laisse retomber à côté d'eux. Elle abandonne le combat. « Je veux juste qu'on me laisse... » sa gorge se serre, sa voix n'est plus qu'un mince filet qui a du mal à s'écouler. Gueuler comme ça, ce n'était pas une bonne idée. « Je veux juste... » Est-ce qu'elle va y arriver ? « Qu'on me laisse l'aimer. » Maintenant que c'est dit, c'est bizarre, mais ça fait du bien. Yeux dans les yeux avec Endre, elle n'a pas envie qu'il la laisse subir seule le poids de ses confidences. « J'ai fait la connerie une fois de laisser l'amour de ma vie derrière moi. Je referais pas la même chose deux fois avec elle. Et j'me fous de ce que veut le monde et de ses préjugés. » Elle cassera tout sur son passage pour la retrouver à chaque fois. Peu importe les obstacles, elle ne la lâchera pas. Nova occupe tous les jours toutes ses pensées. Si seulement elle pouvait murmurer son nom rien qu'une fois, mais le secret lui tort les entrailles.
Dernière édition par Gretchen Schwartz le Dim 25 Avr 2021 - 11:57, édité 1 fois
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Sujet: Re: ready, aim, fight ! |ft Endre Mar 20 Avr 2021 - 23:14
Il voyait dans le visage de Gretchen qu'elle avait gagné. Qu'il était tombé dans le piège, un requin se débattant dans un filet avant de rendre son dernier souffle. Mais avec un sourire, il lui signifiait qu'il savait. Qu'il acceptait les règles du jeu. Les poings levés, c'en était presque solennel. Il acceptait le combat et ce qui allait en découler, coûte que coûte. Elle avait gagné, et tel un pion, il lui donnerait ce qu'elle voulait de lui. Mais ce n'était pas pas pure bonté. Il savait ce qu'il cherchait. Il aurait voulu faire l'ami compatissant, patient. Quelqu'un qui l'aurait pris dans les bras et qui n'aurait pas abandonné avant qu'elle crache le morceau. Mais elle l'avait invité dans son jeu toxique et il y était entré les bras ouverts. Il se détestait. On est pas des gens normaux. Entre chaque coup, ses paroles semblaient presque prophétiques. C'était d'une vérité saisissante. C'était peut-être pour ça qu'ils étaient capables de connecter. Avant l'esprit, connecter à travers le corps et le sang. Œil pour œil, dent pour dent. Le choc du sol. Une blonde allemande qui se débat comme une furie sous ses bras. Il a les larmes aux yeux, pas de tristesse, mais du coude dans le nez qu'il vient de se prendre. Il y a un goût de fer dans sa bouche, il a sûrement dû s'ouvrir la lèvre. Il ne comprends pas un mot de ce qu'elle raconte, mais il se doute que ce ne sont pas des compliments. Il n'a même pas le cœur de l'insulter en norvégien. C'est aurait été trop douloureux. L'adrénaline en chute libre, Gretchen se relâche d'un coup. Endre se retourna sur les côtes pour tousser. Son corps lui faisait défaut, un corps fatigué, lassé, qui tenait le poids de choses qu'il ne devrait pas porter. Ce combat avait été plus cathartique qu'il ne l'aurait prédit. Et après on s'étonnait qu'il n'allait plus en thérapie. Il ne savait pas gérer autrement. Et Gretchen lui donnait ce qu'il voulait, et nourrissait son addiction à la violence. A la douleur. Elle hoqueta une phrase, qui semblait douloureuse à prononcer. Aussi bien physiquement que mentalement. Elle avait l'air d'être en transe. Je veux juste que l'on me laisse l'aimer. Les peines de cœur avaient cet effet là. Elle bouffaient de l'intérieur et ne laissaient plus rien d'autre. Des parasites. Endre ne savait pas quoi dire. Il connaissait rien à l'amour. Il n'en avait pas reçu ni donné. "Gretchen." Il avait le souffle coupé. Ne savait pas quoi dire à part des platitudes. "J'ai du mal à croire que y'ait des obstacles qui puissent te résister." Il avait le cœur serré pour elle. "Qu'est ce qui a bien se passer pour que ce soit autant la merde ?" C'était pas délicat, pas poétique. Il aurait aimé mieux la comprendre. "Si faut que je tabasse quelqu'un, je suis ton humble serviteur. Mais sérieusement Gretchen. J'ai du mal à croire qu'une simple histoire aie pu te mettre dans ces états là. Donc ça doit vraiment être infernal. Mais là je peux pas comprendre. Et je sais pas même si je peux, ou si tu veux que je t'aide. Mais t'avanceras pas en restant cryptique."
