too cool for school (esras)

quelques mois plus tôt....

Je n’ai clairement aucune motivation à aller à mon prochain cours, ni à ceux d’après d’ailleurs. Cela fait un moment que je réfléchis à arrêter mes études mais ça me fait flipper de ne pas savoir ce qu’il y aura ensuite, d’arrêter sans avoir un autre plan. Du coup je vais chaque jour en cours sans réelle envie. J’ai une heure de pause avant de devoir à nouveau m’asseoir dans un amphi triste à écouter un cours tout aussi peu passionnant. Je décide d’aller dans la cour, là où il y a de la verdure, de la pelouse, quelques arbres et des bancs. Il fait beau, comme très souvent à Bowen et je me dis que le soleil va peut-être m’aider à me remonter le moral. La plupart des tables et des bancs sont déjà occupés par des étudiants qui y étalent leurs cours tout en faisant preuve d’imagination pour ne pas que les pages s’envolent au moindre coup de vent. Comme je ne repère pas quelqu’un que je connais spécialement, je décide de m’asseoir à la table d’un type à qui je n’ai jamais parlé. Il est plutôt mignon et c’est un peu pour ça que je l’ai choisi. Je ne me pose pas la question de savoir si c’est un étudiant ou non et s’il accepte ma présence. De toute façon il faut savoir partager les places et sa table est bien assez grande pour deux. « Salut ! » je lui lance avec un grand sourire avant de poser mes fesses sur la partie du banc en face de la sienne. Je pose également mon sac sur la table.

Les deux dernières heures de cours avaient été fatigantes. Il en avait marre Esras de répéter toujours la même chose chaque année, et d’attendre l’intelligence de ses élèves. Bon ils n’étaient pas tous stupides mais quand même un peu. Rien que d’être à l’extérieur avec eux ç’avait tendance à l’énerve. Il fallait qu’il se calme l’irlandais, mais en ce moment il était à cran. On se rapprochait trop de la date de son départ de l’Irlande et de la date de décès de Pablo. Il était encore plus de mauvaise humeur. Alors il avait décidé de prendre l’air. Il se posait sur cette table à l’extérieur avec un café. Il soufflait en essayant de retrouver un peu de sérénité. Et il avait réussi. Il était plus posé avec ses lunettes de soleil sur le nez. Il était plus calme et il s’amusait à créer de nouveaux problèmes pour ces élèves. Certains étaient plus difficile que d’autres. Avec sa calculatrice et ses stylos il écrivait les idées qui lui venaient en tête avant d’être dérangé. Heureusement qu’on ne pouvait pas voir ses yeux car il lançait un regard noir à la personne qui venait de le déranger. Il l’observait, elle était jolie avec ses jolies boucles et ce sourire radieux. « Salut. » Elle était quand même sereine de s’asseoir sans lui demander. « Si j’attendais quelqu’un ? » Demandait-il un peu paternaliste. C’était le professeur et juste par politesse il aurait pu lui demander.

Je suis pas du tout du genre diplomate, à réfléchir à ses tournures de phrases et à ne vouloir froisser personnes. C’est sans doute pour ça que je ne me sens pas à ma place dans mes études. Je suis trop honnête, directe, un peu trop franche et sans filtre. Je n’hésite pas à dire ce que je pense, quitte à me faire regarder de travers ou à froisser les plus sensibles. Parfois j’essaie d’y mettre un peu plus les formes mais je trouve que ça fait trop, de pas être moi-même. C’est pareil pour la drague, je mens pas aux gens, je prétends pas être quelqu’un d’autre et j’hésite pas à dire quand quelque chose me plaît pas même si ça ruine mes plans. Du coup je me suis assise à la table de ce type sans rien lui demander et si ça l’ennuie il a qu’à me le dire. Il me fait comprendre que j’aurais pu lui demander avant de m’asseoir. « Bah ça fera une personne de plus avec qui faire connaissance. » je lui réponds avec une sourire joueur. « T’attends quelqu’un du coup ? » Je lui demande en posant ma tête sur ma main, accoudée à la table. J’ai pas franchement pour objectif de travailler mais lui a l’air en plein boulot donc je dois carrément le déranger, tant pis. Une pause ça n’a jamais fait de mal à personne.