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Sujet: Re: ready, aim, fight ! |ft Endre Lun 24 Mai 2021 - 11:24
ready, aim, fight !
Quand son nom résonne à ses oreilles, elle a l'impression d'être projetée trop rapidement dans le passé. Tous ces Gretchen qu'on avait pu lui lancer à l'époque. Parce qu'elle n'était plus là, parce qu'elle était coincée dans ses rêveries et que l'amour lui rongeait déjà le cœur. Gretchen. Qu'est-ce qu'il t'arrive ? C'est comme si une boule s'était formée dans sa gorge, et qu'elle allait vomir à nouveau. A ce moment-là, elle venait juste de quitter l'hôpital, et c'était comme si sa vie s'était arrêtée. Elle était si jeune, et on l'empêchait déjà de planifier l'avenir. Elle se souvenait de ses frères et sœurs, inquiets, de Mila, dont le grand regard la rendait dingue sous ses boucles blondes. Elle l'avait détestée en la voyant, parce qu'elle avait le droit à ce qu'elle n'aurait jamais. Une famille. Tu devrais en parler ! Elle s'était réfugiée dans sa chambre, enfermée, puis écroulée sur son lit à pleurer jusqu'à ce que le sommeil la gagne. La gynécologue avait définitivement brisé sa vie et elle était persuadée que son amour ne durerait pas à cause de ça. Elle ne pouvait pas en parler, parce que personne ne comprenait, et aujourd'hui, elle revivait la scène à sa façon. Nova était enfermée dans ce secret, et tout risquait d'exploser à chaque instant. Ses parents ne savaient pas, ils allaient détester l'idée que leur fille puisse aimer une femme, et elle ne ferait jamais partie de cette famille non plus. Elle était seule, face au monde entier. Et puis, ces yeux bleus, teintés de gris, ils apparaissaient à nouveau face à elle. Endre. Elle se rappela soudainement où elle était et prit conscience du monde autour d'elle, comme si elle avait cessé d'être possédée. Il était dans un sale état à cause d'elle. Elle lui avait mis un coup si fort dans le visage qu'elle remarquait la teinte rouge de ses lèvres, lui donnant la nausée. Tout ça à cause d'elle. Elle était en train de ruiner ce gamin et de gâcher leur amitié pour des conneries. Trop de secrets. Lentement, alors qu'il parle, elle prend appui sur ses coudes et se redresse doucement en position assise. Tout son corps lui fait mal, et elle tousse quand elle prend une grande respiration. « Ne m'abandonne pas, j'ai besoin de toi. » C'est la seule chose qui sort de ses lèvres quand elle croise enfin son regard et que la colère la quitte. Il avait raison. Les obstacles, elle les détruisait autant qu'elle l'avait détruit sur ce ring. Il l'avait bien amochée aussi, elle avait mal, mais ça n'avait pas d'importance. « J'arrive pas à croire que j'ai pu te faire ça. » Quelques larmes roulent sur ses joues, et elle se sent horriblement odieuse. La même scène se répétait encore et encore. D'une main tremblante, elle la posa sur la joue d'Endre pour regarder les dégâts, puis la retirer, comme si ce simple contact la brûlait ou qu'elle n'avait pas le droit. « C'est de ma faute. » Maintenant, elle s'apitoyait sur son sort. Secouant la tête, elle passa une main sur ses côtes douloureuses, le regard sur le plancher. « Pourquoi je fous tout en l'air ? » Elle finit par plier ses genoux et les rapprocher vers elle, les encerclant de ses bras avant d'y cacher son visage, honteuse. « J'suis tombée amoureuse d'un homme avec qui je voulais des enfants... mais je peux pas. Je pourrais jamais, mon corps est trop faible et défaillant. Et je suis tombée d'une femme dont les parents sont homophobes. Je ne sais même pas si on pourra un jour marcher main dans la main en public, ou se présenter à nos amis. Pourquoi est-ce que je suis ainsi vouée à l'échec ? » C'est bon, c'est lâché. Plus aucun secret, les mots sont enfin sortis, et ça lui fait le plus grand bien. Mais la peur est toujours là, peur de finir seule, parce que c'est ce que le destin semblait vouloir lui faire comprendre depuis toujours.
Sujet: Re: ready, aim, fight ! |ft Endre Mer 11 Aoû 2021 - 19:43
Pour un homme aussi rempli d'émotions, Endre avait du mal avec celles des autres. Il savait bien jouer avec cependant. Les détailler, les prévoir, s'adapter à eux. Un véritable caméléon aux boucles blondes. Mais quand il s'agissait de les comprendre, c'était un mur. Gretchen, c'était le miroir. Elle était plus vieille que lui, une vie aux antipodes, mais au fond de ses yeux à elle, tout aussi bleus, il se voyait. Ca en était désagréable, à la limite de l'insupportable. Quand on passe sa propre vie à s'éviter soi-même, ce n'est pas pour voir son reflet dans celui des autres. Il voyait en elle sa propre colère, les coups bas de la vie, et cette envie de crier sur tous les toits que la vie est une putain d'injustice. Mais il voyait aussi en elle une étonnante douceur. Celle qu'on leur avait pris trop tôt et empêché de retrouver. Quand la colère redescend, c'est le vide. L'incompréhension. C'est l'odeur des cendres devant sa maison d'enfance. C'est le sang sur les phalanges et le cocard. C'est les miroirs cassés et les larmes de sa mère. Et c'est la haine. Et ce n'est pas la haine rouge, celle qui gonfle le sang et guide les poings. C'est la haine bleue, qui s'infiltre dans les veines et donne la nausée et te recouvre tout entier. Pas la haine des autres, la haine de soi. Puis d'un coup, c'est Gretchen qui s'effondre sous ses bras. "Hé, hé qu'est ce que tu racontes." Endre essaye de dire, avec une voix qu'il aimerait rassurante, mais qui reste obstinément confuse et légèrement froide. "Je bouge pas. Tu tapes comme une fillette de toute façon." Il savait que l'humour noir n'était pas sûrement la meilleure option, mais il jeta tout de même un regard doux à la blonde. Il s'assit à ses côtés, lâchant un léger sifflement causé par un coup particulièrement adroit à la côte. Un deuxième sifflement quand la main de Gretchen se pose sur son visage. Elle était une des rares qui réussissait à le surprendre. Il ne dit rien, ne sait pas quoi faire, ne sait pas quoi sentir. Peur du mot de trop, du geste de trop. Alors pour une fois, il écoute. Ce n'est qu'à la fin de la tirade de l'allemande qu'il réalise qu'il a oublié de respirer. "Hé. Gret. Tu le sais autant que moi. Quand on souffre trop, la solution la plus simple pour y donner du sens est de se blâmer soi-même." Il ne savait si il lui parlait à elle où si il se parlait à lui-même. "T'es pas défaillante. C'est juste comme ça. Y'a pas de pourquoi ni comment faut pas chercher. C'est pas divin. C'est pas inné." Endre se redresse légèrement. Il avait besoin d'une clope. Il sentait ses propres murs vaciller et c'était pas normal. Réconforter les gens n'était pas censé te rendre triste non ? Parents à la con. Corps à la con. Cerveaux à la con. Arrête d'être comme moi, avait-il envie de lui crier. Ferme la, arrête d'être comme moi je veux pas l'entendre. "Je sais pas quoi te dire. On change pas les gens, et je dis pas ça pour être défaitiste. The only way is through tu sais ? Tu bulldoze à travers ou tu baisses les bras. Et je sais que t'es pas du genre à abandonner." Inspiration, expiration. "On est pas voués à l'échec tu sais ? On a traversé bien plus que la plupart des gens et on est encore là. Pas vraiment vivants mais encore là." Il pose ses bras en arrière et fixe intensément le plafond, compte les néons. "Ou peut-être qu'on est voués à être seuls je sais pas. C'est peut-être pas si mal. L'importance c'est de trouver des gens avec qui faire un bout de chemin j'imagine." On. Il est sorti le on. Il espère qu'elle ne relèvera pas, que l'émotion effarera ce léger lapsus. Il était pas fier de sa tirade. C'était une sagesse à la con, une façade maladroite, une tentative désespérée d'aider quelqu'un alors qu'il était incapable de s'aider lui-même. Mais au fond, il savait qu'elle allait percuter. Qu'elle comprendrait ce qu'il essayait maladroitement de dire. Et peut-être que pour une fois ils allaient réussir à communiquer sans passer par les poings.