Ces derniers mois Esras devenait plus social, mais sa nature de petit bourgeois désagréable revenait souvent, surtout à l’université. Peut-être qu’il aurait été plus gentil s’il était resté étudiant jusqu’à la fin de sa vie. Malheureusement, son père avait décidé de tirer un trait sur son dernier fils et Esras était obligé de travailler s’il voulait vivre dignement. Ce n’était quand même pas le Goulag le travail à l’université. Il était juste impatient Esras surtout avec ses élèves. Il n’aimait pas être dérangé. Alors quand cette jolie jeune femme se posait à ses côtés, Esras le prenait mal. Déjà il y avait une sorte de politesse à avoir. Elle aurait pu demander l’autorisation. Certes, elle était belle mais ça ne l’autorisait pas à ne pas se comporter convenablement en société. « Qui te dit que j’ai envie de te parler. » Disait-il en haussant le sourcil. Dans le fond, il disait plus ça pour l’énerver qu’autre chose. Elle souriait, d’un sourire solaire. « Non c’est bon ! » Elle le tutoyait sans problème, alors que c’était un professeur. « Mais je travaille, alors ne me dérange pas. » Disait-il en ronchonnant.

Peut-être que j’aurais dû m’asseoir à une autre table au final. Je n’étais pas vraiment accueillie avec le sourire mais bon ça ne m’a jamais fait peur de m’imposer et de ne pas céder à la première difficulté. Je ris lorsqu’il me dit qu’il n’a peut-être juste pas envie de me parler. Je ne ris pas parce que je pense que tout le monde n’a pas envie de parler avec moi mais parce que je trouve que ça fait très enfant tout ça. J’ai l’impression d’être une gamine dans la cour de maternelle qui va parler à un garçon et qu’il la boude pour aucune raison. Mais bon, je m’arrête pas à cette première impression qu’il me donne. Il m’avoue qu’il n’attend personne et donc il n’a pas vraiment de raison de me dégager sans avouer être un connard qui veut garder sa table pour lui tout seul. Il veut pas que je le dérange alors je sors juste mes affaires en silence mais je ne tiens pas longtemps. Je suis pas venue m’asseoir pour bosser, je voulais justement penser à autre chose. « Tu sais des fois faut faire des pauses. » Je lui dis en le regardant avec un sourire. Oui j’essaie d’être la plus amicale possible même s’il n’a pas l’air très réceptif. « Fin j’veux pas t’emmerde mais bon...si tu passes ta vie dans tes feuilles tu risques de te réveiller un jour en te demandant ce que t’as fait pendant toutes ces années. » Je lui dis en posant ma tête sur ma main. Oui je me la joue philosophe à deux balles.

Il savait Esras que s’il voulait passer une soirée tranquille chez lui avec Henry et un bon livre, il devait finir de corriger ces copies. Il voulait profiter de l’air chaud mais agréable. Il n’avait pas remarqué qu’au fur et à mesure les élèves remplissaient les lieux. Cette jolie brune venait l’interrompre dans son travail. Evidemment qu’il n’avait pas envie, Esras en avait marre d’être agréable. Il l’était le plus possible en cours ce n’était pas pour l’être à l’extérieur. Il restait professionnel Esras, dans un autre contexte il aurait sûrement draguer un peu cette nouvelle. Mais elle était une élève qui était sacrément ennuyante. Il réussissait à se concentrer trois minutes sur l’équation de son élève. Vega n’avait pas envie de ne pas parler, alors elle le fit. Il soupirait légèrement l’irlandais, déposait son stylo. Il s’étirait. Ça le faisait rire cette remarque, justement il se demandait souvent ce qu’il faisait à corriger ces foutues copies à longueur de temps. « Sûrement ! » Il n’avait pas besoin de pause, il était sur son temps de travail. Il avait déjà pris sa pause plus tôt, ce n’était pas pour la reprendre maintenant. Mais après tout pourquoi pas ? De toute façon elle avait l’air d’être assez têtue pour l’agacer jusqu’à ce qu’il craque. « Je travaille, voilà ce que j’fais avec ces feuilles. » Il espérait qu’elle comprenne. « Bon comme tu as décidé de faire la conversation … tu étudies quoi ? » Demandait-il presque trop gentiment pour lui.

Je sais que tout le monde me supporte pas et que je peux être agaçante mais j’aime pas me comporter comme les gens ont envie que je sois. J’ai pas envie de la fermer et de jouer les petites demoiselles polies qui passent leur vie à sourire. Après il a rien demandé ce gars. Je viens le voir alors qu’il est tranquillement en train de bosser donc je peux comprendre que ça soit pas forcément plaisant. Mais c’est bien aussi de rencontrer de nouvelles personnes et de sortir le nez de ses feuilles et de ses cours. Je sature des cours justement et j’ai bien besoin d’excuses pour ne pas bosser dessus. Je souris lorsqu’il me répond. Oui je trouve ça marrant son agacement. J’ai l’impression d’être un moustique qui l’empêche de dormir. Je sais dit comme ça ça donne pas très envie mais j’ai un peu l’impression de le sortir de son quotidien, de perturber l’ordre des choses bien établies. Bon si ça se trouve il bosse là pour être tranquille ce soir et aller faire une grosse soirée, j’en sais rien. Il comprend vite que je vais pas vraiment la fermer alors il me demande ce que j’étudie. « Les sciences politiques mais c’est pas bien passionnant, j’ai l’impression que ça me mènera nulle part. » Je raconte un peu ma vie mais bon faut bien commencer quelque part. « Et toi ? » je lui demande naturellement, voyant au loin que sur ses feuilles il n’y a pas vraiment de texte mais plutôt ce qui ressemble à des équations. Enfin j’y connais pas grand-chose, les maths, la physique et tout le reste ça m’a jamais bien passionnée.

Esras changeait de plus en plus, mais il avait toujours du mal à s’ouvrir aux autres. Il était devenu très solitaire en quelques années. Mais il aimait être dehors et profiter de l’air chaud australien. Cette table était l’endroit parfait pour corriger ses copies. Il avait son café à ses côtés de quoi le faire tenir plusieurs heures. Mais il n’avait eu le temps de corriger qu’une dizaine de copie avant d’être interrompu par cette charmante brune ennuyante. Elle parlait trop pour Esras. Elle était agaçante et il décidait de l’ignorer. Enfin il avait essayé quelques secondes avant de se rendre compte qu’il avait perdu sa concentration. Il poussait un long soupir avant d’accorder un peu d’importance à cette brune. Il riait presque. « En vrai c’est bien pour l’esprit critique mais bon ça n’apporte pas grand-chose d’autre. » Répondait-il avec honnêteté. Elle n’avait pas capté qu’il n’était pas étudiant. « J’fais des maths. » Disait-il avec un sourire. Il ne mentait pas mais ne disait pas non plus la vérité. Il s’attendait à voir une grimace de dégout sur le visage de la brune, comme à chaque fois qu’il disait sa matière de prédilection. « J’ai encore une centaine de copie à corriger mais au pire mes élèves n’attendront que quelques jours de plus. » Disait-il presque en riant. Peut-être qu’elle allait culpabiliser pour ses camarades.

Si je n’aime pas particulièrement mes études et que je vais probablement les lâcher sous peu, je n’ai pas non plus spécialement envie que quelqu’un enfonce le couteau dans la plaie en me disant que ça n’apporte pas grand-chose. Pourtant c’est ce que fait ce type en me disant que ça aide pour l’esprit critique mais que c’est à peu près tout. Je suis du genre obstinée donc je n’ai pas toujours l’œil critique, préférant voir ce qui m’arrange plutôt que d’essayer d’être objective et accepter les idées de tous bords. Je lui demande en retour ce qu’il fait et il me réponds des maths. Franchement à choisir je préfère les sciences politiques. Les matières scientifiques ça n’a jamais été mon fort même si je me dis qu’il doit bien avoir des gens qui aiment ça, il en faut. « En vrai c’est bien pour savoir combien on va payer à l’avance mais bon ça n’apporte pas grand-chose d’autre. » je lui réponds en reprenant sa phrase pour l’embêter. Je lui lance un sourire pour montrer que je ne suis pas hostile et que je veux juste plaisanter. Il ajoute qu’il a des copies à corriger mais que ses élèves peuvent bien attendre un peu plus. C’est donc un prof ! Ce qui explique pourquoi il jouait les gars chiants et inaccessibles. Personnellement je m’en fous. C’est pas mon prof et ça ne le sera très probablement jamais donc je vois pas ce qu’il y aurait de pas bien à ce qu’on discute. Surtout qu’on fait que discuter, même si j’avoue que je dirais pas non à un peu plus. « Oui, ça peut bien attendre, ça doit pas être tous les jours que tu te fais emmerder par quelqu’un comme moi. »

Il ne le disait pas pour la critiquer, loin de là. C’était juste une constatation. S’il avait su qu’elle comptait arrêter peut-être qu’il se serait abstenu. Esras n’était pas agréable mais ce n’était pas quelqu’un de méchant. Il était juste aigri. Mais il changeait un peu plus chaque jour. Se rendant compte qu’elle comptait lui parler, il abandonnait ses copies. De toute façon, pour une fois qu’il allait faire attendre ses élèves, ce n’était pas la fin du monde. Il n’était pas un prof agréable mais au moins il était régulier sur les rendues de copie. Sur ça il n’était pas critiquable. Il s’attendait à voir sa réaction quand il parlait de math. Souvent on lui disait que ça ne servait pas à grand-chose de faire des mathématiques poussées. Le principale était de savoir compter pour les choses quotidiennes. Il riait à sa remarque collée à la sienne. « Plus que les sciences politiques en tout cas. » Il lui fit un clin d’œil taquin. Après tout, il avait fait la gueule, elle avait été persistante, il pouvait être quand même un tout petit peu agréable. Dans le passé, à cette remarque il lui aurait sortit un long discours condescendant et prétentieux. Mais aujourd’hui il ne pensait même pas à le faire, il souriait juste. Mais les habitudes ne partaient pas aussi vite et il ne se gênait pas pour l’informer de son statut. Il était prof alors elle lui devait le respect. Il apprendrait bien vite que cette petite brune n’en avait que faire à son métier puisqu’elle partirait de l’université dans quelques temps. « Oh détrompe toi ! Tous mes élèves m’emmerdent comme toi. » Disait-elle en pouffant de rire. « Tu n’as pas des dissertations à faire au lieu de m’embêter comme ça ? » Evidemment qu’il riait, même s’il paraissait trop sérieux.

J’aime bien emmerder le monde et en général on me le rend bien. Si ce type était resté complètement fermé à la discussion, je n’aurais pas insisté mais il se détendait petit à petit. Je l’empêchais clairement de bosser mais bon, il peut bien faire une petite pause. Je l’embête sur sa matière comme il l’a fait avec moi. Il ne se démonte pas et poursuit en me disant que les maths c’est quand même plus utile que les sciences po. « Enfin ça dépend pour quoi, les sciences po ça permet de comprendre plein de choses sur le monde et les gens alors que bon les maths, ça permet surtout de se la péter avec mots savants. » Je lui réponds avec un sourire en coin, satisfaite. Il me révèle ensuite, sans vraiment le dire, qu’il est prof. Il s’attendait sans doute à ce que je me fonde en excuses et que je le laisse tranquille mais raté, je ne suis pas vraiment du genre à m’en faire pour ça. Oui c’est un prof mais pas un des miens donc pour moi c’est un juste un type normal. Il me révèle que je ne suis pas la seule à l’emmerder, ses élèves se débrouillent très bien aussi. Je rigole à mon tour même s’il me demande si je n’ai pas des devoirs à faire plutôt que de lui parler. « Oh ça peut attendre ! » Et ça attendra sans doute pour toujours, je ne sais pas si je vais rendre le dernier devoir que j’ai à faire. « Et sinon c’est quoi ton nom monsieur le professeur ? » Je lui demande, encore un peu taquine. Je compte pas le laisser comme ça, à part si je vois qu’il veut juste que je parte pour qu’il continue à corriger ses copies sans doute déprimante. Sérieux c’est des maths, ça pourrait être corrigé par une machine non ?

Finalement, ce petit intermède n’était pas si désagréable. La jolie brune avait du répondant, ce qui pouvait soit énerver l’irlandais soit l’intriguer. Ça dépendait de son humeur. Heureusement pour l’étudiante, il avait déjà été de plus mauvaise humeur, puis de toute façon il en avait marre de corriger des copies toutes aussi nulles les unes que les autres. Elle étudiait la science politique et forcément Esras avait un petit commentaire à faire. « Oui mais aussi à calculer ses impôts, ses courses, les réductions et à affiner notre logique ! » Disait-il tel un professeur de mathématique vendant sa matière. Il aimait étudier Esras, il avait loin d’avoir l’esprit aussi restreint que les matheux, mais il ne fallait quand même pas critiquer la matière qu’il enseignait. Il ne serait pas professionnel s’il ne forçait pas l’incrusteuse à faire son travail universitaire. Même si elle étudiait autre chose que les maths, elle devait avoir des choses à faire. Connaissant un peu ses collègues ça l’étonnerait que le professeur de sociologie ne leur ai pas foutu du Bourdieu à étudier. « Pas trop non plus, c’est comme ça qu’on devient débordé. » Disait-il avec expertise. Il avait oublié de se présenter, mais sur le coup il ne savait pas. Esras n’avait pas forcément envie d’être chiant au point de donner son nom de famille. Mais en même temps, son prénom n’était-ce pas un peu trop familier ? Il savait qu’elle n’était pas son élève et qu’il y avait des milliers d’étudiant. « Esras ! » Finissait-il par conclure. « Et toi ? » De toute façon ils se tutoyaient déjà.

J’avais l’impression qu’il voulait me recruter pour aller du côté obscure des sciences avec cette petite guéguerre. Mais bon, je sais bien que les maths ça peut être utile mais savoir bien répondre aux gens et connaître leur fonctionnement aussi. C’est rare de réussir à conclure en récitant un théorème mathématique. Enfin, il y en a à qui ça doit plaire mais c’est clair que c’est pas mon cas. « J’suis presque sûre que la calculatrice peut s’en charger relativement bien. » dis-je pour continuer à l’embêter un peu. Il essaie de me faire partir en me disant que j’ai sûrement du boulot à faire. Mauvaise pioche, mes devoirs sont clairement la dernière de mes priorités à l’heure actuelle. J’ai presque abandonné les cours alors ma principale priorité est de savoir ce que je pourrais faire de ma vie plutôt que de me traîner sur ce campus sans aucun avenir et aucune passion. « Tu es en prof en organisation scolaire aussi ? » je lui réponds en souriant. Je finis par lui demander son prénom parce que j’aimerais bien poser un nom sur ce visage, l’inconnu c’est quand même pas top. J’étais pas sûre qu’il voudrait me le dire, il m’a bien fait comprendre que fraterniser avec les étudiants et les étudiantes, ce n’est pas franchement dans ses habitudes. Esras, un prénom original, en tout cas pour l’Australie. J’aime bien les prénoms originaux et je trouve ça jolie Esras. « Vega. » je lui réponds alors. S’il ne fait pas que des maths dans sa vie mais un peu d’astronomie aussi il saura d’où ça vient. Ce n’est pas mon vrai prénom mais c’est le seul que j’utilise.

Esras c’était un intellectuel, le genre de personne qui avait besoin de tout savoir. Les mathématiques étaient sa spécialité, mais il avait apprit tout un tas d’autre chose et dans tous les domaines. Il s’y connaissait autant en cuisine qu’en astrologie, mais évidement ça ne restait que de la théorie. Il avait juste besoin d’apprendre. Il regardait l’étudiante outrée. « Oui encore faut-il savoir quel calcul faire. » Les calculatrices c’étaient peut-être bien mais ça n’empêchait pas à l’homme de réfléchir. Ce n’était qu’une machine qui exécutait ce qu’on lui demandait. Elle ne comptait pas faire son travail ce qui était pour Esras stupide. Prendre du retard était ce qu’il y avait de pire dans la vie des étudiants et très vite on pouvait se sentir submergé. Il riait à sa phrase, cette jeune femme avait de la repartie et une intelligence de réponse qui plaisait au jeune professeur. « Non c’est juste un conseil d’un ancien étudiant. » Il n’était jamais sortit de ce milieu puisqu’après ces nombreuses années d’études il était devenu prof l’année dernière. Au final, même s’il avait souhaité qu’elle parte, elle animait cette pause de midi ce qui fit du bien au brun. Alors même s’il était bougon, il fit un pas en avant donnant son prénom. « Mais je te le dis, si mes élèves m’appellent Esras je te tiendrais responsable. » Pour les autres c’était M. McCoy. Vega. C’était jolie et doux. « Comme l’étoile. » Disait-il dans un sourire.

Notre combat maths versus politique me faisait rire mais je ne me sentais pas de le continuer. Même si les sciences politiques est un domaine qui me plaît toujours, je n’ai plus cette même passion pour les études et je n’ai plus autant à cœur de les défendre. Et puis il a un peu raison quand même, les maths c’est utile. Bon les maths de la primaire, parce qu’après, je suis pas convaincu que tous ces trucs de nombres complexes et de primitives ça soit vraiment très utile au quotidien, en tout cas pour quelqu’un comme moi. Il tente de me faire partir en me disant d’aller travailler mais je n’ai pas vraiment la tête à ça. Et puis discuter avec lui est bien plus marrant et relaxant, paradoxalement. Je n’écoute pas son conseil et je lui demande comment il s’appelle. Après m’avoir dit son prénom il ajoute que si ses élèves commencent à l’appeler comme ça, je serai la responsable. « J’vais pas vendre la mèche ! Mais de toute façon de nos jours y’a un outil merveilleux qui s’appelle internet dont je pense que tes élèves peuvent déjà connaître ton prénom s’ils veulent. » Je lui réponds avant de donner mon prénom. Il sait d’où ça vient. « Oui, c’est ça. Je trouvais ça beau mais j’y connais pas grand-chose en astronomie en fait. Ça vient de l’aigle tombant en arabe, j’trouve que ça me correspond plutôt bien. » Je lui dis en riant.